Partie V - Arts et Lettres   Chapitre XL - Section littérature   Rimbaud et Verlaine   

Verlaine, né à Metz en 1844, fonctionnaire à l’Hôtel de Ville de Paris, fréquente à ses débuts les poètes du Parnasse se réunissant dans les cafés. A ses premières œuvres, peu portées à l’expression des sentiments (Poèmes saturniens, Fêtes galantes), succédera une période faite de bonne résolution, malgré l’absinthe, une fois marié. Mais, dès 1871, Rimbaud fréquentera le couple et s’ingéniera à le séparer. Cette même année, Verlaine perd son emploi pour sympathie avec les Communards. Les deux poètes s’enfuiront en Angleterre puis en Belgique où aura lieu la rupture. Dans sa prison de Mons, Verlaine fait un retour au mysticisme de son enfance. Remplissant la fonction de professeur en Angleterre puis dans les Ardennes, il publie Sagesse, « un des plus beaux livres chrétiens de toute la littérature française [1]». Verlaine édicta sa propre doctrine dans l’Art poétique, acte de foi du Symbolisme écrit en 1874 à Mons, où s’affirment la primauté des sens et la prépondérance des sons sans affectation ni éclat. Sa technique invente de nouvelles contraintes comme les vers à nombre de pieds impair : 13, 11 ou 9 dans son Art poétique, avec des coupes inattendues et vivifiantes :

Il n’est pas que vous n’ayez fait grâce

A quelqu’un qui vous jetait l’offense,

Or moi je pardonne à mon enfance

Revenant fardée et non sans grâce.

Verlaine fut un génie entièrement personnel qui « luit d’un éclat sans second dans Les Sanglots longs…, les Fêtes galantes tout entières, la majorité des Romances sans paroles, les lieder de Sagesse et de Parallèlement, et à maintes pages de Jadis et Naguère et d’Amour [2]».

Arthur Rimbaud, né à Charleville-Mézières en 1854, mena une recherche proprement hermétiste par son désir d’unité d’une âme déchirée et la reconnaissance d’une supériorité de la nature qui ne cache rien de sa réalité. Ses lectures probables d’Eliphas Lévi qui demandait à ce que l’on se fasse voyant, pour retrouver l’intimité avec Dieu, le confirmèrent dans la voie du dérèglement des sens pour atteindre un au-delà des apparences.

 


[1] Jean Malignon, « Dictionnaire des écrivains français », Seuil, p. 518

[2] Yves-Gérard le Dantec, « Dictionnaire encyclopédique de la littérature française », Laffont-Bompiani, p. 1053