Partie XIII - La Croix d’Huriel   Tintin, Hergé et la Croix d’Huriel   Tournesol ou l’ange Raphaël : Le Trésor de Rackham le rouge   
CROIX HURIEL TINTIN HERGE LE TRESOR DE RACKHAM LE ROUGE TOURNESOL RAPHAEL

Dans le bric-à-brac de Moulinsart, plusieurs anges sont figurés : l'ange Gabriel de l'Annonciation du portail central de Reims (page 42 du Secret de la Licorne) ; un ange porteur de lance (page 43 du même) ; un ange sur une pendule dorée (page 44). La nature angélique peut s'incarner en des personnages de bande dessinée comme on va le voir.

Le Livre de Tobie et Le Trésor de Rackham le rouge

Le docteur Daumière prescrit un régime dans une ordonnance faite au capitaine Haddock, dans laquelle il note son diagnostic d'insuffisance du foie.

Une référence, un peu récente (1955), associe "daumier" à la dîme :

Dimier, Desmier (Poitou), Deymé (Gascogne), Deimier, Deymier, Deimer (Sud-Ouest), Dimey (Est), Daumier (Périgord), Daumard (péjoratif périgourdin) et Daumet (hypocoristique) levaient la dîme (Revue internationale d'onomastique, Volumes 7 à 8, 1955 - books.google.fr).

Dîme et foie se retrouvent dans l'exercice des cultes de nombreuses religions. Mais la présence des anges à Moulinsart conduit à un récit bien particulier et bien connu : le Livre de Tobie.

Tobit, le père de Tobie, est né en Israël. En sa jeunesse il s'est distingué par son exactitude à offrir ses sacrifices au Temple et la dîme aux Lévites. Déporté par les Assyriens à Ninive, il s'est abstenu de manger les mets des païens. Pieusement il s'est voué à la tâche de « fossoyeur clandestin » (1,19), dérobant les cadavres de ses compatriotes massacrés pour les ensevelir. Un soir, purifié à grande eau après cet office macabre, il reposait dans son jardin. Il reçut dans dans les yeux «la fiente toute chaude » de moineaux. Aucun médecin n'a su guérir ses «taches blanches ». Aveuglé, il aspire à la mort, c'est «un enterré vivant ». Son histoire s'entrelace à celle de Sarra, noble pucelle d'Ecbatane. Le démon Asmodée la possède. Sept fois elle s'est mariée, de peur que sa stérilité n'afflige la la vieillesse de son père «jusqu'au séjour des morts». Tour à tour chacun des sept époux a trépassé dès son entrée dans le lit nuptial. Tobit prie à Ninive, Sarra prie à Ecbatane la double supplique est agréée devant Dieu : l'ange Raphaël est envoyé les guérir. L'occasion est fournie par un voyage de Tobie que son père a chargé de recouvrer un dépôt en Médie, non sans l'avoir comblé de vertueuses recommandations. Que ses aumônes soient généreuses, qu'il épouse une femme de son sang. Quand je mourrai, fais—moi un enterrement décent. Honore ta mère, et à sa mort enterre—la auprès de moi, dans la même tombe.» Il faut au voyageur un guide. Raphaël, sans se dévoiler, se propose. Un chien fidèlement les escorte. En route ils capturent un poisson carnassier. Son cœur, son foie, son fiel ont des vertus médicinales, on les prélève à toutes fins utiles. Tobie, à Ecbatane, découvre que Sarra est sa proche parente. Il revendique sa main, il y a droit ! Le père consent mais prend soin, durant la nuit nuptiale, de creuser la tombe. Précaution superflue. L'Israélite a triomphé où les Mèdes avaient échoué, le pénis légitime a perforé l'hymen, Sarra est enfin femme, donc bientôt mère! Après deux semaines d'ébats conjugaux Tobie la quitte, appelé par son autre devoir au chevet de son père. De même que les malodorants viscères du poisson grillé ont chassé d'Ecbatane «le pire démon», de même à Ninive l'onguent mêlé de fiel dissipe la croûte qui voilait les yeux de Tobit. L'ange guérisseur a vaincu le Mal, il remonte au ciel (Bernard Teyssedre, Anges, astres et cieux, 1986 - books.google.fr).

La possession de Sara par le démon Asdmodée en fait le modèle de la femme fatale : ses 7 précédents maris meurent.

C'est ainsi que Daubigny, visitant à Rome les chefs-d'oeuvre de Raphaël, eut ce cri du cœur qui pourrait faire sourire les gens superficiels, ceux qui se nourrissent de préjugés et n'adoptent que les enthousiasmes de commande ; « C'est comme du Daumier ! » Certes, la ditférence paraît infranchissable entre le peintre des suaves madones et le caricaturiste des bourgeois hébétés. Et pourtant quand on veut descendre au fond des choses, combien s'effacent les plus profondes différences d'expression et de forme ! Si les moyens sont multiples, l'émotion est une ; le plaisir artistique est une jouissance unique, procurée de mille manières différentes. Si Daubigny s'écriait : « C'est du Daumier » en voyant les Raphaël, il ne pensait pas aux tempéraments si divers, aux places si disproportionnées que les deux maîtres occupent dans l'histoire de l'art et dans l'opinion du public. Le grand paysagiste ne voyait qu'une chose : l'esprit maître de lui qui sait ce qu'il veut dire, et la main habile et décidée qui le dit précisément et sans une défaillance, comme il l'avait voulu. A ce compte, tous les grands peintres, si éloignées que puissent être leurs tendances personnelles, se tiennent dans une parenté beaucoup plus proche que ne l'indiqueraient les apparences. Il y a plus de distance entre Raphaél et un plat imitateur qu'entre le maître et l'original artiste que nous étudions (Arsène Alexandre, Honoré Daumier, l'homme et l'oeuvre, 1888 - archive.org).

Tryphon / Raphaël

La Scuola di San Giorgio degli Schiavoni est une scuola importante de Venise. Appelée aussi Scuola des Dalmates, elle a été fondée en 1451 par des statuts et règles approuvés par un décret du Conseil des Dix. Elle est hébergée depuis 1551 dans un bâtiment de Giovanni de Zan. Il s'agit d'une des rares Scuole qui ne furent pas fermées par Napoléon. Elle abrite, au rez-de-chaussée, de nombreuses toiles du Carpaccio, dont le fameux cycle de saint Georges, saint Tryphon et saint Jérôme qu'il mit cinq ans à réaliser dont Le Miracle de saint Tryphon (1507).

Le basilic du Moyen Âge y est remplacé par un griffon (fr.wikipedia.org - Scuola di San Giorgio degli Schiavoni, it.wikipedia.org - San Trifone ammansisce il basilisco).

Vittore Carpaccio, San Trifone ammansisce il basilisco (1507) - Scuola di San Giorgio degli Schiavoni, Venezia

Il y a un rapport entre ce Tryphon et Raphaël : ils sont tous les deux exorcistes d'une jeune fille, la fille de l'empereur Gordien (IIIème siècle) pour le premier et Sara la fille de Raguel pour le second. Ce qui explique aussi la statuette de Pazuzu, dont le nom est présent sur des amulettes d'exorcisme assyriennes.

La fleur de tournesol est jaune comme le Raphaël de Rennes-le-Château, même si le professeur est habillé de vert.

Raphaël / Venise

L'ancienne église Saint Raphael de Venise est d'une origine incertaine : une hypothèse l'attribue à Adriana la femme du gouverneur de Padoue, réfugiée à Venise pendant que son mari guerroyait contre Attila, et ayant fait le vœu d'ériger un oratoire ici (416) s'il revenait vivant. Une autre l'attribue à l'évêque Magno d'Oderzo, mort en 670, qui en songe reçut l'ordre de bâtir 6 églises (d'autres disent 7 comme Sanudo, ou même 8 selon Dolfin) dans les îles réaltines au 7ème siècle (Santa Maria Formosa, San Elemosinario, San Pietro di Castello, San Giovanni in Bragora, Santi Apostoli, San Salvador, Anzolo Rafael,…). Pour l'anecdote, Magno avait reçu l'ordre de bâtir ces églises par l'intermédiaire de songes divins associés à des signes : Saint Pierre lui commanda San Pietro là où il verrait des bœufs et des moutons, Raphaël là où il verrait un rassemblement d'oiseaux, La Vierge là où il verrait un nuage blanc, Saint Jean Baptiste un compagnie de grues, et d'autres une vigne avec des raisins, etc. (Jean-claude syre, Angelo Raffaele (Anzolo Rafael) (Dorsoduro) - sites.google.com).

Tournesol / Démons

Au reste les Theologiens Catholiques estiment que les choses naturelles, n'ont aucun pouvoir sur les Démons. Ainsi tout ce que Pline, Porphire, Apulée, Dioscoride & une multitude d'Ecrivains d'Alemagne publient des vertus de la Rue, de l'Aristoloche, de la Pivoine, du Millepertuis, du Tournesol, du Bouillon noir, sont des superstitions dont les Chrétiens, qui ont la crainte du Seigneur, doivent soigneusement se donner de garde. Le pouvoir de chasser les Démons est réservé à la sainte Eglise (Pierre Le Lorrain De Vallemont, Curiositez de la nature et de l'art sur la végétation ou l'agriculture et le jardinage dans leur perfection, 1709 - books.google.fr).

Tintin / Tobie

Tobie, fils de Tobit, chemine avec son chien comme Tintin avec Milou.

La pêche au requin dans l'Atlantique a son parallèle dans celle du poisson du Tigre par Tobie. Il existe des requins-tigres mais ce n'est pas l'espèce du Trésor. Le parallèle Tigre / Atlantique se retrouve dans la suite des albums des 7 boules de cristal et du Temple du soleil (Le Serpent rouge : Le voyage de l’âme : Le messianisme des 7 boules de cristal : Alexandre le Grand).

Au retour de Tobie auprès de son père, avec le dépôt paternel qu'il était allé cherché à Rhagès de Médie chez Gabaël fils de Gabri, il se sert du fiel du poisson péché dans le Tigre, en l'ouvrant, pour le soigner de la cécité de Tobit due à des fientes d'oiseaux tombées dans ses yeux. Le requin, lui aussi, sera ouvert pour libéré le coffret qui contient l'acte de donation du château de Moulinsart au chevalier de Hadoque par le roi de Louis XIV. Cette acte motivera son achat par le descendant du chevalier, le capitaine Haddock qui y trouvera avec Tintin, dans la crypte, un précieux dépôt, et la lumière par laquelle viendra la lumière, qui avait été obscurcie par les manigances des frères Loiseau.

Le capitaine Haddock change alors et, si un alcoolique le reste toujours, il ne se retrouvera plus dans l'état où on l'a connu dans Le Crabe aux pinces d'or.

La transmission aux trois fils du chevalier de Hadoque du secret des licornes ne semble ne pas avoir été faite. Les parchemins étaient toujours après plusieurs siècles à l'intérieur des grands mâts des navires en réduction. Cette transmission ne se fera que 250 ans après. Il restait une seule Licorne à Moulinsart que les frères Loiseau ont trouvée au grenier avec le parchemin. La fratrie des fils du chevalier de Hadoque s'était donc séparée.

Tournesol poursuit la tâche du docteur Daumière en subtilisant le whisky au capitaine Haddock et en le remplaçant par un engin d'exploration des profondeurs. C'est Tournesol encore qui reconstitue les parchemins qui établissent que le château de Moulinsart aurait pu être un héritage du capitaine Haddock.

Tobit est-il autant guéri par le dépôt récupéré par Raphaël pour le compte de son fils que par le fiel de poisson appliqué par Tobie le fils sur les yeux de son père ?

L'élément féminin du Livre de Tobie est complètement occulté par Hergé. Pas de mariage, pas de jeune vierge, que des vieilles concierges. Mais comme il l'a été vu dans La Vraie Langue Celtique de l'abbé Boudet, ce qui n'est pas dit peut avoir autant d'importance que ce qui est montré (le combat de Jacob et de l'ange aurait dû se placer à la page 68, 68 comme le psaume se trouvant à l'entrée de la Chapelle des Saints Anges de l'église Saint Sulpice de Paris où cette lutte a été peinte par Delacroix).

L'alcoolisme du capitaine Haddock

La psychogénéalogie est basée sur différents concepts de psychanalyse dont celui d’inconscient collectif développé au début du XXe siècle par le disciple de Sigmund Freud, Carl Gustav Jung. Pour Jung, l’inconscient collectif est l'ensemble des images et motifs qui symbolisent les instincts fondamentaux de l'Homme. Il se manifeste sous forme d’archétypes, c’est-à-dire d’images anciennes, que l’on retrouve dans les mythes et légendes, comme le dragon ou le paradis perdu, et qui seraient communes à toute l'humanité. Ces archétypes se manifesteraient dans les rêves, les délires et les arts picturaux. Jung distingue plusieurs strates dans l'inconscient collectif : d’abord l’inconscient collectif familial, puis l’inconscient collectif du groupe ethnique et culturel et enfin, l’inconscient collectif primordial (où l’on retrouve tout ce qui est commun à l’humanité comme la peur de l'obscurité, l’instinct de survie). Jung précise que cet inconscient collectif sous-entend une certaine hérédité. Cependant, dans Psychologie de l'Inconscient (1913), il écrit : « Je n'affirme nullement la transmission héréditaire de représentations, mais uniquement la transmission héréditaire de la capacité d'évoquer tel ou tel élément du patrimoine représentatif ». Cette idée est reprise plus tard, par Jacob Lévi Moreno qui la développe et postule l’existence d’un co-inconscient familial ou groupal qui serait le vecteur d’une transmission transgénérationnelle. Pourtant, déjà en 1913, dans Totem et tabou, Freud écrivait : « Nous postulons l’existence d’une âme collective (…) [et la possibilité qu’] un sentiment se transmettrait de génération en génération se rattachant à une faute (dont) les hommes n’ont plus conscience et le moindre souvenir. », évoquant la possibilité d’une transmission par un inconscient reliant les membres d’une même famille (Géraldine Fabre, Psychogénéalogie, - www.psyvig.com).

On remarquera que c'est un 15 juillet que le bateau de pêche Le Sirius redémarre et quitte le lieu du naufrage de La Licorne pour rentrer, et que c'est aussi un 15 juillet, 1684, que le château de Moulinsart est donné par Louis XIV au chevalier de Hadoque. Pour l'un c'est un départ, pour l'autre une arrivée (sociale).

Le fétiche de l'île représentant le chevalier de Hadoque, hors intérêt ethnographique, peut être une allusion à cette problématique.

Freud évoque comme point de fixation dans la perversion un traumatisme lors de la phase phallique, il s'agitde la perception visuelle de l'absence d'un organe réel chez la femme et des points de régressions pluriels et partiels. Ce trauma provoque le déni du moi (refus de cette perception) et un clivage du moi au moment de l'œdipe (Freud, 1938). Mannoni (1985) reprend cette position en l'illustrant par la phase : « Je sais bien que, mais quand même... » Il y a à la fois intégration et déni de la loi. Le pervers passe alors son existence à jouer avec l'autorité, la morale, devenant souvent leur porte-parole. Il demande ainsi à l'autre de se soumettre à la loi mais lui s'en absout. Cette position de déni est maintenue par l'utilisation du fétiche qui a une fonction magique. L'objet fétiche (Freud, 1927c) est une partie du corps en lien métonymique (la partie pour le tout), par contiguïté (relation de proximité) avec le corps de la mère (pied, bouche, sein, cheveux...) ou un objet (chaussure, bonnet, étoffe, une patte lapin, sous-vêtement, fourrure comme équivalent métonymique de sexe de la mère). La présence et l'usage de cet objet fétiche associé à un partenaire sexuel prennent une valeur érotique exceptionnelle, ils sont la condition de la satisfaction et de la jouissance. Le fétichisme vient combler le vide laissé par le désaveu et la négation de la vérité de la castration maternelle (elle n'a pas le pénis et elle n'est pas toute-puissante). Il oblitère le problème et trouve de nouvelles réponses au désir. Le fétiche est un ersatz (substitut du pénis de la mère) qui protège le moi de l'angoisse provoquée par le constat d'une image castrée. Dans les différentes formes de perversion (Freud, 1905b), il y a fixation de la libido à un plaisir dit préliminaire (pulsion partielle), souvent non génital (rapport de possession et non de lien). Cette sexualité partielle (qu'elle soit ou non génitale) ne vise qu'une jouissance limitée et aboutit à une fixation exclusive de satisfaction sexuelle que le sujet aurait dû dépasser (pas d'unification des pulsions) (Isabelle Boulze, L'alcoolisme: Psychopathologie psychanalytique, 2011 - books.google.fr).

Il y a de la fourrure avec La Femme au manchon, tableau qui cache l'aigle et le globe aux pieds de saint Jean l'Evangéliste, ainsi que chez la dame de la cabine téléphonique.

Le monde de l’alcoolique obéit à la loi du tout ou rien, « clivé entre une représentation féminine, vouée à la vindicte, et une représentation masculine appelée à une fraternité ambiguë ». Plutôt que dans la psychose, il faudrait voir dans ce clivage une forme particulière de perversion avec en arrière-plan un déni de la castration. On sait que cette figure de la psychopathologie freudienne implique la constitution d’un fétiche. Le fétiche est joué dans le cas présent par l’alcool, masquant non seulement le reste de la vie sexuelle, mais de la vie dans son ensemble, il finit par envahir le temps est l’espace, ne laissant intacte que la partie imaginaire du moi, celle qui se manifeste uniquement par les bons sentiments, les projets grandioses et des demandes de changement.

Les alcooliques choisissent des épouses maternantes, étouffantes et autoritaires dont il se fait l’objet déchu. L’autoritarisme et l’ambition sont du côté féminin, et la dépendance et la passivité du côté masculin (www.psychiatrissimo.com), (Castafiore et femme du général Alcazar dans le tardif Tintin et les Picaros).

Selon l'auteur des articles sur l'alcoolisme dans la revue Scilicet (1973, 1975, 1976), la reconnaissance de la loi paternelle est opérationnelle pour l'alcoolique, mais il souffre de la représentation que lui en aurait donnée sa mère. Dans cette fixation privilégiée à l'imago féminine, un « transfert maudit » s'instaure, aboutissant ultérieurement chez l'alcoolique à de la jalousie sur un mode pathologique. Le monde de l'alcoolique se trouve clivé en dedans (le milieu familial accompagné d'une omniprésence de l'Autre) et en dehors (ce monde extérieur où l'on peut rencontrer les semblables). L'omniprésence de l'« Autre maternel féminin » instaurerait un circuit fermé qui entraînerait l'«évanouissement du sujet». «Le triomphe exalté de l'homme ivre n'est rien que cette évacuation du sujet au profit d'une parole devenue celle, de l'Autre ». L'alcoolisme va être conçu à partir d'un rapport difficile du sujet à la mère, dans sa transmission de la loi paternelle. En insistant sur le rôle prépondérant de la relation maternelle, l'ivresse devient à la fois un moyen de s'échapper d'une emprise pesante et un moyen d'exposer au grand jour cette dépendance. Dans tous les cas, l'alcoolique n'arriverait pas à trouver une place dans l'exsitence (Isabelle Boulze, L'alcoolisme: Psychopathologie psychanalytique, 2011 - books.google.fr).

Pauvreté et cécité

La pauvreté et la cécité sont rassemblées dans une pièce d'Aristophane, qu'on ne quitte pas, que l'on retrouve ici après Les Oiseaux, intitulée Plutus, dieu grec de la richesse.

Chrémyle, homme de bien, mais pauvre, va consulter l'oracle d'Apollon sur les moyens de s'enrichir. Le dieu lui répond d'emmener chez lui la première personne qu'il rencontrera en sortant du temple. Il rencontre un aveugle: c'est Plutus. Dès que celui-ci s'est fait connaître, on s'empresse autour de lui, on veut travailler à sa gtiérison : car si Plutus est aveugle, faut-il s'étonner qu'il enrichisse tant de coquins et d'intrigants? On le conduit dans un temple d'Esculape : là, Plutus recouvre la vue; désormais il enrichira les honnêtes gens. ou voit là un cadre satirique ingénieusement inventé par le poète, pour fronder la cupidité, l'égoïsme, et tous les vices qu'il reproche aux Athéniens. Dans l'Assemblée des femmes, Aristophane avait traité à sa manière la questiou de la communauté des biens ; il avait présenté sous des formes ridicules les inconvénients pratiques de ce système. Dans le Plutus, il aborde une question qui touche de près à la première : c'est l'inégale répartition des richesses, et la manière capricieuse dont la fortune dispense ses faveurs, faisant prospérer les méchants, et donnant la misère eu partage à la probité. La Pauvreté s'indigne de ce que Chrémyle veut rendre la vue à Plutus, et prétend la chasser de chez lui. Elle prouve, dans un plaidoyer très spirituel, qu'elle est la mère de tous les biens, et que les hommes lui doivent le bonheur dont ils jouissent. D'ailleurs, si chacun était riche, personne ne voudrait plus travailler ; il n'y aurait plus ni serruriers, ni tailleurs, ni cordonniers, etc. Sous les sophismes et les bouffonneries qui égaient l'argumentation banale de ceux qui défendent les abus parce qu'ils en vivent, on voit percer le bon sens exquis du poête. qui avait pressenti la nécessité du travail comme condition de notre nature, et qui avait compris que l'or, par lui-même, ne constitue pas la richesse. La dernière partie de la pièce nous montre les effets de la guérison de Plutus. Un homme de bien enrichi vient remercier le dieu; un sycophante, ou délateur, ruiné, prouve que Plutus conspire le renversement de la république, une vieille folle vient se plaindre de ce qu'un beau jeune homme qu'elle aime passionnément la délaisse, depuis qu'il n'a plus besoin de ses largesses. Mercure, affamé, déserte le parti des dieux, à qui l'on n'offre plus de sacrifies, depuis que Plutus a recouvré la vue ; et il se met au service de Chrémyle, hôte de Plutus. Enfin un prêtre de Jupiter, qui meurt de faim, abandonne ses autels, et se consacre au culte de Plutus, arbitre du monde, maître des hommes et des dieux. (Aristophanes, Plutus, Comédies, traduites du Grec par Artaud, 1841 - books.google.fr).

Raphaël et les sourds

Kerger, au commencement du dix-huitième siècle, fit l'application des procédés déjà connus pour l'instruction des sourds-muets. Georges Raphaël, professeur à Rostock, publia à la même époque un travail sur l'éducation des sourds-muets. Il fait connaître dans la préface de son livre que, parmi ses six enfants, il avait trois filles privées de l'ouïe et de la parole (Statue de l'abbé de l'Épée, oeuvre de M. Félix Martin: Compte-rendu de la séance d'inauguration présidée le 14 mai 1879, Institution nationale des sourds-muets, 1879 - books.google.fr).

Pastor Georg Raphael, of Rostock, struggling to save the minds of his three deaf daughters, was not without ideas of his own, and achieved some success (Kenneth Walter Hodgson, The deaf and their problems: a study in special education, 1954 - books.google.fr).

In the early eighteenth century, Camerarius, Schott, Morhoff, and Malinkrot taught the deaf and wrote concerning them. Kerger opened a school in Silesia. George Raphael wrote "Kunst Taube Stumme reden zu lehren" in 1718 (John Lawrence Waldman, Francis Aloysius Wade, Carl William Aretz, Hearing and the School Child: School Progress, and Achievement of Public School Children, 1930 - books.google.fr).

Nosferatu le vampire (titre original : Nosferatu, eine Symphonie des Grauens1 en version originale) est un film muet allemand réalisé par Friedrich Wilhelm Murnau sorti en 1922, adapté du roman Dracula de Bram Stocker. Des scènes ont été tournées à Lauenburg, Rostock et Sylt.

À Wisborg en 1838, Thomas Hutter, un jeune clerc de notaire ayant fait un heureux mariage avec Ellen, doit partir pour la Transylvanie afin de vendre une propriété au comte Orlok qui désire avoir une résidence dans la ville. Après un périple sur une terre d’ombres, le jeune homme est accueilli au sein d’un sinistre château par le comte. Durant la transaction, Orlok aperçoit une miniature d’Ellen qui le fascine et décide d’acquérir le bâtiment – proche de la maison du couple – qui lui est proposé. Hutter, hôte du comte, ne tardera pas à découvrir la véritable nature de celui-ci. Alors Nosferatu cheminera vers sa nouvelle propriété, répandant dans son sillage une épidémie de peste. Ellen, bientôt en proie aux mains griffues de Nosferatu qui la convoite, laissera le comte faire d’elle sa victime et sacrifie son sang au vampire pour sauver la ville frappée par la peste (fr.wikipedia.org - Nosferatu le vampire).

Par la même occasion on retrouve une Hélène.

J'eusse voulu que, de même, la jeune femme de Nosferatu, même consciente tout d'abord de son sacrifice, perdît cette conscience, pour ainsi dire, cédant aux charmes du vampire, et que celui-ci ne fût pas horrible à ses yeux. Il pourrait être assez étonnant, de plus, que le vampire, de son côté, cédait aux charmes de la femme, oubliât l'heure... Je le verrais volontiers, paraissant un monstre hideux à tous ; charmant aux seuls yeux de la jeune femme, victime volontaire et séduite ; mais que, séduit à son tour, il se fit de moins en moins horrible, jusqu'à devenir vraiment l'être exquis dont il n'a d'abord pris que l'apparence. Et c'est cet être exquis que le chant du coq doit tuer, que le spectateur doit voir brusquement disparaître avec soulagement et regrets (André Gide, Journal, 1889-1939, 1940 - books.google.fr).

Il y a perte d'un des sens, l'ouïe, pour Tournesol, ce n'est pas la vue. Mais ce serait, ange, un signe de son aspect divin. Les réponses de Tournesol aux interrogations de ses interlocuteurs sont souvent décalées, mais son aide est déterminante : aide-toi, le ciel t'aidera. Lors d'une ambassade occidentale relatée par Arnoldus Van Bergen (Amsterdam, 1625 - Schoonhoven, 1683), dit Montanus, théologien protestant, auprès de l'empereur du Japon, les Japonais "blasphèment" devant des Jésuites qui leur répondent :

O pauvres misérables quel aveuglement est le vôtre! Vous adorez un Dieu qui doit être sourd ou impuissant puisqu'il vous abandonne au milieu des tourmens, où vous implorez son secours. S'il a crée le Ciel & la Terre, s'il les conserve comme vous dites, que ne vous tire-t-il de ce mauvais pas où vous étés ? Que ne change-t-il les misères qui vous ont rendu si difformes en un état plus doux ? Vous êtes dans les chaînes où vous sentez le mal qu'on vous fait, & vôtre Dieu ne vous en peut tirer, ni du moins vous rendre insensibles. N'avouërez-vous donc pas que l'Empereur est plus puissant que le Dieu des Chrétiens puis qu'il fait de vous ce qu'il lui plaît, & que le Dieu que vous adorez ne vous peut tirer de ses mains ? II est vrai reprit un Jésuite qu'il semble que Dieu nous abandonne; à voir comme il souffre qu'on nous déchire sans punir nos bourreaux, on le prendroit comme vous dites pour un Dieu sourd ou impuislant mais ce n'est qu'aux yeux des mondains & des infidelles comme vous. Vous voiez bien nos croix, mais non pas l'huile dont elles sont ointes (Arnoldus Van Bergen, Van Meurs, La Chaize, Société de Géographie de Lyon, Ambassades mémorables de la Compagnie des Indes Orientales des Provinces Unies vers les empereurs du Japon, Jacob de Meun, 1680 - books.google.fr).

Raphaël et la Licorne

La Dame à la Licorne (en italien : Dama col liocorno) est un tableau datant de 1505-1506, conservé à la Galerie Borghèse à Rome. Avant la restauration de 1935, l'œuvre comportait des retouches nécessitées par son mauvais état de conservation qui représentaient la dame avec les attributs de sainte Catherine d'Alexandrie : la roue dentée et la palme. Aucune certitude ne se dégageait sur l'auteur de cette toile, la critique avant la restauration était partagée quant à l'attribution de l'œuvre attribuée parfois au Pérugin. Cantalamessa et ensuite Longhi (1928) l'attribuèrent à Raphaël. Une restauration de la peinture en 1934-1936 a confirmé l'hypothèse de l'historien Roberto Longhi et la suppression des lourdes reprises de peinture ont révélé la licorne. En 1959, des radiographies réalisées lors de travaux de restauration sur la peinture ont confirmé qu'à l'origine, à la place de la licorne, symbole de la chasteté, la dame tenait sur ses bras un petit chien, symbole de fidélité conjugale. Ortolani fit le rapprochement de la peinture avec un dessin conservé au Musée du Louvre en proposant d'identifier le personnage représenté comme Maddalena Strozzi, épouse de Agnolo Doni, de laquelle existe un portrait mieux documenté à la Galerie des Offices (fr.wikipedia.org - La Dame à la licorne(Raphaël)).

Raphaël, La Dame à la Licorne (1506) - Galerie Borghèse, Rome

Revenons à Venise, pour admirer le tableau du Titien (petit chien) :

Nous avons de la jeunesse du Titien plusieurs tableaux qui appartiennent à cette époque. Un je ne sais quoi de vaporeux, de tendre, de charmant s'y fait jour malgré les ordres du maître. C'est d'abord l'ange Raphaël tenant par la main le petit Tobie, tel qu'on le voit encore dans l'église Sainte-Catherine à Venise (Alexandre Dumas, Michel-Ange et Raphael, Volume 2, 1846 - books.google.fr).

Le pendule de Tournesol

Pierre-Gilles de Gennes, prix Nobel de physique de 1991, affirme que, par son usage du pendule, tout de même inhabituel chez un scientifique, Tournesol rappelle aussi le professeur Yves Rocard du Collège de France qui lui est bien postérieur. (fr.wikipedia.org - Professeur Tournesol).

Hergé disait : "J'ai fait de Tournesol un mini-Piccard sans quoi j'aurais dû agrandir les cases". Hergé s'est inspiré du professeur Auguste Picard pour créer ce personnage distrait, sourd et génial inventeur dont le pendule indique toujours l'ouest ! (www.phil-ouest.com).

Le pendule Holweck

Ce pendule pourrait être une simplification comique d'un autre pendule, scientifique celui-là, élaboré avec le concours d'un jésuite, encore eux, Pierre Lejay.

L'appareil Holweck-Lejay, que nous présentons plus loin et qui n'est pas autre chose qu'un pendule, permet, à l'instar de celui des sourciers, mais avec une rigueur toute mathématique, de déceler les accidents géologiques souterrains avec une étonnante rapidité. Comment un simple pendule peut-il fournir de tels résultats ? (L'Illustration, Numéros 4713 à 4739, 1933 - books.google.fr).

Le révérend Père Pierre Lejay (Tamaris-sur-Mer, 1898 - sur le paquebot « Flandre » en Atlantique, 1958) est un jésuite et un physicien français qui dirigea la Commission scientifique des expéditions polaires. Après avoir collaboré au service Méridien et au Service de l'Heure de l'Observatoire de Paris de 1922 à 1926, il partira en Chine à l'observatoire de Zi Ka Wei à Shangaï pour y faire des mesures de longitude en 1926. Les jésuites s'y étaient réinstallés au XIXème siècle, à proximité de la tombe de Paul Siu, grand personnage du début du XVIIème siècle devenu chrétien grâce à M. Ricci, dont il était l'ami. Lejay reviendra dans cet observatoire en 1930 en tant que directeur. L'objectif principal de l'Observatoire de Zi Ka Wei résidait dans la prédiction des typhons qui ravagent si fréquemment les cotes Ouest du Pacifique.

De l'étude des pendules astronomiques, le R. P. Lejay passa à l'étude des pendules de gravité. Avec Fernand Holweck, il participa à la mise au point d'un pendule (pendule d'Holweck-Lejay) qui permet de réaliser des mesures gravimétriques de bonne précision en 1933. Cet appareil devait être suivant le cahier des charges, "peu encombrant, facilement transportable et d'une très grande sensibilité". Ce gravimètre d'interpolation l'accompagnera dans ses nombreux voyages autour du monde, ce qui permettra d'initier la création d'une carte gravimétrique à l'échelle de la Terre.

Holweck est aussi l'inventeur d'une pompe à vide moléculaire qu'il couplera aux lampes d'émission de TSF afin de les rendre démontables et réparables (et les Dupondt pompaient ?).

En 1941, Holweck s'est engagé dans des actions de résistance en mettant sur pied une équipe qui fabriquait des faux papiers d'identité destinés à permettre le franchissement de la ligne de démarcation. Il sera arrêté le 11 décembre 1941 par la Gestapo et incarceré à la Santé. Il y décède sous la torture le 24 décembre 1941. Tandis que Lejay, revenu à la vie civile en 1940, travaillera au Laboratoire National de Radioélectricité (fr.wikipedia.org - Fernand Holweck, dspt.perso.sfr.fr - Holweck, fr.wikipedia.org - Pierre Lejay, www.philateliedestaaf.fr, A. Boutaric, Une œuvre scientifique en Extrème-Orient : L’observatoire de Zi-Ka-Wei, La Nature N°2841 - 15 septembre 1930 - sciences.gloubik.info).

Les albums du Secret et du Trésor portant sur la localitsation par longitude et latitude d'un trésor sont concernés par l'activité de Lejay, collaborateur de 1922 à 1926 du Service Méridien et du Service de I'Heure de l'Observatoire de Paris :

Dans les années 1930, on constatait que "La Commission des Longitudes, des Latitudes et de l'Heure, sous la présidence de M. Esclangon, entend le rapport du Père Lejay, constate qu'aucun travail n'a été fait en France sur les latitudes, mais, par contre, que l'unification internationale de l'heure qui pouvait paraître chimérique il y a quelques années se trouve déjà en partie réalisée." (Astronomie, Volume 45, Société astronomique de France, 1931 - books.google.fr).

"Le voilà sous terre, ce tonnerre de Brest de pendule !"

Les caves gravimétriques sont les lieux traditionnels où sont installées les stations gravimétriques (Varsovie, Garchy, Bagnères de Bigorre, Poltava, Battice, Vedrin).

Bien des gravimètres sont simplement placés dans des caves profondes seulement de 2 à 4mètres (voire 10) et souvent en formation alluviale. Les Allemands et surtout les Japonais ont réalisé le plus grand nombre de stations souterraines profondes en profitant parfois de mines de cuivre et de sel.

La station fondamentale belge est la cave gravimétrique de l’Observatoire d’Uccle ; une seule station fondamentale suffit évidemment pour l’étendue de notre pays. Il faut noter que le point origine du réseau gravimétrique Belge se trouve dans la cave de l'Observatoire d'Uccle. En 1883, commencent les travaux d’édification d’un nouvel observatoire à Uccle. En 1890, le transfert des instruments s’effectue sous l’autorité de François Folie (1833-1905), le nouveau directeur.

La première mesure gravimétrique faite en Belgique date de 1892. A l'Observatoire d'Uccle nouvellement installé, MM. Defforges et Bourgeois firent leurs mesures dans la « salle voûtée », local dont le souvenir s'est perdu. Le commandant Defforges à l'aide de son « pendule réversible inversable » rattache Uccle à la valeur 981.112.0.

Le géophysicien Vening Meinesz, en 1925, rattacha à Potsdam diverses stations européennes, notamment De Bilt (Institut Météorologique) et Uccle. Il trouva en notre station : 981 131. Les mesures furent éxécutées dans une cave appelée depuis « cave gravimétrique » ; c'est dans ce local que, par la suite, diverses mesures gravimétriques furent exécutées. C'est l'époque on tous les pays se couvrent de stations gravimétriques, fondamentales et secondaires, parfois en un réseau assez serré. Le pendule de Vening Meinesz, pionnier hollandais de la gravimétrie marine, équipa les sous-marins hollandais, dès 1921.

En 1933, Holweck et Lejay avec leur gravimètre donne 981.132.6 (Bulletin des séances, Institut Royal Colonial Belge, XXIII — 1952 — 3 - www.kaowarsom.be, Ciel et terre, Volumes 68 à 69, Société belge d'astronomie, 1952 - books.google.fr, A. Wery, Sites de stations géophysiques souterraines de l'Observatoire royale de belgique, 1958 - adsabs.harvard.edu).

Raphaël et pendule

C'est chez Léo Taxil, de son vrai nom Gabriel Antoine Jogand Pagès (Marseille, 1854 - Sceaux, 1907), que l'on retrouve un lien entre pendule et l'ange Raphaël.

Orateur éloquent, fougueux, Taxil participe à des banquets républicains, lance le groupe Garibaldi de la Libre-Pensée. [...] Un temps tenté par la politique, étiquette radical, il a publié dans L'Anticlérical du 13 août 1881 un programme politique alléchant avec, pour ce qui est de la lutte contre la « vermine noire », des points précis : séparation de l'Etat et des Eglises, suppression de l'Ambassade auprès du Pape, rentrée complète du clergé dans le droit commun, abolition du Concordat. Taxil s'est essayé également à un autre genre : le Feuilleton. Le Fils du Jésuite est une réussite, un feuilleton qui marche auprès du public et lui vaut une lettre de félicitations de Garibaldi. [...] Le thème : un prêtre, très exalté, s'éprend d'une jeune femme, la drogue, la viole. Condamné au bagne, il apprend qu'il est père. Grâce à la complicité des Jésuites, il s'évade, veille sur son fils tout en commettant les pires crimes, protégé par son haut grade dans la Compagnie de Jésus. [...] A la manière de Fantomas, le jésuite, « spectre noir », se dresse sur le monde. Il est partout, capable de tout, dangereux, animal, « démarche de renard », « rictus de crocodile ». [...]

En 1886, il annonce sa conversion, fait un voyage à Rome et se jette aux pieds de Léon XIII. La hiérarchie catholique se méfia bien peu, racontera-t-il plus tard. On lui envoie un jésuite enquêteur, il avoue à mots couverts un crime, le jésuite est convaincu. Et puis on avait tellement envie de le croire. D'autant plus que, du 20 novembre 1892 au 20 mars 1895, était paru Le Diable au XIXe siècle du Docteur Bataille. Cet ouvrage surréaliste prétendait dresser l'état de l'occultisme, passant en revue ses manifestations les plus propres à frapper les imaginations naïves, de la nécromancie aux mystères des Fakirs et des Thugs. Il dénonçait surtout une vaste conspiration maçonnique à l'échelle mondiale, affirmait l'existence d'un Rite Palladique Réformé Nouveau.

Sous le pseudonyme de Bataille se cachait Carl Hacks, ancien camarade de Taxil : le « document » avait été écrit en collaboration, Hacks pour l'exotisme - il avait beaucoup voyagé - Taxil, pour les élucubrations maçonnico-lucifériennes (Elisabeth Ripoll, Léo Taxil ou le feuilleton de l'anticléricalisme, Le populaire à l'ombre des clochers, 1997 - books.google.fr).

Dans une fin de XIXème siècle où le spiritisme et le sensationnel font recette, le journaliste Léo taxil s'est spécialisé dans la dénonciation la plus délirante de la franc-maçonnerie. Et avec quel succès ! Cet ancien antriclérical y gagne même la sympathie du appe Léon XIII... avant de dévoiler lui-même, après douze ans, que son action relevait d'une "phénoménale mystification". [...] L'homme s'est moqué du monde, mais il a contribué à entretenir la haine à l'égard des Frères pour longtemps encore (Fabrice Hervieu, L'extravagante affaire Léo Taxil, L'Histoire N° 145, 1991).

"Après quoi, tu prépareras un pendule de métal lourd, en forme de triangle renversé, et tu l'attacheras avec une cordelette de soie couleur d'or ; et de même tu béniras ce triangle par l'encens et l'eau, comme tu as déjà fait pour la roue." On se sert de la roue parlante, en plaçant la peau d'agneau sur une table ; au-dessus, on suspend le pendule. On évoque Raphaël ; il ne paraît pas ; mais un démon qui prend ce nom agite le pendule. On pose des questions, et le pendule diabolisé répond en s'arrêtant de lui-même tour à tour sur les lettres nécessaires pour former les mots de sa réponse (Léo Taxil, Charles Hacks, Le diable au XIXe siècle: ou, Les mystères du spiritisme, la Franc-Maçonnerie luciférienne, Volume 2, 1894 - books.google.fr).

C'est Le diable au XIXe siècle, pour reprendre le titre de Hacks-Taxil, qui devient la figure représentative d'un « satanisme classique » dans lequel l'homme cherche à entrer en rapport avec le démon par des rites ou des techniques dont il revendique la maîtrise, ou laisse croire au public qu'il la détient (Francis Bertin, Esotérisme et socialisme, Numéro 9 de Politica Hermetica, 1995 - books.google.fr).

La Croix d'Huriel

Osera-t-on trouver une allusion aux de Brosse d'Huriel dans la machine à brosser énergiquement les vêtements inventée par le professeur Tournesol dans son logement ?

Notons aussi les gerbes liées à la page 36 du Secret de la Licorne dans un champ devant lequel passe Milou couvert de boue.

Jean Ier de Brosse (1375-1433) était appelé le maréchal de Boussac. Le blason de sa famille porte trois gerbes de blé d'or sur fond d'azur.

Au XIIe siècle, une alliance entre deux frères de la famille de Brosse et deux filles d'Ebbes III de Déols, mort sans postérité masculine vers 1256, fait passer la seigneurie de Boussac dans le giron de la famille de Brosse, dont le plus célèbre représentant sera Jean de Brosse, maréchal de France (1375-1433), compagnon de Jeanne d'Arc. La seigneurie de Boussac reste dans sa lignée directe jusqu'à Jean IV de Brosse, comte de Penthièvre et duc d'Étampes mort en 1565. Celui-ci fut le très complaisant époux d'Anne de Pisseleu, maîtresse de François Ier.

La salle des gardes du château abrita, à partir du XVIIIe siècle, les six tapisseries de La Dame à la licorne. Exécutées dans les Flandres entre 1484 et 1500. Commandées par Jean Le Viste, président de la Cour des Aides de Lyon, elles parvinrent à Boussac à la suite d'héritages successifs, des Le Viste aux La Roche-Aymon, puis aux Rilhac, barons de Boussac, et enfin aux Carbonnières, propriétaires de Boussac à la veille de la Révolution (fr.wikipedia.org - Boussac (Creuse)).

Un passage de Jeanne de George Sand, lie l'expression ad hoc avec les tapisseries de la Dame à la Licorne. Une lecture de George Sand par les auteurs des albums de Tintin leur aurait-elle donné l'idée du Secret de la Licorne ?

La plus belle décoration de ce salon était sans contredit ces curieuses tapisseries énigmatiques que l'on voit encore aujourd'hui dans le château de Boussac, et que l'on suppose avoir été apportées d'Orient par Zizime et avoir décoré la tour de Bourganeuf durant sa longue captivité. Je les crois d'Aubusson, et j'ai toute une histoire là-dessus qui trouvera sa place ailleurs. Il est à peu près certain qu'elles ont charmé les ennuis de l'illustre infidèle dans sa prison, et qu'elles sont revenues à celui qui les avait fait faire ad hoc, Pierre d'Aubusson, seigneur de Boussac, grand-maître de Rhodes. Les costumes sont de la fin du XVème siècle. Ces tableaux ouvragés sont des chefsd'œuvre, et, si je ne me trompe, une page historique fort curieuse (George Sand, Jeanne, Oeuvres complètes, Blanchard, 1852 - books.google.fr).

Pierre d'Aubusson n'était pas seigneur de Boussac, comme le dit ici Sand.

Jeanne, un des romans les plus injustement méconnus de George Sand, est l'histoire d'une jeune bergère de La Marche, native de Toull, antique cité gauloise, puis romaine, qui est engagée comme servante à la petite ville voisine de Boussac. Trois hommes la désirent : Marsillat, un avocat en quête de bonnes fortunes paysannes, Guillaume de Boussac, un jeune aristocrate mélancolico-rêveur, sir Arthur, un riche Anglais au cœur noble. Ce dernier ne souhaite qu'une chose, épouser la jeune fille, mais elle se refuse obstinément au mariage au nom d'un vœu qu'elle a fait autrefois, lorsqu'elle se réveilla quelques années plus tôt, croyant que c'était une trace du passage des fades, avec trois pièces dans la main, que les trois hommes, en promenade dans le pays d'Ep-nell avaient, pour s'amuser, déposé, Jeanne enfant étant endormie sur une pierre jomâtre (livres-anciens-numerises.e-monsite.com - Jeanne de George Sand).

Boussac est aussi le nom d'un industriel français du textile, Marcel, né à Châteauroux, à côté de Neuillay-les-Bois, en 1889 et mort en 1980. Il a lancé, en 1946, le couturier Christian Dior (Tristan Bior chez Hergé, Les Bijoux de la Castafiore, 1963). La fortune de Marcel Boussac s'est faite en France, avant, pendant et après la Première et la Seconde Guerre mondiale. Ce fils d'un confectionneur drapier, aidé par un large crédit paternel, avait quitté Châteauroux pour s'installer à Paris et se lancer dans le négoce du tissu. En 1914, on confie à ce jeune homme aux dents longues la confection des uniformes militaires. Le bleu-horizon c'est lui (Yann Kerlau, Les secrets de la mode, 2013 - books.google.fr).