Partie XI - La Vraie Langue Celtique de l’abbé Henri Boudet   Etudes particulières de psaumes   Tintin et ses sept châteaux, ou plus   
LA VRAIE LANGUE CELTIQUE BOUDET TINTIN SEPT CHATEAUX BOHEME ROI TRISTRAM SHANDY

 

 

Sommaire

Introduction

Silvermount (Tintin en Amérique) : château du diable

Bakhine (L'Affaire Tournesol) : l'Homunculus

Ben More (L'Île noire) : Mélusine

Ksar de Müller (Tintin et l'Or noir) : château de sucre

Palais royal de Klow (Le Sceptre d'Ottokar) : château de cristal

Kropow (Le Sceptre d'Ottokar) : château de sel

Moulinsart : l'Arcadie

Conclusion : la pluralité des mondes

 

 

Introduction

C'est dans Tristram Shandy qu'on lit l'Histoire du roi de Bohême et de ses sept châteaux (1. V, ch. 263), contée dans une quinzaine de pages par le caporal Trim, qui (à force d'être interrompu par son capitaine Toby) ne parvient pas à dépasser la phrase : Il était un certain roi de Bohême... Or, Charles Nodier a trouvé le moyen de pousser cette mystification plaisante jusqu'aux dernières limites, dans son Histoire du roi de Bohême et de ses sept châteaux, parue à Paris en 1830. Il y imite Sterne, en l'exagérant : les quinze pages de l'original s'enflent à 387, remplies d'allures capricieuses, d'interruptions perpétuelles, de chapitres imprimés à l'envers, de citations d'auteurs inconnus. Et toutes ces extravagances sont écrites dans des pastiches de divers styles presques illisibles (Lazar Saineanu, Problèmes littéraires du seizième siècle: Le Cinquième livre, Le moyen de parvenir, Les Joyeux devis, 1927 - books.google.fr).

Silvermount (Tintin en Amérique) : château du diable

Tintin en Amérique (initialement Les aventures de Tintin, reporter du «Petit Vingtième», en Amérique) est le troisième album de la série de bande dessinée Les Aventures de Tintin, créée par Hergé. D'abord pré-publié en noir et blanc du 3 septembre 1931 au 20 octobre 1932 dans les pages du Petit Vingtième, supplément du journal Le Vingtième Siècle, l'album est publié pour la première fois en 1932. La version couleur et actuelle de l'album est parue en 1946. C'est l'album des Aventures de Tintin le plus vendu dans le monde. Lors de la publication de l'album aux États-Unis (vers 1973), Hergé fut contraint par les éditeurs de supprimer toute mixité raciale. C'est cette version qui est actuellement disponible sur le marché (fr.wikipedia.org - Tintin en Amérique).

Silberberg - Srebrna Gora

Le Fort de Srebrna Góra (en allemand original Festung Silberberg) est un ancien fort militaire, actuellement monument historique et transformé en musée, situé en Basse Silésie en Pologne. Il fut construit de 1765 à 1777 dans le royaume de Prusse.

La forteresse de Srebrna Góra/Silberberg a été construite au XVIIIe siècle selon les plans de l'ingénieur prussien Ludwik Wilhelm Regler, supervisé par le roi Frédéric le Grand. La forteresse devait protéger militairement la Silésie acquise par la Prusse en 1740. Les fortifications furent assiégées par l'armée napoléonienne pendant la guerre de franco-prussienne (1806-1807). Le 28 juin 1807, les Bavarois et les Wittemberg tentent de prendre d'assaut le Srebrna Góra. La forteresse a répondu par le feu. Elle n’a pas été prise et le 9 juillet 1807 le traité de Tilsit est signé (fr.wikipedia.org - Fort de Srebrna Gora).

Silberberg, autrefois célèbre par ses mines d'argent, est une place forte située dans les Eulen-Gebirge, et qui se compose de cinq hauteurs fortifiées ; elle couvre la vallée de Glatz qui est une place forte qui couvre la principale entrée de la Silésie du côté de la Bohême (Conrad Malte-Brun, Géographie universelle de Conrad Malte-Brun, entièrement refondue et mise au courant de la science par Th. Lavallée, Tome 3, 1863 - books.google.fr).

Hradec Králové (prononcer ; en latin Hradecz Reginae ; en allemand : Königgrätz — littéralement «le château des rois») est une ville de la République tchèque et le chef-lieu de la région de Hradec Králové au nord-est de la Bohême ( - books.google.fr).

Sur un rythme frénétique il annonce un voyage en Bohême qui n’aura jamais lieu. En effet, si le 60e et dernier chapitre du Roi de Bohême significativement nommé «SOLUTION», nous mène au pied du pont-levis du château de Koenigsgratz («est-il possible ? Serions-nous déjà dans le plus triste des sept châteaux du roi de Bohême ?»), c’est aussitôt pour stopper net l’élan de l’auteur interrompu par le doigt sans réplique du «libraire» soucieux de ne pas dépasser les 387 pages annoncées (gallica.bnf.fr) (La Vraie Langue Celtique de l’abbé Henri Boudet : Etudes particulières de psaumes : Excursion en Syldavie : Le Sceptre d’Ottokar, réaction chimique).

Ce n'est pas la première fois que Tintin se confond avec Perceval, chevalier en armure. À la fin de son aventure en Amérique, il recevait sur le crâne une épée ancienne servant d'enseigne à un armurier (p.48.14). C'était un premier signe. À la page suivante, il croisait sur son chemin une statue équestre dorée représentant un cavalier en armure posée sur un socle orné de l'inscription «conserves «le chevalier»». C'était un second signe. Tintin était alors sur la piste de Milou qui venait d'être enlevé par un gang de kidnappeurs. Il suivait la direction de Silvermount, en anglais «montagne d'argent». Mais surtout, en langage symbolique : mont-silver, c'est-à-dire Mont Sauveur. Sur les traces d'une auto rouge, il arrivait à un mystérieux château entouré d'un parc, lui-même ceint de hauts murs et d'une grille de fer. Une fois dans la place, Tintin revêtait une armure médiévale avant d'assommer les gangsters un à un à l'aide du pommeau de son épée. Empruntant un escalier en colimaçon très semblable à celui menant à la crypte de Moulinsart, il descendait jusqu'aux cachots. À l'intérieur des geôles étaient enfermés plusieurs otages parmi lesquels un général répondant au nom de Sword, qui en anglais signifie "épée", Tintin, chevalier d'épée, s'emparait alors du trousseau de clés et ouvrait la porte de la chambre secrète dans laquelle Milou était enchaîné (p.51.10). [...] L'épisode du château de «Tintin en Amérique» possède plus d'un point commun avec celui du «Secret de la Licorne» (Pierre-Louis Augereau, Hergé au pays des tarots: Une lecture symbolique, ésotérique et alchimique des aventures de Tintin, 1999 - books.google.fr).

En Amérique, Tintin va chercher Milou à Silvermount, dans le Secret c'est Milou qui suit la piste de Tintin jusqu'à Moulinsart.

William Randolph Hearst et Julia Morgan ont reconstruit une partie du château de Buxbaum près de Würzburg qui appartenait au comte Bassenheim.

Cet homme, qui s'est jeté dès l'âge de dix-huit ans dans la lutte quotidienne, a vécu tous les instants de la vie américaine, la façonnant même à certaines heures. Or, on retrouve, au plus haut point, chez cet apôtre du «Pan-américanisme», la nostalgie de l'Europe et de son passé. Maître d'une grande partie de la presse américaine, directeur de nombreuses revues qui, tous les jours, influent sur la pensée et la manière de vivre de millions d'Américains, ce personnage de légende, en rapport constant avec ses mille postes d'écoute, est le dictateur absolu de tout un réseau dont les innombrables branches s'étendent sur le monde entier. Hearst, dont on annonce annuellement la décadence, mais qui survit à toutes les crises, est le dernier grand personnage de l'Amérique romantique, de l'âge du rude et franc pionnier, qui ne craint pas de dire à tout le monde ce qu'il pense, et s'embarrasse peu des méthodes plus subtiles, plus courtoises mais plus anonymes, et combien plus meurtrières de l'époque actuelle. A la mort de son père il hérita d'une fortune déjà considérable, sa mère, Mrs. Phœbe Hearst, lui laissa aussi une importante collection, et une somme appréciable, à condition d'en dépenser annuellement le revenu dans l'achat d'œuvres d'art. Mais Hearst n'avait pas attendu cet encouragement matériel pour amasser des chefs-d'œuvre. Dès la fin du XIXe siècle, il parcourut le monde à la recherche de documents architecturaux, de sculptures, peintures, mobilier, armes, objets d'art, s'intéressant aux époques les plus diverses, mais toujours avec un penchant plus marqué pour le Moyen Age et la Renaissance. Que possède-t-il ? Au juste, il est seul à le savoir, doué d'une mémoire étonnante, il se rappelle ses moindres acquisitions. Ses collections, en mouvement continuel, vont aux quatre coins du monde, d'une de ses nombreuses demeures à l'autre. Propriétaire d'un domaine considérable en Californie, il a construit à San Simeon un château médiéval, puis un village bavarois «Wyntoon», sans compter sa résidence de New-York, son château de San-Donats en Angleterre, son ranch au Mexique. Dans les divers domaines qu'il habita ou habite, lui et son architecte, Miss Morgan, entourés d'une armée d'artistes et de techniciens, ont fait construire, démolir, transformer décorant bâtisses et jardins, d'un mausolée égyptien, de monuments romains, de mosaïques, de plafonds, de cheminées, de sculptures médiévales, de tapisseries qu'il retirait de son immense garde-meuble de Bronx) (René Brimo, L'évolution du goût aux États-Unis d'après l'histoire des collections, 1938 - books.google.fr).

Hearst Castle était le domaine somptueux du magnat de la presse William Randolph Hearst, situé à San Simeon, dans le comté de San Luis Obispo, sur la côte centrale de Californie, entre Los Angeles et San Francisco. Il fut construit entre 1919 et 1947 par l'architecte Julia Morgan pour Hearst et sa maîtresse, l'actrice Marion Davies, magnat milliardaire de la presse, le modèle du personnage de Charles Foster Kane incarné par Orson Welles dans son film Citizen Kane, sorti en 1941. Le palais lui-même, évoqué dans le film sous le nom de Xanadu, est à la démesure des palais mythiques de l'Antiquité transposés au cœur de la Californie (fr.wikipedia.org - Hearst Castle).

Il s'agit de Buxheim ("village du buis") près d'Ulm et non de Würzburg (la ville de la saucisse : cf. pp) (A Gazetteer of the World: Or, Dictionary of Geographical Knowledge, Tome 2, 1859 - books.google.fr).

Jusqu’en 1802, Buxheim était la seule chartreuse d’obédience impériale. En 1803, le couvent passe à la famille des comtes d’Ostein, qui laissent provisoirement subsister le couvent, mais n’acceptent plus de novices. Le dernier moine meurt en 1860. En 1809, le couvent passe par héritage au comte Waldbott von Bassenheim qui utilise les bâtiments comme château et résidence particulière. Durant la Seconde Guerre mondiale, une partie de l’établissement est réquisitionnée par l’état-major du Reichsleiter NSDAP Alfred Rosenberg et l’on y entrepose des œuvres d’art spoliées.

Séminaire de prêtres fondé vers 1100, le doyen Heinrich von Ellerbach cède ce doyenné économiquement faible, à la limite du minimum vital, aux chartreux, en 1402 (fr.wikipedia.org - Chartreuse de Buxheim).

La famille de Bassenheim, originaire d'un château des environs de Coblentz, porte le surnom de Waldbot, ce qui veut dire défenseur de la forêt. Henri Waldbot de Bassenheim fut, en 1190, le premier grand maître de l'ordre Teutonique, et la famille de Bassenheim devait à cette circonstance la distinction que son chef était chevalier-né de l'ordre, quand même il était marié (Christophe Guillaume Koch, Friedrich Schoell, Histoire abrégée des traités de paix entre les puissances de l'Europe, depuis la Paix de Westphalie, Tome 2, 1837 - books.google.fr).

Mais pas besoin de chevalier teutonique (cf. Le Sceptre d'Ottokar) pour comparer les boites de conserve aux armures des chevaliers.

Le château de Saint-Donat (en anglais St Donat's Castle) est un château médiéval de la fin du XIIe siècle se situant dans la vallée de Glamorgan au pays de Galles à 25 km à l'ouest de Cardiff donnant vue sur le canal de Bristol. Après avoir vu des photos du château dans le magazine Country Life, William Randolph Hearst l'acheta en 1925. Hearst dépensa toute une fortune pour la rénovation et la revitalisation du château, apportant l'électricité non seulement pour sa résidence mais aussi pour la région environnante. Les habitants de la vallée appréciaient d'avoir Hearst comme propriétaire du château; il payait très bien ses employés. Le magnat de la presse a passé beaucoup de son temps à divertir les gens influents sur ses terres. Ainsi, Saint-Donat est connu pour avoir abrité des soirées auxquelles étaient présents plusieurs invités de marque comme Charlie Chaplin, Douglas Fairbanks, et le jeune John F. Kennedy. Lors de sa visite à Saint-Donat, George Bernard Shaw dit : «C'est ce que Dieu aurait construit s'il avait eu de l'argent» (fr.wikipedia.org - Château de Saint-Donat).

Bill est un bandit qui enlève Milou en vue d'obtenir une rançon et qu'on retrouve au château.

Le prénom Wilhelm vient du germain "will" (volonté), et "helm" (heaume, casque, protection). Guillaume est un prénom fort courant depuis le IXe siècle, aussi bien en Allemagne (sous la forme Wilhelm) qu'en Angleterre (William) et en France, où il se fera plus rare après la guerre de 1914-1918, Guillaume ayant été le nom du Kaiser (fr.wikipedia.org - Liste des personnages des Aventures de Tintin).

Le mystère de l'écu caché

A l'entrée du bureau du chef chauve des bandits kidnappeurs se trouve caché par les bulles un écu portant un blason. Avec les deux cases de la page 50 où il est dessiné, on peut le reconstituer entièrement.

Les runes anglo-saxonnes, aussi appelées futhorc ou fuþorc, étaient un alphabet runique utilisé par les Anglo-Saxons. Composées de 28 à 33 runes, elles descendent du vieux futhark qui comprenait lui-même 24 caractères. Probablement utilisées à partir du Ve siècle, elles permettaient d’écrire le vieil anglais et le vieux frison. Étant donné que l'anglais n'est pas une langue latine, l'alphabet runique était et est toujours plus adapté au niveau de la phonétique afin de retranscrire les sons de la langue anglaise. (fr.wikipedia.org - Runes anglo-saxonnes).

Kaunan (ou Kauna, Kaunaz), alternativement Kenaz est la sixième rune du Futhark et de la famille de Fehu / Fraujaz / Freyr. Elle est précédée par Raido et suivie de Gebo. Elle est nommée Cen en anglo-saxon («torche», peut-être une référence à la brûlure de l’ulcère) et Kaun en vieux norrois («ulcère») (fr.wikipedia.org - Kaunan).

Quand les Germains et les Scandinaves embrassèrent le Christianisme, ils adoptèrent les lettres latines de l'Eglise romaine; et les runes que le javelot d'Odin avait gravées sur le granit devinrent des figures magiques, des signes diaboliques (Ferdinand Schütz, Philosophie du langage et des signes graphiques de la pensée, Mémoires de l'Académie de Stanislas, 1856 - books.google.fr).

On fait une indifélité à Goethe pour lorgner sur l'anglo-saxon Marlowe.

Ce qui était impossible à Marlowe, Gœthe a pu le faire, lui ! Pourquoi? C'est que Gœthe a vécu dans un temps où la victoire intellectuelle était remportée, où, les dogmes étaient en débute, où la pensée était libre. C'est que Gœthe est venu après les encyclopédistes, après Bacon, après Locke, après Condillac, après Voltaire, après Diderot, après Spinosa ! Alors la terreur religieuse était passée; la raison, rassurée par Descartes, avait cessé de trembler devant la foi. La nature était étudiée par l'homme au grand jour. Les connaissances humaines avaient quitté, leur antique pseudonyme et pris leur vrai nom l'alchimie avait jeté le masque et s'appelait la chimie; l'astrologie avait jeté le masque et s'appelait l'astronomie; l'hérésie avait jeté le masque et s'appelait la philosophie; la magie avait dépouillé son mystérieux costume du moyen âge et s'appelait la Science. Alors l'antiquité avait été examinée, explorée, fouillée dahs tous ses chefs-d'œuvre et dans tous ses monuments. L'Olympe était devenu classique. Les statues des dieux renversées par la foi avaient été relevéés par l'art. Apollon avait retrouvé son piédestal au Belvédère, et Vénus ressuscitée avait dans chaque musée un temple. Alors l'histoire avait découvert la filiation secrète des civilisations, et consacré par les faits cette union de l'antiquité et du moyen-âge que la légende avait symbolisée dans les amours de Faust et d'Hélène. Que l'on compare les existences si diverses de Marlowe et de Gœthe, et l'on s'expliquera plus facilement la différence profonde de leurs deux œuvres. Pour avoir voulu attirer sur Faust la pitié du spectateur, Marlowe, malgré la rigueur trop orthodoxe de sa conclusion, est accusé d'hérésie, renié par ses camarades, excommunié par le clergé : il serait jugé, condamné et brûlé peut-être, si le couteau de Francis Archer ne le sauvait du bûcher. Sa mort est regardée comme un châtiment céleste, et la postérité; plus cruelle encore que les contemporains du poète le condamne à la peine infamante de l'oubli. Voyez, au contraire, la destinée de Gœthe ! Gœthe, auteur à vingt-trois ans de la première partie de Faust, devient ministre d'un grand-duc de Saxe. [...]

A Dieu ne plaise que nous contestions l'originalité de Gœthe dans son admirable drame. Ce que nous voulons, c'est que cette originalité, toute puissante qu'elle est, n'empiète pas sur celle des autres. Or, l'originalité du grand poète de Weymar n'est pas là où la critique l'a mise complaisamment jusqu'ici; elle n'est pas dans la création des figures principales de l'œuvre, mais dans l'invention des figures secondaires. Ce n'est pas lui qui a créé Hélène, pas plus que Faust, pas plus que Méphistophélès, pas plus que Wagner; mais c'est lui qui a créé Euphorion, Homunculus, l'étudiant. L'originalité de Gœthe n'est pas dans la découverte de l'idée, elle est dans le développement de l'idée, dans le changement des rapports entre les personnages, dans la composition des scènes. Ce qui est à lui et bien à lui, par exemple, c'est ce Walpurgis païen où Faust assiste au sabbat de l'antiquité, après avoir assisté au sabbat du moyen âge, où Méphistophélès, ce diable de la légende, se fourvoie parmi tous les démons de la mythologie, où ce grotesque du romantisme passe en revue tous les grotesques classiques, les Kabires, les Dactyles, les Imbes, les Arimaspes, les Griffons et les Lamies. La légende, en conjurant Hélène, n'avait évoqué du passé que la beauté suprême; Gœthe, en conjurant Phorkias, évoque la laideur idéale.

Ce qui est à Gœthe encore, c'est le dénouement de son drame. La légende catholique termine la vie de Faust par la damnation. Le drame protestant de Marlowe l'achève par la damnation aussi. Le drame panthéiste de Gœthe la finit par le pardon. Conclusion sublime, mais qui n'était possible qu'au dix-neuvième-siècle ! Ce pacte que Faust a conclu avec le démon, Gœthe le déchire ; ce billet passé à l'ordre de l'usurier diabolique, il le déclare nul et non avenu, en vertu d'une justice supérieure dont la philosophie lui dicte l'arrêt. Et quant à l'âme du damné, cette âme que : l'orthodoxie religieuse tenait enfermée dans l'enfer, Goethe la délivre, la purifie et la fait porter par les anges au sommet du paradis !

LE MAUVAIS ANGE. Et maintenant, Faust, que tes yeux contemplent avec horreur l'immense cachot de l'éternelle torture. Voici les furies qui secouent les âmes des damnés au bout de leurs fourches brûlantes, tandis que leur corps sont dans le plomb fondu. Voici des quartiers vivants qui grillent sur le charbon sans pouvoir jamais mourir. Cette chaise toujours rouge est le lit de repos des âmes excédées de supplice. Ces êtres qu'on nourrit de tisons ardents étaient des gloutons qui n'aimaient que les friandises et qui riaient de voir le pauvre mourir de faim à leurs portes. Mais tout cela n'est rien : tu verras dix mille supplices plus horribles encore

Ceci est une allusion au mauvais riche que l'évangile de saint Luc nous montre supplicié dans l'enfer :

19. Or, il y avait un homme riche qui se vêtait de pourpre et de fin lin, et qui tous les jours se vêtait splendidement. 20. Il y avait aussi un pauvre nommé Lazare, couché à la porte du riche et tout couvert d'ulcères ; 21. Et qui désirait d'être rassasié des miettes qui tombaient de la table du riche; et même les chiens venaient et lui léchaient ses ulcères. 22. Et il arriva que le pauvre mourut, et il fut porté par les anges au sein d'Abraham ; le riche » mourut aussi et fut enseveli. 23. Et étant dans l'Hadès (év tu ôon), et élevant ses yeux comme il était dans les tourments, il vit de loin Abraham et Lazare dans son sein. 24. Et s'écriant, il dit : Père Abraham, aie pitié de moi, et envoie Lazare qui, mouillant dans l'eau le bout de son doigt, vienne rafraîchir ma langue, » car je suis grièvement tourmenté dans cette flamme. 25. Et Abraham répondit : Mon fils, souviens-toi que tu as reçu tes biens en ta vie et que Lazare y a eu ses maux; mais il est maintenant consolé et tu es grièvement tourmenté. 26. Et outre tout cela, il y a un grand abime entre nous et vous, tellement que ceux qui veulent passer d'ici vers vous ne le peuvent, non plus que » ceux qui veulent de lå passer ici.

On peut remarquer que l'ange qui fait voir à Faust le cachot de l'éternelle torture, lui montre à la fois l'enfer païen des Furies et l'enfer chrétien où le nouveau Testament place le mauvais riche. Cette confusion entre les deux enfers peut sembler peu orthodoxe au premier abord. Mais, pour peu qu'on étudie la question de près, on conclut que cette hérésie n'est qu'apparente; car c'est l'Évangile lui-même qui établit cette confusion, en désignant l'enfer chrétien sous le nom parfaitement païen de Hadès (Le Faust de Christophe Marlowe, traduit par François-Victor Hugo, 1857 - books.google.fr).

Saint Luc renvoie aux Evangiles : la bonne nouvelle, cf. Goodnews, le sénateur enfermé à Silvermount, qui peut aussi faire allusion à Hearst magnat de la presse ; "Le cachot de l'éternelle torture" à ceux du château américain.

Pour qui Hergé voudrait faire passer Tintin ?

Page 58, Tintin est enlevé au cours d'un banquet en son honneur, puis c'est Milou, qui retrouve son maître page 59 et qui lui lèche le visage.

Dans la "littérature clunisienne", le diable fait son apparition au chevet du mourant dans la Vita de saint Odilon, c'est-à-dire vers le milieu du XIe siècle. Cette tradition littéraire se prolonge dans les Vitae de saint Hugues qui sont contemporaines ou de peu postérieures au portail de Mâcon. Dans ces textes, l'abbé apparaît même comme un véritable spécialiste de la lutte contre les démons venus tourmenter les mourants. L'œuvre de Pierre le Vénérable, enfin, regorge de récits de cet ordre, mais elle ne peut pas être utilisée ici puisqu'elle est nettement postérieure au portail. Lorsque l'âme s'apprête à quitter le corps, on demande de libérer celle-ci des attaques du diable et de son épée. Dans le sacramentaire de Saint-Martin de Tours (fin IXe-début Xe siècle), on demande au Seigneur de libérer le défunt de toute une série de dangers: A insidiis diaboli, libera eum domine / A gladio maligno, libera eum domine / A spiritu maligno.

Dans la messe que le pontifical romano-germanique prévoit pour ceux qui sont à l'article de la mort, on invoque le Seigneur pour qu'il empêche le diable de triompher de leur âme au moment du transitus. Parfois, c'est à l'archange Michel que l'on s'adresse pour écarter cet agresseur. Pour la fête qui lui est consacrée, on chante un répons dans lequel l'archange est appelé à défendre le chrétien au combat, et un verset qui précise que son intervention doit éviter à l'âme du défunt de périr lors du jugement. Il n'est pas précisé quel est ce jugement. Il reste que ces chants associent deux motifs employés également dans les récits sur l'au-delà : le combat spirituel et le jugement. Il faut encore mentionner l'antienne In paradisum dans laquelle on demande aux anges d'escorter l'âme du défunt au paradis et de la conduire dans la Jérusalem céleste. Dans le pontifical romano-germanique, cette antienne était chantée notamment lorsque le corps était transporté dans l'église pour la vigile qui lui était destinée i0. L'iconographie du jugement individuel a repris les principaux éléments constitutifs de ces récits et de la liturgie. Cette iconographie demeure toutefois mal définie. On a eu et on continue d'avoir tendance à situer les affrontements entre les anges et les diables à la fin des temps.

Pour les représentations de la mort de Lazare et du mauvais riche, en tout cas, aucun doute n'est possible, leur destin se joue immédiatement après le décès. Or, dans la plupart des illustrations romanes de ce passage biblique, interviennent des anges et des démons. Sur un chapiteau de Vézelay, les démons ne s'attaquent pas au pauvre Lazare et les anges ne défendent pas le mauvais riche. Comme le décrivent les prières de la liturgie funéraire, deux anges conduisent l'âme du juste dans le sein d'Abraham qui fait ainsi office de paradis d'attente Le sort de ces deux hommes ne fait donc l'objet d'aucun conflit, comme si la sentence était évidente. En revanche, comme l'a bien fait remarquer Jérôme Baschet, à San Pietro de Spolète, le diable est venu accuser Lazare, contraignant ce dernier à subir l'épreuve de la balance. A Autun, l'iconographie est également très audacieuse puisque le mauvais riche se précipite devant l'âme de Lazare pour implorer sa pitié, alors que cette dernière repose déjà dans le sein d'Abraham 35. Le patriarche se voit donc contraint d'intervenir d'un geste de la main, afin de l'arrêter. Le mauvais riche et le diable qui l'agrippe par la jambe jouissent donc ici d'une licence exorbitante puisqu'il leur est permis de faire irruption dans ce lieu de repos qu'est le sein d'Abraham où comme le dit la parabole (Luc 16,26), aucun contact n'est possible avec l'enfer dont il est séparé par un abîme infranchissable (Marcel Angheben, L'iconographie du portail de l'ancienne cathédrale de Mâcon : une vision synchronique du jugement individuel, Les Cahiers de Saint-Michel de Cuxa, 2001 - books.google.fr).

L'épée de Damoclès, enseigne d'un armurier, tombe sur la tête de Tintin, son attache ayant été coupée par le policier que le héros a assommé par inadvertance (page 48).

Ploutos/Pluton/Hadès - Mammon

Il nous a raconté l'histoire d'un riche qui n'avait pas secouru le pauvre Lazare, et dont il envia le sort, lorsque, morts tous deux, Lazare reposa dans le sein d'Abraham, lui-même devint la proie des tourments éternels. Et celui qui nous enseignait ainsi ressuscitait les morts, et c'est en son nom que j'ai ressuscité et guéri tous ceux que vous savez ! Mais pour avoir ces miraculeuses richesses, il faut renoncer aux richesses de la terre ! Vous chassiez les démons, vous les craignez aujourd'hui ! Mammon est le nom du démon, le prince de ceux qui aiment le lucre : ils accumulent des richesses dont ils ne peuvent pas se servir ; pour qui les gardent-ils, nul n'en sait rien, selon ce que dit l'Esprit (La légende des apôtres - Les gestes de Jean) (Albert Dufourcq (1872-1952), Étude sur les Gesta martyrum romains, 1900 - archive.org).

Que dit donc l'Ecriture ? «Servez-vous de l'inique Mammon pour vous faire des amis, afin qu'il vous fasse recevoir dans les tentes éternelles. (Luc, XVI,9) Quel est le sens de ces paroles ? Dans la vie présente, il faut se faire des amis en donnant de l'argent, en dépensant sa fortune pour ceux qui sont dans le besoin. Dans ce passage, l'Evangéliste n'a donc en vue que l'aumône et la libéralité. De sorte que si vous vous en allez dans l'autre monde sans avoir rien fait de tout cela, nul ne vous protégera. Car ce n'est pas l'amitié de ces gens-là qui peut vous protéger, mais bien le fait même d'avoir employé l'inique Mammon à vous procurer des amis. C'est pour cela que l'Evangéliste ajoute ces mots: «se servir de l'inique Mammon pour acquérir des amis,» voulant vous faire entendre que vous serez protégé par vos propres actions, par vos aumônes, par votre amour pour vos semblables, par votre empressement à secourir ceux qui sont dans le besoin (Commentaire sur le psaume 48) (Saint Jean Chrysostome Oeuvres complètes, 1865 - books.google.fr).

Dates et cachots

Il faut se référer aux dates du calendrier julien auxquelles Eugène Tisserant fait correspondre celles du calendrier copte des saints d'Ibn Kabar pour trouver un rapport avec la parabole du pauvre Lazare : celui-ci est fêté le 17 baounah soit le 20 juin (date de l'enlèvement de Goodnews).

Le 25 juin (date de l'enlèvement de Milou) correspond à la sainte Fébronie (Patrologia Orientalis, Volume 10, 1915 - books.google.fr).

Le calendrier d'Abû'l Barakât est un texte arabe du XIVe siècle qui reproduit un calendrier de l'Église copte. Terminé en 1909, le travail d'Eugène Tisserant fournit un fascicule à la Patrologia orientalis de Mgr Graffin, en 1913 (Étienne Fouilloux, Eugène, cardinal Tisserant (1884-1972), 2011 - books.google.fr).

Eugène Tisserant est un orientaliste et un cardinal français, né le 24 mars 1884 à Nancy et mort le 21 février 1972 à Albano Laziale (Latium). Ayant vécu sous le pontificat de sept papes, il adopte une attitude progressiste au sujet de l'unionisme, de la condamnation du Sillon, de la crise néothomiste et moderniste. (fr.wikipedia.org - Eugène Tisserant).

Al-Shaykh al-Mu'taman Shams al-Riyâsah ibn al-Shaykh al-Akmal al-As'ad Abû al-Barakât ibn Kabar, ou plus brièvement Abû al-Barakât ibn Kabar (parfois transcrit Ibn Kubr), est un prêtre de l'Église copte, écrivain de langue arabe, mort en 1324. Il fut secrétaire du ministre et historien musulman Baybars al-Mansûrî, qu'il aurait aidé à rédiger son grand ouvrage Zubdat al-fikra. En 1300, il fut ordonné prêtre sous le nom de Barsum, et fut affecté à la Mu'allaqah, prestigieuse église copte du Vieux Caire. Nombre de ses sermons en prose arabe rimée ont été conservés. Il échappa à la persécution des chrétiens coptes qui eut lieu en 1321, et mourut peu après (fr.wikipedia.org - Ibn Kabar).

Les Nouvelles Fleurs des Saints, par le P. Ribadeneyra , édition du P. Martin Simon, religieux minime, en 1667, fixent sa date au 25 de Juin. L'abbé E. Daras, traducteur du P. Ribadeneyra, donne plus de détails que Ribadeneyra et conserve aussi la date du 25 Juin ; Jandis que le Martyrologe gallican de du Saussay dit que la fête de sainte Fébronie, vierge et martyre, était célébrée à Fontevrault le 23 Juillet. Les parents de cette sainte ne nous sont pas connus. Nous savons seulement qu'elle fut élevée dans un monastère de Sybapolis, en Syrie, dont sa tante était abbesse. A la même époque, mourait Antimius, romain et homme de grande qualité, qui laissait un fils nommé Lysimaque sous la conduite d'un oncle nommé Selenus. Dioclétien , craignant que Lysimaque n'embrassât la religion chrétienne, qui était celle de sa mère, envoya en Orient l'oncle et le neveu, pour y tourmenter les chrétiens.

Le manuscrit Textus primus Evangeliorum de tempore, ad usum monasterii sancti Petri Remensis, ordinis frontalebraldi qui decantari solent in ecclesiâ hujus monasterii expensis illustrissimæ, principissae D. D. Renatae à Lotharingiâ, prardicti monasterii abatissae, absolutae anno Domini 1591. Il était orné de lettres initiales enrichies de dorures et de fleurs. L'un des émaux formant la reliure représentait J.-C. élevé , crucifié, et ayant à ses côtés deux voleurs aussi en croix. Ceux-ci étaient attachés avec des cordes. Les disciples, la mère du Christ, des soldats, des gens du peuple, étaient aux pieds de la croix. Ce morceau passait pour être du XIIIe siècle. L'autre émail, moins ancien et par conséquent beaucoup mieux dessiné que celui dont nous venons de parler, représentait les détails du martyre de sainte Fébronie ; il était divisé en neuf tablettes dont voici le contenu : On voyait dans la première : sainte Fébronie à genoux et faisant ses oraisons devant un prie-dieu sur lequel était un livre ouvert; elle était revêtue de ses habits de religion et portait à son bras droit la crosse abbatiale; à côté d'elle était un petit chien blanc ou un agneau , couché sur la terre. Plus bas étaient les armoiries de l'abbaye de SaintPierre de Reims. Seconde tablette : Deux bourreaux arrachaient, avec des tenailles, les dents de Fébronie, attachée nue à une potence; son corps était couvert de blessures sanglantes : elle venait de subir le supplice du fouet. Troisième tablette : Fébronie était suspendue par les bras, attachés à deux poteaux séparés; elle avait les pieds posés au-dessus d'un brasier ardent, tandis que deux bourreaux brûlaient le bout de ses seins avec des torches ardentes ; le tyran ou le juge qui ordonnait son supplice la contemplait, comme dans le sujet précédent, par une fenêtre d'où il semble donner des ordres. Quatrième tablette : Le tyran ordonnait du haut de sa fenêtre de couper les seins de Fébronie, qui est attachée à une potence. Cinquième tablette : Le tyran tombait du haut de sa fenêtre, de laquelle il semblait s'être précipité ou avoir été jeté par d'autres ; ses archers paraissaient saisis de frayeur. Sixième tablette : Revêtue de ses habits de religion, la sainte entendait sa sentence de mort prononcée par le juge. Septième tablette : Elle était conduite au supplice précédée de son petit chien blanc. Huitième tablette : D'un côté et sur le premier plan, on voyait enfin couper les mains et les pieds de sainte Fébronie, et de l'autre, sur le 2° plan , on lui tranche la tête. Neuvième tablette : Deux évêques, revêtus de leurs habits pontificaux et précédés d'un nombreux clergé, font le convoi de sainte Fébronie. L'usage était, aux temps passés, de porter ce texte ainsi décoré de ces émaux, les jours de grandes fêtes, et de le faire baiser au célébrant lorsqu'il allait, précédé de ses acolytes, dire la grand'messe; c'était le sous-diacre qui le portait et le donnait à baiser tout ouvert au prêtre et fermé au diacre (Louis Hardouin, Prosper Tarbé, J. J. Maquart, Trésors des églises de Reims, 1843 - books.google.fr).

Dans le premier tableau, en haut à gauche, sainte Fébronie, les mains liées, est entraînée hors de son monastère par les soldats de Selenus. Elle porte le costume noir de son ordre. Les soldats, au nombre de huit, sont armés de lances et de hallebardes. On remarque un sabre au côté de l'un d'eux. Au-dessus d'un mur, on voit, au fond du tableau, lin dôme éclairé par de nombreuses fenêtres. Un petit chien, suivant l'usage de cette époque, est placé près de l'un des soldats qui entraînent sainte Fébronie, dont le nom est écrit en caractères majuscules et dorés au bas du tableau.

L'auteur des Trésors des Églises de Reims l'attribue au XIIIe siècle, mais la pose des personnages, l'ampleur et la forme des vêtements rappellent le sépulcre provenant de l'église du Temple et placé aujourd'hui dans celle de Saint-Remi. Or, ce monument porte la date de 1531 (Ch. Givelet, Notice sur un évangéliaire, Travaux de l'Académie nationale de Reims, Volume 29, 1860 - books.google.fr).

Nous ne nous étendrons que fort peu sur le dernier roman de M. Marcel Prévost, Fébronie. On est tout d'abord, en le lisant, très surpris d'y voir un récit presque inoffensif, et sans intérêt. Il nous montre un ménage, Benoît et Amanda Lascombes ; une servante, Fébronie ; un petit chien, Mitou (Revue des lectures, 1933 - books.google.fr).

Prévost (1862 - 1941), élevé chez les jésuites, prône un temps un féminisme dans la veine de Paul Hervieu. Les Lettres à Françoise (1902) proposent un programme idéal d'éducation d'une jeune fille, tandis que le mélange de mysticisme et d'érotisme de Retraite ardente (1927) suscite les protestations de l'Église catholique romaine (fr.wikipedia.org - Marcel Prévost).

M. Piérard fait remarquer en 1923 au Parlement belge :

A Verviers, je ferai observer que c'est un prêtre, nommé Boland, qui est à la tête du mouvement. A Mons, des désordres se sont produits également à la suite desquels la justice est intervenue, Or, à Mons, si je suis bien renseigné les jeunes gens qui lacéraient les affiches et troublaient les représentations avaient été stylés par un certain abbé Wallez un personnage que nous avons vu dans d'autres affaires [...] A Gand, un fils du procureur dit Roi a été arrêté; je veux donc bien reconnaître qu'il y avait des personnages de marque parmi les manifestants. Le film en question a été interdit dans certaines villes : à Anvers, à Malines, hier encore à Tournai, à Spa, à Courtrai. On me raconte qu'à Malines un prêtre a été surpris, il y a quelques jours, en train de lacérer des affiches annonçant un autre film extrait des «Demi-Vierges» de Marcel Prévost, membre de l'académie française et conférencier en honneur dans certains milieux bien pensants. Ces affiches ont été déchirées par ce prêtre, tout simplement sous prétexte que le film avait pour auteur le même metteur en scène que celui qui avait tourné le film «La Garçonne». On a dressé procès-verbal à ce prêtre, mais il a écrit que si l'on faisait placarder à nouveau pareille affiche, il récidiverait. Il y a là vraiment là marque d'un certain paroxysme de l'esprit qui rend peu sympathiques les manifestations qui ont provoqué l'interpellation de l'honorabie M. Fieullien (Annales parlementaires de Belgique. Session ordinaire. Parlementaire handelingen van België, 1923 - books.google.fr).

Issu d'une famille modeste du Borinage, Louis Piérard (1886-1951) créa, en 1902, une Université populaire à Frameries, son village natal. En 1906, il entama réellement une carrière de journaliste, d'abord dans le Hainaut puis à Bruxelles, où il collabora au Soir. Parallèlement, il publia divers ouvrages et collabora à de nombreuses revues. Député socialiste de Mons de 1919 à sa mort, il fut également, dès 1932, bourgmestre de Bougnies. Auteur de poésies, d'ouvrages historiques et politiques et de plusieurs livres sur la Belgique, il fut aussi critique d'art au Peuple. Francophile convaincu, Piérard milita, en outre, pour la défense des lettres et des arts en Belgique et pour l'éducation populaire. En 1948, il fut élu à l'Académie Royale de Langue et de Littérature Françaises (Catherine Lanneau, L'inconnue française: la France et les Belges francophones, 1944-1945, 2008 - books.google.fr).

Saint Philorome, procureur du fisc impérial en Egypte, martyr au IVe siècle à Alexandrie, est honoré le 18 mai. Il est représenté debout, tenant une épée et une palme (Louis Jean Guénebault, Dictionnaire iconographique des figures, légendes et actes des saints, tant de l'ancienne que de la nouvelle loi, Tome 45 de Encyclopédie théologique, Migne, 1851 - books.google.fr).

Philorome : qui aime la vigueur de "philo" et "rômé", force impétueuse, vigueur naturelle (Dictionnaire Hagiographique ou Vies des Saints et des Bienheureux, Tomes 40 à 41 de Encyclopedie Theologique, 1848 - books.google.fr).

Avec jeu de mots sur "rômé" : dans le dictionnaire trilingue à orientation philologique, où sont expliqués les sens des noms propres tirés du grec et du latin, de Maxime le Grec (vers 1540) Tolkovanie imenom po alfavitu, signalons l'article Filorom - rimleljubec, c'est-à-dire "celui qui aime Rome" (Philorome est le nom d'un martyr)" Nina V. Sinicyna, La Rome antique et médievale dans les textes russes du XIe au XVIe s, Etude sur les sens des mots russes Rim, rimskij et rimljanin”, La Nozione di "romano" tra cittadinanza e universalita, 1984 (Paul Piolin, Paul Guérin, Supplément aux vies des saints et spécialement aux Petits bollandistes : d'après les documents hagiographiques les plus authentiques et les plus récents, 1888 - archive.org).

Polybe, qui écrit au début du IIe siècle av. J.-C., décrit les responsabilités des tribuns militaires : ils peuvent nommer les centurions, et les commandent, ils ont un rôle disciplinaire au sein de leur unité. Ils commandent chacun une cohorte, et selon Nicolet, il existait probablement une hiérarchie entre les tribuns d’une légion, correspondant à la hiérarchie des cohortes au sein de la légion. Sous l'Empire, Végèce résume le rôle des tribuns au commandement d'une cohorte, avec la responsabilité du bon équipement des soldats et de l'entrainement aux exercices militaires. Les tribuns étaient responsables pour leur unité des tâches administratives et de l'encadrement militaire (fr.wikipedia.org - Tribun militaire).

On remarque que Thmuis en Egyptien signifie un bouc, & que la ville Thmuis en avoit pris le nom à cause que cet animal y estoit adoré (Memoires Pour servir à L'Histoire Ecclesiastique Des six premiers siecles, Tome 8, 1719 - books.google.fr).

Les enfants d'Israél ne sacrifieront plus d'hosties aux velus avec lesquels ils ont forniqué (Lévitique). C'est ici un des passages de la sainte Ecriture les plus délicats à commenter. On entend par les velus les boucs auxquels on sacrifiait dans le nome de Mendès, en Egypte. On ne doute pas que plusieurs Egyptiennes n'aient adoré le bouc de Mendès et n'aient poussé leur infamie superstitieuse jusqu'à soumettre leurs # à des boucs, tandis que les hommes commettaient le péché d'impureté avec les chèvres. Cette dépravation a été fort commune dans les pays chauds, où les troupeaux de chèvres sont gardés par de jeunes gens ou par de jono | filles.Toute l'antiquité a cru que ces conjonctions abominables produisirent les satyres, les égipans, les faunes. Saint Jérôme n'en doute pas; et on ne tarit point sur des histoires de satyres. Il n'est pas impossible qu'un homme avec une chèvre, et une femme avec un bouc, aient produit des monstres qui n'auront point eu de postérité. On peut révoquer en doute l'histoire du minotaure de Pasiphaé, et toutes les fables semblables; mais on ne peut douter de la copulation de quelques femmes juives avec des bêtes. Le Lévitique en, parle plus d'une fois et défend ce crime sous peine de mort. On a cru que l'antique adoration du bouc de Mendès fut la premiène origine de ce que nous appelons encore chez nous le sabat des sorciers. Les malbeureux infatués de cette horreur se mettaient à genoux vis-à-vis un bouc dans leurs assemblées, et le baisaient au derrière; et la nouvelle initiée, qui se donnait au diable, se soumettait à la lascivité de ce puant animal, qui rarement daignait condescendre aux désirs de la femme. Ces infamies n'ont jamais été commises que par les personnes les plus grossières de la lie du peuple; et dans tous les † de sortilége on ne voit que bien rarement le nom d'un homme un peu qualifié (Voltaire, OEuvres complètes, Tome VI : Bible expliquée - Ancient Testament, 1859 - books.google.fr).

Les Cigares du Pharaon étaient-ils déjà en préparation ? Ils sont juste à la suite de Tintin en Amérique en date de parution. En sont-ils une prolongation "structurelle" dans l'ensemble des aventures ?

Jusqu'à l'extrême fin du XIVe siècle, mises à part quelquefois les flammes infernales qui sortent des ouvertures, des tours escaliers et de dessus le crénelage, comme dans le Psautier de Salisbury, un manuscrit anglais du XIVe siècle, et qui se transforment en violent incendie, comme dans les Heures d'Anne de France, peintes à Bourges en 1473, le château du Diable ne diffère plus en rien d'une forteresse terrestre... Il est au moins austère, plus souvent ruiné, comme dans les Grandes heures du duc Jean de Berry. Au cœur du XVe siècle, en revanche, les enlumineurs se soucient de bien différencier les bâtiments ; le château de Dieu est d'une éblouissante blancheur, celui du Diable en pierre brune noircie par la cendre et la suie, comme dans l'Enfer de Dante68, est en proie à un gigantesque incendie. Le donjon de Satan, posé sur une motte de faible élévation entourée, en guise de fossés, d'une mer de glace où gèlent les damnés, se transforme en cheminée de feu, ainsi dans les Heures d'Anne de France. Opposés lors du Jugement dernier, le château de Dieu est un superbe bâtiment de pierre rose richement orné de moulurages d'un gothique flamboyant, le château du Diable est de couleur grise à noire, comme dans le Bréviaire de Charles V (D. Alexandre-Bidon, Château de Dieu, château du Diable, Imaginaire religieux et guerres médiévales (XIe-XVe siècles), Château et imaginaire: actes des Rencontres d'archéologie et d'histoire en Périgord, les 29, 30 septembre et 1er octobre 2000, 2001 - books.google.fr).

Dykes - Dick

Dick (Tintin en Amérique) est un bandit qui pilote une vedette maquillée en vaisseau de la police de Chicago.

On rencontre dans le nord de l'Angleterre, en Écosse, à l'île d'Elbe et ailleurs, des dykes ou arêtes de roches porphyriques et basaltiques, s'élevant à pic au-dessus du sol, étroites et aplaties sur deux faces commes des murailles; dans le Harzet dans l'Erzgebirge, où l'on en trouve aussi, quoique de formes moins régulières, on les a nommées «murailles du diable» (Teufelsmauern). Parfois ces dykes ne sont que la crête d'une montagne formée par soulèvement, et dont lescouches sédimentaires, ramollies par efflorescence, ont été emportées par les eaux. Ailleurs cependant, elles sont le résultat des premières injeclions des masses liquides de l'intérieur du globe, dans les fentes des roches coagulées de l'écorce terrestre (W. F. A. Zimmermann, Le Monde avant la création de l'homme, où, Le Berceau de l'Univers, traduit par Louis Augustin Strens, 1862 - books.google.fr).

Sans extériorité

On remarque que le château n'est vu que de l'intérieur, la case où Tintin est à la grille ne montre rien de l'extérieur.

La transcendance satanique contemporaine se pose ainsi comme un spectacle de l'immanence dans lequel le Dehors n'apparaît plus que comme miroir du dedans, où la figure divine, l'Autre de l'homme, n'est que la réflexion de l'homme lui-même.

Le satanisme contemporain a ainsi considérablement modifié la manière d'opérer l'abjection et le renversement de la religion catholique. Elle ne consiste plus en sa pure abjection dans les figures de sa profanation mais constitue le spectacle de son abjection, c'est-à-dire le rabaissement de sa transcendance dans l'immanence des signes. La messe noire «classique», comme on la retrouve décrite chez Huysmans ou dans les annales du procès de La Voisin au xvne siècle, inversait les rituels catholiques pour en opérer la profanation : signes de croix inversés, cierges noirs, invocations de Lucifer et Satan au lieu de Jésus-Christ et Dieu, etc., avec comme grande finale la profanation de l'hostie introduite dans le vagin d'une femme nue qui a fait office d'autel tout au long de la célébration. Mais cette abjection demeurait toujours inscrite dans le même espace rituel de transcendance de la messe catholique puisqu'elle s'adressait à Dieu lui- même à travers le renversement de sa propre incarnation dans les signes. La messe noire d'Anton Szandor Lavey rajoute quant à elle des éléments de pur spectacle : strip-tease, lions en cages, célébrant vêtu du costume de Satan. La véritable profanation se produit sur ces points puisqu'elle désacralise tout au nom d'une spectacularité vide détournée de tous les dieux, un (psycho)drame ne s'adressant qu'à l'homme dans lequel la divinité elle-même est vidée de toute extériorité divine, ne présentant plus que la figure de l'immanence même, l'homme et ses propres désirs de domination sur les siens.

Mais pour fonctionner à plein régime, cette économie de l'abjection par le spectacle doit également dépasser aussi la référence centrale à l'homme et ne laisser derrière Satan que le vide propre au langage, puisque c'est bien dans un jeu entre deux niveaux sémantiques, humain et spirituel, que se met en place la mécanique satanique. La messe noire entendue comme spectacle entraîne autant la figure de l'homme que celle de Dieu dans son abjection puisque le rituel désacralise avant tout la transcendance des signes. Il ne doit demeurer à la fin que du langage, pure immanence sans extériorité, ce qui apparaît effectivement dans la performance rituelle satanique, qui fait un usage d'incantations magiques dans une langue ésotérique, l'«énochien», dont on trouverait la première trace dans la biographie d'un astrologue élisabéthain. Mais ces incantations tombent complètement à l'intérieur du jeu d'ambiguïté sémantique installé par la pensée ataniste, car elles ne peuvent être subordonnées ni par une instance transcendantale, puisque Satan n'est qu'une figure de l'homme, ni non plus par l'instance humaine que Satan figure, puisqu'ils ne peuvent servir à aucune communication — l'énochien, en effet, n'est ni une langue vivante, ni une langue morte, elle est donc pleinement ésotérique. Les signes du rituel satanique ne sont donc rien de plus que ce pour quoi ils se donnent : des signes de signes, refermés sur eux-mêmes, des signes opaques à toute altérité : par excellence, les signes d'un Même. Mais même la théosophie satanique ne peut aller aussi loin dans le déploiement de ses propres affirmations. D'où toute l'importance de l'enquête sur le satanisme que mène Massimo Introvigne, depuis un point de vue extérieur, puisqu'elle peut prendre sur elle le développement de la dimension proprement langagière de la pratique sataniste contemporaine et retracer plusieurs des éléments du rituel satanique que les célébrants ont adapté d'oeuvres littéraires de Huysmans, de H.G. Welles et de H.P. Lovecraft, qui, à l'exception de Huysmans, n'eurent jamais de lien avec aucune «tradition» satanique. En retraçant ces sources, Introvigne établit la dernière condition de la messe satanique contemporaine comme rituel du Même : elle n'établit par sa performance ni contact direct avec une transcendance, ni non plus un contact avec une tradition qui aurait pu la rattacher à un passé immémorial, en lien d'une quelconque façon avec un contact divin. C'est-à-dire que l'Église de Satan n'est fondée ni sur la recollection d'une parole divine, comme pour la religion chrétienne, ni sur une tradition ancienne qui pourrait opérer un contact avec l'occulte. Dans toutes les directions où nous mène l'enquête sur le satanisme, il n'y a rien à trouver que des signes pris dans la littérature, dans des romans comme dans des livres ésotériques, des signes dont seule la reprise et la répétition dans le rituel satanique établit une logique entre eux. Le spectacle du satanisme, ainsi, n'a de fondement que langagier, avec pour dernier terme non pas l'homme mais un langage sans signification, comme le langage énochien des rituels, un langage magique qui n'a ja-mais été pratiqué par personne, un langage qui se refuse même à la communication : un langage du Même absolu, épuré de toute altérité (Mathieu Arsenault, Satan le même : Enquête sur le satanisme de Massimo Introvigne, traduit de l'italien par Philippe Baillet, Spirale n° 184, 2002 - www.erudit.org).

Parce que la bible et les évangiles, c'est pas du roman ?

On peut voir jouer le rôle de l'alphabet énochien par les runes qui ont été diabolisées après le passage des Germains au christianisme, qui produit donc de lui-même des diableries. Aucun caractère énochien de John Dee et Edward Kelly, le magicien élisabéthain, ne correspond au blason reconstitué (fr.wikipedia.org - Enochien).

I. A. Candrea écrivait, en synthétisant, dans une étude qui fait toujours autorité: «En règle générale, les créatures les plus remarquables, les animaux les plus utiles, les choses les plus nécessaires furent créés par le diable mais tous avaient quelque vice, et ce n'est que grâce à l'intervention de Dieu qu'ils purent être perfectionnés, rendus tels que nous les voyons aujourd'hui» (I. A. Candrea, 1928, p. 64). La liste que dresse l'auteur démontre de manière éloquente que ce dont manquaient les choses faites par le diable, c'était justement la fonctionnalité. Car étant un principe de la négation, il ne pouvait créer qu'«à l'envers»; ses produits sont presque hilarants en raison du désaccord entre leur forme et leur fonction: «La maison, le diable l'avait bâtie sans fenêtres et y introduisait la lumière à l'aide d'un sac. Dieu lui apprit à faire des fenêtres. Le char, le diable le construisit dans la maison, et puis il se donnait du mal pour l'en sortir. Dieu lui apprit à le défaire en en séparant les pièces composantes. La charrue, c'est toujours le diable qui l'inventa, mais il y attela les bœufs à l'envers, le dos au timon. Dieu lui apprit à mettre les bœufs au joug. Le diable avait construit une meule, mais ne pouvait moudre le grain parce qu'il avait oublié de ménager le trou par lequel coule la farine. Dieu corrigea cette erreur (...). Les chaussures, c'est toujours le diable qui les inventa, mais il n'en fit pas deux, mais une seule, et s'efforçait en vain à y glisser ses deux pieds. C'est Dieu qui le tira d'embarras. Le violon, c'est encore le diable... (Mihai Coman, Les asymétries constitutives, Cahiers de Linguistique Théorique Et Appliquée, Volume 28, Academia Republicii Populare Romîne, Academia Republicii Socialiste România, 1991 - books.google.fr).

On ne quitte pas la Roumanie avec Nosferatu le vampire (titre original : Nosferatu, eine Symphonie des Grauens en version originale), un film muet allemand réalisé par Friedrich Wilhelm Murnau sorti en 1922, adapté du roman Dracula de Bram Stocker basé sur les légendes roumaines de Vlad l'Empaleur (La Croix d’Huriel : Tintin, Hergé et la Croix d’Huriel : Tournesol ou l’ange Raphaël : Le Trésor de Rackham le rouge).

 

Bakhine (L'Affaire Tournesol) : l'Homunculus

Bakhine du néerlandais bak (pl. bakken), taule (www.gorianet.it).

Plutôt jatte ou écuelle ? (J.N. Valkhoff, Manuel de lecture et de conversation: à l'usage de la classe inférieure des écoles moyennes et des classes supérieures des institutions particulières, Tome 1, 1874 - books.google.fr).

Une béguine avec toi

begîne (beghyne, begyne, beghine, begiene, begin), bigine, bagine (baghine, baghyne), bakine, backinne (bakhyne, baginne), bagene, baggenne, bagute swf . 'Begine' ; = afrz. beguine, mnl. begine, bagine, beggine (Uusfilologinen Yhdistys, Das Französische Lehngut in Mittelnieder-deutschen Denkmälern Von 1300 Bis 1600, 1966 - books.google.fr).

L'arrondissement de Charleroi n'offre guère de ruines du moyen âge. A cette époque, la population était loin d'y être importante et n'y a guère laissé de traces de manoirs féodaux. Il en est cependant un qui m'intéresse et dont il reste quelques ruines au milieu des bois de Loverval. On donne à ces ruines le nom de Château des Templiers ou Château de la Béguine, à cause de la légende qui y fait enfermer une religieuse enlevée du couvent par un seigneur brigand (Bulletin des commissions royales d'art et d'archéologie de Belgique, 1897 - archive.org).

Toby et Trim achèvent la destruction de Dunkerque en accord avec le traité d'Utrecht et entrent en conversation (504): a) Trim commence l'histoire sans fin du Roi de Bohême (506-512) b) et raconte comment une béguine soigna sa blessure au genou (512) (Marie-Jeanne Boisacq-Generet, Tradition et modernité dans L'histoire du roi de Bohême et de ses sept châteaux de Charles Nodier, 1994 - books.google.fr).

Gerpinnes (Charleroi), à Bitronsart, les Templiers, qui résidèrent quelque temps en ce lieu (Edouard de Moreau, Histoire de l'église en Belgique, Tome 6, 1945 - books.google.fr).

Il y avait un chemin des Béguines à Montignies-sur-Sambre près de Charleroi (D.A. Van Bastelaer, La villa belgo-romaine de Montignies-sur-Sambre, Documents & rapports, Volume 9, 1878 - books.google.fr).

C'est la cour étrange et sombre de quelque béguinage. Dans les murs de brique sont encastrées des sculptures, abritées par des auvents d'ardoise, représentant au fond un calvaire et à droite une vierge entourée de saints. A droite, monte un escalier couvert par un toit d'ardoise porté a Jour par des piliers en bois rouges et verts; il est décoré, contre la muraille, par des peintures, ou mieux, des tapisseries. Une béguine descend les degrés accompagnée d'une petite fille. Au premier plan, à droite, Faust vêtu d'un long manteau bleu fourré d'hermine, un chaperon rouge sur la tête, aborde Marguerite qui s'arrête, les yeux baissés, dans un charmant costume gris, blanc et rose, tenant son livre de messe à la main. A gauche, près du tronc d'un arbre élevé, un riche citadin se promène, drapé dans un ample manteau jaunâtre, avec sa femme et fillette. Au fond des personnages sont groupés autour du calvaire. Un bourgeois est assis sur un banc contre le mur de l'escalier, près d'un Christ au tombeau encastré dans la brique. Signé et daté en bas, à gauche : James Tissot, 1860 (Léonce Bénédite, Le Musée National du Luxembourg: catalogue raisonné, 1900 - books.google.fr).

L’étymologie du mot béguine, béguinage, a beaucoup occupé les érudits. Nous avons vu ce qu’en pensent les auteurs qui attribuent la fondation à sainte Begge et ceux qui l’attribuent à Lambert le Bègue. Mais si cet institut n’a été fondé ni par Lambert le Bègue ni par la sainte Begge, d’où vient donc le nom de béguine ? Faisons d’abord remarquer que dans beaucoup de livres, comme aussi dans la conversation ordinaire, surtout en Brabant, le nom de béguine a été employé indifféremment pour toute religieuse. Il se prend aussi par dérision ou familièrement, pour désigner une dévote superstitieuse et minutieuse; souvent on donne le nom de béguine à une personne qui se livre à une piété solide, mais que le monde n’apprécie pas à sa juste valeur. La Bibliothèque royale conserve un manuscrit latin et un imprimé flamand qui rapportent une plaisante anecdote. Un roi de Bohème avait une épouse, nommée Béatrix, et deux filles : Ghyselgonde et Nazarène. La reine et les deux princesses, suivant le conseil d’un docteur de l’uniVersité de Prague, Grec d’origine, embrassèrent un genre de vie spirituelle, moins sévère que la vie monastique, dont les saintes rigueurs eussent bientôt épuisé leur faible santé. Le docteur, interrogé sur le nom que porterait le nouvel institut, répondit, comme un oracle, qu’il fallait prendre la première syllabe de chacun des trois prénoms et en faire le nom de l’institut : Be-Ghy-Na. Et ce fut le premier béguinage, et le roi de Bohème y remplit les fonctions de sacristain. Laissons cette plaisanterie (Histoire des béguinages, Précis historiques, Tome 1, 1855 - books.google.fr).

La bienheureuse Marie d'Oignies, née en 1177 à Nivelles (Belgique) et décédée le 23 juin 1213 à Oignies (Belgique), est une mystique et thaumaturge du Brabant. Trop célèbre à Willambroux de part sa réputation de sainteté, assoiffée de solitude et de renoncement elle désire "disparaître". Avec l’accord de son mari, Marie quitte Willambroux vers 1207 et se joint à une petite communauté de religieuses béguines installées près d’un monastère de chanoines augustiniens récemment fondé à Oignies (aujourd'hui section de la commune d'Aiseau-Presles, près de Charleroi) (fr.wikipedia.org - Marie d'Oignies).

La plus ancienne indication que des femmes pieuses se soient rassemblées dans des institutions propres (et qu'elles forment donc un «béguinage») remonte à Louvain, en août 1232 : le curé Runerus et la direction du chapitre de Saint-Pierre font connaître par écrit leur approbation pour la construction d'une chapelle pour les mulieres religiosae de Ten Hove. C'est l'origine du «grand» béguinage de Louvain, qui devient en 1250 une paroisse autonome [...]

Ce mouvement tout neuf va se répandre comme un incendie des Pays-Bas à l'Italie, de la France à la Pologne et à la Hongrie. Les divers groupes de béguines forment des «associations pieuses» et elles ont des contacts fréquents les unes avec les autres. Leur but est partout le même : mener en milieu urbain une vie de perfection sur la triple base de l'oraison, du travail sanctifié et de la recherche mystique, avec parfois des formes d'ascétisme. [...]

Le mouvement béguinal n'a donc pas une origine précise et pas même une fondatrice. On propose, au XVIIe siècle, timidement, Lambert le Bègue, et avec plus d'insistance sainte Begge, mais la tentative est rapidement abandonnée du fait que Begge, sœur de l'abbesse Gertrude de Nivelles, meurt en 695, soit bien avant les premiers béguinages (Silvana Panciera, Les béguines, 2016 - books.google.fr).

A Prague le plus ancien béguinage était établi près de la chapelle de tous les saints de la famille Olbram. Il était dirigé par une "procuratorix" choisie parmi les six compagnes. La communauté était sous l'aurotité du chapelain, leur prévôt, et richement dotée. [...]

Il y avait le béguinage de Freiberg (1360), les béguines du Temple (après 1364), de Zbraslav (1366), de Kadansky (1401), de Bolek (1406), des Posenpach (1407), de Geunher (1409), des Rosenberg (1413) (Anna Petitova-Bénoliel, L'Eglise à Prague sous la dynastie des Luxembourg, 1310-1419, 1996 - books.google.fr).

Béatrix de Bourbon et Jean l'Aveugle

Un nombre considérable d'illustres personnages qui avoient été inhumés dans l'église des Jacobins à paris, ou dont on y avoit déposé le cœur ou les entrailles. On y comptoit non seulement les plus grands noms de la France, mais encore des princes du sang, des rois et des reines, entre autres les trois chefs des branches royales de Valois, d'Évreux et de Bourbon. Du reste elle étoit peu riche en tableaux et autres monuments des arts.

Dans cette église avoit été inhumés Béatrix de Bourbon, fille de Louis Ier et de Marie de Hainaut, reine de Bohème morte en 1383. On voyoit sa figure debout, et appuyée contre un pilier du sanctuaire, avec son épitaphe au-dessus. Elle avoit en outre son tombeau dans la nef, à main gauche. Dans la nef, devant les orgues, trois générales perpétuelles des Béguines de Paris, Agnès d'Orchies, Jeanne La Bricharde et Jeanne Roumaine (Tableau historique et pittoresque de Paris depuis les Gaulois jusqu'a nos jours, Tome 3, 1811 - books.google.fr).

Jean roi de Bohème, qui épousa en secondes noces Béatrix de Bourbon, fut toujours fort attaché à la France ; & pendant d'assez longs séjours qu'il fit à Paris, il n'y eut pas d'autre demeure que son hôtel de Bohème (Bahaigne ou Behaigne devenu hôtel de Soissons en 1604). On sait qu'il fut tué en 1346 à la bataille de Creci où il combattit vaillamment, quoiqu'il eût presque perdu la vue d'un reste de poison qu'on lui avoit donné autrefois en Italie, lorsqu'il y faisoit la guerre avec son père (Mémoires de littérature tirés des registres de l'Académie royale des inscriptions et belles-lettres, Tome 23, 1756 - books.google.fr).

Il avait eu plusieurs filles de son premier mariage avec Élisabeth Premyslovna (1292-1330), sœur de Venceslas III, dernier roi Premyslide de Bohême (fr.wikipedia.org - Jean Ier de Bohême).

En 1329, 1337 et 1345, Jean de Luxembourg et Guillaume de Machaut se rendent en Lituanie, aux côtés des Chevaliers Teutoniques (Gilles Dutertre, Les Français dans l'histoire de la Lituanie: 1009-2009, 2009 - books.google.fr).

Jean l'Aveugle, à qui la littérature ancienne reproche son vagabondage politique, son art de forger infatigablement des plans et son manque de persévérance dans leur exécution, a connu une réhabilitation relative à une période plus récente. On lui fait cependant toujours grief d'avoir négligé l'héritage premyslide qui lui était échu et, malgré le rattachement durable des duchés silésiens à la couronne bohémienne, d'avoir suivi une politique peu cohérente en Europe centrale. Son rejet de tout ce qui avait trait à la Bohême s'explique fort bien par les difficultés de ses premières années, par ses conflits sans issue avec les ordres et par le relâchement de ses liens avec son épouse Élisabeth, qu'il remplaça en 1335 par Béatrice de Bourbon, mais aussi par son incompréhension des hommes et des traditions de son nouveau royaume. Tous ces éléments l'entraînèrent à intervenir de façon irréfléchie dans la politique intérieure et à épuiser dangereusement les ressources matérielles de la Bohême. Pas plus que premysl Otakar II le roi Jean ne parvint à bâtir ce grand royaume supranational s'étendant de la Baltique à l'Adriatique, dont les pays de la couronne bohémienne auraient été le cœur, ni à concrétiser ses aspirations personnelles à conquérir les couronnes allemande et impériale. Mais, en s'appuyant de façon calculée sur la France et sur la papauté, il sut créer les conditions qui permirent à son fils Charles de recevoir de façon, quasi automatique la souveraineté sur l'Empire, de rénover la dignité impériale, de faire de la Bohême le cœur de sa sphere de domination et de Prague la capitale éclatante de l'Europe (Jôrg K. Hoensch, Histoire de la Bohême, des origines à la Révolution de velours, traduit de l'allemand par Françoise Laroche, 1995 - seminaire.ff.cuni.cz).

Faust à Prague

Le personnage du magicien est aussi incarné par un personnage mythique en la personne de Faust. Nous avons déjà rencontré les figures de l'alchimiste et de l'astrologue, souvent confondues d'ailleurs, et il semble qu'elles ne soient rien d'autre que des avatars de cet «archi-transgresseur» qu'est Faust. Car ce que cherchent les «Faiseurs d'or» n'est autre que le principe même de toute force vitale. La figure de l'alchimiste est donc bien une figure de la transgression et elle trouve bien évidemment en Faust un modèle mythique. Car Faust est bel et bien présent à Prague, et plus encore que le Juif Errant dans la mesure où le Docteur Faust historique est censé avoir vécu à Prague. Les guides touristiques invitent d'ailleurs tous les promeneurs à visiter la maison où vécut le célèbre damné. On peut lire par exemple dans l'un d'eux cette évocation de la maison de Faust («Faustûv Dûm») : Cette maison n'est pas sans lien avec la mystérieuse demeure de la Renaissance qui, selon la légende, fut habitée par le docteur Faust lui-même. C'est là que le Diable serait venu le chercher. On prétend encore voir dans le toit de la maison le trou par lequel il emporta un de ses disciples. Dans un remarquable ouvrage consacré à Prague paru en 1967, Praha Legend à Skutecnosti, Karel Krejéi rappelle à propos de la présence de Faust à Prague : Il est évident que dans l'étrange société de la Prague rodolphienne ne pouvait ne pouvait manquer le docteur Johann Faust2. Très exploité dans la littérature populaire tchèque, les chansons et les théâtres de marionnettes, Faust est présent à Prague dès 1587 et les premières légendes du Volksbuch dont la traduction anglaise inspirera drame à Marlowe. Il y effectue deux visites. Une première fois, il serait arrivé lors d'un voyage à travers l'Europe sur les ailes de Méphistophélès ayant pris pour l'occasion l'apparence d'un cheval. Une seconde fois, il serait passé par Prague sous les traits d'un sorcier. Dans l'une des versions, il logeait à la cour d'où il se serait rendu «en un saut» à Erfurt pour boire avec des amis, avant de revenir à Prague. Ailleurs, on évoque ses rapports avec l'Empereur qui, historiquement, ne pouvait être que Charles Quint. Or, ce dernier n'avait pas sa cour à Prague. C'est donc bien de la cour de Rodolphe II qu'il s'agit, à savoir celle des alchimistes et autres magiciens, ce qui est en contradiction avec les dates du docteur Faust historique (1485-1540) qui est mort un demi siècle avant l'avènement de Rodolphe. Une maison pragoise porte d'ailleurs de nom de Faustâv Dum (maison Faust) et partage, avec quatre ou cinq autres lieux pragois l'honneur d'avoir accueilli le docteur Faust. L'une de ces maisons fut en revanche réellement la résidence des alchimistes John Dee et Edward Kelley déjà évoqués et peut expliquer qu'on ait été tenté d'en faire la maison de Faust. La présence de Faust à Prague confirme bien évidemment l'importance du magicien - et plus précisément de l'initié capable de dépasser les limites humaines - dans la cité vltavine. Et plus encore que la seule présence du magicien à Prague, c'est celle de toute potentialité d'intervention surnaturelle qui est confirmée, la possibilité de voir à Prague des personnages œuvrer grâce à des pouvoirs mystérieux. C'est en fait le thème du mystère que vient signifier Faust en confirmant Prague comme territoire de ce mystère. Une légende très populaire à l'époque romantique fait de lui un Tchèque venu de Kutna Hora (Kuttenberg) et nommé St'asny (heureux, ou, en latin, felix ou faustus). Emigré en Allemagne durant la révolte hussite, il aurait pris le patronyme de Faust et de Kuttenberg. Ce dernier nom serait l'indice permettant d'affirmer qu'il était tchèque, Kutnâ Hora étant le nom de sa ville natale qu'il adopta en le germanisant. On l'aura compris, dans cette légende, Faust et Gutenberg ne font qu'un. Le célèbre damné serait donc également l'inventeur de l'imprimerie... Toujours est il que ceci ne fait que renforcer la présence du personnage dans la cité, cadre idéal aux expériences faustiennes et au mystère qui leur est inhérent : ...l'enchanteur, parcourant l'Europe sur la croupe de Méphistophélès changé en cheval muni d'ailes, survole également Prague. La maison de Faust ne pouvait se trouver en un lieu plus ensorcelé et plus spectral que ce Dobytcî trh ["marché au bétail"...] lieu dans le sous-sol duquel la fantaisie populaire situait des prisons, des antres de conjurations et de supplices, des sépultures d'enterrés vivants, bref une ambiance idéale, avec ses potences et ses mandragores, pour les nécromanciens (Stéphane Gailly, Le mythe de Prague dans les littératures européennes, 2007 - books.google.fr).

Loverval

La guerre recommença en 1334 entre le duc de Brabant et le roi de Bohème. "Conrad de La Marck, qui était à St-Trond avec 3oo cavaliers, alla attaquer les Brabançons à Landen, les défit, pénétra dans le bourg et le livra aux flammes. Le roi de Bohème et Jean de Beaumont envahirent le Limbourg et incendièrent Herve et les villages voisins; de là ils allèrent à Anthisnes et à Villers aux-Tours, reçurent l'hommage des habitants et laissèrent des garnisons. Les Liégeois, avec l'évêque. se tenaient à St-Trond: de là, ils poussaient leurs excursions jusqu'à Jauche, incendièrent Hannut et mirent une garnison dans la tour qui avait été reconstruite. Le roi de France intervint encore, mais tous ses efforts furent vains, le duc de Brabant n'acceptant aucun arrangement. Aussi les Liégeois avec les alliés le surveillaient. Le roi de Bohême était à St-Trond, le comte de Looz gardait ses frontières. La Hesbaye était sous les armes et le châtelain de Moha campait à Marneffe avec ses troupes. Le duc vint mettre le feu à Houtain-l'Evèque, mais à l'approche des ennemis, il se retira dans le Brabant. Le roi de France reprit les négociations, et enfin le 30 août 1334, la paix fut signée à Amiens. Au mois de mai 1335, Louis de Loverval, chanoine de St-Aubin à Namur. fut, par les ordres du roi de France, airété et conduit aux château de Moha. Son crime était d'avoir donné l'hospitalité à un proscrit que le roi détestait, le comte d'Artois. Le chapitre de Liége s'émut de cette affaire et obligea l'évêque à relâcher le prisonnier" (Annales, Volumes 15 à 16, 1906 - books.google.fr).

Conrad de la Marck est à la tête des troupes de l'évêque de Liège son frère Adolphe. Avec leur frère Engelbert de La Marck, ils étaient fils de Eberhard II.

Un Engelbert de la Marck était bailli de Fosses le 25 janvier 1330. Engelbert de la Marck, chevalier, assiste à l'hommage fait par le comte de Flandre à l'évêque Adolphe de la Marck, pour la ville de Malines (21 octobre 1333). Le 10 mai i338, Engelbert de la Marck reçoit du roi Jean de Bohême, comte de Luxembourg, pour services rendus, une obligation de 5oo livres de petits tournois ou de 5o livrées de terre à tenir en fief de la seigneurie de Mirwart (4). D'après un acte de 1340, un Engelbert de la Marck avait acheté de Henri, seigneur de Bierbais, la terre de Tamines. Le même, qualifié chevalier, est un des arbitres chargés de fixer les droits respectifs de l'évêque et du comte Guillaume de Namur, qui se disputaient le domaine direct de ce fief (1342, 1345). Une autre charte parlant encore d'un Engelbert de la Marck nous apprend que sa femme s'appelait Ermesinde et que Wautier de Juppleu, tuteur du jeune Wéry de Walcourt, leur confia l'entretien et l'éducation de son pupille jusqu'à ce qu'il eût atteint l'âge de seize ans ; en compensation de quoi, ils devaient jouir de la seigneurie de Walcourt, sauf à payer une redevance annuelle de 16 moutons d'or. Cette convention, qui porte la date du 5 février 1341, fut suivie, trois jours après, d'une lettre d'assurance par laquelle Engelbert, sa femme et Gérard de Chauvency donnèrent la seigneurie de Lambusart en garantie de la propriété de Walcourt. En 1352, l'obscurité se dissipe enfin et nous marchons sûrement. Le 9 avril de cette année, messire Engelbert est cité parmi les hommes féodaux de l'évêque Engelbert de la Marck, qui l'appelle son oncle ; puis il est qualifié, le 18 avril 1355, seigneur de Loverval, fief liégeois de la province actuelle de Hainaut. On le voit ensuite, le 7 août 1362, assigner des rentes à l'autel de Saint-Jean-Baptiste, érigé dans l'église de Malonne (enclave du comté de Namur), à la charge par les religieux de prier pour le repos de son âme et de celle d'Isabeaul de Hamal, sa compagne. Cette Isabelle, qui vivait recluse à Cologne au moment où Hemricourt tenait la plume, était la seconde fille de Jean, sire de Hamal, Grevenbroeck, Vogelsanck, et de Marie d'Oreye. Après s'être remariée avec Wautier de Binckem, son écuyer, qui l'avait enlevée, elle épousa en troisièmes noces, vers 1370, le fameux Renard de Schoonvorst. Engelbert de la Marck doit être mort, au plus tard, peu d'années après la donation de 1362, laissant d'Isabelle de Hamal : a) Engelbert II de la Marck, damoiseau de Loverval, ainsi nommé dans un acte du 4 août 1372, où il comparaît comme témoin après un autre Engelbert de la Marck, chevalier. (Jules Baron Chestret de Haneffe, Histoire de la Maison de la Marck y compris les Clèves de la seconde race, 1982 - books.google.fr).

Robert III d’Artois (né en 1287 - mort en 1342 à Londres) était seigneur de Conches-en-Ouche, de Domfront, et de Mehun-sur-Yèvre ; en 1310, il reçut en outre en apanage le comté de Beaumont-le-Roger pour le dédommager de la perte du comté d’Artois auquel il prétendait. Avec la crise de succession de 1328, il est l'un des éléments déclencheurs de la guerre de Cent Ans, par son exil en Angleterre et sa détermination à entraîner le roi d'Angleterre dans un conflit contre le roi de France.

Condamné et banni pour avoir utiliser des faux documents pour récupérer le comté d'Artois, Robert commença son exil en Flandre, puis chez le duc de Brabant avant d'aller à Avignon. Mais c'est l'Angleterre qu'il rejoignit finalement en 1334, admis à la cour anglaise (fr.wikipedia.org - Robert III d'Artois).

Mehun sur Yèvre fut donnée en 1335 à Jean de Luxembourg, qui charge Béatrice, sa femme, d'administrer sa terre de Mehun-sur-Yèvre, parce qu'il est obligé de quitter la France pour aller gouverner son royaume. Jean II le bon, roi de France, épouse Bonne de Luxembourg, fille de Jean roi de Bohème et d'Elisabeth, et récupère Mehun (Le grand dictionnaire historique, Tome 15, 1759 - books.google.fr).

Hergé, Wallez et Charleroi

En 1927, Hergé commence à travailler pour le journal et, un an plus tard, devient le directeur d'un nouveau supplément pour la jeunesse baptisé Le Petit Vingtième. En 1929, sur les recommandations de Mgr Louis Picard, aumônier général de l'action catholique de la jeunesse belge, l'abbé Wallez engage le jeune Léon Degrelle. À la suite des polémiques qu'il entretient au moyen du journal, Wallez est déchargé de son poste de directeur en 1933 et est nommé professeur de religion à l'École moyenne de Tournai. Il est ensuite, à sa demande, chargé de la petite paroisse d'Aulne-Gozée. S'intéressant à l'histoire de l'ancienne abbaye d'Aulne, il en restaure en partie les ruines. Hergé venait lui rendre visite.

Arrêté en septembre 1944 pour collaboration, il est emprisonné à Charleroi, puis, à la suite d'une première instruction, envoyé en résidence surveillée à l'abbaye de Soleilmont. En juin 1947, le Conseil de Guerre le condamne à quatre ans d'emprisonnement. La sentence est même portée à cinq ans, par arrêt de la Cour militaire en mars 1948. Transféré à la prison de Namur, puis à celle de Saint-Gilles, il est accueilli par les Sœurs de la Charité de Gand dans un de leurs établissements situé près de Namur, où il meurt le 24 septembre 1952 (fr.wikipedia.org - Norbert Wallez).

Béguines et homoncules

Revenons à la représentation de Jésus et du Baptiste dans et devant le corps de leur mère. Anne-Marie Velu en produit une passionnante série, depuis la suggestion de l’enfant, jusqu’à sa représentation ex-utero en passant par de surprenantes images de petits homoncules in utero. Elle situe l’essentiel de cette iconographie dans l’aire germanique médiévale, et en propose une explication largement fondée sur les travaux de Jeffrey Hamburger (voir en particulier son Peindre au couvent, Paris, Monfort, 2000) : à partir du mouvement des béguinages et jusqu’à leur transformation monastique, le thème de l’incorporation du Christ demeure un thème majeur – que l’auteur illustre judicieusement par un fragment de Brigitte de Suède dans lequel celle-ci éprouve en elle à la manière évangélique, dans la nuit de Noël, le «tressaillement» de Jésus (Pierre Antoine Fabre, Anne Marie Velu, La visitation dans l’art. Orient et Occident, Ve-XVIe siècle, Archives de sciences sociales des religions n° 188, 2019 - journals.openedition.org).

Les Visitations avec enfants à naître, conçues en grande majorité dans l’espace germanique aux XIVe et XVe siècles, ne montrent pas des fœtus ou des embryons (que même les manuscrits médicaux de l’époque ne savent pas représenter), mais de «petits corps d’enfants parfaitement façonnés». En étudiant les lieux où ont été produites ces représentations, Anne-Marie Velu montre qu’elles correspondent à la spiritualité particulière des couvents et des communautés de femmes (béguines) d’Europe du nord, dans lesquelles on pratique une piété plus familière, où les images sont un point de départ pour parvenir à s’unir mystiquement à Dieu. C’est le cas, notamment, du monastère bénédictin bavarois de Sainte-Walburge qui conserve encore de nombreux dessins qui servaient de support aux visions des nonnes (J.-F. Hamburger, Nuns as Artists : The Visual Culture of a Medieval Convent, Berkeley, University of California Press, 1997 ; traduit en français, Peindre au couvent. La culture visuelle d’un couvent médiéval, Paris, Bernard Montfort, 2000). Beaucoup de ces images insistent davantage sur la nature humaine du Christ que sur sa nature divine. Les religieuses sont invitées à imaginer l’Enfant Jésus dormant «dans le berceau de leur cœur». Dans ce contexte, beaucoup de couvents abritaient aussi des berceaux et des statuettes d’Enfant Jésus que les religieuses ou les béguines avaient coutume de materner pour entrer en union mystique avec Dieu. Quant aux peintures et sculptures qui ont été commandées pour des églises paroissiales, elles étaient plutôt destinées aux femmes illettrées qui recevaient un enseignement par l’image et qui pouvaient demander à Marie et à Élisabeth des grâces pour leur grossesse ou leur accouchement.

Dans certaines scènes de l’Annonciation qui proviennent du même espace géographique, on trouve des représentations analogues d’un corps d’enfant descendant du ciel vers le ventre de Marie. L’ouvrage les évoque trop rapidement, en acceptant l’idée qu’elles ne sont que des images de l’infusion de l’âme du Christ, ce qui pourrait se discuter. On aurait souhaité une plus grande attention au contexte médical, philosophique et théologique de la représentation de ces enfants à naître. L’enfant Jésus de l’Annonciation ou de la Visitation n’est pas un enfant ordinaire, mais un Dieu incarné à la suite d’une conception virginale. On regrette que le livre ne cite pas l’étude de Maike Van der Lugt sur les conceptions exceptionnelles au Moyen Âge. Il aurait permis d’expliquer pourquoi Marie a souvent un ventre plus gros qu’Élisabeth, alors que d’après l’évangile, sa grossesse a six mois de moins que celle de sa cousine. Cette convention est justifiée par des motifs théologiques qui tiennent à la spécificité de la conception du Christ : c’est parce que le corps du Christ a été formé instantanément, que le ventre de Marie a gonflé plus rapidement que celui des autres femmes enceintes (M. Van der Lugt, Le ver, le démon et la Vierge. Les théories médiévales de la génération extraordinaire, Paris, Les Belles Lettres, 2004, p. 406) (Marie-France Morel, Comptes rendus de "La Visitation dans l’art. Orient et Occident, Ve-XVIe siècle, Paris, Cerf, 2012" d'Anne-Marie Velu, Annales de démographie historique n° 126, 2013 - www.cairn.info).

Sainte Walburge (vers 710 – 779) ou Auboué, Avongour, Falbourg, Gaubourg, Gualbourg, Gauburge, Valpurge, Vaubourg, Walpurge, Walpurgis, est une sainte d'origine saxonne, fêtée le 1er mai ou le 25 février, missionnaire anglaise, née vers 710 dans le royaume de Sussex, alors soumis au Wessex, dans l'Angleterre actuelle. Elle aurait passé la plus grande partie de sa vie à évangéliser les Germains du continent.

Sainte-Walburge est un quartier administratif de la ville de Liège, en Belgique. Il se situe sur la rive gauche de la Meuse et sur les hauteurs du plateau hesbignon.

La nuit de Walpurgis (en allemand Walpurgisnacht ou aussi Hexenbrennen), nommée en l'honneur de Sainte Walburge (710-779), est une fête néo-païenne qui a lieu dans la nuit du 30 avril au 1er mai. Célébrée clandestinement dans toute l'Europe depuis des temps reculés, malgré les interdits et les excommunications de l'Église, elle a été identifiée au sabbat1 des sorcières. Elle est surtout le symbole de la fin de l'hiver, parfois associée à la plantation de l'arbre de mai ou à l'embrasement de grands feux. Cette date correspond aussi à Beltain/Beltaine/Beltane, l'une des huit fêtes inscrites dans le calendrier celte ou sur la Roue de l'année (Wheel of the Year).

De manière particulière, sur le Blocksberg (Brocken) dans le Hartz (ou Harz, orth. moderne), massif ancien d'Allemagne centrale, près de Thale, on célèbre le sabbat des sorcières dans la Walpurgisnacht (littéralement «la nuit de Walpurgis»). Cette légende est devenue populaire au XVIIe siècle et a été immortalisée par Johann Wolfgang von Goethe dans le drame Faust. Une tragédie publié en 1808.

En République tchèque (Bohême, Moravie), on parle de Palení Carodejnic ; les enfants se déguisent en sorcières. À la tombée de la nuit, des feux sont allumés dans les campagnes. Les gens dansent et chantent autour pour célébrer le retour des beaux jours. C'est également l'occasion de faire griller des saucisses et de boire de la bière (fr.wikipedia.org - Nuit de Walpurgis, de.wikipedia.org - Kloster St. Walburg).

(Roberta Gilchrist, Interior sexuality of medieval religious women, Archaeologies of sexuality, 2000 - repository.umpwr.ac.id).

The Heart on the Cross: illumination by a nun of the Benedictine convent of St.Walburg, Eichstätt, Bavaria (dated c.1500). Jeffrey Hamburger has drawn attention to asequence of visual images produced at this convent that convey themes of enclosure and the Eucharist. He argues that they show the mystical union of Christ with the religious woman : ‘Having passed through the wound in Christ’s side, the nun enters a metaphorical as well asphysical interior’ (Hamburger 1997: 138). Manuscript St. Walburg, Eichstätt, Bavaria. Reproduced from Hamburger, 1997

Après la scène où Méphistophélès fait apparaître Pâris et Hélène que Faust ne peut retenir, "la progression de l'Œuvre est dorénavant balisée par d'autres épisodes — on voit Wagner dans son laboratoire obtenir l'Homunculus («une œuvre magnifique est sur le point de s'accomplir»). Sans vouloir discuter ici les significations possibles de cet Homunculus, il importe d'attirer l'attention sur les niveaux auxquels l'Œuvre se déroule, depuis le plan purement «extérieur», qui ne conduit à rien (Méphisto, «Chambre gothique...» : «Je cherchais un trésor caché de pièces d'or, / Et je n'ai récolté que de sinistres charbons »), en passant par l'expérience d'Homunculus, jusqu'à la réalisation finale de Faust lui-même : sans l'aide d'Homunculus elle n'aurait pas non plus été possible. C'est lui en effet qui analyse les rêves de Faust endormi, prisonnier de son inconscient et de ses formes, dont Hélène fait partie. Servant de guide dans une très classique Nuit de Walpurgis, Homunculus (avec Faust et Méphistophélès) part «de prodige en prodige» à la recherche du complément féminin. Et «Sur les bords du bas Penée» le blanc des nymphes et des cygnes est déjà une annonce du progrès qui s'opère : la Reine alchimique n'est pas loin. Mais avant que Faust puisse s'unir à Hélène il faudra encore que l'étincelle de pur feu, pur esprit, qu'est Homunculus, se transforme elle aussi ; il faut qu'il meure pour renaître plus achevé, avec son Mercure acquis, en s'unissant à Galatée" (Yvette Kace Centeno, L'alchimie et le Faust de Goethe, Faust, Cahiers de l'hermétisme, 1977 - books.google.fr).

Hélène de Troie se rencontre à Moulinsart (La Croix d’Huriel : Tintin, Hergé et la Croix d’Huriel : Hélène et Moulinsart).

Le nom de Galatée a pour racine le mot qui en grec signifie lait, soit par allusion à la blancheur de cette nymphe, soit parce qu'elle calmait les flots de la mer dont Vécume est blanche comme le lait (Encyclopédie des gens du monde, par une société de savans, Tome XII, 1839 - books.google.fr).

Les choses se précisent avec la clé que Tintin trouve près du paquet de cigarette. Elle porte le numéro FA 5251.

5251 se lit 5:2 5:1 et fait référence à la non correspondance entre les versets du petit prophète biblique Michée de la bible King James et des bibles françaises.

5.2 (5:1) Et toi, Bethléhem Éphrata, Petite entre les milliers de Juda, De toi sortira pour moi Celui qui dominera sur Israël, Et dont l'origine remonte aux temps anciens, Aux jours de l'éternité.

Le mot essentiel en 5:2 est Ephrata qui nous ramène en Pennsylvanie. Le calembour musical sur "Ephrat(a)" suggère "E-flat," une signature clé chère aux Francs-Maçons. Ou bien "Ephrata" donne "F-flat," (FA bémol) une manière de nommer "E," (mi, le Fa bémol vaut mi) troisième ton, de l'échelle en do majeur. Ce FA est d'autant mieux approprié que Conrad Beissel, le fondateur d'Ephrata Cloister en Pennsylvanie, était un musicien confirmé, auteur de centaines d'hymnes. Il mit au point son propre système de composition musicale, qui vise à simplifier radicalement le processus en se fondant sur des séquences prédéterminées de "maître-notes" et "notes servantes" pour créer l'harmonie. Le Docteur Faustus de Thomas Mann le présente comme une sorte de précurseur du sérialisme (www.esoteric.msu.edu).

Le nom d'"Ephrata" a été utilisé pour nommer la communauté de Cocalico (le trou du serpent) River dans un des recueils d'hymne de Beissel, imprimé par Franklin en 1736 sous le titre "Jacobs Kampff und RitterPlatz", Jacob's Place of Struggle and Elevation (terribilis locus iste). Ephrata de l'ancien Testament est le nom pré-israélite de Bethléhem. C'est sur la route d'Ephrata que Rachel, femme de Jacob meurt en donnant le jour à Benjamin. Et c'est Rachel qui construisit la Maison d'Israël. Conrad Beissel rêvait à la Vierge spirituelle qui construirait un nouvel Israël dans le nouveau monde où les Frères de Sion trouveraient la paix (Autour de Rennes : Les Affaires Gélis & Tournesol).

Tristram Shandy est conçu selon ses déductions début mars, mois de l'Annonciation, 25 mars, jour qu'il mentionne.

Homunculus chez Sterne

Le narrateur affirme en effet avoir appris de son oncle Toby, lequel ne faisait là que lui transmettre la version paternelle du récit de sa conception, que sa mère aurait, ce soir-là, fatalement troublé le coït mensuel en demandant intempestivement à son époux s'il avait bien pensé à remonter l'horloge. S'éclaire alors l'étonnante amplification annonçant au début du récit que, puisque le flux des esprits vitaux détermine à quatre-vingt-dix pour cent le sort des individus, une copulation troublée ne peut qu'occasionner l'avortement d'un destin tout entier. On découvre bientôt une vigoureuse plaidoirie du narrateur sur les droits imprescriptibles du foetus :

L'Homunculus, monsieur, peut apparaître en ce siècle léger, aux yeux de la folie et du préjugé, une lueur de vie bien vacillante et bien risible; mais raison et science voient en lui un ÊTRE que protègent et limitent des droits. Enfin, la voix paternelle prononce la phrase qui fait un destin de l'origine déréglée : Hélas ! [...] les malheurs de mon Tristram ont commencé neufmois avant qu'il ne vînt au monde ! (I, ii-iii, p28-29).

Intéressante figure que cet homunculus sternien, pour l'ambivalence de ce qu'il représente en termes d'histoire des mentalités : citation littérale du mythe alchimique encore vivace, version savante, si l'on veut, à travers l'hypothèse des germes préexistants, de la représentation traditionnelle de l'enfant comme miniature humaine, comme adulte en réduction. L'idée fondamentale de cette théorie est que toute la création s'est faite une fois pour toute à l'origine et que par conséquent tout être se trouve à l'état microscopique dans sa semence. Le Degeneratioribus rerum naturalium de Paracelse concernant la fabrication de l'Homoncunlus est l'une des sources de Goethe pour le personnage du même nom dans le second Faust. Mais emblème également, dès le temps de la genèse embryonnaire et a fortiori dès l'enfance - il suffit d'oser tirer ironiquement toutes les conséquences de l'hypothèse -, du sujet juridique moderne dans l'État de Droit.

Laurence Sterne, Vie et opinions de Tristram Shandy [1759-1767], Paris, Garnier–Flammarion, livre I, chap. IV, p. - : «J'ai été engendré dans la nuit comprise entre le premier dimanche et le premier lundi du mois de mars de l'an de grâce 1718. Je suis formel sur ce point [...] il ressort d'une note écrite sur le carnet paternel (carnet aujourd'hui sur ma table) que pour la Fête de l'Annonciation, le 25 du mois où je fus engendré selon mon hypothèse, mon père se mit en route pour Londres avec mon frère aîné Bobby qui entrait à l'école de Westminster, et, comme il appert de la même autorité qu'il ne retrouva pas sa femme et sa famille avant la seconde semaine de maisuivant, mon hypothèse devient presque une certitude. D'ailleurs, le début du chapitre suivant dissipera tous les doutes.» (Jean-François Perrin : Archives des limbes : l'enfant avant l'enfance dans la littérature du XVIIIe siècle, Le Récit d'enfance et ses modèles, 2017 - books.google.fr).

Goethe et l'homunuclus

Thomas Mann a redonné vie au vieux mythe de Faust en plaçant le héros sous le signe du satanisme moderne. En comparaison avec la tragédie de Goethe, le roman de Thomas Mann est à la fois plus éloigné du Récit populaire de 1587 et plus proche. Si la distance nous semble plus grande vis-à-vis de ce dernier, c'est parce que dans ce roman moderne, la parodie est telle qu'elle paraît nous interdire dès l'abord de croire à la réalité du diable. Mais on découvre que cette réalité est dans la parodie elle-même. La parodie se multipliant à tous les niveaux devient l'expression même du satanisme intellectuel. Elle n'est plus du tout le fait d'un scepticisme amusé. La parodie, c'est la négation de toutes choses (Pierre Deghaye, Faust médecin nécromant, Faust, Tome 2 de Cahiers de l'hermétisme, 1977 - books.google.fr).

En son âge mûr, Thomas Mann reviendra à Gœthe : "Pendant que je travaillais au Joseph, deux livres me servirent de fortifiants : le Tristram Shandy de L. Sterne et le Faust." Invité aux États-Unis en 1938, il y promènera des conférences sur Gœthe et sur Faust. L'année suivante paraît Charlotte à Weimar, dont le récit est tout entier dominé par l'ombre majestueuse du Maître et illuminé sur la fin par son apparition si longtemps attendue. Cette évocation semble bien marquer le plus personnel hommage du romancier qui, désormais, se réclame de l'exemple goethéen et tend même à s'identifier au prestigieux modèle, aimant à retrouver dans sa propre vie les états d'âme et les réactions du poète devant ses œuvres. En effet, cette identification relève sans doute moins de l'amour-propre ou de l'ambition que d'une espèce de parenté spirituelle que Thomas Mann croit découvrir notamment à la faveur de son évolution politique : le nazisme se réclame d'une réaction romantique dont le mysticisme assez nébuleux monte un peu partout de l'histoire allemande. Pour lui arracher tout ce qu'il peut de la culture nationale, Thomas Mann opposera volontiers à ce romantisme plus ou moins frelaté les grands modèles de l'âge classique, le foyer de lumière, de raison, d'esprit libéral et même démocratique que représentera Weimar durant quelques lustres. En défendant, après tant d'autres, «l'Allemagne de Goethe», Thomas Mann empruntera (ou croira emprunter) nombre d'idées et de réactions au Sage qui, comme lui, s'était tenu hors de l'arène politique allemande. Peu importe ici que ce modèle prestigieux corresponde réellement au Gœthe de 1810, ou bien à l'idée que Thomas Mann s'est forgée de lui (André Dabezies, Visages de Faust au XXe siècle, littérature, idéologie et mythe, 1967 - books.google.fr).

L'homunculus chimique, produit de l'industrie du sot rationaliste Wagner, l'ex-famulus de Faust, vient briser la fiole qui le renferme contre le char de la déesse et réalise ainsi son aspiration à la vie véritable en s'anéantissant dans la mer, comme finit par se brûler le papillon de la poésie du Divan à qui le poète a donné pour oraison funèbre la formule célèbre : «Meurs et deviens !» Il faut d'ailleurs reconnaître qu'ici le symbolisme de Gœthe n'est pas absolument clair et peut donner lieu à des interprétations diverses. Les commentateurs n'ont pas manqué d'en profiter (Jean Boyer, Pour connaître la pensée de Gœthe, 1949 - books.google.fr).

Il reconnaît l'identité du thème sôufique du papillon qui se brûle dans la flamme du flambeau, et du mythe grec qui, du papillon, fait le symbole de l'âme, qui nous représente Psyché sous la forme d'une jeune fille ou d'un papillon, saisie et capturée par Eros, brûlée par la torche ou chargée de liens. Et ce mysticisme oriental et antique apparaît de nouveau à Gœthe comme identique au mysticisme romantique qui se montre sur les confins du XVIIIe et du XIXe siècles, chez un Novalis ou chez un Zacharias Werner, et qui s'épanouira plus tard chez Schopenhauer ou Richard Wagner. La flamme d'amour divin où doit venir se consumer l'âme est, pour ces mystiques, le royaume de la Nuit, le royaume de l'Amour, le Nirvânâ où s'évanouit le Jour avec ses mirages, où se dissipe l'illusion de l'individuation, et où s'élève l'âme purifiée par la souffrance, déprise du désir mauvais, affranchie du vouloir-vivre égoïste. Cette idée du sacrifice de soi par lequel l'âme religieuse met fin à la douloureuse illusion du dualisme et de l'individuation est tout à fait familière à Gœthe. «Meurs et deviens», énonce-t-il dans une des plus pénétrantes poésies du Divan, «Nostalgie bienheureuse», où il chante le thème mystique du papillon qui se consume dans le flambeau et célèbre «le vivant qui aspire à la mort dans la flamme», l'absorption volontaire de l'individu dans la vie universelle, de l'acquiescement joyeux de la créature finie à la loi du monde, à la métamorphose qui conduit les êtres, de mort en mort, vers des formes d'existence toujours supérieures. Il n'y a pas identité complète entre le mysticisme gœthéen et le mysticisme oriental. Pour le mystique chrétien ou persan, la mort du moi périssable et l'absorption au sein de la divinité est un acte unique qui aboutit à un état permanent définitif, d'immuable félicité. Pour Gœthe, il n'y a pas d'état définitif et permanent pour la créature ; il y a une ascension indéfinie vers des formes d'existence toujours plus hautes et l'acte par lequel l'homme doit se déprendre de son moi périssable pour s'élever par un libre consentement à la mort, et, par la mort, à un mode d'existence supérieur, n'est pas unique, mais doit se renouveler à chaque stade de son évolution. Les analogies sont toutefois assez profondes pour que Gœthe perçoive la continuité de la tradition mystique depuis le passé oriental ou grec jusqu'à lui-même et puisse communier dans la même foi et à l'aide des mêmes symboles avec Hâfiz, Platon ou Novalis (Henri Lichtenberger, La sagesse de Goethe, 1930 - books.google.fr, Stéphane Schmitt, Type et métamorphose dans la morphologie de Goethe, entre classicisme et romantisme. In: Revue d'histoire des sciences, tome 54, n°4, 2001 - www.persee.fr).

Cette conception panthéiste goethienne est contrebalancée par celle des béguines.

Le pianiste de la Castafiore s'appelle Wagner, plus en relation, ici, avec Faust qu'avec la Tétralogie, et porte à l'hôtel Sznôrr un noeud papillon rouge. Le colonel Sponsz à qui Tintin subtilise les papiers de libération de Tournesol, est berné, "cocu". Sponsz invite la Castafiore chez lui et révèle qu'il est marié (Mireille Moons, Bianca Castafiore - La Diva du vingtième siècle, 2006 - books.google.fr).

On pourrait relier le nom de Sponsz au latin "sponsus", "fiancé" et en latin chrétien "époux" en parlant du Christ époux de l'Eglise (Gaffiot).

In 1932, James Boyd made the pronouncement that, "Though Goethe knew Tristram Shandy well it has left no traces of any importance in his works." On the contrary as, Klingemann has shown in his dissertation under the head of "Eigenheiten," Sterne provided a much used element of portrait painting in Wilhelm Meister. "Goethe read Sterne's Sentimental journey at least once in later life." This is an understatement. He read both the Sentimental journey and Tristram Shandy at least three recorded times as has been set forth by my late colleague Pinger, whose study lists in sequence 148 references to Sterne (Lawrence M. Price, sur "Goethe's knowledge of english literature" de James Boyd, The Journal of English and Germanic Philology, Numéro 4 ; Numéro 33, 1934 - books.google.fr).

In 1932, James Boyd made the pronouncement that, "Though Goethe knew Tristram Shandy well, it has left no traces of any importance in his works." Consequently, his Goethe's Knowledge of English Literature chronicles only a couple of diary entries referring to Goethe's reading of Shandy, a couple of uses of the name, a conversation with Riemer, and a letter to Zelter on 5 October 1830. Likewise, Georg Witkowski dismisses the possibility of influence in the specific case of Homunculus with a single sentence : "Die erste dieser Eigenschaften [der Drang nach Tatigkeit] besitzt auch der Homunculus in Sternes "Tristram Shandy" (Kap. 2); aber da er sonst keine Verwandtschaft mit Goethes Homunculus zeigt (denn der Humor liegt bei Sterne nicht in der Figur, sonder ist nur Reflex der Satire Sternes), so ist diese Quelle ohne weiteres auszuschalten, zumal für die ursprüngliche Konzeption der Gestalt." Although the fast phrase seems to make allowance for an influence on the development of the character after its initial conception, Witkowski's grong statement that the two figures have no relationship to each other except their desire for activity has led subsequent critics to take his advice and pass over the relationship, in must cases without mention. That Goethe had read Tristram Shandy by the time of the composition of Faust II is an established fact, and he himself cited Sterne as one of the central influences on his works. There facts, however, would be without interest or importance for the interpretation of the figure of Homunculus unless a knowledge of Sterne's work sheds valuable light on Goethe's conception of Homunculus. It is somewhat odd that the critical silence concerning this relationship was continued despite the notorious difficulty of interpreting Goethe's Homunculus. The usual interpretation of his character is that he is pure spirit, longing to be incorporated. Fritz Strich ("Homunculus" PEGS, n.s. 17 (1948)) adds to this idea that he thus serves as himself, who is moving from the physical to the spiritual. Strich also follows Wilhelm Hertz in tying Homunculus to Leibnitz' theory of monads. This interpretation has proved unsatisfactory insofar as it does not account for Homunculus' impudent character or how he appears in Wagner's phial and what part Mephisto plays in his appearance. Indeed, Strich's interpretation accounts for even fewer elements than Hertz's, since he rejects any fundamental connection between Homunculus, his breaking of his phial on Galatea's throne, the phosphorescence of the sea which follows, and Helena's emergence from the sea at the beginning of Act Three. The interpretation of Homunculus as pure spirit has basically three foundations, one in Paracelsus and two statements of Goethe mediated by Eckermann. After describing the process by which a Homunculus can be made by placing a human sperm in a closed beaker with rotting matter, Paracelsus states that after about forty days the Homunculus will be alive and visible, "leichtlich zu sehen.. nach solcher zeit wird es etlicher maßen einem menschen gleich sehen, doch durchsichtig on ein corpus." That the Homunculus is not thought of as a pure spirit without a body is clear from what follows, that after forty weeks "wird ein recht lebendig menschlich kint daraus mit allen glitmaßen wie ein ander kint, das von einem Weib geboren wird, doch vil kleiner." The Homunculus differs from a normal child only in size, because of the unnatural circumstances of its conception. In this way it resembles the Homunculi described in the "Buch über die Homunculi" of the Philosophia Magna, which are distinguished from human beings by an unnatural conception, for according to Paracelsus, "Allein in der Frau wird ein Kind geboren, das ein beseelter Mensch ist." Paracelsus compares the Homunculi with spirits in only one passage of "De generationibus rerum naturalium," and there it is clear that it is their powers and abilities which resemble those of spirits, not their physical constitution. He states that they, "mit iren kreften und taten nit menschen sondern sich geistern vergleichen." We must conclude, then, that when Paracelsus used the term "homunculus" he was referring to a fetus conceived in any other but the natural place.

Since Paracelsus does not give us much support for any interpretation of Homunculus as pure spirit, we are left with Goethe's statement to Eckermann that, "solche geistige Wesen, wie der Homunculus, die durch eine vollkommene Menschwerdung noch nicht verdüstert und beschränkt worden, zählte man zu den Dämonen, wodurch denn unter Beyden [Homunculus and Mephistopheles] eine Art von Verwandtschaft existirt." Besides the natural difficulty of interpreting Goethe's thoughts as filtered and rephrased by Eckermann, this sentence presents several crucial points needing to be explored, points critical to an interpretation of Homunculus as pure spirit. First it is clear that this kind of Damon will become a human being; Goethe states that it is not yet obscured and limited by becoming a complete human being. In what ways this Menschwerdung is as yet incomplete is not entirely clear from this source, but it is entirely possible that the Damon in question is the spirit of a human being that has partially entered matter through conception but has not been entirely obscured by birth into this life. This interpretation would hold exactly with the Paracelsian use of the term. It is also entirely consistent with Riemer's journal entry in which he quotes Eckermann as telling him "Goethe habe damit die reine Entelechie darstellen wollen, den Verstand, den Geist des Menschen, wie er vor aller Erfahrung ims Leben tritt. Denn der Geist des Menschen komme schon höchst begabt an, und wir lernten keineswegs alles, wir brachten schon mit." The idea of entelechy is most aptly represented in the seed, the germ from which the unfolding telos springs - in this case, the human embryo. The pronouncements of Goethe which we have received through Eckermann and Riemer do not therefore support the usual interpretation of Homunculus as pure spirit. Rather, these statements are entirely in accord with Paracelsus' use of the term (as well as Pratorius', whose Anthropodemus Plutonic is often mentioned as a possible mediating source.) Before seeing how this interpretation fits into a reading of Faust II, it would be well to examine Sterne's Tristram Shandy, Book 1, Chapter 2, to see what light it sheds on the matter. Although Chapter 2 of Tristram Shandy is cited in the Oxford English Dictionary's definition of homuncule as "A little or diminutive man; a mannikin," along with mention of Paracelsian homunculi, we learn from the text itself that Sterne is not speaking of a dwarf or pygmy. He interrupts the account of the night of Tristram Shandy's conception, just as the act of conception itself was interrupted, by an incongruous discourse - in this case a mock scientific digression - on the properties of the sperm or "Homunculus," which is pictured as a little man "endow'd with the same locomotive powers and faculties with us:— That he consists as we do, of skin, hair, fat, flesh, veins, arteries, ligaments, nerves, cartilages, bones, marrow, brains, glands, genitals, humours, and articulations;— is a Being of as much activity,— and. in all senses of the word, as much and as truly our fellow-creature as my Lord Chancellor of England." The narrator, for example, asserts that, "The Homunculus, Sir. in however low and ludicrous a light he may appear, in this age of levity to the eye of folly or prejudice: — to the eye of reason in scientifick research, he stands confess'd - a Being guarded and circumscribed with rights..." Added to this is the picture of the Homunculus as a little traveler whose hand needs to be held, and who might well arrive at his destination utterly spent and out of spirits, and therefore "prey to sudden starts, or a series of melancholy dreams and fancies, for nine long, long months together." Sterne uses the term in essentially the same way as Paracelsus, as far as the definition is concerned, except that in this case the homunculus is conceived in the natural place. That Sterne should use the jargon of the great natural philosopher is entirely appropriate, since he is satirizing the elder Shandy, who is himself "an excellent natural philosopher, and much given to close reasoning upon the smallest matters...". What Sterne adds to Paracelsus, then, is the satire of "scientifick reasoning" and the sexual innuendo implicit when such reasoning is applied, not to laboratory experiments in reproduction, but to the natural act of reproduction. Precisely these two aspects are those which Goethe shares with Sterne: his Gelchrtensatire and the sexual innuendo. Both of these aspects are apparent in the initial scene in the laboratory, where Wagner is discovered attempting by chemical means to create artificial life. Mephisto's immediate response to the pronouncement that a human being is being made is," "Und welch verliebtes Paar / Habt ihr ins Rauchlioch eingeschlossen ?" (II. 6836-37) Although he makes fun of sex, he likewise ridicules Wagner's attempt, since the clear implication is that the natural method of conception is the only possible one. Wagner, however, disdains sex as too low, too bestial for man : "Wenn sich das Tier noch weiter dran ergem. So muß der Mensch mit seinen großen Gaben Doch künftig höhern, höhern Ursprung haben". (II. 6845-47) His method, rather than the natural "organisieren" (I. 6859), depends on inorganic "kristallisieren" (I. 6860). His is not at all the same method as the Paracelsian incubation of the sperm. Clearly, then, not Wagner but Mephisto is responsible for the »uccess of the attempt. Beutler tried to make a case to the contrary, but all internal evidence points to Mephistos participation, since the closing remark of the scene, "Am Ende hängen wir doch ab / Von Kreaturen, die wir machten" (II. 6703-4) is addressed Ad spectalores and not to Wagner, as Beutler claimed. Likewise, Eckermann reports that he thought Mephisto was closely implicated by the above remark, and Goethe affirmed this, saying "Sie haben recht, ...dieß könnte dem Aufmerkenden fast genug seyn; indeß will ich doch noch auf einige Verse sinnen." These additional verses would be such that "seine Mitwirkung ausgesprochen und dem Leser deutlich würde."17 That these verses were never written does not indicate the fact to bn doubtful, but rather that Goethe decided it was indeed clear enough. The manner of Mephisto's participation in the creation of Homunculus is the next question. Readers have generally assumed that in this case, as in many others, he simply calls up one of the spirits at his command. This assumption is as we have seen, virtually the only reason for assuming that Homunculus is in fact a pure spirit. Reading Paracelsus and Sterne, however, suggests to the mind another enticing possibility: that Mephisto simply introduces a sperm into the retort. His use of such a method would seem appropriate in light of Prätorius' denunciation of Paracelsus' writings on the matter as damnable and godless.

This suggestion is made even more attractive by the fact that it provides clues to a number of crucial elements which have proved notoriously difficult to interpret. It explains Homunculus' pains, in the final version, to ensure that the phial is not broken before the proper time and place. This is not, as some commentators have fancied, because he would then enter any matter which happened to be at hand, but rather that he is not yet mature enough for birth and would not survive removal from his artificial environment. Paracelsus also incubated his test-tube fetus for forty weeks, the length of a normal pregnancy. This interpretation also accounts for Homunculus' ambiguous but saucily sexual character. Not only is he the sole observer who sees Faust's sexual dream of Leda and the swan, he also describes it in a tone far from cold and detached: "...Fraun, die sich entkleiden, / Die allerliebsten!— Das wird immer besser" (II. 6904-5). He awakens Mephisto's interest in the classical Walpurgisnacht by mentioning the lewd Thessalian witches. Later, Thales brings up the ambiguity of his sexual nature when he tells Proteus, "Auch scheint es mir von andrer Seite kritisch: / Er ist, mich dünkt, hermaphroditisch" (II. 8255-56). His actual sex, although he is consistently referred to in the masculine gender and described as "Knabe" and " Jungfernsohn," is not yet determined, or at least not yet determinable, as also holds true for the early development of the embryo. One other statement of Thales in the same scene has often been used to support the view of Homunculus as pure spirit: "Er ist, wie ich von ihm vernommen, Gar wundersam nur halb zur Welt gekommen. Ihm fehlt es nicht an geistigen Eigenschaften, Doch gar zu sehr am greiflich Tüchtighaften. Bis jetzt gibt ihm das Glas allein Gewicht. Doch war' er gern zunachst verkörperlicht. (II. 8247-52) Besides the question of the reliability of Thales' observations, there are two critical points which may not in fact support this view. The contrast between spiritual and physical qualities which follows has been reflected back onto line 8248, and the debate has been as to which half of the mind-body duality is present, with the overwhelming majority in favor of the spirit. But the "halb" of that line does not necessarily refer to any such duality; it could just as easily mean that the process is as yet only half complete, even if the sperm is considered a complete individual, as it may well have been. It has not yet undergone a "vollkommene Menschwerdung." Likewise, the sperm could well be described as having no weight of its own The last line, in which Thales states that Homunculus wishes to be embodied, is called into question by Proteus' ironic reply: "Du bist ein wahrer. Jungfernsohn, / Eh' du sein solltest, bist du schon!" (11. 8253-54). He is in fact, in some way, already embodied, although apparently not all the conditions necessary for birth have been met. Indeed, the reader does not hear anything about the moment of birth, for the final scene of Act Two, with Homunculus breaking his phial on Galatea's throne, corresponds more closely to the moment of conception than to the moment of birth. Pulsing with the fires of love, and surrounded by sirens, the phial pours out its contents into the great uterus of the sea, an image which Goethe can well have taken from the contemporary natural philosopher Oken, who was publishing a journal in nearby Jena, as well as from the myth of the birth of Aphrodite. Oken published such statements as, "Dieser Uterus ist das Meer." and "Das Meer hat Nahrung für den Fotus." Although he was talking about spontaneous generation, and Hertz has demonstrated that by the time he wrote this scene Goethe would have known of the defeat of that doctrine, the image remains in the powerful last lines of the act, in which the sirens see "... alles vom Feuer umronnen; / So herrsche denn Eros, der alles begonnen!" (II. 8478-79) These are clearly the fires of erotic love not the pure flame of the spirit, or as Emrich would have it21 of genius. Homunculus' flame thus can best be seen throughout as a function of his erotic origin and potential rather than his spiritual capacities. Homunculus is not, however, reduced thereby to a mere sexual image, devoid of any spiritual implications. What Goethe is celebrating is erotic love in its highest creative potential. He does not disdain the sexual nature of man as does Wagner or think that man must have a higher origin; on the contrary, the product of this sexual nature is the highest earthly beauty, Helena. To be sure, the connection is never explicitly made; the only description of her appearance the reader is given is that of the Watchman, who saw her rising like the sun in the south. Although this statement may not necessarily imply her emergence from the sea, but only the direction from which she came, the parallel to the birth of Aphrodite from the foam has been noted by commentators who made no connection with the entrance of Homunculus into that fertile womb. We note also that the reader, like Helena herself, is subjected to a sort of amnesia, and could easily imagine that Goethe's Helena is the historical Helena just returned from Troy. The reader does not witness her birth, and she seems to have no recollection of it. Not until Phorkyas, in whom one readily recognizes Mephisto, calls her being into question do both she and the reader begin to realize that this is a new Helena, born again in the wake of the classical Walpurgisnacht and the scene at Galatea's throne. Rather than developing through "...tausend, abertausend Formen, / Und bis zum Menschen hast du Zeit" (II. 8325-26) as Thales (and most commentators) mistakenly assume, Homunculus has become the ideal of earthly beauty. There is yet another link between Homunculus an1l Helena, for, as Emrich has pointed out, he bears many striking resemblances to the product of her love for Faust, Euphorion. The appearance of both is announced by the same lighthearted rhyme on Scherz and Herz; both are repeatedly described as a flame and Euphorion even once as a Damon; both have a sort of precocious and saucy sexuality; and both are virtually weightless beings, springing and hovering, with a tendency to fly away. In some ways, in fact, they have many of the characteristics of Eros himself. In this way, Eros frames the entire Helena episode, from the first mention of her in Faust's dream to her death at the death of Euphorion. Eros is her birth and her death. Since Helena is the central symbol of the second part of Faust, this intimate link between her and Homunculus colors the meaning of the entire work. Examination of Tristram Shandy in connection with Paracelsus has led us to a new reading of Act Two and even Act Three of Faust II. It has given us insights into the nature of Homunculus and his relationship to Helena which makes him appear as the central actor of Act Two. In addition, elements which were unexplained or seemed inconsistent now fall into place. Since the reasonable test of any investigation of influences must inevitably be whether such study gives us greater insight into the text, we now recognize that knowledge concerning these two previous homunculi has helped us to understand the "Gipfeldialog erlauchter Geister" in which Goethe's Faust is a response to other great works of literature (Kathleen R. Snow, Homunculus in Paracelsus, "Tristram Shandy", and "Faust", The Journal of English and Germanic Philology, Vol. 79, No. 1,, 1980 - www.jstor.org).

James Tissot (1836–1902), La Japonaise au bain, 1864 - Musée des Beaux-Arts de Dijon - fr.wikipedia.org - James Tissot

Kimono et Faust : James Tissot

La réouverture du Japon à l’Occident en 1854 fait déferler dans toute l’Europe une vague japonisante sans précédent. De Londres à Paris, les expositions universelles jouent de 1862 à 1889 un rôle déterminant dans la découverte de l’art extrême-oriental. Estampes, porcelaines, laques, soieries, paravents et autres bibelots exotiques affluent dans les magasins de curiosité qui fleurissent dès lors dans les capitales européennes. Après 1860, Paris succombe à cette fascination du Soleil-Levant dont l’art séduit par son extrême raffinement. De nombreuses personnalités du monde des lettres et des arts contribuent à populariser cet engouement. Parmi elles, citons le graveur Félix Bracquemond, les frères Goncourt, grands admirateurs d’Hokusai et Utamaro, le marchand Samuel Bing ainsi que le collectionneur et critique d’art Philippe Burty. C’est à ce dernier que revient la paternité du terme «japonisme» dont un grand nombre de peintres impressionnistes furent les fervents adeptes : Fantin-Latour, Whistler, Manet, Monet, Degas et van Gogh. Toutefois, l’influence de l’art japonais sur ces artistes, qui n’en retiennent alors que la fantaisie décorative, est encore bien éloignée des innovations formelles adoptées plus tard par les Nabis. Emile Zola dénonce ainsi les dérives d’un art d’imitation factice : «Le japonisme a du bon, mais il ne faut pas en mettre partout ; autrement, l’art tournerait au bibelot...» (Le Naturalisme au Salon, 1880).

Comme ses amis Degas, Whistler et Manet, James Tissot fut l’un des premiers artistes à collectionner l’art d’Extrême-Orient qui lui inspira un grand nombre de «japonaiseries» dans le goût de cette Japonaise au bain. Entrée dans les collections du musée en 1923 à la faveur du legs consenti par le collectionneur dijonnais Gaston Joliet, cette belle peinture, dont l’exotisme de pacotille ne saurait cacher l’élégante modernité du style de l’artiste, compte parmi les chefs-d’œuvre de Tissot.

La langueur rêveuse de ses personnages féminins n’est pas ici sans rappeler l’expression des héroïnes préraphaélites ni même celle de la dame Chrysanthème de Pierre Loti avec lequel Tissot partage la même vision romantique du Japon. La dame Chrysnathème inspire à Puccini son opéra Madame Butterfly (beaux-arts.dijon.fr).

The Thames was a proven, popular subject, and Tissot must also have guessed that his eighteenth-century vignettes would appeal to the English taste for"neo-Georgian" genre painting. This had been taken up with great success by the English painters John Everett Millais, Frank and Marcus Stone, George Duniop Leslie, and others. Tissot's recreation of the period is somewhat loose: the furniture dates to about 1800 and the costumes to about twenty years earlier. Besides depicting an identifiable English location, Tissot added humor to his work, also calculated to appeal to his new audiences. As has been suggested, the pontificating gentleman may be related, in type if not in literal reference, to Uncle Toby in Laurence Sterne's comic novel Tristram Shandy ? A popular figure in Victorian painting, Uncle Toby obsessively reconstructs old battles and historic fortifications, boring anyone who encounters him with endless details of his military exploits. As a comedy, An Uninteresting Story lent itself to the type of narrative "reading" of painting that Victorian viewers were conditioned to practice. Tissot's early English pictures were easily legible, although he soon began to experiment with ways to make them harder to read (Nancy Rose Marshall, Malcom Warner, James Tissot: Victorian Life, Modern Love, 1999 - books.google.fr, James Jacques Joseph Tissot, 1836-1902: a retrospective exhibition : Museum of Art, Rhode Island School of Design, Providence, February 28-March 29, 1968, 1968 - books.google.fr).

Dans la penderie de la loge de la Castafiore, où se sont cachés Tintin et Haddock, est suspendu un kimono (opéra Madame Butterfly) page 54. La Castafiore joue en alternance Cio Cio San - sa photo en geisha est glissé au coin gauche du miroir de la table de maquillage -, et Marguerite (Mireille Moons, Bianca Castafiore - La Diva du vingtième siècle, 2006 - books.google.fr).

James Tissot (1836-1902), La rencontre de Faust et de Marguerite, 1860 - www.musee-orsay.fr

Petit homme

C'est dans l'album le trésor de Rackham le rouge qu'apparaît le personnage du professeur Tournesol. Il vient frapper à la porte de Tintin pour lui proposer un submersible de son invention. Lorsque je lis cette page, j'ai un choc. Ce petit homme barbu, portant chapeau et lunettes qui surgit sur le pas de la porte vêtu d'une gabardine verte lui tombant jusqu'aux pieds, oui, j'en ai immédiatement l'intuition : il est déguisé (Grégoire Bouillier, Rapport sur moi, 2002 - books.google.fr).

Aux côtés de la Castafiore à l'hôtel Sznôrr, "chemine Monsieur Wagner, dominé d'une bonne tête. Il est tel qu'en lui-même ; chapeau, moustaches, lunettes. Coincés sous son bras : un rouleau de partitions et sa mallette. Il est vêtu d'un pantalon de flanelle gris à revers et d'un veston bleu. Il a troqué son foulard et son col droit contre un col en pointes et un nœud papillon rouge. Mais on devine qu'il n'a guère changé en vingt ans. Serein, discret, fidèle, Monsieur Wagner accompagne (Mireille Moons, Bianca Castafiore - La Diva du vingtième siècle, 2006 - books.google.fr).

L'usage des armes à feu remonte au début de la guerre de Cent Ans, à la bataille de Crécy-en-Ponthieu (1346) (Encyclopédie de l'Alsace, Tome 8, 1984 - books.google.fr).

Lactas

Le camion de lait de la page 11 porte la marque "LACTAS".

lacto, as, are, atum, avi avoir du lait (Gaffiot).

La métaphore du lait caillé par la présure pour la formation du foetus existait probablement avant Aristote, mais elle n'a connu le succès que l'on sait qu'après avoir été utilisée par lui, devenant un lieu commun rencontré chez bon nombre d'auteurs de l'Antiquité tels Pline l'Ancien, Galien et bien d'autres339. En outre, on la trouve également dans les parties tardives de la Bible : «Ne m'as-tu pas coulé comme du lait et fait cailler comme du laitage ?» (Jb 10,10) et «J'ai été ciselé en chair dans le ventre d'une mère, où, pendant dix mois, dans le sang, j'ai pris consistance (coagulatus in sanguine), à partir d'une semence d'homme et du plaisir, compagnon du sommeil. » (Sg 7, 1-2) Ensuite, elle fut reçue par les théologiens chrétiens : comme dans le sang, dans le fromage aussi, la présure appartient à la substance qu'elle solidifie par son traitement, c'est-à-dire le lait, affirme Tertullien, et, après son élaboration chez Clément d'Alexandrie, on en trouve d'innombrables variantes. [...]

Déjà un papyrus égyptien raconte que les chairs et la peau du dieu Horus ont été développées à partir du lait de sa mère. Les concepts naturalistes d'après lesquels le sang et le lait sont un seul et même liquide ont été très tôt adoptés par les chrétiens comme une vérité. La thèse principale du chapitre intitulé L'identité de nature entre le lait et le sang de Clément d'Alexandrie, réside dans l'affirmation que la nourriture consommée et digérée se transforme en sang pour la constitution de la substance du corps :

La formation de l'embryon a lieu lorsque le sperme s'unit au résidu pur laissé par l'écoulement menstruel [...]. Ce qui est dans les entrailles de la femme, initialement, a une consistance humide, comme du lait ; ensuite, cette même matière devient du sang et de la chair, elle s'épaissit dans l'utérus sous l'effet du souffle chaud naturel ;l'embryon se forme et prend vie. Après la naissance, le petit enfant est encore nourri de ce même sang puisque l'écoulement du lait est une production du sang [...]. Si, donc, l'élaboration de la nourriture donne du sang et si le sang se transforme en lait, on peut dire que le sang constitue la préparation du lait, comme le sperme celle de l'homme (Jure Mikuz, Le sang et le lait dans l’imaginaire médiéval, 2013 - books.google.fr).

Scarlatine - Scarlatti

Domenico Scarlatti, né le 26 octobre 1685 à Naples et mort le 23 juillet 1757 à Madrid, est un compositeur baroque et claveciniste virtuose italien (fr.wikipedia.org - Domenico Scarlatti).

Il est né le jour de la bataille de Crécy.

Dans Tristram, Scarlatti apparaît au chapitre 34, au sujet d'une colère de son père contre son frère Toby qui interromp une conversation pour reconstituer le siège de Namur, et d'une poche placée trop bas par un tailleur.

Lorsqu'il décrit la difficile posture de son père soulevant sa perruque de la main droite pour aller chercher, avec la gauche, son mouchoir rayé des Indes dans sa poche droite, Tristram écrit : «Il n'est jamais commode d'aller en diagonale n'est jamais commode d'aller en diagonale fourrer sa main au fond de la poche opposée, mais dans l'année 1718, où ces événements eurent lieu, la chose était incroyablement difficile.» La mode de l'époque fixait les poches fort bas... (Roger-Pol Droit, La Compagnie des philosophes, 1998 - books.google.fr).

1718 est l'année de naissance de Tristram.

Sainte Marguerite

20 juillet, sainte Marguerite, saint Élie. — Règle générale, plus la légende d'un saint ou d'une sainte est vague, incertaine, plus les preuves historiques font défaut, et plus la pensée populaire s'est efforcée de l'embellir en y ralliant des traditions de tout genre. Sainte Marguerite est une des saintes les plus favorisées sous ce rapport. De très bonne heure déjà, le nom de Marguerite fut donnée à la brillante constellation d'Ariane, la lucide couronne boréale qui disparait du ciel vers l'époque de la fête de sainte Marguerite. Souvent cette sainte est invoquée comme la céleste perle, l'étoile lumineuse de la chasteté.

Avant tout, Marguerite est la compatissante patronne des femmes à l'heure périlleuse de l'accouchement. La légende dit qu'au moment où elle devait être décapitée, elle demanda au bourreau le temps de faire une oraison, qu'elle pria alors pour elle et ses persécuteurs, ajoutant que toute femme en couche qui l'invoquerait enfanterait sans danger. A quoi une voix du ciel répondit : Tes prières seront exaucées. Pendant les croisades, les Français ayant rapporté d'Antioche les reliques de sainte Marguerite, le culte de cette sainte se répandit bientôt dans toute l'Europe, les églises et chapelles placées sous son invocation se multiplièrent. Marguerite devint un nom tellement en usage qu'on pût dire, avec quelque exagération, sans doute, qu'en diverses villes toutes les femmes s'appelaient Marguerite. De nos jours encore les Marguerites sont si nombreuses à Paris, à Cologne et dans beaucoup d'autres villes, que la Sainte-Marguerite est une fête primordiale pour les femmes, Un vieil axiome dit que femme ehaste de ce nom accouche facilement.

De nos jours, ces kermesses ressemblent à toutes les autres. A Prague, toutefois, la fête qu'on célèbre le dimanche après SainteMarguerite conserve encore un caractère particulier. On l'appelle : sète de l'Étoile ou de Marguerite, et on la rattache, dit le Festkalender, à un miracle opéré, pendant une procession, par un os du bras de sainte Marguerite, qui, dans une année d'extrême sécheresse, procura tout à coup, aux populations désolées, le bienfait d'une forte pluie. Cet événement étant arrivé justement pendant que la procession se trouvait dans l'église consacrée à sainte Marguerite de l'abbaye des bénédictins, nommée Brewnow, impressionna vivement le peuple qui, chaque année, en alla célébrer la mémoire, en se réunissant dans les vastes cours de l'abbaye et dans le bois voisin. Plus tard, ajoute le Festkalender, le bois ayant été peu à peu amoindri, la fête populaire se retira sous les arbres qui en restaient encore, pour en arriver finalement à l'Étoile, jardin zoologique établi par George de Podebrad, en 1450, et qui donna un surnom à la fête de SainteMarguerite. Sans rechercher si tout cela est d'une vérité historique bien incontestable, nous nous bornerons à dire qu'aujourd'hui la fète Sainte-Marguerite ou de l'Étoile est une des plus bruyantes de la capitale de la Bohême. Tous les joueurs de cornemuse, les charlatans, les marchands en plein air des environs se donnent rendez-vous à l'Étoile. Le public danse sur la pelouse, on se pare de couronnes champêtres et on se rejouit de toutes les manières jusque bien avant dans la soirée. On appelle astronomes ceux qui vont ainsi à l'Étoile étudier l'astronomie joyeuse. En Belgique, diverses églises sont dédiées à sainte Marguerite, et elle a donné son nom à deux communes : Hauthem-Sainte-Marguerite, en Brabant, et Sainte-Marguerite près Maldeghem, dans la Flandre, orientale. Le motif pour lequel le martyrologe romain réformé a placé la fête de Sainte-Marguerite au 20 juillet, est que la congrégation des rites, chargée par le pape Urbain VIII de la révision de ce martyrologe, a adopté l'opinion des auteurs qui indiquent le 13 des calendes d'août comme jour du martyre de la sainte, et non les données de la tradition, qui en fixe la date au 3 des ides de juillet. L'année de la mort de la sainte reste assez incertaine; pour les uns, c'est l'an 275, pour les autres, l'an 561. Il y a, dans les traditions et les idées populaires mises en rapport avec sainte Marguerite, des réminiscences du culte d'Ariane, de Frigga, de Bertha et même des Trois-Sœurs (Victor Amédée Jacques Marie Coremans, La Belgique et la Bohême: traditions, coutumes et idées populaires, 1862 - books.google.fr, Autour de Rennes : Retire-moi de la boue : la couronne boréale).

 

Ben More (L'ïle noire) : Mélusine

Reptation

L'île noire avec les symboles du château menaçant, de l'homme primitif, de la reptation dans les entrailles de la terre, de la caverne des illusions, rappelle l'Œuvre au noir alchimique. [...] La plongée dans l'inconscient est pénible comme dans les rêves du Capitaine Haddock ou brutale, à chaque fois que Tintin sombre inanimé. Bien souvent il est victime des forces du Mal, comme on peut le voir dans plusieurs albums. Le thème auquel recourt Hergé pour évoquer cette régression est certainement celui de la reptation sous terre. Ne parle-t-on pas des «entrailles de la terre-mère» ? Déjà à l'œuvre dans L'île noire où Tintin va découvrir au bout du boyau le repaire des faux-monnayeurs, ce symbole prend son ampleur dans Le Temple du Soleil et se prolongera jusque dans Vol 714 pour Sydney : le passage secret qui s'ouvre quand on appuie sur l'œil gauche d'une statue ancienne, et mène à l'initié Mik Ezdanitoff (Jacques Fontaine, Hergé chez les initiés, 2001 - books.google.fr).

Dans L'Ile noire, Milou découvre l'entrée d'une grotte, un trou qui sauve Tintin et Milou, mais semble-t-il, pour les condamner : «La marée monte, mon cher monsieur Tintin, et à moins que vous ne préféreriez Ranko, il va falloir mourir comme un rat dans votre trou» (47 C2). Mais suivant Milou et rampant au gré des cassures du sol, au gré des anfractuosités du rocher, Tintin découvre l'atelier des faux-monnayeurs, la grotte recèle bien un trésor, même si dans L'Ile noire, il s'agit d'un trésor de papier dont la valeur tient à l'habileté du faussaire et au mensonge. Bachelard, dans sa célèbre analyse de la grotte, notait : «La grotte est la demeure sans porte. N'imaginons pas trop vite qu'on ferme la grotte le soir avec une pierre roulée pour y dormir en paix. La dialectique du refuge et de l'effroi a besoin de l'ouverture. On veut être protégé, mais on ne veut pas être enfermé». Les grottes pour Hergé sont également des lieux aménagés, mais si elles s'accordent à certain critères de la rêverie bachelardienne, elles s'en exceptent par la portée phénoménologique et d'une certaine façon théologique qu'elles recèlent. «Demeure sans porte», très vite la grotte, dans l'univers d'Hergé, ne l'est plus, un signe la dissimule ou l'indique (Le Temple du Soleil ou On a marché sur la lune). Dans Le Temple du Soleil, la grotte que découvre, dans une chute, Tintin est voilée par le rideau de la cascade. Même reptation le long d'une anfractuosité que dans L'Ile noire, découverte analogue au bout du chemin, mais la grotte a gagné une complexité et une densité numineuse évidente. Tintin y rencontre d'abord le visage d'une momie, s'y trompe, s'adresse à l'étranger en plusieurs langues et comprend, à la fixité du regard, qu'il s'agit là seulement d'une image de la mort, d'un masque qui se brise au premier geste ; puis Milou souffle alors dans la flûte des morts : un tibia sculpté que le chien a eu raison de prendre pour un os même s'il l'effraie de son pouvoir sacré. Après un dernier effort, ils poussent à quatre la porte qui bascule, et interrompent ainsi la cérémonie dédiée, on peut le croire, au soleil. Entre la cascade et le soleil célébré, la grotte est dans le temple la dernière frontière qui guide vers le trésor inattendu et ponctué jusqu'à la fin de présages de mort. (Dans cet album écrit après-guerre, le passage d'un climat à un autre, d'un relief à un autre, s'interprète comme autant de frontières, maintenant ouvertes, avant de pavenir au temple.) Tintin avait surpris les faux-monnayeurs, troublé cette cérémonie ; dans On a marché sur la lune, la grotte conduit à une surprenante découverte (35 C1) : «Des stalagmites et des stalagtites... Voilà la preuve qu'à une certaine époque, il y a eu de l'eau sur la lune.» Tintin, pour retrouver Milou, fera l'épreuve d'un tobogan de glace. Le signe qui cache la grotte est aussi celui qui la dévoile : un piton rocheux, vestige érodé d'une stalagmite. Troublante analogie : le rideau de la cascade qui permettait à la fois d'accéder à la grotte tout en la masquant. Dans Vol 714 pour Sydney, enfin, la grotte (41 D2) vue de l'intérieur dévoile (en une case) à la fois son entrée et son énigme : une sculpture d'un masque gigantesque (on pense à celui de la momie du Temple du Soleil). De couloir en couloir, la grotte est cette fois totalement habitée, véritable monde sous terre, invisible, symétrique caché et infiniment plus complexe du monde visible. Le trésor y est devenu plus complexe encore puisque chaque indice amène à conclure à une autre civilisation puis à un autre monde (extra-terrestre), avant d'atteindre un lac dans le cratère. Eau, feu et ciel se confondent alors en une fin du monde, un jugement dernier où une échelle descendue du ciel vient sauver nos compagnons. Ainsi dans chaque grotte on circule, on va vers un mystère, une énigme, «comment se peut-il ?» toujours plus accusé de L 'Ile noire au Vol 714 pour Sydney. Il existe cependant deux autres grottes dans l'œuvre d'Hergé ; elles font dans Tintin au Tibet deux cavités pour un autre trésor, un trésor d'un autre ordre. Dans ces deux grottes là, il n'est pas question de l'aventure, elles ne mènent ni à une découverte scientifique (On a marché sur la lune), ni à celle d'une civilisation que l'on croyait perdue {Le Temple du Soleil) ou à un autre monde auquel on ne croit pas (Vol 714 pour Sydney). On remarquera la gravité que la grotte a conquise depuis l'atelier de fausse monnaie. La première grotte de Tintin au Tibet s'ouvre dans la glace et la neige (29 C2) : «T : - L'entrée d'une grotte !...», seul refuge au «creux» de l'immensité glacée. Là, une stèle, un mémorial, un nom : celui de Tchang gravé en chinois et dans «notre écriture à nous» sur la paroi d'un rocher (30 B2). Il faudrait insister sur le pouvoir de cette image dessinée comme une tombe, preuve paradoxale (l'image dément le sens) que Tchang est encore en vie. Cette fois Tintin ne peut s'aventurer dans la grotte et nous en ignorerons la profondeur (30 B3) : «Dire qu'il est peut-être ici, à quelques pas, dans un recoin obscur de cette grotte.» L'obscurité est l'alliée du mystère, une obscurité aussi dense que le blanc. Notons qu'ici l'entrée de la grotte n'est indiquée par aucun signe autre que ce trou noir (29 D2) que la neige peut aussi bien dissimuler. Au sortir de la grotte, Tintin se résigne. Il pleure pour la seconde fois (35 D3), larmes d'un adieu, comme s'il acceptait alors la mort de Tchang, avant qu'un pavillon jaune ne vienne démentir cette détresse. La seconde grotte a une localisation infiniment plus précise et sémantiquement plus complexe : «Le moine Foudre Bénie a dit l'oeil. Souvenez-vous capitaine: l'oeil de cette tête de Yack» (54 D1) résume Tintin en observant à la jumelle la cavité qui tient lieu d'œil. La montagne si longtemps (35 C1, 2, 3) anonyme, blanche, aveugle, a trouvé une forme pour s'énoncer, et surtout un regard. Tintin voit la grotte, véritable pupille de cet oeil, trou noir, lieu de l'invisible où l'autre par excellence a trouvé refuge. Tintin retrouve Tchang et pleure cette fois, la troisième, de joie. Ce don des larmes anticipe la planche dont la portée phénoménologique est plus grande encore (pl. 57). Dans le creux parfait de la grotte, un creux où on ne peut aller plus loin, Tintin a rejoint Tchang qui prononce le nom de Tintin, trésor visible dans l'obscurité, scellé en elle. Tintin s'est dépouillé de tout et les trésors passés sont rien en regard de ce qui a lieu là. Le Yéti les retrouve, obstruant la grotte de sa massive et menaçante présence. Le flash de l'appareil photographique l'éblouit, l'aveugle. Ce qui prend son image le met en fuite et lui-même en sortant renverse Haddock venu à la rescousse. À la succession des phénomènes habituels qui conduisent à l'effet comique succède sur un mode distancié une succession de phénomènes saturés : larmes, aveuglement, chaos. Cette grotte est un hapax, seule grotte-œuf, matière d'ombre où brille une richesse à laquelle aucun trésor ne saurait être comparé. L'œuvre d'Hergé s'est alors dépouillée, il renonce dans Tintin au Tibet aux richesses matérielles, aux enquêtes et aux trésors matériels, il les laisse à la mémoire des albums passés confirmant la parole de Luc 12, 33, 34 : «Vendez ce que vous possédez, et donnez-le en aumônes. Faites-vous des bourses qui ne s'usent point, un trésor inépuisable dans les cieux, où le voleur n'approche point, et où la teigne ne détruit point. Car là où est votre trésor, là aussi sera votre cœur. » Tintin donnait sa médaille à Zorrino et celle-ci sauvait l'enfant. Avec Tintin au Tibet, dans un paradoxe théologique que la crise intérieure d'Hergé n'explique pas seulement, la parole de Luc se referme sur son sens. «Cœur pur», ainsi s'adresse le Grand Précieux à Tintin en lui offrant l'écharpe de soie (Alain Bonfand, Hergé: Tintin le Terrible, ou, l'alphabet des richesses, 2006 - books.google.fr).

Mot de passe

Ben More est un nom de lieu issu du gaélique écossais Beinn Mòr (ou Beinn Mhòr) signifiant «la grande montagne». Plusieurs sommets écossais portent ce nom ( - books.google.fr).

"Ben Mor" en araméo-hébreu "fils du maître" (Abraham Isaac Laredo, Les noms des Juifs du Maroc: essai d'onomastique judéo-marocaine, Partie 2, 1978 - books.google.fr).

Cf. le mot de passe franc-maçon Mac Benac (Abbé Barruel, Mémoires pour servir à l'histoire du jacobinisme, Tome 2 : Conspiration contre les rois, 803 - books.google.fr).

Où Mac pourrait passer pour l'écossais "fils de".

Mot de passe ou Mot du passage.

Méluisine Architecte

Oui, au pays de Fougères, Mélusine fut bien une fée architecte - on la voit doublement à l'œuvre pour la construction de cette tour du château historique, vieille forteresse des Marches, pierre d'angle dressée au carrefour de trois provinces remarquables, Bretagne, Normandie et Maine, qui porte encore son nom et dans cette citadelle imaginaire de la forêt qu'elle inspira à Hugo (la Tourgue dans Quatre-vingt-treize). Mais l'esprit de Mélusine, ainsi que je vais m'attacher à le démontrer, souffle aussi sur un autre beau roman : Les Chouans de Balzac dont l'intrigue se noue en ces mêmes lieux et laisse apparaître au détour du récit de singulières similitudes avec le mythe de Mélusine (Jacques Boislève, Mélusine à Fougères : la fée architecte, le romancier et le poète, Mélusine: moderne et contemporaine, 2001 - books.google.fr).

Dans les sous-sols du château de Ben More l'architecture est romane, page 51 dans le couloir où accède Tintin en sortant de la salle de l'imprimerie clandestine. Au rez-de-chaussée, le style est gothique avec le portail en arc brisé pages 44-46. On aperçoit à ce niveau un arc en anse de panier plus tardif. Cette anse de panier semble, malgré la clé de voûte, brisée : il s'agirait d'un arc Tudor (www.meubliz.com).

Arc Tudor : arc employé dans l'architecture anglaise du temps des Tudors (fin du XVe siècle et XVIe), et qu'on trouve aussi en Belgique, mais plus rarement en France. C'est une sorte d'ogive surbaissée (Théodore Bachelet, Charles Dezobry, Dictionnaire général des lettres, des beaux-arts et des sciences morales et politiques, Tome 1, 1876 - books.google.fr).

Les arcs qui surmontent les travées brugeoises sont à mi-chemin entre l'anse de panier et l'arc Tudor. A Ypres on constate l'habitude de surmonter les fenêtres rectangulaires d'un grand arc qui bien des fois ressemble à l'arc Tudor (Michiel Heirman, Linda Van Santvoort, Le guide de l'architecture en Belgique, 2000 - books.google.fr, Bulletin bibliographique et pedagogique du Musée belge, 1909 - books.google.fr).

Au château de Fougères, la poterne qui s'abaisse entre les tours de Mélusine et du Gobelin, au-delà du donjon, avec lequel elle communiquait par un chemin couvert dont la voûte est enlevée, se terminait par une tour géminée qui encadrait une porte à anse de panier. Cette tour, élevée en 1440, par Pierre II, duc de Bretagne, reçut de lui le nom d'Amboise, en l'honneur de Françoise d'Amboise, son épouse (Amédée Bertin, Léon Maupillé, Notice historique et statistique sur la baronie: la ville et l'arrondissement de Fougères, 1846 - books.google.fr).

Colonnettes

Les colonnettes de chaque côté du portail du château de Ben More à l'intérieur et à l'extérieur sont couronnées de chapiteaux à la décoration végétale en volutes dont le style serait daté de l'époque ogivale.

Saint-Bertrand-de-Comminges. Cloître, galerie sud

Les fougères et leurs crosses sont des attributs reconnaissables sur nos chapiteaux. Panacées des civilisations celtiques et germaniques, elles avaient prétendument le pouvoir, au temps des bâtisseurs de cathédrales, de repousser le malin et les êltres maléfiques. La fougère mâle (Dryopteris filix-mas) et femelle (Athyrium filix-femina) sont utilisées respectivement par les hommes et les femmes. La fougère femelle trouve des utilisations dans les problèmes menstruels, alors que la fougère mâle est un vermifuge (parfois toxique) pour l’homme. En usage externe, elle est censée lutter contre les douleurs rhumatismales et les crampes. Certaines peuplades amérindiennes utilisent les populations de fougère femelles pour rechercher de l’eau. Ces fougères sont parfois représentées sur les chapiteaux avec leurs crosses de profil faisant référence à des têtes de serpent dont on pensait, par analogie, qu’elles pourraient combattre les venins (Fleurs de pierre et de fer - www.ville-ge.ch).

Le cloître de la cathédrale de Saint-Lizier, évêché du Couserans, est contemporain de celui de Saint-Bertrand-de-Comminges. On y remarque le même mélange de chapiteaux romans à entrelacs, mêlés à des formules nouvelles dans la première moitié du XIIIe siècle, celles des chapiteaux à boules et des chapiteaux à feuilles de fougères. Les chapiteaux à feuilles de fougères illustrent la rupture des sculpteurs de la phase prégothique avec la tradition romane. Par l’allongement des corbeilles, la superposition des plans, l’épaississement des feuillages, les chapiteaux de Saint-Lizier s’inscrivent dans une tradition qui se diffuse dans tout le sud-ouest (Michèle Pardalier-Schlumberger, La sculpture prégothique en Languedoc : première moitié du XIIIe siècle. In : Toulouse et le Languedoc : La sculpture gothique (XIIIe-XIVe siècles), 1998 - books.openedition.org).

Mélusine et les faux-monnayeurs

Dans la première, on montre les marmites et les creusets ayant servi à faire la fausse monnaie..., dans les autres surgissent, c'est Paul Berret qui l'affirme, des moines blancs, des fantômes vêtus de linceul, des licornes... toute une fantasmagorie échevelée... Mais les grottes de la Balme ont beau paraître grandioses, on a beau y évoquer soit un monarque, soit un bandit bien-aimé, on a beau y faire surgir des spectres et voguer sur un lac silencieux dont la barque fait songer à celle de Caron, rien ne peut faire oublier la fée des grottes de Sassenage, Mélusine aux cheveux verts, Mélusine aux yeux d'eau courante, la Belle Dame de jadis, qui ne cesse de se lamenter en pleurant à tout jamais le bel amour qu'elle a perdu ! (Madeleine Rivière-Sestier, Au fil de l'Alpe: sortilèges, légendes, merveilles du Dauphiné, 1970 - books.google.fr).

Une «découverte réveilla dans le public la fable souvent répétée, toujours accréditée, de l'existence d'un atelier de faux monnayeurs. L'atelier avait son entrée dans la pièce voisine placée au-dessous de cette cheminée, au rez-de-chaussée.» (Nous avons déjà dit que cette prétendue pièce voisine n'existait pas). — «Mais cette fable ne pouvait tenir longtemps devant la réflexion. Il est en effet impossible de supposer que des hommes non autorisés aient été s'établir pour exercer leur coupable industrie, dans une forteresse, au milieu de ceux là dont le devoir était de la réprimer ; mais, comme les comptes du trésorier de Mauléon font mention d'une monnaie fabriquée à Fougères, au nom du duc de Bretagne, au commencement du XVe siècle, et que les numismates sont parvenus à en retrouver quelques pièces, il est bien plus naturel de rattacher la découverte de ces scories à l'atelier officiel qui aurait été établi au rez-de-chaussée de cette tour.» Faut-il encore le répéter ? Ce tuyau était celui d'une cheminée destinée au chauffage des gardes de service. M. Maupillé traite avec raison de fable cette légende de faux-monnayeurs, qui tire sans doute son origine de la note suivante écrite par M. de Pommereul. Maupillé n'avait pas lue attentivement ou n'avait pas comprise, ce qui après tout n'est pas fort surprenant, car elle est très obscure (Bulletin archéologique de l'Association bretonne, 1909 - books.google.fr).

Goethe et Mélusine

Le second Faust est en effet le drame de la création depuis l'origine des temps jusqu'à la fin des ages. Il va de la cellule primitive, le nain Homonculus (représentée aussi par la naine Mélusine des Années de voyage), jusqu'à l'épanouissement le plus complet de la forme humaine en la personne de Mater gloriosa (l'Ottilie des Affinités électives), et nous mène des horreurs du chaos primitif aux splendeurs du Paradis. C'est l'œuvre la plus gigantesque que le génie d'un poète dramatique ait jamais conçue, car elle embrasse l'éternité des siècles et l'infini des mondes (Pierre Masclaux, L'idée de Faust, Mercure de France, Volume 182, 1925 - books.google.fr).

Dans Ondine (1811) de Friedrich de La Motte-Fouqué (1777 - 1843), Paracelse explique la différence entre deux chairs, l'une matérielle, celle du corps humain, l'autre formée d'une matière plus subtile, celle du corps des esprits élémentaires, semblable par sa forme à celui des humains. Ces êtres sont doués d'intelligence (Vemunft), mais ils n'ont pas d'âme (Seele) et, au jour du jugement, leur substance retombe tout entière, comme celle animaux, dans la circulation de la matière. Cependant les esprits féminins peuvent acquérir une âme, et cela par l'union totale avec un homme dans la consommation du mariage. Si le mari rudoie dans le voisinage de l'eau celle qui est devenue sa femme, celle-ci doit le quitter et retourner à sa vie élémentaire. Mais elle ne meurt pas. Le mariage n'est donc pas dissout du fait de sa disparition, et, si l'infidèle se remarie avec une autre, celle qui est restée son épouse légitime revient pour lui donner la mort. «Ce qui arrive souvent», ajoute Paracelse. A l'appui de cette croyance, il mentionne l'histoire du chevalier de Stauffenberg, conte qui présente des analogies avec la légende de Mélusine. Ce mythe de l'être élémentaire qui peut revêtir la forme humaine, mais doit reprendre périodiquement sa forme animale, a joui d'une grande vogue en Allemagne au début du XIXe siècle. Tieck le raconte en un long récit qu'il publie en 1800; Schlegel le rapelle dans son cours fait à Berlin de 1802 à 1804. Goethe rédige au printemps de 1807 sa nouvelle Mélusine qu'il avait déjà contée de vive voix à Frédérique en 1771 et publie en 1816, dans le Taschenbuch fur Damen, le conte qu'il incorpore en 1829 au troisième livre des Années de voyage de Wilhelm Meister. Le thème de l'esprit élémentaire qui désire acquérir une âme a été utilisé par le romantisme comme un symbole de l'aspiration de la matière inanimée à s'élever au rang des êtres animés. Une telle aspiration répond en effet à la philosophie de la nature des romantiques. [...]

Avec la nouvelle Mélusine de Goethe, Wilhelm Meister tombe amoureux d'une belle, qui lui confie la tâche de transporter un coffret; à chaque relais durant le voyage il devra l'enfermer dans une pièce à l'aide d'une clé spéciale, de sorte que la porte ne puisse plus s'ouvrir. Sa belle disparaît périodiquement, si bien qu'un jour Wilhelm Meister fait le voyage avec le seul coffret et la nuit aperçoit une fente lumineuse dans celui-ci, il regarde et voit sa belle enceinte, comme lorsqu'il la voyait grandeur nature (sic) assise dans le fauteuil d'une salle de palais. Wilhelm Meister ne respecte pas un certain nombre d'interdits posés par sa belle, si bien que la belle doit reprendre pour toujours sa taille orignelle (Revue d'esthétique, 1976 - books.google.fr).

 

Ksar de Müller (Tintin et l'Or noir) : château de sucre

Une première version de l’album est parue en 1950 situant l'action en Palestine sous mandat britannique, puis une seconde en 1971 se déroulant dans un pays arabe imaginaire qu'Hergé baptise le Khemed.

Le docteur Müller travaille désormais pour le compte d’une compagnie qui tente par des moyens illicites de prendre le contrôle des puits de pétrole. Müller enlève ainsi le jeune prince Abdallah, le fils de l’émir Ben Kalish Ezab, pour obliger ce dernier à chasser de son territoire les concurrents anglais. (fr.wikipedia.org - Tintin au pays de l'or noir).

Dans L'Or noir, Tintin accumule les fausses pistes ; qu'il s'agisse de l'origine des explosions ou de l'enlèvement de Milou, il se débat dans un spectacle dont le sens ne cesse de lui échapper, et qui culmine avec ses arrestations successives par les Anglais, les Juifs et les Arabes ; transformé en balle de tennis que chacun se relance, il contribue involontairement à mettre en évidence l'absurdité de ce conflit. Mais c'est Abdallah, grâce à son mépris de tous les pouvoirs, qui le met sur la bonne piste, avec un autre jeu : la poudre à éternuer, qu'il sème partout où il se trouve, et qui transforme ses gardiens en indicateurs involontaires. Mais identifier le docteur Müller ne suffirait pas, il faut le démythifier, et c'est encore Abdallah qui le permet, grâce à son pistolet à encre dont Müller s'arrose en voulant se suicider (Pierre Masson, On a marché sur la terre: Essai sur les voyages de Tintin, 2019 - books.google.fr).

Ce suicide d'un porteur de nom allemand fait penser à celui de Goering avec du cyanure la veille de son exécution (15 Octobre 1946), celui d'Hitler dans son bunker, et celui de Goebbels, avec toute sa famille, en dehors de l'état du moral d'Hergé à l'époque de l'élaboration de l'Or noir.

Après Tchang, Abdallah est le second enfant à prendre une place significative dans l'univers de Tintin. Mais tout les sépare. Abdallah, fils unique et chéri de l'émir Ben Kalish Ezab, pourrait être considéré comme le double négatif de Tchang Tchong-Jen, fils de personne, orphelin abandonné sur la rive du Yang Tsé-Kiang. Quand, face à l'adversité, le petit Chinois se révèle plein de sagesse et de sagacité, le jeune Arabe reste capricieux et totalement imperméable à la réalité. Le monde des adultes n'intéresse pas Abdallah : il le perçoit simplement comme un immense terrain de jeux peuplé de victimes potentielles pour ses farces et attrapes. Dans Tintin au Pays de l'Or Noir, le petit garçon traverse les événements en toute inconscience : il est pourtant au centre du drame, puisqu'il est enlevé et séquestré par le redoutable docteur Mùller. S'il est capable de faire empaler ses ennemis sans sourciller, le puissant émir s'avère par ailleurs un père dénué de toute autorité. A ses yeux, son fils est un «petit oiseau en sucre», un «petit gâteau de miel» ou un «petit chou à la crème». Lorsque Tintin vient le tirer des griffes du docteur Müller, Abdallah refuse catégoriquement tout secours, tant il s'amuse avec ses geôliers, tout à fait assujettis à ses caprices. Une fois n'est pas coutume, Tintin lève alors la main sur l'enfant, le temps d'une fessée aux conséquences remarquables : Abdallah obéit enfin ! Trois aventures plus tard, le fléau miniature est de retour dans Coke en Stock. Confié aux occupants du château de Moulinsart par son père, qui craint d'être renversé par les partisans du cheik Bab El Ehr, Abdallah demeure tellement égal à lui-même que le capitaine Haddock préfère quitter les lieux pour se rendre au pays de l'émir Ben Kalish Ezab avec Tintin. Abdallah n'est pourtant pas en tout et pour tout un chenapan ou. comme le qualifie Tintin, une "petite peste". Son goût pour les farces, en dépit de leur nature parfois violente, démontre chez lui une véritable inclination pour le rire. Il est aussi capable d'affection, et son attachement pour le capitaine Haddock n'est pas feint : mais quel enfant ne serait pas fasciné par cette encyclopédie vivante du juron ? (José-Louis Bocquet, Abdallah, l'anti-Tchang, 2007 - www.lefigaro.fr).

Hergé s'est enfin remis au travail. La reprise de Tintin au pays de l'or noir, d'abord purement graphique, va bientôt voir le dessinateur se piquer au jeu. En renouant avec sa première manière, plus fantaisiste, il bat le rappel de vieilles connaissances comme l'Allemand Müller (devenu le professeur Smith) ou le Senhor Oliveira da Figurine Il invente aussi de nouveaux personnages, proches de l'esprit marollien de Quick et Flupke, comme le truculent émir Mohamed Ben Kalish Ezab (modelé sur le roi Ibn Saoud d'Arabie) et son rejeton endiablé, Abdallah (inspiré lui par Fayçal II, devenu roi d'Irak à l'âge de trois ans en 1939). Hergé se dira très attaché à ce damier personnage, infatigable perturbateur de l'ordre adulte. Après Coco, Tchang et Zorrino, Abdallah est un enfant sans mère ses espiègleries et son manque affectif le rapprochent sans doute inconsciemment de la propre enfance de Georges. livré à lui-même dans l'atelier de l'avenue Dalleur, Hergé parvient en toute liberté à tirer un maximum d'effets comiques de l'intrigue minimaliste et des décors épurés. jouant avec brio d'une grande variété de langages et des caractères contrastés de ses personnages. Le voyage en rond des Dupondt à travers le désert et leur étrange réaction capillaire, le tempérament excessif de l'émir, tour à tour attendri et miel, la victimisation de Müller par les farces et attrapes d'Abdallah, puis son suicide manqué au moyen d'un pistolet à encre et enfin les expériences explosives de Tournesol à Moulinsart seront considérés dès la sortie de l'album comme autant de moments cultes de la série. Tintin au pays de l'or noir clôt un premier cycle des aventures de Tintin l'insouciance et l'inconscience du jeune héros, qui reflétaient l'optimisme et la confiance en l'avenir de son créateur. Georges est entré avec angoisse dans l'âge adulte, en conservant néanmoins une part indestructible de son enfance qui lui permettra d'exorciser ses tounnents et son dégoût du présent à travers son oeuvre (Benoit Mouchart, François Rivière, Hergé, un portrait intime du père de Tintin, 2011 - books.google.fr).

De Oliveira apparaît quand il est question d'Arabes. Dans les Cigares du Paharaon, l'image d'un jacquaire apparaît, en relation peut-être avec saint Jacques "Matamore".

Nous avons ainsi dans Tintin au Pays de l'Or noir (Hergé) — l'épisode : de la ville d'Europe (p. 1 à 7) ; du bateau (p. 7 à 15) ; israélien (p. 15 à 17) ; du désert (p. 17 à 33) ; du palais de Wadesha (p. 33 à 43) ; de la maison de Muller et de son bunker (p. 43 à 54) ; du désert (à nouveau) (p. 54 à 61) ; du palais (à nouveau) (p. 61). [...] Ces lieux coïncident avec des traits typiques du point de vue pictural : cette fragmentation par unités de lieu nous permet de voir l'album comme une juxtaposition de paysages et de décors ou, plus formellement, une suite colorée de dominantes (Pierre Fresnault-Deruelle, La Bande dessinée: l'univers et les techniques de quelques "comics" d'expression française, 1972 - books.google.fr).

Bab El Ehr (Tintin au pays de l'or noir, Coke en stock) : son nom est tiré de la zwanze bruxelloise «babeleer» qui signifie «bavard» ; Ben Kalish Ezab : «kalische zap» «jus de réglisse». Le nom «Khemed» est peut-être inspiré d'un des anciens noms donnés à l'Égypte (Kemet signifie «terre noire»). Si on utilise le patois bruxellois comme vocable d’origine, on peut traduire ’k hem het par «ça y est! j'ai compris» en réponse à Wadesdah, ou wat es da ?, qui signifie «qu'est-ce que c’est ?» (fr.wikipedia.org - Khemed).

Smith et Müller

Le forgeron, le bûcheron et le charbonnier forment avec le meunier (qui est un stockeur et un affameur) et avec le boucher (qui est riche, cruel et sanguinaire) le groupe des cinq métiers les plus craints et les plus honnis dans la culture paysanne (Michel Pastoureau, L'Arbre: histoire naturelle et symbolique de l'arbre, du bois et du fruit au moyen age, Tome 2, 1993 - books.google.fr).

Les forgerons sont, en Écosse, réputés avoir plus de vertu que les autres contre le diable et la sorcellerie (Paul Sébillot, Le folklore, 1913 - books.google.fr).

Abdul et Mourad : Abdoul-Mourad

Mourad et Abdul (Tintin au pays de l'or noir), serviteurs du professeur Smith (Müller), essaient de tuer Tintin dans les souterrains du palais de leur maître. Abdul est neutralisé par le capitaine Haddock et envoyé en prison.

Daoud (Tintin au pays de l'or noir) est un autre serviteur de Müller.

Amurat ou Mourad, mot arabe, qui signifie le désiré, est un nom qui a été illustré par plusieurs sultans othomans, Abdul traduit serviteur (Encyclopédie nationale des sciences, des lettres et des arts: Resumé complet des connaissances humaines, Tome 1, 1852 - books.google.fr).

Dans Le Prisonnier du Caucase de Léon Tolstoï, un gentilhomme servait dans l’armée du Caucase qui se nommait Jiline, est capturé par les Tartares alors qu'il rentrait chez lui voir sa vieille mère. Kazi-Mohammed le donne à Abdul-Mourad qui sera "à présent son maître" (Léon Tolstoï, Compositions et adaptations pour les enfants, traduit par J.-Wladimir Bienstock, 1906 - fr.wikisource.org).

Brousse, par exemple, Brousse la savante, assiégée par les Turcs, tombait-elle en leur pouvoir : c'étaient les deux célèbres derviches, compagnons ou conseillers d'Ourkhan, qui avaient marché devant les vainqueurs, l'un, Gheilak Baba, monté sur un cerf et brandissant un sabre qui ne pesait pas moins de cent cinquante livres (Gheilak Baba était à la fois le Roland et le saint Georges de l'Asie Mineure); l'autre, Abdul Mourad, armé d'un cimeterre en bois de trois aunes de long, dont l'éclat répandait la terreur, et d'une touffe de coton qui s'allumait dans sa main et lançait au loin des jets de flamme (Amédée David de Pastoret, Les croisades, 1856 - books.google.fr, fr.wikipedia.org - Amédée de Pastoret).

La ville de Prusa voit son importance grandir car elle est située à l'extrémité occidentale de la route de la soie. Elle appartient à un Empire byzantin en plein déclin quand elle est conquise par le sultan Orhan. Elle devient alors la capitale du nouvel empire et des premiers sultans ottomans de 1326 jusqu’en 1366, lorsque son fils Mourad Ier la remplace par Andrinople (Alberto Fabio Ambrosio, Chapitre V. Le sema entre codification et défense In : Vie d’un derviche tourneur : Doctrine et rituels du soufisme au XVIIe siècle, 2010 - books.openedition.org).

«Le contrôle de soi est ce que désire l’homme intelligent. Les sucreries sont ce que désirent les enfants.» Djalâl ad-Din Rûmî, poète persan (1207-1273) (Serge Bouchet, Sucrer au Moyen Âge, le sucre d'Orient en Occident - hal.univ-reunion.fr).

L’histoire de la pratique de la sema a montré qu’elle n’a pas commencé avec Rumi, mais qu’elle était présente dès les origines du soufisme. Cependant, Rumi et sa confrérie renouvellent la codification de la forme rotatoire de cette pratique, accompagnée de la récitation de poèmes et de la musique. C’est un véritable oratorio spirituel, un concert spirituel, pour utiliser le vocabulaire occidental. Au XIIIe siècle, Rumi avait commencé à pratiquer le sema - d’après les sources hagiographiques - à partir d’un moment précis de son existence : après la rencontre à Konya avec le derviche errant Semseddin Tebrizî, le 29 novembre 1244. Dès cet instant, la vie de Rumi est révolutionnée par l’apprentissage d’une nouvelle manière de vivre la spiritualité. Cette intime amitié spirituelle transformera la personnalité de Rumi. (Alberto Fabio Ambrosio, Chapitre V. Le sema entre codification et défense In : Vie d’un derviche tourneur : Doctrine et rituels du soufisme au XVIIe siècle, 2010 - books.openedition.org).

Maginot

La mention de la ligne Maginot, dans laquelle se trouvait un réseau Decauville, ramène à la guerre de 39-40 et à Hitler dont les armées la contournèrent par les Ardennes (fr.wikipedia.org - Decauville).

Les souterrains du ksar de Müller ont aussi quelque ressemblance avec le «Nid d’Aigle» d'Hitler à Berchtesgaden.

Le Kehlsteinhaus est un bâtiment historique situé au-dessus de Berchtesgaden, dans les Alpes bavaroises en Allemagne. Ressemblant à un chalet, il fut construit en 1937/1938 d'après les plans de l'architecte Roderich Fick afin de servir aux réceptions et aux représentations pour le parti nazi. Il se trouve à quelques kilomètres du Berghof, une des principales résidences d'Adolf Hitler, avec laquelle on a souvent tendance à le confondre. Le Kehlsteinhaus est plus connu sous le nom de «Nid d’Aigle», pour sa position sur un étroit éperon rocheux (le Kehlstein) au flanc occidental du Göll, un massif des Alpes de Berchtesgaden. Ce nom lui fut donné par André François-Poncet, ambassadeur de France en Allemagne, lors d'une visite qui l'impressionna grandement.

Des travaux colossaux sont effectués par l'entreprise de bâtiment Hochtief : le bâtiment est situé au sommet de la montagne dénommée Kehlstein, à une hauteur de 1834 mètres. Une route, longue de 6,5 km et comprenant cinq tunnels, fut construite sous la direction de l'inspecteur général Fritz Todt pour accéder à une plate-forme d'où part un tunnel de 124 mètres creusé dans la roche granitique. Il mène à un ascenseur décoré de laiton poli, qui conduit au sommet, quelque 120 mètres plus haut, en l'espace de quarante secondes. (fr.wikipedia.org - Kehlsteinhaus).

L'origine du système Decauville commence avec l'exploitation de la betterave sucrière. On connaît l'importance du sucre dans les albums de Tintin (Sakharine, etc.).

La saccharine a un pouvoir sucrant 300 à 400 fois plus élevé que le sucre. Elle n’apporte aucune calorie et s’élimine par le système digestif sans passer par le sang. La saccharine fut découverte en 1879 et a connu son heure de gloire lors de la pénurie de sucre des grandes guerres (www.pharma-gdd.com).

Venant de France chaque semaine, je constate que la vie est infiniment plus dure en Belgique. Si le gouvernement de Vichy, toujours plus ou moins ménagé par les occupants, nous a laissé l'essentiel, les Allemands n'hésitent pas à serrer la vis en Belgique. (J. de L.) Les particuliers disposent de 5 kgs de charbon par jour et par ménage. La tonne se vend au marché noir jusqu'à 4.000 frs au lieu de 580 frs, prix officiel. Le chocolat coûte 30 frs au lieu de 16 frs. Le kilo de beurre est à 350 frs au lieu de 45 frs et il atteindra 600 frs en 1944. Une chemise vaut 350 frs au lieu de 176. Pour remplacer le nécessaire, on se sert de beaucoup d'ersatz : fausse colle, faux café fait de décoctions variées et souvent douteuses (orge, glands, malt), faux sucre (saccharine qui, fort demandée, deviendra chère elle aussi), chaussures sans bons en toile pergamoïd et semelle en similicuir (125 frs) (Jacques de Launay, Jacques Offergeld, La vie quotidienne des Belges sous l'occupation: 1940-1945, 1982 - books.google.fr).

Le château de Linderhof est un château royal («villa royale») situé dans le Graswangtal près d'Oberammergau et du monastère d'Ettal. Il fut construit de 1874 à 1878 sous Louis II de Bavière (fr.wikipedia.org - Château de Linderhof).

Comme Berchtesgaden il se trouve près de la frontière autrichienne.

Linderhof, qui en allemand évoque une «petite pâtisserie», est à l'image de son nom, un cupcake de pierre surchargé de décors divers et variés Tout bien examiné, du Petit Trianon versaillais, Linderhof n'est que le reflet approximatif, une copie en sucre et nougat, gigantesque pièce montée d'un pâtissier bien intentionné, mais trop ambitieux et maladroit (Wim Gérard, Le châtelain des nuées (Louis II de Bavière), 1964 - books.google.fr).

Louis II détestait la présence de témoins. La salle à manger était équipée d'une plateforme sur laquelle était posée la table. Cette plateforme coulissait jusqu'à l'étage d'en dessous, où se trouvaient les cuisines. Ensuite, la table remontait avec le repas ; le roi n'avait donc pas à croiser les serviteurs. (fr.wikipedia.org - Château de Linderhof).

Réglisse et sucre

Ben Kalish Ezab : «kalische zap» «jus de réglisse». A ses yeux, son fils est un «petit oiseau en sucre», un «petit gâteau de miel».

Depuis des temps immémoriaux, les humains utilisent la réglisse tant comme aliment que comme médicament. La douceur de l’arome de sa racine lui a valu d’être nommée Glycyrrhiza par les Grecs anciens, ce qui signifie littéralement racine (riza) sucrée ou de sucre (glukos). Jusqu'au XIIIe siècle, la réglisse provenait exclusivement de plantes poussant à l'état sauvage. C'est à cette époque qu'on a commencé à la cultiver en Europe méditerranéenne. Tant en Asie qu'en Europe, la réglisse fait partie d'une multitude de préparations médicinales traditionnelles (www.passeportsante.net).

Afin de mieux accréditer son titre d'archéologue, il expose ostensiblement sur un guéridon de son bureau, la copie d'une pièce majeure de l'archéologie mésopotamienne, le casque-perruque du Prince Meskalamdug de la 3ème dynastie d'Ur (fin du 3ème millénaire) dont l'original est conservé au musée de Bagdad (Tintin au pays de l'or noir - www.tintin.com).

La tombe de ce roi d'Ur a été découverte en 1929 par l'archéologue britannique C. Leonard Woolley (1880 - 1960), lors de la septième campagne de fouilles. Le nom du président de l'université de Pennsylvanie Charles Custis Harrison (1844 - 1929) a été associé à ces découvertes selon le souhait d'Edward B. Robinette (1885–1936), homme d'affaires, collectionneur et donateur (www.penn.museum).

Sir Charles Leonard Woolley, né le 17 avril 1880 à Upper Clapton, Londres, mort le 20 février 1960, est un archéologue britannique qui consacra quinze ans de sa vie, de 1919 à 1934, à fouiller le site de l'antique Ur (Mésopotamie, dans le territoire de l'actuel Irak). T. E. Lawrence y fut son assistant de 1912 à 1914 (fr.wikipedia.org - Leonard Woolley).

Harrison avait travaillé après ses études dans l'industrie sucrière, il travailla pour la Franklin Sugar Refining Comany depuis 1862 et se retira de sa présidence en 1892 (The Museum Journal of University of Pennsylvania, Volume XX, 1929 - ignca.gov.in).

André Suarès qui a pu servir de modèle à Sakharine (Le Secret de la licorne) avait de la famille dans le raffinage de sucre en Egypte à Nag Hammadi, haut lieu archéologique et gnostique. Les découvertes de Nag Hammadi sont cependant postérieures à l'album.

L’Ancien Testament l’évoque fréquemment. Il est associé à la terre promise, car Yahvé donne «un pays où ruissellent le lait et le miel» et cette terre est terre de prospérité. La manne a «le goût de galette au miel».

Bien avant donc, le nom de Mesh-Kalam-Dug (ou Meskalamdug ou Mes-kalam-dug, v.2570 à v.2560 ou v.2500 ou v.2436), en Sumérien, signifie "héros de la bonne terre". Il ne figure pas non plus sur la Liste Royale Sumérienne. Le nom de ce "Roi" est également mentionné dans son tombeau et celui de son "père" A-Kalam-Dug, avec le titre Lougal (Roi), cependant l'archéologue Léonard Woolley suppose que ce tombeau n'était pas royal. Dans les objets retrouvés dans celui-ci, comme cité plus haut, il y avait un magnifique casque en or ayant appartenu au Roi. Il épousa Ninbanda (ou Skoubad ?) et son fils lui succéda (antikforever.com).

En assyrien et en sumérien, le produit Sakiru fait à la fois allusion à une substance sucrée et à un narcotique ou un intoxicant; aussi l'auteur rapproche-t-il ce mot du syro-persan sekar et du lat. saccharum !). A la substance Sakiru, il faut comparer la boisson Sikaru(m)—, boisson enivrante et intoxicante -, principalement composée de jus de dattes pressées et dont, par conséquent, le taux d'alcool devait être élevé. Il semble qu'une certaine corrélation ait été établie par les anciens entre le sucre et l'alcool, ce qui explique sans doute l'existence d'une racine commune pour désigner un produit sucré et une substance alcoolisée et intoxicante. Ajoutons que Sakiru, écrit par métathèse kaširu, mot faisant allusion à un roseau, la tentation est grande de voir en Sakiru l'équivalent du pâli çakkara d'où dériva directement a "sakkaron" (Pline, HN 12, 32) - saccharum (BIFAO, Volume 83, 1983 - books.google.fr).

Catholicisme sucré de Gounod

Incidemment à la suite du branchement de la radio chez De Oliveira, on entend chanter l'air des bijoux du Faust de Gounod.

Peu de sucre chez Goethe et Faust en général à par le vin sucré qu'aime boire Seibel le fiancé éconduit de Marguerite. Méphistophélès lui donnera au cours d'une séance de magie du vin de Tokay en faisant un trou dans la table avec une vrille : "Après tout c'est le bois qui donne le raisin ; cette table peut donc donner aussi du vin" (Goethe, Faust, 1859 - books.google.fr).

Newman, Ernest. "Faust in Music" M Musical Studien, p. 71-100. London, John Lane, the Halley Head, 1910. From the beginning of the essay, the author indicates, "thaat with a half-dozen exceptions, the Faust-symphonies and Faust-operas and Faust-scenes have quite failed to justify their existence" He believes that this is basically because of "the enormous range and wealth of material in the drame itself." The author continues "the First Part of Goethe's work alone or the Second Part is quite sufficient to tax the constructive powers of any composer to the uttermost; but to reshape the whole of Faust in music is a desperate undertaking." Furthermore he feels that no musical version would "be adequate unless it embraces Goethe's Second Part as well as the First." With this said, it is little wonder that he takes Gounod to task and deals mercilessly with the Frenchman's opera. Newman feels that "to attempt to cover all the psychological ground of the drama woutd take at least ten or twelve hours in performance" and that anyone thinking of setting the subject would have to do so over two or three evenings, "after the manner of Wagner's Ring af the Nibelung. Newman states that because Gounod's own religion is "Catholicism sucré" it is impossible for him to grasp the "austere philosophy" of the subject of Faust, and likewise his "musical faculty" was not "deep enough" to treat such a dramatically elevated subject. He accuses Gounod's portrayal of Faust as being that of a boulevardier and making Mephistopheles risible. The author derides Gounod for using what he terms "stale operatic formulas," "fussy little runs and twiddles," which create "cheap vulgarization of Goethe." However, despite these very harsh words, Newman finds that the mort beautiful element is the love-music, which the author also believes is what "draws it furthest from Goethe." After this almost total condamnation of Gounod's setting of the opera, Newman turns his attentions to other composers who have attempted to capture the essencem of the Goethe poem (Timothy Flynn, Charles Francois Gounod: A Research and Information Guide, 2009 - books.google.fr).

Châteaux de sucre

Au XVe siècle, l’Occident s’empare du sucre. C’est aussi le siècle du «basculement de la production d’est en ouest». Alors qu’en Orient le sucre paraît ancré de longue date dans la vie quotidienne d’une élite, comme un raffinement et un élément de la douceur de vie des puissants, l’Occident n’en fait un usage immodéré qu’au XVe siècle. L’engouement qui naît alors, lié à un approvisionnement de plus en plus abondant entraîne une consommation ludique et excessive. Mais il faut maintenant bien analyser ce transfert qui n’est pas une simple assimilation par l’Occident d’une douceur orientale. Si dans ces deux parties du monde, le sucré est un élément de distinction, l’emploi du sucre est revisité par l’Occident. Ici réside une autre variation culturelle : la qualité du goût sucré domine dans les textes des voyageurs Orientaux alors que le jeu autour de la pâte sucrée explique d’abord le prestige et le succès du produit en Occident. En Orient le pouvoir est associé au raffinement de la boisson sucrée qui met en appétit et de la pâtisserie très sucrée qui termine le repas. Les sucreries ont pour fonction d’honorer et séduire les invités, ce sont des douceurs qui accompagnent les bains, éveillent les sens et ouvrent à l’amour. En Occident, les formes, les couleurs et la diversité émerveillent. Les princes exhibent leurs alliances au travers des blasons en sucre, leur force par la richesse par la profusion, la consommation n’est qu’un excès de plus qui clôt la fête dans le désordre. Le sucre participe du cérémonial du pouvoir. [...]

Pour le mariage de son fils, Giovanni II Bentivoglio (1443 - 1508) à Bologne fait apporter des «sucres travaillés» de différentes manières, avec des animaux et des châteaux, à la fin d’un repas qui avait duré huit heures. Un château en sucre à quatre tours enfermait des oiseaux vivants qui s’échappèrent à un moment déterminé. (Serge Bouchet, Sucrer au Moyen Âge, le sucre d'Orient en Occident, - hal.univ-reunion.fr).

Au festin donné à Strasbourg à l'évéque Robert (de Pfalz-Simmern), en 1449, on plaça devant le prélat un château en sucre. Robert ayant ouvert une fenêtre du castel, il s'en échappa une joyeuse volée d'oiseaux vivants; puis il ouvrit une porte basse du château, et l'on vit un vivier dans lequel s'ébattaient de petits poissons (Ch. Gérard, L'ancienne Alsace à table 7, Revue d'Alsace, Volume 2 ; Volume 12, 1861 - books.google.fr).

Robert est issu de la maison princière des Wittelsbach, branche palatine. Il était le fils du comte palatin Étienne de Simmern-Deux-Ponts et d'Anne de Veldenz, fille du dernier comte de Veldenz, Frédéric (fr.wikipedia.org - Robert de Pfalz-Simmern).

A Francfort en Allemagne, on présentait des châteaux en sucre dans les banquets de noces, comme en témoigne le seigneur du Mont (Jean Dumont, Voyages de Mr. du Mont, en France, en Italie, en Allemagne, a Malthe, et en Turquie, Tome 4, 1699 - books.google.fr).

D'abord militaire, puis professeur de droit public, Jean Dumont, né à Rouen (Normandie) le 13 janvier 1667 et mort à Vienne (Autriche) le 13 mai 1727, voyagea dans plusieurs pays d'Europe et finit par se fixer en Autriche. Les renseignements qu'il recueillit pendant ses voyages lui fournirent la matière de plusieurs ouvrages qui eurent un grand succès et lui valurent l'estime de l'empereur Charles VI, qui le nomma son historiographe et le fit baron de Carlscroon. (fr.wikipedia.org - Jean Dumont (historiographe)).

Encore réservé à une élite du XVIe au XVIIIe siècle, le sucre par l’expansion de sa production au XIXe siècle peut se démocratiser. A La Réunion, les activités sucrières sont sources de prospérité dès le début du XIXe siècle et la monoculture d’exportation s’impose à partir de 1848 : avec le sucre, l’agriculture de l’île prend une autre dimension : «la canne n’amène pas seulement une nouvelle orientation de l’agriculture, elle la fait aussi changer d’échelle». La «mise en sucre de Bourbon» contribue à cet accès du plus grand nombre à un sucre de canne qui était autrefois l’apanage de la plus étroite aristocratie. Il est temps alors, pour reprendre la belle métaphore de Jean-François Géraud en conclusion de sa thèse, de passer du «château fort» au «château doux». Mais cette communication montre qu’entre le château fort médiéval des Xe-XIIIe siècles et le château de l’usine à sucre du XIXe siècle s’insère un autre château, plus aristocratique, celui que l’artiste sculptait en sucre pour les fêtes du XVe au XVIIe siècle (Serge Bouchet, Sucrer au Moyen Âge, le sucre d'Orient en Occident - books.google.fr).

Eternuement

La désillusion faustienne conduit Berlioz (auteur des paroles) au sommet de l'inspiration musicale. L'apogée de l'œuvre semble moins dramatique d'émotionnel. La scène 17 vient alors, dans un «Récitatif et Chasse» expéditif, donner l'illusion que se précipite une intrigue qui n'a jamais vraiment pris corps. Pour sauver Marguerite – on apprend qu'elle est condamnée à mort pour parricide –, Faust consent à vendre son âme : il signe et se damne. Ce n'est pas le moment du pacte lui-même que Berlioz développe musicalement, mais la dantesque «Course à l'Abîme» (scène 18) (Emmanuel Reibel, Faust: La musique au défi du mythe, 2008 - books.google.fr).

Dans une case, on voit le docteur Müller surgir de sa cheminée comme un diable au milieu des flammes de l'enfer. Dans le feu ouvert, un représentant des forces du mal émerge des profondeurs, noires en l'occurrence, et... éternue ! ( - books.google.fr).

Les notes étrangères à la série des harmoniques devaient étre jouées bouchées; Berlioz marque en général "sons bouchés" pour indiquer les notes qu'il considérait comme étant particulièrement difficiles ou forcées, en vue de certains effets spéciaux (scène 6, p. 154, mesure 243; scène 17, p. 398, mesure 60). Ces notes doivent encore être jouées bouchées sur un cor moderne, sans sourdine. Berlioz, à la répétition générale, s'entendit reprocher par un corniste : «Monsieur, vous avez marqué ici une note qui n'existe pas; c'est une espèce d'éternuement qui ne ressemble à rien, un bruit impossible»; il aurait répondu : «C'est précisément ce que j'ai voulu», répondit Berlioz. L'anecdote est relatée par Fiorentino, Le constitutionnel, 20 décembre 1846, cité dans Prod'homme, La Damnation de Faust (Le Cycle Berlioz), 1896, pp. 168–75. C'est seulement dans la scène 17 (Récitatif et chasse) que le quatrième cor est marqué «pistons». Un tel instrument était en effet nécessaire pour donner une ligne de basse solide, alors qu'un cor naturel aurait créé des difficultés (en particulier aux mesures 54–58 et 72) (New Edition of the Complete Works Hector Berlioz, Volume 8, Partie 2, 1967 - books.google.fr).

Dans le "dernier tiers de l'album, c'est déjà le Hergé des Bijoux de la Castafiore qui point, avec son génie des fausses pistes et surtout sa façon unique de multiplier et de tresser les émissions sonores qui ne produisent que du bruit, de la cacophonie. Aux discours troués des deux protagonistes évoqués à l'instant viennent en effet se mêler les éternuements de toute la maisonnée Müller, à cause de la poudre introduite par Abdallah, les pleurs de ce dernier et les explosions des fusées d'alarme stockées dans la cave, tandis que les Dupondt, eux, émettent des chapelets de bulles. Le langage s'émiette, se dérègle, dérape sur une pente... savonneuse" (Thierry Groensteen, Le rire de Tintin, 2006 - books.google.fr).

Haddock-Tristram

Trois pages plus loin réapparaît le capitaine, qui n'avait jusque-là joué aucun rôle dans cette aventure. «Comment êtes-vous ici ?», lui demande Tintin, mais les péripéties dramatiques ne laissent pas le loisir à Haddock de s'expliquer. En vérité, Hergé eût été bien en peine de produire une explication crédible à cette apparition tout à fait inattendue (elle ne trouve sa justification que dans des circonstances inconnues du lecteur, touchant à la genèse même de l'épisode). Au culot, il transforme une impasse narrative en running gag: à cinq reprises, le capitaine entame le récit des événements qui l'ont conduit au Khemed, mais à peine a-t-il le temps de nous avertir que «c'est à la fois très simple et très compliqué» que la parole lui est ôtée. Au final, l'explication de Haddock restera en suspens, tout comme le feuilleton d'Oliveira était resté inachevé. Une fois encore, nous sommes privés du récit annoncé. Le comique hergéen confine ici à l'absurde (Thierry Groensteen, Le rire de Tintin, 2006 - books.google.fr).

Cela rappelle l'impossibilité pour Tristram Shandy de raconter son Histoire du Roi de Bohême.

Miel et damnation

Robert d'Artois se plaint à la fin de sa vie de croisé : "Et du miel de la vie à peine j'ai goûté" (La Louiséïde, Ou Le Héros Chrétien: Poëme Épique, Tome 2, 1773 - books.google.fr).

Le serpent dit à Eve : "Au fond de l'ame incessamment vous crie : «Le doux plaisir est le miel de la vie». A cette voix pourquoi résistez-vous ? Du tendre amour Dieu serait-il jaloux ?" (Henri-Joseph Du Laurens, Le balai,: poëme héroï-comique en XVIII chants, 1791 - books.google.fr).

Les esprits diaboliques disent à Faust dans un rêve :

Et tous, de la vie / Pour goûter le miel, / Cherchent dans le ciel / Une étoile amie.

(Johann Wolfgang von Goethe, Faust, Partie I, traduit par A. Poupart de Wilde, 1863 - books.google.fr).

Quant à l'ours, l'origine de l'attribution, selon Tervarent, serait la suivante : «L'ours est attiré par le miel (péché de luxure) jusqu'au moment où il tombe dans la fosse (mort et damnation)». Cette exégèse peut être rapprochée du tympan roman du baptistère de Parme par le sculpteur Antelami (1178) déjà cité au chapitre III (pl. XVII). Entre le soleil et la lune, on y voit un homme monté dans un arbre pour y cueillir le miel d'une ruche, sans voir que deux chiens sont en train de déraciner cet arbre et qu'un dragon crachant des flammes le surveille en attendant le moment de de sa chute qui le livrera à l'enfer. De même l'ours de Bosch est volontiers représenté grimpant à l'arbre, mais on le voit aussi pendu (n° 36) ou encore tête en bas faisant le «poirier», ce qui lui donne un sens plus alchimique que luxurieux.Alchimiquement, l'ours représente la matière instable, brute et inerte, et sa mort est nécessaire pour que s'en échappe l'esprit volatil (Jérôme Bosch et ses symboles: essai de décryptage, 1919 - books.google.fr).

Juste avant l'indépendance de la Belgique, un journal bavarois observait que l'aristocratie se moquait de la réussite des roturiers dans leurs entreprises industrielles, et se réjouissait de leur faillite quand elle arrivait : "encore un château de sucre fondu" ! :

Unter des gütigen Königs Vorsorge gedieh Gent vor andern Städten, durch seine Baumwollen-Manufakturen und großen kaufmännischen Unternehmungen, zu einem bewundernswerthen Grade der Blüthe; aber eben hier war auch von jeher der Siz des stolzesten Adels im Lande, der an kommerziellen und industriellen, von ihm sogenannten Emporkömmlingen gern seine Spottlust und gelegentliche Schadenfreude ausließ; den etwanigen Bruch eines bedeutenden Hauses bezeichnete man mit der eigens dazu gebildeten Phrase : voilà un autre château de sucre fondu! welche nur mit dem Handreiben des Wohlgefallens in der aristokratischen Koterie ausgesprochen wurde (Allgemeine Zeitung, München: 1831, 1832 - books.google.fr).

En Amérique, Tintin recherche son chien Milou qui a été enlevé et qu'il retrouve dans le château de Silvermount. Ici c'est Abdallah, retenu dans le ksar de Müller.

Beissel, who established a semi-monastic community called the Camp of the Solitary, with a convent (the Sister House) and a monastery (the Brother House) at Ephrata, was one of the first vegetarians in North America who was motivated by Christian religious belief. The entire Ephrata community reportedly abstained from meat eating, which Beissel considered spiritually undesirable. Beissel invented a vegan diet for the Ephrata community that excluded all meat, dairy, eggs and honey. His diet consisted of buckwheat, cabbage, fruit, green vegetables, potatoes and wheat (en.wikipedia.org - Conrad Beissel).

Alvaro ou la Casa Mateus

Oliviera da Figueira est un vrai VRP ambulant. Il apparaît la première fois dans Les Cigares du Pharaon. Il arrive à vendre à Tintin un tas de choses strictement inutiles. On le retrouve en ensuite dans Tintin au pays de l'Or noir et dans Coke en stock. Après s'être installé à Wadesdah, capitale du Khemed, il se tisse un grand réseau de relations. Cependant, il n'hésite pas à aider Tintin et ses amis. Heureusement pour Haddock, le commerçant a toujours une bouteille de rosé prête à être débouchée... (www.tintin.free.fr).

Au nord du Portugal, près de la vallée du Douro, le domaine de la Casa de Mateus et son palais baroque au coeur des vignobles est la propriété de la famille du Comte Albuquerque depuis plus de trois siècles. Le patrimoine s’est développé grâce à la production céréalière et viticole. Des jardins d’apparat ajoutent au faste de la propriété. Ils sont parfaitement préservés, entretenus et continuent d’évoluer. Le dialogue et l’équilibre entre l’architecture, les jardins d’apparat et les parcelles de vignes et de vergers, contribuent à donner ce sentiment extraordinaire de visiter une perle rare dans l’histoire de l’art des jardins au Portugal et en Europe (www.botravail.fr).

La Casa de Mateus fut érigée au cours de la première moitié du XVIIIe siècle par António José Botelho Mourão, 3e Morgado de Mateus. Elle substitua la maison de famille qui existait à cet endroit depuis le début du XVIIe siècle. En 1910, elle fut classée monument national.

Le Salão de Entrada, à l’instar des salles d’armes typiques des maisons nobles des XVIIe et XVIIIe siècles, arbore, sur le plafond en bois de châtaigner, les armes du constructeur du palais, António José Botelho Mourão, les mêmes, Botelho, Mourão, Vasconcelos et Aguiar – qui se trouvent sur la partie supérieure centrale de la façade du palais.

Dans les salles du musée, installé ici par D. Francisco, 3e comte de Mangualde, et récemment remodelées par la fondation dans le cadre du nouveau programme muséologique, a été réuni un nombre appréciable d’œuvres d’art sacré, représentatif de la sensibilité religieuse des membres de la famille qui, surtout aux XVIIe et XVIIIe siècles, ont enrichi le service de la liturgie et du culte de la Capela de Nossa Senhora dos Prazeres, au travers de l’acquisition d’accessoires en argent, habits sacerdotaux et images de dévotion.

Parmi les pièces les plus illustratives figurent les images de Notre Dame de la Conception, en marbre, de confection indo-portugaise et celles de Sainte-Anne apprenant à la Vierge à lire, qui a été l’une des dévotions que D. Luís António de Sousa Botelho Mourão, 4e Morgado de Mateus, a le plus privilégiée.

La notoriété de D. Luís devant la Cour se doit à sa prompte action lors de l’invasion espagnole du Portugal en 1762. Le lieutenant-colonel de la chevalerie de Chaves, s’est aperçu d’une attaque surprise près de la frontière et est parvenu à repousser un important régiment espagnol, de surcroît bien armé. Dans la lignée de la politique pombaline, cette prouesse a valu à D. Luís d’être désigné pour restaurer, surtout militairement, la capitainerie de S. Paulo qui se trouvait sans activité (www.casademateus.com).

Alvaro Carvalho, seigneur de Canas, Senhorim et Carvalho (Carvalho, district de Vila Real (www.viamichelin.fr) fut capitaine et gouverneur d'El-Qsar es-Sghîr.

D. Afonso de Xoronha, capitaine de Ceuta, et Alvaro de Carvalho, capitaine d'El-Qsar, font une incursion contre Tétouan ; ils y brûlent beaucoup de navires ; ce qui leur arrive encore. D. Afonso de Xoronha, capitaine de Ceuta, et Alvaro de Carvalho, capitaine d'El-Qsar es-Sgîr, s'entendirent entre eux pour aller ensemble courir Tétouan, quand les circonstances leur en fourniraient une bonne occasion. D. Afonso fit donc prendre un informateur, qui lui donna la nouvelle que le Chérif avait battu le roi de Fès et le tenait captif, qu'il s'était déjà rendu maître de Meknès, de Salé et de Tadla, qu'il marchait sur Fès, dont tout le pays lui obéissait déjà, et que toute la population allait le rejoindre (Robert Ricard, Les Portugais et l'Afrique du Nord sous Jean III, Hespéris: Archives berbères et bulletin de l'Institut des hautes-études marocaines, Volume 24, 1937 - books.google.fr).

 

Palais royal de Klow (Le Sceptre d'Ottokar) : château de cristal

Si on considère ce palais comme un château alors pourquoi pas le palais du sheikh Ben Kalish Ezab. Mais cela en ferait 8. Cependant le palais du sheikh et le ksar de Müller forme un couple comme le palais royal de Klow et le château Kropow.

Apollon du Belvédère

L'archer du parc peut-être Apollon du Belvédère serait la représentation du signe du Sagittaire. Chiron est aussi une figuration de ce signe du Zodiaque.

Dans le Faust II de Goethe, la nuit du sabbat classique fait pendant à la nuit romantique de Walpurgis.

Quant à Faust, à peine a-t-il touché le sol de la Grèce, qu'il se sent comme transporté dans son domaine ; il reconnaît d'instinct la patrie d'Hélène, il demande en s'éveillant où il pourra trouver celle qu'il poursuit et il s'élance à sa recherche. Il comprend et il admire tout de suite ces êtres fantastiques qui déconcertent Méphistophélès, qui nous étonnent nous-mêmes; tout ce qui est grec l'attire et le séduit : «Les figures sont grandes, dit-il, et grands les souvenirs.» Ce monde incomplet renferme déjà à ses yeux tous les germes de la beauté. Mais tous ces monstres, antérieurs à Hélène, n'ont pu la connaître et ne peuvent conduire Faust auprès d'elle. C'est le centaure Chiron qui se chargera de ce soin, Chiron, l'instituteur des héros et des sages, Chiron qui relie la Grèce encore barbare des premiers temps à la Grèce civilisée d'Homère. Sur les bords du Pénée, auprès de l'eau qui murmure, à l'ombre des saules et des trembles, Faust retrouve le ravissant spectacle qu'un rêve, décrit par Homunculus, lui avait déjà révélé : de beaux corps de nymphes fendant les flots liquides, une troupe de cygnes nageant au milieu d'elles et leur chef se dirigeant vers l'asile sacré où il va conquérir l'amour de Léda. Le galop d'un cheval retentissant sur la rive arrache le docteur à cette muette contemplation. C'est le centaure Chiron qui passe et emporte sur son dos le futur amant d'Hélène (Alfred Jean François Mézières, W. Goethe: les œuvres expliquées par la vie, Tome 2 , 1874 - books.google.fr).

Le lever des Gémeaux annonce le coucher du Sagittaire. En 1940, Reber fixait le centre du maximum du bruit près du noyau galactique dans le Sagittaire (Observation des bruits naturels) (J. Van Mieghem, J. Dufour, Thermodynamique de l'atmosphère, Mémoires, Volumes 30 à 39, Institut royal météorologique de Belgique, 1948 - books.google.fr).

Les façades du palais royal de Klow sont remplis de fenêtres toutes illuminées la nuit et sont longées de serres dans l'une desquelles Tintin tombe en la brisant. C'est la palais des vitres, des glaces, des miroirs dans lesquels se reflète la Marguerite de Faust qui chante devant le roi. La Castafiore semble faire un "bruit" qui dérange Tintin dans la voiture qui l'emmène à Klow, vérifiant si la vitre de sa portière est assez solide (p. 28). Il est encore question de vitres brisées dans l'Affaire Tournesol. A la fin, les Dupondt accrochent avec leurs cannes les lustres-cristal qui choient sur le sol.

Dans le parc une statue ressemble à l'Apollon du Belvédère avec son arc dans la main gauche.

Je crois qu'en cherchant bien, on découvrirait facilement, en France, de nombreux lieux-dits «Miroir», dont la situation topographique élevée ou en belle vue justifie parfaitement une étymologie tirée de Mirari. Personnellement, un hasard fortuit m'a permis de faire, il y a quelques années, une découverte de ce genre. Pendant l'été de 1925, je revenais de Fontainebleau à Paris par un auto-car qui, en bas de la montée de Juvisy, s'arrêta pour renouveler sa provision d'essence. J'en profitai pour descendre et faire à pied les quelques centaines de mètres qui me séparaient du sommet de la côte, point où la route atteint les premières maisons de Juvisy, et d'où l'on jouit d'une vue merveilleuse sur la campagne environnante. Au pied de la colline, la Seine déroule son ruban d'argent ; plus loin, s'élève le plateau de la Brie dont les molles ondulations vont mourir jusqu'à la ligne bleuâtre de la forêt de Senart, qui ferme l'horizon. Belvédère remarquable, poste 'observation judicieusement repéré et choisi, n'en doutons pas puisque c'est là, sur le bord même de la route, que s'élève l'observatoire édifié par l'illustre astronome Camille Flammarion ; et juste en face de l'autre côté de la route, jaillit une fontaine dite «Fontaine du Miroir», dont l'eau vaguement minérale est exploitée commercialement. D'un côté un observatoire, de l'autre une « Fontaine du Miroir », simple rapprochement peut-être, mais combien suggestif ! J'écrivis à Mme Camille Flammarion pour lui demander si elle connaisssait l'origine de l'appellation «Miroir» donnée à la fontaine. Mon éminente correspondante voulut bien me faire l'honneur de répondre que ses recherches étaient restées vaines et que ni le maire de Juvisy, ni de nombreuses personnes interrogées n'avaient pu la renseigner. Et Mme Camille Flammarion ajoute ceci que je transcris textuellement : «Du plateau et de la terrasse de l'ancien château de Juvisy, la vue est fort belle (elle l'était surtout avant le vandalisme des lotissements) ; votre explication mirari, miroir, voir, contempler d'un belvédère une belle vue, me semble très logique (A. Collot, La maison et le coin du miroir, Mémoires de la Commission des antiquités du départment de la Côte-d'Or, 1933 - books.google.fr).

Contre l'avis du parlement anglais, Crystal Palace, construit à Hyde Park à Londres pour accueillir l'exposition universelle de Londres de 1851, fut déplacé. La structure de fonte, fer à remplissage de verre plus bois fut démontée et reconstruite avec ses modifications sur une propriété du nom de Penge Place au sommet de Sydenham Hill. L'édifice fut alors agrandi, et moins de deux ans plus tard, la reine Victoria l'inaugura pour la seconde fois le 10 juin 1854 (fr.wikipedia.org - Crystal Palace).

Les parties les plus charmantes des galeries consacrées à l'art romain sont les représentations des bains, où l'habile pinceau de M. Abbate, guidé par le goût le plus exquis et inspiré par la fantaisie la plus exubérante, a produit quelques décorations réellement remarquables. D'abord, le « Bain de Vénus, » au centre duquel est la belle « Vénus Victrix, » tenant en main l'épée de Mars, tandis que son fils, le malicieux Cupidon, succombe sous le poids d'un immense casque. Une figure représentant l'antique légende grecque de Vénus cherchant à travers les forêts son bien-aimé le · bel Adonis ; une épine perce son pied délicat, et du sang qui coule de la blessure naît la modeste et odorante violette; Vénus au bain et une Vénus accroupie, un joli groupe de ces deux types de l'adolescence divine et humaine : Cupidon et Psyché, et un petit Faune Borghèse, concourent aussi à l'ornementation de ce charmant appartement consacré à l'amour et à la beauté. Dans le bain voisin est un surmoulage du célèbre Apollon du Belvédère, trouvé dans les ruines de la villa maritime de Néron, à Antium. Le dieu élégant est représenté lançant la flèche fatale au serpent Python, que Junon avait en . voyé pour persécuter sa mère, la belle Latone. La statue est un peu plus grande que nature ; l'attitude du dieu est majestueuse; le printemps de la jeunesse adoucit les grâces viriles de sa personne et la forte structure de ses membres ; le dédain règne sur ses lèvres et l'indignation gonfle ses narines, mais son front est le siége d'une inaltérable sérénité, et la sublime élévation de son aspect respire l'ardent désir d'autres victoires plus dignes de lui. Inspiré par la plus noble conception des puissances célestes, l'artiste a dépassé dans son œuvre, bien que sous la forme humaine, toutes les perfections possibles de l'humanité. Dans cette salle, qu'on pourrait appeler le Bain d'Apollon, sont aussi deux statues d'Apollon jeune; l'une le représentant en berger, gardant les troupeaux en Thessalie et rêvant à sa divinité abdiquée ; dans l'autre, il tue un lézard venimeux, exerçant ainsi son bras pour son combat futur avec le monstre Python (G.-L. de Fréneusen, Les Merveilles du Palais de Cristal de Sydenham, 1854 - books.google.fr).

Le 30 novembre 1936, le Palace est détruit en quelques heures par un incendie parti des toilettes, puis alimenté par le bois d'œuvre de l'édifice et attisé par un vent violent. Survenu en pleine nuit, le feu est visible à 10 kilomètres à la ronde. Tout comme en 1866, quand un incendie avait détruit le transept nord, le bâtiment n'est pas correctement assuré pour couvrir l'ensemble des destructions. Winston Churchill, de retour de la Chambre des communes, dit alors : "This is the end of an age" («C’est la fin d’une époque»). La tour sud est alors utilisée par John Logie Baird, pionnier dans le développement de la télévision, comme lieu d'expérimentation. Malheureusement, beaucoup de ses éléments de travail sont détruits par l'incendie. Seules, les deux tours ont résisté à l’incendie mais sont démantelées lors de la Seconde Guerre mondiale. Il semblerait que la Luftwaffe aurait pu s’en servir comme élément de repère dans sa route vers Londres. La tour nord est dynamitée tandis que la tour sud est démontée brique par brique car trop proche des bâtiments voisins pour un dynamitage (fr.wikipedia.org - Crystal Palace).

The Centre Transept of Crystal Palace has repeatedly also been the scene of Mendelssohn, Haydn, and other musical festivals, though the popular favourite continued to be Handel a naturalised Englishman, and it was in England and for Englishmen that his greatest oratorios were written (Festival Haendel since 1859). It is to them also that we owe our high position as a musical nation, seeing that in no other country is there such a wide popular acquaintance with Handel’s music as in England. The position of conductor of the Handel Festivals was hdd till 1883 by Sir Michael Costa, who was then succeeded by Mr. August Manns (The Crystal Palace Sydenham, 1911 - archive.org).

C'est en toute probabilité à Londres également, mais par l'intermédiaire d'un compatriote qui y est très admiré, que Rimbaud prend connaissance d'une source allemande d'«atrocités». Si, en même temps que la traduction de Shakespeare, il en demande à Delahaye une du Faust de Goethe, c'est peut-être qu'il a assisté au Faust de Gounod joué au Crystal Palace en septembre et en octobre 1872, et fin mars 1873 : en juin on donne Faust sur deux scènes, celle du Crystal Palace et celle de Drury Lane (Vernon Philip Underwood, Rimbaud et l'Angleterre, 1976 - books.google.fr).

 

Kropow (Le Sceptre d'Ottokar) : château de sel

Nous avons déjà dit plusieurs fois, et nous le répétons encore, que tout le travail de l’art consiste à évertuer ce mercure jusqu’à ce qu’il soit revêtu du signe indiqué. Et ce signe, les vieux auteurs l’ont appelé Sceau d’Hermes, Sel des Sages (Sel mis pour Scel), – ce qui jette la confusion dans l’esprit des chercheurs, – la marque et l’empreinte du Tout-Puissant, sa signature, puis encore Etoile des Mages, Etoile polaire, etc. (Fulcanelli, Le Mystère des Cathédrales, Schemit, pp. 109-110) (Le Serpent rouge : Le voyage de l’âme : Philolaos, les Bergers d’Arcadie et le cube).

L'oviphilie d'Alfred Halambique

Le faux Nestor Halambique interpelle Tintin dans l'avion (487 OO - AGE) qui les conduit à Francfort (p. 17) : "Venez donc voir comme il est joli, ce troupeau de moutons, dans la prairie".

Le vendredi, jour d'interdiction et d'abstinence, est faste pour le tri des herbes et de leur quête sur les coussous ; elles reçoivent un surplus de décharge de l'atmosphère. D'ailleurs, c'est un vendredi que l'on distribue de préférence le sel, que l'on pratique la tonte, que l'on marque les brebis à l'oreille, et que l'on ampute la queue des agnelles. Mais que dire de ce chardon magique qui roue dans sa pâle blondeur de paille comme un astre, noué et entrelacé par quatre fleurs épineuses en forme de croix, pointes en dehors ? il figure le char solaire emporté dans ses rotations, la Polaire, pièce maîtresse du ciel, centre de toutes choses. Qu'on le cloue, ainsi formé, dans la bergerie ou le mas et toutes les malignités du sort se tiendront pour dit qu'ici veille la sainteté éblouissante que l'on peut lire dans ce signe "oviphile", signe chaldéen des troupeaux, symbole de l'Unité. En son milieu, entre ses branches recourbées, gisent les forces propitiatoires qui écartent les malédictions. Il est tout semblable à cette figuration ébauchée sur l'une des dalles de la Grotte de la Source, découvertes sur la colline de Cordes, mais aussi à celle que l'on trouve, vivante, comme motif décoratif, dans le pays basque, reproduit sur les stèles, coffres, armoires, villas, reprise dans les broderies populaires, surtout reproduite sur les linteaux des portes des bergeries et des maisons et qui semble bien tenir d'un très vieux passé puisqu'on le rencontre au Sahara et au Maroc. Il est une dérivation du signe de Paracelse, qui a rassemblé tant de formules conjuratoires pour protéger les brebis et que l'on peut lire dans son fameux ouvrage Archidoxis Magicae. (Élian-Judas Finbert, Provence pastorale et transhumance, 1956 - books.google.fr).

Aussi loin qu'on remonte dans l'histoire, voire la préhistoire, les symboles ont servi de fétiche, de signe de ralliement, on leur a attribué une action néfaste ou une puissance bienfaisante. C'est ainsi que le «signe oviphile» représenté dans cet ouvrage symbolise la protection des moutons et de leurs bergers. C'est en juillet 1914 que M. Louis Colas, agrégé de l'Université, professeur au Lycée de Bayonne, dans une communication au Musée de Tarbes, a dénommé «signe oviphile» (du latin ovis, brebis et du grec philos, ami) cette croix recourbée à laquelle il déniait toute parenté avec le swastika, la croix samrnée, emblème du feu sacré dans l'Inde antique. M. Colas admettait l'éventualité d'une origine hébraïqué et la ressemblance avec «aleph», première lettre de l'alphabet hébreu et signe de l'Unité ; mais il y voyait surtout une dérivation du signe de Paracelse. Paracelse, ce Zurichois du XVIe siècle, père de la médecine hermétique avait fondé sa doctrine sur la correspondance entre le monde extérieur et les différentes parties de l'organisme humain. Il fut le propagateur de la loi de similitude, due au génie d'Hippocrate et l'une des bases de l'Homéopathie moderne. Dans un livre célèbre : Archidoxis Magicae, il avait collectionné les signes de magie prophylactique et indiqué des formules pour conjurer les maléfices et préserver les brebis de la maladie. M. Louis colas, dans son magistral ouvrage sur la tombe basque, signale la présence de l'ornement oviphile, dans les régions montagneuses du Pays Basque riches en moutons, sur les linteaux des portes de maison, de bergerie, parfois sur les coffres et les armoires, sur les emplacements réservés à une famille dans l'église (yarlekhua), enfin sur les tombes. Il était en effet d'usage de rappeler la profession du défunt (berger, fileur) sur la stèle avec la figuration des instruments, des outils familiers - ce qui explique aussi la présence d'oviphiles sur les tombes des prêtres : «Celui qui repose ici fut un pasteur spirituel». Le talisman de la vie professionnelle se perpétue dans le repos éternel. M. Colas fait l'inventaire de tous les signes oviphiles qu'il a repérés en particulier sur le chemin de croix de la chapelle de Saint-Sauveur d'Iraty (Le mouton, Revue des agriculteurs de France, 1935, p. 1).

Sahara

Une des montagnes qui touchent à la montagne luisante est celle des Lamtouna (djebel-Lamtouna). Cette montagne, jusqu'à laquelle s'étend l'autorité des princes Almohades, se trouve sous le 15e degré de longitude et le 20° degré de latitude; elle se prolonge vers le nord-est, jusqu'au delà du 24 degré de latitude. Dans la partie occidentale est le chef-lieu des Lamtouna, lequel porte le nom d’Azky. Cette ville se trouve sous le 14° degré et demi de longitude, et le 22° degré de latitude. C'est par là qu'on entre dans le désert de Lamtha (Sahra-allamtha), désert qui occupe une position a intermédiaire entre les Lamtouna et le pays des nègres. Bekry dit que la ville d'Azky est située au milieu de la montagne, que c'est un lieu fortifié, et a qu'elle possède des palmiers. Avec le lamath (animal qui habite le pays), on fait le bouclier du même nom, qui est très-solide. Au nord-ouest d’Azky, est la ville de Kaukadam ; on compte entre ces deux villes huit journées. Kaukadam appartient à une branche de la tribu de Massousa, laquelle professe l'islamisme. La montagne de Kaukadam, à l'orient de la ville , touche à la a montagne luisante; du côté du nord, elle touche à la montagne des Gozoules. La mer Environnante, à partir des cinq rivières, et en se dirigeant du côté du nord, retourne de l'orient à l'occident; à Noul-Lamtha, elle ne s'avance « plus que jusqu'au 6° degré de longitude. Au milieu du désert (au sud-ouest d’Azky), se trouve le Château du sel (Hisn-almalh) ; ce château est bâti avec du sel occidental (minéral) ; les caravanes se chargent de ce sel, quand elles se rendent dans le pays des nègres. Entre ce château et Azky, chef-lieu des Lamtouna, on compte sept journées. On estime, à trois degrés et demi, la distance entre ce château et le commencement du deuxième climat.

Les Almohades renversèrent les Almoravides, dans la première moitié du XIe siècle. Les Almoravides appartenaient par leur naissance à la tribu des Lamtouna. Le Château du sel se trouve sous le 20 degré de latitude. On voit quelle grande place le sel occupe dans le commerce de l'intérieur de l'Afrique. Il faut savoir que, dans la zone torride, la chaleur est si forte, que, sans l'usage du sel, le sang se corromprait dans les veines. D'un autre côté, le sel produit par l'évaporation du soleil n'est pas assez solide pour résister à la chaleur et être porté au loin. Le sel seul de l'embouchure du Sénégal, là où me paraît devoir être placée l'île d'Oulyl, a la faculté de se conserver (Géographie d'Aboulféda, Tome 2, traduit par Stanislas Guyard, 1848 - books.google.fr).

Bakri, géographe arabe du XIe siècle, décrit la route transsaharienne qui, de l'oued Draa au sud du Süs, gagne le pays des Noirs et dont le point de départ est la cité caravanière de Nul-Lamta. C'est la route la plus occidentale qui suit la côte de l'océan. pour atteindre le Wädï Targa (Saqiat al-Hamra) qui marque véritablement le début du désert. Sur le chemin nomadisent des Berbères Lamtuna qui élèvent des moutons damani sans laine, mais avec des poils (Maurice Lombard, Les textiles dans le monde musulman du VIIe au XIIe siècle, 1978 - books.google.fr).

Les Lemtouna, Lamtouna, Lamtuna (en tamazight : Ilemteyen ou Ilemtiyen) sont une tribu berbère nomade issue des Isenhajen (Sanhaja), qui habitait traditionnellement des zones allant du Souss au plateau d'Adrar en Mauritanie dans le désert du Sahara. Au cours de la période almoravide, de nombreux Lemtounas ont émigré vers le Nord.

En berbère, leur nom est bien conservé dans la tradition orale et l’ethnonymie touarègues sous la forme : elemtey (sing.), ilemteyen (plur.). Il désigne une petite tribu touarègue de la région Ghât. Selon de Foucauld : «...bien que regardée comme touarègue, [elle] ne fait partie ni des Kel-Ajjer, ni d’aucun des autres groupements touaregs. Elle doit son nom à une femme nommé Lamtoûna.» À propos de cette Lamtoûna touarègue, de Foucauld ajoute : «D’après les légendes touarègues, Lamtoûna serait la mère de tous les Touaregs, de la tribu des Ilemtéyen et de certaines tribus berbères établies à Ghadamès et dans le voisinage.». Charles de Foucauld précise par ailleurs que dans le dialecte berbère des sédentaires du Touat et du Tidikelt, Ilemtiyen désigne l’ensemble des Touaregs (fr.wikipedia.org - Lemtouna).

Lamtoûna, mère de tous les Touaregs, est à placer aux côtés d'Hélène et de Mélusine.

 

Moulinsart : l'Arcadie

Parce que bien que la mythologie grecque enseigne qu'Euphorion naît des amours (posthumes ou non, enfin il est imaginaire !) d'Hélène et d'Achille, Goethe et Camus à sa suite le font naître de l'union d'Hélène et de Faust (Sylvie Brodziak, Albert Camus et les écritures du XXe siècle, 2019 - books.google.fr).

Euphorion, fils de Faust et d'Hélène, Euphorion, incarnation de la poésie, s'élance dans le ciel et s'abat foudroyé.

En identifiant Euphorion à Byron par des allusions assez transparentes, Goethe voyait probablement plus loin il pensait à la jeune génération "romantique" qui l'entourait. Euphorion, ce n'est pas seulement Byron, c'est le romantisme même (Lucian Blaga, L'être historique, 1991 - books.google.fr).

Helena, Goethe y avait pensé depuis longtemps. Dans le Faust, elle apparaît deux fois, comme dans la «Historia» von D. Johanne Fausten ; d'abord elle «fait illusion» devant la cour de l'Empereur, grâce à la magie noire de Mephisto, ensuite elle «devient réalité» en Arcadie grâce à la témérité de Faust qui tente l'impossible pour la sortir du fond de l'histoire et des enfers antiques, guidé par Homunculus, l'homme artificiel, Méphisto ayant en quelque sorte «perdu son latin».

Volant à travers l'espace et le temps, Faust arrive en Grèce juste au moment où Helena, la guerre de Troie étant terminée, comme on sait, entre dans le château de Sparte pour y attendre, de la main vengeresse de son ancien époux, la mort. Avant qu'elle ne subisse ce triste sort, Faust l'enlève, et lorsque Ménélas revient à l'attaque, la transporte en Arcadie pour y filer le parfait amour (Rüdiger Stephan, L'Arcadie de Goethe, Études germaniques, Volume 31, 1976 - books.google.fr).

Il s'agirait du sujet du tableau du salon de la page 44 du Secret de la Licorne, mais la "rencontre" pendant laquelle Ménélas poursuit Hélène l'épée à la main se fit à Troie et non à Sparte (La Croix d’Huriel : Tintin, Hergé et la Croix d’Huriel : Hélène et Moulinsart).

La nouvelle technique des figures rouges voit l'avènement d'un type iconographique inédit, celui de la poursuite. Sur l'amphore d'Oltos, Ménélas tient encore Hélène par le poignet, mais le schéma qui s'imposera montre les deux époux en pleine course, à une certaine distance l'un de l'autre. Ménélas porte généralement le glaive nu dans la main droite En outre, il est maintenant armé du bouclier, à part quelques documents sur lesquels il a saisi ou s'apprête à saisir Hélène. Parfois, la lance remplace l'épée ; Ménélas la tient dans la main gauche, avec le bouclier, et il tend vers sa victime la victime la main droite, restée libre. Dans ce cas, le sens de l'action va de droite à gauche, alors qu'autrement la scène est orientée de gauche à droite. Remarquons que plusieurs de ces innovations se manifestent, à la même époque, dans l'imagerie d'Ajax et Cassandre. A notre avis, il s'agit moins de l'influence d'un motif sur l'autre que de l'évolution similaire de deux scènes apparentées. On peut parler d'emprunt à propos d'un détail significatif, mais non pas lorsque la composition dans son entier évolue, et que cette métamorphose s'opère simultanément dans deux cycles de représentations. Le lien rapprochant les destinées d'Hélène et de Cassandre, lors du sac d'Ilion, ne découle pas seulement du contexte légendaire ; la similitude de l'action, dans les deux motifs, a dû très tôt frapper les peintres, et il n'est pas étonnant que les deux scènes aient évolué parallèlement. Toujours coiffé du casque, même lorsqu'il est nu, ce qui est exceptionnel dans la céramique attique, Ménélas est tantôt vêtu d'une simple tunique, tantôt recouvert d'une cuirasse. Sur la plupart des documents, il est barbu, ce qui n'était pas toujours apparent dans la figure noire, où son visage était caché par le casque. Le peintre de Berlin est le premier, du moins dans l'état actuel de la documentation, à introduire deux détails promis à un long avenir : le glaive que Ménélas laisse échapper, et la statue divine auprès de laquelle Hélène cherche asile. Sur les plus anciens documents, il s'agit de la statue d'Apollon, mais sur la métope du Parthénon et sur l'œnochoé qui s'en inspire, la jeune femme se réfugie auprès d'un xoanon d'Athéna. Remarquons qu'Hélène se tient debout devant l'idole et attend Ménélas, sûre de sa victoire, ou alors elle se précipite vers la statue. A la différence de Cassandre, elle n'est jamais affaissée ni agenouillée devant elle. N'oublions pas non plus que, dès le milieu du Ve siècle, la statue de la divinité s'introduit dans des scènes mythologiques où elle était étrangère originellement et que le motif de la suppliante étreignant une idole se répand jusque dans la Centauromachie (Jean-Marc Moret, L'Ilioupersis dans la céramique italiote: les mythes et leur expression figuree au IVe siecle, Volume 14, Partie 1, 1975 - books.google.fr).

Sur la rencontre entre Ménélas et Hélène, il existe plusieurs versions. Par exemple, selon Virgile, c'est Hélène elle-même qui avait appelé dans la maison Ménélas et Ulysse; elle aurait caché toutes les armes, ouvert la porte et assuré ainsi la victoire à son premier mari. Mais on racontait aussi qu'après avoir tué Déiphobe, Ménélas s'était précipité dans la maison, avait saisi Hélène par les cheveux et l'avait entraînée vers les vaisseaux, prisonnière. Les Grecs la lui avaient accordée sur sa part de butin, sans la tirer au sort, comme les autres captives, lui confiant le soin de la mettre à mort. Mais Ulysse s'était entremis, et Hélène avait été sauvée. Une version plus dramatique encore voulait qu'Hélène se fût réfugiée auprès de l'autel domestique, et que Ménélas se fût précipité sur elle, l'épée levée. Mais en voyant son sein, découvert dans le désordre de sa toilette, tout son amour le reprit et il fit sa paix avec sa femme.

Une autre version voulait que, en Egypte, Ménélas ait retrouvé la véritable Hélène, gardée par Protée (qui devient alors un roi, au lieu d'une divinité marine), depuis le temps où, avec Pâris, elle avait abordé dans le pays. Pâris n'avait emmené à Troie qu'un fantôme, une Hélène faite de nuées, et ainsi, Hélène n'était pas coupable. Toute la guerre de Troie ne se serait déroulée et tant de sang n'aurait été versé que pour la possession d'une nuée (www.alex-bernardini.fr).

Atteindre l'idéal, vivre le bonheur – une nouvelle fois l'Arcadie est accueillante dans sa nature bienfaisante et harmonieuse, protégée de partout, séparée des forces menaçantes de la réalité par la mer. De magnifiques forêts de chênes et d'érables couvrent les douces collines dominant de verts pâturages ; la paix règne ; le lait et le miel, les fruits nourrissent des habitants heureux.

Progressivement l'Arcadie s'éclaire de la lumière idéale. L'homme se rapproche des dieux, les dieux de l'homme, dont les enfants grandissent dans la pureté originelle, tel Euphorion, fils d'Hélène et de Faust. Pendant sa brève existence, l'Arcadie se trouve à l'abri de toute influence contestataire de la réalité, tout en devenant pour Faust l'expérience vécue de l'idéal. Finalement son Arcadie, celle d'Hélène aussi, se situe à très grande proximité du mythe, se transforme sous l'éclairage idéal en un nouvel âge d'or.

Une façon de dire ce que Tasso a exprimé dans sa devise «Erlaubt ist was gefällt». L'âge d'or ressuscite en Arcadie dans la liberté de l'amour.

Tous les éléments sont réunis pour que le bonheur dure, hors du temps. Pourtant cette Arcadie, elle aussi est condamnée par avance. La parole de Faust au moment du départ pour l'Arcadie cache la terrible vérité.

Une comparaison avec d'autres Arcadies nous fait découvrir, non sans quelque surprise, un nouvel aspect « géographique ». Bien sûr, le monde pastoral possède depuis toujours ses grottes, ses lieux frais et ombragés, connus des bergers amoureux. Mais ce royaume souterrain, lieu d'amour où se cachent Hélène et Faust, ne serait-il pas une sorte de «Unterreich», un de ces paradis romantiques, tels qu'ils ont été explorés pour la première fois, par Novalis ?

C'est là que naît Euphorion, qui est «la poésie personnifiée». Il sort bientôt à la lumière harmonieuse de l'Arcadie, mais s'ennuie aussitôt de la paix et de l'étroitesse de l'espace. Indomptable, voulant forcer tous les obstacles, il effraye son entourage qui essaie vainement de lui faire entendre raison et de le ramener sur terre.

Euphorion, lui, croit devoir agir au nom d'un autre idéal, il part en «guerre sainte». L'ombre de Lord Byron se dresse derrière lui, le destin du poète romantique devient le sien. En vain, Hélène et Faust tentent de le retenir et demandent anxieusement.

C'est en effet un rêve en train de s'évanouir. Euphorion franchit les frontières arcadiennes, essaye, tel Icare, de dépasser les limites de la condition humaine et paye son audace de sa mort. A la paix pastorale, à l'espace poétique il a préféré la guerre, l'action au nom d'un idéal impossible, à l'harmonie classique le mouvement romantique vers un au-delà jamais atteint. Trop près de l'âge d'or et trop loin de la réalité historique seule dimension possible pour l'action, l'Arcadie engendre avec Euphorion la «démesure». En se détruisant lui-même, il anéantit l'Arcadie, son pays d'origine.

Il n'y a pas que le reproche d'avoir transgressé « la loi » de l'Arcadie. Vouloir l'impossible, das « höchste Sinnen », est-ce condamnable ? Le cheur pourtant termine sur une note optimiste, chantant l'éternel recommencement, la force régénératrice de la vie. Faust lui aussi recommencera. N'a-t-il pas à sa disposition Méphisto pour tenter de nouvelles aventures de l'impossible ? Celui-ci ne semble pas mécontent de l'issue fatale, lui qui pourtant est le premier intéressé à gagner le pari.

Jamais Méphisto n'a été plus près de gagner le pari, mais rarement il a été moins efficace, abandonnant entièrement l'initiative à Faust qui, cette fois-ci, est allé au-delà des plaisirs et passions «subjectifs», vite satisfaits et aussitôt rejetés. «L'esprit qui toujours nie» y a joué un rôle plutôt pitoyable ayant été dépassé quelque peu par les événements. L'Arcadie n'est pas, ne peut être d'origine méphistophélique. Pour la première fois, Méphisto se voit dans un monde qui n'obéit guère à ses lois. N'aurait-il pas dû faire tout son possible pour que Faust prononce la phrase décisive :

Werd ich zum Augenblicke sagen : Verweile doch! du bist so schön !

L'Arcadie a été conjurée par Faust, elle est le rêve poétique du mieux-vivre, élevant la réalité à la hauteur de l'idéal. Elle se dissout elle-même. Méphisto n'en est que spectateur. Idée sublime dont le poète s'était montré fier ; le choeur, témoin et public participant au bonheur arcadien, ne retourne pas aux enfers. Après la mort d'Euphorion le monde cohérent de l'Arcadie éclate, son harmonie se rompt et les parties composantes se désagrègent progressivement dans la nature. Tous ces êtres mythiques «reconnaissent» leur origine et «animent» dorénavant les forêts et les prés, la faune et la flore. Comme l'Arcadie, l'ancienne mythologie disparaît et fait place à la nature avec laquelle l'homme désormais communique sans intermédiaire en se référant à son «sentiment». Mais en même temps l'équilibre du monde semble rompu pour toujours. Les éléments qui dans un ordre harmonieux avaient constitué l'Arcadie se trouvent libérés et deviennent hybrides. Dionysos succède à Pan.

Le «Locus amoenus» des bergers et bergères, leur «secundum naturam vivere», l'espace poétique de l'Arcadie, le rêve d'un bonheur terrestre retrouvé, tout a disparu. Le meilleur monde des poètes n'a vécu qu'un moment. Ce n'est pas seulement la fin de l'Arcadie de Faust — ou de Goethe ; ici se termine aussi l'histoire de l'ancien monde pastoral. Si Die Laune der Verliebten avait été la dernière pièce dans le genre traditionnel des « Bergeries > théâtrales, l'Arcadie du Faust marque – du moins en Allemagne — la fin d'une tradition classique. Quittant l'Arcadie, Faust se détourne de tout un monde qui a fait illusion grâce à la poésie sans pouvoir durer. La poésie se meurt en Arcadie. En mourant elle provoque la destruction du monde pastoral. Hélène, personnification d'un idéal «objectif», doit quitter Faust, étant donné qu'avec l'Arcadie disparaît son «espace vital». La comparaison avec le sort de Gretchen, objet d'une passion «subjective», s'impose. Faust perd l'une et l'autre parce qu'il se laisse prendre au jeu organisé par Méphisto ou inventé par lui-même, parce qu'il essaye sans cesse de contraindre la réalité à se conformer à ses rêves et ses désirs – et celle-ci résiste, car plus forte. Il échoue fatalement.

Méphisto, lui, échoue également et de la même façon que Faust, c'est-à-dire contre le réel, qui ne se plie pas à sa « magie », tout en étant adversaires dans le pari, ils sont associés dans cette entreprise aventureuse de satisfaire tous leurs désirs en se jouant de la réalité. Toutefois leur point de départ est diamétralement opposé. «L'esprit qui toujours nie» ne peut comprendre la motivation essentiellement positive qui est celle de l'homme «démoniaque». Doté d'une force dynamique qu'il puise dans son désir éternel, l'homme recommencera toujours pour aller plus loin – comme Faust.

Il y a un parallèle entre la conquête - et la perte - de Gretchen et d'Hélène. La conquête ne s'obtient que grâce au jeu de l'illusion. Ainsi Gretchen est séduite par un prétendu amour idéal, Hélène ne revient sur terre que pour vivre dans un monde idéal, l'Arcadie. Dans les deux cas, la réalité est « trompée » par le jeu de l'illusion, quant à l'Arcadie, par l'illusion poétique. L'Arcadie constitue le point culminant mais aussi le tournant décisif de l'aventure de Faust. Reprenant l'Arcadie de Tasso, nous nous apercevons que celle de Faust est constituée et détruite de façon comparable, mais que le conflit qui s'exprime dans le dialogue entre Antonio et Tasso se trouve modifié. Ce n'est plus l'opposition fondamentale entre l'acte poétique et l'action «réelle», le problème se pose différemment. Jusque-là Faust, soutenu par Méphisto, a toujours agi de la même manière, et il a toujours échoué. Il a même réussi à vivre l'idéal introduit dans la réalité par la poésie ; or cet idéal aussi disparaît. Il lui faut donc trouver un autre moyen d'action : agir à partir du réel.

Refusant la tentation de la gloire qui provoqua la mort d'Euphorion, il revient au principe de l'action comme mobile de l'existence humaine. [...]

Qu'il nous soit permis d'évoquer en conclusion, au lieu d'une interprétation finale de ce Welttheater, une aventure semblable où s'entremêlent vie réelle et existence poétique. Elle s'accomplit qua rante ans plus tard dans la réalité d'une vie courte et mouvementée. A la manière de Faust-Euphorion, Rimbaud croit pouvoir utiliser la poésie comme moyen de transformation de la réalité. Parti avec le même désir insatiable, il échoue lamentablement.

Goethe avait fait mourir son Faust dans l'illusion d'une grande œuvre réussie par lui et pour l'humanité. Il avait trouvé pour lui, en dernier ressort, la grâce chrétienne. Rimbaud a dû vivre la désillusion la plus complète. Ange déchu à dix-neuf ans, il n'y avait pas de grâce pour lui. Il lui restait, sans illusion ni utopie, «la réalité rugueuse à étreindre» - la vie (Rüdiger Stephan, L'Arcadie de Goethe, Études germaniques, Volume 31, 1976 - books.google.fr).

 

Conclusion : la pluralité des mondes

Après avoir indiqué tous ces caractères distinctifs des corps organiques et inorganiques, nous pouvons nous demander comment ils se sont produits, et comment ils ont acquis la forme qui les distingue. Pour les matières inorganiques, la réponse est facile. Placées dans les conditions voulues de repos et de température, elles ont la propriété de prendre certaines formes, de se produire à l'état de cristaux. Ce fait est admis par tout le monde, et nul ne songe à dire qu'il n'est basé sur aucune preuve. L'observation nous le revèle: c'est tout ce que l'on en sait; mais s'il s'agit de hasarder une hypothèse semblable sur la formation des corps organisés, tout le monde est porté à la repousser. Pourtant, là aussi, nous n'en savons pas davantage. L'existence des matières premières, la température, le repos, sont nécessaires également à la formation des êtres organisés. On dira qu'il faut, en plus, la préexistence d'un être de même nature. Cela peut, jusqu'à un certain point, se dire aussi des corps inorganiques. — On extrait bien plus facilement le sel d'une dissolution saline quand on y a introduit un cristal du même sel. On peut même décomposer un mélange de diverses solutions salines en y introduisant successivement un cristal de chacune des différentes espèces qui s'y trouvent en dissolution; chacun attirera à lui la substance pour laquelle il a de l'affinité. Il en est de même chez les êtres organisés : le poulet s'assimile la graine qu'il a mangée, et l'homme, après avoir mangé le poulet, s'en assimile la chair. La sécrétion, les transformations des substances et l'agglomération des cellules, s'opèrent aussitôt que les conditions sont réunies, sans que l'être organisé, plante ou animal, en ait la conscience, ou puisse exercer son action dans ce travail; la plante ne peut faire que son fruit soit ligneux ou sa tige sucrée; le sucre va au raisin et le bois au sarment. L'homme ne peut faire que son foie distille de la salive, que son estomac ait des larmes ou que ses yeux sécrètent de la bile. C'est sans le concours de sa volonté que le foie produit la bile, l'estomac la salive, et l'œil les larmes. On voit dès l'abord que, malgré certaines analogies, une profonde différence sépare l'œuvre de formation des corps organisés et celle des corps inorganiques. En premier lieu, il est impossible d'arriver à la fabrication artificielle d'un être organisé. Les alchimistes ont regardé comme le comble de la science de composer par des moyens chimiques un homunculus, un être organisé, un animal. Non-seulement cette œuvre est impossible, mais on ne peut même arriver à la production d'aucune des substances dont se compose l'être organisé. Nous savons bien ce qu'il y a d'azote, de carbone, d'oxygène et de fer dans le sang, ce qu'il y a de soufre dans les jaunes d'œuf et de phosphore dans les os; mais en mêlant toutes ces substances au degré voulu, nous n'obtiendrons ni du jaune d'œuf, ni du sang, ni des os (W.F.A. Zimmermann, Le Monde avant la création de l'homme, où Le Berceau de l'Univers, traduit par Louis Augustin Strens, 1862 - books.google.fr).

Ce tableau du Monde avant la création de l'Homme, Zimmermann avait entrepris de le tracer dans un ouvrage qui est resté célèbre, mais qui est depuis longtemps épuisé en librairie. Depuis un quart de siècle que cette œuvre a été écrite, la science a fait d'ailleurs des pas de géant. Aussi, les nouveaux Éditeurs de cet ouvrage ont-ils prié M. CAMILLE FLAMMARION de l'examiner avec soin et d'en donner une édition élevée au niveau des progrès actuels de la science. Le savant astronome, auquel ces études de cosmogonie ont toujours été familières par la parenté qu'elles offrent avec les bases mêmes de la doctrine de la Pluralité des Mondes, avait à peine commencé ce travail de revision qu'il s'est apercu que l'œuvre de Zimmermann méritait d'être entièrement refondue (Camille Flammarion, Le monde avant la création de l'homme (1885), 2014 - books.google.fr).

Il faut savoir comprendre que la Terre avec sa population n'est qu'wn individu, que son humanité n'est qu'un enfant qui vacille et qui tremble; étant pénétrés de cette vérité, nous ne nous croirons plus en droit de juger l'œuvre immortelle sur nous et sur ce qui nous entoure. Goethe l'avait déjà dit : «La nature, écrivait-il, est un livre qui contient des révélations prodigieuses, immenses, mais dont les feuillets sont dispersés dans Jupiter, Uranus et les autres planètes.» (Camille Flammarion, La pluralité des mondes habités, 1864 - books.google.fr).

On peut rester bon chrétien tout en admettant la pluralité des mondes. C'est certainement, à notre avis, le côté le meilleur et le plus fort des conciliateurs qui avaient déjà expliqué le miracle de Josué, les six jours de la création et la résurrection de la chair, lorsque la science démontra que l'interprétation qu'on en avait donnée jusque-là ne pouvait s'accorder avec ses découvertes. La Religion n'a fait qu'y gagner et nous en sommes heureux. Bientôt, il en sera de même pour la pluralité des mondes. L'objection que l'on peut faire à cette doctrine c'est qu'elle paraît en contradiction avec le texte des Livres sacrés; mais un examen sérieux fait reconnaître que cette contradiction est plus apparente, que réelle, et qu'elle résulte de l'interprétation donnée à un sens souvent allégorique ou de mots mal interprétés. La Bible ne dit-elle pas que le monde fut créé en six jours, et en fixe l'époque, croyait-on, à environ 4,000 ans avant l'ère chrétienne, et cependant elle a soin de nous dire que le Soleil ne fut créé que le quatrième jour. Avant cela, la Terre n'existait pas, elle a été tirée du néant telle qu'elle existe aujourd'hui : et voilà que la science positive, la science inexorable vient prouver le contraire. La formation du globe est écrite en caractères imprescriptibles dans le monde fossile, et il est prouvé et toute l'Église l'admet aujourd'hui, que les six jours de la création sont autant de périodes, chacune peut-être de plusieurs centaines de milliers d'années. Ceci n'est point un système, une doctrine, une opinion isolée, c'est un fait aussi constant que celui du mouvement de la Terre, qu'on a nié autrefois avec tant d'acharnement et que la théologie ne peut se refuser d'admettre, preuve évidente de l'erreur dans laquelle on peut tomber en prenant à la lettre les expressions d’un langage souvent figuré. Faut-il en conclure que la Bible est une erreur ? Non; mais que les hommes se sont trompés en l'interprétant. Les idées religieuses, loin de perdre, grandissent en marchant avec la science ; c'est le seul moyen de ne pas montrer au scepticime un côté vulnérable. (Leger Marie Pioger, Le dogme chretien et la pluralite des mondes habites, 1874 - books.google.fr).

LES hommes se sont trompés... Plutôt DES hommes qui ont affirmé leur position en persécutant leurs opposants comme Giordano bruno, brûlé à Rome sous les yeux du pape en 1600.

L'idée que chaque étoile était un soleil autour duquel gravitaient des planètes semble avoir été déjà une vérité admise pour les pythagoriciens, disciples et continuateurs de Pythagore (y. -580/v. -495), ainsi que pour Héraclite (v. -544/v. -480). Démocrite (v. -460/v. -370), considéré avec son contemporain et maître Leucippe comme le fondateur de l'atomisme - l'école de pensée qui, la première, a affirmé que toute la matière de l'Univers était constituée d'atomes, particules invisibles et indivisibles - professait l'idée que, comme les êtres vivants, des mondes naissent, vivent et meurent sans arrêt dans l'Univers infini. Il avança aussi une notion intéressante, celle que tous les mondes ne sont pas habités, et que seuls certains d'entre eux sont propices à accueillir la vie. Un philosophe épicurien moins connu, Métrodore de Lampsaque (Ve siècle av. J.-C.), avait exprimé de façon très imagée cette idée partagée par tant de ses contemporains : "Il est aussi absurde de concevoir un champ de blé avec une seule tige qu'un monde unique dans le vaste univers." Le Romain Lucrèce (v. -98/v. -55), qui contribua beaucoup à la diffusion de la pensée atomiste avec son poème De la nature des choses, jugeait lui aussi inconcevable que notre Terre ait été le seul monde créé (et peuplé).

L'idée que nous ne soyons pas les seuls occupants du cosmos avait donc bien fait son chemin, mais l'avènement du christianisme lui marqua un coup d'arrêt. Il faut dire que celui-ci ne jurait que par Aristote, un des adversaires les plus acharnés de l'idée de pluralité des mondes habités. De plus la présence d'autres êtres intelligents dans l'univers n'était pas sans poser d'épineux problèmes théologiques : avaient-ils été créés en même temps que nous ? Étaient-ils marqués eux aussi du sceau du péché originel ? Et comment auraient-ils pu recevoir le message du Christ ? Le dogme de la Terre centre du monde et siège unique de la vie évitait d'aborder ces points sensibles. Mais à la Renaissance, cette pensée unique se fissura. La place centrale de la Terre et donc de l'Homme dans l'univers fut balayée par les modèles héliocentriques (mettant le Soleil au centre) de Copernic (1973-1543), puis Galilée (1564-1642). Et la découverte du continent américain et de ses habitants à partir de 1492 contribua certainement à relativiser notre prétention à un monopole de la vie intelligente. C'est avec Nicolas Krebs, dit Nicolas de Cues (1401-1464), cardinal et philosophe, que l'infinité du cosmos et la pluralité des mondes font leur retour sur la scène intellectuelle. Dans La Docte ignorance (1440), il déduit ce principe de la toute-puissance divine, qui selon lui n'aurait su s'épuiser dam la création d'un monde unique. Le bien plus sulfureux et controversé Giordano Bruno (1541-1600) va plus loin, déduisant qu'un univers infini n'a son centre nulle part (ou partout fi, et qu'il n'est aucune raison que notre espèce et notre planète y occupent une place particulière, privilégiée. Ces idées - et quelques autres - le conduiront au bûcher, où il périra en 1600.

Avec le Siècle des lumières, la pluralité des mondes perd peu à peu de son parfum de soufre et devient un sujet de dissertation et de méditation très prisé. Secrétaire perpétuel de l'Académie royale des sciences, Bernard Le Bouyer de Fontenelle (1657-1757) publie en 1686 ses Entretiens sur la pluralité des mondes. Présenté comme une série de conversations badines entre un «savant» et une belle marquise, cet ouvrage est considéré comme un des premiers textes de vulgarisation scientifique. S'il présente une cosmologie dépassée, inspirée de Descartes, il développe aussi l'idée que les innombrables mondes visibles dans le ciel sont peuplés d'êtres intelligents. La philosophie des Lumières accueille donc volontiers l'idée de la vie, voire de l'intelligence extraterrestre. Dans sa très austère et néanmoins célébre Critique de la raison pure (1781), Emmanuel Kant (1729-1809) déclarait sans ambages : «Je parierais bien toute ma fortune que quelques-unes au moins des planètes que nous voyons sont habitées.»

L'avènement de la science-fiction moderne, dans la seconde moitié du XIXe siècle, va reprendre le thème du voyage vers la Lune, en imaginant cependant des moyens de locomotion parfois visionnaires, et des autochtones plus plausibles. Deux grands pionniers du genre s'emparèrent chacun à leur tour de ce sujet devenu classique. Jules Verne (1828-1905), dans De la Terre à la Lune (1865) puis Autour de la Lune (1869), imagine le trajet à bord d'une fusée très proche des futurs lanceurs lunaires. Dans Les Premiers Hommes dans la Lune (1901), l'Anglais Herbert George Wells (1866-1996) fait preuve d'originalité dans l'imagination du procédé de propulsion un matériau imaginaire, la cavorite (du nom de son inventeur Cavor, le héros du roman), métal fonctionnant comme un écran gravitationnel, donc capable d'annuler les effets de l'attraction terrestre. Les Sélénites y sont représentés comme une société de gros insectes vivant sous la surface de la Lune. L'année suvante, c'est le cinéma, invention encore toute fraîche, qui fait aux Sélénites l'honneur d'une première représentation animée, dans l'adaptation par Georges Méliès (1861-1938) du roman de Verne.

Avant que le rêve ne devienne réalité en 1969, avec le premier alunissage humain lors de la mission Apollo 11, le thème du voyage lunaire connaîtra une de ses déclinaisons les plus populaires en bande dessinée, avec le doublé des aventures de Tintin du dessinateur et scénariste belge Hergé : Objectif Lune (1953) suivi d'On a marché sur la Lune (1954). Si le voyage en fusée anticipe avec beaucoup de crédibilité les futures explorations spatiales, les héros ne rencontrent sur notre satellite aucune forme de vie - bien qu'ils découvrent dans une grotte de la glace et des stalactites, indice de la présence d'eau liquide par le passé. Hergé réservera toutefois la question extraterrestre à une autre aventure, Vol 714 pour Sydney (1968) : Tintin et ses compagnons y sont enlevés par une soucoupe volante, mais dans la noble intention de les sauver d'une éruption volcanique. Leurs ravisseurs-sauveurs venus d'ailleurs prennent néanmoins la précaution d'effacer de leur mémoire tout souvenir de cette péripétie, à l'exception de Milou, qui pense avec résignation "Ah ! si je pouvais raconter tout ce queec j'ai vu... Mais on ne me croirait pas." Le fidèle chien de Tintin devient peut-être ici le porte-parole de bien des témoins anonymes qui n'osèrent jamais partager leur expérience !

Après la Lune, le candidat privilégié aux spéculations sur l'existence d'une vie, voire d'une civilisation extraterrestre fut la planète Mars. Elle n'est pourtant pas la plus proche de la Terre, mais celle qui est notre voisine directe, Vénus, est trop proche du Soleil pour envisager qu'elle puisse abriter la vie. En 1877, Giovanni Schiaparelli (5835-1910), directeur de l'observatoire de Brera à Milan, dit avoir observé des canaux ou chenaux (canali) au tracé si régulier que certains y voient le témoignage d'une civilisation. L'existence et l'origine de ces canaux vont être le sujet de vives polémiques jusqu'au milieu du XXe siècle. Schiaparelli lui-même restera prudent quant à leur caractère naturel ou artificiel, et la traduction même de canali en «canaux» (ouvrages d'art) plutôt que «chenaux» (dépression, éléments de relief naturels) implique déjà une interprétation discutable en préjugeant l'existence d'une intelligence ayant présidé à leur construction. L'astronome et vulgarisateur français Camille Flammarion (1842-1925), qui croyait fermement à la pluralité des mondes habités (il consuma un ouvrage la question en 1862), ainsi que l'homme d'affaires américain et astronome amateur Percival Lowell (1855 - 1916), contribuèrent beaucoup à diffuser la thérorie des canaux martiens qui ne se révéleront avec les progrès de la télescopie comme des illusions d'optique.

Jusqu'à Gustave Le Rouge (Le prisonnier de la planète Mars, la guerre des vampires) et Edgar Rice Burroughs (Une princesse de Mars) la plupart des auteurs n'a imaginé que le scénario où des visiteurs terriens rencontrent des extraterrrestres en se rendant dans leur monde. L'idée de la visite d'ovnis ne vient qu'assez tard aux auteurs de science-fiction, elle se heurterait au narcissisme des terriens qui préféreraient s'imaginer en conquistatores plutôt qu'en "sauvages".

En 1929 The other side of the moon d'Edmond Hamilton (1904 - 1977) décrit des soucoupes volantes - le terme flying saucer étant employé à la fin du XIXe siècle pour désigner les cibles mouvantes du tir au pigeon - fort ressemblantes à celles que Kenneth Arnold dira avoir vues en 1947. Lovecraft inventera les Great Old Ones (les grands anciens) dieux-démons objet de cultes immémoriaux, anticipant la théorie des Anciens Astronautes. (Nelson Monfort, Ivan Kiriow, Ovnis : sommes-nous seuls ?, 2019 - books.google.fr).

Il s'agirait aussi pour Tintin de pluralité des mondes humains, à la manière des ethnologues comme au Congo, en Chine ou en Amérique du Sud (Renaud Nattiez, Le Mystère Tintin: Les raisons d'un succès universel, 2016 - books.google.fr).

Et Mélusine ?

Quel désir humain est donc à la clé du thème de Mélusine ? Le rêve de l'union ou des relations avec un être surnaturel, déesse autrefois, fée et nymphe au Moyen Age, personnage extra-terrestre aujourd'hui, illustre le désir de bonheur, de richesse et de puissance, l'homme peut prendre sa revanche sur l'adversité et obtenir en rêve ce que la vie quotidienne lui refuse. Les fées réparent les injustices et leur rencontre permet à plus d'un héros de se tirer d'un mauvais pas ce que Lanval avait obtenu par son courage et que le roi oubliait de lui octroyer lui est soudain attribué; après la rencontre de la fée il est riche et peut mener une vie conforme à son rang. Après avoir parlé à Mélusine, Raymond de Poitiers est en mesure de tourner à son avantage la mort de son oncle... Tout est rendu possible par de telles relouons qui compensent le poids de la réalité. Le fait que le thème mélusinien soit associé, très souvent, à des légendes généalogiques montre bien le râle de la compensation. Pensons aux romans de Couldrette et de jean d'Arras ils font revivre le passé d'une grande famille, dont la branche aînée s'est éteinte en 1308, c'est-à-dire qu'ils apportent aux descendants directs et indirects de la maison des ancêtres qui les honorent. La seconde origine du rêve semble être la peur de la mort, ce qui ressort de la liaison des thèmes du voyage dans l'au-delà et de l'acquisition de l'immortalité=. La mort est le grand problème de l'humanité qui n'a cessé de s'interroger sur ce qu'il y a après la vie. Pour répondre à cette question les écrivains ont envoyé en reconnaissance des héros dans l'autre monde. C'est Puée à la recherche de son père, saint Patrick visitant le purgatoire, Dante franchissant le seuil de l'enfer avant d'apercevoir le purgatoire et le paradis. L'ancienne littérature irlandaise abonde en récits qui narrent les aventures des héros dans l'au-delà, et énumèrent les honneurs qu'ils reçurent, les dons, les objets merveilleux. Ces histoires apportent donc une réponse optimiste la mort n'est pas une fin, elle permet d'accéder à un monde supérieur si l'on en est digne. "La mort est sans contredit la chose qui répugne le plus aux hommes", écrit A.H. Krappe dans La Genèse des Mythes, "parce que c'est le seul mal pour lequel il n'y ait point de remède. Cela explique suffisamment les idées peu consolatrices entretenues sur l'autre monde par la plupart des peuples anciens... Heureusement, le désir est plus fort que les impressions, très nettes pourtant, de la triste réalité. C'est ce qui a donné lieu, chez les peuples les plus divers, à un développement plutôt curieux : pour le dire en un mot, on s'est mis bravement à convertir le pays de la mort en un paradis plein de toutes les joies dont, dans ce pauvre monde sublunaire, la plupart des hommes sont bien forcés de se passer. Citons quelques exemples de ce développement intéressant. Les indigènes de la Nouvelle-Calédonie croient qu'après la mort toutes les âmes, les bonnes comme les mauvaises, s'en vont dans un pays très riche et beau situé au fond de la mer, connu sous le nom de Tsiabiloum, vrai pays de cocagne. Il n'y a pas de nuit, partant pas de sommeil. Le souci, la maladie, la décrépitude et la mort n'y entrent jamais. Apparemment on ne s'y ennuie même pas (Claude Lecouteux, Mélusine et le chevalier au cygne, 1997 - books.google.fr).

Cette dernière image peut renvoyer à Moulinsart, cette Arcadie. Sur l'Arcadie de Poussin plane en effet la mort (memento mori).

Dans plusieurs nouvelles précédant le mythe de Cthulhu, en particulier La Cité sans nom (1921) et Celui qui hantait les ténèbres (1935), on retrouve cette idée d’hommes-reptiles ayant plus ou moins cohabité avec la civilisation atlante après le départ des Grands Anciens. Dans l’œuvre de Robert E. Howard, d’où le personnage de Conan le Barbare est tiré, on trouve plusieurs hommes-serpents. Dans la nouvelle Le Royaume des chimères (The Shadow Kingdom, 1929), le royaume atlante, dirigé par le roi Kull, est infiltré par des hommes-serpents à l’apparence humaine (fr.wikipedia.org - Reptile humanoïde).

Plus récemment les reptiliens ont encore frappé.

Alors que le journaliste Mike Donovan filme des soldats en plein combat au Salvador, apparaissent d’un coup dans le ciel, et en de nombreux endroits du globe, de gigantesques ovnis (qui seront dénommés par la suite «vaisseaux-mères») venus du système de l'étoile Sirius situé à 8,6 années-lumière du système solaire. Après être entrés pour la première fois en contact par émission radio, à la suite d’un compte à rebours, ils conviennent d'un premier contact direct avec le secrétaire général de l’ONU. Ces extraterrestres semblent avoir forme humaine et déclarent être venus en paix, s’installant peu à peu au milieu de la population. Ils déclarent vouloir partager leurs connaissances en échange de produits chimiques terrestres censés régler leurs problèmes environnementaux sur la planète de leur système stellaire («bien plus graves» que les nôtres). Mais leurs véritables intentions sont tout autres… En effet, les visiteurs pompent en secret toute l’eau de la Terre. De plus, ce sont des «lézards» (que l’on peut aussi nommer «reptiliens» ou reptiles humanoïdes) qui considèrent les humains comme de la nourriture. Aussi veulent-ils remplir leur garde-manger de millions de terriens (entre autres). Peu à peu une organisation secrète de résistants, avec en tête Mike Donovan et le Dr Julie Parrish, aidée par des soldats visiteurs rebelles («la Cinquième colonne»), s’organise pour un combat de titans. Combat qui est loin d’être gagné car Diana, officier de haut rang dans l’armée des envahisseurs, veut à tout prix soumettre totalement l’humanité (fr.wikipedia.org - V la série).

Le thème de l'esprit élémentaire qui désire acquérir une âme a été utilisé par le romantisme comme un symbole de l'aspiration de la matière inanimée à s'élever au rang des êtres animés. Une telle aspiration répond en effet à la philosophie de la nature des romantiques (Revue d'esthétique, 1976 - books.google.fr).