Partie IX - Synthèse   Chapitre LVIII - Autour de Rennes   Une poussée de mérovinginite : Jacques d’Armagnac et les Cacapétiens   

Une poussée de mérovinginite

Jacques d'Armagnac

Jacques, fils aîné de Bernard d'Armagnac, porta du vivant de son père, le titre de comte de Castres, et en cette qualité, le roi lui fit payer en 1451 certaines sommes pour les dépenses que lui avait occasionnées le recouvrement du duché de Guyenne.

C'était un seigneur aimé de ses vassaux, moins coupable que les autres grands, mais qui avait été mêlé dans toutes leurs intrigues, ingrat envers Louis XI et deux fois gracié par lui.

Le roi, d'après ces connaissances, fit partir le sire de Beaujeu qui vint l'investir dans Carlat où il faisait sa résidence. La duchesse de Nemours, cousine germaine du roi, était alors en couches : ayant appris qu'on venait arrêter son mari, elle fut saisie d'un tel effroi, qu'elle mourut deux ou trois jours après. Jacques, après une courte défense, qu'il lui aurait été facile de prolonger, prit le parti de se remettre entre les mains du sire de Beaujeu, à condition qu'on lui sauverait la vie , et qu'il aurait la liberté de se justifier. Mais sa perte était résolue. Il fut conduit à Pierre-en-Cise, et envoyé de-là, au bout de quelque temps, à la Bastille où il fut renfermé dans une cage de fer, d'où on ne le tirait que pour le mettre à la torture ("le gehenner bien étroit" selon les paroles de Louis XI) qui, cependant, ne lui arracha aucun aveu, si ce n'est celui d'avoir connu les intrigues des ducs de Bourbon, de Bourgogne, de Guienne, et de Bretagne. Le roi nomma des commissaires pour instruire son procès. Il se défendit longtemps, et avec beaucoup de présence d'esprit, sur les liaisons qu'il avait eues avec le connétable et le comte d'Armagnac. Mais voyant qu'on était instruit de ses manœuvres, et voulant éviter le tourment de la question, il avoua beaucoup plus qu'on ne lui en demandait. Sur quelques bonnes paroles du roi, il s'imagina qu'il l'apaiserait par une franche confession. Il lui écrivit une longue et touchante lettre dans laquelle, après des aveux explicites, mais qui n'établissaient pas cependant sa participation aux complots qu'il avait connus, il faisait appel à la clémence du roi et signait le pauvre Jacques. Le procès durait depuis deux ans, et les commissaires avançaient peu malgré les aveux de l'accusé.

Nemours comptait avec raison sur la clémence du Parlement, et la conduite du roi le fit bien voir. Au moment où l'arrêt allait être prononcé, il manda le Parlement à Noyon, où il promit de venir si ses affaires lui en laissaient le loisir, et il ordonna que ce fût en cette ville, sans que l'accusé fût appelé davantage, qu'on prît conclusion et fin sur un procès si longtemps différé. Au lieu de venir lui-même tenir son Parlement, il nomma pour son lieutenant en cette affaire Pierre, sire de Beaujeu, son gendre ; mais, de peur encore que cette cour de justice, ainsi déplacée, conduite plus près de son séjour et de son armée, et conséquemment plus portée à lui complaire, ne fût pas encore assez docile à ses volontés, il régla que les premiers commissaires qui avaient commencé la procédure, les quatre présidents de la chambre des comptes, deux maîtres des requêtes, deux généraux des aides de Paris, deux généraux des aides de Rouen, le lieutenant dubaillif de Vermandois, le lieutenant criminel du prevôt de Paris, et un avocat au Châtelet prendraient séance avec les seigneurs du Parlement, et délibéreraient avec eux. Malgré tant de violations de la justice, la volonté du roi ne prévalut pas sans difficulté parmi cette commission, qui n'était plus le Parlement. Aubert de Viste se récusa, ainsi que l'avait demandé l'accusé. Louis de Graville et Boffile de Judicis se déportèrent de donner leur avis, parce qu'ayant garanti les promesses faites au duc de Nemours lorsqu'il s'était rendu au Carlat, il leur semblait, en leur conscience, qu'ils ne devaient point le juger. Enfin, le sire de Beaujeu, lieutenant du roi et son gendre, lui qui présidait les juges, s'abstint d'opiner, se borna à recueillir les voix et à prononcer l'arrêt en son nom. Il portait que Jacques d'Armagnac, duc de Nemours, était criminel de lèse-majesté, comme tel, privé de tous honneurs, dignités et prérogatives, condamné à recevoir la mort, à être décapité et exécuté par justice. En outre, la cour déclarait tous et chacun de ses biens être confisqués et appartenir au roi. Cet arrêt fut délibéré à Noyon le 10 juillet (Par ce signe tu le vaincras : sephiroth, tarot et arbre de vie).

Le 4 août, Jean le Boulanger, premier président du Parlement, se transporta dès le matin à la Bastille, accompagné du greffier criminel, de sire Denis Hesselin, maître d'hôtel du roi, et de quelques autres, pour signifier au duc de Nemours la sentence portée contre lui.

Le jugement fut exécuté le même jour, aux halles, avec l'appareil le plus effrayant. Par une barbarie dont on ne trouve aucun autre exemple dans notre histoire, les trois fils de Jacques d'Armagnac, tous trois en bas âge, furent placés sous l'éenafaud, afin que le sang de leur père ruisselât sur leurs têtes. Ces trois enfants se nommaient Jacques, Jean et Louis. Le premier mourut de la peste au château de Perpignan où il avait été renfermé. Le roi Charles VIII, par lettres du 29 mai 1491, accordées à la demande du duc de Bourbon, rendit a Jean d'Armagnac le duché de Nemours. Il mourut , vers l'an 1500 sans postérité légitime. Louis, son frère, prenait en 1502 les qualités de duc de Nemours, pair de France, comte de Guise, de Pardiac et de l'Ile-Jourdain, et de vicomte de Châtelleraut et de Martigues. 11 avait été fait vice-roi de Naples, par Charles VIII. Il mourut à la bataille de Cerignoles, le 28 avril 1503. Marguerite, l'aînée des trois filles de Jacques d'Armagnac, épousa Pierre de Rohan, seigneur de Gié, maréchal de France (L'Art de vérifier les dates des faits historiques, des chartes, des chroniques..., 1818, Amable-Guillaume-Prosper Brugière Barante, Histoire des ducs de Bourgogne de la maison de Valois, 1364-1477, Volume 11, 1838).

Lors du procès pour haute trahison de Jacques d'Armagnac, duc de Nemours, en 1477, l'on cherche à le compromettre un peu plus avec un « ingro-mancien » de la région d'Aurillac, pourvoyeur d'esprits familiers, Antoine de La Forêt, ou de La Fons (Jean-Patrice Boudet, Entre science et nigromance: astrologie, divination et magie dans l'occident médiéval, XIIe-XVe siècle, 2006).

Après l'exécution, les cinq orphelins, ayant leurs longues robes inondées de sang, furent ramenés à la Bastille, et enfermés dans des cachots en forme de hottes pointues par le fond. Les détails des tourments qu'ils y éprouvèrent seraient incroyables, s'ils n'étaient consignés dans une requête adressée aux états généraux, après la mort du tyran, par le plus jeune des cinq enfants, qui seul avait survécu à toutes ces tortures. « Louis XI, dit-il, nous faisait frapper de verges plusieurs fois par semaine en sa présence, et de trois mois en » trois mois il nous faisait arracher une dent ; aussi mon frère aîné, ne pouvant souffrir de si grandes douleurs, est devenu fou ; mon second frère en est mort ainsi que mes deux sœurs; et moi seul, depuis l'âge de cinq ans, j'ai vécu et grandi dans un cachot pointu, dans lequel je ne pouvais me tenir ni assis, ni couché, ni même debout, mais seulement accroupi. » (Maurice La Châtre, Histoire des papes, 1842).

Dans la commission destinée à instruire le procès de Jacques d’Armagnac, duc de Nemours, on trouve Jean IV Le Viste, né à Lyon vers 1433, et mort à Paris en 1500 sans descendance mâle. Ce Le Viste serait le commanditaire des tapisseries de la Dame à la Licorne (La Dame à la Licorne).

Louis d’Armagnac avait cinq ans lors de l'exécution de son père et fut retenu à la Bastille, jusqu'à l'avènement de Charles VIII, en 1483. Il l'accompagna lors des guerres d'Italie et Louis XII le nomma vice-roi de Naples, mais il ne sut pas conserver le royaume, fut battu par les espagnols à Séminara, puis tué à la bataille de Cérignole. C’était le « dernier descendant de Clovis », de la dynastie mérovingienne selon François de Châteaubriand.

Sous Louis XI, l'esprit positif du monarque, le perfectionnement des armes à feu, l'organisation toujours meilleure des troupes d'infanterie, l'affaiblissement du système féodal entraînèrent graduellement la décadence de la chevalerie dont Armagnac était une des derniers représentants.

Pierre de Gié

Pierre de Rohan-Gié fut vicomte de Fronsac en Guyenne.

La terre de Fontenay avait été donnée à Pierre de Rohan par lettres de Louis XI en décembre 1477 en échange de la terre de Fronsac du chef de sa femme Françoise de Penhoët, fille de Guillaume, Comte de Penhoët, Vicomte de Fronsac, et de Françoise de Maillé. En 1488, est ordonné par Charles VIII de mettre incontinent à exécution les lettres portant donation au maréchal de Gié de la terre et seigneurie de Fronsac, en échange de la terre de Fontenay-le-Comte, qui est réunie au domaine royal.

On accusa Pierre de Gié pendant son procès d'avoir entretenu aux dépens du Roi quinze mortes-payes dans son Château de Fronsac. Le Maréchal a répondu que le Roi Charles VIII les lui avoit accordées. Les soldats qui gardaient Fronsac pour le maréchal de Gié, descendaient souvent à Libourne pour piller, et enlever des jeunes filles ; ils capturaient les vaisseaux marchands étrangers, et mettaient les paysans du voisinage à contribution de toutes manières. Ces exactions inouïes avaient duré quatre ans, de 1488 à 1492. Enfin, sur les réclamations incessantes de la municipalité de Libourne, Charles VIII s'était décidé à saisir de l'affaire le parlement de Bordeaux, qui avait instruit le procès et fait rigoureusement punir les coupables.

Veuf, Pierre de Rohan-Gié s'était remarié en 1503 avec Marguerite d'Armagnac (morte en 1503), comtesse de Guise, fille de Jacques d'Armagnac, duc de Nemours et comte de la Marche, et de Louise d'Anjou. Ils n'eurent pas d'enfants.

Des jalousies, une brouille avec le cardinal d'Amboise qui voudrait la régence en cas de mort du roi, des difficultés avec le Parlement de Paris conduisent en 1504 Pierre de Pontbriant à accuser Pierre de Rohan auprès du roi, accusation qui débouche en 1505 sur un procès pour lèse-majesté. Bien qu’il ait été en défaveur auprès de la reine Anne de Bretagne5, il est exagéré de considérer que c’est elle qui le fait condamner par le Parlement de Toulouse qui passait alors pour le plus sévère du royaume.

Un procès lui est fait, et Brantôme laisse entendre qu'il aurait été condamné à mort si la reine l'eût voulu ; mais, ajoute-t-il, elle préféra lui conserver la vie, « afin que, par sa fortune changée de grande et haute où il s'était vu, en un misérable état bas, il vécut en douleurs et tristesses. » Gié ne fut donc condamné, par arrêt du 9 février 1504, qu'à la privation de l'exercice de toutes fonctions, à la privation de ses biens pendant cinq années; mais il fut en même temps enfermé au château de Dreux, où il eut beaucoup à souffrir de la part du gouverneur.

Enfin, à l'expiration de sa peine, il fut mis en liberté, et eut la permission de revenir à Paris. Il est absous du crime de lèse-majesté, mais il n'en reste pas moins une tache sur son nom. Mis en liberté, il ne voulut jamais reparaître à la Cour. Il mourut le 22 avril 1513 ou 1514 et fut inhumé dans l'église qu'il avait fait construire à Sainte-Croix du Verger à Seiches-sur-le-Loir en Anjou. Il avait été gouverneur du jeune duc d'Angoulême, depuis roi sous le nom de François Ier. Jugement sévère cependant, car il exclut Pierre de Rohan de Gié du pouvoir et de la cour, laissant place libre à Georges d'Amboise. Ce prélat, attaché à la fortune de Louis d'Orléans, Mais encore Pierre de Gié, maréchal de Rohan, clairvoyant organisateur du mariage de la princesse Claude avec François d'Angoulême (fr.wikipedia.org - Pierre de Rohan Gié).

Le Verger, qui fut une des plus magnifiques demeures de son temps, n'était que l'un des quatre châteaux de Pierre de Rohan, qui possédait aussi Gilbourg, la Motte- Glain et Mortier-Crolles. Sa construction se situe à une époque charnière où les influences venues d'Italie se font sentir et renouvellent rapidement l'architecture civile française (Yves Blomme, Anjou gothique, 1998).

Le Verger a été construit durant la deuxième moitié du XVème siècle et la première moitié du XVIe siècle par l'architecte Colin Biart. D'illustres visiteurs séjournèrent au Verger : Charles VIII en 1488, François I en 1518, Charles IX en 1565, Henri IV en 1598, Louis XIII en 1620, pour ne citer que les rois de France. D'un point de vue historique, c'est ici que furent pilotées les guerres de Bretagne en 1488 et que fût signé le traité de rattachement de la Bretagne à la France : le traité du Verger (start1g.ovh.net - Le Verger, fr.wikipedia.org - Château du Verger).

Le château de Montiercrolles fut rebâti dans les dernières années du XVème siècle dans la période 1460-1500 où la paix avait été assurée en France, et que le vent de la Renaissance avait soufflé sur le pays (fr.wikipedia.org - Château de Mortiercrolles).

La Motte-Glain aurait été construit en 1495 sur l'ancienne forteresse des seigneurs de Rougé. Anne de Bretagne et Charles VIII y séjournèrent en 1497 et Charles IX et Catherine de Médicis en 1565 (fr.wikipedia.org - Château de la Motte Glain).

Gilbourg appartenait au XIIIème siècle aux seigneurs de Pocé près Saumur et entra au XIVème s. par un mariage dans la famille de Montjean d'où il passa par acquêt vers la fin du XVème siècle au maréchal de Gié, Pierre de Rohan, duc de Nemours, qui jeta bas l'ancien château et le fit reconstruire avec magnificence. Le château, incendié en 1793 et dont plusieurs tours déjà avaient été démantelées, avant la Révolution, fut démoli en 1800-1803 comme la chapelle Notre-Dame de Pitié (www.odile-halbert.com - Faye).

C'est vers 1495 que Bérenger va s'installer à Bonaguil dont il fait sa résidence principale, non sans y avoir engagé, une dizaine d'années auparavant, d'importants travaux qui vont transformer, agrandir et renforcer considérablement la vieille forteresse de ses parents. Roquefeuil quitte la cour d'Amboise en 1477 alors que le roi lui accordait une pension élevée et qu’il avait épousé Anne du Tournel. Il semble que cette décision soit sa réaction à l'exécution de Jacques d'Armagnac, duc de Nemours et comte de la Marche.

Les châteaux de Pierre de Gié forment un quadrilatère dont les médianes se croisent justement à Brain-sur-Longuenée. Ils ont été construits ou réaménagés par Gié que bien après l’épisode de la colique. Dans une perspective de réanimation mérovingienne, n’y aurait-il pas un message pour qualifier la dynastie à laquelle appartenait Louis XI de « cacapétienne » : les « Cacapétiens » qui succédaient aux « Cacarolingiens ». Les « Mémérovingiens » étaient plus légitimes.

La forêt de Longuenée, à elle seule, permet d’expliquer l’existence de Brain sur Longuenée depuis le XIème siècle. A quoi s’ajoutait que le bourg était sécurisé, aucun grand chemin ne le traversait, qu’on y trouvait de la pierre (shiste) et de la grave (sable, argile) pour construire, que l’eau plus ou moins potable était présente Brain peut signifier landes, marécages, ou bien fange qui correspond bien à la sainte colique de Louis XI.

Louis XI, le responsable de l'arrestation de Jacques d'Armagnac, prétendu mérovingien, venait y chasser souvent avec Louis II de Beaumont, seigneur de la forêt et du Plessis. En 1472, il y eut d’ailleurs une colique qui fut à l’origine de la restauration de la chapelle Ste Emérance à la Pouèze. Emerance est fêtée le 23 janvier, jour kabbalistico-tarotique (jean.poussin.perso.neuf.fr - Forêt de Longuenée).

Entre 1047 et 1060, Brain est cité dans le cartulaire du chapitre de St Laud à Angers sous le nom de Brainius. Entre 1164 et 1177, l’Evêque d’Angers donne l’église de Brainius au chapitre de St Laud. Célestin Port cite le nom de Braimium ou Breimium. Le nom de Brain peut tirer son origine des gaulois Brennus Bran, ou Bron ce qui rappelle la saga du Graal, en particulier chez Robert de Boron.

Jacques d’Armagnac et le Graal

La peinture du frontispice d’un manuscrit réalisé pour Jean de Berry vers 1404, consacrée à la vie de Lancelot, sert d'introduction générale à cet exemplaire du cycle du Lancelot-Graal (BnF, fr. 117-120), qui n'a été partagé en quatre volumes qu'au XVIIe siècle. Elle inaugure donc également l'Estoire del Saint Graal, première partie du cycle, directement inspirée du Joseph d'Arimathie en prose de Robert de Boron. Elle a été réalisée dans le style du Maître des Clères femmes. Vers 1465, le harnachement du cheval de Lancelot a été retouché, sans doute par Évrard d'Espinques, l'un des peintres de Jacques d'Armagnac, et des titres courants ont été ajoutés.

Un manuscrit "jumeau", qui contient la même version du texte, se trouve aujourd'hui à la bibliothèque de l'Arsenal (ms. 3479-3480). Il avait été acquis en février 1406 par le duc de Bourgogne Jean sans Peur auprès de Jacques Raponde, un marchand parisien originaire de Lucques. Il est vraisemblable que la réalisation des deux manuscrits avait été planifiée par Du Montet. D'après les inventaires des collections du duc de Berry, celui-ci a donné son manuscrit avant 1413 à Bernard VII (vers 1360 - 1418), comte d'Armagnac et de Rodez et connétable de France, second mari de sa fille Bonne : c'est sans doute là que son petit-fils Jacques d'Armagnac a découvert la littérature arthurienne, dont il devait être si friand. Lorsque celui-ci fut arrêté, en 1476, Pierre de Beaujeu, futur duc de Bourbon, saisit la plupart de ses biens (expositions.bnf.fr - Lancelot).

Naucase et Armagnac

Le Carladez était situé partie en Rouergue et partie en Auvergne et a pris son nom de la petite Ville de Carlat. Ce fief, dont relevait la vicomté de Murât, occupait, avec celle-ci, une superficie de cent dix lieues carrées. En Rouergue, il comprenait toute la partie de cette contrée, située sur la rive droite de la Trueyre. D'après M. De Sartiges D'angles, le territoire des vicomtes de Carlat et de Murat se divisait en dix châtellenies. Naucase et Saint-Julien-de-Toursac s’y trouvaient en partie.

Le Carladez a eu des Seigneurs particuliers, qui portaient la qualité de Vicomtes, et ont été Comtes de Rodez, ou de Rouergue. Depuis, une partie a appartenu aux Rois d'Aragon qui descendaient des anciens Comtes de Carladez ; ensuite il a passé à saint Louis en 1258. L'autre partie du Vicomté de Carladez, a passé dans la Maison d'Armagnac, d'où dans celles d'AIbret et de Bourbon. Henry IV étant parvenu à la Couronne, l'y a réunie. Louis XIV l'en a démembrée en faveur du Prince de Honoré II Grimaldi de Monaco en 1641 (Claude-Marin Saugrain, Du Moulinet, Dictionnaire universel de la France ancienne et moderne et de la Nouvelle France, 1726, Revue d'Aquitaine: journal historique de Guienne, Gascogne, Béarn, Navarre, etc, Volume 9, 1865).

Geoffroi de Pons, vicomte de Carlat, servit en Flandre en 1302, fut armé chevalier, ainsi que son fils, par le roi Philippe-le-Bel, en 1313, et testa en 1317. On remarque, parmi les témoins de cet acte de dernière volonté, Géraud de Naucaze, chevalier du Carladès, dont le nom a été traduit en celui de Neufchèse par un auteur étranger. Geoffroi mourut la même année, ainsi qu'on le voit par divers actes de sa femme Isabeau de Rodez. Géraud de Naucase vivait lors du traité passé en 1285 entre le vicomte de Carlat et celui de Murat (ce qui n'est pas confirmé par le document correspondant publié par Saige et Dienne). Ce même chevalier aurait également paraphé un acte majeur d'Isabelle de Rodez, en 1307. En 1317, un "dominus" Etienne de Naucase est coseigneur de Toursac. En 1329 "Bertrandus de Noucaza, domicellus", connu depuis 1304 fait hommage à Carlat pour "terciam partem castri de Taorsaco, cum pertinenciis castellanie exceptis (...)".

Mais dès 1304 Isabelle de Rodez, vicomtesse de Carlat, avait accordé une surséance d'hommage à "Geraldum de Naucaza, domicellum". En 1315 il est qualifié par Isabelle de Rodez de "dominum Geraldum de Noucaza, militem, bajulum Carlati". Il est alors doté de plusieurs domaines sur les paroisses de Boisset, Saint-Julien, Rouziers et Saint-Mamet. Le bailli Géraud de Naucaze avait même obtenu d'Isabelle de Rodez, en 1316-1317, d'ériger des fourches ("furcos") de justice "in terra sua". Il est toujours bailli du Carladez en 1319. La vicomtesse de Carlat donne une procuration à Géraud de Neucaza (Naucaze), de comparaître pour elle devant discret homme Eustache Fabri, bailli des montagnes d'Auvergne, et devant Me Beraud Bruni, chancelier pour notre seigneur le roi de France ; elle est datée du mercredi avant la fête de Saint-Géraud, l'an 1318.

En 1364 un autre Géraud de Naucaze rend à nouveau hommage à Carlat pour le tiers de la châtellenie de Toursac. Le personnage de Géraud de Naucaze, bien que débordant légèrement de notre cadre chronologique, apparaît comme crucial, jouant un rôle important au plan local.

Renaud de Pons ayant vendu la seigneurie de Carlat à Jean, duc de Berri et d'Auvergne, par acte du mercredi 19 juin 1392, celui-ci la donna à Bonne de Berri, sa fille, qui la porta en dot à Bernard d'Armagnac, connétable de France. Bernard d'Armagnac, second du nom, son fils, lui succéda dans la vicomté de Carlat. Il eut de son mariage avec Jeanne de Bourbon, Jacques d'Armagnac, duc de Nemours, qui fui condamné à mort par un arrêt de 1477, et dont les biens furent confisqués.

Le château de Naucase

Il serait surprenant que le site éponyme de la famille de Naucaze n'ait pas été doté, à la fin du XIIIème siècle, de quelque domus ou fortalicia. La famille de Naucase, fidèle vassale de Carlat, est en tout cas régulièrement citée tout au long du XIVème siècle. "Noucasa" est cité en 1327. Le château est bâti sur un plateau, en terrain plan. Il est seulement entouré d'une "terrasse" légèrement surélevée (Cad. XIXème siècle A 257 "jardin du château", 258 "couderc du château", 266 "Jardin de la chapelle", 264 "Naucases-Ruines", 291 "Le Baile"). Il existait deux chapelles au XVIIème s. B. Phalip (1990 p.852 sq.) a réalisé une étude détaillée de la construction : "Le château est composé d'un corps de logis rectangulaire à mur de refend. Deux de ses angles sont garnis de tours de plan circulaire, ainsi que le milieu de ses façades". L'auteur date l'ensemble de la fin du XVe s. (présence d'archères-canonnières). Le bâtiment situé au sud dans le prolongement du logis serait du XVIIème siècle. selon B. Phalip. Il s'agit en fait d'une tour carrée, certes réaménagée aux XVIème-XVIIème siècle. qui est à notre avis antérieure au corps de logis à tours rondes (auquel elle est rattachée par une structure du XVIIe s.). Dans cette hypothèse, nous aurions donc dans un premier temps la construction d'une tour seigneuriale carrée (murs épais liés à la chaux, parement de granite régulier en moyen appareil ...) ; le logis XVème siècle bâti près de cette tour aurait été réuni avec elle au XVIIème siècle. La structure de la tour carrée, le type d'appareil employé nous incitent à la dater du courant du XIIIème ou du début du XIVème siècle (Jean-Luc Boudartchouk, Le Carladez de l’Antiquité au XIIIe siècle, Terroirs, hommes et pouvoirs, Jean Baptiste Déribier du Chatelet, Dictionnaire statistique: ou, Histoire, description et statistique du département du Cantal, 1853).

Armagnac et Dame à la Licorne

Le 3 novembre 1474, Pierre II, sire de Beaujeu, épousa Anne de France, fille aînée du roi Louis XI. Par lettres-patentes datées d'Arras, en septembre 1177, le roi, à cause de la proximité du lignage et pour reconnaître les grands services que Pierre de Bourbon a rendus à la couronne , donne audit Pierre de Bourbon , à sa femme et à leurs successeurs, tant mâles que femelles, nés de leur chair et loyal mariage, les comtés, terres et seigneuries de la haute et basse Marche, et de Montaigut en Combraille, confisqués sur Jacques d'Armagnac, criminel de lèse-majesté. Le roi ne se réserve que la foi et hommage la souveraineté avec la garde des églises qui sont de fondation royale. En l'année 1478, Pierre vint prendre possession en personne de son comté de la Marche; les possessions démonstrations de zèle et de dévouement avec lesquelles il fut reçu de ses nouveaux sujets lui furent très-agréables. Le 23 décembre de la même année il était au Dorat. En 1481, Zizim, fils de Mahomet II, après avoir infructueusement disputé le trône à Bajazet, son frère aîné, se refugia dans l'île de Rhodes. Le grand-maître, Pierre d'Aubusson, l'y reçu et le fit conduire en France par les chevaliers de Blanchefort ses neveux. Jaligni rapporte ainsi ce fait historique : « Le grand-maître d'Aubusson, délibéra de mettre Zizim en lieu sûr ; et pour ce qu'il était natif de France, de la comté de la Marche et de la maison d'Aubusson il résolut de l'envoyer en ce royaume, considérant que le roi était fort éloigné des seigneuries du Turc, et qu'il n'aurait guères d'intérêt sur le fait de cet empire ottoman, à qui il demeurât des deux frères. Toutefois, avant que de l'envoyer en France, il envoya savoir du roi Louis, 11ème du nom, si son plaisir serait de le vouloir bien souffrir en son royaume : laquelle chose le roi accorda volontiers. Après donc que ledit maître de Rhodes eut ainsi le congé et la permission du roi, il prépara le voyage de son prisonnier, et l'envoya descendre au pays de Languedoc ; de-là il le fit mener en ladite comté de la Marche, en la maison du seigneur de Bois-Lamy, qui était parent d'icelui grand-maître ; et là fut détenu ce prisonnier, qui avait pour sa garde aucuns chevaliers de Rhodes, lesquels étaient pour la plupart parents du grand-maître ».

Ce château de Bois-Lamy subsiste encore, et appartient à M. Tournyol-du-Râteau qui en porte le nom. Zizim y demeura jusqu'au mois de janvier 1488. De-là il fut conduit à Bourganeuf, chef-lieu de la langue et du grand prieuré d'Auvergne, où l'on voit encore la belle tour, dans laquelle il fut détenu : personne n'ignore la triste fin de ce prince infortuné et digne d'un meilleur sort.

Ici d'Aubusson descend de la hauteur de son magnanime caractère pour se constituer, contre le droit des gens et sa foi donnée, le geôlier d'un prince malheureux. Dans l'alternative d'une nouvelle invasion ou d'un parjure, il accepte ce dernier parti, et conclut avec la Porte un traité par lequel Bajazet donne à l'ordre île Rhodes une somme annuelle de 40 mille écus d'or, sous la condition que les chevaliers garderont soigneusement le prince ottoman, afin qu'il ne puisse rien entreprendre contre son frère. Plusieurs tentatives d'empoisonnement et d'assassinat ne furent pas les seuls motifs qui déterminèrent les chevaliers à faire passer Zizim, d'abord eu Piémont et en Savoie, pub dans les châteaux des commandeurs de France ; on voulut, en l'éloignant du théâtre de sa puissance déchue, lui faire perdre tout espoir de rétablissement, ou du moins rendre ses projets d'évasion impossibles. Rien ne fut négligé pour parvenir à ce but, qui assurait à l'ordre de Rhodes l'exacte exécution d'un traité avantageux. Dès qu'on s'apercevait que l'infortuné Zizim excitait l'intérêt, on changeait le lieu de sa captivité. Ce traitement révolta les princes chrétiens. La liberté de Zizim entrant dans leurs projets de croisades contre Bajazet, les réclamations furent si vives et partirent de si haut que d'Aubusson dut céder aux instances d'Innocent VIII et lui remettre sou illustre captif (1487).

Les privilèges que Rome accorda aux chevaliers pour les indemniser de la cessation du tribut, et le chapeau de cardinal que reçut le grand maître le 9 mars 1489, n'ont pu justifier ni couvrir aux yeux de la saine politique une violation aussi révoltante qu'odieuse des plus saintes lois de l'hospitalité. Tout porte à croire que le caractère généreux de d'Aubusson fut maîtrisé par le conseil de l'ordre; car lorsque le projet de la croisade fut définitivement arrêté, les mêmes princes qui avaient blâmé avec le plus de force la conduite des chevaliers envers le fils de Mahomet furent les premiers à solliciter du pape (1495) que d'Aubusson fût proclamé généralissime de l'armée chrétienne. Cette expédition n'eut qu'un commencement d'exécution sans importance. Les jalousies des puissances alliées la firent avorter. Le chagrin qu'en conçut d'Aubusson, ajouté à la profonde mélancolie qu'il nourrissait depuis la fin déplorable du prince Zizim, lui causa une maladie de langueur dont il mourut le 13 juillet 1503, a l'Age de quatre-vingts ans.

Le malheureux Zizim, toujours inconsolable de la mort de Marie de Bourganeuf, languit dans sa prison jusqu'à eu que le pape Innocent VIII le fit venir à Rome, où il fut reçu magnifiquement. La mort de ce pontife le livra aux mains de l'infâme Alexandre VI, son successeur. Ce pape se faisait donner pour lui jusqu'à soixante mille ducats par le ministre de la Porte; Bajazet qui était bien digne de traiter avec ce pontife, lui écrivait souvent au sujet de son frère. L'envahissement rapide de l'Italie par les Français vint arrêter l'effet de ces négociations. Charles VIII entra dans Rome. Le roi de France qui méditait une guerre dans le Levant, exigea d'Alexandre qu'il remit entre ses mains le prince Zizim, et le pape le promit.

Borgia fut chargé de donner le poison au frère de Bajazet. Zizim fut livré au roi de France; mais à peine fut-il arrivé à Terracine qu'il mourut dans d'horribles souffrances. Le fils du pape s'enfuit précipitamment pendant les ténèbres, pour aller apporter cette heureuse nouvelle à son père, et se soustraire à la vengeance des Français (Jean Mamert Cayla, La Mosaïque du midi: publication mensuelle, Volume 2, 1838, William Duckett (Fils), Dictionnaire de la conversation et de la lecture: inventaire raisonné des notions générales les plus indispensables à tous, Volume 2, 1855, Joseph Joullietton, Histoire de la Marche et du Pays de Combraille, 1814).

Les tapisseries de la Dame à la Licorne ont été retrouvées à Boussac qui, situé aux confins du Berry et de la Marche, dépendait sous le régime féodal du duché de Berry. Au XIIème siècle, une alliance entre deux frères de la famille de Brosse et deux filles d'Ebbes III de Déols, mort sans postérité masculine vers 1256, fait passer la seigneurie de Boussac dans le giron de la famille de Brosse, dont le plus célèbre représentant sera Jean de Brosse, maréchal de France (1375-1433), compagnon de Jeanne d'Arc. La seigneurie de Boussac reste dans sa lignée directe jusqu'à Jean IV de Brosse, comte de Penthièvre et duc d'Étampes mort en 1565. Celui-ci fut le très complaisant époux d'Anne de Pisseleu, maîtresse de François Ier. Les de Brosse seront seigneurs d'Huriel jusqu'au début du XVIème siècle (fr.wikipedia.org - Boussac (Creuse)).

Les autre sommets de la Croix au temps de Louis XI

Rochemaure

Hugues Adhémar de Monteil construisit le château de Montélimar vers 1100. Montélimar est la contraction de " Mont des Adhémar ". Son frère était évêque du Puy et chef spirituel de la première croisade. Il eut 3 fils dont 2 eurent des enfants : François Lambert Ier et Giraud. Giraud est le probable constructeur du château de Rochemaure. Par la suite, ce château devint une coseigneurie. Il fut en effet administré conjointement par la branche des Giraud et par la branche des François Lambert. Les coseigneurs de la branche Giraud furent Giraud I, Giraud II, Giraud III, Giraud IV et Giraud V (1300) qui n'eut pas de successeur direct.Les coseigneurs de la branche des François Lambert furent Aymon, Lambert II, Lambert III, Lambert IV, Giraud VI, Giraud VII, seigneur de Rochemaure et en partie de Monteil (Montélimar), qui mourut avant le 17 juin 1360, laissant, de Tassite de Baux, fille de Guillaume de Baux, seigneur de Puyricard, et de Beatri x d'Anduze de la Voute, une fille Sibille. Après des transactions compliquées, le château revint à Louis d'Anduze, époux de Sibille, elle-même s'alliera plus tard avec Jean de Pontevez, seigneur de Bargême. Louis d'Anduze avait épousé précédemment en 1351 Maragde de Chalencon, et en 1365 Marguerite d'Apchon. Il était fils de Maragde de Poitiers-Valentinois et de Bermont d'Anduze, seigneur de La Voulte.

Louis d'Anduze eut une fille qui se maria avec Philippe IV de Lévis.

Philippe de Levis, IVème du nom, vicomte de Lautrec, seigneur de la Roche, d'Annonay, comte de Villars, et gouverneur de Montargis, accompagna le roi Charles VII en son voyage de Dauphiné, pour voir la reine de Sicile, et mourut l'an 1440, âgé de 60 ans. II n'avait que quinze ans, lorsqu'il épousa en Juin 1395 Antoinette d'Anduze, fille de Louis, seigneur de la Voûte, et de Marguerite d'Apchon sa seconde femme, dont il eut Antoine, Bermond, seigneur de la Voûte, qui a fait la branche des ducs de Ventadour et comtes de Charlus. Margeurite d'Apchon était la fille de Marguerite de Brosse, elle-même fille de Louis de Brosse, inhumé à Saint-Martin d'Huriel. La famille Lévis prit de l'importance au fil des générations. Bermond laissa le château de Rochemaure en gérance à François de Chansiergues enterré à Notre Dame des Anges. Louis XI le retint pour son chambellan en 1468 et pour son conseiller en 1469. Son fils, Louis de Levis, baron de la Voûte, chambellan du roi Charles VIII, qu'il suivit en son expédition du royaume de Naples, mourut l'an 1521. II avait épousé en Juillet 1492 Blanche de Ventadour, fille de Louis comte de Ventadour, seigneur de Grange, et de Catherine de Beaufort, dame de Charlus. Gilbert III, à la cinquième génération devint duc de Ventadour en 1578 et pair de France (membre de droit du parlement). La petite fille de Gilbert III, Anne Geneviève de Lévis-Ventadour, se remaria avec Hercule-Mériadec de Rohan, prince de Soubise, lieutenant des armées royales et gouverneur de Champagne.

Henri de Lévis (1596-1651), 3e duc de Ventadour, sera l'un des fondateurs de la Compagnie du Saint-Sacrement (Histoire Genealogique et Heraldique Des Pairs De France, 1824, Anselme de Sainte-Marie, Ange de Sainte-Rosalie, Histoire de la Maison Royale de France, et des grands officiers de la Couronne, 1726).

Gaillardet de Montcalm fut employé par Charles VIII, en plusieurs négociations. II épousa le 10 janvier 1494, Marguerite de Joyeuse, fille de Louis baron de Joyeuse, et de Marguerite Louvet, qui était veuve de Jean de Forestier de Vauvert, Candiac et Marguerittes, qui avait acquis ces terres du baron de la Voûte, et qui les donna à sa femme. Marguerite de Joyeuse lui donna le 25 avril 1500, ces trois terres de Vauvert, de Candiac et de Marguerittes, qui lui causèrent un grand procès avec Louis de Lévis, seigneur de la Voûte, avec lequel il transigea le 8 octobre 1515 : la terre de Candiac lui resta, et celles de Vauvert et de Marguerittes retournèrent à Louis de Lévis.

Huriel

Le château d'Huriel demeura la propriété de la famille de Brosse jusqu'en 1503. Cette année-là, René, arrière petit-fils du Maréchal de Boussac, vendit la seigneurie d'Huriel à Jeanne de Daillon pour dix mille écus d'Or. Les descendants de Jean de Brosse n'accordèrent que peu d'intérêt à Huriel. Pourtant, René, utilisant la procédure du réméré, reprit Huriel en 1509 avant de s'en séparer définitivement. Il vendit la seigneurie le 15 mars 1514 à Jacques Hurault, comte de Cheverny, ambassadeur de France, conseiller de Louis XII et surintendant des finances (Robert Guinot, Jean de Brosse, Maréchal de France, Compagnon de Jeanne d'Arc).

Jean de Châtillon dit Jean de L'Aigle mort en 1454, seigneur de (l'Aigle, comte de Penthièvre de 1433 à 1454, succéda à son frère Olivier de Blois en 1433. Nicole de Châtillon sa nièce lui succéda. Elle épousa Jean II de Brosse, né vers 1423, décédé le 6 août 1482, fils de Jean Ier, le 18 juin 1437.

En 1480, Louis XI avait acheté pour 50.000 livres à Nicole de Blois-Bretagne, comtesse de Penthièvre et descendante héritière d'Olivier de Blois, les droits sur la Bretagne qu'elle détenait. Olivier de Blois, comte de Penthièvre, fils de Jean de Blois et de Marguerite de Clisson était le petit-fils de la duchesse Jeanne de Penthièvre et de Charles de Blois.

La Cassaigne

Désirant se rendre possesseur du comté de Boulogne, utile à la défense du Royaume, Louis XI, par lettres patentes de janvier 1477, donna le Lauragais à Bertrand de La Tour, comte d'Auvergne et de Boulogne, en échange de ce dernier pays. Ses filles Isabeau et Louise furent religieuse à Prouille, dont La Cassaigne était le chef-lieu de la temporalité. Le Lauragais faisant partie du domaine de la Couronne depuis 1258, à la suite de la cession de ses droits qu'en avait fait Jacques, roi d'Aragon à Louis IX.

Jean de La Tour, second du nom, fils de Bertrand, second comte d'Auvergne et de Lauraguais n'a eu que deux filles de la princesse Jeanne de Bourbon Vendôme son épouse : Anne mariée à Jean Stuart duc d'Albanie qui n'a point eu d'enfants, et Madeleine de La Tour comtesse d'Auvergne et de Lauraguais, qui de Laurent de Médicis, duc d'Urbin, n'eut qu'une fille unique, Catherine de Médicis, Reine de France, où a fini la branche aînée de la maison de La Tour d'Auvergne et de Boulogne, dont les biens sont revenus à la Couronne par la donation que la reine Marguerite duchesse de Valois, seule héritière de Catherine de Médicis fit en l'année 1606 de toutes ses terres au feu Roy Louis XIII alors Dauphin (Antoine François de Paule Le Fèvre d' Ormesson, Abel Poitrineau, Mémoire sur l'état de la Généralité de Riom en 1697, 1970).

L'origine commune des derniers ducs de Bouillon et de M. de La Tour d'Auvergne Lauraguais me semble parfaitement établie. Ils étaient les chefs de deux branches sorties d'une même tige, Bernard de La Tour, co-seigneur pour un quart de Montauriol, fait chevalier en 1244 et beau-frère de Raymond Vll, comte de Toulouse ; l'un, par Bertrand, époux de Béatrix d'Oliergues, l'autre par Bernard, époux de Condorce de Château-Neuf (Jean-Baptiste Duvergier, Consultation pour la maison de la Tour d'Auvergne, 1846).

Que les La Tour Lauragais soit des La Tour d'Auvergne est contesté par P. Louis Lainé, Archives généalogiques et historiques de la noblesse de France, 1841.

La famille des La Tour Lauragais a recouvré la plus grande partie de ses titres dans les archives du Prieuré de Notre-Dame de Prouille, diocèse de Saint-Papoul, sénéchaussée de Toulouse, dont les seigneurs de la Tour ont été bienfaiteurs dans les siècles les plus reculés.

Centralisme et autonomies

La lutte de Jacques d'Armagnac et de Louis XI est exemplaire de l'opposition du centralisme et des "libertés" aristocratiques ou autonomies régionales qui, en Allemagne, sont symbolisé par le personnage de Roland, neveu de Charlemagne, contre Charlemagne.

Louis XI vint faire l'essai de la monarchie absolue sur le cadavre palpitant de la féodalité. Ce prince tout à part, placé entre le moyen âge qui mourait et les temps modernes qui naissaient, tenait d'une main la vieille liberté noble sur l'échafaud, de l'autre jetait à l'eau dans un sac la jeune liberté bourgeoise : et pourtant celle-ci l'aimait, parce qu'en immolant l'aristocratie, il flattait la passion démocratique, l'égalité.

L'idée des chaînes et des tortures était si fortement empreinte dans l'esprit de Louis, que, fatigué des disputes des Nominaux et des Réalistes, il fit enchaîner et enclouer dans les bibliothèques les gros ouvrages des premiers, afin qu'on ne les pût lire. La querelle des Réalistes et des Nominaux fut soulevée vers 1050 par le théologien Roscelin de Compiègne. Tous les philosophes du temps y prirent part. Les Réalistes prétendaient qu'aux idées générales correspondent des réalités, types et modèles de tous les objets particuliers. Les Nominaux, au contraire, soutenaient que les idées générales n'ont point d'objets réels et ne sont que de pures dénominations, tandis que les idées individuelles seules correspondent aux réalités. Cette discussion, frivole en apparence, a son origine dans la nature même de l'esprit humain; elle remonte jusqu'au berceau de la philosophie, éclate avec fureur pendant le moyen âge, et se continue encore de nos jours, diversement modifiée. C'est au fond la lutte de l'idéalisme et du sensualisme, lutte dont l'histoire est celle de la Philosophie tout entière et des révolutions de l'esprit humain (A. Boniface, Jules Janin, Une lecture par jour, nouvelles leçons de littérature historiques, morales et religieuses, 1839).

Ebroin, maire du palais de Neustrie, " ennemi impitoyable des ambitions particuralistes " incarne le centralisme neustrien (Hartmut Atsma, Karl Ferdinand Werner, La Neustrie, 1989).

Ebroïn réalisa des bouleversements inverses de ceux qu'un peu plus d'un siècle auparavant avait réalisés le traité d'Ancelot, signé en 587 entre le roi de Burgondie Gondran et le roi d'Austrasie Childebert, fils de la reine Brunehaut. Les deux monarques étaient menacés par Frédégonde : afin d'assurer la fidélité de leurs leudes chargés de les défendre, ils confirmèrent toutes les donations de terre qu'ils leur avaient faites à titre précaire et toujours révocable. Au lieu de consolider la féodalité, avec ce qu'elle impliquait d'exploitation et d'écrasement des serfs et des petites gens, Ebroin enleva brutalement les terres du domaine royal aux leudes qui les occupaient - soit qu'ils se les fussent appropriées, soit qu'il les leur eût auparavant données - et les répartit entre les plus pauvres sujets. Puis, il confisqua les propriétés des " grands " qu'il força de s'exiler en Austrasie, et constitua une classe nombreuse de petits propriétaires qui lui apportèrent leur adhésion enthousiaste. Ces fluctuations de la petite à la grande et de la grande à la petite propriété avaient toujours pour cause première des considérations politiques (raforum.apinc.org - Gaston Leval, L'État dans l’histoire).

Comment articuler égalité et autonomies ? L'initiative régionale dans le domaine des nouveaux droits qui est appelée à se généraliser nationalement en est un exemple : le Pass'contraception expérimenté dans la région Poitou-Charente, repris en Île-de- France, et sans doute partout en France.

Le problème se pose aussi pour l'Europe : fédéralisme économique et autonomie budgétaire.