Partie X - 22 v’la l’Tarot   Chapitre II - Kabbalisation du Tarot   XI - La Force . Le Fou   

XI – La Force – Elohim - 2 mai – Athanase - Kaf

Le Fou – YHWH – 1er novembre - Toussaint - Tav

La mort de Léonard de Vinci

Si le 17 novembre est la date de décès de Pic de la Mirandole, le 2 mai est celle de Léonard de Vinci (1519).

Dès la fin du XVe siècle, les Français entretiennent des rapports privilégiés avec Léonard de Vinci. Après la conquête du Milanais, en octobre 1499, Louis XII acquiert des tableaux du peintre (probablement La Vierge, Jésus, saint Jean-Baptiste enfant et un ange, dite La Vierge aux rochers et Le Portrait d’une dame milanaise, dite à tort La belle Ferronnière). L’histoire des relations entre Léonard et la France se poursuit sous François Ier : le souverain accueille le peintre vieillissant au Clos Lucé. Léonard de Vinci, invité par François Ier en France, fut nommé en 1517, « premier peintre, ingénieuret architecte du roi ». Comme l’atteste le témoignage d’Antonio de Beatis en 1517, l’artiste a emmené en France une partie de sa production peinte. Léda, le cygne et les quatre enfants, La Joconde, La Vierge à l’Enfant avec sainte Anne, l’enfant et l’agneau et Le Saint Jean-Baptiste (ou Bacchus) influencent dès lors l’esthétique picturale française du temps, et cela même si, à la mort du maître en 1519, ces tableaux retournent pour la plupart à Milan, avec Salaï qui en avait hérité. Dans des conditions encore inconnues, les œuvres reviennent en France et sont citées, au début du XVIIe siècle, dans les inventaires de Fontainebleau. La collection royale permet alors aux artistes et aux amateurs français de découvrir certains exemples de l’art de Léonard de Vinci (Laure Fagnart, La fortune et la réception des Oeuvres de Léonard de Vinci,en France, à la Renaissance et à l’âge classique).

Le contact entre les cultures italienne et française pendant la longue période des campagnes d’Italie, introduisent donc de nouvelles idées en France au moment où François reçoit son éducation. Nombre de ses précepteurs, notamment Desmoulins, son professeur de latin, et Christophe de Longeuil inculquèrent au jeune François un enseignement très inspiré de la pensée italienne (histoire.lixium.fr - Francois Ier).

François Desmoulins de Rochefort (fin XVe-1526) fut moine franciscain, chanoine de l’église Saint-Pierre-et-Sainte-Radegonde de Poitiers puis abbé de Saint-Maximin à Micy-sur-Loire (près d’Orléans). Il a été l’un des personnages les plus importants et les plus influents de son temps. Précepteur et aumônier de François Ier, conseiller et confident de Louise de Savoie et de sa fille, Marguerite de Navarre (pour lesquelles il a également rédigé plusieurs de ses ouvrages), ami et correspondant d’Érasme, de Guillaume Budé, de Jacques Lefèvre d’Étaples ou encore de Jean Thenaud dont il a été le maître, François Desmoulins a joué un rôle important dans la divulgation des grandes pensées philosophiques de son époque, notamment de la pensée érasmienne (Charlotte Bonnet, Édition critique des œuvres de François Desmoulins de Rochefort, précepteur et aumônier de François Ier).

Au cœur de la machination monarchique qui vise au faire un véritable bond vers l'absolutisme royal, " deux clercs, dont il convient désormais de mettre en avant le rôle méconnu, François Demoulins et Jean Thenaud, véritables directeurs de conscience, fournissent la famille du roi en substances ésotériques internes et en flagornerie à vertus pédagogiques. Mais s'élèvent aussi les voix spontanées de gens qui, peu ou prou, veulent faire entendre au roi la voix du peuple, comme le montrent les discours publiés à l'occasion des entrées royales, les cadeaux à la gloire du souverain qui célèbrent le Roi très chrétien doté de toutes les vertus, Pimperator invincible et tout puissant, le prince à la salamandre, l'élu de dieu. " (N. Faucherre sur Anne-Marie Lecoq, François Ier. Imaginaire symbolique et politique à l'aube de la Renaissance française, 1988).

Etude d'un tableau de J.A.D. Ingres, intitulé "La mort de Léonard de Vinci" - www.culture.gouv.fr - joconde

L'aîné de Rabelais d'environ quinze ans, Jean Thenaud était au service de Louise de Savoie. Vers 1508 celle-ci lui a commandé d'écrire pour l'éducation de ses enfants, Marguerite et François d'Angoulême, un miroir des princes, le Triumphe des Vertuz, resté manuscrit. Il dut arrêter ces activités pour partir en pèlerinage en Terre sainte (1511-1513), dont il fit le récit dans son "Voyage d'Outremer" (Égypte, Mont Sinay, Palestine). Après avoir offert en 1517 au jeune François Ier le premier volume de son «Triumphe des Vertuz», constitué des deux traités du «Triumphe de Prudence» et du «Triumphe de Force», Jean Thenaud s'attèle à la rédaction de la seconde partie. Le 28 février 1518, la naissance du premier Dauphin François lui impose d’adapter son projet initial à l’actualité. Au printemps 1519, il présente au roi les troisième et quatrième traités du «Triumphe des Vertuz». Ainsi, davantage que les deux traités qui le précèdent, le Triumphe de Justice, constitue-t-il un miroir des princes, dans lequel l’instruction morale apparemment destinée à l’enfant exhorte en fait le roi lui-même et l’enjoint à s’acquitter avec excellence de sa haute tâche. Ici comme ailleurs, Jean Thenaud recourt à son contemporain Erasme, dont l’«Institutio Principis Christiani», sortie de presse en mai 1516, rejoint ses préoccupations (www.decitre.fr - Le triumphe des vertuz, www.droz.org - Le triumphe des vertuz).

La kabbale est une tradition juive qui donne une interprétation mystique et allégorique des cinq premiers livres de la Bible, la Torah, fondée sur des niveaux de l'Être qui s'étagent entre l'homme et Dieu, ainsi que sur les médiations qui relient ces divers niveaux. La pratique de la kabbale guide l'homme dans son ascension spirituelle. Différents courants de pensée avançaient que la pratique du mysticisme juif menait au Christ et que les dogmes essentiels du christianisme (le mystère de la Trinité, l'incarnation du Verbe, la divinité du Messie) se trouvaient dans la kabbale.

En 1519, François Ier demanda à Jean Thenaud, futur abbé du monastère des Cordeliers d'Angoulême, de lui expliquer la kabbale. La première version de la Cabale, en vers, rédigée entre 1519 et 1520, fut présentée à François Ier qui n’en fut pas satisfait (BNF, Ms. Fr. 882). La seconde version, en prose, est composée dans les années 1520-1521 (Notice de Paule Hochuli Dubuis, Bibliothèque de Genève).

Claudio Strinati, historien de l’art et fonctionnaire du Ministère italien de la Culture, déclare que la passion de Léonard de Vinci pour la Kabbale est bien connu, mais réfute l’idée d’une signification symbolique de lettres et de chiffres dans les yeux de la Joconde. Silvano Vinceti, un chercheur Italien, président du Comité national italien pour la vérité historique, culturelle et du patrimoine, prétend avoir trouvé la lettre « S » dans l’œil gauche de la célèbre Joconde de Léonard de Vinci, la lettre « L » dans son œil droit, et le nombre « 72 » sous le pont en arc à l’arrière plan. Cette huile sur toile, conservée au musée du Louvre est une commande de 1503 du marchand Florentin Francesco del Giocondo. Celui-ci demande à Léonard de Vinci de peindre un portrait de sa femme Lisa Gherardini. Le portait ne sera jamais livré et le peintre l’emportera avec lui en France en 1516. D’après Vinceti, le « S » se réfèrerait à la dynastie des Sforza, qui régnèrent sur Milan pendant plusieurs siècles. La lettre « L » serait pour Leonardo. Le nombre « 72 », symbolique, ferait référence à la Kabbale (un mysticisme juif) et au Christianisme (www.artmediaagency.com - Léonard de Vinci).

Les traditions de compositions de la bible

La critique du texte distingue quatre différentes traditions dans la composition du Pentateuque. La distinction des sources J, E, D, P se trouve facilitée par les doubles récits et les répétitions dans la législation : J (Jahviste) appelle Dieu du nom de Yhwh à partir de Genèse II, tandis que E (Elohiste) le nomme Elohim jusqu’à ce que le nom de Yhwh soit révélé en Exode III. J correspond à la tradition patriarcale, E s’inscrit dans la tradition prophétique. D (Deutéronomiste) se rattache à la période historique de (re)fondation qui suit l’exil à Babylone. P (Composition sacerdotale) donne sens à l'établissement d’Israël en Canaan après une sortie d’Egypte qui préfigure la sortie de Babylone.

La tradition J (Jahviste) nomme Yhwh dès le temps d’Enosh, fils de Seth (fils d’Adam et Eve) : Alors on commença d’invoquer le nom de Yhwh. (Gn. IV, 26) En revanche, la tradition E (Elohiste) ne révèle le nom de Yhwh qu’au temps de Moïse : Moïse dit à l’Elohim : « Voici que, moi, j’arriverai vers les fils d’Israël et je leur dirai : Le Dieu de vos pères m’a envoyé vers vous ; et ils me diront : Quel est son nom ? Que leur dirai-je ? » Elohim dit à Moïse : « Je suis qui je suis ! » Puis il dit : « Tu parleras ainsi aux fils d’Israël : Je Suis m’a envoyé vers vous ! » Elohim dit encore à Moïse : « Ainsi tu diras aux fils d’Israël : Yhwh, le Dieu de vos pères, le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob, m’a envoyé vers vous. C’est mon nom pour toujours et c’est mon titre de génération en génération. » (Ex. III, 13-15) La tradition P (Sacerdotale) mentionne le nom de Yhwh un peu plus tard dans le cours du récit : Elohim parla à Moïse et lui dit : « Je suis Yhwh ! Je suis apparu à Abraham, à Isaac et à Jacob comme El-Shaddaï et par mon nom de Yhwh je n’ai pas été connu d’eux.» (Ex. VI, 2ss) L’accord de la critique se fait sur une répartition de la saga patriarcale entre les trois principales sources du Pentateuque que nous avons déjà évoquées : J (Jahviste), E (Elohiste), P (Sacerdotale).

La source J dévoile des mythes aux caractères archaïques. Il en est ainsi de la légende de Sodome et Gomorrhe (Gn. XVIII, 20 – XIX), de la naissance d’Esaü et de Jacob, suivie de l’abandon du droit d’aînesse contre le bouillon de lentille (Gn. XXV, 19-34), et de la ruse de Tamar pour séduire Juda, son beau-père (Gn. XXXVIII). La source J valorise la culture nomade. Elle témoigne d’un intérêt marqué pour le sud du pays de Canaan et pour les territoires à l’est du Jourdain. Elle semble constituer une première tentative visant à inventer ou à reconstruire l’histoire, de l’origine de l’homme jusqu’à l’entrée d’Israël en Canaan. Elle a probablement été rédigée sous le règne de David ou celui de Salomon (XIe – Xe siècle av JC) - l’époque des patriarches se situant entre le XXe et le XVe siècle av JC. La source E rassemble des traditions et des légendes du nord de la Palestine. Certaines ont également un caractère archaïque, comme la légende du combat de Jacob contre Elohim (Gn. XXXII). La source E semble venir s’insérer dans le récit J pour ajouter des compléments documentaires, au risque de nombreuses redondances et contradictions. Elle porte des valeurs morales plus affinées et dévoile une relation de pensée avec le mouvement prophétique. Les éléments constitutifs de la source E ont probablement été rassemblés aux temps des prophètes Amos et Osée (milieu du VIIIe siècle av JC).

Dès le cycle d’Abraham, nous voyons que les deux sources J et E déroulent deux récits comparables. La critique en a tiré l’idée que les deux traditions remontent vraisemblablement à une source primitive commune contenant l’essentiel du patrimoine légendaire. Les écrits de P portent l’empreinte de l’arrangement des sources que nous venons de considérer. Il revêt un caractère sacerdotal. Cette mise en forme des textes bibliques semble dater de la fin de l’exil de Babylone (deuxième moitié du VIe siècle av JC) (www.chemins-cathares.eu - Les patriarches bibliques).

Elohim

Dans la Genèse, c'est Elohim qui est l'agent créateur du monde et de l'humanité. Quand Elohim crée l'homme c'est à son image et c'est la lettre Kaf qui exprime la comparaison (Daniel Chanan Matt, The Zohar, Volume 4, 2007).

Le mot elohim, dont la Bible s'est servie dans le premier verset de la Genèse pour exprimer l'idée de Dieu, est le pluriel d'eloa ou eloai, dérivé d'el, qui signifie force et puissance. Moïse emploie souvent cette forme plurielle pour signifier Dieu : elohim n'est pas le seul pluriel qui, dans l'hébreu, se mette au singulier. Le mot elohim ne doit donc pas être considéré ici comme pluriel, mais comme un singulier qui donne l'idée de grandeur et de puissance, attributs de la Divinité. Eloa signifie, en effet, très haut, très-puissant et même très-brillant, ce qui convient à Dieu seul, incompréhensible dans son être (Marcel de Serres, De la cosmogonie de Moïse comparée aux faits géologiques, 1859).

Chez les Orientaux, elah signifie à la fois Dieu et force. En d'autres langues, et chez d'autres peuples, Dieu et force sont également synonymes. Les philosophes observent donc que, dans le texte cité, Dieu est exprimé en hébreu sous la forme plurielle Elohim, les forces ou une puissance qui en est composée (Aurelio Angelo Bianchi-Giovini, Biographie de fra Paolo Sarpi, 1863).

Elohim et Samson

Avant toute chose, il nous faut signaler la probable ascendance divine de Samson, à l’instar d’autres héros mythiques. Sans aller jusqu’à considérer qu’en Jg 13 l’épisode du messager de Yhwh, qui vient voir la femme dans le champ en l’absence de son mari, peut être l’écho d’un autre récit dans lequel une divinité fécondait cette femme19, il reste que la conception de Samson est tout à fait miraculeuse. En effet, contrairement au récit de conception de Samuel, qui est assez comparable, il n’est pas dit que le « père », Manoah, connut sa femme. Même relu ou conçu par un auteur yahwiste, il reste la trace d’une origine divine en Jg 13. Or celle- ci n’est pas difficile à deviner avant l’interprétation yahwiste : Shamash, puisque Shimshôn peut signifier « petit Shamash » […] Le nom du héros étant à rapprocher du dieu solaire Shamash.

Son premier exploit est propre au héros, nous l’avons vu pour Gilgamesh et pour Héraklès : il tue un lion. Mais cet exploit est propre aussi au guerrier et, qui plus est, au guerrier israélite. En effet, Benayahou, cité parmi les guerriers de David, abat un lion dans une citerne un jour de neige (2 S 23, 20). Sans doute était-il le seul à être assez téméraire pour aller combattre l’animal dans un lieu sombre et clos.

En ce qui concerne l’épisode de la source en Jg 15, 18-19, dans lequel Elohim fend le bassin pour donner à boire à Samson, il est fort probable que, dans une version antérieure, il n’ait pas eu besoin d’une aide divine pour se procurer à boire – Gilgamesh, dans sa fureur après la mort d’Enkidu, « creuse des puits » (T. X, § 1, I, 3). Enfin, l’épisode final a également un aspect gigantesque, quand Samson saisit les colonnes de l’édifice des Philistins et le fait s’écrouler.

Samson dit au jeune garçon qui le conduisait par la main: "Laisse-moi; fais- moi seulement toucher les colonnes qui soutiennent l'édifice, pour que je m'y appuie. Or, le temple était rempli d'hommes et femmes; tous les princes philistins s'y trouvaient, et sur le toit, environ trois mille personnes, hommes et femmes, qui assistaient au divertissement de Samson. Celui- ci invoqua l'Eternel en disant: "Seigneur Elohim! Daigne te souvenir de moi ! Daigne me rendre assez fort — cette fois seulement, mon Dieu! - pour que je fasse payer d'un seul coup mes deux yeux aux Philistins ! Et Samson embrassa, en pesant dessus, les deux colonnes du milieu qui soutenaient le temple, l'une avec le bras droit, l'autre avec le gauche, en disant : « Meure ma personne avec les Philistins! »

Lors de sa conception, quand sa mère veut revoir le messager d’Elohim, elle se tient elle-même à l’écart, loin de son foyer : dans un « champ » (13, 9). Il faut noter encore que Samson ne se tient pas seulement à la frontière de la sauvagerie et de la civilisation, mais également à la frontière politique entre les Danites et les Philistins.

Dans Nb 6, la mention des cheveux est insérée entre les deux interdits comme si elle était un interdit de même nature, alors qu’elle est la marque principale du nazir. Au contraire, dans Jg 13, cette mention se distingue des deux autres interdits ; elle est mise en exergue. En effet, après avoir édicté l’interdit du vin et d’ingérer quoi que ce soit d’impur, le messager ajoute : « car te voici enceinte et tu enfanteras un fils, et le rasoir ne montera pas sur sa tête car le garçon sera nazir d’Elohim dès le ventre » (v. 5). Ainsi, dans ce texte, les deux interdits ne sont que la conséquence du nazir et la chevelure longue en est le signe. C’est pourquoi lorsque les interdits sont répétés par la femme à son mari Manoah (v. 7), ce troisième « interdit » sur les cheveux n’est pas répété, elle dit seulement : « car le garçon sera nazir d’Elohim ». Être nazir impliquait la chevelure longue, il n’était pas besoin de le préciser une nouvelle fois (Christophe Lemardelé, Samson le nazir : un mythe du jeune guerrier, Ed Sinai, La Bible Traduction Integrale Hebreu-Francais).

« De celui qui mange est issu ce qui se mange, et du fort est issu le doux. » selon l’énigme de Samson tirée de sa vision du lion mort abritant un essaim d’abeille. Le Miséricordieux Elohim a « la mansuétude des forts ».

La saison des pluies, dans l'Antiquité, se terminait lorsque le soleil entrait dans le signe du Taureau, c'est-à-dire fin avril, début mai (en Grèce, le mois de Thargélion). Ce signe contient les Hyades et les Pléiades dont le nom est celui de la pluie. A cette époque de l'année, l'étoile Sirius, la plus brillante du ciel, disparaissait du ciel nocturne pour s'effacer dans la clarté solaire. Le soleil n'avait plus de remplaçant durant la nuit. Il s'engouffrait le soir dans les eaux de l'Océan, à la limite de la terre. Entraînant avec lui les âmes, il devenait meurtrier, comme le dit Mircea Eliade.

Les épisodes caniculaires y tiennent une grande place : destruction des récoltes par des chiens aux queues enflammées, rayons de miel dans la gueule du Lion. D’autre part, selon G. de Santillana, la mâchoire d’âne d’où se désaltère Samson et qui lui sert à massacrer des Philistins, correspond aux Hyades pluvieuses figurées comme mâchoire du Taureau (Claude Gaignebet, À plus hault sens: l'ésotérisme spirituel et charnel de Rabelais, Volume 2, 1986).

Le 6 des nones de mal (le 2 mai), d'après Germanicus César, les Hyades se lèvent le matin ; et le 8 des ides (le 8 mai), la Chèvre, qui annonce la pluie; en Egypte, le même jour, le Chien se couche le soir (coucher héliaque). Telle est à peu près la marche des astres jusqu'au 6 des ides de mai (10 mai), époque du lever des Pléiades (ces dates varient d'un autre à l'autre, pas seulement selon les époques) (Pline, Histoire Naturelle : Désiré Nisard, Collection des auteurs latins: avec la traduction en français, Volume 21, 1860).

Le « petit soleil » Samson meurt dans la destruction du temple de Dagon, et semble disparaître en ce début de mai comme l’étoile Sirius se couchant à cette époque. La carte de la Force peut représenter un résumé de l’histoire de Samson.

Athanase et la Trinité

Saint Athanase est contemporain de Constantin. Le premier Empereur chrétien a été célébré par amis et ennemis, comme le fondateur du Christianisme; l'évêque d'Alexandrie ne paraît jouer qu'un rôle secondaire, son nom est obscur en présence de la gloire éclatante du César. Mais pour qui pénètre au fond des discussions théologiques qui occupèrent toute la vie d'Athanase, c'est le saint qui est le véritable fondateur d'Empire. La ville de Constantin est devenue la proie des Barbares, l'œuvre d'Athanase semble braver le temps; cette œuvre, c'est le Catholicisme; l'évêque grec est le précurseur de Grégoire VIL Les Saints Pères l'ont pressenti; ils comparent Athanase aux apôtres; ils l'appellent le Père de la foi orthodoxe, le fondement de l'Église, l'évêque catholique par excellence (François Laurent, Etudes sur l'histoire de l'humanité, 1855).

Le Symbole dit d'Athanase

Voici quelle est la foi catholique [c-à-d "universelle" et fidèle au "tout" de la révélation biblique] : vénérer un seul Dieu dans la Trinité et la Trinité dans l'unité, sans confondre les personnes et sans diviser la substance. La personne du Père est une, celle du Fils est une, celle du Saint-Esprit est une ; mais le Père, le Fils et le Saint-Esprit ne forment qu'un seul Dieu. Ils ont une gloire égale et une majesté coéternelle ; tel est le Père, tel est le Fils, tel est le Saint-Esprit. Le Père est incréé, le Fils est incréé, le Saint-Esprit est incréé. Le Père est immense, le Fils est immense, le Saint-Esprit est immense. Le Père est éternel, le Fils est éternel, le Saint- Esprit est éternel : et cependant il n'y a pas trois éternels, mais un seul éternel ; de même il n'y a pas trois incréés, ni trois immenses, mais un seul incréé et un seul immense. De même, le Père est tout-puissant ; tout-puissant est le Fils, tout-puissant le Saint-Esprit ; et, cependant, il n'y a pas trois tout-puissants, mais un seul tout-puissant. De même le Père est Dieu, le Fils est Dieu, le Saint-Esprit est Dieu ; et, cependant, il n'y a pas trois Dieux mais un seul Dieu, parce que de même que la vérité chrétienne nous oblige de confesser que chaque Personne séparément est Dieu et Seigneur, de même la religion catholique [voir plus haut] nous défend de dire trois Dieux ou trois Seigneurs. Le Père ne tient son existence d'aucun être ; il n'a été ni créé, ni engendré. Le Fils tient son existence du Père seul ; il n'a été ni fait, ni créé, mais engendré. Le Saint-Esprit n'a été fait, ni créé, ni engendré par le Père et le Fils, mais il procède du Père et du Fils. Il y a donc un seul Père, non trois Pères, un seul Fils, non trois Fils, un seul Esprit saint, non trois Esprits saints. Et dans cette Trinité, il n'y a ni passé, ni futur, ni plus grand, ni moins grand ; mais les trois personnes tout entières sont coéternelles et coégales ; de sorte qu'en tout, comme il a été dit déjà, on doit adorer l'unité dans la Trinité et la Trinité dans l'unité.

Celui donc qui veut être sauvé doit avoir cette croyance de la Trinité.

Mais il est encore nécessaire pour le salut éternel de croire fidèlement l'incarnation de notre Seigneur Jésus-Christ. La foi exacte consiste donc à croire et à confesser que notre Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu, est Dieu et homme. Il est Dieu, étant engendré de la substance du Père avant tous les temps ; il est homme, étant né dans le temps de la substance de sa mère ; Dieu parfait et homme parfait, composé d'une âme raisonnable et d'une chair humaine ; égal au Père selon la divinité ; inférieur au Père selon l'humanité. Et bien qu'il soit Dieu et homme, il n'est pas néanmoins deux personnes mais un seul Christ ; il est un, non que la divinité ait été changée en humanité, mais parce qu'il a pris l'humanité pour l'unir à la divinité ; un enfin, non par confusion de substance, mais par unité de personne ; car comme l'âme raisonnable et le corps sont un seul homme, de même Dieu et l'homme sont un seul Christ qui a souffert pour notre salut, est descendu aux enfers, est ressuscité le troisième jour, est monté aux cieux, est assis à la droite de Dieu le Père tout-puissant, d'où il viendra juger les vivants et les morts. A son avènement, tous les hommes doivent ressusciter avec leurs corps et ils rendront compte de leurs propres actions. Et ceux qui auront fait le bien iront dans la vie éternelle ; ceux qui auront fait le mal, dans le feu éternel.

Telle est la foi catholique : quiconque ne la croit pas fidèlement ne pourra être sauvé.

Les plus anciens manuscrits de ce symbole remontent au VIIIe et IXe siècles. Un psautier de Cambridge, du IXe siècle, l'attribue à saint Athanase, bien à tort. Il s'agit d'un parrainage moral. Il n'est pas dit que les deux parties (la première sur la doctrine trinitaire, la seconde sur la doctrine christologique) soient de la même main. Dans sa rédaction fondamentale, la première daterait du Ve siècle; l'origine de la seconde est complètement obscure. Le texte n'atteignit sa forme actuelle et définitive que vers 850 d'après certains critiques, dès le VIe siècle d'après Harnack, entre 430 et 500 d'après d'autres. Ce symbole est d'origine latine et gauloise.

Nous avons donné la traduction de M. Louis Prunel, vice-recteur de l'Institut catholique de Paris (erelyon.blogspirit.com - Symbole ditd'Athanase).

Les Hébreux lui ont attribué plusieurs noms, comme Fort, Craint, Prince souverain, Celui qui est Seigneur, Esprit, et le grand nom Tétragrammatique, c’est à dire de quatre lettres, qui nous est du tout ineffable et incompréhensible. Aussi l'appellent Elohim, qui est autant a dire que trois en unité, un en trinité. Car ce vocable est singulier et pluriel auxdits Hébreux, signifiant la seule et divine essence, avec supposition de trois personnes: dont est dérivé chez les Latins et Chrétiens ce vocable Trinité, qui est à dire unité de trois (Charles de Bourgueville, Atheomachie, 1564).

Ajoutons que dans le récit de la Genèse ce sont « les » Elohim qui créé (au singulier) l’univers.

Charles de Bourgueville, sieur de Bras, qui connaît personnellement Nicolas Le Valois et a peut-être pour parrain un oncle de Nicolas de Grosparmy (Didier Kahn, Sylvain Matton, Alchimie, art, histoire et mythes, Volume 1 de Textes et travaux de Chrysopœia, 1995).

YHWH et Noé

Le Tau ou " Tav " est la dernière lettre dans l'alphabet hébraïque. Sa correspondance dans l'alphabet grec est le tau " T ". Il symbolise donc, dans la Bible, l'accomplissement du dessein de Dieu sur le monde et sur Israël. C'est la raison pour laquelle, dans le livre du prophète Ezéchiel, (ch. 9, 4), le Seigneur ordonne à un ange de marquer d'un " tav " le front de ceux qui se lamentent sur l'infidélité des Israélites, afin qu'ils soient épargnés lors du grand châtiment.- En référence à ce texte, dans l'Apocalypse de Jean, un ange qui vient de l'Orient est invité par Dieu à marquer du " signe du Dieu vivant " le front des fils d'Israël qui seront épargnés. Tout semble ainsi indiquer que les premiers chrétiens étaient marqués au front d'un tav qui désigne le Nom de Yahvé (www.wikitau.org - Tau).

Le discours divin ne mentionne aucun interlocuteur, Yhwh se parlant clairement à lui-même. Le monologue commence par énoncer la décision divine. Cette résolution, exprimée par un yiqtol conjugué à la première personne, concerne l'acte que Yhwh s'apprête à poser – la destruction des êtres vivants. Les monologues de 3,22 et de 6,3 révèlent déjà une certaine progression dans les limites imposées par Élohim à l'humain. Ici, le personnage divin continue même logique, durcissant sa stratégie de limitation. Malgré la double limitation du temps de la vie (3,22 et 6,3), les êtres humains ont continué en effet dans leur logique du «prendre» (3,6 et 6,2), ce qui a eu pour conséquence l'apparition des néphilim, ou géants (6,4). Tandis que ceux-ci poursuivent dans leur voie, Yhwh persiste dans la sienne, décidant une limitation totale, cette fois, annihilant êtres humains et animaux – sauf une famille et un couple de chaque espèce, comme le récit l'explicite ensuite (versets 8, puis 13- 21). Selon le monologue pris isolément, il semble donc que Yhwh baisse les bras et renonce à la possibilité, pour les humains, d'établir des relations justes, respectant l'altérité. Pourtant, le discours de Yhwh à Noé (6,13–21) et la suite de la narration dévoilent le germe d'un nouveau projet: le personnage divin met en œuvre une idée inédite, celle de recommencer à zéro avec l'humanité, à partir de la famille d'un seul homme que la narration présente comme «juste et intègre» (6,9): Noé (Françoise Mirguet, La représentation du divin dans les récits du Pentateuque, Volume 123 de Supplements to Vetus Testamentum, 2009).

Dans le récit Gn. VII, parallèle à Gn. VI, 9-12, Yhwh remplace Elohim : « Yhwh dit à Noé… » (Gn. VII, 1).

1er Novembre – Déluge

Selon le Talmud palestinien, le 17 de Margeshwan, nom issu de l’akkadien Arahsawan (8ème mois), correspond au coucher des Pléïades et au début du Déluge. La Nouvelle Année (1 de Tishri) ouvre la période du Jugement (paire de carte précédenteà) qui s’accomplit pendant le Déluge, situé dans les pluies d’hiver.

Le second Mois Hébreu avant la sortie d’Egypte, était Marchesvan, qui commençait vers le milieu de notre Octobre, et finissait vers le milieu de notre Novembre. Après la Délivrance d’Egypte, le commencement de l’Année fut changé, et Nisan devint le Premier Mois ; mais les juifs n'observèrent ce changement, que dans ce qui regarde leurs Fêtes, et les Calculs Ecclésiastiques. Ainsi le 17ème jour du second mois auquel commença le Déluge c'est-à-dire le 1er ou le 2 de notre Novembre (Samuel Shuckford, Histoire du monde sacrée et profane: pour servir d'introduction à l'Histoire des Juifs du docteur Prideaux, Volume 1, 1738).

Noé, le fou

Dans la période que nous considérons, la violence des catholiques est donc plus qu’une explosion d’agressivité, elle s’enracine dans une profonde angoisse dont les prémices sont discernables dès 1520. Alors, l’astrologie, qui se répand dans les campagnes reculées comme à la cour du roi, tend à enfoncer tout un chacun dans l’imaginaire d’un temps d’épouvante. A Paris, l’annonce d’un grand déluge ne pousse-t-elle pas Diart, portier de l’abbaye Saint-Victor, à aller mesurer chaque semaine la hauteur de la Seine ? Partout, la nature semble se dérégler en un vaste chaos et l’effroi suscite chez certains un imaginaire et des prises de parole prophétiques. Qu’en 1555 les pluies surabondent et qu’une comète apparaisse dans le ciel et voilà que la tension plonge le peuple dans le tourment et l’inquiétude ! Mais les signes se multiplient et deviennent des « monstres prodigieux » sur lesquels Nostradamus vaticine. Peu à peu, on en vient à penser que la fin des Temps est proche et que Dieu va advenir pour l’ultime jugement. C’est ce que prêche à Paris un François le Picart qui, vingt ans plutôt, avait été l’un des maîtres de Loyola (Philippe Lécrivain, Violences et religions en France, à la fin du XVIe siècle).

François Le Picart, neveu de Guillaume Budé, l'un de ses fidèles correspondants, devient le bras droit du recteur de l'université de Paris, grand pourfendeur de protestants, Noël Béda, qui condamne les écrits de Calvin. François le Picart est le neveu par alliance de Jacques Spifame, collègue de Guillaume Budé, l'évêque de Nevers, qui abjura et s'enfuit à Genève.

Dès 1554, le doyen de Saint-Germain-l'Auxerrois, François Lepicart, dont la biographie, par le Père Hilarion delà Coste, a paru en 1685 sous ce titre : Le parfait ecclésiastique, donna à Henri H, dans un de ses sermons, un effroyable conseil qui dépasse la perfidie et l'horreur de la Saint-Barthélemy elle-même : « Le Roy devrait pour un temps contrefaire le Luthérien parmi eux, afin que, prenant de là occasion de s'assembler hautement partout, on pût faire main basse sur eux tous et en purger une bonne fois le royaume.» (Ath Coquerel, Précis de l'histoire de l'église réformée de Paris, Volume 1, 1862).

« Toys ceulx du temps de Noé, vivans charnellement, estimoyent Noé un fol, et sa vie une folie. » (François Le Picart, Les sermons et instructions chrestiennes pour tous les jours de l'advent, Volume 1, 1562).

Toussaint, Tout Juste

Il est dit de Noé qu'il fut un homme juste et entier en son temps, cheminant avec Dieu (Gén. vi. 9), lorsque le monde était extrêmement corrompu. Nous pouvons dire ces choses de Jésus- Christ à plus forte raison ; car si Noé était juste, c'était d'une justice imparfaite ; s'il était entier, c'est qu'en toutes choses il tâchait de se rendre approuvé de Dieu, et que son cœur était droit devant lui.

Quant aux justes, les kabbalistes, ils ont la force de se laisser exiler de lieux en lieux, de royaumes en royaumes. Ainsi en alla-t-il de Rabbi Siméon et de ses compagnons qui s'adonnaient à la science de la Kabbale. Ils erraient de place en place, volontairement expatriés de leur maison afin d'être un véhicule pour la Royauté [divine] plongée dans le mystère de l'exil. Grâce à ces errances et à ces migrations ils méritèrent que la Chekhinah réside auprès d'eux. (Abraham Azoulay, Marocain d'origine établi à Hébron, XVIème siècle, La grâce d'Abraham [Hessed le-Abraham], IV, 28, réédité à Bné Brak, 1986.) (Emmanuel Haymann, Jean-Jacques Wahl, Claudine Meyer, Philippe Haddad, Pages juives, 2008).

Exil

Noé était dénudé devant ses enfants ; c'est pourquoi, il est dit dans la paracha « il s'exhibe » (vayisgal), c'est-à-dire : Noé a été exilé parce qu'il a bu trop de vin ; ses enfants furent aussi exilés comme les dix tribus qui burent beaucoup de vin. Ainsi le rappelle le verset : « Ils boivent le vin dans de larges coupes. Les tribus de Juda et Benjamin furent également chassées à cause du vin, comme le dit le verset : « mais eux aussi ils chancellent dans le vin et les boissons fortes leur donnent des vertiges; Sacrificateurs et prophètes chancellent dans les boissons fortes, Ils sont absorbés par le vin, Ils ont des vertiges à cause des boissons fortes; Ils chancellent en prophétisant, Ils vacillent en rendant la justice. (Isaïe 28, 6-2) (Jean Baumgarten, Le commentaire sur la Torah, Volume 18 de Collection Les Dix paroles, 1987).

Aux yeux d'Israël celui qui est sans recours n'est pas celui qui passe par l'exil mais celui qui, en tant qu'homme, n'en est plus redevable parce qu'il a dépassé toute limite. Ainsi en fut-il de la génération de Noé, engloutie.

La promesse divine faite à Noé et ses descendants permet à un prophète de la fin de l'exil d'annoncer que le jugement de Dieu envers son peuple infidèle laissera place à sa tendresse : "C'est pour moi comme les eaux de Noé, à leur sujet j'ai juré que les eaux de Noé ne déferleraient plus sur la terre" (Isaïe : 54,9). Ils lui dirent : Craignons que si le Déluge d'eau ne vient, le Déluge de feu n'arrive. Il leur dit : Il n'amènera ni le Déluge de feu ni le Déluge d'eau, mais le Saint, béni soit-il, veut donner la Torah à son peuple (et à ses amis).

À l'exil d'Israël parmi les nations correspond l'exil (galut) de la Shekhina qui a été séparée des autres dimensions divines, et qui prend sa source dans les légendes rabbiniques.

R. Abraham Halevi Berukhim, appelé aussi Ha-ma'arabi, en raison de ses origines maghrébines et marocaines : «•Il se levait à minuit, parcourait les rues, et criait d'une voix forte et pleine de tristesse : «levez-vous pour glorifier le Nom (de Dieu), qu'il soit béni ; car la Shekhinah est en exil, la maison de notre sainteté détruite par le feu, et Israël plongé dans la plus grande détresse (Haïm Zafrani, Le judaïsme maghrébin: le Maroc, terre des rencontres des cultures et des civilisations, 2003).

L'exil de la Shekhina étant le symbole des fautes d'Israël, il incombe à celui-ci, par son activité religieuse, de mettre fin à cet exil. L’exil d’Israël est, dans l’optique chrétienne, la punition consécutive à son refus du Messie Jésus, qui ne cessera qu’à leur conversion.

Le Mat, Mathusala

Le Mat du Tarot de Marseille subit la justice de YHWH : c’est l’exil.

Le déluge semble avoir dû suivre immédiatement la mort de Mathusala; c'est que Mathusala étant fils du prophète Hénoch qui avoit annoncé le jugement de Maihnque Dieu devoit exercer contre les impies, il se trouve que le nom de Mathusala étoit en quelque sorte prophétique, et sembloit annoncer l'époque même de ce grand événement; car ce nom en hébreu est composé de trois mots.

Math-u-salah, qui signifient littéralement, Mors et immissio, ce qui, relativement à ce qui arriva, peut signifier Mors et inundatio, c'est-a-dire, la mort de cet homme sera suivie de l'inondation qui doit couvrir toute la face de la terre. C'est ce que l'événement a pleinement justifié , puisque, comme on l'a vu, Mathusala a dû mourir dans l'année même où a commencé le déluge (Augustin Calmet, Sainte Bible en latin et en français: ouvrage enrichi de cartes géographiques et de figures, Volume 1, 1820).

Balaam, YHWH, Elohim

L’histoire de Balaam rend compte d’une lecture psychologisante différenciant deux attitudes, l’une de cooperation, l’autre d’autorité que peuvent laisser supposer les terme Elohim et YHWH.

Though the parallels are by no means exact, perhaps the best translation of "Yahweh" is "Self-consciousness" (Selbstbewusstseim), and "Elohim," "Consciousness" (Bewusstein) (Drucilla Cornell, Michel Rosenfeld, David Gray Carlson, Deconstruction and the possibility of justice, 1992).

Selon Emilienne Naert (" La conscience de soi ou self-consciousness " chez Locke) " Self-consciousness focalise la diversité du temps et de l'espace dans l'identité du moi ". Du psychologique, on passe au juridique par la médiation de la phase intermédiaire de l'éthique. La conscience de soi est reconnaissance du moi, fondement de la responsabilité et de l'imputabilité; elle appartient à l'ordre éthique, voire religieux (Louis Roux, Temps et identité chez Locke, Le char ailé du temps : temps, mémoire, histoire en Grande-Bretagne aux XVIIe et XVIIIe siècles, 2003).

Yahweh désigne bien dans cette optique l'aspect justicier de Dieu et représente l'ordre moral, tandis qu'Elohim manifeste les forces créatrices de ou dans la nature.

I will create the world with a mixture of Mercy and Justice. Perhaps it will then stand ! (Genesis Rabba, Bereshit 12:15)

On sait que les rabbins contemporains de Jésus, comme d'ailleurs les maîtres plus anciens, voyaient dans Yahweh le nom du Dieu de justice et dans Elohim le nom du Dieu de miséricorde, comme le pensait Philon d’Alexandrie qui n’était pas le seul à la penser dans le judaïsme (Jean Laporte, Eucharistia in Philo, Volume 3 de Studies in the Bible and early Christianity, 1983).

Quand les Israélites campent dans la plaine de Moab sur l’autre rive du Jourdain, face à Jéricho, les Moabites cherchent une protection contre eux et se proposent de recruter un prophète indépendant du nom de Balaam. Le roi moabite Balak envoie à celui-ci des émissaires, devant le prier de revenir avec eux à Moab et de maudire les intrus. Balaam répond qu’il doit préalablement consulter Dieu, qui est désigné sous ses deux principaux noms : Yahvé et Elohim. Il leur dit : « Je vous rapporterai exactement ce que Yahvé m’a dit. » Sur ce, Elohim vient à lui (vraisemblablement dans un songe) et demande qui sont ces hommes. Balaam répond que ce sont les Moabites qui souhaitent le voir maudire les nouveaux venus d’Egypte. Elohim lui dit de ne pas y aller, parce que ces gens sont bénis. Aussi Balaam répond-il aux émissaires que Yahvé lui a interdit de les accompagner. Quand les émissaires moabites reviennent à la charge, Balaam promet de demander de nouvelles instructions à Yahvé ; et cette fois Elohim lui demande de les accompagner, mais juste pour faire ce qu’Il lui demande de faire. Sur ce, Balaam enfourche son ânesse et part avec les Moabites (Nb, 22,1-21).

« Le départ de Balaam suscita le courroux d’Elohim [ou le courroux de Yahvé : on trouver les deux lectures] et l’ange de Yahvé se mit en travers de la route comme un satan contre lui » (Nb, 22,22). C’et un moment capital. Dieu s’est déjà opposé auparavant aux actions des hommes, mais voici que pour la première fois, lui-même, ou sa manifestation angélique, est caractérisé comme un adversaire, un satan (Henry Ansgar Kelly, Satan, une biographie, Seuil, pp.).

Les anges du Sitra Ahra ne sont les exécuteurs des sentences de Dieu, agissant pour la punition des méchants.

En Genèse 1,1-2, Elohim est la vision de l'existant plein et complet en lui-même, sans manque ; en 1,3-31, le monde « créé » est la face inverse de l'existant, en manque puisque la durée est l'acquisition progressive de ce qui manque. La parousie de YHWH marque le retour (hors temps) à la plénitude, accomplissement réciproque de l'existant dans le monde et du monde dans l'existant, L'homme image de l'existant ; quand l'image et le modèle coïncident, la parousie est achevée.

L'homme doit s'élever pour atteindre au divin ou existant. Par réciprocité totale, et contre les conceptions modernes, le divin doit s'élever (l'idée de l'existant doit être élevée par l'intelligence) pour atteindre à l'humain, car le divin et l'humain sont deux images de la cohérence, et la cohérence, grâce à la Biographie, sera Jésus.

L'accord 'adam-YHWH ainsi assuré, subsiste la rupture temporaire, séparation de l'homme et du souffle, dans l'agonie et l'accomplissement. La tradition canonique a peut- être égaré la recherche en produisant les dernières paroles du Christ sur la croix. Mt 27,46 : eli eli lema sabakhthani. [Pour saint Athanase, c’est en notre nom qu’il parle].

L’Evangile de Pierre, ouvrage encombrant et dédaigné, n'apprécie pas le réalisme de formulation araméenne et préfère le grec pour citer Psaumes 21(22),2. Le pseudo-Pierre ajoute : Et ce disant il fut élevé. On doit admettre qu’il n’est pas tout entier élevé, puisque au contraire le défunt sera descendu de la croix. Il faut même supposer que la part élevée n'est pas morte.

Or la citation de Psaumes 2 1(22),2 est exacte. Mais l'hébreu 'eli a deux sens : mon Dieu ou ma force (les dictionnaires modernes en font un seul mot : 'el pourvu d'un suffixe possessif dans le psaume).

Au quatrième siècle, saint Athanase écrit dans son Traité sur l'incarnation du Verbe 54,3 : Le Logos a revêtu la forme humaine pour que nous devenions Dieu. Son contemporain occidental Hilaire de Poitiers amalgame la formule avec des conceptions pseudo-philosophiques (nature du Dieu, nature de l'homme) sans rapport avec l’idée originale. Cette idée est relatée sous sa forme primaire par Irénée de Lyon : Devs homo factus est ut homo fieret deus. Or Philon d'Alexandrie affirme au contraire que « Dieu pourrait plus facilement se changer en homme que l'homme en Dieu» (Legatio ad Caium 118). La scission apparaît là, au premier siècle de notre ère, peut-être avant, entre la fraction préchrétienne développant le midras selon lequel 'adam par élévation devient YHWH, et l'autre fraction de l'exégèse hébraïque, réfractaire à une telle identification. On peut penser que Philon répond à une idée exposée parmi les controverses du monde israélite (Roland Tournaire, Genèse de l'Occident chrétien, 2001).

Le secret est que l'attribut de miséricorde prédomine toujours, parce que la valeur numérique de YHVH est 26 et que le Nom 'Elohim est 86 (Pardès, Numéro 24, Centre national des lettres, Centre national du livre (France), 1998).

Et vers la neuvième heure Jésus s'écria à haute voix, disant : Eli, Eli,lakmma sabakthani ; c'est-à-dire, mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'avez-vous abandonné? Quelques-uns de ceux qui étaient présents, l'ayant entendu crier de la sorte, ils disaient: Il appelle Elie. Et à l'heure même un d'eux accourut, et prenant une éponge, il la remplit de vinaigre et l'ayant mise au bout d'un roseau, il lui présentait à boire. Les autres disaient : Attendez ; voyons si Elie viendra le délivrer. Mais Jésus jetant un grand cri pour la seconde fois, il rendit l'esprit.

Cet abandon n'était pas actuel, ou pas seulement. C'est une prophétie : Elohim abandonnera le Christ.