Partie XVII - Le Prieuré de Sion   Prologue   Taureau : inceste   
PRIEURE DE SION TAUREAU SERPENT ROUGE BARBE BLEUE INCESTE

Le TAUREAU du Serpent rouge

Le 7 mai se trouve placé dans le signe zodiacal du Taureau (21 avril - 20 mai). Des axes nonagonaux du 7 mai passe par Oiron, Thouars, Argenton-Château, Clisson, Saint Michel Chef Chef, au nord de Pornic. Cet axe est en rapport avec Gilles de Rais et Barbe bleue (Le Prieuré de Sion : Les axes : Axe du 7 mai : Barbe bleue et Ballets roses).

Anadiplose

« Grâce à lui, désormais à pas mesurés et d’un oeil sûr, je puis découvrir les soixante-quatre pierres dispersées du cube parfait, que les Frères de la BELLE du bois noir échappant à la poursuite des usurpateurs, avaient semées en route quant ils s’enfuirent du Fort Blanc. »

On pourrait reconnaître dans les "Frères de la BELLE" le conte Barbe bleue, dans "la BELLE du bois" la Belle au Bois dormant, dans le "semées" le Petit Poucet comme dans les Mots en laisse ou le jeu des kyrielles qui est un jeu de mots consistant à enchaîner des mots ou des expressions en reprenant comme première syllabe (ou premier mot) la dernière syllabe (ou dernier mot) de l’expression précédente, mais ici sans répétition. Ce jeu est basé sur le principe de l’anadiplose et on forme ainsi une sorte de kyrielle (fr.wikiversity.org - Mots en laisse, fr.wikipedia.org - Anadiplose).

Ce mot est un emprunt au grec anadiplosis «redoublement», formé de l'élément ana «en tête, en remontant» et du nom diplosis «redoublement», mot dérivé du verbe diploun «doubler» (Nicole Ricalens-Pourchot, Dictionnaire des figures de style, 2003 - books.google.fr).

La répétition au début d’un membre de ce qui constituait la fin du membre précédent (...X/X...) est une anadiplose : figure microstructurale, qui consiste en l’utilisation des mêmes mots ou groupes de mots à la fin et au début de deux phrases ou de deux membres de phrases, même si cette reprise n’est ni absolument contiguë ni rigoureusement parfaite . Bernard Lamy (La Rhétorique ou l’art de parler, 1675) ne la nomme que dans le résumé des figures qu’il donne avec leur nom grec : Ils [les rhéteurs] nomment épanalepse la répétition qui se fait au commencement d’une période précédente et à la fin de celle qui suit. L’anadiplose, c’est tout le contraire, après avoir donné une première définition et un exemple. On place le même mot à la fin d’un membre, et au commencement du suivant : Se voyant l’ennemi de son Juge suprême, / L’esprit plein de son crime, ennemi de soi-même, / A soi-même à toute heure il devient odieux, / Voyant souvent qu’en lui tout contre lui s’irrite, / En tout lieux il s’évite, / Et se trouve en tous lieux (Eugène Rolland, Rimes et jeux de l’enfance).

Dans Griselidis (p. 84), la répétition du rang par le prince lui-même dans l’expression « que tout sente le prince et le prince amoureux », est un moyen impressionnant de marquer sa supériorité par rapport à Griselidis et de lui rappeler sa propre condition sociale et la nécessité de sa soumission.

Dans Peau d’Ane (p. 98), la répétition de l’adjectif « heureux » dans l’expression « moins heureux Roi qu’heureux époux », permet ici, dans un parallèle de construction syntaxique, d’opposer plus fortement les deux fonctions : Roi / époux, et de briser le cliché du bonheur suprême d’être roi, par celui d’être heureux en ménage.

Dans Les fées (p. 165), au contraire avec l’expression « qui la voyait, voyait la mère » la répétition vise à rapprocher au maximum les deux visions (de la mère et de la fille) jusqu’à les superposer et présenter un portrait unique.

Les principaux auteurs qui se sont préoccupés des figures microstructurales d’élocution qui concernent la répétition sont : Vaugelas (Remarques sur la langue Française utiles à ceux qui veulent bien parler et bien écrire, 1647), Le père Bouhours (P. Dominique Bouhours, Les Entretiens d’Ariste et Eugène, Paris, S. Mabre-Cramoisy, 1671), René Bary (Rhétorique Françoise, ou pour principale augmentation l’on trouve les secrets de nostre langue, Paris, Pierre le Petit, 1673) et Bernard Lamy (Rhétorique de la répétition - archive.is).

Inceste et anadiplose

Les Sept contiennent plusieurs allusions à la légende des Spartes, nés eux aussi d'une union incestueuse, celle de Cadmos et de la Terre Mère, et condamnés, comme Étéocle et Polynice, à s'entretuer. Le redoublement du lien familial consécutif à l'inceste rend impossible la pérennité du "genos" et cela concorde avec le schème intellectuel dont nous avons vu plus haut quelques exemples : en fait, le lien incestueux rend le "genos" à la fois « indivisible » et « non multipliable ». Étéocle et Polynice ne peuvent, ni se partager le patrimoine, ni l'accroître. [...]

Fruit double de la même semence, Étéocle et Polynice mourront solidairement de la même mort (v. 934). [...] Seul le double meurtre réciproque des « doubles frères », en mélangeant leur sang (v. 940), résorbera ce double lot de douleur (v. 850). La fin des deux frères est leur «accomplissement», leur mort est le retour à ce point neutre, à ce "meson" qui réconcilie les extrêmes (Christian Froidefond, La double fraternité d'Etéocle et de Polynice, Revue des études grecques, Volume 90, 1977 - www.persee.fr).

C'est le cas pour la légende de Griselda (Rank, Der Sinn der Griseldafabel. Sam, Psychoanalytische Beiträge zur Mythenforschung, p. 40), introduite dans la littérature par Boccace, vulgarisée par Pétrarque et d'autres auteurs. Le motif en est longtemps resté mystérieux. Pourquoi le comte, après avoir épousé Griselda, en vient-il à la répudier, et la force-t-il à assister à son second mariage ? Pour le comprendre, il faut se reporter à la légende primitive, ultérieurement déformée. On apprend alors que le premier enfant du comte et de Griselda est une fille, qui fut longtemps tenue éloignée de ses parents, et que c'est elle qu'à son insu le comte épousera plus tard. Le motif incestueux, refoulé dans d'autres versions, apparaît ici sans ambages. D'ailleurs chez d'autres transcripteurs de la légende, ce motif est de nouveau invoqué ; ainsi chez Nikolay, Hauptmann, Perrault, Köhler (Charles Baudouin, Psychanalyse de l'art, 1929 - books.google.fr).

Nicolas Poussin fut quant à lui attiré par la marche sublime du personnage aveuglé par Oenopion, en pleine mer, portant Cédalion sur ses épaules, guidé par l'enfant, vers le soleil levant. Charles Perrault peut avoir été frappé par cette nouvelle médiation picturale de Poussin, « Paysage avec Orion aveugle ». Mieux encore, Orion, représentant pour le peintre la saison automnale, met de nouveau l'accent sur le temps destructeur et sur la mélancolie que renferme cette époque de l'année. Sa stature de géant l'apparente au type de l'Ogre et sa cécité rappelle la mauvaise vue de ces créatures s'aidant davantage de leur flair. De manière plus générale, les princes tristes et solitaires de Perrault pourraient bien être les avatars d'Orion. Le conteur note au passage que leurs ancêtres sont atteints de la même maladie étrange dont souffre le prince ou comptent parmi leurs aïeux des ogres. Il suffit de se reporter à trois contes où les origines des princes posent problème : - Le conteur de Griselidis n'évoque jamais les parents du Prince, à croire qu'ils sont morts ou disparus, ou gardés au secret mystérieusement. Une seule fois, le prince fait allusion à ses aïeux qui ont pris pour épouse des femmes du pays. Le prince entend les imiter sur ce plan. On apprend qu'on ne lui connaît aucune femme et que le peuple attend un fils pour successeur. Le prince fuit le beau sexe et préfère la compagnie des bêtes. Il ne sera amoureux qu'une seule fois comme Orion épris de Mérope. - Le prince de La Belle au Bois Dormant est le fils d'une ogresse, elle- même, petite-fille d'un ogre. - Quant à Riquet à la Houppe, sa laideur unique et sa vie mystérieuse dans un univers chthonien le rangent du côté de l'étrange. [...] Le prince de Griselidis semble, quant à lui, plus proche d'Orion que les autres. L'on sait que la cécité d'Orion prit fin lors de la marche du chasseur vers le soleil levant, en pleine mer. Orion recouvre la vue et sa destinée incarne alors une sorte d'épiphanie, après l'épreuve de l'obscur. Perrault a choisi ce cheminement en permettant à son prince de vaincre sa bile noire au bout de quinze ans, par l'entremise de sa patiente et douce épouse Griselidis. L'arrière-plan christique n'est pas absent de cet étrange parcours d'un prince devenu aveugle par orgueil et accédant à la paix par le miracle de l'Amour. Marie Miguet voit également dans la fonction phorique d'Orion, « la première figure du Christophore dont Orion a déjà le gigantisme et la faculté merveilleuse de traverser l'eau ». Mais Saint-Christophe réintroduit le motif de l'Ogre solaire, contre-figure de l'Autre dévorateur sombre. Le Prince de Griselidis devient cette figure ambivalente du mangé et du mangeur, d'un Gilles de Rais bienfaiteur et compagnon de Jeanne la Pucelle et ogre dejeunes enfants après la mort de la Sainte (Brigitte Cassirame, Les visages de la mélancolie, Tome 1, 2008 - books.google.fr).

Dans Mesure pour Mesure, la danse de mort est exécutée par un couple plus dérangeant que Roméo et Juliette, celui que forment Isabella et Claudio, liés par un désir quasi-incestueux que la sœur révèle à son corps défendant à de nombreuses reprises48. Un désir incestueux qu’a bien compris Angelo, lui qui veut qu’on lui rapporte une tête coupée. Ici, la décapitation n’est sans doute qu’un substitut de plus, à savoir le substitut symbolique d’une castration – Julia Kristeva, dans ses Visions capitales, a d’ailleurs souligné la nature éminemment fascinante, symbolique et sexuelle d’une tête coupée. Isabella n’a de cesse de demander à Angelo de se mettre à la place de son frère (« If he had been you, and you as he » 2.2.64), puis évoque clairement l’inceste lorsqu’elle rend visite à son frère en prison (« It’s not a kind of incest » 3.1.138). [...]

« Le sourire », écrit Pascal Quignard, « est ce qui maintient la bouche close. Le rire est ce qui desserre les mâchoires. Puis il dégage entièrement les dents et commence la prise de mort »18. Le rire est donc bien souvent macabre par essence, et cela se confirme dans Mesure pour mesure, pièce en clair-obscur où Shakespeare ne cesse de brandir un sablier imaginaire comptant les minutes qu’il reste à vivre pour Claudio, un Claudio déjà presque mort car pour lui, il est toujours trop tard. « He’s sentenced, ‘tis too late », dit par exemple Angelo à Isabella (2.2.55). « Too late ? » reprend-elle au vers 57. Par cette anadiplose, elle met en cause ce verdict en s’efforçant de retourner le sablier. Un sablier qui, dans la vanité que dépeint Shakespeare, pourrait symboliser la fuite du temps, comme la probable bougie à demi-consumée que l’on imagine éclairer le cachot de Claudio. La pièce est en outre parcourue de bout en bout par des références à la déchéance, à la mort, aux têtes que l’on coupe. « Be absolute for death » (3.1.5), dit ainsi le faux moine à Claudio, dans une scène de prison que l’on a souvent comparée à un memento mori, et qui peut bien prêter à rire quand on sait que le moine n’est qu’un religieux de pacotille. Dehors, le corps ravagé de Mistress Overdone figure un memento mori ambulant, ce qui n’empêche pas que la maquerelle déclenche l’hilarité sur son passage (Sophie Chiari, « Un néant follement attifé » : macabre et grotesque dans Mesure pour Mesure, Sillages critiques, 15, 2013 - journals.openedition.org).

Dans « Le Rossignol » [7ème et dernier poème de la 3ème section intitulée "Paysages tristes" des Poèmes Saturniens], à la faveur d'une phrase tout en méandres et glissandi, passe-t-on subrepticement de « la voix célébrant l'Absente » (v. 1 1) à « la voix - ô si languissante - De l'oiseau que fut mon Premier Amour » (v. 12-13), soit : d'une pure vocal ité, émanant du Fils, et par laquelle il célèbre la Mère perdue, à une pure vocalité, émanant cette fois de la Mère, et par laquelle elle se manifeste à lui, en quelque sorte, par lui et en lui. [...] Précisons-le : il ne peut s'agir que d'une seule et même voix (il n'y en a pas deux). C'est ce qu'indique le dispositif anadiplose (a) + anaphore (b) : (a) « [...] plus rien, Plus rien que la voix... » + (b) « Plus rien que la voix... » On ne s'étonnera pas trop de la résonance religieuse de cette dernière formule. Dans le catholicisme en général et dans celui de Verlaine en particulier (dont témoigneront maints poèmes de Sagesse), l'imitation de Jésus inclut celle de sa piété filiale, et la vénération de Marie repose sur le caractère indissociable de sa maternité et de sa virginité : difficile de ne pas y voir une transposition, sur le plan spirituel, de la question de l'inceste originaire et de son interdit. La virginité y aide : plus question de « harems sans fin, paradis physiques ». [...] Ce que ça appelle, donc, ce n'est pas la mère « réelle » (il suffit, pour cela, de la langue « maternelle »), mais celle, littéralement et dans tous les sens, « que la Vie exila » : celle, dont le « principe de réalité » contraignit l'in-fans à se séparer, à faire son deuil (en même temps que de la langue-Mère), afin d'accéder au stade du symbolique, de se constituer comme sujet. Pour cela, il faut s'arracher à cette mère fantasmatique qui réalise - « elle seule », certes, ô combien ! - la parfaite union, la parfaite fusion : la parfaite « extase », pour cela toujours « ancienne », toujours déjà perdue. Pour compenser cette perte, il faut bien - rêvés autant que réels - « Des harems sans fin, paradis physiques » (Steve Murphy, Lectures de Verlaine: poèmes saturniens, fêtes galantes, romances sans paroles, 2007 - books.google.fr, verlaineexplique.free.fr).

Saint Gilles et l'inceste

Dans ses Grandes Cronicques de Bretagne, Alain Bouchard, qui vivait à la fin du XVe siècle, indique le lieu du supplice du maréchal de Rais «en la prée de la Bièce, joignant le pont de Nantes, où est une croix de pierre» ; et l'abbé Travers, qui perpétue la tradition, nous fixe de nouveau l'endroit, en disant que l'on y voit les images de la Vierge, de saint Gilles et de saint Laud, sans dénommer autrement le monument lui-même; preuve qu'il était déjà en ruine (Eugène Bossard, Gilles de Rais, maréchal de France, dit Barbe-Bleue (1404-1440): d'après des documents inédits, 1992 - books.google.fr).

Le prieuré de Saint-Laurent du Loroux-Bottereau relevait de l'abbaye de Saint-Jouin de Marnes, en Poitou. Celle-ci ne comptait pas moins de deux paroisses dédiées à saint Gilles dans l'ancien diocèse de Nantes : Saint-Gilles-de-Clisson, Saint-Gilles-de-Montfaucon, toutes antérieures aux Croisades, et élevées en dehors de l'enceinte primitive de ces petites villes, donc aux Xe et XIe siècles. Saint-Gilles-de-Pornic au même diocèse, est de la même époque et occupe une situation semblable (Bulletin de la Société d'histoire et d'archéologie de Bretagne, 1922 - books.google.fr).

En 1370, Gilles de Laval, seigneur du duché de Retz, fit reconstruire l'église de Pornic, et il la plaça sous l'invocation de saint Gilles, son patron (Jean-François Carou, Histoire de Pornic, 1859 - books.google.fr).

Roland étant le fils incestueux de Charlemagne et de sa sœur, ce dernier efface aussi le signe même de sa faute en laissant tuer Roland à Roncevaux. Au Loroux-Bottereau, l'église paroissiale Saint-Jean-Baptiste, qui remonte au XIIème siècle, possède des peintures monumentales représentant la légende de saint Gilles découvertes dans la chapelle Saint-Laurent en 1922, et décollées à la ventouse. Le second tableau comporte deux scènes : celle de droite représente le saint pardonnant à Charlemagne la relation incestueuse avec sa sœur, Gisèle, celle de gauche représente le mariage de Gisèle et de Milon d'Angers avec leurs deux témoins. A l'égard de cette faute qui entache l'origine fictionnelle de la dynastie carolingienne, et qui est un mythe bien connu de l'intertexte médiéval, le texte, très habilement, ne cesse d'innocenter Charlemagne en reportant la faute sur Roland. Il en va de même pour tous les chefs d'accusation qui pourraient accabler le roi : ils sont toujours déplacés sur d'autres, par la figure rhétorique de la métastase (qui consiste à accuser la partie adverse des crimes que l'on a soi-même commis) (Super-étoile (Superstar in english) : Introduction).

MM. Paul Deschamps et Marc Thibout estiment que les détails de costume et de coiffure (notamment le chapeau rond à larges bords de Milon) permettent de dater ces peintures des environs de l'an 1200. La légende de Milon, souvent appelé Milon d'Angers, père putatif de Roland, devait naturellement jouir d'une faveur particulière dans la région nantaise, aux confins de l'Anjou et de cette Bretagne que la source de la Karlamagnus Saga attribue comme fief au dit Milon. D'autre part, il convient de noter que la chapelle Saint-Laurent du Loroux-Bottereau relevait de l'ancienne abbaye bénédictine de Saint-Jouin-de-Marnes (commune des Deux-Sèvres, arr. de Parthenay) dont l'église est, on le sait, un des chefs-d'œuvre de l'art roman poitevin. Dans le dernier quart du xiIe siècle, cette institution connut une grande prospérité, due notamment aux libéralités d'Aimery vn, vicomte de Thouars, le plus puissant vassal du comte de Poitiers, et de ses neveux Geoffroy et Guy d'Argenton. En 1179, l'abbaye apparaît comblée de biens. Une bulle d'Alexandre III énumère ses 127 églises, écrit Mme Yvonne Labande-Mailfert qui a consacré de si belles pages à "la clarté spacieuse" de Saint-Jouin. On s'explique fort bien que la maison de l'ermite Jouin se soit intéressée à la légende de l'ermite de Provence en faisant décorer la chapelle Saint-Laurent; l'abbaye poitevine possédait aussi, du reste, le prieuré bénédictin de Saint-Gilles, à Argenton-Château (Rita Lejeune, Jacques Stiennon, La légende de Roland dans l'art du moyen âge, Tome 1, 1966 - books.google.fr).

Saint Gilles à Clisson (?), à Montfaucon (Ecclesiam beati Germani cum capella Sancti Egidii), et à Argenton (Sancti Egidii de Argentonio) - cf. Fort blanc - se trouvent sur un axe du 7 mai. Saint Jouin de Marnes est juste au sud d'Oiron, sur cet axe (www.pierre-abelard.com).

Ce n'était jadis que forêts et marécages, quand vers la fin du IVe siècle, un certain Jovinus, issu d'une illustre famille des environs d'Issoudun, vint se réfugier au pied d'un coteau pour satisfaire son goût de la solitude. Mais très rapidement, le solitaire vit affluer vers lui de nombreux disciples, venus lui demander de partager sa vie. Ension, qui allait devenir dans la suite Saint-Jouin-de-Marnes, était né. Au VIIIe siècle, à la faveur des luttes de Pépin et de Charlemagne contre le duc d'Aquitaine, il n'y a plus de moines à Ension, mais des chanoines. En 843, les moines de Vertou, fuyant les pillages des pirates normands et emportant avec eux les ossements de leur fondateur, Saint Martin de Vertou, viennent demander asile à Ension. Craignant qu'ils n'imposent la vie monastique, le prévôt des chanoines, Fulradus refuse de les accueillir. Mais nullement découragés et grâce à la protection de Pépin d'Aquitaine, ils obtiennent la restitution de l'abbaye et imposent aux chanoines la règle de Saint Benoit. La translation de Saint Martin de Vertou est la première source historique pour l'Abbaye de Saint-Jouin. Peu à peu, une agglomération s'était formée autour de l'abbaye et le vieux nom d'Ension commence à disparaître pour faire place à celui de Saint-Jouin par l'intermédiaire dedu nom de Saint-Jouin d'Ension (monasterinm Sancti Jovini Hensionense) (Pierre Brousseau, L'Abbatiale romane de Saint-Jouin-de-Marnes, XIe-XIIe siècles, 1967 - books.google.fr).

Ension s’appeloit Ensio, Enixio, Ansio. En ou an, rivière ; si ou is, habitation ; o, entre : lieu entre des rivières. Ensio est situé entre le Thoué et la Dive. Les noms de ces deux rivières sont également celtiques. Tov ou ov, rivière; div, rivière. Ensio a porté aussi le nom de Marne. Mar ou mer, eau, rivière : lieu sur le bord de l'eau (Gilles Deric, Histoire ecclésiastique de Bretagne, Tome 2, 1847 - books.google.fr).

Avec le "Prieuré" dans le viseur, on reconnaîtrait "EN SION".

Le Loup du Petit Chaperon Rouge comme la Barbe Bleue forment un doublet dans lequel la figure du père désirant ou dévorant sa propre fille prend le masque de la terreur. Ajoutons que les petites filles de l'ogre du Petit Poucet sont elles aussi massacrées par leur père, conte où erre encore le fantôme de Gilles de Rais. Le désir incestueux est sans doute la clé de la Barbe Bleue, pressenti autant chez la jeune fille-épouse que chez le père-époux. Gustave Doré l'aura deviné et mis en valeur dans l'une de ses gravures où l'on voit la Barbe Bleue remettre à son épouse un jeu de clés. La gestuelle des deux personnages, et surtout la disproportion entre l'homme et la jeune femme les font apparaître tous deux comme un père face à sa petite fille : le père, l'index relevé, formule ses dernières recommandations avant de s'absenter. Aussi la petite tache sur la clé revèle-t-elle la transgression de ce tabou et son affleurement à la conscience du père qui décide de supprimer le témoin de cet acte : sa propre fille-épouse et victime (Brigitte Cassirame, Les visages de la mélancolie, Tome 1, 2008 - books.google.fr).

Gilles de Rais finit par se fiancer avec sa cousine Catherine de Thouars, fille de Miles II de Thouars et de Béatrice de Montjean. Outre l'obstacle posé par la consanguinité de Gilles et Catherinen, des litiges opposent alors la maison de Craon à Miles II de Thouars, seigneur de Pouzauges et de Tiffauges. En dépit d'un contrat de mariage établi le 30 novembre 1420, les deux jeunes gens voient leur union annulée et déclarée incestueuse par l'Église. Le 24 avril 1422, le légat pontifical s'adresse à Hardouin de Bueil, évêque d'Angers, afin que ce dernier prononce une sentence de séparation à l'encontre de Gilles et Catherine, leur impose une pénitence avant de les absoudre du crime d'inceste et de permettre leur mariage en bonne et due forme. Catherine donne à Gilles de Rais une fille unique, Marie de Rais (1429 ? - 1457), qui se mariera à l'amiral Prigent de Coëtivy puis au maréchal André de Lohéac, et qui succèdera à son père en tant que baronne de Retz (fr.wikipedia.org - Gilles de Rais).

Saint Jean de Beverley, fêté le 7 mai (et le 25 octobre), et l'inceste

La clé de voûte du livre de Susan E. Wilson, The Life and After-Life of St John of Beverley, est l'étude hagiographique des Vitae et Miracula (chap. 4 : « Hagiography ») qui permet à l'A., en confrontant l'ensemble de la documentation accumulée durant six siècles de montrer comment les hagiographes successifs ont contribué à la promotion de ce saint anglo-saxon à la personnalité relativement effacée en adaptant continuellement le modèle de sainteté aux attentes et aux besoins de la communauté commanditaire de ces textes. Les chap. 5 («Translation, Shrine and Relies») et 6 («Patronage of Kings») sont consacrés au culte des reliques et aux patronages royaux. Un culte, local à l'origine, atteint un rayonnement national puis international grâce à la présence des reliques de saint Jean qui attirent des pèlerins de tout l'Occident et font la richesse de Beverley au Moyen Âge. Les liens entre ce saint et la couronne d'Angleterre atteignent leur apogée à la suite de la victoire remportée par Henry V à Azincourt le 25 octobre 1415, fête de la translation de saint Jean qui devient dès lors le patron du royaume au même titre que saint Georges. Deux courts chapitres auxquels leur brièveté donne plutôt l'allure de simples excursus viennent rompre la sage ordonnance du sommaire. Le chap. 3 («John of Beverley : Saint or Sinner ?») s'attache à la présentation de Jean de Beverley comme un pécheur repenti dans les Révélations de Julienne de Norwich (1342-1416), une recluse visionnaire du XIVe s. dont la Gender history a naguère mis au goût du jour la conception originale de la maternité divine et la théologie optimiste (« ail shall be well ») ! L'A. en rapproche pertinemment le conte néerlandais Historié van Jan van Berverley imprimé à Bruxelles au début du XVIe siècle qui combine le motif de l'homme sauvage et celui du saint ermite amené à choisir le moindre mal (ivrognerie, inceste ou meurtre?) et qui finit par commettre les trois à la suite. Cela aurait sans doute mérité davantage que la conclusion élémentaire à laquelle parvient Susan E. Wilson (p. 42) : «an alternative tradition that caracterised John as a sinner saint did exist in the later Middle Age. Nevertheless, there is no évidence to suggest that il was based on reality». Est-ce vraiment la question essentielle qui se pose ici? De même, le chap. 7 («The Cult in Brittany») a particulièrement retenu l'attention du recenseur, puisque ces quelques pages concernent la localité de Saint-Jean-Brevelay (Morbihan) à laquelle ce saint a attaché son nom. Jusqu'au XVIe s., la paroisse apparaît dédiée à saint Jean, il faut attendre 1530 pour que soit mentionné «Monsieur Saint Jehan de Cantorbie» et 1542 pour qu'apparaisse explicitement Jean de Beverley. Quelques approximations discutables (p. 125) ouvrent ce chapitre comme l'affirmation selon laquelle menhirs et dolmens des alentours témoignent que « the aera was inhabited by the Celts in ancient times». Faut-il rappeler que les monuments mégalithiques sont bien antérieurs à l'époque gauloise? De même la formulation maladroite selon laquelle certains chercheurs estimeraient que l'émigration bretonne aurait pris place «before the Romans arrived in the area» prête à confusion. S'il est exact qu'il y a toujours eu des Bretons de part et d'autre du Channel, personne ne soutient l'hypothèse d'un ample mouvement migratoire antérieur au Bas- Empire ; les débats en cours portent sur la nature (militaire ou non) d'une «première migration bretonne», antérieure à celle des à celle des «saints», postulée par L. Fleuriot. Des notes comme celle qui comporte une coquille dans le nom du professeur N.-Y. Tonnerre (écrit «Tonerre», p. 125, n. 1) ou celle qui prénomme «François-Marie» (p. 130, n. 21) l'abbé François Duine, auteur d'un précieux Inventaire liturgique de l'hagiographie bretonne (Paris, 1922), contribuent à renforcer fâcheusement l'impression d'une information de seconde main. Susan E. Wilson présente objectivement l'opinion du chanoine J. Danigo pour qui le patron d'origine de la paroisse était probablement saint Jean-Baptiste et qui émettait l'hypothèse selon laquelle les reliques de l'évêque d'York ne seraient parvenues en Bretagne que tardivement, à l'époque de la réforme anglicane. L'A. semble toutefois davantage convaincue par l'hypothèse alternative avancée par J.-M. Le Mené, et reprise par J. Irien, qui associe l'arrivée des reliques aux relations bien attestées entre Athelstan et Alain Barbetorte dans la première moitié du Xe s. Elle n'exclut pas toutefois que l'inclusion de la fête du saint dans les calendriers liturgiques de Vannes et de Nantes soit postérieure à la date de sa translation (1037) et fait mention d'une version de la Vita transcrite dans un légendier du XIIe s. de Saint-Gildas-des-Bois (Loire-Atlantique) (Bibliographie, sur Susan E. Wilson, The Life and After-Life of St John of Beverley, Cahiers de civilisation médiévale, 2009 - books.google.fr, Le Prieuré de Sion : Prologue : Cassan ou les Quatre Couronnés).

L'observatoire

L'"oeil sûr" parle de vision et d'observation (cf. observatoire), le "pas mesurés" les mesures :

Lorsque Colbert commanda à Claude Perrault les plans d'un observatoire, il s'agissait de construire un bâtiment destiné aux expériences et aux observations concernant les mesures. En premier lieu, celles qui établissent les rapports entre le ciel et la terre. Comme ce bâtiment était destiné aux Observations Astronomiques, écrit Piganiol de la Force, on voulut qu'il fût posé sur une ligne méridienne, et que tous les angles répondissent à certains azimuts. Les plus fameux Astronomes de Paris se transportèrent sur le lieu le 21 juin 1667, jour du Solstice. Rien ne fut plus solennel que les Observations qu'ils y firent. » On détermina ce jour-là les deux coordonnées qui devaient être désormais la latitude et la longitude de Paris, et le nouveau bâtiment, dont les quatre faces furent orientées dans des plans perpendiculaires aux directions des quatre points cardinaux, fut implanté de telle façon que la façade sud se trouvât dans le plan de la parallèle que l'on avait déterminée : 48° 50' 11" nord. Le méridien passait dans l'axe nord-sud, où il est encore matérialisé de nos jours par une ligne tracée sur le dallage de la grande salle du premier étage. Cette ligne rencontre la façade en un point qui constitue l'origine des levées topographiques de France. Le bâtiment dessiné par Perrault était pratiquement un cube, auquel venaient s'ajouter les tours octogonales des angles sud-est et sud-ouest, ainsi que l'avancée qui sert d'entrée sur la façade nord. Tel qu'il est parvenu jusqu'à nous, il mesure 31 mètres dans sa longueur est-ouest sur 28 mètres de largeur et 28 mètres de hauteur. Perrault le fit exécuter tout en pierre et prit soin qu'aucune parcelle de fer n'y entrât, qui aurait pu gêner les études sur le magnétisme. On n'y employa pas non plus de bois : la couverture est une terrasse pavée, et les plafonds des salles sont constitués par des voûtes aux pierres appareillées avec le plus grand soin, reposant sur des murs de 2 mètres d'épaisseur. En août 1667 on commença à creuser le sol pour asseoir le bâtiment, et bientôt on rencontrait les carrières profondes qui qui se croisent en tous sens sous le quartier, connues aujourd'hui sous le nom de « catacombes ». Les fondations furent donc descendues à une rofondeur de 28 mètres, dimension qui fut aussi donnée à l'élévation de l'édifice, dont elles constituent comme le reflet inversé à l'intérieur de la terre. Mais la grande singularité de cette double pierre cubique, mi-aérienne mi-souterraine, c'est le puits dont elle fut dès sa conception traversée dans toute sa hauteur. En effet, au centre même du bâtiment, un trou circulaire perçait la voûte à chaque niveau, depuis la terrasse jusqu'au sol du rez-de- chaussée, où s'ouvrait un puits circulaire qui plongeait jusqu'au niveau des carrières : accroché à la paroi, un escalier hélicoïdal permettait d'y monter du fond jusque sous le dallage du rez-de-chaussée. Cet étonnant instrument de pierre servit aux observations zénithales et aux expériences sur la gravitation. Par qui fut placée, au niveau le plus bas, la petite Vierge que Camille Flammarion découvrit en 1871, et qu'Eugène Canseliet descendit voir avec quelques amis, « lors d'une mémorable exploration des souterrains, au mois de juillet 1936 » ? Si aucune preuve historique ne peut être établie, sa présence en cet endroit est en tel accord avec la destination du bâtiment, son implantation et l'originalité de sa composition qu'on a de fortes raisons de penser que ce fut Claude Perrault lui-même, l'architecte-médecin, frère aîné de l'auteur des « Contes de ma mère l'oye », qui voulut que l'Observatoire de Paris, à l'image de l'univers qu'il est destiné à observer, fût fondé sur la mère mystérieuse, Nostre Dame Dessoubs Terre. Belle expression de la loi universelle d'analogie, qui reconnaît à l'instrument de mesure la même constitution qu'à l'objet mesuré. En haut la sphère lumineuse des « fixes », des proportions et des rythmes, en bas la matière vierge, la matrice obscure qui reçoit, conçoit et enfante, à mi-chemin, l'harmonieuse connaissance dans la pierre cubique minutieusement orientée et situant le lieu d'où partent les mesures du royaume. Il n'est pas vain de noter combien l'Observatoire de Paris, véritable « temple » des sciences physiques, apparaît de ce point de vue comme un monument de « maçonnerie opérative » (Bernard Roger, Paris et l'alchimie, 1981 - books.google.fr).

La Belle demande à sa soeur Anne de monter à la tour, pour voir si rien ne vient (ses frères, cavaliers), une tour-observatoire donc.

Ses deux frères pourraient être une reprise des Dioscures, dieux sauveurs.

Barbe-Bleue, comme ses pareils, comme Héraclès, comme Samson, est changeant en amour. Il a épousé plusieurs femmes qu'il a fait successivement disparaître. La dernière de ces jeunes femmes, c'est-à-dire de ces aurores, est possédée d'une grande curiosité. L'aurore qui, selon les expressions des poètes védiques, pénètre partout, visite toute demeure, voit tout et fait tout voir, l'aurore est essentiellement une curieuse. La femme de Barbe-Bleue ne peut résister au désir de visiter le cabinet dont l'accès lui a été défendu, elle pénètre le mystère, mais la clef dont elle a fait emploi reste tachée d'une goutte de sang qu'il est impossible d'effacer (Hyacinthe Husson, La chaine traditionelle: contes et légendes au point de vue mythique, 1874 - books.google.fr).

Cette comparaison de la belle et de l'aurore, des frères et des dioscures est contestée par Anatole France qui rappelle la thèse d'un Napoléon myhte solaire (Anatole France, Les Sept femmes de la Barbe-bleue: Et autres contes merveilleux, 2015 - books.google.fr).

Fort blanc

Le "Fort blanc" pourrait être ici Argenton-Château : Argenton trouvant son étymologie dans le gaulois argentos (blanc ou argent) et château pour "fort". Argenton-Château échut à Philippe de Commynes, transfuge bourguignon, marié par Louis XI avec l'héritière de la seigneurie, Hélène de Chambes (petite-fille de Brunissende d'Argenton).

Le 28 février 1069, le premier Seigneur d'Argenton, Geoffroy de Blois, époux de Pétronille d'Argenton, donne à l'Abbaye de Bourgueil, les églises de Saint-Gilles et de Saint-Georges. Les seigneurs d'Argenton ont été très puissants au Moyen Âge et ont largement participé à la vie militaire et politique de leur temps, par exemple : un Argenton participe à la conquête de l'Angleterre en 1066 ; Aimery d'Argenton participe à la première croisade en 1095 ; Geoffroy III d'Argenton rend hommage au Roi Saint Louis à Clisson en 1230 ; le Roi Charles VII choisit Guillaume d'Argenton comme Gouverneur du Dauphin, qui deviendra roi sous le nom de Louis XI (fr.wikipedia.org - Argenton-Château).

La vicomté de Thouars passa dans la maison d'Amboise, puis dans celle de la Trémouille en 1442, par les femmes. Louis XI s'en empara. Il y venoit souvent, et alloit de là à Argenton voir Philippe de Commines, qui l'avoit servi dans cette usurpation. Grégoire de la Trémouille, qui étoit chambellan du roi, n'osa se plaindre de cette injustice ; mais son fils, qui fut depuis un des plus grands capitaines de l'Europe, pendant que le roi étoit malade dans son château du Plessis-les-Tours, s'y rendit à la tête de quatre cents gentilshommes, se fit ouvrir les portes du château et demanda lui-même sa terre au roi. Le roi la rendit alors. C'est ce Louis de la Trémouille, vainqueur à la journée de Saint-Aubin, où il fit prisonniers le prince d'Orange et le duc d'Orléans, depuis Louis XII. Cette bataille décida la réunion de la Bretagne à la France (Eugène de Genoude, Voyage dans la Vendée et dans le Midi de la France: suivi d'un Voyage pittoresque dans quelques cantons de la Suisse, 1821 - books.google.fr).

Arrestation de Gilles de Rais : Du Dresnay et les Ceva

Regnault de Dresnay était maître d'hôtel de la Dauphine, Marguerite d'Ecosse, femme du fils de Charles VII, futur Louis XI. Il envisagea un duel pour répondre aux accusations de Jamet du Tillay contre la vertu de Marguerite, qui en mourut de chagrin subitement. Il y avait eu des luttes d'influences autour de la princesse. On voit par la déposition de Jamet de Tillay que la Reine, la Dauphine et Agnes Sorel auraient voulu mettre Marguerite de Villequier hors de l'hôtel et la remplacer par Prégente de Melun. Prégente était ou paraissait être à la discrétion de Brézé. Marguerite, après la mort de la Dauphine, était passée au service de la reine et jouissait de quelque faveur auprès du roi (Gaston Du Fresne de Beaucourt, Le caractère de Charles VII, Revue des questions historiques, Volume 14, 1873 - books.google.fr, M. Vallet de Viriville, Histoire de Charles VII, 1865 - books.google.fr).

Regnault de Dresnay demeura, lui aussi, un homme tout à fait en faveur auprès de Charles VII qui continuera à lui confier les missions les plus importantes. Bailli de Sens, homme tout à fait bien vu de Pierre de Brézé, il s'éloigna cependant de la cour après l'arrestation qu'il opéra de Gilles de Rais. Il devait, pour le roi, se rendre en Astesan, connaître la défaite, sous l'épée de Sforza, et servir, jusqu'à la fin de ses jours, comme gouverneur d'Asti, le roi Charles et la France (Pierre Champion, La Dauphine mélancolique (fin), La Revue universelle, Volume 26, 1926 - books.google.fr).

Les marquis de Ceva venaient de s'acquérir en France une notoriété misérable par les hauts faits do l'un d'eux ; Nano de Ceva, complice et inspirateur de l'effroyable Gilles de Rais pauvre hère très besoigneux, était venu au château de Tiffauges, pour gagner quelques écus, assisler, pendant des années, à cette suite d'orgies, de folies, de scènes de carnage, dont la découverte venait de plonger la France dans la stupeur. Après l'exécution de Gilles de Rais, il put échapper à l'échafaud et regagner, on ne sait comment, le Piémont. C'est au lendemain de ces forfaits que Charles d'Orléans, lors de son entrée à Asti, en 1447, se vit escorté par l'un des marquis de Ceva, comme vassal. Déjà, en 1401, ils s étaient trouvés en conflit avec Louis Ier. En 1447, deux d'entre eux, deux frères, Antoine et Charles, qui, à la faveur des événements, s'étaient emparés d'un village appelé Canelli, sur les frontières de l'Astesan, refusèrent de le rendre, à moins d'une indemnité de 1,500 ducats d'or et de 500 ducats ordinaires, qu'ils disaient avoir employés à le fortifier. Le 22 décembre 1447, Charles d'Orléans transigea avec eux; il rentra en possession de Canelli, et leur abandonna, à titre viager, la censive et le podestariat de deux petites bourgades voisines. De cette compromission elle-même naquirent d'autres difficultés. Charles de Ceva mourut le premier. Antoine mourut en 1475, laissant pour héritier son fils Charles. Il laissait aussi deux filles, l'une religieuse ; l'autre, Lucrèce, avait épousé Renaud du Dresnay, et se trouva veuve en même temps (R. de Maulde, Les ducs d'Orléans en Lombardie, Revue d'histoire diplomatique, Société d'histoire générale et d'histoire diplomatique, 1887 - archive.org).

L'article XLII de son procès accuse Gilles de Rais d'avoir fait expulser par la violence un clerc d'une église « par un certain Lenano, marquis de Sceva (Ceva), Lombard, et par d'autres de ses associés » [Lenano, marquis de Ceva, capitaine au service de Gilles de Rais, marquis, du diocèse d'Alba, de l'âge de quarante ans ou plus]. Les articles de l'accusation soulignent et dénoncent les fautes et crimes commis contre la religion, l'hérésie manifeste, la violation de l'immunité ecclésiastique. Le ton est nécessairement péjoratif et le texte répète le qualificatif lombard désignant les coupables italiens. Le même ton est utilisé pour relater la comparution de Gilles de Rais devant ses juges, ses premiers aveux et ses justifications le samedi 15 octobre 1440 : « Ledit Gilles de Rais, accusé, confessa avoir exercé ledit art de l'alchimie pendant un certain temps et l'avoir fait exercer par certains Lombards, nommés Antoine et François. » Nous savons pertinemment par la suite des pièces du procès que François Prelati n'était en aucun cas originaire de la Lombardie, mais de Montecatini. Quant au nom d'Antoine, s'il désigne Palerne (ou Palerme) comme berceau de sa famille, cet Italien n'est donc pas non plus originaire de Lombardie. Le mot certain, introduisant à la fois une distance et une dimension volontairement vague, semble placé pour amener le qualificatif péjoratif de Lombard qui le suit. Tout au contraire, la production des témoins et l'enregistrement des témoignages effectué les 16 et 17 octobre 1440 changent radicalement de ton : tandis que le texte devient extrêmement précis et respectueux de la qualité civile des témoins, le terme lombard n'est plus utilisé : « François Prelati, examiné et interrogé le 16octobre 1440 ... déposa qu'il était originaire de Monte-Catini au Val di Nievole, près de Pistoie, diocèse de Lucques, en Italie, clerc, ainsi qu'il l'assure, ayant ayant reçu la tonsure cléricale de l'évêque d'Arezzo, ayant étudié la poésie, la géomancie, et d'autres sciences et arts, en particulier l'alchimie... » Presque élogieuse, cette énumération on ne peut plus détaillée, quasiment rédigée sous la forme d'un curriculum vitae, diffère totalement de la globalisation méprisante précédente. « Le quel promoteur, satisfaisant au terme, produisit à titre de témoins les nommés : Lenano, marquis de Ceva... » (Jacques Labrot, Affairistes et usuriers au Moyen Âge: Les Lombards, l'hérésie et l'Église, 2008 - books.google.fr).

D'après les maigres renseignements biographiques, laborieusement reconstruits à partir des chroniques de l'époque, Giovanni Ceva est né à Milan, ou dans les environs, vers 1647, de Carlo Francesco et de Paula de Colombi. Son père, Carlo Francesco, qui allait devenir réviseur général et commissaire de la Chambre Ducale de Mantoue, était issu d'une famille que Carlo, évêque de Tortona, théologien et prédicateur apprécié, avait rendu illustre (Marco Bianchini, Bonheur public et méthode géométrique: enquête sur les économistes italiens (1711-1803), traduit par Gisèle Sandri, 2002 - books.google.fr).

Giovanni Gatti, colà segretario della tipografia Rossi : "Il vescovo Carlo Francesco Ceva, nacque nel 1635, ed era d'ingegno acuto, di bella presenza e magnanimo. Vesii egli giovinetto l'abito chiericale, fece i suoi studi in Roma, ove con lode conseguì il serto dottorale nel dritto Civile e Canonico, e quindi in Teologia, che insegnò poi per alcuni anni nella romana Sapienza. Fu vicario generale di due arcivescovi milanesi, ed alla morte di monsignor Sellala, occorsa in Roma nel 1682, Innocenzo XI, nell' anno susseguente il destinava a succedergli nell'Episcopato di Tortona." [...]

Quantunque questo Vescovo voglia da taluno qualificarsi Milanese, risulta però da autentici documenti che appartiene alla nobile famiglia Ceva, e deve perciò figurare nel numero dei vescovi Cevesi, come sempre ve lo fecero figurare gli scrittori di memorie Cebane (Giovanni Olivero, Memorie storiche della città e marchesato di Ceva, 1858 - archive.org).

Le théorème de Ceva entrerait dans le déchiffrage de la dalle verticale de Marie de Nègre (Autour de Rennes le Château : Dalle verticale de Marie de Nègre : un triangle isocèle rectangle).