en.wikipedia.org - Shugborough
Le Shepherd's Monument a été commandé par Thomas Anson vers 1748. C'est une tablette de marbre qui représente en miroir le tableau des Bergers d'Arcadie de Nicolas Poussin. Au dessous de la tablette une inscription ajoutée par Thomas Anson présente une suite de 10 lettres : O.U.O.S.V.A.V.V avec en dessous D. M.
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Ce monument fait partie d'une série de 8 autres construits dans l'esprit de la Grèce antique, parmi lesquels la Lanthorn of Demosthenes, la Triumphal Arch qui est inspirée de l'arche d'Hadrien, empereur philhellène, à Athènes.
En 1736, Thomas Anson rejoignit la Société des Dilettanti, établie en vue d'encourager l'art grec classique, avec ses amis William Degge du Cheshire et le frère de celui-ci qui appartenait, comme Anson, à la Royal Society depuis 1730 . Son ami James Stuart qui fut chargé de construire les monuments du parc, connu plus tard comme "Athenian Stuart", et Nicholas Revett visitèrent la Grèce en 1751 pour étudier l'architecture. A Venise, ils rencontrèrent Sir James Gray, le Résident britannique, qui les nomma membres de la Société des Dilettanti.
La Société des Dilettanti fut fondée par Sir Francis Dashwood et d'autres voyageurs comme Charles Sackville, comte de Middlesex et Lord Boyne, en 1731. C'était d'abord un club de personnes ayant voyagé en Italie dont Horace Walpole pensait que la seule qualification était de boire. Progressivement, le club s'intéressa au monde classique.
Nous avons vu, avec les trois tableaux que Saunière aurait rapportés de Paris, que le tableau des Bergers d'Arcadie était lié calendairement au 18 septembre et aux Mystères d'Eleusis (voir Calendrier Rennes-le-château).
Les Dilettanti, passionnés d'art et d'histoire grecs, se sont forcément intéressés à Eleusis et iront jusqu'à financer une exploration des ruines des sanctuaires éleusiniens en 1814, avec une commission d'architectes anglais qui publièrent les résultats de leurs travaux dans les Antiquités inédites de l'Attique ; deux autres explorations auront lieu, en 1860, aux frais communs des gouvernements français et grec, et en 1883-1888 par la Société archéologique d'Athènes.[1]
Nostradamus Ă la rescousse
D.M. renvoie sans doute à Diis (ou Dis par contraction) Manibus, invocation aux Mânes, les esprits des morts. Ces initiales se trouvent dans les Centuries de Nostradamus et sont associées à Ulpian, référence à l'empereur Trajan, Marcus Ulpius Trajanus, quatrain VIII, 66, ce qui semble confirmé dans un autre quatrain, le V, 66.
VIII, 66
Quand l'escriture D.M. trouvée,
Et cave antique Ă lampe descouverte,
Loy, Roy et Prince Ulpian esprouvée,
Pavillon Royne et Duc sous la couverte.
V, 66
Sous les antiques Ă©difices vestaux,
Non esloignez d'aque duc ruine :
De Sol et Lune sont les luisants métaux,
Ardante lampe Traian d'or butine.
Ces deux quatrains parlent d'espaces souterrains qui entrent en jeu dans les Mystères d'Eleusis même si cela est contesté aujourd'hui.
L'Encyclopedia of Freemasonry d'Albert Gallatin Mackey, Robert Ingham Clegg, Harry LeRoy Haywood, Kessinger Publishing, 1946 indique que le Temple d'Eleusis comportait 3 parties : le megaron, ou sanctuaire ; l'anactoron ou saint des saints et un appartement souterrain. Charles Magnin, dans Origines du théâtre, Revue des Deux Mondes, tome 13 et 14, 1838 confirme : "M. Fougerot, en 1781 (Magasin encyclop., an VIII, tom. I, pag. 309 et suiv. ), et plus récemment les auteurs des Antiquités inédites de l'Attique, traduites par M. Hittorff (pag. 30 et 31), ont constaté dans les ruines du temple d'Eleusis l'existence d'une crypte, qui formait sous la cella une pièce souterraine semblable à celles que l'on ménage, pour le jeu des décorations, sous le plancher de nos théâtres, et qui paraît avoir eu la même destination. Je pense que, dans l'époque sévère des mystères d'Eleusis, cette crypte put servir à faire monter dans la cella les figures et les symboles que le dadouque éclairait de son flambeau", ce qui ferait référence à la "lampe ardente" de Nostradamus.
Mais cela est réfuté par Daremberg, parlant des Dilettanti : "contrairement à ce qu'avancent les Dilettanti, le sol du sèkos n'est pas à un niveau plus bas que celui du portique ; au contraire, vers le fond, il est plus haut d'un demi-mètre. Il ne peut donc plus être question de la crypte établie en sous- sol et destinée aux apparitions des pannychies, dont on fondait l'existence sur un texte d'Itimérius mentionnant to katô temenos. La différence des niveaux sur ce sol mouvementé dans toute la périphérie de l'enceinte sacrée suffit à expliquer ce terme."[2]
Trajan, Marcus Ulpius Crinitus Trajanus est un "Empereur Romain, né à Italique près de Séville en Espagne le 18 Septembre de l'an 52 de Jésus- Christ et mort à Sélinonte, appelée depuis Trajanopolis, vers le commencement d'Août de l'an 117, âgé d'environ 65 ans, après en avoir régné dix-neuf ans, six mois & quelques jours. Il avait été adopté à l'empire par Nerva. Le père de Trajan, d'une famille ancienne originaire d'Espagne, avait été créé consul, et avait obtenu les honneurs du triomphe sous Vespasien", selon les Fables, lettres, et variétés historiques publiées par P. Elmsly en 1771, à Londres.
Si cette date de naissance était reconnue au XVIIIème siècle, elle fit l'objet de contestation plus tard.
"Quem tuus natalis exornat. L'ensemble de cette phrase, et la Lettre 28 du liv. X, prouvent que Pline désigne le 18 septembre, jour où périt Domitien, et où Nerva fut élevé à l'empire. Trajan était-il aussi né ce jour- là ? Celle coïncidence n'est pas impossible, mais elle est au moins fort remarquable. Aussi Schwartz essaie-t-il de prouver que ce n'est pas de la naissance de Trajan qu'il s'agit, mais de son adoption. Les mots natalis dits peuvent évidemment s'employer dans ce sens, et natalis imperii peut signifier même l'anniversaire de l'avènement d'un prince, les exemples cités par Schwartz ne laissent aucun doute sur ce point, non plus que sur le sens ligure que genuit est susceptible de recevoir. Cependant les arguments de ce critique, à défaut de preuves directes, devraient établir deux impossibilités, l'une que Trajan soit né le 18 septembre, l'autre qu'il ait été adopté un autre jour que le 18 septembre, et c'est ce qu'ils ne font pas. Tillemont discute la même question, et, sans rien prononcer, il ne nie pas que natalis ne puisse s'entendre du jour de l'adoption."[3]
Trajan est le seul empereur romain sur lequel l'antiquité ne nous ait transmis aucune notice particulière, car les Césars de Suétone finissent à Nerva inclusivement, et l'Histoire Auguste ne commence qu'au règne d'Adrien. Nous n'avons sur lui que les extraits de Dion Cassius, les abrégés d'Eutrope, d'Aurelius Victor et de Paul Orose. Il paraît que Tacite avait écrit le règne de Trajan, qu'il loue avec prédilection dans la vie d'Agricola et dans le premier livre de ses Histoires. De même, on a profité des incertitudes sur la vie de Plutarque pour lui créer une légende. Vers le milieu du moyen âge, deux compilateurs en renom, Georges le Syncelle et Suidas, alléguèrent que, dans sa vieillesse, Plutarque, élevé au consulat, avait été investi par Trajan d'un souverain pouvoir sur les magistrats de l'Illyrie et sur la Grèce. Deux cents ans plus tard, Jean de Salisbury, rapportant comme un fait avéré que Plutarque avait été le précepteur de Trajan, donnait tout an long l'analyse d'une Institution dictée par le maître à son élève en la faisant précéder d'une lettre dans laquelle le philosophe félicitait le prince de son élévation à l'empire.[4]
Trajan, Arcadie et bergers
Avec le célèbre mythe d'Héraclès à la croisée des chemins, pour la première fois sous le Haut-Empire, à notre connaissance, un intellectuel grec s'adresse directement à l'empereur pour lui offrir un «miroir au prince», c'est-à -dire un discours dans lequel il expose un modèle politique idéal qu'il lui demande implicitement de suivre. En guise de précédent, on peut mentionner le premier traité de Clementia de Sénèque : dans ce discours directement adressé à Néron à la fin de l'année 55, très inspiré par les traités hellénistiques, le philosophe proposait au jeune empereur de fonder sa politique sur la vertu de la clémence, mais sa tentative s'est soldée par un échec. Le premier discours Sur la royauté a été tenu devant l'empereur Trajan sans doute à peu près en même temps que le Panégyrique de Pline, c'est-à -dire après le retour de l'empereur à Rome qui eut lieu en octobre 99, comme le suggèrent les points communs entre les deux discours et les échos avec le contexte du début de règne. Dion Chrysostome a probablement participé à l'ambassade envoyée par Pruse pour féliciter le nouvel empereur : il semble avoir utilisé son crédit pour que sa patrie obtienne l'augmentation de cent nouveaux conseillers, et il est possible que ce soit à cette occasion aussi qu'il ait prononcé, vers 100, le premier discours Sur la royauté.
Dans la troisième partie (§ 49-84) : mythe d'Héraclès à la croisée des chemins, montrant les liens entre le monde des dieux et celui des hommes à propos de la royauté. Le récit mythique à proprement parler occupe les § 59 à 84, et il est précédé d'une mise en scène dans laquelle Dion, lors de son exil, se perd dans la campagne péloponnésienne, en Arcadie, et arrive dans un bois sacré fréquenté par des bergers, où il rencontre une prophétesse. Celle-ci lui annonce la fin de son exil et du règne de Domitien, puis sa rencontre avec le nouvel empereur auquel elle lui demande de raconter le mythe d'Héraclès. Il s'agit d'une réécriture du mythe bien connu de Prodicos sur le choix d'Héraclès entre Vertu et Vice, rapporté par Xénophon dans les Mémorables. Il devient chez Dion le récit paradigmatique d'une initiation à la royauté : Zeus envoie Hermès pour mettre à l'épreuve son fils Héraclès désireux de régner. Hermès conduit celui-ci devant deux pics, le pic royal et le pic tyrannique, le premier habité par Royauté et ses vertus, le second par Tyrannie et ses vices. Après avoir vu les deux femmes, Héraclès se détermine naturellement pour Royauté, aussi Zeus lui accorde-t-il de régner sur toute la race humaine.
La construction du mythe en miroir pour Trajan est d'abord opérée par l'intermédiaire du personnage d'Héraclès, adapté de manière à ce que l'empereur puisse se reconnaître en partie en lui. La mise en scène du mythe, située dans l'Ouest du Péloponnèse sur la route d'Héraéa à Pise, est en rapport avec le cadre géographique de célèbres travaux du héros comme la poursuite de la biche cérynite, l'épisode du sanglier d'Erymanthe localisé à la frontière de l'Arcadie et de l'Elide, et celui des oiseaux du lac Stymphale. Toutefois, dans le Péloponnèse, la géographie des mythes ne correspond pas à la géographie réelle des cultes à Héraclès, aussi existe-t-il peu de chances que le bois sacré où prédit la prophétesse ait réellement existé, d'autant qu'un des traits distinctifs du culte d'Héraclès est la mise à l'écart des femmes. L'important est que, dans le récit du sophiste, le sanctuaire d'Héraclès soit essentiellement fréquenté par des bergers et que la prophétesse, elle-même mère d'un berger, utilise son don pour accroître et préserver les fruits et le bétail des bergers et des fermiers qui viennent la consulter. Les mythes d'Héraclès font suffisamment intervenir les bergers pour accréditer le succès qu'avait le culte du héros auprès de la population pastorale, mais ici, l'insistance sur les bergers suggère plutôt que le récit offert à Trajan concerne le fameux modèle homérique du roi-berger, protecteur de son troupeau (Anne Gangloff, Héraclès à la croisée des chemins : un miroir au prince pour Trajan, Dion de Pruse : l’homme, son œuvre et sa postérité, 2016 - www.academia.edu, fr.wikipedia.org - Dion de Pruse
Les indications données par Dion sur son exil évoquent surtout des pérégrinations dans une autre aire géographique, la Grèce propre. Il est possible qu'il soit allé à Delphes consulter l'oracle d''Apollon au début de l'exil. Il mentionne un voyage pédestre, le long de l'Alphée, d’Héraea en Arcadie vers Pise en Élide, les deux cités étant distantes d’environ 16 kilomètres (Or. I, 52). Il raconte également un voyage maritime en Eubée (Or. VII). Sa description concrète et détaillée du climat et du site d'Athènes et de Corinthe, dans la Diogénique VI, 1-5, suggère un séjour dans ces deux cités (Gangloff Anne. Le voyage du sophiste Dion de Pruse. In: Les voyageurs dans l’Antiquité, Voyages et voyageurs, S, 2008 - www.persee.fr).
Héraea fut la première ville arcadienne à battre monnaie, au VIe siècle avant J.-C. (Philippe Borgeaud, Recherches sur le dieu Pan, 1979 - books.google.com).
Dans la Bibliothèque d'Apollodore de Rhodes, A Eleusis, Eumolpos purifie Héraclès du meurtre des centaures, puis l'initie aux célèbres mystères, ce qui nécessite au passage son adoption par un citoyen puisque l'initiation était interdite aux étrangers (Diane Cuny, Les voyages de purification chez Apollodore, Héros voyageurs et constructions identitaires, 2016 - books.google.com).
D.M.
Les deux lettres D M se trouvent en général soit en haut des inscriptions funéraires, soit de part et d'autre, ainsi la position de Shugborough n'est pas énigmatique (www.noctes-gallicanae.org - Alain Canut).
Plutarque parle de l'expérience, peut-être de la sienne, de l'initiation aux mystères d'Eleusis comme d'une mort : "Et entrée dans la mort, l'âme éprouve une émotion semblable à celle des initiés aux grands mystères. C'est pourquoi en ce qui concerne le "mourir" et l'"être initié", le terme ressemble au terme, et la chose à la chose. Tout d'abord les errances, les détours épuisants, et telles progressions incessantes et inquiétantes au milieu des ténèbres. Puis, juste avant la fin, toutes ces choses redoutables, les frissons et les tremblements, les tourments et les terreurs. Mais à la suite de cela, voici que se présente une lumière inouïe, et les lieux purs et les prairies, avec les voix et les danses et la solennité des sons sacrés et des saintes apparitions".
Apulée dans ses Métamorphoses acquiesce : "J'ai touché aux confins de la mort, après avoir franchi le seuil de Proserpine j'ai été porté à travers tous les éléments, et j'en suis revenu. Au cœur de la nuit j'ai vu le soleil briller d'une lumière étincelante. J'ai approché les dieux d'en bas et les dieux d'en haut, et je les ai adorés de près".
Faut-il voir l'Ă©pitaphe comme celle d'une mort initiatique.
Trajan et Eleusis
Ayant grandi dans les faveurs de Domitien, il fut nommé au consulat en 91. Pendant 5 ans, on ne sait rien de sa vie. Quand la révolution de 96 arrive avec l'assassinat de Domitien le 18 septembre 96, Nerva remplace le défunt et Trajan devient légat consulaire pour la Germanie Supérieure.[5]
Ces 5 ans font penser au quinquennium éleusinien. Il faut ajouter l'intérêt de Trajan porté à la Grèce.
Dom Pernety parle des Mystères Eleusiniens comme étant de deux sortes, les grands et les petits ; et pour être initié dans les uns et dans les autres, il fallait être capable de garder un grand secret. Les petits servaient de noviciat préliminaire avant d'être admis aux grands. Les premiers se célébraient à Agra, près d'Athènes ; les grands à Eleusis. Le temps de l'épreuve durait cinq ans - Tertullien parle du quinquennium, ce qui est contesté actuellement - (l'âge du compagnon franc-maçon est de 5 ans : Le petit frère des pieuvres) ; il fallait garder la chasteté pendant tout ce temps-là . Après bien des épreuves, on devenait Mystes, ou en état d'être Epopte, c'est-à -dire, témoin des cérémonies les plus secrètes ; et quoiqu'on fût Initié ou reçu, Epopte, on n'était pas au fait de tout ; car les Prêtres se réservaient la connaissance de beaucoup de choses.[6]
Trajan n'aurait pas été le seul parmi les empereurs à être initié : Auguste fut non seulement initié mais dignitaire ; Claude essaya de transporter d'Attique à Rome les Mystères éleusiniens ; Domitien assista aux Mystères ; Adrien fut archonte à Athènes en 111-112 et en 128-129 il contemplait les Mystères ; il en est de même pour Antonin le Pieux, Lucius Verus, Marc- Aurèle, Commode, Septime Sévère et naturellement pour Julien.
On peut établir un rapport entre Trajan et Triptolème qui reçut l'enseignement de Déméter.
"Triptolème est mon nom; la célèbre Athènes est ma patrie… J'apporte avec moi les dons de Cérès, qui, confiés aux champs, produisent une nourriture salutaire et d'abondantes moissons." A quoi répond le Panégyrique de Trajan de Pline le Jeune, ami de l'empereur : "C'est maintenant que toutes les provinces se trouvent heureuses d'être soumises à un empire dont le chef, disposant de la fécondité des terres, la transporte d'un lieu à l'autre, selon les temps et les besoins, et nourrit une nation séparée par la mer, comme si c'était une partie du peuple et des tribus de Rome. Le ciel n'est jamais assez prodigue de ses dons pour dispenser à tous les pays à la fois une égale abondance : le prince bannit à la fois de tous, non la stérilité sans doute, mais les maux qu'elle entraîne ; il y porte, sinon la fécondité, au moins les biens qu'elle procure ; il unit par de mutuels échanges l'Orient et l'Occident"[7]. En effet, les "empereurs romains s'identifiaient à avec Triptolème, gallien allait jusqu'à s'identifier avec Déméter elle-même" [8].
Ptolémée Philadelphe avait institué à Alexandrie la procession solennelle du calathos, rempli d'épis, de Déméter, porté sur un char traîné par quatre chevaux blancs. C'est pour cette cérémonie que Callimaque composa son hymne à la déesse. Un grand bronze d'Alexandrie à la tête de Trajan en retrace la partie principale et essentielle, le char du calathos d'Athènes. C'est aux Thesmophories que Ptolémée Philadelphe l'avait empruntée. Elle était étrangère aux Eleusinies. Pourtant le calathos n'en était pas absent ; avec la ciste il y servait à contenir les objets sacrés, iera, dont la collation aux initiés, paradôsis tôn ierôn, constituait un des actes essentiels des mystères. Mais les corbeilles qui renfermaient ces iera de dimensions restreintes étaient portées dans les processions sur la tête des vierges calathéphores ou canéphores.
O.U.O.S.V.A.V.V
Le sujet de la tablette de marbre est grec, les mystères d'Eleusis sont grecs, alors pourquoi l'épitaphe est romaine ?
C'est sans doute parce que l'initié était latin, justifiant le choix de Trajan. C'est grâce à son action militaire en Dacie que Trajan se voit décerner le titre de "Meilleur des Princes, par la volonté du Sénat et du peuple romain" ("Optimo principi senatus populusque romanus"). La modestie de la titulature des débuts du règne, mise en avant par Pline dans son Panégyrique s'estompe donc. Le titre flatteur de "meilleur des princes" apparaît désormais sur les monnaies de bronze, d'argent ou d'or, et rappelle que Trajan, pendant tout son règne, entretient des relations cordiales avec le Sénat. Cette titulature, mais aussi l'iconographie monétaire montre que Trajan est proche du dieu des dieux, Jupiter Capitolin, qui lui aussi est Optimus (on l'appelle Jupiter Optimus Maximus, "Jupiter le meilleur et le plus grand"). Trajan apparaît sur une monnaie avec un foudre, attribut typiquement jupitérien à la main, ou même directement en compagnie du dieu, qui le prend sous sa protection.
O.U.
Optimi Ulpii
O.S.
Ossa Sita
V.A.V.
Vixit Annos Quinque : les 5 ans du quinquennium
V
Vale : salutation ambiguë adaptée au passage qui signifie à la fois " Adieu ! " et " Porte-toi bien ! ".
Aux Dieux Mânes de l'excellent Ulpius, ces os sont ici, il a vécu 5 années, Adieu !
Trajan et les Dilettanti
Trajan intéressait les Dilettanti par sa bienveillance pour la Grèce qui a été cependant éclipsé par le philhellénisme d'Hadrien son successeur. Mais elle apparaît dans le plus important des grands projets architecturaux de Trajan à Rome, le forum, qu'il fit édifier par l'habile constructeur du pont de pierre du Danube, Apollodore de Damas. Ce vaste complexe architectural, construit dans le prolongement du Forum d'Auguste, a nécessité le nivellement d'une colline, dont la hauteur initiale est indiquée par le sommet de la Colonne Trajane. Le forum se composait d'une grande place bordée d'arcades, dans laquelle on entrait par une porte monumentale. Au centre s'élevait une statue équestre de Trajan. Face à l'entrée monumentale du forum se trouvait l'immense basilique ulpienne. Derrière la basilique, au centre d'une petite place, se dressait la Colonne Trajane, couverte de bas-reliefs représentant les principaux évènements des guerres daciques et surmontée d'une statue de l'Empereur. De part et d'autres se trouvaient deux bibliothèques, l'une consacrée aux ouvrages grecs, l'autre aux œuvres latines. La bibliothèque Ulpienne fut fondée pour l'usage du public. Selon le cardinal Volaterani, l'empereur y avait fait écrire toutes les belles actions des princes et les décrets du sénat, sur des pièces de belle toile, qu'il fit couvrir d'ivoire. Quelques auteurs assurent que Trajan fit porter à Rome tous les livres qui se trouvaient dans les villes conquises, pour augmenter sa bibliothèque : il est probable que Pline le jeune, son favori, l'engagea à l'enrichir de la sorte.
Durant la période antonine, Athènes renaît grâce à Trajan, et à ses successeurs dont Hadrien. Trajan vint à Athènes ; il y séjourna plusieurs fois. Il reçut dans cette ville les ambassadeurs d'Osrhoès, roi de Perse, qui venaient lui offrir la paix et des présents. Il rejeta ces offres, et c'est d'Athènes qu'il partit pour exécuter en Orient sa belle campagne contre les Parthes. Trajan avait édifié en Grèce, et particulièrement à Olympie, plusieurs monuments utiles ou magnifiques.[9]
Cet intérêt pour Trajan se confirme par l'existence d'une statue de cet empereur à Shugborough, Staffordshire dans la collection de, Lord Anson et qui fut vue en 1782. Plus tard (vers 1880) elle fut en possession de Mr. J. A. Crane, Birmingham, et en 1951 dans le jardin de Mr. K. J. Hewett,Chelsea-Hammersmith, London.
Statue of the Emperor Trajan, c. 120 AD
Harvard Art Museum/Arthur M. Sackler Museum
Alpheus Hyatt Purchasing Fund, 1954.71
http://www.artmuseums.harvard.edu
Pourquoi Trajan ?
On peut supposer que la date de naissance de Trajan, un 18 septembre, joue un grand rôle dans ce choix, puisque la triangulation annuelle donne aussi un 18 septembre associé à l'ergot de seigle et aux Mystères d'Eleusis. La vie et les goûts de Trajan se prêtent aussi à ses spéculations, avec un trou de 5 ans qui peut correspondre au quinquennium de Tertullien et avec sa bienveillance accordée à la Grèce.
Trajan a servi de passerelle entre le monde antique païen et le monde chrétien. Trajan ne publia pas d'édit général contre les sectateurs de la religion nouvelle. Il est certain aussi qu'à la fin de son règne il conçut des sentiments plus judicieux et plus humains à leur égard. Sa correspondance avec Pline le Jeune en fait foi. Consulté par cet illustre personnage, qu'il avait nommé gouverneur de Bithynie, sur la conduite à suivre à l'égard des Chrétiens, aux vertus desquels Pline rendait un hommage impartial, Trajan fit une réponse qui renferme tons les égards pour la justice et pour l'humanité qui pouvaient se concilier arec les notions erronées que suivait ce prince en matière de police religieuse. Il reconnaît combien il est difficile de se former un plan général dans cette matière; mais il établit deux règlements utiles, qui depuis furent souvent l'appui et la consolation des Chrétiens opprimés. Quoiqu'il ordonne de punir tout homme accuse et convaincu d'être Chrétien, par une sorte de contradiction dont on aurait tort de lui faire un crime, puisqu'elle était dictée par son humanité, il défend de faire aucune perquisition contre ceux que l'on pourrait soupçonner de ce crime. Il rejette les délations anonymes ; " car cela, dit-il, est d'un pernicieux exemple, et très-éloigné de nos maximes ".
Trajan est placé par Dante en son Paradis chrétien, seul des empereurs romains, sans doute en raison de la légende rapportée, entre autres, par Etienne de Bourbon, dans Tractatus de diversis materiis praedicabilibus, qui veut que Saint Grégoire le Grand passant devant le palais de Trajan et se souvenant de la clémence de cet empereur, se mit en prière devant l'autel de saint Pierre, jusqu'au moment où une voix lui dit, alors qu'il s'était endormi, que Trajan était libéré, mais qu'à l'avenir il ne devrait plus prier pour un infidèle défunt.
Les écrivains ecclésiastiques qui ont rapporté la délivrance de Trajan par l'intercession de saint Grégoire, ont eu soin de réfuter cette fable, aussi contraire au dogme catholique, que dénuée de preuves et d'autorités. Le premier qui l'ait adoptée et répandue en Italie, où on refusait de la croire, est Jean Diacre, postérieur de trois siècles à saint Grégoire. Il dit l'avoir apprise par la tradition des églises d'Angleterre ; comme si ce n'était pas à Rome, témoin de ce prodige, qu'elle aurait dû bien plutôt se conserver. De plus on démontre que le saint Pape n'a jamais pu demander à Dieu le salut d'un prince, qui, quelques vertus qu'il eût d'ailleurs, était mort dans l'idolâtrie et avait persécuté l'Eglise; saint Grégoire enseigne expressément, en plusieurs endroits dé ses écrits, que jamais la miséricorde de Dieu ne sauve ceux que sa justice a condamnés aux peines éternelles ; ce qui est un point de foi catholique.
A cette légende, s'ajoute, au cas où les Dilettanti envisageaient l'initiation de Trajan, l'orphisme qui fut introduit à Eleusis avec le culte de Dionysos Zagreus. C'est en partie par celui-là qu'Eleusis se rapproche du christianisme. L'orphisme tend vers le monothéisme, car il place Zeus au plus haut niveau, il est, selon certaines théories, le créateur du monde. Lors de l'expansion du christianisme, aux premiers siècles de notre ère, l'orphisme était encore pratiqué. Les premiers chrétiens voyaient en Orphée un précurseur du Christ. Des conceptions sont analogues entre le christianisme et l'orphisme : unité divine, doctrine du Verbe, le péché originel, la purification, l'immortalité de l'âme et le Paradis, la préoccupation de l'autre vie. L'orphisme substitua au principe de la pluralité des causes celui de l'unité divine, au culte de la vie le culte de la mort, à la morale active et politique de la Grèce républicaine la morale passive et ascétique de l'Orient. Le propre d'Eleusis, le cycle naturel de la végétation, rencontre la parabole évangélique du "Si le grain ne meurt…". Les mystères d'Eleusis, peut-être sous l'influence de l'orphisme, deviendront une religion de salut. Le mystère central, dans chacune de ces deux sectes, était celui de la mort et de la résurrection, symbolisées par la décomposition de la graine dans la terre et sa réapparition sous la forme d'un être vivant qui s'élève vers la lumière. Les rogations, ces prières pour que le grain en mourant devienne fruit, résonnaient autrefois dans les campagnes catholiques.
Un trésor
Un Philosophe à Athènes ayant trouvé un trésor dans son champ, écrivit à Trajan : " J'ai trouvé un trésor ". Trajan lui répondit d'en user. Il est trop grand pour un Philosophe, lui écrivit encore celui-là . Trajan lui répondit d'en abuser.[10]
Quel rapport Ă©tablir entre Eleusis et l'Arcadie ?
On trouve dans les Adages d'Erasme, au I vii 77, une vision syncrétique du mythe de Trophonios.
Un fameux architecte, fils de Stymphale et arrière-petit-fils d'Arcas, dont le nom a donné celui d'Arcadie, et qui enseigna les connaissances qu'il tenait de Triptolème consistant dans l'art de tisser, de cultiver le blé et de faire le pain, s'appelait Agamedes. Sa femme était Epicaste, dont elle eut un fils du dieu Apollon appelé Trophonius. Elle conçut d'Agamedes un autre fils Cercyon. Tous trois, Agamedes, Trophonius et Cercyon, furent architectes et construisirent de fameux édifices en Grèce dont la chambre nuptiale d'Alcmène à Thèbes, les temples d'Apollon à Delphes et celui de of Poséidon en Arcadie sur la route de Mantinée à Tégée, ainsi que le trésor royal d'Augias.
Agamedes et Trophonius placèrent une pierre qu'ils pouvaient aisément retirer pour accéder au trésor d'Augias, la nuit. Le roi s'aperçut que le trésor diminuait et fit placer des pièges par Dédale pour prendre les voleurs. Agamedes fut piégé et Trophonius lui coupa la tête pour qu'on ne puisse le reconnaître. Alors qu'il s'enfuyait vers Orchomène; la terre s'entrouvrit et Trophonius disparut dans le bois de Lebadea où depuis se tenait l'oracle de Trophonius. Cercyon, complice du vol, s'enfuit à Eleusis.[11]
Le nom de Cercyon marque les rapports antiques du culte de Cérès à Eleusis avec celui de la Déméter-Érinnys et Lousia de l'Arcadie, et de tous deux avec le culte de Poseidon-Hippios, époux de la déesse dans ce pays et, à Eleusis, honoré sous le nom de Père. De ce dieu et d'Alopé, fille de Hippothoos, lui-même fils de Cercyon, était né Hippothoon, le héros éponyme de la tribu Hippothoontide, de laquelle dépendait Eleusis. Par là aussi se révèle l'origine avant tout pélasgique de ces cultes et de leurs légendes.
Cercyon flotte entre l'Arcadie et l'Attique, et résiste encore à Thésée, qui le tuera à la lutte, tandis que Hippothoon, son petit-fils, annonce la pacification complète des tribus et des cultes. L'histoire de Trophonius est un patchwork sensé expliquer aussi les liens entre les cultes à mystères de Trophonius et d'Eleusis. D'ailleurs un culte de Déméter était célébré à Lebadea.
Les peuples n'allèrent point encenser les restes funèbres de Trophonius, disparu, et bientôt l'oublièrent. Apollon, fâché de cette ingratitude, envoya une sécheresse opiniâtre à la Béotie. Au bout de deux ans on consulte l'oracle, et la Pythie déclare que l'abondance ne peut renaître que quand on suivra les avis de Trophonius ; mais où trouver Trophonius ? Dans Lébadée. On court au bois sacré, on pénètre dans la grotte mystérieuse, on retrouve la cendre sainte, et un temple s'élève à peu de dislance. Un Acréphien nommé Saon eut l'honneur de faire cette découverte importante. Guidé par une inspiration divine, il suivit un essaim d'abeilles qui avaient leur ruche dans l'antre sacré. Bientôt les prédictions de cet oracle devinrent célèbres. L'oracle était placé dans l'intérieur de la terre. Ceux qui venaient le consulter étaient nommés catenates, parce qu'ils n'y parvenaient que par une descente. L'antre de Trophonius, situé a quelque distance du bois sacré, présentait d'abord une sorte de vestibule entouré d'une barrière de marbre blanc que couronnaient des obélisques d'airain. Une grotte creusée au ciseau offrait une ouverture d'environ huit coudées de hauteur sur quatre de largeur. C'est là qu'était l'entrée de la caverne dans laquelle on descendait par le moyen d'une échelle. Parvenu à une certaine profondeur, on rencontrait une ouverture étroite, dans laquelle on introduisait d'abord ses pieds. Le corps ne passait qu'avec une grande difficulté, et l'on se sentait alors entraîné avec une rapidité extrême jusqu'au fond du souterrain. Le retour s'opérait la tête en bas, les pieds en l'air, et avec une égale rapidité. Pour empêcher le consultant de porter des mains indiscrètes sur la machine dans laquelle il était ainsi lancé, les prêtres avaient le soin de les lui faire remplir de gâteaux de miel, destinés à apaiser la voracité des serpents dont le passage était, assuraient-ils, infesté. On n'entrait dans la caverne que de nuit, et après de longues préparations et un strict examen. Celui qui venait consulter l'oracle devait passer plusieurs jours dans un petit temple dédié à la bonne Fortune et au bon Génie. Il devait se servir de bains chauds, oindre son corps d'huile, s'abstenir de vin, se nourrir de la chair d'animaux offerts par lui en sacrifice, et se revêtir d'une robe de lin. L'avenir se dévoilait sous ses yeux par des apparitions ; la divinité daignait quelquefois répondre de vive voix. Le séjour dans l'antre n'était point limité. On y restait quelquefois plongé dans un sommeil d'un jour et d'une nuit. Le fidèle à son retour était placé sur un siège appelé siège de Mnémosyne, et rendait compte de tout ce qui avait frappé ses yeux et ses oreilles. On le reconduisait dans le petit temple de la bonne Fortune et du bon Génie, où il recouvrait ses facultés. L'impression terrible que ses sens avaient reçue s'effaçait difficilement, et le plus grand nombre de ceux qui avaient fait ce voyage conservaient, le reste de leur vie, les marques d'une sombre mélancolie, ce qui donna naissance à l'expression proverbiale : "II a consulté l'oracle de Trophonius" appliquée aux personnes dont l'extérieur était grave et soucieux [12].
http://en.wikipedia.org/wiki/Trophonius
Parfois Cercyon est identifié à Sinis, un voleur fameux par son atroce cruauté. Ce scélérat, surnommé le ployeur de pins, se tenait sur les grands chemins, et lorsqu'il saisissait un homme, il l'attachait à deux gros arbres courbés et rapprochés par la cime, lesquels, en se redressant, mettaient en pièces l'infortuné. Deux pins d'Ecosse plantés sur le domaine des Anson près de Shugborough vers 1770 commémorent le tour du monde de l'amiral Anson de 1740.[13]
[1] Charles Daremberg et E. Saglio, Le Dictionnaire des Antiquités grecques et romaines, http://www.mediterranees.net/civilisation/religions/mysteres/eleusinia5.html
[2] Charles Daremberg et E. Saglio, Le Dictionnaire des Antiquités grecques et romaines, http://www.mediterranees.net/civilisation/religions/mysteres/eleusinia5.html
[3] Collections des auteurs latins sous la direction de M. Nisard, Firmin Didot frères, fils et cie, 1865
[4] Octave Gréard, Nouveau dictionnaire de pédagogie et d'instruction primaire
[5] http://www.1911encyclopedia.org/Trajan
[6] Dom Antoine-Joseph Pernety, Les Fables Égyptiennes et Grecques, http://www.lescheminsdhermes.org/Livre-d-Alchimie-et-d-esoterisme,444.html
[7] http://www.mediterranees.net/histoire_romaine/empereurs_2siecle/Pline/Panegyrique/Panegyrique.html
[8] Walter Burkert, Homo necans, les belles lettres, p. 345
[9] Louis Petit de Julleville, Histoire de la Grèce sous la domination romaine, 1875, http://www.mediterranee-antique.info/Grece/Julleville/HGDR_15.htm
[10] Jean-François Marmontel, Bélisaire, Merlin, 1767, http://books.google.com/books?id=gWsOAAAAQAAJ&pg=PA191&lpg=PA191&dq=%22trajan%22+%22athenes%22&source=bl&ots=s28c6jyj0Z&sig=LZoWB9-HzOVZvS4WkVIsXoHFCOg&hl=fr&sa=X&oi=book_result&resnum=6&ct=result
[11] Erasme, Collected works, http://books.google.com/books?id=5S9AVhEFi10C&pg=RA2-PA76&lpg=RA2-PA76&dq=agamedes+arcadia+trophonius+stymphalus&source=web&ots=DQzKLCgp9Y&sig=yYz4ZI7qKDM1HUxmfsun2rzNyw4&hl=fr&sa=X&oi=book_result&resnum=5&ct=result#PRA2-PA76,M1
[12] Joseph Fr Michaud, Louis Gabriel Michaud, Biographie universelle, ancienne et moderne, Michaud frères, 1833, http://books.google.fr/books?id=HGRIAAAAMAAJ
[13] http://www.thisismatthew.co.uk/myinterests/walking/hoeway/day1/day1.htm