Partie XVII - Le Prieuré de Sion   Prologue   Roman christique et propagande davidique   
PRIEURE DE SION ROMAN CHRISTIQUE PROPAGANDE DAVIDIQUE

La dynastie de Saül a été remplacée par la dynastie davidique comme la mérovingienne par la carolingienne. Alcuin appelait d'ailleurs Charlemagne "le nouveau David".

L'histoire du massacre de Saül et de ses fils par les Philistins (1 S 31) marque en quelque sorte la fin de ce qui aurait pu être la dynastie salide. De la descendance de Saül il ne subsiste que Mephiboshet, fils de Jonathan, les autres fils de Saül n'ayant de toute évidence pas laissé de descendance. Mephiboshet est estropié et donc disqualifié pour la charge royale. La mansuétude avec laquelle David le traite, permet au narrateur de justifier à terme l'élimination de la descendance de Saül au profit de celle de David. Cette justification se prépare à travers les éléments obscurs qui restent dans l'histoire de Mephiboshet. Au moment où David est obligé de fuir devant l'insurrection d'Absalom, il est présenté par son serviteur Çiva comme se réjouissant de la situation et revendiquant le royaume de son père, ce qui le présente comme une menace pour la dynastie davidique (2 S 16,1-4). Mais quelques chapitres plus loin, Mephiboshet lui-même affirme avoir été calomnié par son serviteur (2 S 19,25-31), ce que David ne semble pas avoir pris en considération. La réponse évasive qu'il lui donne (« Pourquoi discourir encore ? Je le déclare : Toi et Çiva, vous vous partagerez les terres » – v. 30) semble signifier qu'il considère que Çiva dit vrai et qu'il n'épargne Mephiboshet qu'à cause de sa propre bienveillance. Quelles qu'aient été la situation et l'intention de Mephiboshet, le geste de David à son égard (il continue à lui conserver sa bonté) est transformé en une sorte de mise sous surveillance. Ainsi commence le processus d'élimination progressive des candidatures au profit de Salomon (Jean Koulagna, Salomon, de l'histoire deutéronomiste à Flavius Josèphe: problèmes textuels et enjeux historiographiques, 2009 - books.google.fr).

Subsistent, en effet, dans le texte biblique un certain nombre d'indications qui laissent entendre que, sous le règne de David, la descendance de Saül conserva longtemps des partisans qui en faisaient la dynastie légitime et suspectaient donc David et sa famille. Ainsi, Abner, « chef d'armée de Saül », avait-il contribué à établir « roi d'Israël » Ishbaal, un des fils de Saül (2 S 2,811), même si l'aventure se termina deux ans plus tard par l'assassinat d'Abner et d'Ishbaal (2 S 3,22 ss et 4, 1ss). Ainsi, David eut à se méfier longtemps de cette descendance rivale, quitte à prendre sous sa protection un petit-fils infirme de Saül, Meribbaal, le fils de son ami Jonathan (2 S 9,113). Même si l'ensemble de l'histoire de ce premier roi paraît claire aujourd'hui, même si les justifications de sa disgrâce auprès de Samuel et de son rejet de la part de Dieu paraissent s'imposer, nombre d'informations demeurent qui permettent de penser que Saûl fut d'abord un roi à la hauteur d'une situation difficile tant du point de vue de la conscience religieuse et politique d'Israël que du point de vue de la situation locale (Philippe Gruson, Michel Quesnel, La Bible et sa culture: Ancien Testament - Jésus et le Nouveau Testament, 2011 - books.google.fr).

Or l'histoire parle d'un fils, Ishbosheth, qui régna 2 ans (2 S 2,10), et d'un petit-fils, Mefibosheth, fils de Jonathan, ainsi que d'autre encore (2 S 21,7-9). Mais pour le Chroniste, qui mentionne ces détails dans la descendance de Saul (8,33-36 et 9,39-44), cette histoire est définitivement terminée, comme si la maison de Saül n'existait plus (La bible: Traduction oecuménique : édition intégrale, comprenant introductions générales et pentateuque révisés, Société biblique française, Cerf, 2007 - books.google.fr).

Le seul survivant est le fils de Jonathan, Meribbaal (mieux connu sous le nom de Mephibosheth parce que tout au long de 2 Samuel, son nom est confondu avec celui du fils de Saül Mephibosheth) ; 1 Ch 8, 34 et 9, 40 conserve le nom correct. L'histoire décrit David aux petits soins pour Meribbaal à cause de la promesse faite à Jonathan. Ainsi, David restitue sa terre à Meribbaal et l'amène vivre dans son palais à Jérusalem, pour qu'il y « mange toujours à la table du roi » (2 S 9, 13) (Steven L. McKenzie, Le roi David: le roman d'une vie, traduit par Françoise Smyth, 2006 - books.google.fr).

Malgré la propagande davidique, on peut lire dans les premières Paralipomènes (I Chroniques) IX, 40-44 :

Saül entendra Jonathas, Melchisua, Abinadab et Esbaal. Jonathas eut pour fils Meribbaal, qui fut père de Micha. Les fils de Micha furent Phithon, Mélech, Tharaa et Ahaz. Ahaz engendra Jara, et Jara engendra Alamalh, Azmoth et Zamri. Zamri engendra Mosa. Mosa engendra Banaa, dont le fils nommé Raphaia engendra Elasa, duquel est sorti Asel. Asel eut six fils, dont voici les noms : Ezricam, Bocru, Ismahel, Saria, Obdia, Hanan : ce sont là les fils d'Asel (La Sainte Bible en latin et en français accompagnée de préfaces, de disserations de notes explicatives, 1834 - books.google.fr).

Le roman christique continue cette propagande davidique.

Le livre de Baigent, Lincoln et Leigh, L'Enigme sacrée, se place dans cette veine et contredit ce que l'on peut tirer des documents du Prieuré de Sion.