Partie IX - Synthèse   Chapitre LIX - Toute une histoire   Traces d’anciles   

Peinture

Si la chute de l'ancile est très peu représentée en France, picturalement, celle-ci est liée à la nymphe Egérie dont le roi Numa tomba amoureux et qui l'inspirait dans l'élaboration des lois religieuses de Rome. Égérie est une nymphe camène - les camènes seront assimilées aux Muses - révérée des Romains comme déesse des sources. Elle habitait le bois d'Aricie, voisin de Rome. Numa Pompilius s'enfonçait dans ce bois sous prétexte de consulter cette nymphe. Aricie est une ville du Latium, à 15 km au Sud de Rome, sur la voie Appienne. Un temple de Diane Aricine s'y trouvait. Le prêtre de ce temple, dit roi d'Aricie, était toujours un esclave fugitif ; tout esclave fugitif qui le tuait le remplaçait jusqu'à ce qu'il subît à son tour le même sort. La tradition donnait Hippolyte comme fondateur du temple et du culte d'Aricie. Plutarque, dans sa Vie de Numa, raconte le lien qui existe entre cette camène et l'ancile tombé du ciel. " Voici à quelle occasion il institua les prêtres saliens. La huitième année de son règne, une maladie pestilentielle, après avoir ravagé l'Italie, vint fondre sur Rome. Tout le monde était dans la consternation, lorsque tout à coup il tomba du ciel, entre les mains de Numa, un bouclier d'airain : il s'empressa de débiter sur un tel prodige des choses merveilleuses, qu'il disait tenir de la nymphe Égérie et des Muses : elles lui avaient dit que ce bouclier était envoyé du ciel pour le salut de la ville ; qu'il fallait le garder avec soin, et en faire onze parfaitement semblables à celui-là, pour la forme et pour la grandeur, afin que ceux qui voudraient l'enlever ne pussent reconnaître le véritable. Il ajouta que le lieu où il était tombé, avec les prairies qui l'environnaient, devait être dédié aux Muses ; et la source qui arrosait cette campagne, consacrée aux vestales, qui chaque jour iraient y puiser de l'eau pour arroser et purifier leur temple. " (http://remacle.org).

La grotte et la fontaine d'Égérie, près de l'ancienne porte Capène, dans le vallon de la Caffarella, existent encore.

Faute d'avoir inspiré aucune figuration à l'art antique, le couple Numa-Égérie se présente tout d'abord sur un document tardo-médiéval. […] Dès la fin du XVème siècle, les milieux aristocratiques […] avaient repéré, dans l'histoire romaine, la figure du bon roi législateur Numa Pompilius. Durant la sombre période de la Guerre de Cent Ans, la France avait connu un redressement politique et économique sous le règne de Charles V le Sage ; à l'intention de ce prince bâtisseur, mécène, collectionneur de manuscrits, avait été rédigée une traduction française des Facta et dicta memorabilia de Valère Maxime. […] Simon de Hesdin avait été chargé par " Charle le quint roi de France de ce nom " d'écrire en langue vernaculaire une traduction des Facta et dicta, dont la Bibliothèque nationale de France possède l'exemplaire des quatre premiers livres, dédié au roi en 1375 et déposé dans la librairie du Louvre ; l'œuvre fut interrompue […] pour être reprise vingt ans plus tard par Nicolas de Gonesse. […] Simon de Hesdin, de l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem […] amplifie largement le texte de départ, en y ajoutant des subdivisions, des commentaires, des emprunts à d'autres sources, classiques et médiévales, païennes et chrétiennes. Ceci explique l'amalgame iconographique qu'offre un manuscrit enluminé de Valère Maxime, en l'occurrence celui que conserve la Bibliothèque Royale de La Haye. Provenant du pays de Loire et daté des environs de 1475, [...], ce manuscrit est orné de nombreuses enluminures dont l'une concerne en partie le règne de Numa Pompilius. [...] La décoration de la page s'organise en trois registres horizontaux. […] Le second registre compte trois scènes " romaines " sans lien apparent ; le troisième registre se divise en deux parties inégales, dont la gauche seule intéresse Numa Pompilius : on y voit le roi assis sur un trône et invitant le peuple à observer ses prescriptions religieuses. La scène qui retiendra particulièrement l'attention et dont il sera question plus loin se trouve sur la bordure de droite, en troisième position à partir d'en haut. " La bordure de droite offre, en troisième position à partir d'en haut, une scène qui semble présenter Egérie et Numa, dont le nom a pu être lu à proximité.

Valère Maxime servit en Asie sous le consul Sextus Pompeius, puis devint consul en 14 après J.-C.. Ami de l'empereur Tibère, il écrivit sous le titre Factorum dictorumque memorabilium libri IX, un recueil d'anecdotes en neuf livres extraites sans doute des historiens grecs et romains. Un exemplaire vendu 1008 livres à Londres en 1791, imprimé chez Antoine Verard vers 1490, était orné de 9 belles miniatures de la grandeur des pages. Il avait appartenu à Claude d'Urfé.

C'est Nicolas Poussin qui allait en révéler l'envoûtante poésie. Lors de son premier séjour à Rome, enrichissant une initiation littéraire commencée à Paris déjà sous l'influence du Cavalier Marin, Poussin étudie la sculpture antique et va peindre l'Empire de Flore (vers 1630-31), libre adaptation des Métamorphoses d'Ovide. Vers la même époque, un autre sujet lui est suggéré par un commensal des Barberini, Cassiano dal Pozzo, devenu son ami et son mécène : c'est Numa et la nymphe Égérie, toile aujourd'hui à Chantilly, au musée Condé. […] À droite, le roi, couronné, somptueusement mais souplement vêtu d'étoffes d'or de plusieurs nuances, s'avance de trois-quarts, tenant un arbuste à la main. À gauche, sous les ombrages, la nymphe vue de dos, allongée sur le flanc, est à peine drapée dans une longue étole bleue, les cheveux châtain clair noués en chignon et surmontés d'un diadème de feuillage ; elle maintient du bras et de la main droite un vase à haut col, une hydrie qui la qualifie comme divinité des eaux. À l'arrière, occupant la pointe du triangle que constitue la disposition des personnages, on distingue un flûtiste [un berger avec sa houlette posée à côté de lui] nu assis sur un manteau rouge jeté au pied d'un arbre. [...] Certains exégètes modernes ont voulu reconnaître dans l'arbuste que saisit la main droite de Numa le Rameau d'or de Virgile (Marie-Paule Loicq-Berger, Un album royal : Égérie et Numa).

Nicolas Poussin, Numa et Egérie

" On ne sait, dit le professeur Binet, où Virgile a pris l'idée de ce rameau d'or. Fait-il allusion à la branche de myrte que tenaient, dit-on, les initiés aux mystères de Cérès ? Ou bien veut-il donner à entendre qu'on pénètre partout avec de l'or, ou même avec une vertu irréprochable, figurée par l'or le plus pur ? " Servius croit que Virgile a voulu faire allusion à une cérémonie religieuse qui était pratiquée dans la forêt d'Aricie : un petit rameau de cette forêt ne pouvait être détaché sans qu'il en coûtât la vie à quelqu'un : c'est pourquoi, tandis qu'Énée arrache le rameau d'or, Misène, un de ses compagnons, perd la vie. Desfontaines a tort de ne voir là qu'une idée de scholiaste : l'opinion de Servius pouvait être fondée sur l'antique tradition d'un mythe qui n'est pas plus merveilleux que beaucoup d'autres (Œuvres complètes de Virgile).

Les musiciens occupent une place privilégiée au sein de la société. Ils sont au premier rang de la classification de Numa Pompilius (sur 9 corporations, classées par ordre hiérarchique). On les appelle les tibicines, en raison de la prédominances des tibiae Le tibia double à anche est composée de tubes coniques (son du hautbois) ou cylindriques (son de la clarinette).

Vers le même temps, l'admiration éclairée que continue de susciter la culture gréco- latine conduit certains artistes - le paradoxe n'est qu'apparent - à l'opposer à un néoclassique devenu conventionnel. Tel est le cas illustre d'Eugène Delacroix. C'est lui qui va faire revivre une fois encore Égérie et Numa dans la " Chapelle Sixtine de la France ", la bibliothèque du Palais-Bourbon. En 1838, à l'initiative d'Adolphe Thiers, Eugène Delacroix se vit chargé de décorer la bibliothèque de ce palais, travail considérable qui allait durer plus de neuf ans, interrompu par d'autres commandes et par des défaillances de santé. Cette longue salle rectangulaire (42 m x 10) est voûtée de cinq coupoles sur pendentifs et terminée par deux hémicycles. […] La lecture se déroule depuis l'hémicycle Sud, où l'on assiste à la naissance de la civilisation avec Orphée enseignant aux Grecs les arts de la paix, jusqu'à l'hémicycle Nord qui évoque la fin de la culture antique avec Attila foulant aux pieds les lettres et les arts. Entre les deux, les cinq coupoles, divisées chacune en quatre pendentifs, illustrent successivement les Sciences (I), la Philosophie et l'Histoire (II), la Législation et l'Éloquence (III), la Théologie (IV) et la Poésie (V). La coupole centrale, la troisième, offre sur ses pendentifs Numa et Égérie auprès de Lycurgue consultant la Pythie, de Cicéron accusant Verrès et de Démosthène haranguant la mer. Le couple mythique s'intègre, on le voit, à des figures historiques. Le décor de ce pendentif est-il réellement de la main de Delacroix ? Le projet à réaliser était si ambitieux que le maître dut se faire assister, pratique pour lui toute nouvelle, et ouvrit un atelier où travaillèrent une trentaine de collaborateurs ; l'un de ceux-ci, Louis de Planet, affirme qu'il a exécuté certains pendentifs, dont Numa et Égérie, mais on peut mettre en doute l'exactitude de ces précisions. Il n'importe : l'ensemble de l'œuvre fut apprécié avec enthousiasme par la critique contemporaine et la couleur, notamment dans le pendentif de Numa et Égérie, célébrée avec lyrisme. […] On s'accorde à reconnaître dans l'allégorie de Delacroix, magnifiquement animée par sa connaissance de la mythologie, l'héritage des traditions classiques en même temps que l'épanouissement d'un romantisme passionné. Le genre n'aura plus de lendemains, mais il conserve des lettres de noblesse que Delacroix lui-même a saluées dans son éloge de Poussin.

Eugène Delacroix, Numa et Egerie, Assemblée Nationale

Dans un document d'un genre très différent que la conseillère du roi Numa fera une réapparition inattendue, à une heure grave pour la France, sous le crayon d'Honoré Daumier. Sous les traits de La nymphe Égérie ou La statue du silence, le caricaturiste a visé l'homme d'État Adolphe Thiers, dans Le Charivari, 15 février 1870. Thiers transférera l'administration des finances au Louvre en 1871 (Marie-Paule Loicq-Berger, Un album royal : Égérie et Numa).

http://dcoll.brandeis.edu).

Littérature

En 1541, le cardinal Jean Du Bellay, né en 1492 ou 1498 à Souday et mort le 16 février 1560 à Rome, évêque de Paris, ambassadeur du roi à Rome, passe commande à Philibert de l'Orme d'une petite maison de plaisance, pour l'offrir au roi François Ier, à construire sur les terres de l'abbaye bénédictine de Saint-Maur-des-Fossés (qui appartenait à l'évêché de Paris), dans un site agréable, sur une petite éminence dominant la Marne. " Cette retraite, François, parce que tu soutiens les arts de Pallas, si d'aventure tu t'échappes des palais, Diane, les Charites et les Camènes, reconnaissantes te l'ont consacrée " (Marc Fumaroli, Philippe Joseph Salazar, Emmanuel Bury, Le loisir lettré à l'âge classique).

Jean du Bellay, fit construire un superbe palais à Rome, où il était si estimé, qu'on parla de le faire pape, après la mort de Marcel II. À la mort de ce pape, il recueillit 8 voix du conclave lors de l'élection du nouveau pape Jules III - Jean Maria, cardinal del Monte, abbé commendataire de Méobecq en 1545. C'est au cardinal du Bellay que François Rabelais fut attaché, comme domestique ou médecin qui mentionne " Numa Pompilius Roy second des Romains en Rome feut du Ciel veu descendre le tranchant bouclier dict Ancile " dans Le Quart Livre des faicts et dicts heroïques du bon Pantagruel (http://fr.wikisource.org).

Lors de l'entrée royale d'Henri II à Rouen en 1550, qui avait été prévue le 28 septembre mais repoussé 3 jours plus tard pour cause d'intempéries, le dernier spectacle se situait place du Pont-de-Robec. Il représentait le jardin du paradis avec une représentation de François Ier au milieu. Plus en retrait était Egérie, un vase sur l'épaule droite, pressant son sein droit de sa main gauche, d'où sortait un filet d'eau qui alimentait une fontaine dédiée aux neuf Muses (inversé sur l'illustration ci-dessous) [1].

La figure du pont de Robec (1551) - BI-061229-0107 Cote N 112-6 f° 51v

Bibliothèque de Rouen

Etienne Pasquier, né en 1529 à Paris et mort en 1615 dans la même ville, est un homme d'État, historien, humaniste, poète et juriste français. Désireux de participer à la réconciliation entre protestants et catholiques, il s'attache à chercher les origines historiques de l'unité de la nation française jusque dans le passé préchrétien du pays. En 1565, il s'illustre en tant que partisan du gallicanisme par sa plaidoirie dans le procès qui oppose l'Université de Paris aux Jésuites, faisant triompher la cause de la première. Dans ses Recherches de la France peut-on lire : " Grande pitié ! jamais personne ne secourut la France si à propos et plus heureusement que cette Pucelle, et jamais mémoire de femme ne fut plus déchirée que la sienne. Les Anglais l'estimèrent et sorcière et hérétique, et, sous cette proposition, la firent brûler. Quelques-uns des nôtres se firent accroire que ce fut une feintise, telle que de Numa Pompilius dans Rome, quand il se vantait communiquer en secret avec Égérie la nymphe, pour s'acquérir plus de créance envers le peuple; et telle est l'opinion du seigneur de Langey, au troisième livre de la Discipline militaire, chap. III. A quoi les autres ajoutent et disent que les seigneurs de la France supposèrent cette jeune garce, feignant qu'elle était envoyée de Dieu pour secourir le royaume; même, quand elle remarqua le roi Charles à Chinon entre tous les autres, on lui avait donné un certain signal pour le reconnaître. " (http://www.stejeannedarc.net).

Dans l'Astrée, Urfé anime une scène dans un temple où aucun personnage n'est figé, le cortège défile devant nos yeux avec les saliens qui, " couronnez de fleurs, avec de petites robes violettes et retroussées, et des morions de fer, dansans et et chantans devant et autour des victimes et des hosties, portans aux mains de petites dagues, et des escus aux bras, qu'ils nommoient anciles, frappant de ces armes, qu'ils disoient celestes, les unes contre les autres à certaine cadence. "

Un siècle plus tard Florian (1755-1794) donne son Numa Pompilius, deuxième roi de Rome. En 1841, " Numa n'était pas si loin de son Égérie " selon Balzac, Mémoire de deux jeunes mariés, 1841, chapitre 29. Anatole France, dans Le Petit Pierre, se souvient que le " de viris me causa encore quelques joies. J'aimai la nymphe égérie qui inspirait à Numa, dans une grotte, au bord d'une fontaine, des lois sages. " Le De viris illustribus urbis Romæ a Romulo ad Augustum ou, plus simplement, De viris illustribus est un manuel de latin à l'usage des classes de sixième (première classe du collège) rédigé par l'abbé Lhomond au XVIIIème siècle, qui est resté en usage en France jusqu'au milieu du XXème siècle.

" Il faut aux enfants des faits, et des faits qui les intéressent : l'histoire romaine est une source riche et féconde où l'on peut puiser à discrétion. Tite-Live, Valère Maxime, Florus, etc., fournissent abondamment à un compilateur, et le fond des choses et la propriété des expressions. Il n'était pas difficile de se décider sur le choix des faits : l'on sent aisément que je n'ai pas dû charger ce recueil de longues descriptions de batailles ; les principales circonstances suffisaient à mon but. Des traits de valeur, de clémence, de désintéressement, de grandeur d'âme, de bienveillance, sont plus propres à piquer la curiosité des enfants et à former leurs mœurs. " (http://fr.wikipedia.org).

Flaubert écrit d'un seul trait Numa Pompilius l'enfant de la forêt et Charles Gailly de Taurines, raconte l'histoire de Rome dans Les Contes de la Louve (Larousse 1931) (http://www.gaillydetaurines.fr).

Architecture

L'émission Secrets d'Histoire a montré les décorations du château de Chambord visible que depuis l'ampoule, qui peuvent entrer dans ce chapitre Traces d'anciles.

Il y a un F entouré de croix à triples traverses autour desquelles se forme un contour en huit. L'ensemble est entouré d'une corde avec des nœuds en huit.

La croix pontificale qui est porté devant le pape lui sert de bouclier. Et c'est bien le symbole en 8 placé devant qui peut représenter le bouclier appelé ancile en forme de huit lui aussi. Pour affirmer son statut de " Roi très chrétien ", formule qui, en tant que titre héréditaire, semble remonter aux dernières années de règne de Charles V et qui fut réservée aux rois de France, François Ier a pu adopter un tel emblème. (Noël Valois, L'origine du titre de roi très chrétien, 1895).

picasaweb.google.com - Valérie

Cette croix est aussi appelée Croix de Salem par les francs-maçons.

Mais le bouclier tombé du ciel - l'ancile de Mars en est l'exemple le plus connu - demande de plus amples explications. Au début, les météorites - les seuls palta authentiques - étaient considérées comme l'origine de la foudre, qui fend les arbres des forêts. Ensuite, les haches néolithiques en pierre, telles celles découvertes dans le sanctuaire mycénien d'Asiné, de même que les pilons, come le pilon de Cybèle à Ephèse furent prises à tort pour des pierres de foudre. Mais le bouclier était également l'instrument du tonnerre. Les faiseurs de pluie de la période préhellénique attiraient les orages, imitaient le bruit du vent qui se lève et frappaient sur d'énormes boucliers sur lesquels étaient tendues des peaux de bœuf serrées par des bâtons à deux têtes comme ceux des prêtres saliens représentés sur le bas-relief d'Anagni. Le seul moyen pour qu'un rhombe fasse du bruit de façon continue c'est de l'agiter en faisant un huit comme les enfants avec les moulins à vents jouets ; les torches utilisées pour imiter l'éclair étaient, semble-t-il, agitées de la même façon ; le bouclier servant à amener la pluie était taillé de manière à former un huit et la baguette double du tambour frappait continuellement les deux côtés. C'est la raison pour laquelle les peintures crétoises qu'on a retrouvées représentent l'esprit du tonnerre descendant sous l'aspect d'un bouclier en forme de huit, c'est aussi pour cette raison que les anciens boucliers furent, par la suite, adorés comme des palta (Robert Graves, Les mythes grecs II, Pluriel, p. 263).

L'étonnante complicité entre ces deux princes de la Renaissance aura duré une vingtaine d'années. Même si elle est, par certaines aspects inconstante et cynique, cette relation franco-turque établie au cœur du XVIe siècle va laisser des traces visibles et rémanentes. D'abord, selon Jack Lang, autre biographe de François Ier, ce "souper avec le diable" est bien l'ébauche d'une politique étrangère laïque. L'intérêt de l'Etat prime sur le fait religieux. Le roi de France, pour contrer la propagande qui fait de lui le "très chrétien bourreau de la chrétienté", obtient de Soliman des assurances sur les Lieux saints et la liberté d'y célébrer le culte. En 1529, jugeant sans doute préférable de faire la paix, François réaffirme renoncer à l'Italie tandis que Charles Quint abandonne ses prétentions sur la Bourgogne de ses ancêtres. C'est le traité de Cambrai, aussi appelée "paix de Dames", car il est ratifié par Marguerite d'Autriche et la reine mère Louise de Savoie, qui veut faire libérer ses petits enfants (aval31.free.fr - Diplomatie).

 


[1] Didier Le Fur, Henri II, Tallandier, p. 314