Partie IX - Synthèse   Chapitre LVIII - Autour de Rennes   Shugborough   
NONAGONES SYNTHESE SHUGBOROUGH

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Le Shepherd's Monument a Ă©tĂ© commandĂ© par Thomas Anson vers 1748. C'est une tablette de marbre qui reprĂ©sente en miroir le tableau des Bergers d'Arcadie de Nicolas Poussin. Au dessous de la tablette une inscription ajoutĂ©e par Thomas Anson prĂ©sente une suite de 10 lettres : O.U.O.S.V.A.V.V avec en dessous D. M.

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Ce monument fait partie d'une série de 8 autres construits dans l'esprit de la Grèce antique, parmi lesquels la Lanthorn of Demosthenes, la Triumphal Arch qui est inspirée de l'arche d'Hadrien, empereur philhellène, à Athènes.

En 1736, Thomas Anson rejoignit la Société des Dilettanti, établie en vue d'encourager l'art grec classique, avec ses amis William Degge du Cheshire et le frère de celui-ci qui appartenait, comme Anson, à la Royal Society depuis 1730 . Son ami James Stuart qui fut chargé de construire les monuments du parc, connu plus tard comme "Athenian Stuart", et Nicholas Revett visitèrent la Grèce en 1751 pour étudier l'architecture. A Venise, ils rencontrèrent Sir James Gray, le Résident britannique, qui les nomma membres de la Société des Dilettanti.

La Société des Dilettanti fut fondée par Sir Francis Dashwood et d'autres voyageurs comme Charles Sackville, comte de Middlesex et Lord Boyne, en 1731. C'était d'abord un club de personnes ayant voyagé en Italie dont Horace Walpole pensait que la seule qualification était de boire. Progressivement, le club s'intéressa au monde classique.

Nous avons vu, avec les trois tableaux que Saunière aurait rapportés de Paris, que le tableau des Bergers d'Arcadie était lié calendairement au 18 septembre et aux Mystères d'Eleusis (voir Calendrier Rennes-le-château).

Les Dilettanti, passionnĂ©s d'art et d'histoire grecs, se sont forcĂ©ment intĂ©ressĂ©s Ă  Eleusis et iront jusqu'Ă  financer une exploration des ruines des sanctuaires Ă©leusiniens en 1814, avec une commission d'architectes anglais qui publièrent les rĂ©sultats de leurs travaux dans les AntiquitĂ©s inĂ©dites de l'Attique ; deux autres explorations auront lieu, en 1860, aux frais communs des gouvernements français et grec, et en 1883-1888 par la SociĂ©tĂ© archĂ©ologique d'Athènes.[1]

Nostradamus Ă  la rescousse

D.M. renvoie sans doute à Diis (ou Dis par contraction) Manibus, invocation aux Mânes, les esprits des morts. Ces initiales se trouvent dans les Centuries de Nostradamus et sont associées à Ulpian, référence à l'empereur Trajan, Marcus Ulpius Trajanus, quatrain VIII, 66, ce qui semble confirmé dans un autre quatrain, le V, 66.

VIII, 66

Quand l'escriture D.M. trouvée,

Et cave antique Ă  lampe descouverte,

Loy, Roy et Prince Ulpian esprouvée,

Pavillon Royne et Duc sous la couverte.

V, 66

Sous les antiques Ă©difices vestaux,

Non esloignez d'aque duc ruine :

De Sol et Lune sont les luisants métaux,

Ardante lampe Traian d'or butine.

Ces deux quatrains parlent d'espaces souterrains qui entrent en jeu dans les Mystères d'Eleusis même si cela est contesté aujourd'hui.

L'Encyclopedia of Freemasonry d'Albert Gallatin Mackey, Robert Ingham Clegg, Harry LeRoy Haywood, Kessinger Publishing, 1946 indique que le Temple d'Eleusis comportait 3 parties : le megaron, ou sanctuaire ; l'anactoron ou saint des saints et un appartement souterrain. Charles Magnin, dans Origines du théâtre, Revue des Deux Mondes, tome 13 et 14, 1838 confirme : "M. Fougerot, en 1781 (Magasin encyclop., an VIII, tom. I, pag. 309 et suiv. ), et plus rĂ©cemment les auteurs des AntiquitĂ©s inĂ©dites de l'Attique, traduites par M. Hittorff (pag. 30 et 31), ont constatĂ© dans les ruines du temple d'Eleusis l'existence d'une crypte, qui formait sous la cella une pièce souterraine semblable Ă  celles que l'on mĂ©nage, pour le jeu des dĂ©corations, sous le plancher de nos théâtres, et qui paraĂ®t avoir eu la mĂŞme destination. Je pense que, dans l'Ă©poque sĂ©vère des mystères d'Eleusis, cette crypte put servir Ă  faire monter dans la cella les figures et les symboles que le dadouque Ă©clairait de son flambeau", ce qui ferait rĂ©fĂ©rence Ă  la "lampe ardente" de Nostradamus.

Mais cela est rĂ©futĂ© par Daremberg, parlant des Dilettanti : "contrairement Ă  ce qu'avancent les Dilettanti, le sol du sèkos n'est pas Ă  un niveau plus bas que celui du portique ; au contraire, vers le fond, il est plus haut d'un demi-mètre. Il ne peut donc plus ĂŞtre question de la crypte Ă©tablie en sous- sol et destinĂ©e aux apparitions des pannychies, dont on fondait l'existence sur un texte d'ItimĂ©rius mentionnant to katĂ´ temenos. La diffĂ©rence des niveaux sur ce sol mouvementĂ© dans toute la pĂ©riphĂ©rie de l'enceinte sacrĂ©e suffit Ă  expliquer ce terme."[2]

Trajan, Marcus Ulpius Crinitus Trajanus est un "Empereur Romain, né à Italique près de Séville en Espagne le 18 Septembre de l'an 52 de Jésus- Christ et mort à Sélinonte, appelée depuis Trajanopolis, vers le commencement d'Août de l'an 117, âgé d'environ 65 ans, après en avoir régné dix-neuf ans, six mois & quelques jours. Il avait été adopté à l'empire par Nerva. Le père de Trajan, d'une famille ancienne originaire d'Espagne, avait été créé consul, et avait obtenu les honneurs du triomphe sous Vespasien", selon les Fables, lettres, et variétés historiques publiées par P. Elmsly en 1771, à Londres.

Si cette date de naissance était reconnue au XVIIIème siècle, elle fit l'objet de contestation plus tard.

"Quem tuus natalis exornat. L'ensemble de cette phrase, et la Lettre 28 du liv. X, prouvent que Pline dĂ©signe le 18 septembre, jour oĂą pĂ©rit Domitien, et oĂą Nerva fut Ă©levĂ© Ă  l'empire. Trajan Ă©tait-il aussi nĂ© ce jour- lĂ  ? Celle coĂŻncidence n'est pas impossible, mais elle est au moins fort remarquable. Aussi Schwartz essaie-t-il de prouver que ce n'est pas de la naissance de Trajan qu'il s'agit, mais de son adoption. Les mots natalis dits peuvent Ă©videmment s'employer dans ce sens, et natalis imperii peut signifier mĂŞme l'anniversaire de l'avènement d'un prince, les exemples citĂ©s par Schwartz ne laissent aucun doute sur ce point, non plus que sur le sens ligure que genuit est susceptible de recevoir. Cependant les arguments de ce critique, Ă  dĂ©faut de preuves directes, devraient Ă©tablir deux impossibilitĂ©s, l'une que Trajan soit nĂ© le 18 septembre, l'autre qu'il ait Ă©tĂ© adoptĂ© un autre jour que le 18 septembre, et c'est ce qu'ils ne font pas. Tillemont discute la mĂŞme question, et, sans rien prononcer, il ne nie pas que natalis ne puisse s'entendre du jour de l'adoption."[3]

Trajan est le seul empereur romain sur lequel l'antiquité ne nous ait transmis aucune notice particulière, car les Césars de Suétone finissent à Nerva inclusivement, et l'Histoire Auguste ne commence qu'au règne d'Adrien. Nous n'avons sur lui que les extraits de Dion Cassius, les abrégés d'Eutrope, d'Aurelius Victor et de Paul Orose. Il paraît que Tacite avait écrit le règne de Trajan, qu'il loue avec prédilection dans la vie d'Agricola et dans le premier livre de ses Histoires. De même, on a profité des incertitudes sur la vie de Plutarque pour lui créer une légende. Vers le milieu du moyen âge, deux compilateurs en renom, Georges le Syncelle et Suidas, alléguèrent que, dans sa vieillesse, Plutarque, élevé au consulat, avait été investi par Trajan d'un souverain pouvoir sur les magistrats de l'Illyrie et sur la Grèce. Deux cents ans plus tard, Jean de Salisbury, rapportant comme un fait avéré que Plutarque avait été le précepteur de Trajan, donnait tout an long l'analyse d'une Institution dictée par le maître à son élève en la faisant précéder d'une lettre dans laquelle le philosophe félicitait le prince de son élévation à l'empire.[4]

Trajan, Arcadie et bergers

Avec le cĂ©lèbre mythe d'HĂ©raclès Ă  la croisĂ©e des chemins, pour la première fois sous le Haut-Empire, Ă  notre connaissance, un intellectuel grec s'adresse directement Ă  l'empereur pour lui offrir un «miroir au prince», c'est-Ă -dire un discours dans lequel il expose un modèle politique idĂ©al qu'il lui demande implicitement de suivre. En guise de prĂ©cĂ©dent, on peut mentionner le premier traitĂ© de Clementia de SĂ©nèque : dans ce discours directement adressĂ© Ă  NĂ©ron Ă  la fin de l'annĂ©e 55, très inspirĂ© par les traitĂ©s hellĂ©nistiques, le philosophe proposait au jeune empereur de fonder sa politique sur la vertu de la clĂ©mence, mais sa tentative s'est soldĂ©e par un Ă©chec. Le premier discours Sur la royautĂ© a Ă©tĂ© tenu devant l'empereur Trajan sans doute Ă  peu près en mĂŞme temps que le PanĂ©gyrique de Pline, c'est-Ă -dire après le retour de l'empereur Ă  Rome qui eut lieu en octobre 99, comme le suggèrent les points communs entre les deux discours et les Ă©chos avec le contexte du dĂ©but de règne. Dion Chrysostome a probablement participĂ© Ă  l'ambassade envoyĂ©e par Pruse pour fĂ©liciter le nouvel empereur : il semble avoir utilisĂ© son crĂ©dit pour que sa patrie obtienne l'augmentation de cent nouveaux conseillers, et il est possible que ce soit Ă  cette occasion aussi qu'il ait prononcĂ©, vers 100, le premier discours Sur la royautĂ©.

Dans la troisième partie (§ 49-84) : mythe d'HĂ©raclès Ă  la croisĂ©e des chemins, montrant les liens entre le monde des dieux et celui des hommes Ă  propos de la royautĂ©. Le rĂ©cit mythique Ă  proprement parler occupe les § 59 Ă  84, et il est prĂ©cĂ©dĂ© d'une mise en scène dans laquelle Dion, lors de son exil, se perd dans la campagne pĂ©loponnĂ©sienne, en Arcadie, et arrive dans un bois sacrĂ© frĂ©quentĂ© par des bergers, oĂą il rencontre une prophĂ©tesse. Celle-ci lui annonce la fin de son exil et du règne de Domitien, puis sa rencontre avec le nouvel empereur auquel elle lui demande de raconter le mythe d'HĂ©raclès. Il s'agit d'une rĂ©Ă©criture du mythe bien connu de Prodicos sur le choix d'HĂ©raclès entre Vertu et Vice, rapportĂ© par XĂ©nophon dans les MĂ©morables. Il devient chez Dion le rĂ©cit paradigmatique d'une initiation Ă  la royautĂ© : Zeus envoie Hermès pour mettre Ă  l'Ă©preuve son fils HĂ©raclès dĂ©sireux de rĂ©gner. Hermès conduit celui-ci devant deux pics, le pic royal et le pic tyrannique, le premier habitĂ© par RoyautĂ© et ses vertus, le second par Tyrannie et ses vices. Après avoir vu les deux femmes, HĂ©raclès se dĂ©termine naturellement pour RoyautĂ©, aussi Zeus lui accorde-t-il de rĂ©gner sur toute la race humaine.

La construction du mythe en miroir pour Trajan est d'abord opĂ©rĂ©e par l'intermĂ©diaire du personnage d'HĂ©raclès, adaptĂ© de manière Ă  ce que l'empereur puisse se reconnaĂ®tre en partie en lui. La mise en scène du mythe, situĂ©e dans l'Ouest du PĂ©loponnèse sur la route d'HĂ©raĂ©a Ă  Pise, est en rapport avec le cadre gĂ©ographique de cĂ©lèbres travaux du hĂ©ros comme la poursuite de la biche cĂ©rynite, l'Ă©pisode du sanglier d'Erymanthe localisĂ© Ă  la frontière de l'Arcadie et de l'Elide, et celui des oiseaux du lac Stymphale. Toutefois, dans le PĂ©loponnèse, la gĂ©ographie des mythes ne correspond pas Ă  la gĂ©ographie rĂ©elle des cultes Ă  HĂ©raclès, aussi existe-t-il peu de chances que le bois sacrĂ© oĂą prĂ©dit la prophĂ©tesse ait rĂ©ellement existĂ©, d'autant qu'un des traits distinctifs du culte d'HĂ©raclès est la mise Ă  l'Ă©cart des femmes. L'important est que, dans le rĂ©cit du sophiste, le sanctuaire d'HĂ©raclès soit essentiellement frĂ©quentĂ© par des bergers et que la prophĂ©tesse, elle-mĂŞme mère d'un berger, utilise son don pour accroĂ®tre et prĂ©server les fruits et le bĂ©tail des bergers et des fermiers qui viennent la consulter. Les mythes d'HĂ©raclès font suffisamment intervenir les bergers pour accrĂ©diter le succès qu'avait le culte du hĂ©ros auprès de la population pastorale, mais ici, l'insistance sur les bergers suggère plutĂ´t que le rĂ©cit offert Ă  Trajan concerne le fameux modèle homĂ©rique du roi-berger, protecteur de son troupeau (Anne Gangloff, HĂ©raclès Ă  la croisĂ©e des chemins : un miroir au prince pour Trajan, Dion de Pruse : l’homme, son Ĺ“uvre et sa postĂ©ritĂ©, 2016 - www.academia.edu, fr.wikipedia.org - Dion de Pruse

Les indications données par Dion sur son exil évoquent surtout des pérégrinations dans une autre aire géographique, la Grèce propre. Il est possible qu'il soit allé à Delphes consulter l'oracle d''Apollon au début de l'exil. Il mentionne un voyage pédestre, le long de l'Alphée, d’Héraea en Arcadie vers Pise en Élide, les deux cités étant distantes d’environ 16 kilomètres (Or. I, 52). Il raconte également un voyage maritime en Eubée (Or. VII). Sa description concrète et détaillée du climat et du site d'Athènes et de Corinthe, dans la Diogénique VI, 1-5, suggère un séjour dans ces deux cités (Gangloff Anne. Le voyage du sophiste Dion de Pruse. In: Les voyageurs dans l’Antiquité, Voyages et voyageurs, S, 2008 - www.persee.fr).

Héraea fut la première ville arcadienne à battre monnaie, au VIe siècle avant J.-C. (Philippe Borgeaud, Recherches sur le dieu Pan, 1979 - books.google.com).

Dans la Bibliothèque d'Apollodore de Rhodes, A Eleusis, Eumolpos purifie Héraclès du meurtre des centaures, puis l'initie aux célèbres mystères, ce qui nécessite au passage son adoption par un citoyen puisque l'initiation était interdite aux étrangers (Diane Cuny, Les voyages de purification chez Apollodore, Héros voyageurs et constructions identitaires, 2016 - books.google.com).

D.M.

Les deux lettres D M se trouvent en général soit en haut des inscriptions funéraires, soit de part et d'autre, ainsi la position de Shugborough n'est pas énigmatique (www.noctes-gallicanae.org - Alain Canut).

Plutarque parle de l'expĂ©rience, peut-ĂŞtre de la sienne, de l'initiation aux mystères d'Eleusis comme d'une mort : "Et entrĂ©e dans la mort, l'âme Ă©prouve une Ă©motion semblable Ă  celle des initiĂ©s aux grands mystères. C'est pourquoi en ce qui concerne le "mourir" et l'"ĂŞtre initiĂ©", le terme ressemble au terme, et la chose Ă  la chose. Tout d'abord les errances, les dĂ©tours Ă©puisants, et telles progressions incessantes et inquiĂ©tantes au milieu des tĂ©nèbres. Puis, juste avant la fin, toutes ces choses redoutables, les frissons et les tremblements, les tourments et les terreurs. Mais Ă  la suite de cela, voici que se prĂ©sente une lumière inouĂŻe, et les lieux purs et les prairies, avec les voix et les danses et la solennitĂ© des sons sacrĂ©s et des saintes apparitions".

ApulĂ©e dans ses MĂ©tamorphoses acquiesce : "J'ai touchĂ© aux confins de la mort, après avoir franchi le seuil de Proserpine j'ai Ă©tĂ© portĂ© Ă  travers tous les Ă©lĂ©ments, et j'en suis revenu. Au cĹ“ur de la nuit j'ai vu le soleil briller d'une lumière Ă©tincelante. J'ai approchĂ© les dieux d'en bas et les dieux d'en haut, et je les ai adorĂ©s de près".

Faut-il voir l'Ă©pitaphe comme celle d'une mort initiatique.

Trajan et Eleusis

Ayant grandi dans les faveurs de Domitien, il fut nommé au consulat en 91. Pendant 5 ans, on ne sait rien de sa vie. Quand la révolution de 96 arrive avec l'assassinat de Domitien le 18 septembre 96, Nerva remplace le défunt et Trajan devient légat consulaire pour la Germanie Supérieure.[5]

Ces 5 ans font penser au quinquennium éleusinien. Il faut ajouter l'intérêt de Trajan porté à la Grèce.

Dom Pernety parle des Mystères Eleusiniens comme Ă©tant de deux sortes, les grands et les petits ; et pour ĂŞtre initiĂ© dans les uns et dans les autres, il fallait ĂŞtre capable de garder un grand secret. Les petits servaient de noviciat prĂ©liminaire avant d'ĂŞtre admis aux grands. Les premiers se cĂ©lĂ©braient Ă  Agra, près d'Athènes ; les grands Ă  Eleusis. Le temps de l'Ă©preuve durait cinq ans - Tertullien parle du quinquennium, ce qui est contestĂ© actuellement - (l'âge du compagnon franc-maçon est de 5 ans : Le petit frère des pieuvres) ; il fallait garder la chastetĂ© pendant tout ce temps-lĂ . Après bien des Ă©preuves, on devenait Mystes, ou en Ă©tat d'ĂŞtre Epopte, c'est-Ă -dire, tĂ©moin des cĂ©rĂ©monies les plus secrètes ; et quoiqu'on fĂ»t InitiĂ© ou reçu, Epopte, on n'Ă©tait pas au fait de tout ; car les PrĂŞtres se rĂ©servaient la connaissance de beaucoup de choses.[6]

Trajan n'aurait pas Ă©tĂ© le seul parmi les empereurs Ă  ĂŞtre initiĂ© : Auguste fut non seulement initiĂ© mais dignitaire ; Claude essaya de transporter d'Attique Ă  Rome les Mystères Ă©leusiniens ; Domitien assista aux Mystères ; Adrien fut archonte Ă  Athènes en 111-112 et en 128-129 il contemplait les Mystères ; il en est de mĂŞme pour Antonin le Pieux, Lucius Verus, Marc- Aurèle, Commode, Septime SĂ©vère et naturellement pour Julien.

On peut établir un rapport entre Trajan et Triptolème qui reçut l'enseignement de Déméter.

"Triptolème est mon nom; la cĂ©lèbre Athènes est ma patrie… J'apporte avec moi les dons de CĂ©rès, qui, confiĂ©s aux champs, produisent une nourriture salutaire et d'abondantes moissons." A quoi rĂ©pond le PanĂ©gyrique de Trajan de Pline le Jeune, ami de l'empereur : "C'est maintenant que toutes les provinces se trouvent heureuses d'ĂŞtre soumises Ă  un empire dont le chef, disposant de la fĂ©conditĂ© des terres, la transporte d'un lieu Ă  l'autre, selon les temps et les besoins, et nourrit une nation sĂ©parĂ©e par la mer, comme si c'Ă©tait une partie du peuple et des tribus de Rome. Le ciel n'est jamais assez prodigue de ses dons pour dispenser Ă  tous les pays Ă  la fois une Ă©gale abondance : le prince bannit Ă  la fois de tous, non la stĂ©rilitĂ© sans doute, mais les maux qu'elle entraĂ®ne ; il y porte, sinon la fĂ©conditĂ©, au moins les biens qu'elle procure ; il unit par de mutuels Ă©changes l'Orient et l'Occident"[7]. En effet, les "empereurs romains s'identifiaient Ă avec Triptolème, gallien allait jusqu'Ă  s'identifier avec DĂ©mĂ©ter elle-mĂŞme" [8].

PtolĂ©mĂ©e Philadelphe avait instituĂ© Ă  Alexandrie la procession solennelle du calathos, rempli d'Ă©pis, de DĂ©mĂ©ter, portĂ© sur un char traĂ®nĂ© par quatre chevaux blancs. C'est pour cette cĂ©rĂ©monie que Callimaque composa son hymne Ă  la dĂ©esse. Un grand bronze d'Alexandrie Ă  la tĂŞte de Trajan en retrace la partie principale et essentielle, le char du calathos d'Athènes. C'est aux Thesmophories que PtolĂ©mĂ©e Philadelphe l'avait empruntĂ©e. Elle Ă©tait Ă©trangère aux Eleusinies. Pourtant le calathos n'en Ă©tait pas absent ; avec la ciste il y servait Ă  contenir les objets sacrĂ©s, iera, dont la collation aux initiĂ©s, paradĂ´sis tĂ´n ierĂ´n, constituait un des actes essentiels des mystères. Mais les corbeilles qui renfermaient ces iera de dimensions restreintes Ă©taient portĂ©es dans les processions sur la tĂŞte des vierges calathĂ©phores ou canĂ©phores.

O.U.O.S.V.A.V.V

Le sujet de la tablette de marbre est grec, les mystères d'Eleusis sont grecs, alors pourquoi l'Ă©pitaphe est romaine ?

C'est sans doute parce que l'initié était latin, justifiant le choix de Trajan. C'est grâce à son action militaire en Dacie que Trajan se voit décerner le titre de "Meilleur des Princes, par la volonté du Sénat et du peuple romain" ("Optimo principi senatus populusque romanus"). La modestie de la titulature des débuts du règne, mise en avant par Pline dans son Panégyrique s'estompe donc. Le titre flatteur de "meilleur des princes" apparaît désormais sur les monnaies de bronze, d'argent ou d'or, et rappelle que Trajan, pendant tout son règne, entretient des relations cordiales avec le Sénat. Cette titulature, mais aussi l'iconographie monétaire montre que Trajan est proche du dieu des dieux, Jupiter Capitolin, qui lui aussi est Optimus (on l'appelle Jupiter Optimus Maximus, "Jupiter le meilleur et le plus grand"). Trajan apparaît sur une monnaie avec un foudre, attribut typiquement jupitérien à la main, ou même directement en compagnie du dieu, qui le prend sous sa protection.

O.U.

Optimi Ulpii

O.S.

Ossa Sita

V.A.V.

Vixit Annos Quinque : les 5 ans du quinquennium

V

Vale : salutation ambiguĂ« adaptĂ©e au passage qui signifie Ă  la fois " Adieu ! " et " Porte-toi bien ! ".

Aux Dieux Mânes de l'excellent Ulpius, ces os sont ici, il a vécu 5 années, Adieu !

Trajan et les Dilettanti

Trajan intĂ©ressait les Dilettanti par sa bienveillance pour la Grèce qui a Ă©tĂ© cependant Ă©clipsĂ© par le philhellĂ©nisme d'Hadrien son successeur. Mais elle apparaĂ®t dans le plus important des grands projets architecturaux de Trajan Ă  Rome, le forum, qu'il fit Ă©difier par l'habile constructeur du pont de pierre du Danube, Apollodore de Damas. Ce vaste complexe architectural, construit dans le prolongement du Forum d'Auguste, a nĂ©cessitĂ© le nivellement d'une colline, dont la hauteur initiale est indiquĂ©e par le sommet de la Colonne Trajane. Le forum se composait d'une grande place bordĂ©e d'arcades, dans laquelle on entrait par une porte monumentale. Au centre s'Ă©levait une statue Ă©questre de Trajan. Face Ă  l'entrĂ©e monumentale du forum se trouvait l'immense basilique ulpienne. Derrière la basilique, au centre d'une petite place, se dressait la Colonne Trajane, couverte de bas-reliefs reprĂ©sentant les principaux Ă©vènements des guerres daciques et surmontĂ©e d'une statue de l'Empereur. De part et d'autres se trouvaient deux bibliothèques, l'une consacrĂ©e aux ouvrages grecs, l'autre aux Ĺ“uvres latines. La bibliothèque Ulpienne fut fondĂ©e pour l'usage du public. Selon le cardinal Volaterani, l'empereur y avait fait Ă©crire toutes les belles actions des princes et les dĂ©crets du sĂ©nat, sur des pièces de belle toile, qu'il fit couvrir d'ivoire. Quelques auteurs assurent que Trajan fit porter Ă  Rome tous les livres qui se trouvaient dans les villes conquises, pour augmenter sa bibliothèque : il est probable que Pline le jeune, son favori, l'engagea Ă  l'enrichir de la sorte.

Durant la pĂ©riode antonine, Athènes renaĂ®t grâce Ă  Trajan, et Ă  ses successeurs dont Hadrien. Trajan vint Ă  Athènes ; il y sĂ©journa plusieurs fois. Il reçut dans cette ville les ambassadeurs d'Osrhoès, roi de Perse, qui venaient lui offrir la paix et des prĂ©sents. Il rejeta ces offres, et c'est d'Athènes qu'il partit pour exĂ©cuter en Orient sa belle campagne contre les Parthes. Trajan avait Ă©difiĂ© en Grèce, et particulièrement Ă  Olympie, plusieurs monuments utiles ou magnifiques.[9]

Cet intérêt pour Trajan se confirme par l'existence d'une statue de cet empereur à Shugborough, Staffordshire dans la collection de, Lord Anson et qui fut vue en 1782. Plus tard (vers 1880) elle fut en possession de Mr. J. A. Crane, Birmingham, et en 1951 dans le jardin de Mr. K. J. Hewett,Chelsea-Hammersmith, London.

Statue of the Emperor Trajan, c. 120 AD

Harvard Art Museum/Arthur M. Sackler Museum

Alpheus Hyatt Purchasing Fund, 1954.71

http://www.artmuseums.harvard.edu

Pourquoi Trajan ?

On peut supposer que la date de naissance de Trajan, un 18 septembre, joue un grand rôle dans ce choix, puisque la triangulation annuelle donne aussi un 18 septembre associé à l'ergot de seigle et aux Mystères d'Eleusis. La vie et les goûts de Trajan se prêtent aussi à ses spéculations, avec un trou de 5 ans qui peut correspondre au quinquennium de Tertullien et avec sa bienveillance accordée à la Grèce.

Trajan a servi de passerelle entre le monde antique paĂŻen et le monde chrĂ©tien. Trajan ne publia pas d'Ă©dit gĂ©nĂ©ral contre les sectateurs de la religion nouvelle. Il est certain aussi qu'Ă  la fin de son règne il conçut des sentiments plus judicieux et plus humains Ă  leur Ă©gard. Sa correspondance avec Pline le Jeune en fait foi. ConsultĂ© par cet illustre personnage, qu'il avait nommĂ© gouverneur de Bithynie, sur la conduite Ă  suivre Ă  l'Ă©gard des ChrĂ©tiens, aux vertus desquels Pline rendait un hommage impartial, Trajan fit une rĂ©ponse qui renferme tons les Ă©gards pour la justice et pour l'humanitĂ© qui pouvaient se concilier arec les notions erronĂ©es que suivait ce prince en matière de police religieuse. Il reconnaĂ®t combien il est difficile de se former un plan gĂ©nĂ©ral dans cette matière; mais il Ă©tablit deux règlements utiles, qui depuis furent souvent l'appui et la consolation des ChrĂ©tiens opprimĂ©s. Quoiqu'il ordonne de punir tout homme accuse et convaincu d'ĂŞtre ChrĂ©tien, par une sorte de contradiction dont on aurait tort de lui faire un crime, puisqu'elle Ă©tait dictĂ©e par son humanitĂ©, il dĂ©fend de faire aucune perquisition contre ceux que l'on pourrait soupçonner de ce crime. Il rejette les dĂ©lations anonymes ; " car cela, dit-il, est d'un pernicieux exemple, et très-Ă©loignĂ© de nos maximes ".

Trajan est placé par Dante en son Paradis chrétien, seul des empereurs romains, sans doute en raison de la légende rapportée, entre autres, par Etienne de Bourbon, dans Tractatus de diversis materiis praedicabilibus, qui veut que Saint Grégoire le Grand passant devant le palais de Trajan et se souvenant de la clémence de cet empereur, se mit en prière devant l'autel de saint Pierre, jusqu'au moment où une voix lui dit, alors qu'il s'était endormi, que Trajan était libéré, mais qu'à l'avenir il ne devrait plus prier pour un infidèle défunt.

Les Ă©crivains ecclĂ©siastiques qui ont rapportĂ© la dĂ©livrance de Trajan par l'intercession de saint GrĂ©goire, ont eu soin de rĂ©futer cette fable, aussi contraire au dogme catholique, que dĂ©nuĂ©e de preuves et d'autoritĂ©s. Le premier qui l'ait adoptĂ©e et rĂ©pandue en Italie, oĂą on refusait de la croire, est Jean Diacre, postĂ©rieur de trois siècles Ă  saint GrĂ©goire. Il dit l'avoir apprise par la tradition des Ă©glises d'Angleterre ; comme si ce n'Ă©tait pas Ă  Rome, tĂ©moin de ce prodige, qu'elle aurait dĂ» bien plutĂ´t se conserver. De plus on dĂ©montre que le saint Pape n'a jamais pu demander Ă  Dieu le salut d'un prince, qui, quelques vertus qu'il eĂ»t d'ailleurs, Ă©tait mort dans l'idolâtrie et avait persĂ©cutĂ© l'Eglise; saint GrĂ©goire enseigne expressĂ©ment, en plusieurs endroits dĂ© ses Ă©crits, que jamais la misĂ©ricorde de Dieu ne sauve ceux que sa justice a condamnĂ©s aux peines Ă©ternelles ; ce qui est un point de foi catholique.

A cette lĂ©gende, s'ajoute, au cas oĂą les Dilettanti envisageaient l'initiation de Trajan, l'orphisme qui fut introduit Ă  Eleusis avec le culte de Dionysos Zagreus. C'est en partie par celui-lĂ  qu'Eleusis se rapproche du christianisme. L'orphisme tend vers le monothĂ©isme, car il place Zeus au plus haut niveau, il est, selon certaines thĂ©ories, le crĂ©ateur du monde. Lors de l'expansion du christianisme, aux premiers siècles de notre ère, l'orphisme Ă©tait encore pratiquĂ©. Les premiers chrĂ©tiens voyaient en OrphĂ©e un prĂ©curseur du Christ. Des conceptions sont analogues entre le christianisme et l'orphisme : unitĂ© divine, doctrine du Verbe, le pĂ©chĂ© originel, la purification, l'immortalitĂ© de l'âme et le Paradis, la prĂ©occupation de l'autre vie. L'orphisme substitua au principe de la pluralitĂ© des causes celui de l'unitĂ© divine, au culte de la vie le culte de la mort, Ă  la morale active et politique de la Grèce rĂ©publicaine la morale passive et ascĂ©tique de l'Orient. Le propre d'Eleusis, le cycle naturel de la vĂ©gĂ©tation, rencontre la parabole Ă©vangĂ©lique du "Si le grain ne meurt…". Les mystères d'Eleusis, peut-ĂŞtre sous l'influence de l'orphisme, deviendront une religion de salut. Le mystère central, dans chacune de ces deux sectes, Ă©tait celui de la mort et de la rĂ©surrection, symbolisĂ©es par la dĂ©composition de la graine dans la terre et sa rĂ©apparition sous la forme d'un ĂŞtre vivant qui s'Ă©lève vers la lumière. Les rogations, ces prières pour que le grain en mourant devienne fruit, rĂ©sonnaient autrefois dans les campagnes catholiques.

Un trésor

Un Philosophe Ă  Athènes ayant trouvĂ© un trĂ©sor dans son champ, Ă©crivit Ă  Trajan : " J'ai trouvĂ© un trĂ©sor ". Trajan lui rĂ©pondit d'en user. Il est trop grand pour un Philosophe, lui Ă©crivit encore celui-lĂ . Trajan lui rĂ©pondit d'en abuser.[10]

Quel rapport Ă©tablir entre Eleusis et l'Arcadie ?

On trouve dans les Adages d'Erasme, au I vii 77, une vision syncrétique du mythe de Trophonios.

Un fameux architecte, fils de Stymphale et arrière-petit-fils d'Arcas, dont le nom a donné celui d'Arcadie, et qui enseigna les connaissances qu'il tenait de Triptolème consistant dans l'art de tisser, de cultiver le blé et de faire le pain, s'appelait Agamedes. Sa femme était Epicaste, dont elle eut un fils du dieu Apollon appelé Trophonius. Elle conçut d'Agamedes un autre fils Cercyon. Tous trois, Agamedes, Trophonius et Cercyon, furent architectes et construisirent de fameux édifices en Grèce dont la chambre nuptiale d'Alcmène à Thèbes, les temples d'Apollon à Delphes et celui de of Poséidon en Arcadie sur la route de Mantinée à Tégée, ainsi que le trésor royal d'Augias.

Agamedes et Trophonius placèrent une pierre qu'ils pouvaient aisément retirer pour accéder au trésor d'Augias, la nuit. Le roi s'aperçut que le trésor diminuait et fit placer des pièges par Dédale pour prendre les voleurs. Agamedes fut piégé et Trophonius lui coupa la tête pour qu'on ne puisse le reconnaître. Alors qu'il s'enfuyait vers Orchomène; la terre s'entrouvrit et Trophonius disparut dans le bois de Lebadea où depuis se tenait l'oracle de Trophonius. Cercyon, complice du vol, s'enfuit à Eleusis.[11]

Le nom de Cercyon marque les rapports antiques du culte de Cérès à Eleusis avec celui de la Déméter-Érinnys et Lousia de l'Arcadie, et de tous deux avec le culte de Poseidon-Hippios, époux de la déesse dans ce pays et, à Eleusis, honoré sous le nom de Père. De ce dieu et d'Alopé, fille de Hippothoos, lui-même fils de Cercyon, était né Hippothoon, le héros éponyme de la tribu Hippothoontide, de laquelle dépendait Eleusis. Par là aussi se révèle l'origine avant tout pélasgique de ces cultes et de leurs légendes.

Cercyon flotte entre l'Arcadie et l'Attique, et résiste encore à Thésée, qui le tuera à la lutte, tandis que Hippothoon, son petit-fils, annonce la pacification complète des tribus et des cultes. L'histoire de Trophonius est un patchwork sensé expliquer aussi les liens entre les cultes à mystères de Trophonius et d'Eleusis. D'ailleurs un culte de Déméter était célébré à Lebadea.

Les peuples n'allèrent point encenser les restes funèbres de Trophonius, disparu, et bientĂ´t l'oublièrent. Apollon, fâchĂ© de cette ingratitude, envoya une sĂ©cheresse opiniâtre Ă  la BĂ©otie. Au bout de deux ans on consulte l'oracle, et la Pythie dĂ©clare que l'abondance ne peut renaĂ®tre que quand on suivra les avis de Trophonius ; mais oĂą trouver Trophonius ? Dans LĂ©badĂ©e. On court au bois sacrĂ©, on pĂ©nètre dans la grotte mystĂ©rieuse, on retrouve la cendre sainte, et un temple s'Ă©lève Ă  peu de dislance. Un AcrĂ©phien nommĂ© Saon eut l'honneur de faire cette dĂ©couverte importante. GuidĂ© par une inspiration divine, il suivit un essaim d'abeilles qui avaient leur ruche dans l'antre sacrĂ©. BientĂ´t les prĂ©dictions de cet oracle devinrent cĂ©lèbres. L'oracle Ă©tait placĂ© dans l'intĂ©rieur de la terre. Ceux qui venaient le consulter Ă©taient nommĂ©s catenates, parce qu'ils n'y parvenaient que par une descente. L'antre de Trophonius, situĂ© a quelque distance du bois sacrĂ©, prĂ©sentait d'abord une sorte de vestibule entourĂ© d'une barrière de marbre blanc que couronnaient des obĂ©lisques d'airain. Une grotte creusĂ©e au ciseau offrait une ouverture d'environ huit coudĂ©es de hauteur sur quatre de largeur. C'est lĂ  qu'Ă©tait l'entrĂ©e de la caverne dans laquelle on descendait par le moyen d'une Ă©chelle. Parvenu Ă  une certaine profondeur, on rencontrait une ouverture Ă©troite, dans laquelle on introduisait d'abord ses pieds. Le corps ne passait qu'avec une grande difficultĂ©, et l'on se sentait alors entraĂ®nĂ© avec une rapiditĂ© extrĂŞme jusqu'au fond du souterrain. Le retour s'opĂ©rait la tĂŞte en bas, les pieds en l'air, et avec une Ă©gale rapiditĂ©. Pour empĂŞcher le consultant de porter des mains indiscrètes sur la machine dans laquelle il Ă©tait ainsi lancĂ©, les prĂŞtres avaient le soin de les lui faire remplir de gâteaux de miel, destinĂ©s Ă  apaiser la voracitĂ© des serpents dont le passage Ă©tait, assuraient-ils, infestĂ©. On n'entrait dans la caverne que de nuit, et après de longues prĂ©parations et un strict examen. Celui qui venait consulter l'oracle devait passer plusieurs jours dans un petit temple dĂ©diĂ© Ă  la bonne Fortune et au bon GĂ©nie. Il devait se servir de bains chauds, oindre son corps d'huile, s'abstenir de vin, se nourrir de la chair d'animaux offerts par lui en sacrifice, et se revĂŞtir d'une robe de lin. L'avenir se dĂ©voilait sous ses yeux par des apparitions ; la divinitĂ© daignait quelquefois rĂ©pondre de vive voix. Le sĂ©jour dans l'antre n'Ă©tait point limitĂ©. On y restait quelquefois plongĂ© dans un sommeil d'un jour et d'une nuit. Le fidèle Ă  son retour Ă©tait placĂ© sur un siège appelĂ© siège de MnĂ©mosyne, et rendait compte de tout ce qui avait frappĂ© ses yeux et ses oreilles. On le reconduisait dans le petit temple de la bonne Fortune et du bon GĂ©nie, oĂą il recouvrait ses facultĂ©s. L'impression terrible que ses sens avaient reçue s'effaçait difficilement, et le plus grand nombre de ceux qui avaient fait ce voyage conservaient, le reste de leur vie, les marques d'une sombre mĂ©lancolie, ce qui donna naissance Ă  l'expression proverbiale : "II a consultĂ© l'oracle de Trophonius" appliquĂ©e aux personnes dont l'extĂ©rieur Ă©tait grave et soucieux [12].

http://en.wikipedia.org/wiki/Trophonius

Parfois Cercyon est identifié à Sinis, un voleur fameux par son atroce cruauté. Ce scélérat, surnommé le ployeur de pins, se tenait sur les grands chemins, et lorsqu'il saisissait un homme, il l'attachait à deux gros arbres courbés et rapprochés par la cime, lesquels, en se redressant, mettaient en pièces l'infortuné. Deux pins d'Ecosse plantés sur le domaine des Anson près de Shugborough vers 1770 commémorent le tour du monde de l'amiral Anson de 1740.[13]

 


[1] Charles Daremberg et E. Saglio, Le Dictionnaire des Antiquités grecques et romaines, http://www.mediterranees.net/civilisation/religions/mysteres/eleusinia5.html

[2] Charles Daremberg et E. Saglio, Le Dictionnaire des Antiquités grecques et romaines, http://www.mediterranees.net/civilisation/religions/mysteres/eleusinia5.html

[3] Collections des auteurs latins sous la direction de M. Nisard, Firmin Didot frères, fils et cie, 1865

[4] Octave Gréard, Nouveau dictionnaire de pédagogie et d'instruction primaire

[5] http://www.1911encyclopedia.org/Trajan

[6] Dom Antoine-Joseph Pernety, Les Fables Égyptiennes et Grecques, http://www.lescheminsdhermes.org/Livre-d-Alchimie-et-d-esoterisme,444.html

[7] http://www.mediterranees.net/histoire_romaine/empereurs_2siecle/Pline/Panegyrique/Panegyrique.html

[8] Walter Burkert, Homo necans, les belles lettres, p. 345

[9] Louis Petit de Julleville, Histoire de la Grèce sous la domination romaine, 1875, http://www.mediterranee-antique.info/Grece/Julleville/HGDR_15.htm

[10] Jean-François Marmontel, Bélisaire, Merlin, 1767, http://books.google.com/books?id=gWsOAAAAQAAJ&pg=PA191&lpg=PA191&dq=%22trajan%22+%22athenes%22&source=bl&ots=s28c6jyj0Z&sig=LZoWB9-HzOVZvS4WkVIsXoHFCOg&hl=fr&sa=X&oi=book_result&resnum=6&ct=result

[11] Erasme, Collected works, http://books.google.com/books?id=5S9AVhEFi10C&pg=RA2-PA76&lpg=RA2-PA76&dq=agamedes+arcadia+trophonius+stymphalus&source=web&ots=DQzKLCgp9Y&sig=yYz4ZI7qKDM1HUxmfsun2rzNyw4&hl=fr&sa=X&oi=book_result&resnum=5&ct=result#PRA2-PA76,M1

[12] Joseph Fr Michaud, Louis Gabriel Michaud, Biographie universelle, ancienne et moderne, Michaud frères, 1833, http://books.google.fr/books?id=HGRIAAAAMAAJ

[13] http://www.thisismatthew.co.uk/myinterests/walking/hoeway/day1/day1.htm