Partie XI - La Vraie Langue Celtique de l’abbé Henri Boudet   Etudes particulières de psaumes   Vol 714 pour Sydney : prendre Adelaïde pour une femme   
NONAGONES VRAIE LANGUE CELTIQUE ETUDES DE PSAUMES VOL 714 POUR SYDNEY

Vol 714 pour Sydney est le vingt-deuxième album de la série de bande dessinée Les Aventures de Tintin, créée par le dessinateur belge Hergé. L'histoire est d'abord pré-publiée du 27 septembre 1966 au 28 novembre 1967 dans les pages du journal Tintin, avant d'être éditée en album aux éditions Casterman en 1968 (fr.wikipedia.org - Vol 714 pour Sydney).

Prendre Sydney pour Sidney (prendre Sydney pour un homme)

Comme l'explique M. Michel (Edition de De gl'Heroici Furori, 1954), pour Giordano Bruno se représente l'être divin «comme une unité féconde et infinie : elle contient tout, elle est tout entière partout... Au sein de cette unité absolue et parfaite, forme et matière sont impliquées et confondues... Principe formel de toute matière, l'âme est omniprésente. Autrement dit l'univers entier est animé» (p.22). C'est dans De la causa, principio et uno, également dédié à Castelnau, qu'il traite avec le plus d ' ampleur ce problème du rapport de Dieu et du monde qui pose à son tour celui des liens de l'âme individuelle avec l'âme du monde. Enfin dans De gl'heroici furori il décrit, comme une expérience, l'effort d'une âme plongée dans un univers multiple et changeant pour retrouver le chemin de l'unité divine.

Il fait hommage des Furori à Sir Philip Sidney, le chevalier-poète, qui était déjà le dédicataire du Spaccio della bestia trionfante, où Bruno se faisait l'avocat d'une réforme de la morale pratique, présentée sous la forme plaisante d'une rénovation de l'Olympe. Mais il s'agit cette fois d'une éthique mise au service de la mystique, et réservée aux âmes d'élite. L'emploi du mot «fureur» nous renseigne déjà sur la coloration platonicienne de ce dernier dialogue. Et M. Michel a raison de remonter, comme source principale , au second volume des œuvres de Ficin dans des traductions et commentaires de Platon et des philosophes de son école. Plus précisément la théorie des fureurs, si utile pour la connaissance de la pensée poétique et religieuse de la Renaissance, se trouve exposée dans le commentaire du Banquet. La lecture des Fureurs héroïques nous convainc que la très forte tendance au monisme, à l'immanentisme (sinon au panthéisme car ce dernier terme prête à confusion) se trouve dans une certaine mesure compensée par une autre tendance au dualisme, une acceptation de la transcendance éprouvée comme une réalité de la vie spirituelle. Ainsi s'explique que Bruno ait recours images consacrées comme celle de l'ascension de l'âme humaine, alors qu'il conviendrait de parler d'introversion puisque dans sa philosophie l'âme universelle est supposée présenté et active au centre même de chaque créature. Le retour à l'unité n'est possible que par delà la mort et tout ce que peut espérer l'amant héroïque en cette vie est de connaître, au prix d'une rigoureuse préparation intellectuelle et morale , de brefs moment où le divin se reflète en son âme. Ce n'est pas par hasard que Bruno dédie son œuvre au poète qui composa en l'honneur de Penelope Devereux un recueil de sonnets, Astrophel et Stella, qui reste l'un des plus beaux exemples de la lyrique amoureuse élisabéthaine. Bruno parle avec mépris, dans son épître dédicatoire, de l'amour de la femme. Cependant les Furori consistent essentiellement en une série de gloses sur des sonnets et des chansons où l'amour de Dieu est décrit à l'image des amours humaines. Et en fait cette œuvre se situe à mi-chemin entre Astrophel et le Cántico espiritual de saint Jean de la Croix. Il ne s'agit plus de l'amour, même épuré, même empreint de sacrifice, de l'homme pour la femme. L'objet est divin, cependant cet amour ne s'exprime pas dans les termes de la mystique chrétienne, mais dans un langage philosophique platonicien. M. Michel rappelle judicieusement la longue tradition qui a rendu possible ces passages du profane au sacré, et où le Cantique des cantiques, interprété à la lumière du Nouveau Testament, la poésie des troubadours et le pétrarquisme (J. Jacquot, Giordano Bruno : Les fureurs héroïques, Revue de littérature comparée, Volume 30, 1956 - books.google.fr).

La pluralité des mondes est effleurée avec Giordano Bruno dans un autre Tintin :

Le sulfureux et controversé Giordano Bruno (1541-1600) déduit qu'un univers infini n'a son centre nulle part (ou partout, et qu'il n'est aucune raison que notre espèce et notre planète y occupent une place particulière, privilégiée. Ces idées - et quelques autres - le conduiront au bûcher, où il périra en 1600 (Nelson Monfort, Ivan Kiriow, Ovnis : sommes-nous seuls ?, 2019) (nonagones.info - La Vraie Langue Celtique de l’abbé Henri Boudet - Etudes particulières de psaumes - Tintin et ses sept châteaux, ou plus).

Virgile

Le nombre 714 est l'isopsephos grec de "Ganumèdès", Ganymède autre nom de la constellation du Verseau, présent chez Sidney dans son Artophel and Stella, publié à la suite d'Arcadia dans l'édition de Newmann de 1594, au 13ème sonnet (Alex Sumner, Isopsephos - Greek Gematria, 2004, Philip Sidney, The Last Part of the Countesse of Pembrokes Arcadia: Astrophel & Stella and Other Poems, The Lady of May, rédacteur, Albert Feuillerat, 1593).

Cette histoire d'étoiles est bienvenue en rapport avec Vol 714, aventure où interviennent dans les airs aviation, extraterrestres et congrès d'astronautique. Comme Ganymède fut enlevé au Ciel par Jupiter métamorphosé en aigle, les héros de Vol 714 s'envoient en l'air dans une soucoupe volante par l'entremise de Mik Ezdanitoff (Jacques Bergier ?). "Mik" de Mikhaël, "Ez" d'Ezéchiel et "Dani" de Daniel donnent une explication de science-fiction aux visions des prophètes bibliques.

L'aspect messianique de l'œuvre d'Hergé apparaît à nouveau avec le 714 de la quatrième églogue de Virgile.

L'An sept cent quatorze depuis la fondation de Rome, sous le Consulat d'Asinius Pollion, & de Domitius Calvinus, le peuple Romain contraignit les Triumvirs Octavien & Antoine, à faire ensemble une paix durable. On esperoit que par là viendroit à bout de terminer la guerre contre Sexte Pompée, qui s'étoit rendu maître de la Sicile ; & qui troublant le commerce, faisoit depuis quelque-temps sentir à Rome les rigueurs de la famine. Afin que la paix entre les deux Triumvirs fût solide, on voulut qu'Antoine, qui déja avoit perdu Fulvie, épousât Octavie, soeur d'Octavien César. Octavie, à qui la mort venoit d'enlever Marcellus son mari, portoit alors dans son sein un fils, qu'elle ne mit au monde, que lorsqu'elle fut femme d'Antoine. Ce fils retint le nom de Marcellus son père; & tandis qu'il vécut, il fut les délices d'Octavien son oncle, & l'espérance du peuple Romain. C'est lui qui fait le sujet de cette Eglogue. Virgile l'adresse à Pollion, qui pour lors droit Consul. Par-là, le Poëte sait tout à la fois sa cour, à César, à Antoine, à Octavie, & à Pollion. Le Marcellus dont on célèbre ici la naissance, est le même, dont Virgile pleure la mort au sixième livre de l'Enéide. Le Poëte emprunte à la Sibylle de Cumes, ce qu'elle avoit prédit de Jésus Christ, & l'applique à l'enfant qui vient de naître (Virgile, Les poesies: Avec Des Notes Critiques & Historiques, Les Bucoliques, traduit par François Catrou, Volume 1, 1729).(nonagones.info - Le Serpent rouge -  Le voyage de l’âme - L’Arcadie d’Hergé).

Mémoire

Rastapopoulos désire obtenir l’accès au compte suisse du richissime industriel, et n’hésite pas à utiliser un « sérum de vérité » administré par le docteur Krollspell qu'il a recruté pour l'occasion. Néanmoins, le sérum ne fonctionne pas comme prévu et Carreidas commence à raconter ses souvenirs d'enfance, disputant à Rastapopoulos le titre de «génie du mal». À bord de la soucoupe volante (en forme de canotier) qui les exfiltre hors de l'île en proie à l'éruption volcanique, Tintin et ses compagnons subissent un effacement de leurs souvenirs pour ne jamais révéler l’existence des extraterrestres et ils sont déposés sur le canot pneumatique du Carreidas 160, au large de l'île. Rastapopoulos, Allan et leurs complices, qui se trouvaient alors sur l'embarcation, sont emmenés par Ezdanitoff dans un endroit tenu secret – tous sauf le docteur Krollspell, qui est retrouvé complètement amnésique près de New Delhi, en Inde (fr.wikipedia.org - Vol 714 pour Sydney).

L'oubli par le Léthé et le char céleste d'Ezéchiel : la sortie du Purgatoire de Dante

La montagne du purgatoire est couronnée par le paradis terrestre. Dante peut maintenant y pénétrer, n'étant plus marqué par les honteux stigmates du péché. Dans une plaine émaillée de fleurs serpente une forêt, où des milliers d'oiseaux saluent le lever du soleil de leur chant matinal; un vent frais et qui souffie toujours dans une direction immuable apporte au pèlerin des senteurs exquises et enivrantes : Emissiones tuæ paradisus. Entré dans la forêt touffue, l'ami de Béatrix s'y enfonce jusqu'à ce qu'il arrive devant un ruisseau limpide et courant sous des ombrages épais... Tout à coup, une femme majestueuse lui apparut sur l'autre rive, se promenant seule au milieu des arbres et cueillant des fleurs pour en faire une guirlande...

C'est Mathilde, symbole de la vie active et du ministère ecclésiastique, Mathilde, qui doit administrer à Dante les dernières ablutions dont il a besoin, avant de monter aux sphères célestes ; Mathilde, cette célèbre comtesse de Toscane, à qui le Saint-Siège doit le patrimoine de Saint-Pierre, gage sacré de son indépendance. Elle fait cesser la surprise de Dante, qui ne s'attendait pas à trouver des eaux, ni à sentir le souffle du vent dans une région placée au-dessus des orages. «Il est bien vrai, dit-elle, que Dieu, en élevant si haut le paradis terrestre, a voulu l'affranchir des intempéries qu'engendrent les grossières émanations de la terre ; mais ce vent n'est que la première impulsion donnée par le Créateur à l'air qui circule autour du globe, et ces eaux, au lieu de provenir de vapeurs condensées, découlent d'une source indéfectible, alimentée par Dieu lui-même. «Dans leur course lente et majestueuse au milieu du paradis terrestre, ces eaux se partagent en deux fleuves, dont l'un, le Léthé, fait perdre la mémoire des fautes ; l'autre, l'Eunoé, ravive le souvenir des bonnes œuvres.» Mathilde marchait en parlant, et Dante réglait son pas sur le sien, en suivant le ruisseau qui le séparait d'elle; lorsque tout à coup, à ses yeux étonnés et éblouis, s'offre une merveilleuse apparition. Ici le poète, effrayé de la carrière qu'il lui reste encore à parcourir, nous révèle, par une invocation pieuse, le but éminemment religieux de son poème et la grandeur de la tâche qu'il s'est imposée, sur le tombeau à peine fermé de Béatrix :

O sagrosante Vergini, se fami,

Freddi o vigilie mai per voi soffersi,

Cagion mi sprona ch'io mercè ne chiami (Purgatoire, ch. XXIX, terc. 13.)

Tout à coup la forêt s'illumine et paraît en feu. Une céleste harmonie fait tressaillir de joie tous les échos, et Dante, muet de stupeur, est témoin d'une vision qui rappelle les plus belles pages de l'Apocalypse. Le poète croit distinguer au loin, dans l'espace, sept arbres d'or, sept candélabres qui laissent derrière eux un sillon lumineux. Ces hauts candélabres s'avancent avec lenteur vers le sud, suivis de vingt-quatre vieillards couronnés de lys, vêtus de blanc et chantant en chœur: «Sois bénie entre les filles d'Adam, et bénies soient éternellement tes beautés;» puis, venaient les quatre animaux d’Ezéchiel, à têtes d'homme, de lion, de beuf et d'aigle, escortant un char de triomphe traîné par un griffon (Édouard Daniel, Essai sur la Divine comédie de Dante, 1873 - books.google.fr).

Platon

Le Léthé apparaît à l'intérieur du mythe d'Er. Le Pamphilien raconte à ses auditeurs ce qu'il a vu dans l'autre monde et dans quelles circonstances les âmes reviennent vers la vie : «Toutes sans exception se mirent alors en route vers la plaine du Léthé, par une terrible et suffocante chaleur, et de ce fait, ce lieu était vide d'arbres et de tout ce que produit la terre. Ils dressèrent ensuite leur tente le long du fleuve Amélès, dont aucun récipient ne put retenir l'eau. Or, c'était pour tous une nécessité d'avoir bu de cette eau une quantité mesurée , mais ceux que la prudence ne sauvegarde point en boivent plus que la mesure, et, chaque fois qu'on en boit, on oublie tout». Arrêtons - nous un peu sur ce passage fameux entre tous . Pour remarquer d'abord que notre mémoire nous a trompés. Elle nous disait que le Léthé, chez Platon, était un fleuve, alors qu'il s'agit d'une plaine. Il y a certes, dans cette description, un fleuve, mais c'est le fleuve «Amélès», «dont aucun récipient ne peut retenir l'eau» (621a). Un fleuve dont la signification pose quelques problèmes. Une note de L. Robin nous explique que ce nom signifie «Sans souci». Quand on boit de l'eau de ce fleuve en quantité trop grande, «tout sentiment d'inquiétude disparaît de l'âme». Or, l'inquiétude est le ressort de la vie spirituelle. Ce n'est pas vraiment l'avis de J.-P. Vernant qui a remarquablement commenté ce passage. Avec ce terme, Platon reprendrait l'idée, présente dans d'autres dialogues, de la mélété, c'est-à-dire de la nécessité de l'exercice de mémoire aussi bien dans la vie intellectuelle que dans la vie morale. Il était déjà question de récipients troués dans le Gorgias (493a). L'âme qui se laisse persuader par les suggestions de l'opinion est semblable à ces récipients percés , alors que la sagesse constitue une sorte de grenier bien clos. Elle est capable alors de se soustraire au temps et au fleuve du devenir. Si je comprends bien la lecture de Vernant, il y est moins question du souvenir des Idées que des moyens que possède l'âme de se soustraire aux forces de ruine. Ce qu'il faut dire encore, à propos de ce passage de la République, c'est qu'il nous présente la plaine du Léthé comme un endroit vraiment sinistre. Enfin, si toutes les âmes boivent cette eau funeste, l'auteur de ce récit, Er le Pamphilien, a échappé à la loi. C'est parce qu'il se souvient du monde des enfers qu'il est capable de faire le récit que nous lisons. Giordano Bruno ironisera sur cette subtile contradiction du texte platonicien (D. Ménager, Mythe du Léthé dans quelques œuvres de la Renaissance, Mémoire et oubli au temps de la Renaissance, actes du colloque de Paris 8-9 décembre 2000 et 9-10 mars 2001, 2002 - books.google.fr).

Le Purgatoire

Le Purgatoire de Dante, situé dans une île inaccessible aux mortels, aux antipodes de Jérusalem, présente une disposition inverse de celle de l'Enfer : c'est une montagne conique, formée de sept terrasses circulaires de diamètre de plus en plus restreint à mesure que l'on s'élève et où les âmes se purifient successivement des sept péchés capitaux. Le Paradis couronne le sommet de la montagne. De là s'envolent vers le Ciel les âmes qui ont retrouvé leur état d'innocence. Virgile quitte Dante à la cime du Purgatoire. Le poète florentin y est accueilli par Béatrice, son nouveau guide à travers le Paradis (Louis Chaigne, René Moulis, Panorama des littératures étrangères, leur influence sur la littérature française, 1969 - www.google.fr/books/edition).

Ainsi, on a avancé, peut-être avec raison, que Mathilde, qui prend la relève de Virgile pour le conduire vers Béatrice, est une médiatrice entre le ciel et la terre, comme la Mathilde historique l'avait été, lorsqu'elle avait contribué à réconcilier l'Église et l'Empire (Alexis-François Artaud de Montor, La Divine Comédie de Dante, 2016 - www.google.fr/books/edition).

Des îles

Marotiri est la terre la plus proche des antipodes de Jérusalem. Elle est également connu sous le nom de Cuatro-Coronados : «Les Quatre Couronnes» (zionkabbalah.com, Yannick Fer, Le protestantisme polynésien de l'Église locale aux réseaux évangéliques, Changing Christianity in Oceania, 2012 - books.google.fr).

Île de Rapa, Polynésie française - athenenoctua9.tumblr.com

Les dix îlots rocheux de Marotiri sont à 70 km à l'est-sud-est de Rapa, et constituent les points de terre les plus méridionaux de Polynésie française. Rapa (parfois nommée Rapa Iti, la «petite Rapa» pour la distinguer de Rapa Nui, l’île de Pâques, la «grande Rapa») est une île située dans l’archipel des Australes en Polynésie française. L’île de Rapa a une superficie d’environ 40 km2 s'étendant sur les flancs d'un ancien volcan, le mont Perau, haut de 650 m, dont l’un des pans s’est effondré et dont l’océan a rempli le cratère. Les dix îlots rocheux de Marotiri, à 70 km à l’est-sud-est de Rapa, constituent les points de terre les plus méridionaux de Polynésie française (fr.wikipedia.org - Rapa (île)).

Pulau est le mot malais et indonésien pour désigner une «île» ou une «petite île». Dans Vol 714 pour Sydney, Tintin et ses compagnons voyagent dans un avion qui est détourné vers l'île fictive de Pulau Pulau Bompa (fr.wikipedia.org - Pulau).

Rapa est un peu loin de la mer des Célèbes.

L'importance de Rapa n'est pas à négliger. Elle est, en effet, située à l'intersection des grandes routes maritimes qui relient l'Amérique à l'Extrême-Orient, aux Indes, aux îles de la Sonde, à l'Australie, à la Nouvelle-Zélande et à Madagascar. Enfin, elle nous assure la prépondérance en Polynésie (Le domaine colonial français: suivi d'un aperçu général sur les colonies étrangères, Tome 2, 1930 - books.google.fr).

Bien que le nom de «Célèbes» se termine par un «s» et provienne d'un pluriel en portugais, il désigne une île. Ce nom doit être traité sans article (comme Cuba ou Malte) et doit être considéré comme un singulier comme dans «mer de Célèbes». Le nom de «Celebes» apparaît pour la première fois sous la plume de Tomé Pires, un apothicaire portugais qui vécut à Malacca de 1512 à 1515. À l'origine, ce nom ne désignait que la pointe nord de l'île, «Punta de Celebres» (Pointe des Courants), et apparaît pour la première fois sur une carte de 1524 (fr.wikipedia.org - Célèbes).

La pointe nord-est de l'ile porte le nom de Selebres, Selebes ou Célèbes. Ce mot découlerait d'un vocable sanguirais "Sellibe" qui singifie "courants". [...] Dans le tome V du «Zeemansgids», on parle à la page 16 de la pointe nord-ouest de la Célèbes, appelée Stroomenkaap (= cap des courants) ou bien Tandjoeng Besar (= Grand cap) ou Oedjoeng (= Pointe) Malangka, sans qu'il y soit question de courants marins. D'où vient donc ce nom pour la pointe nord-ouest de cette île ? La première carte, sur laquelle cette pointe est indiquée de ce nom, est celle de Hessel Gerritsz (1622) sur laquelle on lit «Hoeck van de Stroomen» (= Pointe des courants). Sur cette carte, la Célèbes a, pour la première fois, un tracé supérieur à sa représentation cartographique du XVIe siècle ; pour la première fois aussi, ses côtes sont dessinées en entier avec indication du golfe de Boni ; les autres golfes par contre, qui pénètrent pourtant si profondément dans la Célèbes, y manquent encore. Hesel Gerritsz a très probablement dressé cette carte d'après un original espagnol que nous n'avons pas encore découvert. Il n'y donne aucun nom pour la pointe nord-est (Eduard Cornelius Abendanon , Sur la signification du nom de l'île Célèbes, La Géographie: terre, air, mer. Revue mensuelle, Volumes 37 à 38, 1922 - www.google.fr/books/edition).

A la sortie du Purgatoire, Dante rencontre une source qui se sépare en deux courants "due parti" : "L'un s'appelle Lethé, l'autre Eunoë se nomme" (La Divine Comédie Enfer, Purgatoire, Paradis Dante, Tome 1, traduit par E. Aroux, 1842 - www.google.fr/books/edition).

Bonpas

En 1318, Jean XXII, pape installé à Avignon, prend le monastère de Bonpas et le cède aux chartreux. En 1372, le cardinal Philippe de Cabassolle, ami de Pétrarque, nommé patriarche de Jérusalem par Urbain V en 1361, y est inhumé (fr.wikipedia.org - Philippe de Cabassolle).

Quand, l'année suivante, il se recueille dans la grotte de la Sainte-Baume, une vision lui révèle le visage de son ami Philippe de Cabassole. L'évêque de Cavaillon, l'un des fervents instigateurs du culte provençal, semblait l'«encourager à dire rapidement quelque chose à la gloire de la très sainte femme». Sans attendre, Pétrarque improvise sur place le Carmen, qu'il lira à son retour à Philippe, avant de l'archiver dans sa bibliothèque. [...] Néoplatonicienne, elle débute par la médiation des sens et en particulier celui du toucher. D'emblée, la sainte est déclarée apte à intercéder pour le poète suppliant (Elisabeth Pinto-Mathieu, Marie-Madeleine dans la littérature du Moyen Age, 1997 - www.google.fr/books/edition).

Ainsi, le néoplatonisme a correspondu à l'enthousiasme initial de la jeunesse qu'il évoquera toujours avec nostalgie et émotion — le Carmen de Beata Maria Magdalena disait-il «est une simple pièce de vers de jeunesse oubliés» (Eve Duperray, Le Carmen de Beata Magdalena, Marie Madeleine dans la mystique, les arts et les lettres, 1989 - www.google.fr/books/edition).

Les chantres du pétrarquisme anglais de cette dernière partie du XVIe siècle sont Sir Philipp Sidney (1554-1586) et Edmund Spenser (1552-1599). Le premier renoue avec la tradition politique, militaire, diplomatique mais aussi courtisane d'un Wyatt ou d'un Surrey. En 1572, Sidney accomplit un tour d'Europe qui le conduit à Paris, Francfort, Vienne, Padoue, Florence, Gênes et encore Prague, Dresde, Heidelberg, Strasbourg et Anvers. Ce voyageur pétri d'humanisme incarne le parfait gentilhomme, homme d'action et de lettres, décrit dans Le Courtisan de Castiglione. Sa première publication, l'Arcadie (1588), laisse poindre l'influence de l'œuvre homonyme de Sannazaro. Mais c'est à Pétrarque qu'on l'a comparé, en le considérant parfois comme le « Pétrarque anglais ». Sidney partage surtout avec le Florentin l'expérience d'un amour vrai, celui pour Pénélope Devereux, qui lui fut peut-être promise mais qui épousa lord Rich en 1581. Lady Rich est la Stella des poèmes de Sidney. Ainsi peut-on le ranger au nombre des pétrarquistes pour sa passion, ses tourments, son chansonnier Astrophel et Stella1 (1595), ses sonnets, ses imitations classiques (les antithèses). [...] Sidney souligne sa victoire sur des vanités auxquelles il a aspiré toute sa vie durant : l'écho pétrarquesque semble indéniable. Dans le même temps, Sidney subit l'influence des pétrarquistes français, et de leur antipétrarquisme. Il s'essaie à l'alexandrin et imite abondamment Ronsard, Du Bellay et Desportes. Comme eux, il condamne les imitateurs de Pétrarque, dans le sonnet XV notamment. [...] De toute évidence, Sidney ne réprouve pas l'imitation de Pétrarque mais une imitation servile, «sans esprit», dont lui-même sut se préserver. Antipétrarquiste encore, Sidney se distingue du modèle florentin en soulignant, dès le sonnet II, que son amour ne fut pas immédiat («je la vis et l'appréciai ; je l'appréciai mais ne l'aimai point», V. 5), à l'inverse de l'innamoramento de Pétrarque (sonnet III). Sidney, enfin, subit l'influence de ses prédécesseurs anglais en divisant les quatorze vers du sonnet en trois quatrains suivis d'un distique. Dans la plupart des cas toutefois, il s'agit de quatrains à l'italienne, avec des rimes embrassées. Ainsi Sidney mêle-t-il toutes ces influences pour en produire un effet nouveau, à la fois fidèle aux sources incontestées et tout à fait moderne par ses accents et ses rimes d'amour, par l'extrême régularité de ses vers qui le désignent comme le parfait courtisan de la cour de la Reine Elisabeth. Sa mort tragique, tandis qu'il combattait aux côtés des Hollandais contre l'oppresseur catholique, achève de le transformer en héros national (Jean-Luc Nadone, Pétrarque et le pétrarquisme, 1998 - www.google.fr/books/edition).

Aucun des nombreux chansonniers européens ne prend la mesure, à ma connaissance, de la façon inédite dont le Canzoniere fait s'articuler l'épique et le lyrique, la durée et l'instant, selon une idée de la poésie et du temps qui deviendra de la toute première importance au moment du romantisme. Son «je» nous prépare, cependant, à bien mieux les comprendre. Le «je» de Sidney, par exemple, ou le «je» de Shakespeare, n'est ni la voix de l'homme de tous les jours qui exposerait dans des poèmes ses aventures amoureuses, ni celle d'un personnage entièrement imaginé (comme Pyroclès ou Othello), mais celle d'un poète qui, en s'inventant, leur permet d'explorer, par la fiction, leur être profond. Astrophil et Stella de Sidney (publié après sa mort, en 1591) aurait pu avenir lecteurs et critiques de la fiction du «je» dans tous ces recueils, puisqu'il donne au poète qui est censé composer l'œuvre et à la femme aimée des noms métaphoriques, l'Amant-de-l'étoile et l'Étoile qu'il aime. Il est vrai qu'Astrophil est nommé très tardivement, le titre n'étant pas de Sidney. (Aucune des œuvres dont je parle n'a de titre, Shakespeare's Sonnets ressemblant plutôt à une annonce publicitaire.) Il est vrai aussi qu'Astrophil fait penser à Philip, prénom de Sidney, et que le mot rich (riche) revient de temps à autre pour faire allusion à une vraie Penelope Rich. Mais, d'abord, un peu à la manière de Ronsard, Sidney utilise pour la cinquième chanson un poème adressé à l'origine non pas à «Stella» mais à «Mira» et composé en vue de son insertion dans un autre ouvrage, l'Arcadie. Puis, dans une suite de poèmes qui rappelle souvent Pétrarque et les pétrarquisants français, la scène (dans la deuxième chanson) où l'amant pénètre dans la chambre de la bien-aimée, l'embrasse pendant qu'elle dort et fiait à son réveil, est aussi évidemment fictive que les rencontres imaginées avec Laure (Michael Edwrads, Pétrarque, Sidney, Shakespeare : le "Je" poète, traduit par Yves Bonnefoy, 2006 - books.google.fr).

Urbain II convoqua un Concile à Plaisance, le 1er mars 1095. Plusieurs auteurs pensent que saint Bruno, fondateur de l'ordre des Chartreux, assista aussi à ce Concile, où les Règles de la continence matrimoniale et cléricale furent proclamées par son influence. Urbain II avait été élève de Bruno, alors écolâtre, à Reims (François A. Lefebvre, Saint Bruno et L'Ordre des Chartreux, Tome 1, 1883 - books.google.fr).

"Colombani" et le test de Bechdel

Paolo Colombani et Hans Boehm sont les affidés de Rastapopoulos qui remplacent respectivement le co-pilote et le radio habituels.

Il existe un Hans Böhm, jeune joueur de tambour et berger, qui se mit à prêcher, en 1476, la Jérusalem céleste et contre les usurpateurs de la noblesse, contre l'empreur Frédéric III ("un gredin") et contre l'Eglise. Il était peut-être en relation avec les chiliastres taborites (hussites) : la Révolution quoi (Jean Delumeau, Une histoire du paradis, Mille ans de bonheur, 2014  - www.google.fr/books/edition).

On reconnaît là Hergé.

On a trouvé un Paolo Colombani, imprimeur à venise au XVIIIe siècle. Il édita le Padre Francesco Ringhieri (1721–87), un Olivétin, auteur de la mis en théâtre de la Bible dont une Girosalemme distrutta, dans Le Tragedie del Padre Don Francesco Ringhieri en 1775, et seule en 1778 (Giovanni Fantuzzi, Notizie degli scrittori Bolognesi, Tome 7, 1789 - www.google.fr/books/edition).

Il diluvio universale (Le Déluge) est un opéra (azione tragica-sacra) en trois actes de Gaetano Donizetti sur un livret de Domenico Gilardoni, représenté pour la première fois le 6 mars 1830 au Teatro San Carlo de Naples. Donizetti s'inspire entre autres d'une tragédie de Francesco Ringhieri (Il diluvio, Venise, 1788) (fr.wikipedia.org - Il diluvio universale (Donizetti)).

Dans un dialogue de l'Osservatore, une dame se plaint à Paolo Colombani de tout le mal qui a été dit de son sexe dans les numéros déjà parus du périodique, et l'éditeur jure ses grands dieux que l'idée d'offenser la plus belle moitié de l'humanité a toujours été étrangère à l'auteur, et que c'est le public qui a mal compris l'écrivain. Il y a à prendre et à laisser dans cette déclaration de l'éditeur, car les textes que nous avons vus sont assez clairs par eux-mêmes. Il serait faux pourtant de voir en Gaspare Gozzi un misogyne absolu. Peut-être bien pour lui la femme était-elle, suivant le cas, le meilleur ou le pire des êtres humains, comme la langue était, pour Esope, la meilleure ou la pire des choses. Il y a en effet, dans l'Osservatore, un traité du mérite des femmes antérieur au poème de Legouvé. Ce n'est pas un panégyrique outré, mais un éloge mesuré où Gozzi, en bon Vénitien qui a le sens du réel et du relatif de toutes les  choses de ce monde, sait rendre justice au sexe féminin. Il ne le croit pas, au fond, inférieur ; par nature, au sexe masculin, en vigueur intellectuelle, bien que les femmes aient le sentiment d'être destinées à dépendre de l'homme, et, à toutes les époques, aient eu, au suprême degré, l'art de se conformer au goût dominant du sexe fort (P. Ronzy, Le Chapitre des Femmes et du Coeur dans l'Osservatore de Gaspare Gozzi, L'Italie au XVIIIe siècle, 1929 - books.google.fr).

Les Bijoux de la Castafiore est l'unique album des Aventures de Tintin à passer le test de Bechdel, c'est-à-dire à présenter deux personnages féminins identifiés, en l'occurrence la Castafiore et sa camériste Irma, qui parlent ensemble de quelque chose qui est sans rapport avec un homme, ce qui confirme la faible place laissée aux femmes dans la série (fr.wikipedia.org - Les Bijoux de la Castafiore).

Gasparo Gozzi (né le 4 décembre 1713 à Venise et mort le 26 décembre 1786 à Padoue) est un écrivain et dramaturge italien du XVIIIe siècle (fr.wikipedia.org - Gasparo Gozzi).

Gaspard Gozzi nous fait comprendre, à mots couverts, qu'il ne se faisait pas illusion au sujet de la pensée intime du grand mystagogue florentin. «Dante, dit-il, a entendu traiter des biens et des maux que les hommes ont à rencontrer en ce monde et non dans l'autre.» Il affirme, en s'appuyant de sa lettre au Scaliger, que sa Comédie est toute allégorique, et que l'Enfer, le Purgatoire et le Paradis traitent de l'état des âmes lorsqu'elles sont encore enfermées dans le corps, mentre che sono nel corpo loro. Il se récrie sur le courage avec lequel le poëte gibelin savait, même par ses réticences, signaler les calamités de son temps et en accuser hautement qui en était l'auteur, chi la colpa ne avea rinfacciare. Selon lui «tout, dans la Comédie est art et malices poétiques du commencement jusqu'à la fin. Que de vérités, s'écrie-t-il, à faire jaillir de la Comédie, si l'attention se portait sur l'époque à laquelle Dante feignit d'avoir commencé son voyage allégorique, sur son désir d'arriver à une vie active dans la république, sur les CAUSES de sa sortie de Florence, si l'on étudiait bien surtout sa Vie Nouvelle, le Banquet et ses autres ouvrages !» Enfin il invite le lecteur à remarquer la circonstance dans laquelle Dante feint de se trouver au dernier chant du Purgatoire ; les personnages qui chantent le psaume Venerunt gentes, qu'il ne fait qu'indiquer, et à lire ce psaume en entier (Eugène Aroux, Dante hérétique, révolutionnaire et socialiste: révélations d'un catholique sur le Moyen âge, 1854 - books.google.fr).

L'anglais revanchard Spalding peut tirer son nom de l'allemand Sapltung (fissure, schisme) : on pense au schisme anglican. Spalding serait aussi mâtiné de du latin "spado" (eunuque) car le verbe "anglaiser"signifie castrer. La bande à Rastapopoulos serait aussi composée d'hérétiques.

Tutoiement

La présence de Szut dans Vol 714 pour Sydney, l’album de l’oubli et surtout du pardon, est ainsi significative, à plus forte raison parce que Haddock le considère manifestement comme son semblable, son frère : Szut est en effet le seul personnage des Aventures de Tintin qu’il tutoie régulièrement (Maxime Prévost, La rédemption par les ovnis : lectures croisées de Vol 714 pour Sydney et de la revue Planète, Études françaises, Volume 46, Numéro 2, 2010 - www.erudit.org).

Haddock rencontre Szut à la même page que Colombani qui est traité de "butor" par Milou (page 3).

Le présent et le passé sont utilisés concurremment dans le chant XI de l'Odyssée et le Livre VI de l'Enéide, la première personne ne s'unit pas au présent mais au passé dans la Divine Comédie et l'on retrouverait non seulement chez Dante, mais chez Homère (récit d'Ulysse devant les Phéaciens) et chez Virgile (récit de la Sibylle) le je de la narration. Si le «je» correspond en principe à la poésie lyrique, le «il» à l'épopée, le «tu» serait le mode d'énonciation du drame. Curieuse distinction qui amènerait à faire un drame de «Demain dès l'aube» ou de La Modification (on n'oubliera pas que le descensus Averno sert d'emblème au roman de Michel Butor ! ( Pierre Brunel, L'évocation des morts et la descente aux enfers, Homère, Virgile, Dante, Claudel, 1974 - books.google.fr).

Dans La modification (1957), M. Butor emploie le "vous". Mais ce "vous" est une sorte de complicité acceptée, voulue par le romancier, entre le personnage et le lecteur. Comme si l'écrivain incitait son lecteur à remplir son existence propre des actes du personnage, et grâce à ce transfert à doter cet "être de papier" d'une vie.  [...] Dans Degrés (1960), M. Butor utilise les trois personnes grammaticales; aussi, et pour les raisons que nous avons déjà dites, avons-nous des passages entiers rédigés au "tu". [...] Il convient, peut-être, de rappeler ici que M. Butor est orfèvre en la matière, lui qui écrivit dans Répertoire (1964) de fort pertinentes remarques sur l'usage "romanesque" des pronoms (Jean-Paul hamoir, Les structures romanesques et leurs significations dans la littérature française, 1973 - ot-e.uqtr.ca).

Mathilde de Canossa

L'empereur Henri faisait la guerre à l'église romaine, et, par la permission de Dieu, succombait sous les attaques d'un grand nombre de personnes qui se soulevaient à bon droit contre lui. Le pape Urbain tint un concile à Plaisance, et s'y occupa avec soin de la paix et des autres choses nécessaires à la sainte Église. L'an de l'Incarnation du Seigneur 1095, le mercredi 4 avril, le vingt-cinquième jour de la lune, d'innombrables spectateurs virent un si vaste mouvement d'étoiles que, sans leur éclat, leur grand nombre les eût fait prendre pour de la grèle. Plusieurs personnes crurent même que ces étoiles étaient tombées pour accomplir les paroles de l'Écriture, qui dit : «Les étoiles tomberont du ciel.» (Orderic Vital, Histoire De Normandie, 1826 - books.google.fr).

Selon Pier Carpi, un miracle aurait eu lieu au concile de Plaisance pendant que s'exprimait Mathilde : une colombe bleue et lumineuse descendit du ciel et la couverture nuageuse s'ouvrit. Miracle qu'on ne retrouve pas par ailleurs (Jacques Vallee, Chris Aubeck, Wonders in the Sky, Unexplained Aerial Objects from Antiquity to Modern Times, 2010 - www.google.fr/books/edition).

Grand concile, ou plutôt assemblée prodigieuse à Plaisance en 1095. Il y avait plus de quarante mille hommes, et le concile se tenait en plein champ. Le pape y propose la croisade.L'impératrice Adélaïde et la comtesse Mathilde y demandent solennellement justice de l'empereur Henri IV (Annales de l'Empire : Henri IV, Oeuvres complètes de Voltaire, Volume 13, 1878 - books.google.fr).

Prendre Adelaïde pour une femme

Une autre défection vint bientôt frapper le malheureux empereur et achever de le perdre moralement en Italie, celle de sa seconde épouse Adélaïde. Le scandale de cette rupture fut encore imputé aux intrigues de la comtesse Mathilde. Les détails de l'histoire de l'impératrice Adélaïde sont fort obscurs, les chroniqueurs l'appellent même de noms différens, tantôt Adélaïde, tantôt Praxede, tantôt Agnès. Elle était fille d'un prince de Russie, et avait épousé d'abord Henri le Long, margrave de Brandebourg, de la maison de Stade, dont elle demeura veuve en 1087. L'impératrice Berthe étant morte en 1087 ou 1088, Henri, après un an, peut-être deux, de viduité, épousa la veuve encore belle, parait-il, de Henri de Brandebourg, et la fit couronner impératrice à Cologne en 1089. Elle ne vécut pas longtemps de bonne intelligence avec Henri IV, qui dut regretter auprès d'elle la douce et fidèle affection de Berthe de Suze. Traitée assez durement par Henri bien avant la défection de Conrad, elle avait pris refuge chez la comtesse Mathilde à Vérone. De là elle remplit le monde du bruit de plaintes incroyables contre son époux. On réunit un synode à Constance pour en connaître (1094), et devant les pères réunis Adélaïde révéla d'inouies turpitudes dont elle se prétendit victime. Accompagnée de Mathilde, elle fut porter les mêmes plaintes aux pieds d'Urbain II, et les renouvela au concile de Plaisance (1094 a. s.) présidé par le pape, où elle reçut une absolution motivée sur sa participation involontaire à tant d'horreurs, mais où l'empereur son époux fut de nouveau frappé d'excommunication majeure pour tous ses forfaits accumulés. Les chroniques ajoutent qu'après ces événemens accomplis elle se retira dans son pays natal, où elle entra dans un monastère dont elle fut nommée abbesse (Ch. Giraud, Grégoire VII et son temps, Revue des deux mondes, 1873 - books.google.fr).

L'aventure est tardivement baptisée. Hergé hésite entre plusieurs titres, comme «L'Archipel du grand secret» ou «Vol spécial pour Adélaïde», avant de choisir Vol 714 pour Sydney (fr.wikipedia.org - Vol 714 pour Sydney).

Psaume 78 (Venerunt gentes)

En Epist. 126, 2 (chute de Rome), Jérôme cite simultanément un vers de Virgile et un verset de la Genèse (En. 4, 42-43 et Gen. 16, 12) ; de même en Epist. 127, 12, il cite 2 versets de psaume (78, 1-3 : prise de Jérusalem) et 5 vers de Virgile (En. 2, 361-365 : prise de Troie), évoquant ainsi, à propos de Rome, la ruine de Jérusalem et la ruine de Troie. Sur ce thème de la destruction des grandes cités (Troie, Jérusalem, Carthage, Rome), voir C. GARAUD, Remarques sur le thème des ruines, dans Phoenix, 20, 1966, p. 148-158 (Suzanne Teillet, Des Goths à la nation gothique, les origines de l'idée de nation en Occident du Ve au VIIe siècle, 1984 - books.google.fr).

Comme l'a démontré Amnon Linder, les commémorations liturgiques pour les chrétiens morts à la Mansourah, en citant un verset du Psaume 78 (Deus, venerunt gentes), ne disaient pas autre chose [que l'appel à la vengeance] : O Die !! les nations ont envahi ton  héritage, / Elles ont profané ton saint temple, / Elles ont fait de Jérusalem un monceau de pierres. / Elles ont livré les cadavres de tes serviteurs / En pâture aux oiseaux du ciel, / La chair de tes fidèles aux bêtes de la terre; / Elles ont versé leur sang comme de l'eau / Tout autour de Jérusalem, / Et il n'y a eu personne pour les enterrer (W.-C. Jordan , Amen ! cinq fois Amen !, Les chansons de la croisade égyptienne de Saint Louis, une source négligée d'opinion royaliste, Hommes de pouvoir: individu et politique au temps de Saint Louis, 1998  - books.google.fr).

Urbain II a-t-il fait usage, à Clermont, du Psaume 79 (78) : «O Dieu ! Les nations ont envahi ton héritage, Ils ont souillé Ton Temple et Ta Sainteté» ? Baudri de Dol l'affirme (J . Flori, Une ou plusieurs «premières croisades» ? Le message d'Urbain II et les plus anciens pogroms d'Occident, Revue historique, Numéros 577 à 578, 1991 - books.google.fr).

A l'époque moderne, la vie cartusienne s'écoula avec le même respect des coutumes. L'Ordre fut encore plus attentif à préserver la solitude des ermitages, surtout dans les chartreuses urbaines. Au Val de Bénédiction (Villeneuve les Avignon), le fond d'or du retable du Couronnement de la Vierge évoquait l'aspect intemporel de la Jérusalem céleste, auquel le cloître était assimilé sur cette terre. Pas plus qu'hier, le temps ne devait avoir de prise sur la vie quotidienne des solitaires. Il n'était donc pas surprenant d'entendre encore au XVIIIe siècle les religieux chanter le psaume Deus venerunt gentes, ajouté aux laudes de Beata par le chapitre général de 1223 pour le succès de la Croisade. Etait également psalmodiée, selon l'ordre du pape Calixte III et la décision du chapitre de 1456 , l'oraison à l'intention des chrétiens attaqués par les Turcs. Les besoins nouveaux de la chrétienté étaient exprimés en termes d'éternité à l'image du rythme de la vie religieuse. A Villeneuve-lès-Avignon, on célébrait toujours à la veille de la Révolution, le 16 août, une messe de saint Roch «en reconnaissance de la peste qui a ravagé ces pays-ci dont nous avons été préservés» (Paul A. Amargier, Chartreuses de Provence, 1988 - books.google.fr).

L'un des manuscrits les plus précieux qu'acquit la maison de Bonpas, à la fin du XIVe siècle, fut un recueil de traités historiques - Histoire ecclésiastique d'Eusébe de Césarée, traduit en latin par Rufin, Histoire des Lombards de Paul Diacre, Histoire ecclésiastique de Cassiodore - ayant appartenu à l'archevêque de Narbonne Pierre de La Jugie. Sa valeur fut estimée à 40 florins. Il est conservé à la bibliothèque municipale d'Avignon (ms 1348). Dès le XIVe siècle, la chartreuse de Bonpas devint un centre de production de manuscrits, soit pour un usage interne aux maisons de l'Ordre, soit pour la vente, comme semblerait l'attester le superbe manuscrit 53 de Grenoble (Moralia super Job de saint Grégoire) : orné de riches miniatures, utilisant la feuille d'or, il fut vendu par le prieur de Bonpas à Jean Autier qui le donna en 1419 à la Grande Chartreuse, lorsqu'il y fit profession. La tradition se maintint à l'époque moderne. Plusieurs livres liturgiques, composés à Bonpas dans les années 1620-1650, ont été conservés tant à la bibliothèque municipale d'Avignon qu'à la chartreuse d'Aula Dei, où les ont amenés les moines de Valbonne. La plupart d'entre eux étaient destinés aux célébrations propres de la maison . Quelques - uns apportent ainsi la preuve que la mémoire des bienfaiteurs (Simon de Langham, Philippe Cabassole (qui leur laissa le tiers de sa collection de manuscrits), Martin de Zalba) était encore vénérée par les chartreux du XVIIe siècle. Mais des livres furent également fabriqués pour d'autres chartreuses qui en avaient passé commande. La tradition du manuscrit calligraphié et enluminé s'est en effet maintenue aux Temps modernes pour les livres liturgiques ou les rituels propres aux chartreux. La bibliothèque municipale de Marseille en conserve plusieurs qui proviennent de la chartreuse de la ville et de celle d'Aix et y ont été confectionnés au cours des XVIIe et même XVIIIe siècles. Rappelons enfin les «copies de nécessités», reproductions manuelles d'ouvrages que l'on souhaite posséder et dont on ne trouve pas d'exemplaire disponible ou qui eux-mêmes ne sont pas imprimés. Le catalogue de la bibliothèque de La Verne révèle plusieurs de ces livres «à la main» mêlés à des imprimés. Cette pratique se maintiendra du reste chez les religieux comme dans le monde savant jusqu'à l'invention de la photocopieuse (Paul A. Amargier, Chartreuses de Provence, 1988 - books.google.fr).

Avec le saint Jacques des Cigares du Pharaon et Coke en stock, l'intention anti-islamique est patente.

Concile de Plaisance par Raphaël

La seconde salle des Chambres du Musée du Vatican se nomme Camera della Scuola d'Atene. C'est là que Raphaël, dans ses œuvres les plus personnelles et les plus parfaites, montre toute cette grandeur à laquelle il ne fut plus donné d'atteindre. D'un côté, la Dispute du saint sacrement, qu'on appelle aussi la Théologie, de l'autre l'École d'Athènes, qu'on pourrait appeler la Philosophie, les deux plus sublimes compositions de leur auteur dans la peinture monumentale. La première, dont le titre n'indique pas clairement l'objet, est une image poétisée du concile de Plaisance, qui termina, par une sorte d'arrêt souverain, les controverses élevées sur le sacrement de l’Eucharistie. C'est un sujet pareil qu'a traité Andrea del Sarto dans le célèbre tableau que nous avons cité à l'article de la galerie Pitti. Celui de Raphaël, «la plus grande épopée chrétienne qu'ait tracée la peinture,» est en deux parties qu'on pourrait nommer le ciel et la terre, s’unissant par le mystère eucharistique : dans le ciel, la Trinité, groupée parmi les anges, entre deux longues rangées de bienheureux; sur la terre, autour de l'hostie rayonnante dans un soleil d'or, un concile, où sont assemblés des docteurs, vieillards ou jeunes hommes, papes, évêques, prêtres, moines et laïques. Dante, que ses contemporains nommaient eximio theologo, siège parmi ces docteurs de l’Église, non loin de saint Jérôme, de saint Augustin, de saint Ambroise et de saint Grégoire, avec saint Thomas d'Aquin, saint Bonaventure, Duns Scot, Nicolo di Lira, Savonarole lui-même, et Raphael s'est peint avec le Pérugin, sous des figures de prélats mitrés. «Quatre enfants d'une grâce inimitable, dit Vasari, tiennent ouverts les Livres des Évangiles, qu'expliquent, à l'aide des saintes Écritures, les quatre docteurs de l'Église, éclairés par l'Esprit-Saint. Rangés circulairement dans la partie supérieure du tableau, les saints se distinguent par une si belle entente de la couleur, des raccourcis et des ajustements, que l'on croit admirer la nature elle-même. Les têtes ont une expression surhumaine; celle du Christ surtout rayonne de la sérénité et de la clémence d'un Dieu.... Raphaël a su imprimer aux saints patriarches le caractère solennel de l'antiquité, aux apôtres celui de la simplicité, aux martyrs celui de la foi. Mais son savoir et son génie brillent encore davantage dans les saints docteurs chrétiens groupés de différentes façons. Ils cherchent la vérité; le doute, l'inquiétude, la curiosité animent leurs gestes, rendent leurs oreilles attentives et froncent leurs sourcils. On ne saurait assez louer la variété et la puissance des sentiments qui font vivre tous ces personnages.» (Vasari.) Quand on contemple ce prodigieux ouvrage, fait par un imberbe de vingtcinq ans, comme l'atteste son portrait aussi bien que l'histoire, on absout l'action un peu brutale de Jules II; on pense aussi que nul autre artiste, même des plus mûrs et des plus éprouvés, ne pouvait désormais soutenir le parallèle avec un tel débutant, et qu'il fallait lui livrer, sans partage, le sanctuaire de l'art. C'est qu'en effet, jamais, du premier coup, on n'a porté plus loin la merveilleuse entente de l'ordonnance d'un sujet; jamais on n'a porté plus loin le sens de l'unité dans un vaste ensemble, le sens du pittoresque dans la symétrie, et, dans les détails, la grâce, l'élégance, la hauteur du style, le charme incomparable de toutes les parties. Pour chercher une autre œuvre, sinon supérieure, au moins égale, et que son genre tout différent met à l'abri d'une comparaison directe, il faut que le spectateur se retourne, et, retrouvant un nouveau courage dans une admiration nouvelle, qu'il contemple avec loisir, avec amour, le vaste tableau de l'École d'Athènes (Louis Viardot, Les Musées d'Italie, guide et memento de l'artiste et du vogageur; précédé d'une dissertation sur les origines traditionelles de la peinture moderne, 1859 - books.google.fr).

 

La Dispute du Saint-Sacrement de Raphaël, seconde fresque principale de la Chambre de la Signature (avec L'École d'Athènes), l'une des quatre Chambres de Raphaël au palais du Vatican, est peinte entre 1509 et 1510 (fr.wikipedia.org - La Dispute du Saint-Sacrement).

Les chiens n'auraient pas d'âme ?

Milou est le seul personnage à avoir conservé tous ses souvenirs. Fataliste, il se dit : «Ah ! si je pouvais raconter tout ce que j'ai vu… Mais on ne me croirait pas.» (fr.wikipedia.org - Vol 714 pour Sydney).

L'hostilité que témoigne Descartes à la Renaissance n'est d'ailleurs qu'une hostilité indirecte visant les fruits tardifs et décadents de la Renaissance italienne, Telesio, Vanini, Campanella, que le XIXe siècle nous a imposés à tort comme représentatifs d'une «Renaissance en soi» démunie de cadres chronologiques, alors que la critique italienne actuelle les définit plutôt comme maniéristes ou prébaroques (P. Mesnard, Début du cartésianisme, Les Études philosophiques, Volume 13, 1958 - books.google.fr).

Telesio (1509–1588), que l'on classe souvent parmi les platoniciens, est, cependant, l'auteur d'un livre au titre significatif : De Natura rerum ; il croit que l'âme est corporelle, que les animaux ont une âme comme les hommes ; ces mêmes idées se retrouvent chez Campanella. Aucun de ces philosophes, évidemment, ne fit jamais profession ouverte de libre pensée (Jacques Bousquet, La peinture maniériste, 1964 - books.google.fr).

L’expression «maniérisme littéraire» ne saurait s’entendre que dans le cadre d’une confrontation avec les oeuvres picturales et les arts décoratifs où s’exprima le courant maniériste. Or, on sait que Montaigne connaissait bien l’art italien de son époque. Michel Butor, de façon intuitive, puis, avec plus de systématicité, Richard Sayce, ont montré l’admiration de Montaigne pour les maîtres italiens comme Vasari, Pontormo, Bronzino ou le Moïse de Michel-Ange. Des oeuvres qui inspirèrent les maniéristes, comme le Laocoon (redécouvert en 1506) et Antinoüs, et qui conjuguent terribilità et venustas, ne lui sont pas indifférentes : la force tourmentée, la grâce et le mouvement ont, en matière de beaux-arts, sa prédilection. Le voyage en Italie qu’il effectua en 1580 et 1581, et dont il laissa un précieux Journal, contribua à la formation de son goût maniériste. Il découvrit au cours de ce périples monuments, tableaux. Il contempla ainsi dans la basilique San Lorenzon de Florence les oeuvres de Michel-Ange — sans doute les statues de la chapelle des Médicis (À la grotesque : Montaigne maniériste ? - manierisme.univ-rouen.fr).

Michel Butor identifie un premier modèle pictural, qui paraît fort pertinent, puisque c'est également Montaigne lui-même qui l'évoque dans le chapitre «De l'amitié» (Dany Roberge, La poétique de l'anamorphose dans les Essais de Montaigne, Critique des savoirs sous l'Ancien Régime: érosion des certitudes et émergence de la libre pensée, 2008 - books.google.fr).

Butor cite en entier le passage suivant : «Considerant la conduite de la besongne d'un peintre que  j'ay, il m'a pris envie de l'ensuivre. Il choisit le plus bel endroit et milieu de chaque paroy, pour y loger un tableau élabouré de toute sa suffisance, et, le vuide tout au tour, il le remplit de crotesques, qui sont peintures fantasques, n'ayant grâce qu'en la variété et estrangeté. Que sont-ce icy aussi, à la vérité, que crotesques et corps monstrueux, rappiecez de divers membres, sans certaine figure, n'ayants ordre, suite ny proportion que fortuite ? Desinit in piscem mulier formosa superne. (C'est le corps d'une belle femme, que finit une queue de poisson). Je vay bien jusques à ce second point avec mon peintre, mais je demeure court en l'autre et meilleure partie ; car ma suffisance ne va pas si avant que d'oser entreprendre un tableau riche, poly et formé selon l'art. Je me suis advisé d'en emprunter un d'Estienne de la Boitie, qui honorera tout le reste de cette besongne. C'est un discours...»

Depuis les «loges» de Raphaël, la peinture de la fin du seizième siècle, «maniériste», donne d'innombrables exemples de ce type de composition : un tableau central entouré d'une guirlande de «grotesques», lesquels doivent leur nom au fait qu'on les considérait comme de libres imitations des décorations découvertes dans les ruines, ou grottes, de la maison dorée de Néron, aujourd'hui complètement détériorées, mais dont on peut retrouver l'équivalent en mainte peinture romaine. [...]

Un des procédés favoris de l'art maniériste [...], pour attirer mieux encore vers le centre le regard du spectateur, introduit dans ses grotesques une puissante symétrie : la sirène de gauche répondant à celle de droite, et souvent la renforce en apposant de chaque côté du tableau principal des tableaux secondaires qui pourront être à leur tour des foyers de symétries partielles (Michel Butor présente Montaigne: Essais: texte intégrale, Tome 1, 1964 - books.google.fr).

Deux aspects sont débattus à propos de l'animal. L'un porte sur la ligne de démarcation de l'animalité, rendue floue par la découverte des peuples «sauvages» qu'on ne sait où mettre, mais nous ne l'aborderons pas. L'autre porte sur l'âme des bêtes. Ce débat est relancé au XVIe siècle par la résurgence de la notion grecque de communauté des êtres au nom d'un partage de la raison. Adoptant la philosophie de Plutarque, Montaigne considère que les actes des bêtes prouvent la raison, l'apprentissage, l'émotion, donc une certaine égalité avec l'homme qui devrait l'obliger à la bienveillance et au «devoir d'humanité». Pour ne pas heurter les théologiens et être rapproché des sectes antiques, il rejette la métempsycose et conserve des différences de destin. La prudence est aussi de règle chez ses disciples de la première moitié du XVIe siècle, notamment les clercs Charron et Gassendi. Ils divisent l'âme humaine en une partie matérielle commune avec l'animal, productrice d'une première raison et d'un langage, et une partie spirituelle spécifique, porteuse d'une raison plus subtile et d'un destin. Cette stratégie n'est pas celle de leurs contemporains libertins, tel Cyrano de Bergerac, qui octroient la raison aux bêtes parce qu'ils critiquent toutes les certitudes communes : l'existence de Dieu, l'immortalité et la supériorité de l'homme, la Terre au centre du monde, etc. Le libertinage est réprime par l'État et l'Église, et il discrédite l'école de Montaigne qui lui est assimilée. Donner la raison aux bêtes paraît sous-entendre que leur âme matérielle suffirait à l'homme ou qu'elles ont une âme spirituelle comme lui. C'est contester l'originalité, la supériorité, la domination de celui-ci. Comme en Grèce antique, la promotion de l'animal est pensée ou reçue comme une déstabilisation sociale, l'homme ayant besoin de lui pour vivre. Cela explique la réticence, jusqu'à nos jours, à réviser son portrait d'être irraisonnable et instinctif qui justifie son traitement. Cela illustre aussi l'imbrication entre philosophie et vie quotidienne, représentation et condition. C'est pourquoi la contestation du XVIIe siècle suscite la contre-philosophie la plus radicale avec la théorie de l'animal machine de Descartes. À l'opposé de Montaigne, qui part de l'analogie des actes pour déduire l'existence d'une raison animale, il postule que la matière et l'esprit sont deux substances qui ne peuvent se confondre. Il n'existe que des corps matériels et des âmes spirituelles, donc immortelles. Comme il est impensable que les animaux possèdent de telles âmes, ils n'ont ni âme, ni raison, ni les facultés liées à celle-ci depuis les Grecs : de la parole à la conscience de la mort. [...] Cette théorie connaît le succès aux XVIIe-XVIIIe siècles, notamment auprès du clergé qui la tient pour un bon auxiliaire de la religion, un barrage au libertinage. Puis les philosophes du XVIIIe siècle la jugent invraisemblable pour la bête, de même qu'ils refusent le statut d'extraterrestre religieux donné à l'homme alors que les naturalistes l'insèrent dans leur classification des espèces animales. S'inspirant des thèses de l'Anglais Locke, qui avait pris le contre-pied de Descartes à la fin du XVIIe siècle en soutenant que les idées se forment par l'expérience et les sens, certains, de La Mettrie à Diderot, développent une philosophie antichrétienne et matérialiste à partir des années 1740. L'homme et l'animal ont une âme identique, maté-rielle et mortelle, et sont de même nature. Il existe cependant une différence de degré (Eric Baratay, Et l'homme créa l'animal, Histoire d'une condition, 2003 - www.google.fr/books/edition).

L’âge maniériste qui éloigne du néo-platonisme et du pétrarquisme est bien celui des plaisirs noirs, et d’une sensibilité anxieuse et déréglée, insolite ou dépravée ; la contemplation idéale se change parfois en profanation. [...] Le code pétrarquiste est ici renversé : l’amour, loin d’être un marchepied du ciel, loin de permettre au pécheur repenti de gravir les cercles du paradis, peut devenir au contraire sacrilège transgression de la pureté religieuse (Voluptés morbides - manierisme.univ-rouen.fr).

Mania et mémoire

Mania sacrée, prophétique et poétique, selon la distinction platonicienne. Mania acquiert par là une valeur fondamentale pour la réalité humaine: c'est grâce à elle que se révèlent les principes de toute démonstration. Pour indiquer la faculté archaïque, pré-rationnelle, de l'homme, la langue latine utilise le mot ingenium: à l'origine, ce mot ne se réfère pourtant pas uniquement au génie humain — qui ne se trouve alors perçu que comme une capacité particulière, une forme, l'ultime ramification d'une force originelle propre à la nature entière. Juan de Huarte est encore conscient, au XVIe siècle, du sens originel de l'ingenium: « Il faut savoir que ce mot ingenio descend de l'un de ces trois mots latins: gigno, in, genero: et c'est de toute évidence de ce dernier qu'il semble tenir sa descendance» (Huarte, Examen de ingenios, Baeza, 1575). [...] Les théories manieristes trouvent leur expression la plus célèbre chez cet auteur et chez Matteo Pellegrini, Délie acutezze che altrimenti spiriti, vivezze, concetti volgarmente si appellano (1639); Baltasar Gracian, Agudeza y arte de ingenio, en que se explican todos los modos y diferencias de conceptos (1642) et Emanuele Tesauro, Cannocchiale aristotelico o sia Idea dell'arguta ed ingeniosa elocutione, che serve a tutta l'arte oratoria, lapidaria e simbolica (1655). [...]

Virgile, Ovide, Cicéron (pour nous limiter à ces trois auteurs) définissent l'ingenium comme une force et faculté naturelle originelle. Dans le monde antique la signification du mot ingenium est donc double: il désigne à la fois la force intrinsèque à la nature physique et organique, et l'activité et vivacité de l'esprit propre à l'homme. L'étymologie même du mot ingenium (de gignere) révèle un rapport intime avec le mot natura (de nascï) qui se réfère au cosmos ordonné. Virgile affirme dans les Géorgiques que les oiseaux «ont plus de génie que l'homme» (haud equidem credo, quia sit divinitus illis ingenium... maior): ce qui se manifeste dans leur réponse immédiate, organique, au monde environnant. [...]

Selon la tradition, il y a deux sources à la connaissance humaine, et elles sont généralement mises en rapport: la déduction et l'induction, mouvements qui évoluent dans des directions contraires, de l'universel au particulier pour le premier, du particulier à l'universel pour le second (Aristote, Premiers Analytique s 24). [...] La mémoire est une faculté sélective par excellence, qui choisit (legein) dans l'océan des sensations, sans quoi nous serions submergés d'une multiplicité de types qui engendreraient confusion et non distinction. Logos et mémoire sont donc à la base de toute constatation empirique. [...] La «répétition», le «renouvellement», la «permanence» d'un phénomène — de quelque chose qui apparaît — implique donc deux activités: avant tout celle de la mémoire, et aussi le recours à une unité de mesure, qui révélera qu'il y a dans cette apparition quelque chose d'«identique» ou au contraire de «différent» (Aristote, Métaphysique, 980b 2. ). [...] L'induction présuppose une manifestation à travers les sens (aisthêsis) ; si «induire» équivaut à rapporter un phénomène au terme d'une comparaison pour l'identifier, le rapport devient évident entre constatation empirique et induction: c'est en fonction du «type» que la constatation empirique se réalise, et avec elle la constatation de l'identité ou de la non-identité d'un phénomène. Il ne faut pas oublier cependant, que le type n'est pas simplement le résultat d'une impression passive, mais d'un choix qui donne à la mémoire un caractère créatif: c'est pourquoi le «choix» du type n'est pas déductible, mais originel, immédiat, et à cause de ces caractéristiques, c'est un acte «ingénieux». [...] Le fondement de notre connaissance a donc un caractère «analogique»: c'est seulement en «refaisant» (ana) l'acte de lier (legein) un phénomène à son «type» ingénieux que nous commençons à savoir en arrêtant la fuite incessante des apparences, toujours relatives et multiples. [...] L'homme ne peut savoir — en correspondance avec la thèse platonicienne — qu'en se référant à ce qui est déjà en lui. La réminiscence platonicienne doit s'entendre comme un processus analogique, fondement de toute induction et de toute constatation empirique (Ernesto Grassi, La mania ingegnosa : signification philosophique du maniérisme. In: Littérature, n°122, 2001. Aristote au bras long, traduit par Françoise Graziani - www.persee.fr).

Entrées/Sorties

L'aventure commence par un exit (n° 3) à la page 5 et page 6 pour le vol 714 qui part pour Sydney sans Tintin et se termine par le même avec Tintin. Entre les deux il y une entrée : une tête de cosmonaute sert de porte d'entrée du "passage secret" (page 43) qui conduit vers la sortie, au cratère et à la délivrance des héros de l'album.

Pour composer le personnage de Lazlo Carreidas, Hergé s’est librement inspiré de Marcel Dassault (fr.wikipedia.org - Vol 714 pour Sydney).

Carreidas "va au paradis". Marcel (Bloch) Dassault est converti...(Maxime Prévost, La rédemption par les ovnis : lectures croisées de Vol 714 pour Sydney et de la revue Planète, Études françaises, Volume 46, Numéro 2, 2010 - www.erudit.org).

Haddock (page 3) : "La route de la Lune, c'est nous qui l'avons inaugurée".

A la sortie de l'Enfer, Virgile, le guide Dante, s'adresse à lui :

Allons, viens, lève-toi, me dit alors Virgile,

La route est longue encor, le chemin difficile,

Le soleil à moitié de tierce est de retour.

Là, certes, d'un palais l'avenue ou la cour,

Ne s'offrait pas à moi, mais une route obscure,

Un abrupt ravin creusé par la nature. (La comédie de Dante, Tome 1 : L'Enfer, Le Purgatoire, traduit par E. Aroux, 1856 - books.google.fr).

How many kings of Judah had special ramps ascending to their personal bamot, we may never know. But that modern wailing at an old retaining wall is but a continuation of the ancient cultus . See Jer. 22:18, and 34:4 5 : 'Al Donni' (Oh My Lord). “This should have been put in PMHR : but ten years ago I had not seen the capital possibilities in the term Millo. Please type and bring me a copy. "A follow-up note : Durham, N. C. Dec. 6, 1944" Typed Millo arrived. Extending II Kings 12 : 20–21, a little: Jer. 2:28, says there are as many different gods as there are cities in Judah (Rome would say 'Patron Saints' Greek Ch. has eikons, not images, of patron saints). Ezekiel 16 : 24–25, emphasizes the Millo point: there is a knoll with a bamah on it in every street, -a bamah at the head of every road. (Rome has a gigantic crucifix a few miles south of Washington, D. C. at a Y in the road. I have passed in bus : that is what Ezekiel means by 'Head of the way'). "Have you read of Sir Philip Sidney? Mortally wounded at Zutphen, he set the pattern for a host of our 'Yanks'. “Some notes on new bug poisons, blood transfusions and the like, and book notices may interest you when you come Friday" (Clarence H. Brannon, Allen H. Godbey : A Biography, 1949 - books.google.fr).

Dans Ezech. XXI, 24, on place le poteau indicateur «à la tête de la route», c'est-à-dire à son point de départ. Quand le prophète compare Jérusalem à la prostituée il lui reproche de s'établir : «à la tête de toute route» (Ezech. XVI, 25, 31) ; c'est bien l'entrée du chemin comme on le voit par l'histoire de Thamar (Gen. XXXVIII, 14 ss.). La Sagesse crie «à la tête des (rues) bruyantes» (Prov. 1, 21), c'est-à-dire, d'après le parallélisme avec «aux baies des portes», à l'endroit où commencent les rues qui mènent dans la ville. Les faibles et les morts gisent «à la tête de toutes les rues» (Is. LI, 20 ; Thren 11, 19), c'est-à-dire aux carrefours d'où rayonnent les rues. Les rivières, ces «chemins qui marchent et qui portent où l'on veut aller» (Pascal), auront leur tête qui sera le point où elles commencent de couler (Édouard Dhorme, L'emploi métaphorique des noms de parties du corps en hébreu et en akkadien, Revue biblique, Volume 29, 1920 - books.google.fr).

Le temple des "dieux" extraterrestres (ou des "saints" comme le dit Godbey) fait le pendant au temple de Jérusalem (le "dieu") comme l'Ecole d'Athènes (les "dieux") à la Dispute (le "dieu").

L'École d'Athènes est une fresque (4,40 × 7,70 m) du peintre italien Raphaël, située dans la Chambre de la Signature (les Stanze) des musées du Vatican, l'une des quatre Chambres de Raphaël situées à l'intérieur du palais apostolique. C'est l'une des œuvres picturales les plus importantes de la Cité du Vatican. Cette fresque symbolique présente les figures majeures de la pensée antique.

L'École d'Athènes, qui symbolise la Philosophie et la recherche du Vrai est en opposition avec la fresque La Dispute du Saint-Sacrement, elle aussi peinte par Raphaël, et qui représente la victoire de la Théologie sur la pensée antique. Le troisième mur est consacré à la Justice tandis que la dernière paroi symbolise la Poésie.

Toute la salle est également marquée par des thèmes iconographiques complexes, de nature théologique et philosophique, auxquels ont sans aucun doute contribué les personnages du cercle néoplatonicien qui animent la cour papale et qui visent à affirmer les valeurs de la Vérité, du Bien et de la Beauté. Le thème général, lisible uniquement par rapport aux autres fresques de la salle, est la faculté de l'âme à connaître la vérité à travers la science et la philosophie.

La fresque fait partie des «105 œuvres décisives de la peinture occidentale» constituant le musée imaginaire de Michel Butor (2015) (fr.wikipedia.org - L'Ecole d'Athènes).

Michel Butor (1926-216) fut élevé chez les jésuites (fr.wikipedia.org - Michel Butor).

Dans la mesure où l'Ecclesia mater a pour fonction d'acheminer les chrétiens vers la Jérusalem céleste, il est cohérent que son signe terrestre, l'Ecclesia mater romana, prenne la tête du chemin qui ouvre la voie de la Jérusalem terrestre, symbole par excellence de ce vers quoi l'Église pérégrine. Et, il n'est pas surprenant par ailleurs que cela suscite un certain scepticisme de la part des moines épris d'eschatologie. Saint Anselme comme Geoffroy de Vendôme n'en voient pas l'utilité pour eux. Il suffit de se convertir et d'entrer au monastère où l'on milite pour retrouver l'héritage perdu et le chemin de la Jérusalem d'en haut. Il est donc interdit aux moines de participer à la croisade puisque leur stabilité leur assure déjà, par anticipation, cette «vision de paix». Urbain, dans sa lettre aux habitants de Bologne, rappela que les moines devaient avoir l'autorisation de leur abbé et les clercs de leur évêque. D'autre part, dans la lignée de la théologie des deux corps et de l'affirmation de la catholicité de l Église, la croisade peut apparaître comme une conséquence certes militante mais logique de l'ordre grégorien. La Mater catholica se doit de combattre le monde livré à l'esclavage du péché et de Satan (Jean-Hervé Foulon, L'ecclésiologie du concile de Clermont : Ecclesia sit catholica, casta et libera, Collection de l'École française de Rome, Volume 236, 1997 - books.google.fr).

Dante ne put jamais cesser de regarder vers Rome, caput mundi et centre de l'univers, avec ses yeux mystiques et ses yeux profanes. La métamorphose dramatique des Laudes et des Séquences de l'Eglise, opérée par les compagnies nomades des Disciplinés, des Flagellants, des Blancs Louangeurs, et la transformation de la lyrique religieuse, depuis le temps de la Cantilène de Sainte Eulalie, en langue d'oïl, fleurissaient avec une puissance sociale insoupçonnée, réunissant des milliers d'êtres inquiets derrière un étendard de paix. Par une véritable transhumance de la pensée, selon les grandes saisons humaines, les foules chercheuses allaient, revenaient, dans tout l'Occident. La société entière se reformait, et un esprit comme celui de Dante subit la fascination du rêve d'une société mystiquement renouvelée dans l'amour. En même temps, son génie vibrait à tous les courants du lyrisme et de la pensée, profanes, qui passaient en Italie avec la petite phalange des Troubadours, Trouvères et Musiciens ; et aux éclatantes affirmations de la lyrique italienne, qui montaient de Sicile et se propageaient de partout. Génie mystique et profane, raisonneur et passionné, il songea à cette «construction» supérieure des besoins de l'âme et du corps dans Rome, puisque c'est autour de Rome, dit M. Hauvette, «et de l'idée d'empire universel dont ce nom magique continuait à être le symbole, que s'est engagé le grand conflit qui remplit toute l'histoire d'Italie au XIIe et XIIIe siècles». Le monde se montra à Dante comme égaré «dans la forêt obscure, dont il avait perdu le droit chemin», tandis que Rome demeurait le centre naturel, la tête, où toutes les lignes spirituelles du monde devaient converger, comme celles du corps vers le visage pour y prendre une physionomie (Ricciotto Canudo, L'Heure de Dante et la nôtre, Mercure de France, Volume 150, 1921 - books.google.fr).

Le purgatoire de saint Patrick

Millo

Le journal anglais The Times a publié en 1973 le témoignage de Madame Matilda Millo di Suvaro, fille de l'amiral italien Millo, ami intime de Marconi, qui aurait confié à l'amiral qu'en 1920 il avait capté des messages venant du cosmos, probablement de la planète Mars. Rapporté par Jacques Bergier dans Nostradamus, n° 61 du 7 juin 1973 (Robert Charroux, L'énigme des Andes: Les pistes de Nazca, la bibliothèque des Atlantes, 1974 - bokks.google.fr).

Matilde Millo di Suvero and Vittorio di Suvero (later known as Victor E.) are both Italians of Sephardic Jewish descent. Vittotio was a naval attaché for the Italian government and the family resided in Shanghai until his father was relocated to Tientsin shortly after the birth of the family's last son in 1936. With the outbreak of World War II, di Suvero immigrated to San Francisco, California with his family in February 1941 aboard the S.S. President Cleveland (en.wikipedia.org - Mark di Suvero).

Y

Sidney est à Amsterdam en mars 1586 (il meurt en octobre) (Albert Feuillerat, The Prose works of Sir Philip Sidney, 1969 - www.google.fr/books/edition).

L’IJ est un lac néerlandais d'eau douce, de Hollande-Septentrionale, située à Amsterdam. Séparé en deux par des écluses, il est le reliquat d'une baie beaucoup plus vaste. Le nom IJ est apparenté à l'hydronyme Aa et signifie «eau». «IJ» est un digramme en néerlandais, d'où l'emploi d'une majuscule pour le « J ». Sur les cartes anciennes le nom était Ye ou simplement Y, comme sur celle de 1850 (fr.wikipedia.org - IJ (Amsterdam)).

Roger Ewer écrivait en 1587 "In Pythagorae literam upsilon et Sidnaei psi" :

Pythagorae par Sidnaeus, ter maximus heros,

Graecaque par nomen littera utrique dedit.

Praebuit ille viam biiugi sub imagine callis,

Hic triplici in collis vertice monstrat iter.

Ille via duplici caelum monstravit et Orcum,

Hic, quacunque petis, pandit utrinque polum.

Ambo pares vitae speciem praeferre videntur,

Hic tamen aeternae praetulit, ille brevis.

Ambo pares habeant parilem pro munere laudem,

Ille prior multis, non habet iste parem. (A. J. Colaianne, William Leigh Godshalk, Elegies for Sir Philip Sidney (1587), 1980 - books.google.fr, www.philological.bham.ac.uk, Joseph Welch, The List of the Queen's Scholars of St. Peter's College, Westminster: Admitted on that Foundation Since 1633, 1852 - books.google.fr).

L'importante confrérie religieuse connue sous le nom des hospitaliers-pontifes ou constructeurs de ponts s'était établie à Maupas, au diocèse de Cavaillon, dès l'année 1164 : à la faveur des services immenses que cette localité reçut des travaux exécutés par les frères pontifes, elle changea son nom contre celui de Bonpas, qu'elle porta à partir du milieu du XIIe siècle. Il est probable aussi que le retentissement de cette première œuvre de grande utilité valut à ces religieux d'être constitués régulièrement sous la discipline de leur chef illustre et leur fondateur saint Bénezet. [...] M. Viollet-le-Duc, dans son Dictionnaire de l'architecture, p. 281, prétend que les pontifes se chargeaient de l'établissement des routes, travaux hydrauliques, chaussées, etc.; et que cette congrégation ne fut que le résultat du souffle organisateur de l'institut Bénédictin (Aimé Champollion, Droits et usages, Revue archéologique, Volume 29, 1858 - books.google.fr).

Dès que l'on a quitté Avignon, après avoir dépassé l'abbaye de Saint-Ruf et la chartreuse de Bonpas, la route poudreuse s'épanouit à travers des vignes émaillées d'oliviers, d'églantiers et d'aubépines. C'est à Bonpas, qu'on quitte la route de Marseille pour prendre la route de Cavaillon, quand on veut aller à Vaucluse. On traverse le canal de Crillon, dont les eaux arrivant de la Durance fertilisent le Comtat, et on arrive au village du Thor, dont l'église Sainte-Marie-du-Lac, où l'ogive se marie au plein cintre, tire son nom d'une statue de la Vierge miraculeusement retrouvée dans un étang, où un taureau la fit découvrir. Du Thor, on se rend en peu de temps à l’Isle, assise sur une île formée par les branches de la Sorgue, dont les eaux fertilisent la contrée, et le romantique village de Vaucluse apparaît bientôt aux yeux ravis des pèlerins. Au coude d’un défilé conduisant du village à la fontaine surgissent les ruines d'un château qu'habita le cardinal de Cabassol, évêque de Cavaillon et protecteur de Pétrarque. La vallée de Vaucluse, située au fond d'une gorge formée par la chaîne des monts qui joint le Ventoux au Luberon, se termine par des masses calcaires, rougeâtres, abruptes et désolées, qui ferment brusquement le défilé comme un rempart, et lui ont valu son nom : Vallis clausa (Le Blanc du Vernet, Lettres sur le Midi, Revue de l'académie de Toulouse et des autres académies de l'Empire, Volume 9, 1859 - books.google.fr, Jean-Marie-Vincent Audin, Guide classique du voyageur en France, dans les Pays-Bas et en Belgique, 1829 - www.google.fr/books/edition).

En analysant les erreurs de sa jeunesse, Franciscus, dans le Secretum de Pétrarque, a recours à l'image du croisement, qu'il renforce en citant la théorie du Y pythagorique. «Quand, encore sobre et modeste, je montais par le sentier droit, j'arrivai au croisement (bivium) où l'on me conseilla d'aller à droite. Mais, poussé par la folie ou l'insolence, je me tournai vers la gauche», et Pétrarque, comme Lactance avant lui, de citer les vers (Énéide, VI, 540-43) où Virgile décrit la division des chemins. «Pour quelle raison», lui demandera ensuite Augustinus, «as-tu choisi la voie de gauche ?». «Sans doute parce qu'elle paraissait plus plate et plus large», répond Franciscus ; «celle de droite est raide et étroite» (Secretum, III, 13). Le récit de la conquête du Mont Ventoux est étroitement lié au Secretum. [...] Le croisement dont Franciscus parle est précisément celui que Pétrarque avait rencontré , prétendument à son insu, sur les pentes de la montagne ; on a l'impression que le voyage au sommet fut amplifié avec soin pour rapporter un drame identifié comme étant au centre de conflit intérieur : le besoin de chercher la solitude et de se sauver des convoitises terrestres (Nicholas Mann, Pétrarque, les voyages de l'esprit : quatre études, 2004 - www.google.fr/books/edition).

Dans la fresque de l'Ecole d'Athènes, on voit Démocrite, Pythagore, Archylas, Théano, femme de Pythagore, Héraclite, Diogène, Archimède, Euclide, Ptolémée, Zoroastre, Diagoras, Gorgias, Socrate, Alcibiade, Aristide, Xenophon, Platon, Aristote, Pyrrhon; un jeune homme écrivant représente, dit-on, la philosophie éclectique (Jean-Charles-Benjamin Poisson, Italie-Rome, Tome 1, 1893 - www.google.fr/books/edition).

Pythagore est représenté entouré de disciples, et l'un d'eux tient une tablette sur laquelle sont gravés les deux symboles du pythagorisme retenus par le peintre : la tétraktys, qui regroupe les quatre premiers entiers dans le nombre 10 (10 = 1 + 2 + 3 + 4), et la «proportion musicale», dans laquelle se regroupent les consonances fondamentales nées des médiétés. Par médiétés, entendons pour l'instant les trois moyennes classiques, arithmétique, géométrique et harmonique. Elles s'entrecroisent pour former les rapports de quinte, quarte et octave, qui sont à la base de l'édifice musical grec (Musique et mathématiques, Volume 23 de Sciences et techniques en perspective, 1993 - www.google.fr/books/edition).

Allégorie du vice et de la vertu (XVIIe siècle) - Musée de Valence

Dans la tradition du paysage panoramique flamand, deux massifs montagneux encadrent ici la perspective bleutée d’une large vallée où s’inscrivent les silhouettes fantastiques de fleuves et de villes. Mais le vrai sujet est celui de la porte étroite et des deux voies offertes à l’Homme, rendu ici par l’artiste en mêlant figures bibliques (Moïse tenant les Tables de la Loi et la trompette du jugement dernier), figures allégoriques (Vénus et l’Amour, Minerve) et figures historiques (Calvin, Galilée…). À gauche, la voie de la vertu conduit les élus à la Jérusalem Céleste, palais de la félicité sur une haute montagne. À droite, la voie des plaisirs est un jardin luxuriant à l’église en ruine, dominé par le volcan de l’enfer en éruption (www.museedevalence.fr).

Pour comprendre le tableau, il importe de prendre en considération les quatre enfants du premier plan gauche, entourés par leur père ou précepteur. Car la première clé de l'énigme se trouve dans la jonction entre la lettre pythagoricienne Y et un thème central de la formation littéraire et morale du Moyen-Âge. Les calligraphes formaient la branche gauche du Y d'un trait long et fin et la branche droite d'un trait court et épais. Aussi bien la première branche symbolisait-elle la voie étroite de la vertu, promise à une longue gloire, tandis que la seconde figurait la voie facile du plaisir, dans laquelle s'éteint la vie de l'esprit. Cette puissance symbolique du Y prit une importance considérable à la Renaissance, quand le thème du choix d'Hercule, inventé par Prodicos, redevint d'actualité. «Héraklès venait de sortir de l'enfance pour entrer dans la jeunesse ; il était à cet âge où les jeunes gens devenus déjà maîtres d'eux-mêmes, laissent voir s'ils entreront dans la vie par le chemin de la vertu ou du vice. Étant sorti de chez lui, il s'était assis dans un lieu solitaire et se demandait laquelle de ces deux routes il allait prendre , quand il vit venir à lui deux femmes de haute taille.» La première, potelée et coquette, lui vante d'emblée une voie agréable et facile. Quand le jeune homme lui demande son nom, «mes amis m'appellent Félicité, répond-elle, et mes ennemis me donnent par dénigrement le nom de Vice». Mais la Vertu, d'une beauté plus imposante, interfère alors : «Ce qui est bon et beau, les dieux n'en donnent rien aux hommes sans exiger d'eux du travail et de l'application.» Suit une dispute entre les deux femmes, sur laquelle insistera Philostrate l'Ancien. La vertu, chez lui, perdra toute beauté pour ne plus susciter, par son apparence physique que dégoût et répulsion. La vraie beauté est-elle visible ou invisible ? Tout le problème est là. Le jeune Hercule, la lettre Y, deux femmes, deux voies, deux paysages... Choisissons dans la riche iconographie qui s'offre à nous une miniature extraite par Tietze-Conrat d'un manuscrit de la Grammaire d'Élie Donat, composé vers 1496. Le fils aîné de Ludovic Sforza, destinataire du manuscrit et âgé de quatre ans, se trouve présenté sous les traits d'Hercule, entre deux femmes et deux paysages ! Un autre exemple, vers 1583, est tiré du livre d'emblèmes (Harms 1970) de Jean-Jacques Boissard : le précepteur montre aux enfants la bifurcation du Y. On aperçoit des épines et une couronne sur la branche gauche , des roses et des flammes sur la branche doite. La légende latine ne laisse planer aucune ambiguïté : «La voie étroite qui endurcit couronne le chemin par une fin difficile, mais belle. La voie la plus large, s'avançant parmi de jolis champs de roses, apporte d'ordinaire le tourment : digne récompense de la volupté.» Notre tableau, qui remonte à la seconde partie du XVIe siècle s'inscrit assurément dans cette tradition, comme l'attestent les enfants du premier plan, les flammes du volcan et le château couronnant la montagne. Mais on remarquera un curieux élément d'indécidabilité. Est-ce assurément la voie de gauche qu'il faut choisir ? Cette hésitation devant un trop brutal didactisme se marque dans l'Hercule à la croisée des chemins, du Carrache qui date de 1596. J'ai cru pouvoir établir qu'un hommage à Raphaël brouillait la lecture du tableau. La figure de la Volupté est, en effet, empruntée à la sainte femme qui, au premier plan de la Transfiguration, se tourne vers les apôtres pour leur montrer l'enfant possédé : même vision dorsale, même profil tourné vers la gauche, même tension entre le regard allant chercher les spectateurs et les bras indiquant l'objet à regarder (Chrystèle Burgard, Baldine Saint Girons, Le paysage et la question du sublime, Musée de Valence (Valence, Drôme, France), 1997 - www.google.fr/books/edition).

La Transfiguration pourrait setrvir de modèle à la Montagne fleurie de l'église de Rennes le Château (Autour de Rennes - La Montagne fleurie : Le Christ s’est arrêté à Vixalort - nonagones.info).

La femme de dos agenouillée pourrait renvoyer au lit de Polyclète (Le Cercle et la Croix des Prophètes - Les Prophètes et Rennes le Château - Tintin et l’Alph’art : cherchez le pivert ou toutes des putes - nonagones.info).

L'enfant épileptique ou possédé guéri après l'épisode de la Transfiguration réfère, lui, aux exorcismes (La Carte de La Vraie Langue Celtique - Exorciser la France - nonagones.info).

La conception de l'espace extensif et l'argument moral et religieux relèvent de la même inquiétude maniériste. Le titre retenu ici, tout vague et hypothétique qu'il soit, est fondé sur la partition de la foule en deux cortèges. Le premier se dirige, à gauche de la composition - mais à droite, côté favorable, dans l'espace du tableau - en direction de la Jérusalem céleste où quelques-uns, guidés par des anges accèderont au moyen d'un sentier étroit. L'autre cortège choisit la direction opposée, celle des plaisirs, de la richesse, de l'amour, territoire dominé par le volcan de l'Enfer. Le peintre mêle des figures bibliques (au centre Moïse avec les Tables de la Loi et la trompette du Jugement), des figures allégoriques (près de Moïse, une figure de Vanité avec le crâne éclairé par la bougie, ou en encore, à gauche, la Tromperie, ou en encore, à gauche, la Tromperie, masquée). des figures mythologiques (tout à droite, Minerve, la Sagesse, au centre entre les colonnes, Vénus et l'Amour), des personnages de la tradition historique (en bas à gauche les Sept Sages de l'Antiquité, des évêques, des princes orientaux) aussi bien que des personnages contemporains voire des portraits (Flandre et Hollande au Siècle d'or, chefs-d'œuvre des musées de Rhône-Alpes, 1992 - www.google.fr/books/edition).

Ausone cite les Sept Sages : Pythagore, Platon, Antisthène, Épicure, Diogène, les Stoïciens. Sidoine Apollinaire cite les Sept Sages, Pythagore, Socrate, Platon, Aristote, Diogène, Chrysippe, Zénon, Cléanthe, Épicure, Apollonios, Plotin. Les écrivains proprement chrétiens, lorsqu'ils parlent de la sagesse profane, soit pour lui faire quelques concessions, soit pour l'attaquer, citent Pythagore, Socrate, Aristippe, Platon, Aristote, Porhpyre. Tout cela prouve que l'on connaît en Gaule les grands philosophes grecs et leurs doctrines. Mais il se peut que cette connaissance soit assez superficielle. Quand Ausone écrit, pour exprimer le double caractère de son ouvre : Stoicus has partes, has Epicurus amat on a bien l'impression qu'il n'a pas étudié de près la philosophie d'Épicure, qu'il s'en tient à la légende courante. Ni chez lui, ni chez Sidoine, je ne trouve un seul texte qui trahisse l'examen attentif d'un grand système de morale (Albert Bayet, Histoire de la morale en France, Tome 2, 1931 - www.google.fr/books/edition).

Le tableau de Valence offre un étroit contact thématique avec le Tabula cebetis, le tableau de Cébès, allégorie humaniste de la Vertu et de l'accès, pour de rares humains, au palais de la Félicité. Le texte attribué à Cébès, disciple de Socrate décrit un tableau où le palais de la Félicité trône sur une montagne entourée de trois enceintes concentriques, communiquant par des portes étroites où veillent des allégories tentatrices (en particulier la Fortune, absente ici). Goltzius en avait fourni une illustration célèbre, répandue par une gravure de Jacob Matham (1562). Le palais offre une structure analogue, et certains éléments comme le vieillard (Genius) qui conseille les enfants, la femme qui offre la coupe (la Séduction) se retrouvent dans le présent tableau Mais on ne voit pas ici la montagne axiale, cernée par les trois enceintes. Le panneau de Valence est finalement plus dichotomique et offre une sorte de pendant - ou d'antithèse - nordique, réformé et discursif à un tableau italien, cardinalice et puissamment synthétique - mais sans doute à peu près contemporaincomme le fameux Ercole al bivio (v. 1596) d'Annibal Carrache, peint pour le "camerino" du Palais Farnese (aujourd'hui à Naples, Capodimonte). Quant à l'attribution exacte, elle reste encore à trouver ; les personnages aux têtes assez lourdes et modelés dans un éclairage luisant, la conception spatiale qui n'intègre pas les figures d'une façon très convaincante dans le panorama para-brueghelien, ne relèvent pas de la même substance figurative que les æuvres certaines des divers Valckenborch (Flandre et Hollande au Siècle d'or, chefs-d'œuvre des musées de Rhône-Alpes, 1992 - www.google.fr/books/edition, M. Martini Lipenii Bibliotheca Realis philosophica, 1682 - www.google.fr/books/edition).

Les Valckenborch constituaient une famille de peintres flamands travaillant à la fin du XVIe et au début du XVIIe siècle. Maarten (Louvain 1535 - Francfort 1612) était le jeune frère de Lucas (Louvain 1530 - Francfort 1597) et le père de Frederik (Anvers 1566 - Nuremberg 1623) et de Gillis (Anvers 1570 - Francfort 1622). Lors de son acquisition ce panneau était attribué à Maarten van Valckenborch et passait pour représenter une Allégorie de la Justice. Mais les figures en particulier n'ont pas l'aisance des tableaux sûrs de cet artiste et l'attribution, autant que le sujet précis restent enveloppés d'incertitude. Les Valckenborch forment une famille de paysagistes flamands que leurs convictions religieuses - ils étaient protestants - ont forcé de s'installer en Allemagne (Flandre et Hollande au Siècle d'or, chefs-d'œuvre des musées de Rhône-Alpes, 1992 - www.google.fr/books/edition).

Il y a assez de "y" dans Sydney ?