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Abbaye de Saint-Victor
France
Paris 75

Nonagones "français"
Les tracés des nonagones "français" déborde sur la Suisse.
Ils ont pour centre un lieu dans les environs de La Ferrandière à Neuillay-les-Bois dans l'Indre.

sur la diagonale du grand nonagone Edern - Ban-Saint-Martin

Les terres de l’abbaye se trouvaient sur les tracés. En effet, dès le premier jour de son entrée au Jardin du Roi, Buffon avait conçu le projet d’en reculer les limites. De vastes terrains bornaient le Jardin à l’ouest et le séparaient de la Seine ; mais ces terrains appartenaient à l’abbaye de Saint-Victor et ne pouvaient, conséquemment, être vendus, étant biens de mainmorte. Le Jardin était limité à l’est par des marais connus sous le nom de Clos Patouillet, dont Buffon s’était personnellement rendu acquéreur en 1778. Il n’avait pas fallu moins de dix années de négociations, de prévenances, d’attentions et de soins, pour amener la communauté de Saint-Victor à entrer en arrangement et à accepter l’idée d’un échange.

L’abbaye de Saint-Victor s’est installée sur la Terre d’Alez, vaste territoire, qui s’étendait depuis le clos du Chardonnet jusqu’au point où la Bièvre se jette dans la Seine, et qui comprenait l’emplacement du Jardin des Plantes. Le nom d’Alez signifierait « terre limitante ».

L’abbaye Saint-Victor occupait tout l’espace compris entre les rues Saint-Victor, des Fossés-Saint-Bernard, Cuvier et la Seine, et avait dans sa juridiction et sa censive presque tout le quartier. Elle avait été fondée en 1110 par Guillaume de Champeaux. Chef de l’école de Paris fut vaincu dans les combats de la dialectique et de la théologie par Abélard, son disciple. Il se retira alors près d’une antique chapelle dédiée à saint Victor, retraite qui devint bientôt, par la protection de Louis VI, une abbaye. L’abbaye Saint-Victor devint l’école la plus florissante de France, et ses nombreux écoliers attirèrent la population sur la rive gauche de la Seine, dans le voisinage de la montagne Sainte-Geneviève. Pendant tout le moyen âge, cette abbaye garda sa célébrité, avec sa règle austère et ses florissantes études. La plupart de ses abbés ont laissé un nom dans l’histoire de l’Église comme Hugues de Saint-Victor (en Saxe, 1097, Paris,1141). Son ouvrage d’enseignement le Didascalicon - programme d’étude pour le maître comme pour le disciple, méthode de lecture - est considéré comme le texte fondateur de l’École de Saint-Victor. Il assume l’héritage antique et carolingien et introduit, à côté des arts libéraux, les arts mécaniques. Il établit un ordre dans la succession des matières étudiées et le justifie (logique, éthique, philosophie théorique, mécanique). Son enseignement a été une des bases de la théologie scolastique et, considéré comme un second Augustin, il a fait sentir son influence sur le développement tout entier de la scolastique.

Saint Bernard la visita plusieurs fois et entretint avec elle des relations continuelles. Saint Thomas de Cantorbéry l’habita lorsqu’il vint se réfugier en France.

L’Abbaye eut pour abbé Pierre le Duc, natif de Roissy-en-France, depuis l’an 1383 jusqu’en 1400. On conservait à Saint Victor plusieurs de ses Ouvrages Théologiques et de ses sermons manuscrits.

Un grand nombre d’évêques de Paris, parmi lesquels Maurice de Sully sont morts dans cette sainte maison et y furent inhumés. Son cimetière enfermait plus de dix mille morts, parmi lesquels le théologien Pierre Comestor (Le Mangeur), le poète latin et janséniste Santeul, le jésuite antijanséniste Maimbourg.

Jean Santeul (Paris, 1630 – Dijon, 1697) ou Santeuil, fut un poète français néo-latin. Fils d’un bourgeois de Paris, important négociant en fer, il fut chanoine régulier de l’abbaye de Saint-Victor. Il obtint un grand succès littéraire avec son Recueil de nouvelles odes sacrées, ainsi qu’avec ses poèmes célébrant et ornant les fontaines de Paris. Il fut l’hymnographe des bréviaires de Paris et de Cluny. Nicolas Le Tourneux donnait la matière et Santeul faisait les vers. Ainsi, deux hommes l’un, notoirement fauteur d’hérétiques, et auteur d’un ouvrage censuré par l’Eglise, et l’autre qui se faisait l’écho du premier. Santeul entretenait des relations avec Arnauld. Saint-Simon raconte dans ses Mémoires qu’il mourut parce que le duc de Bourbon avait mis pour rire du tabac dans son vin. Son nom rappelle le titre du roman inachevé de Marcel Proust.

La bibliothèque de l’abbaye, d’abord composée d’ouvrages ridicules, au dire de Rabelais et de Scaliger, fut dotée, en 1652 et 1707, par deux savants magistrats, Henri Dubouchet et le président Cousin. De très nombreuses cartes qu’un autre conseiller au Parlement, le Limousin Jean Nicolas du Tralage avait réunies, furent données en 1689. La bibliothèque renfermait plus de vingt mille manuscrits. L’abbaye avait conservé de sa première fondation son cloître percé de jolies arcades soutenues par des groupes de colonnettes. L’église avait été reconstruite sous François Ier. L’enclos était traversé par un canal dérivé de la Bièvre en 1148.

L’archevêque de Lyon M. de Montazet fut aussi abbé de Saint-Victor. Il mourut à Paris le 3 mai 1788, à l’âge de 76 ans. A sa mort, on s’empressa de rétablir la signature du formulaire, et on dispersa les opposants qu’il avait rassemblés de tous côtés, et qui semblaient faire de Lyon la place forte du jansénisme.

L’abbaye Saint-Victor fut supprimée et détruite en 1790. La plus grande partie des terrains a été attribuée à la halle aux vins en 1808, l’autre partie a servi à former les deux rues Guy-de-la-Brosse et Jussieu et la petite place Saint-Victor.