"Aristos"
- Aristophane
Un paquet de cigarettes de la marque "Aristos" se trouve dans une
boite chez les Dupondt, page 4. Un homme de main d'Omar Ben Salaad s'appelle
Abd el Drachm (drachme, monnaie
grecque, serviteur de l'argent). Tintin fait référence à Diogène devant un tonneau. Haddock lance l'insulte de "Doryphore" (pages 38 et 56)
et "grenouilles" (page 37)
(cf. la pièce d'Aristophane).
Aristophane
et Diogène. Rien de commun, puisque Aristophane, représentant d'une sorte
d'aristocratie de la pensée traditionnelle, vécut, sans doute marié, comme un
citoyen conforme ; et que Diogène, vagabond dégoûtant et philosophe marginal,
vécut dans un tonneau au milieu de concitoyens qu'il semblait haïr. Puisque
Aristophane écrivit quarante-quatre pièces qui furent jouées devant un public
apparemment friand, tandis que Diogène ne laissait que des aphorismes trempés
dans l'acide, et, le long des ruelles d'Athènes, l'odeur nauséabonde au propre
et au figuré qui émanait du personnage (Chantal
Delsol, L'irrévérence: essai sur l'esprit européen, 1993 - books.google.fr).
A qui lui reprochait un jour d'avoir fait de la
fausse monnaie, Diogène dit : «Il fut en effet un temps où je vous ressemblais,
mais vous ne serez jamais ce que je suis maintenant» (Jean-Pierre Larre,
Diogène: Ou La science du bonheur, 1997)
"Que le ciel nous tombe sur la tête !"
(Les Dupondt, chez Omar ben Salaad qui possède des tonneaux de vin dans sa
cave, page 57) : exclamation que firent les Gaulois à Alexandre selon Arrien
(I, 4) et Strabon (Géographie VII).
A l'époque de Diogène, le tonneau n'existait pas
encore, puisqu'il s'agit d'une invention gauloise ! En réalité, Diogène
squattait une grosse amphore ou jarre en terre cuite, destinée à transporter et
stocker les céréales ou le vin – pithos en grec – sur l'agora athénienne. C'est
vraisemblablement un problème de traduction qui est à l'origine de cette
erreur, que l'on traîne depuis des siècles et qui situe le domicile habituel de
Diogène dans un tonneau, en lieu et place d'une grosse amphore (Lydia Mammar,
Toutes ces âneries qu'on apprend à l'école, 2014) (nonagones.info
- La Vraie Langue Celtique de l’abbé Henri Boudet - Etudes particulières de
psaumes - Excursion en Ecosse : Tintin et L’Île noire).
Chez Aristophane, l'espace est mobile, parce que
chacune de ses comédies se construit à partir d'un voyage. Ce voyage peut mener
le héros dans un autre monde, qu'il s'agisse des Enfers (Grenouilles), de l'Olympe (Paix)
ou du ciel (Oiseaux), il peut également le conduire dans une autre partie de la
Grèce ou le faire changer de lieu à l'intérieur d'Athènes ou de sa périphérie. C'est
le cas 14 des Acharniens, puisque Dicéopolis vient de la campagne pour se rendre
à la Pnyx et c'est aussi celui de Lysistrata
qui montre comment les femmes d'Athènes réussissent à sortir de chez elles pour
s'emparer de l'Acropole. Enfin, ce déplacement peut être contrecarré et donner
lieu alors à une variation sur le thème du voyage impossible. C'est la
mésaventure que connaît Philocléon dans les Guêpes, empêché qu'il est par son fils de quitter sa maison et de se rendre au
tribunal. Toutes les inventions, tous les subterfuges sont bons pour tenter
d'échapper alors à la vigilance du gardien et pour transposer sur un mode
parodique le motif du voyage. Ascension par la cheminée, envol depuis le toit,
«évasion à la Ulysse», rien n'y fait : Philocléon restera enfermé dans sa
maison, privé de tout moyen d'aller vers le monde, au point que c'est le monde
qui devra venir à lui (Ghislaine
Jay-Robert, L'espace chez Aristophane. Exemple des Acharniens, de la Paix, de
Lysistrata et des Guêpes. In: Revue des Études Grecques, tome 116,
Juillet-décembre 2003 - www.persee.fr).
La comédie des Guêpes
est construite, quant à elle, comme une relecture ironique du schéma énoncé :
voyage impossible, recherche d'équilibre se soldant par deux chutes
successives, mouvement centripète générateur de perturbations et enfin
tentative de restructuration de l'espace vouée naturellement à l'échec. Le but
poursuivi par Bdélycléon consiste à essayer de sauver son père de sa manie de
juger, folie dommageable qui les avait amenés à confondre leur espace
domestique avec un tribunal public. Sa première tâche est donc de rétablir la
différence entre ces deux endroits et de rendre aux maisons individuelles leur
fonction essentielle, celle d'être des lieux de vie pour la famille et de
réception pour les amis. C'est la raison pour laquelle il décide d'entraîner
son père dans des dîners et des banquets. Encore prend-il soin, auparavant, de
lui apprendre la façon dont il doit se tenir en société, c'est-à-dire la
manière dont il doit occuper un espace donné. Avec ce déplacement enfin
autorisé et réalisé - même s'il ne conduit pas Philocléon là où il l'aurait
souhaité -, l'espace s'ouvre et se structure, l'espoir naît. Pas pour
longtemps, hélas ! Pris d'ivresse, Philocléon a oublié toutes ses leçons ; les
habits neufs dont son fils l'avait revêtu n'étaient qu'un masque. Loin d'avoir
réussi à intégrer des oppositions qu'il aurait su réconcilier en sa personne,
Philocléon n'est parvenu en fait qu'à inverser le sens de sa folie : de vieux
il est devenu jeune, d'homme de loi, intransigeant mais respectable, il s'est
transformé en un perturbateur de l'ordre public condamné par ses concitoyens
pour ses débordements, mais il n'a pas évolué car il fait preuve de la même
extravagance et se compose une attitude aussi excessive et obsessionnelle que
celle qui le caractérisait au début de la pièce. Son amour pour les procès
s'est simplement mué en une passion pour les femmes et le vin. C'est ce faux
mouvement, cette agitation frénétique et immobile que mime apparemment
Philocléon, lorsqu'à la fin de la comédie il décide de se livrer à une danse
folle et grotesque, dont Aristophane prend soin de souligner le caractère
exceptionnel à ce moment de la pièce. Les
adversaires qui se présentent alors pour rivaliser avec lui de souplesse et d'agilité
sont les fils de Karkinos, poète tragique que veut ridiculiser Aristophane,
mais dont le principal intérêt consiste ici à posséder un nom signifiant «le
crabe». L'incapacité que manifeste cet animal à aller de l'avant
caractérise le mouvement suivi par cette comédie qui, à la manière de ces
danseurs, tourne sur elle-même comme une «toupie» et encercle le monde dans un
tourbillon stérile. Impuissant à trouver sa place dans le temps et dans
l'espace, Philocléon ne peut donc accéder à ce mouvement spirale
générateur de progrès et d'avenir, si bien qu'il reste prisonnier d'un temps et
d'un espace devenus mortifères, symbolisés alors par ce mouvement circulaire et
répétitif de la «toupie».
Le terme est employé deux fois en 15 vers : «ils se
font tournoyer comme une toupie» : 1517 ; et «qu'ils se fassent
toupies» : 1530. Il est utilisé aussi dans la Paix où il s'oppose au
mouvement suivi par Trygée. Le Coryphée assure en effet au héros qu'il
«paraîtra plus heureux que les toupies de Carcinos» (Paix, 864). Le mot
"strobilos" désigne une toupie, un fuseau ou un tourbillon.
Tant que le héros reste confronté à un univers
hostile et incapable de répondre à ses désirs, tant qu'il doit se débattre avec
un ordre ancien insatisfaisant et qu'il est en butte aux attaques du chœur
générant désordre et confusion, Aristophane brouille les espaces : le lieu
scénique et l'espace dramatique apparaissent alors instables et indéterminés.
Leur restructuration progressive va de pair avec l'élaboration d'un autre
univers. La recherche d'un équilibre et le rétablissement de limites mises en
place selon des modalités nouvelles correspondent à l'instauration (Ghislaine
Jay-Robert, L'espace chez Aristophane. Exemple des Acharniens, de la Paix, de
Lysistrata et des Guêpes. In: Revue des Études Grecques, tome 116,
Juillet-décembre 2003 - www.persee.fr).
Zola avait reproché aux Républicains, en 1880, d'oeuvrer pour des raisons purement électoralistes à l'assouplissement des lois concernant l'alcool, leur reprochant leur démagogie (Anne Deffarges, De la naissance du naturalisme sous la Troisième République à sa réception dans la social-démocratie allemande (1865-1897), 2005 - www.google.fr/books/edition).
C'est le voyage impossible d'Haddock dans Les
Bijoux de la Castafiore qui veut fuir l'arrivée de la cantatrice à Moulinsart.
Le monde viendra à Moulinsart avec les gitans, nomades, mobiles, voyageurs. Le
voyage vient à Haddock qui fera quelques pas de danse lorsque son plâtre lui
aura été retiré.
"Delcourt"
: Marie Delcourt
Le lieutenant qui recueille Tintin et Haddock dans
le désert marocain s'appelle Delcourt, page 33.
L'abondance des images est peut-être le trait qui
marque le plus vivement le style d'Aristophane ; dans une page du poète elles
se pressent, elles foisonnent et leur variété même charme le lecteur :
«Aristophane est l'enchanteur de sa langue ; il en tire des accords inouïs, des
métaphores qu'on traduirait par des arabesques. Il fait battre les mots, comme
les jeunes Athéniens de son temps faisaient battre les coqs et les cailles ; il
en a d'autres qui ne s'étaient jamais abordés, et qui éclatent de rire, en se
rencontrant (Paul
de Saint-Victor, Les deux masques, tragédie-comédie, 1889 -
www.google.fr/books/edition).
Marie Delcourt a très bien perçu les véritables
motifs de l'inquiétude qu'Euripide provoque chez Aristophane. Elle écrit :
«Euripide et Socrate avaient montré qu'une vie humaine est chose digne d'intérêt
: Socrate parce qu'il partait du moi et qu'il y reprenait sans cesse un point
d'appui et un élan ; Euripide, parce qu'il accordait une telle importance
à l'individu qu'après lui on ne pouvait plus considérer ni une femme ni un
esclave comme des êtres négligeables. Aristophane se moque de lui à cause de
cela et lui fait dire par Eschyle qu'il mérite la mort pour une telle innovation.
Il faut comprendre Aristophane. L'ancien régime athénien, fondé sur la famille,
puis sur l'État, ne pouvait survivre à l'individualisme. Dans l'évolution que
la guerre du Péloponnèse précipite, Euripide a joué un grand rôle, mais comme
fondateur bien plus que comme destructeur (Marie
Delcourt, La vie d'Euripide (1930), 1991 - books.google.fr).
D'après le mythe d'Aristophane écrit par Platon
dans Le Banquet, chacun serait à la recherche de sa moitié complémentaire, dans
une quête à jamais infructueuse de l'unité perdue. C'est cette quête de la
totalité qu'Aristophane appelle amour (Revue
française de psychanalyse, Volume 62, Numéro 2, 1998 - books.google.fr).
On peut se demander si, aussi bien dans le mythe
d'Aristophane que dans Les Lois, l'allusion de Platon aux amours féminines
n'est pas simplement là pour mieux souligner les effets positifs ou négatifs des
amours masculines sur la vie sociale. Dans le premier cas, Aristophane ne
pouvait rendre compte de l'origine de l'homosexualité masculine sans évoquer
l'origine de son homologue au féminin. Cependant, l'improductivité sociale des
amours féminines contribue à mieux mettre en valeur la fécondité spirituelle
des relations homosexuelles masculines. Dans le second, le processus serait identique
mais l'objectif inversé, Platon faisant allusion aux amours féminines
uniquement lorsqu'il définit l'homosexualité comme un acte contre nature ;
mais, dès qu'il s'agit de considérer ce comportement sexuel comme une pratique
sociale, seules les relations entre hommes sont prises en compte. Ainsi, Platon
se réfère toujours aux amours féminines de façon parfaitement abstraite. Dès
lors, il ne faut pas voir dans ces allusions une quelconque considération du
philosophe pour ce comportement sexuel. Toujours est-il qu'il a été le seul
Grec de son époque à oser énoncer l'existence d'une sexualité exclusivement
féminine (Revue
française de psychanalyse, Volume 58, Numéro 1, 1994 - books.google.fr).
A la fin du XVIIe siècle, on jouait encore, chez
les Jésuites de Courtrai, une adaptation flamande du Plutus d'Aristophane !
Mais il était peu prisé en France avant le XIXe, il n'a aucune influence sur la
littérature vivante. On ne le lit que dans les cercles très restreints (Paul
Faider, La tradition des comiques anciens en France avant Molière de Marie
Delcourt (1934). In: Revue belge de philologie et d'histoire, tome 15, fasc. 1,
1936 - www.persee.fr).
Délire
Interviennent les fils de son rival Karkinos qui
multiplient les tours, lancent les jambes en l'air, font la toupie. Ils
entraînent vers la sortie, l'exodos, qui semble s'être fait "côté
cour", les Héliastes - guêpes. Nous sommes en plein délire systématique où
des gestes de danses sacrées deviennent bouffonneries. Dans ses dernières
comédies, Aristophane donne plus de place à la danse mais "gomme" les
gros effets tels que ceux de ce final. Le goût du public avait, en presque
quarante ans, évolué vers la mesure (Paul
Bourcier, Danser devant les dieux: la notion du divin dans l'orchestique, 1989
- books.google.fr).
La chanson moqueuse et gamine était bien l'affaire
de ce joyeux poète. Elle abonde dans ses comédies. Chanter et se moquer,
c'était le fond même du genre, et il n'était pas nécessaire d'imaginer pour
cela des prétextes. On s'interrompt en pleine action, au détour d'une scène, et
voilà un chœur, celui des morts dans les Grenouilles par exemple, qui entonne
un couplet satirique :
«Voulez-vous, voulez-vous qu'à nous tous, moquions
d'Archédémos ? A sept ans, il ne s'était encore engendré ni père ni mère;
- aujourd'hui, c'est un des chefs du peuple, un grand chef entre les morts qui
sont là haut, – le premier des hommes par la canaillerie.»
Cette sorte de chanson agressive, légère, pétulante,
était aussi grecque qu'elle est française. Mais en Grèce, elle tenait plus de
l'iambe populaire, dionysiaque, elle était plus folle et plus méchante à la
fois. Chez Aristophane, elle n'a aucun frein, ni de raison, ni de pudeur.
Brusquement, elle se jette à la tête d'un homme, et elle l’accable de propos
incohérents, qui sont souvent autant d'obscénités. Peu importe que tout cela
ait ou n'ait pas un sens et une suite ; on croit tenir une idée et on tombe
dans une série de coq-à-l'âne; c'était là justement le plaisir du peuple,
pourvu que ces calembredaines fussent bouffonnes. Aristophane a une verve
extraordinaire dans ce genre d'extravagance mordante. Écoutez le chœur des
Acharniens, quand il se plaint de la lésinerie du chorége Antimachos aux
dernières Lénéennes. On ne peut tout traduire, mais ce qui suit suffit pour
donner l'idée de cette sorte d'invention cynique et à demi incohérente :
«Antimachos,
fils de Psacas, poète sordide, chez qui pullulent les vers je ne souhaite
qu'une chose : c'est que Zeus t'extermine ; – chorège des Lénéennes, hélas !
qui me renvoyas le ventre creux. si
je pouvais te voir en appétit devant une seiche, une belle seiche au gros sel,
sifflante encore de la grillade, qui serait là, devant toi, sur la table, comme
une épave; déjà tu tends la main vers elle..., un chien la happe et s'esquive.
Ah ! que ce serait donc bien fait pour lui! En outre,
un petit désagrément nocturne ; – je voudrais qu'il revînt chez lui, grelottant
de fièvre, après une course à cheval, et qu'un ivrogne lui cassât la tête comme
Oreste en délire; – et qu'alors, croyant prendre une pierre dans les ténèbres,
- il prit à pleines mains un paquet d'immondices toutes fraîches; puis qu'il
s'élançât, tenant son projectile, et qu'il manquât son homme, et qu'il
atteignit Cratinos.» (Maurice
Croiset, Alfred Croiset, Histoire de la littérature grecque: Periode attique.
Tragédie. Comédie. Genres secondaires, 1891 - books.google.fr).
Analysez ce poème enchanteur des Oiseaux ; vous y trouverez une
misanthropie légère, une ironie voilée, un dédain riant et suprême. Allez plus
avant encore, un sens profond s'en dégage. C'est, par-dessus les travers
d'Athènes, la dérision lyrique des insanités et des vanités humaines.
Pisthélairos est fou, la cité qu'il fonde est imaginaire, ses murailles sont
faites de brume et de vent. Et pourtant sa folie triomphe : d'épizootie qu'elle
était en cagnant la race des oiseaux, elle descend en épidémie sur les hommes.
La ville fantastique les aspire; ils la croient réelle et veulent l'habiter.
Les Dieux eux-mêmes sont forcés d'entrer dans cette faribole aérienne, et,
puisque le monde délire, de délirer avec lui. Au lieu d'être précipité sur le
sol par les ailes factices collées à ses flancs, Pisthétairos subjugue
l'Olympe, détrône Zeus, et il épouse Basileia, la toute-puissante Royauté.
Image grandiosement railleuse de la Folie gouvernant le monde, transformant en
faits ses chimères, ses mirages en réalités, ses hallucinations en conquêtes,
et décevant éternellement les hommes, avec ses prestiges illusoires, au sein de
l'universelle Illusion (Paul
Jacques Raymond Binsse comte de Saint-Victor, Les deux masques,
tragédie-comédie: Première série: Les antiques: Sophocle, Euripide,
Aristophane, Calidasa, Tome 2, 1889 - books.google.fr).
Les Oiseaux
servent à interpréter Le Secret de la
Licorne (les frères Loiseau, le coucou etc.) (nonagones.info
- Tintin, Hergé et la Croix d’Huriel -
Elle voulait qu’on l’appelle Venise : la Licorne et le Trésor de Rackham
le rouge).
"Karaboujan"
et "Omar ben Salaad" : encore du grec
En 1972, dans une lettre à son ami Gabriel
Matzneff, Hergé écrivait “Vous me direz
si le nom de Karaboudjan est un nom qui existe réellement : naïvement, je croyais
l’avoir inventé” (tintinomania.com).
gr. moderne karabos
'grand navire' et karabion 'vaisseau' : noms d'insectes et de crustacés à
carapace similaires : karabis 'langouste' et karabos 'homard' ; noter les consonnes
du français "carapace" (Pierre
Brulé, La fille d'Athènes: la religion des filles à Athènes à l'époque
classique : mythes, cultes et société, 1987 - books.google.fr).
"Amilah"
Quant aux Benou-Amilah, qui, suivant le témoignage
d'Aboulféda, avaient quitté le Yémen à l'occasion de la rupture de la digue de
Mareb, et étaient venus se fixer près de Damas, où ils avaient donné leur nom à
la montagne appelée Djebel-Amilah (Quatremère,
Bibliographie : Essai sur l'histoire des Zrabes de A.P. Caussin, Journal des
savants, Volume 180, 1849 - books.google.fr).
La montagne d'Amilah, riche en vignes, en oliviers, en siliques et en térébinthes, est peuplée de Rafidhites Imâmiens (A.F. Mehren, Cosmographie de Dimashqui, Nouvelles annales des voyages, 1864 - www.google.fr/books/edition).
On retrouvera l’importance de la vigne dans la suite avec les pasuames 109 (Melchisédech et son oblation du pain et du vin) et le 79 (vigne du seigneur).
Doryphore
Dans la pièce des Chevaliers d'Aristophane :
Le marchand d'andouilles (charcutier) à Cléon :
"Je dis que ton grand-père a été
doryphore"
Les Chevaliers sont dirigés contre le démagogue
Cléon qui s'était mis à la tête des affaires après la mort de Périclès, et qui,
à la suite de son succès de Sphactérie, était devenu l'idole du peuple,
personnifié dans la pièce par le bonhomme Démos. Le vieillard, circonvenu à la
fois par Cléon, transformé en corroyeur, et par le marchand d'andouilles
Agoracritos, finit par voir clair dans leur jeu. Cléon est chassé. Agoracritos,
faisant amende honorable, sert consciencieusement son maître qui recouvre la jeunesse
et la raison (remacle.org
- Aristophane, Les Cavaliers).
Naissance d'Aristophane, 450 - 430 ; Polyclète : Le
Doryphore, 450 (Jean
Delorme, Chronologie des civilisations, 1969 - www.google.fr/books/edition).
Pour Polyclète cf. L'Alphart (nonagones.info
- Le Cercle et la Croix des Prophètes - Les Prophètes et Rennes le Château -
Tintin et l’Alph’art : cherchez le pivert ou toutes des putes).
"Dame
blanche" et "le roi de la montagne" : Joseph Bovet
Ignace Baron, né le 20 octobre 1816 à
Châtel-Saint-Denis et mort le 7 juillet 1873 à Fribourg, est un poète suisse.
Il se destine au droit lorsqu'il devient aveugle. Il se consacre dès lors à la
littérature et écrit des poèmes publiés dans les journaux de Fribourg et qui
feront l'objet d'un recueil posthume. Il est l'auteur notamment d'un texte qui
a contribué à la glorification d'une figure populaire des montagnes suisses,
L'Armailli du Moléson (1876), au travers de sa mise en musique par Casimir
Meister et de son interprétation par l'abbé Bovet (fr.wikipedia.org - Ignace
Baron).
Symbole de la Gruyère, l'armailli (vacher) connaît
à la fin du XIXe siècle une vogue sans pareil. C'est à ce moment-là que le poète Ignace Baron lance son «Armailli
du Moléson», «roi de la montagne, trônant au séjour des hivers» et «plus grand
que Charlemagne» puisqu'à ses pieds, il a l'univers... [...]
Autre musique souriante et sucrée, celle de La Dame blanche, opéra-comique de
François-Adrien de Boieldieu, que le chef Bovet monte en avril 1925 avec le Chœur
mixte de Saint-Nicolas (Patrice
Borcard, Joseph Bovet, 1879-1951, itinéraire d'un abbé chantant, 1993 -
www.google.fr).
Fils d'instituteur, ordonné prêtre en 1905, Joseph
Bovet devient d'abord vicaire à Genève puis retourne à Fribourg, où il consacre
sa vie avant tout à la musique en tant que maître de chapelle, c'est-à-dire
professeur, chef de chœur et compositeur. Sous les voûtes de la cathédrale
Saint-Nicolas, il permet au ténor suisse Charles Jauquier de se révéler avant
de l'aider à s'engager dans une longue carrière artistique. Si sa fonction de
maître de chapelle, pour laquelle il est nommé en 1923, l'a amené à écrire un
grand nombre d'œuvres religieuses, tant en français qu'en latin et en patois,
c'est principalement à ses œuvres profanes que l'abbé Bovet doit sa notoriété.
En effet, il a écrit près de 2000 chants aux textes simples dont une moitié n'est
pas d'inspiration religieuse, mais parle de la nature, de la vie à la campagne
ou encore de la famille. Il est notamment l'auteur de la chanson «Le vieux
chalet», succès mondial traduit en 17 langues. Il a également beaucoup œuvré
pour le développement du chant choral dans le canton de Fribourg car, en tant
qu'enseignant à l'École normale, il a formé un très grand nombre de chefs de
chœurs (à cette époque, la direction de la chorale paroissiale était
généralement confiée à l'instituteur du village). En 1930, par un décret de Mgr
Marius Besson, alors évêque de Lausanne, Genève et Fribourg, il est nommé
chanoine résident du chapitre cathédral de Saint-Nicolas à Fribourg (fr.wikipedia.org - Joseph
Bovet).
Maurice Donnay (1859 - 1945) débute sa carrière
d'auteur dramatique avec Lysistrata
(1897), inspirée d'Aristophane, et écrira les Lettres à la Dame Blanche (fr.wikipedia.org - Maurice
Donnay).
A l'époque de la composition de la dame Blanche de Scribe et Boëldieu,
Schubert écrivait Die Verschworenen oder
der häusliche Krieg, (Les Conjurés ou la guerre domestique), singspiel en
un acte sur un livret de Ignaz Franz Castelli d'après la comédie Lysistrata (La
Dame blanche, Boieldieu, 1997 - books.google.fr, fr.wikipedia.org - Die
Verschworenen).
Dawes
Le marin noyé membre de l'équipage du Karaboudjan
s'appelle Dawes (Herbert) comme Richard Dawes.
Dawes avait le tort de formuler ses règles d'une
manière trop absolue, de prétendre trouver une espèce de dépendance mécanique
entre certains temps et certains modes, et c'est pourquoi aucune de ses règles
n'a résisté complètement aux critiques ultérieures. Dawes se vantait d'avoir
corrigé 2000 passages d'Aristophane (J.
Keelhoof, Quelques mots sur la grammaire grecque et la critique des textes,
Revue de l'Instruction Publique en Belgique, 1894 - books.google.fr, Salomon
Reinach, Manuel de philologie classique, 1884 - books.google.fr).
Richard Dawes (Market Bosworth, 1708-21 mars 1766)
est un critique littéraire britannique. Il est surtout connu pour ses
Miscellanea critica (1745) qui étudient la syntaxe et la prosodie grecques (fr.wikipedia.org - Richard
Dawes).
Pour
Herbert cf. Herbert Weir Smyth, professeur de grec à Harvard dans les années
1920 (Gordon M. Messing, Greek Grammar,
Greek series for colleges and schools, 1956 - books.google.fr).
Omar ben
Salaad et psaume 109 (110)
Ce patriarche célèbre, mais dont l'histoire est
assez obscure a été l'objet de récits apocryphes. Saint Athanase (édit. de
Montfaucon, t. III. p. 239) rapporte à son égard des traditions conçues en ces
termes :
Il y avait autrefois une reine qui s'appelait Salem
et qui régnait dans la ville du même nom. Elle engendra Salaad, Salaad engendra Melchi, Melchi eut une
épouse qui se nommait aussi Salem, Et elle engendra deux fils, l'un s'appela
Melchi et l'autre Melchisédech. Leur
père était un Grec, infidèle et offrant des sacrifices aux idoles (Dictionnaire
des apocryphes, Tome 2, Tome 24 de Encyclopédie théologique, 1858 -
books.google.fr).
Melchisedek «prêtre du Très-Haut», faisant une
oblation de pain et de vin dès le temps d'Abraham, bien avant la naissance de
Lévi et d'Aaron (Cahiers
du Cercle Ernest-Renan, Volume 1, Numéro 1, 1954 - books.google.fr).
Ps. 109, 4 : L’Éternel
l’a juré, et il ne s’en repentira point : Tu es sacrificateur pour toujours, à
la manière de Melchisédek.
Ps. 109, 6 : Il
exerce la justice parmi les nations : tout est plein de cadavres ; il brise des têtes sur toute l’étendue du
pays (fr.wikipedia.org
- Psaume 110 (109)).
Les coups donnés à la tête sont un ressort comique,
en particulier chez Aristophane.
le mot "skaphion" (primitivement boite,
vase hémisphérique), par lequel, en son style particulier, Aristophane désigne
la tête, comme nous dirions casser ou perdre la boule (Charles
Daremberg, Etat de la médecine entre Homère & Hippocrate: anatomie,
physiologie, pathologie, médecine militaire, historie des écoles médicales,
1869 - books.google.fr).
Si les femmes se moquent du Lacédémonien un peu
benêt, elles s'allient avec lui sitôt qu'il s'agit de faire cause commune pour
se débarrasser du Sycophante. [...]
Finalement, le Lacédémonien est convaincu
qu'il gagnera gros en exhibant le Sycophante dans les foires ; les femmes le
ligotent et l'emballent dans la paille. Elles doutent que cette poterie «déjà
fêlée» - le Sycophante crie en effet quand on lui frappe sur la tête - lui soit
d'un grande utilité à moins que le Lacédémonien ne
s'en serve comme de «vase à tous usages» comme le lui suggère Philénété [270].
Ce personnage du Sycophante est une figure récurrente dans le théâtre
d'Aristophane - d'ailleurs Merle évoque «le thème du sycophante» dans
l'avant-propos de son Assemblée ; le comique grec en fait une de ses bêtes
noires aussi bien en usant de multiples allusions et jeux de mots qu'en mettant
ce personnage sur scène pour le ridiculiser : dans sa dernière comédie, le
Ploutos, il est dépouillé de ses vêtements (Karine
Germoni, L'assemblée des femmes, d'Aristophane à Robert Merle : de la scène
athénienne à la scène moderne, Revue d'histoire du théâtre, 2008 -
books.google.fr).
"LUXOR"
La dépanneuse de la page est de la compagne
"LUXOR". Louxor ou le latin "luxor" : être débauché. Avec
Hergé et sa bande de cucurés, il faut toujours avoir un Gaffiot avec soi.
Dans la littérature orientaliste et dans les œuvres
d'écrivains et de voyageurs, le Maroc est depuis longtemps considéré comme une
sorte de pays magique où des comportements refoulés et prohibés en Occident
pourraient s'exprimer. Ce pays, et notamment la ville de Marrakech, a été et
est encore vu comme une terre vouée plus particulièrement à l'homosexualité
masculine, où les catégories sexuelles se brouillent. À tel point que le Maroc
est devenu aujourd'hui un cliché sexuel, à la fois littéraire et touristique. Cette
surenchère autour de l'homosensualité et de l'homosexualité masculines au Maroc
n'est pourtant pas seulement un produit de l'orientalisme occidental. Au sein
du monde islamique lui-même, le Maroc s'est forgé une réputation de pays de la
«débauche» et du divertissement, où la sensualité des hommes et des femmes
serait un élément essentiel. Cette réputation «interne» a créé les conditions
pour que le tourisme homosexuel à Marrakech, quoique largement dominé par les
Occidentaux, soit aussi le fait d'hommes arrivant d'autres pays du monde
islamique, notamment du golfe Persique ou de Turquie (Gianfranco
Rebucini, Homoerotisme et sociabilité masculine au Maroc, Au bazar du genre:
féminin-masculin en Méditerranée, 2013 - books.google.fr).
Interrogeons les divers clichés répertoriés par
Lahjoumi : “C'est l'Orient dont rêva toute la génération romantique, c'est
l'Orient de la débauche, des prostituées, de Gide du Hachich, des danses
lancinantes, de la fraîcheur des vergers, des palais étranges, l'Orient de la
belle Schéhérazade. Il serait inutile de préciser que c'est là un aspect tenace
et persistant du mythe oriental. Nous l'avons rencontré chez Eugène Delacroix,
Alexandre Dumas, Pierre Loti, André Chevrillon. La sensualité du Marocain qui,
pour Georges Hardy, est «un des ressorts les plus puissants» de son âme, n'est
que le trait psychologique autour duquel se sont cristallisés pour l '
observateur les aspects fascinants de cet Orient légendaire (Elias
Ennaifar, L'image de l'Afrique du Nord chez Proust, IBLA: revue de l'Institut des belles lettres
arabes, Volume 60, 1997 - books.google.fr).
L'offensive de printemps est celle d'Henri Béraud.
Quand, au retour du Maroc, fin avril 1923, Gide prend connaissance de cette
attaque dans les Nouvelles littéraires, il en note la violence, mais
caractérise assez vertement l'inanité (Daniel
Moutote, Le "Journal" de Gide et les problèmes du moi, 1889-1925,
1968 - books.google.fr).
Ainsi, lorsqu'on lui demanda pourquoi, dans son
pays, les hommes épousaient plusieurs femmes : «C'est, répondit-il, afin de
trouver réunies en plusieurs les qualités que chaque Française possède à elle
seule.» Le Mercure galant, qui devance Aux Écoutes et le Coup de patte, répète
ses propos en les enjolivant, réservant ses traits aux gens de la cour. Bref,
l'engouement est tel que l'ambassadeur qui en profite ne veut plus s'en aller.
Il fait traîner le traité, d'accord avec la rapacité de Moulay Ismail qui
multiplie les exigences. Le personnel de la mission est indiscret et coûte très
cher. L'agent Trancart, chargé de la dépense, et qui l'a prise à forfait, n'y
peut suffire, «les Arabes ignorant la frugalité quand ils vivent aux dépens
d'autrui.» Un seul repas, à l'hôtel des Ambassadeurs, comporte pour l'envoyé du
Maroc et sa suite un menu affligeant pour la bourse de Trancart : dix poulets,
deux veaux, deux moutons, etc., et pour la boisson quatorze bouteilles de bière
et quatorze pintes de vin dont il faut croire que l'usage n'était point alors
défendu par le Prophète.
Comme l'écrivait Henri Béraud au sujet d'une ambassade
marocaine en France en 1699, "...dans toute cette histoire du Maroc
on ne trouve qu'ivrognerie et débauche" (Henry
Bordeaux, Un printemps au Maroc, avec une carte, 1931 -
www.google.fr/books/edition).
La dépanneuse "LUXOR" renvoie à la panne sexuelle. Encolpe, dans le Satiricon de Pétrone, voulait s'en guérir par la débauche dans la cabane délabrée d'OEnothée (Emile Thomas, Pétrone, 1912 - books.google.fr).
Bagghar
Il y a bien le Hoggar (haut/bas).
The
port of Bagghar derives from the French bagarre (scrape, or fight) (wikivisually.com).
Le Lorenzaccio de Musset pleure sa pure jeunesse :
«J'étais pur comme un lis» et tous ses espoirs de grandeur joyeuse qu'il a
anéantis dans la bassesse et le vice,
enfin ce que l'on nommait alors pompeusement «la débauche» (Revue
des deux mondes, 1935 - books.google.fr).
Bovet et le
psaume LXXX de Roussel
La période 1936-1945 marque un changement dans les
choix du musicien. L'expérience, une plus grande maturité — Bovet approche de
la soixantaine —, le désir aussi de s'élever au niveau des autres interprètes
du «grand répertoire» expliquent cette bifurcation.
Certes, la découverte des œuvres traditionnelles se poursuit. Ainsi Bastien et
Bastienne de Mozart (1939), le Requiem de Cherubini pour voix d'hommes (mai
1943) ou encore, à l'occasion du quarantième anniversaire du Chœur mixte de
Saint-Nicolas, l'opéra Orphée de Gluck (juin 1943). Mais, fait remarquable, Bovet
s'aventure sur les chemins de la musique contemporaine. Sans pour autant
s'éloigner d'un certain classicisme qui colle à son caractère, sa formation et
à sa fonction. Le jeudi 20 février 1936, le compositeur français Albert Roussel
assiste. en l'église des Cordeliers, à l'exécution de
son Psaume LXXX. Le concert prend, par le battage médiatique qui le précède et
l'impressionnant auditoire qui y participe, le caractère d'un événement. Bovet
dirige quelque 220 exécutants: l'Orchestre de la Suisse romande a été sollicité
pour l'occasion. La partition de ténor est tenue par Frédéric Anspach, soliste
de la Société philharmonique de Paris et des Festivals de Strasbourg. La radio
retransmet le concert en direct. Averti, le public attendait une œuvre
difficile: «Il sait, écrit La liberté, qu'il n'écoutera pas cette œuvre
magnifique de la même oreille qu'il entendrait une opérette.» Composé en 1929
et créé à Boston la même année, le Psaume LXXX fut donné à Bâle et Zurich. Son
passage à Fribourg fit écrire au chroniqueur: «Il a semblé que l'audition
d'hier réalisait une manière de point culminant nous croyons bien pouvoir
affirmer que le concert du 20 février 1936 restera célèbre dans les annales
musicales de la ville de Fribourg.» La manifestation déclencha son cortège de
mondanités. Evêque, Conseil d'Etat, président en tête, clergé et magistrats :
toute l'élite de la ville se montra à la réception qui suivit. L'ambassadeur de
France, le comte de Clausel, prit la parole. Tandis qu'Albert Roussel recevait
le diplôme de membre d'honneur de la Société de chant, Joseph Bovet, le
principal instigateur de la manifestation, ne fut pas en reste. Il reçut du
compositeur parisien des remarques qui valent un adoubement: «Vous avez donné à
ma panition son véritable caractère de psaume, vous en avez fait, Monsieur le
chanoine, une œuvre digne d'une église.» (Patrice
Borcard, Joseph Bovet, 1879-1951, itinéraire d'un abbé chantant, 1993 -
www.google.fr/books/edition).
Il ne reste enfin qu'une seule œuvre de Roussel où
le chœur a été traité avec justesse et sensibilité, le Psaume LXXX, de 1928.
Même dans cet ouvrage, l'épisode le plus frappant est l'évocation des vignes
rapportées d'Egypte et composé du texte anglais «The hills were covered with the shadow of it, and the boughs thereof
were like the goodly cedars. She sent her boughs unto the sea, and her branches unto the river». Ici, les paroles du
psalmiste sont confiées au ténor solo, soutenu par un choeur sans paroles, en
écho mystérieux de Padmrivati (Manfred
Kelkel, Albert Roussel, musique et esthétique, 1989 - www.google.fr).
Vous avez transporté votre vigne de l'Égypte, et,
après avoir chassé les nations, vous l'avez plantée dans leur place. Vous avez
affermi ses racines, et elle a rempli la terre; son ombre a couvert les
montagnes et ses branches se sont élevées au dessus des cèdres. Elle a étendu
ses pampres jusqu'à la mer, et ses rejetons jusqu'aux fleuves. Le sanglier l'a
toute ruinée, et la bête fauve l'a dévorée.» (Psaume 79, vers, 8-13)
Mais si les sangliers ont ainsi été de quelque
utilité à l'homme en enfouissant ses graines, ils ont causé des dommages bien
plus réels en dévastant ses vignes et en ravageant ses champs de blé. Aussi
était-il d'usage d'offrir le sanglier en sacrifice aux fêtes de Cérès et de
Bacchus, parce qu'il ruinait également les bienfaits de l'une et de l'autre : Prima Ceres avida gavisa est sanguine porcas
/ Ulta suas meritâ cæde nocentis opes (Ovide, Fastes, lib. I). Voy. aussi à ce sujet Élien, liv. x, cap. 16, ainsi que les commentaires des scholiastes
sur Aristophane : les Grenouilles, acte 1er, scène 70 (Dictionnaire
de la conversation et de la lecture, Volume 23, 1838 - books.google.fr).
Les colères du sanglier ne sont pas moins violentes
que celles du taureau et elles ont, selon Aristote, la même cause
physiologique. Aussi le sanglier sert-il souvent, chez Homère, de terme de
comparaison : le guerrier farouche marche au combat ou tient tête aux
assaillants comme un sanglier furieux. Tels étaient les Athéniens qui, à la
bataille d'Artémision, «se ruaient pareils à des sangliers» (Aristophane,
Lysistrata 1252). Tels étaient encore les Spartiates dont un Laconien chante
ainsi la valeur : «Nous aussi, Léonidas nous conduisait comme des
sangliers aiguisant leurs boutoirs ; en abondance, l'écume moussait sur
nos lèvres ; en abondance, elle coulait aussi le long de nos jambes»
(Aristophane, Lysistrata 1255 ss.) (Jean
Taillardat, Les images d'Aristophane: études de langue et de style, 1965 -
books.google.fr).
On voit la relation entre Reims, avec son champagne
(pages 17-18), et Aristophane dans Le Secret de la Licorne (nonagones.info
- La Croix d’Huriel - Tintin, Hergé et la Croix d’Huriel - Elle voulait qu’on
l’appelle Venise : la Licorne et le Trésor de Rackham le rouge).
Le Psaume 80,
ténor solo, choeur mixte et orch. est dédié à S.M. la
Reine Elisabeth de Belgique (Patrice
Borcard, Joseph Bovet, 1879-1951, itinéraire d'un abbé chantant, 1993 -
www.google.fr/books/edition).
Le Psaume LXXX, écrit en 1928 sur le texte anglais,
est dédié à la Reine des Belges, et a été exécuté à Paris au festival Roussel
donné à l'Opéra le 25 avril 1929, sous la direction d'Albert Wolff, avec le
concours de cheurs de la Schola Cantorum de Nantes (René
Dumesnil, La musique contemporaine en France, Tome 1, 1930 - books.google.fr,
Représentation d’une grappe de raisin dans une synagogue antique, dans l'ouest du Néguev - fr.wikipedia.org - Psaume80 (79))
Élisabeth Gabrielle Valérie Marie de Wittelsbach, duchesse en Bavière, née le 25 juillet 1876 à Possenhofen en Bavière (Allemagne) et morte le 23 novembre 1965 à Laeken (Bruxelles, Belgique), est la troisième reine consort des Belges de 1909 à 1934. Issue de la branche cadette de la maison de Wittelsbach, elle épouse en 1900 le prince Albert de Belgique, roi en 1909 sous le nom d'Albert Ier, qui meurt en 1934. Elle fut décorée de la médaille de l'ordre du Mérite militaire chérifien (Maroc) (fr.wikipedia.org - Elisabeth en Bavière (1876-1965)).
Albert Roussel est un compositeur français, né à
Tourcoing le 5 avril 1869 et mort à Royan le 23 août 1937. La lecture des
romans de Jules Verne le décide à devenir marin. Il intègre le collège
Stanislas de Paris, où l'organiste Jules Stolz lui fait découvrir Bach,
Beethoven et Mozart. Après avoir servi quelques années dans la marine (il a été
admis à l'École navale en 1887), il décide en 1894 de se consacrer entièrement
à la musique (fr.wikipedia.org
- Albert Roussel).