Et la mer efface sur la sable les pas des amants désunis.
Jacques Prévert
La représentation de l'arbre des sephiroth sur la carte est une empreinte marquée sur le sol qui s'imprime à l'envers.
Kether – Haguenau – Le Bateleur/Le Pendu – 17 novembre/19 mai
Haguenau
Haguenau n'est pas une ville très-ancienne. La date de sa naissance se place entre les années 1105 et 1125. Elle doit son origine au chef de l'illustre et ambitieuse maison de Hohenstaufen, Frédéric-le-Borgne, duc de Souabe et d'Alsace. Sur une île de la Moder, là où s'élève aujourd'hui la caserne, jadis collège des Jésuites, Frédéric construisit un château de chasse. Ce château devait, avec d'autres, former une ligne de défense pour protéger l'Alsace qu'il avait reconquise pour l'Empereur contre les partisans du Pape. Haguenau venait de naître. La forêt sainte, où s'étaient imprimés les pas de saint Arbogast, de saint Dié et d'une foule de pieux solitaires jaloux de se former à leur école, offrait aux poursuites des hardis chasseurs du Moyen Âge un gibier abondant. Le château de chasse fut converti en château impérial par le célèbre Frédéric-Barberousse, fils de Frédéric-le-Borgne, en 1153, et devint une des plus belles œuvres architecturales de l'Allemagne.
Le sceau primitif de la ville nous montre la célèbre Burg impériale de Haguenau, le palais et la chapelle de marbre rouge s'élevant sur un plan à cinq côtés et composé de quatre tours massives, du haut desquelles l'œil dominait la ville et les environs. Ces tours étaient reliées entre elles par des corps de bâtiments assez élevés entre les quatre tours, plus bas sur le devant, où ils se rejoignaient en s'appuyant à la porte de triomphe, ornée d'une immense aigle impériale. Au milieu de ces quatre tours, une cinquième s'élançait, plus élégante, surmontée d'une colombe, symbole du Saint-Esprit. A cette tour s'adossait une chapelle (die ReichsKapellen) à trois étages, dédiée à la très-sainte Trinité; elle était bâtie en marbre rouge et les étages, séparés les uns des autres par des voûtes en briques, formaient chacun un sanctuaire distinct. Dans la chapelle supérieure, que sa structure garantissait contre les atteintes du feu et des voleurs, étaient déposés les insignes de l'Empire : le sceptre, la couronne, le globe globe impérial (Reichsapfel) de Charlemagne et les insignes plus précieux encore et plus vénérables de la Passion de Jésus-Christ, la sainte lance, la couronne d'épines, les clous, une portion de la vraie croix.
Les bourgeois de Haguenau organisèrent des processions et donnèrent des représentations pieuses de la passion de Jésus-Christ; un peuple nombreux de pèlerins fut attiré dans la ville pour vénérer les reliques. Ces trésors, enlevés plus tard par le chancelier de l'empereur, Henri de Scharpfenberg, évêque de Spire, furent transférés au château de Trifels dans le Palatinat et plus tard à Aix-la- Chapelle. La Burg elle-même avec le palais et la chapelle furent détruits dans le cours de la guerre de trente ans, et les débris servirent à élever les murs de Fort- Louis. Haguenau perdit ainsi son monument le plus précieux et, en son genre, le plus remarquable peut-être de l'Allemagne entière (Bulletin, Volume 2, Société pour la conservation des monuments historiques d'Alsace, 1858, Joseph Guerber, Haguenau et la Réforme, 1861).
En 1349, la communauté israélite comptant six familles, n'est pas exterminée par les Haguenoviens, comme ce fut le cas ailleurs, lors de la Grande Peste.
Kether
Dans l’Encyclie de Guy Lefèvre de la Boderie, « la sephira Kether est la couronne mais une couronne entourée d'épines » (Enc, f. 146). Postel écrit en effet dans son Candelabre à propos du Christ : « C'est Mitatron, qui veult dire le gardien du monde esgual à Jehovah, par la divine vertu de ce nom, Henoch et Elie, qui sont deux des principales et plus nobles parties de sa substance sont transportés sans mort. C'est le prince des faces. » (Dominique de Courcelles, D'un principe philosophique à un genre littéraire : les "secrets", 2005).
Hardi hébraïsant et un des premiers hellénistes de l'Allemagne, Jean Reuchlin s'égara plus loin peut-être par les mystères de la Kabbale ; mais il appela de même au tribunal de la papauté des jugements portés contre lui à Cologne et à Mayence. Le procès fut différé par ordre de Léon X [Mandatum de supersedendo — 1515), et puis abandonné par suite des troubles religieux de l'Allemagne; mais l'issue semblait devoir être favorable à celui qui s'apprêtait à défendre l'orthodoxie de ses doctrines.
Les hommes qui ont fondé l'exégèse nouvelle ne sont pas sortis de l'Église ; elle n'a pas désespéré d'eux, et leur science doit lui appartenir dans l'histoire. Jean Reuchlin, qui est mort en 1522, sans avoir passé à la réformation, ouvrit la voie aux travaux d'exégèse sur l'Ancien Testament, comme Érasme, qui n'a pas cessé d'être catholique, a jeté les bases de l'exégèse philologique sur le Nouveau Testament. C'était le but principal qu'il assignait lui-même à ses travaux de grammaire dans sa préface, comme s'il avait travaillé pour la religion et la vraie théologie.
En 1517, à Haguenau, Reuchlin fit paraître un nouvel ouvrage plus sérieux et mieux documenté que le Verbo mirifico, le De arte cabbalitica, que Scholem propose de traduire, non pas par De l'art de la Kabbale mais de la Science de la Kabbale qui contient une exposition plus régulière de la doctrine critique des Hébreux.
Le premier ouvrage de Reuchlin [De verbo mirifico; Basil., 1494, in folio) cherche l'origine de toute philosophie dans les livres hébreux, et montre l'analogie des principaux dogmes chrétiens avec les traditions de la kabbale, posant ainsi les fondements de ce qu'on a appelé plus tard Kabbale chrétienne (Mémoires couronnés et mémoires des savants etrangers, Volume 28, 1856, Maurice R. Hayoun, Gershom Scholem: un juif allemand à Jérusalem, 2000).
Le saint Ă©broĂŻnien
La forêt de Haguenau portait anciennement le nom de Heilige Vorst ou de Sylva sancta, à cause du grand nombre d'ermitages qui s'abritaient à l'ombre de ses chênes. Saint Arbogast était au nombre des cénobites de la forêt dans la seconde moitié du 7e siècle. Vers le même temps, saint Déodat, évêque de Nevers, quitta son évêché et alla fixer son séjour dans le lieu le plus obscur de la forêt. Les deux saints se rencontrèrent et se lièrent, mais bientôt ils durent se séparer, Arbogast pour devenir évêque de Strasbourg, Déodat pour diriger l'abbaye d'Ebersmunster. Dans la forêt on montre le gros chêne mesurant 6 mètres de circonférence, au pied duquel est un petit monument érigé récemment en l'honneur de saint Arbogast, qui vécut dans une hutte voisine (Jacques Baquol, Paul Ristelhuber, L'Alsace ancienne et moderne, 1865).
Tous deux étaient des amis du roi d'Austrasie, Dagobert II (652-679) : Arbogast ressuscita à Rouffach (Rufach) son fils Sigebert, et Florent guérit à Kirchheim sa fille Rathilde, aveugle et sourde-muette (Pierre Zind, Brève histoire de l'Alsace, 1977).
Le Pendu
La présence juive est attestée en Alsace depuis l'an mil. Hors le royaume de France, les Juifs alsaciens n'ont pas à souffrir des expulsions décidées par les rois de France, mais ils sont persécutés lors de l'épidémie de peste noire du XVe siècle et expulsés des villes.
De 1336 à 1339, un mouvement insurrectionnel de paysans pauvres, les Judenschläger ou tueurs de Juifs, mené par un aubergiste surnommé Armleder, fait régner la terreur en Alsace et menace les Juifs.
Ainsi dès le 19 mai 1338, à Colmar même, l'évêque de Strasbourg, plusieurs autres seigneurs, les villes de Strasbourg, Colmar, Haguenau et autres se liguèrent pour se mettre à l'abri des entreprises du fameux Armleder, qui avait reçu du ciel la mission d'exterminer les juifs.
Mais l'époque la plus terrible est celle de la peste noire qui sévit en Europe de 1347 à 1349. En Alsace et ailleurs, les Juifs sont accusés d'avoir empoisonné les puits. Si dans le Comtat-Venaissin, le pape protège les Juifs2, les autorités ne pourront rien faire à Strasbourg, d'autant plus que les représentants des villes impériales réunis à Benfeld avaient décidé d'anéantir (« abzuschaffen ») les Juifs. Malgré l'opposition de « l'Ammeister » (c'est-à -dire du chef des corporations) Pierre Schwarber qui y perdra sa charge, sa fortune et son droit de résidence, la populace menée par les corporations d'artisans prend le pouvoir dans la ville et le 14 février 1349, jour de la Saint-Valentin se livre à la chasse aux Juifs. Ceux qui échappent aux premiers massacres sont rassemblés et jetés dans un bûcher. A la même époque, les Juifs de Colmar sont aussi brûlés vifs au lieu-dit Judenloch (la fosse aux Juifs), nom encore porté par un chemin communal de Colmar.
Même si, après les émeutes, les Juifs survivants qui ont trouvé refuge dans les campagnes alentour peuvent revenir en ville, ces événements marquent la transformation du judaïsme alsacien qui devient rural pour les cinq siècles suivants (fr.wikipedia.org - Histoire des Juifs en Alsace, Bulletin de la Société pour la conservation des monuments historiques d'Alsace, 1863).
Au Moyen Âge, les exécutions capitales contre les juifs étaient particulièrement brutales. Ils étaient pendus par les pieds et on lâchait les chiens contre eux. On trouve une description de ces supplices dans les Annales et Chroniques de Colmar (1296). Des illustrations en sont montrées dans le poème de Thomas Murner Entehrung Maria (1515). Un exemple d'exécution de ce type répond à la profanation d'une image de la Vierge à Cambron en Belgique.
(Mjhurst, www.tarotforum.net).Le Bateleur
Ici, le Bateleur sera un Jongleur, qui suivant la légende était Blondel de Nesle, jongleur du roi Richard-Cœur-de-Lion.
La légende de Blondel a été racontée pour la première fois dans les Récits d'un ménestrel de Reims au XIIIe siècle, dont l'auteur anonyme est parfois un merveilleux conteur, mais dont l'autorité historique est nulle (L'Université catholique, Volume 49, 1905).
Blondel de Nesle (entre 1175 et 1210) poète, trouvère et seigneur du nord de la France, écrivit vingt-quatre chansons courtoises. Il s'attache à Richard Cœur de Lion, roi d'Angleterre, devient son confident et le suit dans toutes ses expéditions. On cite Blondel comme un modèle de fidélité : on raconte qu'après de longues recherches, il découvre la prison où Léopold V de Babenberg, duc d'Autriche, a enfermé le roi anglais, et que c'est en chantant une romance qu'il avait composée avec ce prince qu'il s'en fait reconnaître (fr.wikipedia.org - Blondel de Nesle).
Blondel a été identifié à Jean Ier de Nesle, père de Jean II de Nesle, châtelain de Bruges, bienfaiteur de l’abbaye d’Ourscamp, et qui reçut avec dédicace particulière un exemplaire du Perlesvaus, dont la source latine doit provenir de l'abbaye de Glastonbury
Hochmah – Liège – La Papesse/La Mort – 4 décembre/4 juin
Le saint Ă©broĂŻnien
Le légendaire dit au début de sa narration qu’Hubert abandonna l'Aquitaine pour fuir «ung tyran plain de toute cruaulté, qui s'appeloit Ebroin, guerroyet et oppressoit le royaulme de France. » Ebroin, maire du palais sous les règnes de Clotaire III et de Thierri son successeur, s'était attaché à ruiner le crédit de la noblesse. Son insolence obligea plusieurs des grands de l'Etat, et Hubert fut du nombre, à se réfugier auprès de Pépin, duc d'Austrasie, qui tenait sa cour à Jupille. Ce prince envoya une ambassade à Thierri pour l'engager à rappeler les seigneurs qu'Ébroin avait forcés de s'expatrier. Non-seulement Thierri ne rendit point aux envoyés de Pépin une réponse favorable sur l'objet de leur mission, mais il leur déclara qu'il irait bientôt faire la guerre à leur maître, pour le punir d'avoir osé prendre ouvertement le parti de sujets rebelles. Pépin rassembla sans délai les principaux seigneurs de son duché et les consulta sur la conduite qu'il convenait de tenir dans cette circonstance. Tous conclurent à la guerre et furent d'avis de se porter immédiatement au-devant de l'ennemi. L'ambitieux Pépin n'en demandait pas davantage; il ouvrit la campagne. Les deux armées se rencontrèrent dans les plaines de Testri ; on sait l'issue du combat. Complètement vaincu, Thierri prit la fuite pour échapper à son rival qui le poursuivit jusqu'à Paris, et qui reçut des bourgeois de cette ville sa personne en otage. Le malheureux roi ne conserva plus qu'un vain titre, et Pépin s'attribua, comme maire du palais, un pouvoir souverain. De cette époque datent véritablement l'anéantissement de la race mérovingienne et le commencement d'une nouvelle monarchie en France. Saint Hubert ne fut pas étranger à ces grands événements, puisqu'il contribua, avec les seigneurs exilés comme lui de la cour de Thierri, à brouiller ce prince avec le duc d'Austrasie.
Nos historiens ne sont pas unanimes sur la part que prit saint Hubert à la fondation de la ville de Liège. Suivant ce que nous apprennent la plupart d'entre eux, cet évêque l'entoura de murailles et de tours, créa un tribunal, composé de quatorze magistrats, auquel il déféra les causes criminelles et celles de police. Ce tribunal avait un chef; deux de ses membres, qui se renouvelaient chaque année, exerçaient des fonctions analogues à celles de nos bourgmestres, car ils décidaient de toutes les questions d'administration intérieure. Saint Hubert fixa les poids et mesures, fit frapper une monnaie, sur une des faces de laquelle était représentée l'image de saint Lambert, et détermina la forme du sceau qui devait être appliqué sur les actes publics. Tous les écrivains qui se sont occupés de l'histoire de Liège, ne considèrent pas ces faits comme constants. La question du transfert de l'évêché de Maëstricht à Liège est elle-même fort débattue. Les anciens écrivains s'expriment explicitement, à la vérité, sur ces différents points.
Le P. AEgid. Bucherius qui annota l'histoire des évêques de ce diocèse, commencée par Harigène et continuée par Anselme, dit, en parlant de saint Hubert, qu'il transporta le siège épiscopal de Maëstricht à Liège, où il fonda une église sous l'invocation de saint Pierre; qu'il donna des lois régulières aux citoyens de cette ville; qu'il adoucit leurs mœurs et qu'il établit des poids et mesures pour les objets de consommation (''). On peut citer aussi l'opinion de Ransin, à qui l'on doit d'intéressantes recherches sur les antiquités de l'église de Liège. Suivant cet écrivain, il n'ya nulle apparence que Liège ait existé comme ville, antérieurement à saint Hubert, puisque Usuordus, écrivain contemporain de Charlemagne, qui composa un martyrologe par ordre de ce prince, dit que saint Lambert reçut la couronne du martyr au village de Liège, apud villam Legiam (Édouard Fétis, Legende de Saint Hubert, 1846).
La Papesse
Le traité de Verdun entérina le partage en 843 de l'empire de Charlemagne entre Charles le Chauve, Louis le Germanique et Lothaire Ier. En 855, ce dernier partagea son royaume entre ses fils. Louis II reçut l'Italie, Charles reçut la Provence et le duché de Lyon et Lothaire II reçut l'ancienne Francia Média avec la Frise, l'Alsace et la Bourgogne. Charles régna peu de temps et à sa mort ses frères se partagèrent son royaume. Le royaume de Lothaire II prit alors le nom de Lotharingie. Lothaire II était dans une position difficile entre ses deux oncles Charles le Chauve et Louis le Germanique qui cherchaient chacun à étendre leur royaume. Aussi, lorsque Lothaire II mourut en 869, sans laisser d'héritier légitime, Charles le Chauve accourut-il à Metz pour se faire sacrer roi. Il dut toutefois consentir à partager la Lotharingie avec son frère. Par le traité de Meersen (870), Charles recevait la partie occidentale de la de la Lotharingie avec Toul, Verdun et Liège et Louis le Germanique recevait la partie orientale avec Metz, Trêves, Strasbourg et Cologne. Depuis l'Italie, l'empereur Louis II essaya certes de revendiquer la succession de son frère Lothaire II mais il devait décéder en 875 sans laisser de descendant et c'est Charles le Chauve qui réussit à lui succéder et à se faire couronner empereur. Peu après, à la mort de Louis le Germanique, Charles le Chauve essaya, mais en vain, de s'immiscer dans le partage entre ses trois neveux afin d'accaparer la partie orientale de la Lotharingie. Finalement, Carloman reçut la Bavière et les états slaves qui dépendaient de son père, Louis le Germanique. Ses deux autres frères, Louis le Jeune et Charles le Gros se partagèrent le reste du royaume et en particulier la Lotharingie orientale (Histoire Administrative de la Lorraine, 1982).
« Jean VIII de ce nom ayant prins le surnom d'Anglois.à cause d'un certain Anglois Moine de l’Abbaye de Fulden qui l'aymoit singulierement. Qu'ant à son office à este Pape, mais femme quant au sexe. Estant fille Allemande de nation natisve de Mayence, & premièrement nommé Gilleberte, se feignant estre homme, dont elle en pris les acoustremens, s'en alla avec son amoureux de Moine à Athenes. Auquel lieu comme ainsi soit qu'elle eut excellemment profite en toutes fortes de sciences, apres la mort de son dict amoureux, elle retourna à Rome, tousjour dissimulant qu'elle fut femme. Or pour autant qu'elle estoit d'un esprit fort aigu, & qu'elle avoit la grâce de bien & promptement parlerez disputes, & leçons publiques, & que plusieurs s'esmerveilloyent grandement de son scavoir, chacun sut tellement affectionne envers elle, & gagna si bien les coeurs de tous, qu'apres la mort de Léon IV elle fut elue Pape. Auquel office estant introduitte elle conféra les ordres presbiteraux, à la façon des autres Papes , elle fit des Prestres, & Diacres, elle ordonna des evefques,& Abbez, elle chanta des messes, elle consacra des temples & autels , elle administra les sacremens , elle présenta ses pieds à baiser : & fît toutes les autres choses que les autres Papes de Rome ont coustume de faire. Et ne furent pourtant tous ces actes point estimez de nulle valeur. Durant que ceste femme a esté en cest office Papal, l'Empereur Lothaire Ier s’estant renfermé de soy mesme pour sa vieillesse en un Monastère, son fils Louys second de ce nom Empereur, estant venu à Rome, print le sceptre & la couronne de l'Empire de sa main, avec la bénédiction de S. Pierre. Enquoy faisant, ceste paillarde se monstra avoir telle puissance qu'elle rendit les Rois subiects à soy. De son temps Etelwolph Roy d'Angleterre donna la dixième partie de son Royaume aux Prestres & aux Moines: & depuis Etelbalde son fils espousa Judith sa marastre, veuve de son Pere. Alphonse III regnoit lors en Espagne. Or pendant que ceste Jeane estoit en Estat de Pape, elle fut rendue enceinte par un sien chappellain Cardinal, qui scavoit bien de quel sexe elle estoit. Le jour de l'enfantement approchant, comme elle alloit en procession sollennelle à l'Eglise de Latran, elle acoucha de cest enfant ainsi conceu en paillardise, entre le Colosse & le temple de S Clément, au milieu de la ville de Rome, & mourut la mesme place ainsi qu'elle rendoit son enfant l'an 857, A cause d'un tel forfait, & qu'elle avoit ainsi enfante en public, elle fut privée de tout Honneur qu'on avoit accoustumé de faire aux Papes, & enterrée fans aucune pompe funèbre. Or afin que les Papes samblent avoir un tel forfait en detestation : maintenant en leurs processions ils se destournent de ceste place, où ceste Papesse acoucha » (Jean-François Le Petit, La grande chronique ancienne et moderne, de Hollande..., 1601).
Lothaire Ier se retira au monastère ardennais de Prüm dans le pays de Liège à cette époque, relevant du diocèse de Trêves. Il y meurt le 29 septembre 855. Selon la légende, Louis II, son fils, est couronné empereur par la papesse à Rome. Avec lui, la Lotharingie indépendante disparaît.
En cinquante ou soixante ans, la légende de la Papesse Jeanne se constitue peu à peu, avant de prendre la forme archétypale qui se transmettra par la suite en s'amplifiant et se modulant. Les traces qu'on a crues antérieures à 1250 proviennent d'interpolations tardives (le plus souvent du XIVème siècle), comme l'ont montré de façon indépendante les différents éditeurs ou commentateurs contemporains du Liber Pontiflcalis, de Marianus Scot, de Sigebert de Gembloux, d'Othon de Freising, de Richard de Poitiers, de Geoffroy de Viterbe et de Gervais de Tilbury. Tout commence vers 1250.
Une anecdote ne survit que si elle prend sens, que si elle peut illustrer une vérité générale ; le processus de généralisation le plus immédiat relève de la moralisation. Très rapidement, vers 1260, l'anecdote notée par Jean de Mailly, chroniqueur modeste et obscur, dominicain bourguignon, est extraite de la Chronique de Metz par Etienne de Bourbon, et dressée en exemplum au sixième livre de son Traité des Sept Dons du Saint-Esprit ; la filiation est certaine, puisque les textes sont fort proches et qu'Etienne cite Jean de Mailly parmi ses très rares sources historiques.
Etienne inverse le sens de la formule à 6 P : « Parce Pater Patrum Prodere Partum » (Père des Pères Prends garde de Publier la Parturition de la Papesse), alors que pour Mailly c’est : « Pierre, Père des Pères, Publie la Parturition de la Papesse » (Petre, Pater Patrum, Papisse Prodito Partum).
L'existence exemplaire de la fable dura peu, alors même que la littérature des exempta ne cesse, jusqu'au XVème siècle de se développer par recopiages et emprunts, alors même que le recueil d'Etienne de Bourbon a connu un succès plus grand qu'on ne pouvait le penser10. La seule reprise de l'histoire sur un mode exemplaire se trouve dans l’Alphabetum Narrationum d'Arnold de Liège (encore un dominicain), recueil d'exempla rédigé avant 131011 et dans son adaptation catalane, connue par un manuscrit du début du XVème siècle. Ces deux textes procèdent nettement de la version désormais canonique de Martin le Polonais, mais demeurent exemplaires en leur agencement et leur moralisation, comme le montre le double classement de la fable dans l’Alphabetum, à la rubrique « Papa » et à la rubrique « Mulier ».
Cette interruption de la tradition exemplaire s'explique difficilement, si ce n'est par l'emprise croissante d'un troisième mode narratif, où la thématique pontificale du récit sert à un tout autre dessein que celui d'amplifier une caractéristique morale banale de la nature féminine.
En effet, une autre façon de raconter la fable se rencontre très tôt, vers 1260, mais de façon embryonnaire, dans la Chronique franciscaine anonyme d'Erfurt. [L’]intégration historique, et non plus anecdotique, à l'institution papale se marque nettement dans la version de Martin le Polonais (ou de Troppau), haut personnage de l'Église, dominicain, évêque, chapelain de plusieurs papes, qui achève peu avant sa mort en 1278, une Chronique des Pontifes romains et des Empereurs qui sera la plus répandue des chroniques universelles au XIVème siècle et au début du XVème siècle. Désormais, la papesse se voit dotée d'un nom, d'une origine, d'une date de règne, d'une situation dans la série pontificale : « Après ce Léon (IV), Jean l'Anglais, originaire de Mayence siégea 2 ans, 7 mois et 4 jours. »
On assiste au paradoxal succès clérical d'une histoire anticléricale. L'adhésion officielle de l'Église, au-delà même de la succession narrative continue (assurée surtout par des gens d'Église) se lit clairement : la fable prend place dans l'officielle Vies des Papes commandée par Sixte IV, vers 1471 à Platine, premier bibliothécaire de la Vaticane, pour remplacer l'hétérogène et ancienne collection du Liber Pontificalis ; en 1486, à ce qu'il rapporte dans son Journal, le maître des cérémonies pontificales Jean Burchard veut supprimer le détour commémoratif, lors d'une procession menée par Innocent VIII ; malgré le soutien de l'évêque de Pienza, il encourt la colère véhémente de Rinaldo Orsini, archevêque de Florence. A la fin du XVème siècle, un buste de Jeanne se trouve, à son rang et à sa place, parmi les effigies de papes de la cathédrale de Sienne.
L'Empire paraît avoir joué un rôle capital dans la formation du mythe : c'est au couvent des Dominicains de Metz vers 1255 qu'on en trouve la première manifestation, puis chez Arnold de Liège, chez les Franciscains d'Erfurt, chez Martin de Tropau, et Jean l'Anglais fait naître la papesse à Mayence. Il y aurait lieu de rechercher si le mythe n'a pas pris racine au temps de la lutte de la papauté et de Frédéric II, dans des milieux impériaux hostiles au pape, dans certains cercles faisant écho à 1' « Antéchrist » auquel était assimilé l'empereur. Il conviendrait peut- être de voir comment s'est développée l'image de la « prostituée de Babylone » où à partir d'un certain moment on a vu une allusion à la Curie romaine.
En ce qui concerne les éléments à partir desquels a pu se forger la légende, deux pourraient être prééminents. D'une part, l'iconographie de l'Église elle-même, représentée — par opposition à la Synagogue — sous les traits d'une femme couronnée, tenant la croix et le livre : il aura suffi que la couronne simple soit remplacée par la triple couronne sur son chef pour qu'on identifie cette « papauté » de l'Église catholique avec une « papesse », au moins par plaisanterie de clerc. C'est exactement la figuration de la papesse Jeanne sur la carte de tarot présentée par M. Boureau : assise, couronnée d'une tiare, elle tient de la droite la croix et de la gauche le livre. D'autre part, si on a placé cette papesse au ixe siècle, il y a lieu de penser que cela résulte d'une interprétation sans doute abusive de la situation réelle de la papauté à la fin de ce siècle et au début du Xème, au temps de Théodora la femme du vestiarius pontifical Théophylacte et de leur fille Marozia : celle-ci ne fut-elle pas la concubine du pape Serge III, dont elle eut un enfant au terme même du Liber pontificalis, avant de devenir la maîtresse du pape Jean X qu'elle avait fait hisser sur le trône de saint Pierre, selon le témoignage de Liutprand ? On dit qu'elle gouvernait Rome et, après avoir assassiné Jean X, elle fit investir du pontificat Jean XI le propre fils qu'elle avait eu du pape Serge III. Une émeute romaine, en même temps qu'elle détrônait Jean XI, jeta Marozia dans un cachot où elle disparut (Alain Boureau, La papesse Jeanne. Formes et fonctions d'une légende au Moyen Âge, 1984).
La Mort
Bruno Latini, notaire de la commune de Florence à partir de 1254, est né vers 1220 et mort en 1294. Il a connu l’exil lorsque les Gibelins prirent le pouvoir à Florence. Une copie du Livre du Trésor de Bruno Latini a été exécutée à Liège dans les années 1300-1310. Le deuxième livre s’ouvre sur une miniature du Dit des trois vifs et des trois morts représentés sous la forme de squelettes (Brigitte Roux, Mondes en miniatures: l'iconographie du Livre du trésor de Brunetto Latini, Volume 8 de Matériaux pour l'histoire, 2010).
Dom Gérard van der Stappen (1520-1558) continue d'embellir et agrandir le monastère Saint-Laurent de Liège. Le livre d'heures réalisé pour lui contient aussi un Dit des trois vifs et des trois morts (users.skynet.be - Abbaye Saint-Laurent).
Les représentations de la mort continue avec celle du tombeau d'Erard de la Marck, prince-évêque de Liège de 1505 à 1538, qui a été détruit en même temps que l’ancienne l’église cathédrale Saint-Lambert en 1794. Le Prince-Evêque, de grandeur colossale, placé a genoux sur un stylobate isolé et élevé en avant du sarcophage, était représenté les mains jointes, revêtu de ses habits de chœur, et fixant des yeux, la mort figurée par un squelette ailé, armé d'une faux et tenant a la main un clepsydre dans l'action d'appeler le Prince, en lui montrant sa dernière heure (Messager des sciences historiques, Société royale des beaux-arts et de littérature, 1823).
Antoine Wiertz (Dinant 1806 – Bruxelles 1865), formé à Anvers, à Paris et à Rome, peintre d'histoire aux ambitions démesurées, annonce le symbolisme par son imagination romantique souvent macabre et hallucinée (la Belle Rosine, 1847 ou 1843, musée Wiertz, Bruxelles), avant James Ensor (Ostende 1860 – id. 1949) et Paul Delvaux (Antheit, province de Liège, 1897 – Veurne 1994). Cette toile, inspirée de Schiller, dépasse le romantisme et, tout en prolongeant le motif des Vanités, prend un accent baudelairien. Prix de Rome, Wiertz séjourne en Italie (1834-1837), entre à l'Académie de France et peint Grecs et Troyens se disputant le corps de Patrocle (musée de Liège, esquisse sur bois à Anvers), énorme toile exposée sans succès en 1839 à Paris. Cet échec ramena Wiertz en Belgique, d'abord à Liège avec sa mère, jusqu’en 1844, puis à Bruxelles. En 1850, Wiertz obtint du gouvernement belge un atelier, construit à sa demande sur les plans du temple de Paestum, sous réserve qu'il deviendrait propriété de l'État et serait transformé après sa mort en musée (www.larousse.fr - Wiertz).
Antoine Wiertz, La belle Rosine (1847 ou 1843)
Ceux de ses concitoyens dinantais qui avaient accompli un curieux pèlerinage à la mansarde anversoise, en étaient revenus frappés, comme d'une fantaisie étrange à l'âge des jeunes orgies académiques, de cette tête de mort peinte sur la muraille. Plus tard, on s'arrêtait, parmi les splendeurs de l'atelier bruxellois, devant la folle jeune fille qui, une rose dans la chevelure, contemple le blanc squelette qui s'est appelé la belle Rosine. Bien des fois depuis, l'image de la mort surgit de la riche palette, sous toutes ses faces, empreinte du dédain philosophique de la vie, dans Une seconde après la mort, de désespoirs sans nom dans Pensées et visions dune tête coupée, des larmes de la joie infinie dans On se retrouve au ciel. Avec Inhumation précipitée, l'horreur de la mort, mariée à l'idéal de la terreur humaine, se trouva portraitée dans la vieille femme dont le bras sort, repoussant la tombe vivante.' L'atelier lui-même, avec la demeure englobée de l'artiste, figurait la ruine d'un temple. Il apparaissait aux visiteurs comme la tombe des siècles et des dieux disparus. Partout pour l'hôte le fatal Mémento mori (Louis Labarre, Antoine Wiertz : étude biographique, 1866).
Hochmah comme Sagesse
Liège, source de sagesse
Wazon (980? - 1048), que l'on présume être né au pays de Liège, fut prince-évêque de Liège de 1042 au 8 juillet 1048. Il avait été élevé, depuis son enfance, dans l'abbaye de Lobbes, sous la discipline du savant Hériger. Ses talents le signalèrent à Notker, qui l'appela à Liége, le nomma chapelain et lui confia peu après la direction de l'école épiscopale. Il passa au service de l'empereur Conrad en qualité de chapelain. Il ne tarda pas à gagner l'estime de la cour et les bonnes grâces de l'Empereur qui le consulta fréquemment et le prit même pour arbitre dans mainte cause difficile. Wazon fut un impérialiste ardent à qui l'on prête cette parole: " Si l'empereur me faisait arracher l'œil droit, j'emploierais l'œil gauche pour son honneur et son service. " On raconte qu'en ce temps, certain Israélite, " qui passait pour le plus habile docteur de sa nation, " était fort bien accueilli à la cour à cause de ses grandes connaissances en médecine. Celui-ci, vain de sa science, provoquait souvent Wason a la dispute, et Wason réussit si bien, diton, à le confondre sur des points de la Bible, que l'israélite lui-même s'avoua vaincu.
Adelman, savant clerc de l'église de Liège, remplaça Wason dans l'écolâtrie. Cependant Wason étant revenu à Liège, y fut réintégré dans son décanat, devint archidiacre et prévôt, et succéda finalement dans l'évêché (1042-1048) à son disciple Nithard, en faveur duquel il avait antérieurement refusé la dignité épiscopale. Il semble qu'il se soit attaché à suivre en tout point les traces de Notker en ce qui concerne l'enseignement : même zèle, même dévouement, même libéralité. Aussi la vogue de l'école de Liège se soutint-elle et l'on vit les clercs y accourir de tous les pays.
Anselme compare Wason à un arbuste en fleurs, où les abeilles de diverses ruches venaient puiser le mielleux nectar pour le transporter au loin dans leurs arides alvéoles : il le représente encore comme un autre Salomon qui attirait "à lui des essaims de jeunes gens, avides de le voir et de l'écouter, et lui apportant des dons précieux, comme autrefois la reine de Saba au sage d'Israël. Si grande était sa réputation, que les papes, les empereurs, les évêques avaient recours à ses lumières. La renommée de Liège s'accrut en raison de celle de son prélat, et elle acquit parmi les villes les plus célèbres le nom de Source de sagesse (Sapientiae Fons), et Nourrice des grands arts (Legia Magnarum Artium Nutricula).
Wazon fut enterré dans la Cathédrale Notre-Dame-et-Saint-Lambert de Liège. Sur sa pierre tombale, on pouvait lire : " Ante ruet mundus, quam surgat Wazo secundus " (Le monde périra avant que renaisse un autre Wazon).
En 1025, Réginard, ayant succédé à Durand dans l'épiscopat de Liège, écrivit à Fulbert pour exiger le retour de son diacre Adelman qui avait rejoint l'école de Chartres, qu'il qualifiait de brebis errante. Adelman, qui regrettait peut-être beaucoup de se voir écarté du théâtre des discussions scolastiques, continua à y prendre part de loin, mais ce fut pour combattre les écarts des hérésiarques. C'est ainsi qu'il s'immisça dans la question de la transubstantiation, qui avait conduit Bérenger de Tours à nier la présence réelle; il écrivit à ce sujet une lettre à Bérenger, De veritate corporis et sanguinis Christi in Eucharistia. Adelman s'exila en Allemagne puis en Lombardie où il fut évêque de Brescia en 1050, et mourut en 1062 (Charles Stallaert, Philippe Van der Haeghen, De l'instruction publique au moyen-age (VIIIe au XVIe siècle), 1850, fr.wikipedia.org - Wazon).
Sainte Barbe, fêtée le 4 décembre
Dioscore, le père de sainte Barbe étoit d'ailleurs d'une humeur bizarre, et d'un naturel cruel, ayant toutes les inclinations barbares. Comme il n'avoit que cette fille, en qui Dieu avoit réuni toutes les brillantes qualité, une beauté rare, un génie supérieur à son sexe, et une ame si noble et si amie de la raison, que dès son enfance, on admiroit en elle une éminente sagesse (Jean Croiset, Exercices de pieté pour tous les jours de l'année: décembre, 1804).
Binah – Sion – L’Impératrice/La Tempérance – 20 décembre/21 juin
Carré de Saturne de 3 : année 45
Ere chrétienne
Sous le règne de Claude (41-54 après J.-C.), le Valais est détaché de la Rhétie-Vindélicie pour former une nouvelle province avec la Tarentaise. La voie du Grand-Saint-Bernard, qui semble être dès lors carrossable sur l'entier de son tracé, est sous la dépendance directe de l'Etat. C'est sa situation stratégique primordiale au cœur de l'Empire qui explique l'importance qu'on lui accorde. Elle permet de joindre, par le Plateau suisse et la Gaule septentrionale, l'Italie et la Grande-Bretagne, dont Claude a entrepris la conquête. Ce qui en fait une voie probable et légendaire de Joseph d'Arimathie vers l'Angleterre.
Au pied du col, non loin d'Octodurus, une nouvelle ville, Forum Claudii Augusti est fondée. Capitale de la Vallis Poenina unifiée, elle sera appelée par la suite Forum Claudii Vallensium, "marché de Claude dans le pays des Valaisans" (www.wikivalais.ch - Histoire du Valais), ceci entre 41 et 47 après J.-C.
Selon le Mors Pilati (" Mort de Pilate "), son corps fut d'abord jeté dans le Tibre. Les eaux réagirent si vivement aux esprits malins, que son cadavre fut conduit à Vienne et jeté dans le Rhône. Ici aussi les eaux réagirent et son corps dut être noyé dans le Léman à Lausanne. Selon cette tradition, le corps décomposé fut en dernier lieu enterré au pied du Mont Pilate qui domine Lucerne et le lac des Quatre Cantons.
La légende veut que chaque Vendredi saint, le corps émerge des eaux du lac et se lave les mains.
Selon des traditions divergentes, Pilate se serait ensuite converti et serait mort martyr, ou aurait été puni par Tibère et exécuté. Les églises éthiopienne orthodoxe et copte célèbrent Ponce Pilate comme saint. Selon cette tradition, il se serait converti en secret au christianisme, sous l'influence de sa femme Claudia Procula, née à Narbonne. Ils sont tous les deux fêtés le 25 juin. Un document nommé actes de Pilate (ou Évangile de Nicodème), quoique considéré dès les origines comme apocryphe composé en grec au IVe siècle, a fortement influencé la culture occidentale : il a influencé Robert de Boron dans ses romans portant sur le graal (fr.wikipedia.org - Ponce Pilate).
Ere hébraïque
La conquête du pays de Canaan est décrite dans le Livre de Josué. Dieu encourage Josué à être fort et à s'appuyer sur les lois de la Torah pour conduire le peuple.
Josué est le fils de Noun, membre de la Tribu d'Éphraïm. Il est né en Égypte à l'époque de l'esclavage des Hébreux. Il est témoin de la sortie d'Égypte des Israélites sous la direction de Moïse.
Il assiste Moïse et l'accompagne dans l'ascension d'une partie du Mont Sinaï pour recevoir les dix commandements (Exode 32:17). Il fait également partie des douze explorateurs que Moïse envoie en éclaireurs dans le pays de Canaan. C'est à cette occasion que, précédemment nommé Osée, il devient Josué (Livre des Nombres 13:16, 17). Seuls Caleb et Josué rapporteront des nouvelles encourageantes dans leur rapport auprès du peuple. Ils seront donc les seuls de cette génération à entrer sur la terre promise après que le peuple eut erré 40 ans dans le désert.
Avant de mourir sur la rive orientale du Jourdain, Moïse désigne Josué comme son successeur pour franchir le fleuve, conduire le peuple et lui permettre de conquérir le pays de Canaan (fr.wikipedia.org - Josué).
Binah
Flavius Mithridate était un humaniste, un orientaliste et un traducteur originaire de Sicile, qui vécut en Italie à la fin du XVe siècle. Érudit en religion judaïque, Flavius Mithridate était un ancien Juif converti au catholicisme. Il initia dans la Kabbale le jeune philosophe Pic de la Mirandole (fr.wikipedia.org - Flavius Mithridate).
Il traduisit le Ha-Yeri'ah ha-Gedolah (Grand Parchemin) pour Pic. Ce texte est une exposition de la kabbake mélangé avec les commentaires de Re’uven Sarfatti, situé au milieu du XIVème siècle.
The tenth tale refers to binah within malkut. As stated by the first sentence – “Zion is superior to Jerusalem” – binah (Zion) is on a higher sefirotic level than malkut (Jerusalem). To reach the former, the mystic has to follow a contemplation path that ascends from the lower material level toward pure spirituality. According to the text “he who is outside the land [of Israel] should direct his heart toward the land, until he comes to Jerusalem and Zion. In other words, the mystic who “is outside the land” (that is to say who is still involved in the material world) should concentrate on sefirotic symbolism moving on malkut (Jerusalem) and then moving on binah (Zion). […] In order to escape the temptation of evil and to attain the ultimate goal of contemplating Zion-binah, the mystic has to wear “white garments” (Giulio Busi, Simonetta M. Bondoni, The great parchment: Flavius Mithridates, Latin translation, the Hebrew text, and an English version, 2004).
L’Impératrice
Rodolphe, arrière-petit-fils de Louis-le-Pieux, gouvernait une partie de l'ancien royaume de Bourgogne avec le titre de duc sous Charles-le-Gros. A la mort de ce prince, il réussit à se rendre indépendant et à obtenir la couronne des mains de l’évêque de Sion dans le Valais. Le nouveau royaume qui fut nommé haute Bourgogne ou Bourgogne transjurane embrassait la Suisse occidentale et méridionale avec la Savoie. Forcé d'abord de reconnaître pour suzerain le roi Arnulf d'Allemagne, Rodolphe reprit cependant son indépendance et défendit son royaume contre les Sarrazins, qui, de leur château-fort de Fraxinet, venaient tomber sur la Suisse. Sous son fils Rodolphe II, les Magyares, après avoir dévasté l'Italie, envahirent aussi la Bourgogne : mais ils furent défaits. Rodolphe accepta alors la couronne lombarde qu'on lui offrait ; mais il ne s'arrêta pas longtemps en Italie et renonça à ses prétentions en faveur de Hugues de Provence, qui lui céda la Bourgogne cisjurane. Cette acquisition augmenta la puissance de Rodolphe II qui fixa sa résidence à Arles. Son fils Conrad, qui était encore mineur en arrivant au trône, fut placé sous la tutelle du roi d'Allemagne Othon le Grand, le royaume d'Arles devint ainsi un fief de la couronne d'Allemagne. Sa réunion à ce dernier pays s'accomplit a la mort de Rodolphe III, fils de Conrad. Les rois d'Allemagne joignirent alors à leur titre celui de rois d'Arles.
C’est une longue histoire qui a conduit Otton sur le trône impérial, élevant du même coup son épouse Adélaïde à la dignité d’impératrice. Rappelons-nous que l’impuissance de Louis l’Enfant face aux hongrois conduisit à un changement de dynastie : les Grands firent confiance désormais aux Saxon Henri l’Oiseleur. Celui-ci acheta à Rodolphe II, roi de Bourgogne et père d’Adélaïde, la Sainte Lance dont la pointe contenait une relique précieuse qui donnait à celui qui la possédait la force de vaincre les adversaires du christianisme ; c’est du moins ce que l’on croyait. Il s’agissait en l’occurrence d’un clou de la Sainte Croix. En 933, cette lance porta chance à son nouveau propriétaire qui repoussa les Hongrois sur les bords de la rivière Unstrut. Adelaïde mourut le 16 ou 17 décembre à Selz en 999, et enterrée le 19. Elle est fêtée le 16 décembre (seltzparoisse.free.fr - Adelaïde imperatrice).
Le saint Ă©broĂŻnien
Animé du désir d'une plus haute perfection, il se retira dans le monastère d'Agaune, que l'amour des saintes lettres et de la régularité avait rendu célèbre. Il obtint de son abbé la permission de demeurer dans une petite cellule taillée dans le roc, auprès de laquelle il y avait un oratoire, et que l'on appelle aujourd'hui Notre-Dame du Roc. Quelque temps après, on le tira de sa solitude pour l'employer au service de l'église, et on le plaça, vers l'an 669, sur le siège épiscopal de Sion, en Valais. Thierri III, fils de Clovis II, qui réunit en sa personne toute la monarchie française, fut pendant plusieurs années livré au vice, et maîtrisé par des ministres corrompus. Il est le premier de nos rois qui aient gouverné par les maires du palais, et auxquels on donne le titre de fainéants. Ebroïn, qui exerçait cet emploi, était un des plus méchants hommes qui aient jamais été chargés de l'administration du royaume de France. Il suffit, pour se former une idée de lui, de se rappeler qu'il fut le meurtrier de saint Léger; qu'il persécuta et fit condamner à l'exil un grand nombre de Saints et d'évêques recommandables par leur vertu. Les ennemis de saint Amé profitèrent des dispositions d'un tel roi et d'un tel ministre pour le perdre; ils l'accusèrent de divers crimes dont il était innocent. Thierri, sans examiner si l'accusation était fondée, et sans permettre à l'évêque de Sion de se justifier, l'exila dans le monastère de Saint- Fursy à Péronne. Saint Ultan, qui en était abbé, traita le saint avec beaucoup de vénération. Amé souffrit avec joie cette disgrâce ; il la regarda comme un moyen que Dieu lui fournissait de goûter les douceurs de la retraite, et de suivre son attrait pour les austérités de la pénitence. Jamais il ne fit entendre de plaintes, quoiqu'on eût violé à son égard toutes les lois de la justice. Une seule chose l'affligeait ; c'était de voir son troupeau livré à un intrus, qui cachait la méchanceté d'un loup sous l'habit d'un pasteur.
Après la mort de saint Ultan, saint Mauront, fils de sainte Rictrude et de saint Adalbald fut chargé du soin de garder l'évêque de Sion. L'ayant pris quelque temps avec lui dans le monastère de Hamaye, il le conduisit ensuite à celui de Breuil ou de Merville, qu'il venait de fonder. Il se félicitait tous les jours de posséder le serviteur de Dieu, et il se démit en sa faveur du gouvernement de son abbaye. Saint Amé, encore plus par ses exemples que par ses discours, portait ses moines à la perfection. Lorsqu'il vit la régularité parfaitement établie, il s'enferma dans une petite cellule attenante à l'église, où il mourut vers l'an 690.
Hucbald, moine de Saint-Amand, qui florissait au dixième siècle, assure dans la vie de sainte Rictrude, que saint Amé fut évêque, non de Sens, mais de Sion, en Valais (Sedunensis). Il fut abbé de Saint-Maurice d'Agaune, avant d'être élevé à l'épiscopat, ce qui se prouve, suivant Mabillon, par le catalogue des abbés du monastère, et par celui des évêques de Sion (Alban Butler, Godescard, Vies des Pères, des martyrs et des autres principaux saints, 1824).
Hesed - Ourscamp/noyon – L’Empereur/Le Diable – 6 janvier/8 juillet
Hesed, Miséricorde
Sur l'emplacement d'un ancien oratoire fondé par saint Éloi en 641, l'abbaye Notre-Dame d'Ourscamp fut établie en 1129 par saint Bernard à la demande de Simon de Vermandois, évêque de Noyon, et cousin du roi de France Louis VI le Gros. Elle devint l'un des plus importants monastères cisterciens de la France du Nord. Le nom d'Ourscamp remonte à une très vieille légende; elle veut que saint Éloi, évêque de Noyon/Tournai, lors de la construction de l'oratoire, ait réussi à atteler l'ours qui venait de tuer le bœuf chargé de tirer la charrue.
L'ancienne infirmerie appelée Salle des morts est une salle du XIIème siècle avec trois nefs de neuf travées voutées en ogives. Elle constitue l'unique infirmerie gothique cistercienne en France qui soit intacte. A la tête de chacun des cent lits que comptait l'infirmerie, une niche creusée dans le mur permettait aux malades de ranger leurs affaires. Le soin des malades fait partie des œuvres de miséricorde. Ces Les sept œuvres majeures de miséricorde, énumérées par saint Matthieu, sont d'ordre corporel: " Nourrir l'affamé, abreuver l'assoiffé, accueillir l'étranger, vêtir les malheureux, soigner les malades, et visiter les prisonniers "; "ensevelir les morts " a été ajouté par l'Église vers le XIIIe siècle. Hesed peut vouloir dire aussi miséricorde (fr.wikipedia.org - Abbaye Notre-Dame d'Ourscamp, fr.wikipedia.org - Œuvres de miséricorde).
Satan au Nord, et la Miséricorde : contradiction ?
Le Satan n'est pas "un être foncièrement mauvais, qui s'opposerait à l'homme par instinct de perversité ; il est un ange parmi des myriades d'anges, au service de la justice divine : en accusant Josué devant le tribunal de Dieu, il ne fait que s'acquitter de la fonction que Dieu lui a confiée. Mais pourquoi l'ange de Yahvé doit-il le " réprimer " ? Parce que Dieu veut pardonner à Josué sans exiger le châtiment qu'il aurait mérité par ses péchés. Dans un acte de pure miséricorde, l'ange de Yahvé ordonne que Josué soit dépouillé de ses habits sales et revêtu d'habits somptueux ; c'est le symbole de la purification que Dieu lui accorde : " Vois, j'ai enlevé de dessus toi ton iniquité ". Le Satan est " réprimé " par Dieu, non pas parce qu'il aurait accusé Josué injustement, mais parce que, en bon " accusateur public ", il exige que justice soit faite et que Josué soit puni, et donc soit exclu de toute fonction sacerdotale. [...] Satan représente la justice de Dieu. Toute cette vision a pour but de montrer la victoire de la miséricorde sur la justice. Le Satan ne devient " mauvais ", ennemi de Dieu, que pour autant qu'il veut s'opposer au triomphe de la miséricorde. C'est ce thème que l'on retrouve dans l'Apocalypse de Jean, qui dépend peut-être ici d'un document plus ancien" (Lumière et Vie, Numéros 76 à 80, 1966).
Aboulafia efface l'opposition binaire de la droite et de la gauche en se fondant sur l'enseignement rabbinique qu'il n'y a pas de gauche au-dessus (Cantique des cantiques Rabbah 1:13). Aboulafia emploie ce thème midrashique pour illustrer l'idée que la dichotomie entre Israël et les nations est résolue par une coïncidence des contraires telles que la gauche est la droite et la droite la gauche. Dans un deuxième passage des Sitre Torah, fol. 124a, Aboulafia fait allusion à la transformation du bâton en serpent (qui se fonde sur Ex. 7:10-12) comme au "secret de l'inversion", sod ha-hippukh. Voir aussi le commentaire sur le Sefer ha-Melis, MS Munich-BS 285, fol. 15a: "Et c'est l'esprit de Samael, et sache que son contraire est l'ange, et de lui tu sauras que le miséricordieux est le juge et aussi que le juge est le miséricordieux. Dans ce passage, il ya identification de Samael et de Métatron, du principe de la matière et de l'Intellect agent. Voir ibid., fol. 15a, où Aboulafia exprime la même idée par l'équivalence numérique de ha-sekhel, "l'intellect", et 'ashmadai, Asmodée, qui est l'un des noms de l'être démoniaque (les deux expressions valent 355). Sur la transposition et l'identification ultime des des attributs de la miséricorde et du jugement, voir aussi Sefer ha-Melammed, MS Paris-BN héb. 680, fol. 308a-b; et l'intéressante remarque dans le Sefer-ha-Hesheq, MS NVJTSA Mic. 1801, fol. 34b: "Le secret de la réception du discours divin (sod qabbalat ha-dibbur ha'elohï) est l'élément commun ('inyan meshutaf) entre l'attribut du jugement et l'attribut de la miséricorde."
Pour Aboulafia, c'est "le secret de l'excision de l'alliance de circoncision, couper le prépuce créé par la nature chez l'homme, et il [représente] l'abondance du sang et de la chair dont il faut se défaire, afin que se réalise la [qualité de la] miséricorde. C'est un signe pour que jamais l'on n'oublie d'où vient cet homme et qu'il est chair et sang, et qu'il doit se débarrasser de leur puissance pour les affaiblir, les soumettre et les briser quand il voit qu'ils l'empêchent d'atteindre à la et quand ils seront brisés il atteindra à la perfection."
Dans ce contexte la circoncision s'explique par la nécessité d'affaiblir les éléments physiques de la chair et du sang associés plus précisément au prépuce. La soumission du corps favorise à son tour la perfection véritable de la personne qui est associée à l'intellect et que désigne le terme moralisateur hesed. Bien que cette question ne s'exprime pas ici en termes d'union intellectuelle avec le divin, objectif mystique ultime, c'est précisément une telle conception qui sous-tend le commentaire d'Aboulafia concernant l'affaiblissement de la chair et du sang par l'excision du prépuce. La raison de l'excision du prépuce est de soumettre le corps, ou plus précisément le désir sexuel [Asmodée], et c'est chose nécessaire pour que se réalise pleinement l'intellect, thème qu'Aboulafia ne cesse de reprendre dans ses écrits (Elliot R. Wolfson, Abraham Aboulafia, cabaliste et prophète: herméneutique, théosophie et théurgie, 1999).
Selon Aboulafia, s'appuyant sur une tradition, YHWH serait associé à la miséricorde et Elohim à la justice. Sur l'exemple de l'histoire de Balaam, nous avons considéré, et selon une tradition différente, que c'était l'inverse. Aboulafia identifie l'ange Métatron comme l'intellect agent, la dixième sephira Malkuth, que nous associons à Sandalphon son " frère jumeau " (Kabbalisation du tarot).
Parcours de vie
Cette miséricorde recouvrant Satan peut trouver une autre explication dans un parcours de vie, de l'embryon à la mort et plus. Embryon produit en Marie, pleine de grâce (Hesed aussi), chaos de cellules informe, que l'image d'un diable monstrueux peut symboliser, à la naissance à Bethléem (Ferrières-en-Gâtinais), blessure de la lance à Huriel dont l'ange Uriel recueille le sang, ascension à La Cassaigne (Montalivet). Parcours un peu rapide, mais que ce passe-t-il entre la conception et la mort au " regard " de l'histoire de l'univers ? Pas grand-chose… (Par ce signe tu le vaincras 3).
Carré de Jupiter de 4 : année 136
Ere chrétienne
Environ l'an 132 de l’ère chrétienne, Barcochebas (Simon Barkokba, Bar Kokhba), dont le nom veut dire fils de l'étoile, se donna pour le Messie, s'appliquant l'oracle de Balaam (Nombres ch. XXIV, v. 17) : « Une étoile sortira de Jacob. » L'empereur Adrien envoya un de ses meilleurs généraux, Jules Sévère, en Palestine pour écraser l'émeute; plus d'un demi-million de Juifs y périrent; on prit beaucoup de prisonniers, dont on vendit un grand nombre. Dans la vallée des térébinthes, près d'Hébron, quatre Juifs ne coûtaient qu'une mesure de froment. Défense, sous peine de mort, aux Juifs de demeurer à Jérusalem; plus tard on leur permit à prix d'argent de la visiter et d'y pleurer une fois l'année en un jour déterminé. L'an 136, après l'issue de la guerre, Adrien continua de rebâtir Jérusalem, qu'il nomma Aelia Capitolina ; Aelia d'après lui, car il s'appelait aussi Aelius, et Capitolina d'après Jupiter Capitolin, auquel le temple fut consacré et où il fit placer sa statue et celle du faux dieu. Les Juifs furent contraints de remettre pour l'entretien de ce temple l'impôt des deux drachmes qu'ils payaient pour celui de Jérusalem. Ni sous les Romains, ni sous les Arabes, ni sous les Croisés, ni sous les Turcs, les Juifs n'y ont joui de leur ancienne liberté. Leurs anciens malheurs n'ont jamais autant duré. Leurs diverses oppressions du temps des Juges furent passagères ; la captivité de Babylone dura septante ans, la persécution sous Antiochus fut de trois ans et demi (Jean-François-Daniel Andrié, Troisième livre de lecture à l'usage des jeunes gens et des familles, Volume 2, 1867).
La province romaine de Judée devient "Syria Palaestina", première mention du terme de Palestine comme désignation de la Judée.
Noyon a été récemment jumelé avec Hexham, ville proche du Mur d’Adrien.
Flodoard, dans son Histoire de l'église de Reims, écrite vers 940, mentionne un autre Jérusalem, situé en Noyonnais, sur la rive gauche de l'Oise, et dont il fut question, en un concile tenu à Noyon en 814, à propos de contestations entre les évêques de Noyon et de Soissons touchant les limites de leurs diocèses (Auguste Longnon, Les noms de lieu de la France: leur origine, leur signification, leurs transformations, 1920).
Jacqueste Vasseur, de son vivant docteur en théologie, chanoine doyen de la cathédrale, et auteur des Annales de la ville et de l'église de Noyon. Cette histoire, curieuse par l'esprit pédantesque et les recherches vraiment excentriques de l'auteur, renferme, à côté de quelques faits positifs concernant le pays, une foule d'erreurs vraiment étranges. Quoique cet ouvrage ait été publié dans la première partie du XVIIe siècle, le style en est aussi incorrect que s'il datait de cent ans auparavant, et certains passages, tout sérieusement écrits qu'ils sont, pourraient être comparés aux pages les plus bouffonnes des romans burlesques de la fin du XVIe siècle. Dès le début de son livre, l'historien discute gravement la question de savoir si Noyon ne dérive pas de Noé, qui, dans ses voyages après le Déluge, serait venu des rives de l'Euphrate aux bords de l'Oise fonder une ville à laquelle il aurait donné son nom; et le docte Le Vasseur conclut pour l'affirmative. Vient ensuite une comparaison emphatique entre Noyon et Jérusalem, d'où il ressort évidemment que les deux villes ont été bâties sur le même plan. Du reste, les connaissances en fait d'art, chez le respectable doyen, sont de la force de ses appréciations historiques. Selon lui, la cathédrale, sauf le chœur, a été bâtie par Charlemagne, et il en donne pour preuve irrécusable le tableau placé en la croisée septentrionale de l'église, vis-à -vis du revestiaire [Lieu séparé dans l'église, où les prêtres se revêtent des habits sacerdotaux pour l'office divin], lequel tableau représentait le grand empereur tenant dans une main la boule du monde, et dans l'autre l'église de Noyon avec la nef et les deux clochers (Alphonse Dantier, Description monumentale et historique de l'église N.-D. de Noyon, 1845).
Ere hébraïque
Ehud est le deuxième des juges d'Israël (2556 – 2636). Son histoire est contée au 3e chapitre du Livre des Juges. Il est fils de Guéra, de la tribu de Benjamin.
Il va libérer le peuple de l'asservissement d'Eglon, roi de Moab. Pour cela, il va utiliser la ruse en se présentant pour lui offrir un cadeau muni d'une épée au côté droit. Eglon ne se méfie pas car il ignore que Ehud est gaucher. Dès qu'il se retrouve seul avec le roi, Ehud le tue ; puis sortant du palais comme si de rien n'était, il va rameuter une partie du peuple d'Israël. Cet assassinat donne le signal de la révolte des Benjaminites qui repoussent les Moabites de l'autre côté du Jourdain (fr.wikipedia.org - Ehud, fr.wikipedia.org - Livre des Juges).
L’Empereur
Jusqu'au Xème siècle, la présence royale à Noyon n'est pas un vain mot et, sur l'Oise, nous retrouvons une grande concentration de biens fiscaux et de palais royaux. Au XIème siècle, on l'a vu, courait la tradition d'un palais royal abandonné par Clotaire III, qui devait s'entremêler avec celle qui concernait la tour royale détruite sous Robert le Pieux. C'est à Noyon, où il est mort en 721, que le dernier mérovingien, Chilpéric II, est enterré avec l'autorisation de Charles Martel. C'est à Noyon que Charlemagne est couronné ; tout autant que la situation de la ville sur la voie Paris-Liège-Maastricht, joue sa proximité des palais royaux (Olivier Guyotjeannin, Episcopus Et Comes, Affirmation Et Declin de la Seigneurie Episcopale Au Nord Du Royaume de France, 1987).
Noyon est sur la route de Liège, ou sur le « sentier » de Liège où serait né Charlemagne le 2 avril 742.
Noyon, la capitale de l'empire de Charlemagne ? C’est de Noyon, qu’il part pour mater la révolte d’Hunold, et c’est au cours de cette expédition que le château de Fronsac aurait été construit.
Le Diable
Dans le livre kabbalistique du Bahir, Satan est au nord. Noyon se trouve dans cette situation géographique par rapport à l’arbre séphirotique. Noyon étant la ville du couronnement de Charlemagne et de Hugues Capet, ces deux dynasties sont donc marqués du « signe de Satan », ce sont des dynastie « sataniques » usurpatrices de la « légitime lignée » des Mérovongiens.
Le saint ebroĂŻnien
Éloi de Noyon (Chaptelat, vers 588 - 1er décembre 659), évêque de Noyon/Tournai, orfèvre et monnayeur, il eut une fonction de ministre des Finances auprès de Dagobert Ier. Saint Éloi pour les catholiques est fêté le 1er décembre. À Paris, on commémore le 25 juin la translation d'un de ses bras en la cathédrale Notre-Dame de Paris en 1212. Quoique étant encore laïc, il fut élevé en 640 sur le siège de Noyon. Après son élection comme évêque de Noyon, saint Éloi a passé vingt ans à convertir la population druidique des Flandres et des Pays-Bas au christianisme. Son compagnon saint Ouen le relate dans sa Vita d'Eligius (fr.wikipedia.org - Éloi de Noyon).
La Vie de saint Eloi signale çà et là des tensions, qu'il s'agisse de violents reproches adressés par l'évêque à des membres de la familia d'Erchinoald , frère de saint Adalbald mari de sainte Rictrude, ou encore d'un voyage que l'évêque entreprit de très mauvais gré avec le maire du palais. Au cours de ce déplacement, Noyon eut une vision lui annonçant la mort brutale de son illustre compagnon qui, effectivement, ne tarda pas à se produire. Éloi assista alors Erchinoald dans ses derniers moments, promettant notamment d'œuvrer pour les plus pauvres, ce que le mourant n'aurait guère fait de son vivant. Les relations avec le nouveau maire du palais Ebroïn ne semblent pas avoir été meilleures: un de ses familiers - un vir infaustus qui aurait tenté de qui aurait tenté de s'emparer d'un bois appartenant à l'église de Noyon - fut pour ce motif excommunié par l'évêque et s'effondra foudroyé sur le champ. […] Tout indique donc qu'Éloi s'est opposé assez tôt au petit cercle influent de la cour neustrienne qui l'a marginalisé (Charles Mériaux, Gallia irradiata: saints et sanctuaires dans le nord de la Gaule du haut Moyen âge, 2006).
Gevurah – Rochemaure – Le Pape/La Fouldre – 23 janvier/24 juillet
Tarot et carré magique
Un carré magique de 5 peut s'écrire :
7 |
22 |
5 |
8 |
23 |
6 |
12 |
11 |
16 |
20 |
25 |
17 |
13 |
9 |
1 |
24 |
10 |
15 |
14 |
2 |
3 |
4 |
21 |
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On associe le carré SATOR à ce carré, et on ordonne suivant le carré naturel de 1 à 25 :
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Le saint Ă©broĂŻnien
Selon ce que dit le Martyrologe de Viviers, manuscrit du XVème siècle, abrégé d'un manuscrit plus ancien, saint Arcous ou Arconce (Arcontius), évèque de Viviers, fut massacré, le 8 janvier 659, par des scélérats à la solde d'Ebroin selon les Acta Sanctorum, pour avoir défendu avec zèle les libertés de son Église. Son corps, qui était conservé dans l'église de Saint-Vincent alors cathédrale de Viviers (Analecta bollandiana, Volume 53, 1935, Auguste Prudhomme, Histoire de Grenoble, 1888 Albert Marignan, Jean Georges Platon, Maurice Wilmotte, Maurice Prou, Le Moyen âge, Volumes 40 à 41, 1930).
Le Pape : Innocent III ou Urbain II ?
Les seigneurs d’Adhémar furent entraînés au début du XIIIème siècle dans le conflit qui opposait l'Église et la dynastie toulousaine, dont ils étaient les alliés et les Giraud II et son cousin Lambert II durent remettre à Burnon, évêque de Viviers, leur château de Rochemaure. Celui-ci le leur rendit toutefois en échange de l'hommage féodal. Giraud II était l'époux de Mabille de Marseille, et parents. En juin 1209, alors que les croisés se rassemblaient à Lyon, Raymond VI comparut à Valence devant les légats du pape Innocent III, et leur offrit en gage de soumission sept châteaux. Avec l'entrée en lice du roi d'Aragon Pierre II aux côtés de Raymond VI, les barons rhodaniens relevèrent la tête. Mais la défaite de Muret en 1213 changea le cours de l'histoire : les troupes d'Aimar II de Valentinois et de Giraud II furent battues près de Viviers, et Simon de Montfort vint assiéger Montélimar en 1217. Les Adhémar durent se soumettre à Montfort en personne. À la mort de Simon de Montfort en 1218, les Adhémar reprirent le combat, notamment aux côtés de Raymond VII de Toulouse. En 1227, Giraud II confie à son fils Giraud III le château de Rochemaure ; excommunié par le concile d'Arles, Giraud III conserva pourtant Rochemaure jusqu'en 1248 et le transmit à ses descendants (Michel Riou, Ardèche, terre de châteaux, 2002).
Durant le voyage, Urbain II, en habile diplomate, s'appuie sur les réseaux ecclésiastiques et aristocratiques pour assurer le succès de son entreprise. Ainsi, son étape à Valence s'explique par le fait que l'évêque Gontard est en rapport avec Adhémar de Monteil, l'évêque du Puy, qui est lui-même lié au comte de Saint-Gilles. L'appel du pape semble avoir été entendu en Provence même où la nouvelle de la perte de Jérusalem dut, comme ailleurs, marquer les esprits. Le haut-clergé local est venu en masse à Clermont. Et certains prélats se sont particulièrement investis, tel Guilhem d'Orange envoyé à Gênes par Urbain II, en juillet 1096, pour prêcher la croisade (Damien Carraz, L'Ordre du Temple dans la basse vallée du Rhône: 1124-1312, 2005).
Tiphereth – Huriel – L’Amoureux/L’Etoile – 8 février/10 août
L’Etoile
Le trésor d'Huriel a été découvert en 1904 au Moulin-Gargot par un agriculteur plantant une vigne dans un vase de terre grise contenant plus de 900 monnaies carolingiennes au nom de Charles le Chauve et Charles le Gros qui ont frappées à Bourges et à Nevers, mais aucun denier d'Eudes, le lègue de Charles le Gros parait bien convenir pour la date cherchée. Quelques jours après, dans le même champ, il brisait un nouveau vase renfermant aussi un grand nombre de pièces, 1200, dit-on. Le produit de ces deux découvertes a été mélangé ; il n'ya donc pas de distinction à faire entre les deux trésors. Toutes les pièces, du reste, sont des monnaies carolingiennes du IXème siècle, qui, pour la plupart, sont dans un état parfait de conservation (Memoires, Volumes 29 à 30, Société des antiquaires du Centre, Bourges, 1906).
L'étoile est un symbole ; c'est un signe sacré de toute antiquité. Dès lors, comme les grands types chrétiens, comme le triangle, les sphères, le chrisme, le croissant, le lys, il a dû apparaître en divers lieux en même temps.
Lorsqu'Alain III a gravé l'étoile, en marque centrale, sur ses monnaies, il n'a point emprunté ce type aux sires de Deols. Cette opinion est aussi celle d'un savant numismate, mais par un autre motif.
Ce numismate ne pense pas qu'un puissant duc de Bretagne ait recherché le type d'une monnaie d'une faible principauté et dont la circulation devait être fort restreinte. Ce motif peut avoir sa valeur, mais pour nous, il n'est pas décisif. La véritable raison de décider, est celle que nous avons donnée plus haut. C'est que ce signe sacré, l'étoile, étant dans l'ordre des grands types chrétiens, a dû se produire en divers lieux à la fois, comme une émanation spontanée des sentiments chrétiens.
Le Messie, le Christ était annoncé et attendu depuis le commencement des siècles. Il était la plus vive préoccupation des Juifs. Leurs livres sacrés en témoignent à chaque page : « Atque in te behedicentur universae cognationes terrae. » « Et benedicenda e sint in illo omnes nationes. » « Et non auffertur sceptrum de Judâ et Dux de femore ejus, Donec veniat qui mittendus est et ipse erit expectatio gentium. » (Gen. XLIX, 10.) « Jusqu'à ce que vienne celui qui doit être envoyé, et lui-même sera l'attente des nations. »
Voilà le Messie promis et attendu. Voilà l'espérance des Hébreux. Les prophètes et Moïse, le premier de ces écrivains sacrés, avec quelles images inspirées expriment- ils cette espérance? « Orietur Stella de Jacob et consurget Virga de Israël. » Voilà la parole inspirée de Moïse « Qui novit Doctrinam Altissimi, et visiones omnipotentis videt. » (Num. XXIV, 16,17.) Voilà la parole de Moïse, qui connaît la doctrine du Très- Haut et voit les visions du Tout-Puissant : « Une étoile s'élèvera de Jacob, et cette étoile, c'est le Messie attendu des nations, c'est le Christ qui guidera les peuples vers les destinées divines. » Et le Christ a dit de lui-même : « Ego sum Stella matutina et splendida. »
M. de Longpérier avait touché de bien près à la vérité, lorsque, essayant de remonter aux origines de ce symbole, comme type monétaire, il dit que l'étoile était gravée sur le sceau de Salomon, et que ce symbole était, suivant la croyance des Orientaux, un talisman d'une incroyable puissance. Un talisman! C'était bien autre chose, et surtout une bien plus grande chose.
« Orietur stella de Iacob. » Voilà pourquoi l'étoile était comme un symbole protecteur, recherché des peuples de l'Orient. C'est de l'Orient que devait venir le Messie, l'étoile nouvelle « que Dieu gardait sous son sceau (Job), l'étoile nouvelle que Dieu a envoyée comme un guide céleste à la terre. » Nous voilà aux vraies sources, aux divines origines de ce mystérieux symbole qui nous est révélé par les Saintes- Ecritures. « Je m'en vais faire venir l'Orient qui est mon serviteur, » «-et Orietur vobis sol justiciae. » Ecce vir Oriens nomen ejus! » Voilà la merveilleuse parole de l'Eternel qui fait lever l'étoile de Jacob et germer les gouttes de rosée, « qui gennit stillas roris. » Voilà pourquoi Salomon, s'inspirant de la parole de Moïse, avait gravé sur son sceau l'étoile symbolique.
Voilà pourquoi, non en imitation de Salomon, mais en vertu d'une inspiration chrétienne, ce type apparaît à la fois en divers lieux sur les monnaies des Gaules, acquises par le sang des martyrs, la prédication et les vertus de l'Evangile à la foi de J.-C. (Jean-Marie-R. Lecoq-Kerneven, Traité de la composition et de la lecture de toutes inscriptions monétaires monogrammes, symboles, et emblèmes, 1869).
D'après M. Crochet, ce fut Eudes qui, le premier des princes de Déols, frappa pour lui-même les monnaies que ses prédécesseurs faisaient battre pour le roi. Il aurait adopté, comme signe distinctif de ses monnaies, une sorte d'étoile évidée à cinq pointes, et comme formée d'un seul trait continu se repliant angulairement sur lui- même. Plus tard, à partir de Raoul VI, l'étoile se forma de deux triangles enlacés, et présenta dès lors six pointes. M. Crochet semble regarder ce signe comme un souvenir traditionnel, comme une marque ou une distinction toute locale. Cette observation n'est peut-être pas exacte, l'étoile à six pointes des monnaies de Déols et d'Issoudun se faisant aussi remarquer sur des monnaies royales ou baronales étrangères à nos localités, et notamment sur quelques pièces carlovingiennes, parmi lesquelles je citerai ici un sou de Charles le Simple (Compte rendu des travaux de la Société du Berry à Paris, Volume 5, Société du Berry, Paris, 1857).
On trouve pour Eudes l’Ancien sur ses monnaies : H I entre une croisette substituant Alpha et un Oméga = « Iesus-Christus Alpha et Omega. » ainsi qu’une étoile à cinq pointes, plus tard à huit pointes (comme l’Etoile du tarot) — « Christus Stella matutina et splendida. »
L'Amoureux
La lame de l'Amoureux est la sixième et correspond à la lettre waw.
Le Nom de Jésus avait à date archaïque un autre symbole que le tav : le waw. En effet, il est composé de six lettres. Or la lettre waw est la sixième de l'alphabet grec archaïque. Elle a disparu de l'alphabet. Mais elle a subsisté dans la liste des nombres. Les gnostiques faisaient des spéculations sur cette curieuse propriété. M. Dupont-Sommer a montré en effet que, sur une lamelle aramaïque chrétienne, le waw désignait le Nom de Dieu, c'est-à -dire le Christ (Jean Daniélou, Les symboles chrétiens primitifs, Seuil, 1961).
Christ amoureux
Saint Bonaventure, aussi, était exubérant quand il développait le thème de l'amour, en particulier comme une vérification de la doctrine de l'Assomption corporelle. Le dogme était un sujet de débat considérable à cette époque, en particulier entre les Franciscains et les Dominicains. Les arguments que Bonaventure présente dans ses sermons affirment que Marie, la fiancée du Christ, fut élevée comme un tout (un composé d'âme et de corps) ; elle fut fiancée et transférée dans la chambre céleste du Roi. Bonaventure aussi écrivit un commentaire sur le Cantique et il décrit la façon dont l'âme se prépare à l'élévation spirituelle par la dévotion, l'admiration et l'exultation, sur la base de passages tirés du Cantique. Dans son enthousiasme il décrit la passion du Christ amoureux comme si extatique que l'âme se dissout dans l'étreinte amoureuse. Il définit le lien entre mère et fils, entre mari et femme, entre Dieu et le Fidèle, comme infiniment doux et infiniment désirable. Et alors, afin qu'il n'y ait pas de malentendu, il rappelle immédiatement au dévot que dans cet exercice on doit déraciner l'amour des créatures et tourner son cœur vers l'Epoux lui-même. Le don de Rédemption viendra (Bonaventure le promet) à tous les fidèles quand, eux aussi, ils auront été " mariés au Christ avec un amour chaste ". Cela avait préparé la voie pour l'image de Cimabue qui représente un couple d'amants montant avec grâce au ciel, accompagné, salué et entouré d'une théorie d'anges. A travers cette figuration chargée d'émotion, il mêle la sexualité humaine aux dons divins de l'amour spirituel. La corporalité accentuée de son style rend manifestement visible que le Christ est venu sur terre pour chercher Marie, qu'elle a été enlevée au ciel avec son corps et qu'elle été unie à son époux dans un mariage céleste pour l'éternité.
Selon HJS Ennis, Bonaventura (1274-1974), Rome, 1974, 4, p. 129-45, Bonaventure voit la " signification réelle du sacrement du mariage d'un double point de vue d'union dans l'amour. Il le considère d'abord comme un signe de l'union d'amour entre le Christ et Son Eglise ; ensuite il y voit le reflet de l'union des deux natures divines et humaines dans la personne du Christ (Christian Mouchel, Colette Nativel, République des lettres, République des arts : mélanges offerts à Marc Fumaroli, 2008).
Rien dans le schéma, pour l'instant, ne présente un lien entre Jésus et Marie-Madeleine.
Netzah – La Ferté-Bernard – Le Chariot/La Lune – 25 février/26 août
La Ferté-Bernard
La naissance de La Ferté-Bernard résulte de la création d'un site défensif, au sein de la vallée marécageuse de l'Huisne et à proximité d'un carrefour de voies anciennes, dans le cadre des luttes féodales entre seigneurs du Maine et du Perche au XIème siècle. Ce n'est qu'au sortir de la guerre de Cent Ans que la ville acquiert sa physionomie urbaine. Au XVIème siècle, elle bénéficie d'un essor économique important avec à la tête de la seigneurie les ducs de Guise.
La Ferté, dont le nom, Firmitas ou Feritas, signifie forteresse en latin du Bas Empire, a compté parmi ses seigneurs des personnages célèbres à différents titres dans l'histoire nationale: elle appartint d'abord aux comtes du Perche. Son premier seigneur, Avesgaud, trentième évêque du Mans, vivait de 994 à 1035. Les discussions d'Avesgaud avec Herbert, Eveille-chien, l'obligèrent deux fois à se réfugier dans son château, où il mourut au retour d'un pèlerinage en Palestine. Il eut pour successeur Bernard Ier, qui donna son nom à la ville. Celui-ci signa, vers 1060, l'acte de fondation du prieuré de Ceton dans le Fertois, puis accompagna Guillaume- le Conquérant en Angleterre. Robert Wace, dans son roman de Rou, cite le sire de La Ferté comme un de ceux qui maint Anglaiz uni a parenté.
Un autre Bernard, IIème du nom, fondateur de l'abbaye de la Pelice sur les bords de l'Huisne, reçut dans son manoir Louis VII, roi de France, et Henri II, roi d'Angleterre, réunis pour poser les bases d'un traité qui fut signé à Montmirail le 6 janvier 1168. Il fallait que La Ferté-Bernard fût dès lors une place importante, car, onze années plus tard, on la désigna pour une entrevue de laquelle dépendait le sort de la chrétienté. Les querelles de Henri II avec Richard-Cœur-de-Lion, son fils, dont Philippe-Auguste avait embrassé le parti, suspendaient la réalisation d'une croisade projetée. Le pape Clément III intervint pour le rétablissement de la paix, et son légat, le cardinal d'Agnani, détermina les deux souverains à s'en rapporter à l'arbitrage des archevêques de Reims, de Bourges, de Rouen et de Cantorbéry. Les rois de France et d'Angleterre, Richard-Cœur de-Lion, le légat, les prélats, se trouvèrent à La Ferté- Bernard, le jour de l'octave de la Pentecôte, l'an 1189, avec une nombreuse suite de chevaliers, de barons et de gens d'armes. Pendant les Rogations, le cardinal d'Agnani, corrompu par Henri II, menaça de mettre la France en interdit. Philippe- Auguste, indigné, rompit les conférences, et s'empara de La Ferté-Bernard, qui avait encore la glorieuse épithète de non polluta. Jusqu'à cette époque, les sires de La Ferté-Bernard n'avaient pas souffert qu'on bâtit auprès de leur forteresse, de peur d'en faciliter l'approche aux ennemis. Quelques maisons construites au nord-ouest du château en étaient séparées par un terrain vague, appelé la Lice, qui servait aux manœuvres et aux a monstres. » D'autres habitations s'échelonnaient à l'est, sur le coteau de Saint-Barthélemi, que traverse aujourd'hui la route royale de Paris à Nantes. A la fin du XIIème siècle, ce faubourg fut lié au manoir parla rue du Bourg- Neuf. Des bastions, des tours, des remparts de dix-huit pieds d'épaisseur, complétèrent les défenses de la ville, naturellement protégée par les nombreuses ramifications de l'Huisne. En môme temps, les manants obtinrent l'autorisation de se constituer en communauté, et d'élire un capitaine, lieutenant du gouverneur, quatre échevins, un syndic, un greffier, deux gardes et un tambour.
Vers 1317, Bernard V, de La Ferté, vendit son domaine à Amauri de Craon. Pierre de Craon, petit-fils de l'acquéreur, encourut la peine de la confiscation pour avoir tenté d'assassiner le connétable de Clisson. L'amiral Jean de Vienne, chargé par Charles VI d'aller prendre possession de La Ferté-Bernard, chassa demi-nues de leur demeure Jeanne de Chatillon, femme du proscrit, et Marie sa fille unique. Le roi donna la terre de La Ferté à Louis de France, duc d'Orléans, et, après la mort de ce dernier, à Marie de Blois, veuve de Louis Ier d'Anjou, créancière du sire de Craon. Louis II d'Anjou devint, en 1411, premier baron de La Ferté-Bernard. Sous son fils, Louis III, les Anglais, conduits par Salisbury, assiégèrent La Ferté-Bernard ; la place se défendit quatre mois, et ne se rendit que lorsqu'elle eut perdu tout espoir d'être secourue. Son brave gouverneur, Louis d'Avaugour, détenu par les assiégeants au mépris de la capitulation, sauta dans l'Huisne par la fenêtre de sa prison, et se réfugia à Sablé (1424). L'année suivante, la ville fut reprise en un seul assaut par Ambroise de Loré.
C'était le temps où la lutte de la France contre la Grande-Bretagne allait devenir décisive: pendant l'une des courtes intermittences de la guerre, un combat en champ clos eut lieu à La Ferté-Bernard, en 1432, entre un gentilhomme fertois, dont le nom est resté inconnu, et un anglo-normand nommé Lepeintre. Guillaume de Vignoles, frère du chevalier La Hire, était l'un des juges du camp; ce fut Lepeintre qui succomba. Les Anglais firent des tentatives réitérées pour surprendre La Ferté- Bernard, même après la paix de 1444; ils trouvèrent constamment la population sous les armes. Suivant la tradition locale, ils allaient un jour pénétrer dans la ville par la porte du chemin d'Orléans, quand une statue de la Vierge, placée dans une niche, les mit en fuite en s'écriant : « Arrêtez, adversaires ! » Ces mots furent gravés sur une croix sculptée en relief dans la muraille. La porte d'Orléans a été abattue en 1823, mais on a conservé, sur son emplacement, une image de Notre-Dame; et l'on fait encore tous les ans, le dernier dimanche d'octobre, la procession instituée en commémoration du miracle. Tel était d'ailleurs le patriotisme des habitants, qu'ils pouvaient se passer d'une intervention surnaturelle. Louis XI les récompensa de leur dévouement, en confirmant par lettres-patentes, données à Tours le 19 décembre 1461, les privilèges qui leur avaient été accordés par les rois ses prédécesseurs. Il déclare que « la ville étant une des clefs du pays du Maine et des marches de Normandie, d'une grande résistance aux Anglais, c'est pour en réparer les fossés, murailles, boulevards et autres emparements, qu'il lui confirme ses privilèges, droits et exemptions. »
D'origine militaire, La Ferté-Bernard n'avait encore d'autres édifices religieux que des chapelles insuffisantes. Jusqu'au treizième siècle, on l'appelait Notre-Dame des Marais, parce que, dans le principe, elle n'avait été qu'une modeste église élevée en 1020, au milieu des marais, entre deux bras de la rivière de l'Huisne, par Avesgaud, évêque du Mans, seigneur de Bellème. Longtemps elle dépendit du bourg de Cherré, dont le curé est nommé, dans un titre de 1281, rector Feritatis Bernardi. On projeta de la remplacer par une église plus grande et sur un sol plus favorable. Dans cette vue, on transporta ailleurs avec grande, solennité la statue vénérée; mais le lendemain cette statue s'étant retrouvée à sa première place, on se "décida a bâtir au même endroit une nouvelle église: on poussa les travaux avec activité, et le 8 avril 1367, elle fut non-seulement achevée, mais érigée en église paroissiale. Les habitants mirent toute leur confiance dans la patrone à qui ils venaient d'ériger un sanctuaire. Cela entraine l'ouverture d'un chantier de reconstruction de l'édifice retardée par la guerre de Cent Ans, les travaux débutent vers 1450, mais il faudra attendre un siècle et demi pour construire une église dont les dimensions sont hors de proportion avec les besoins de la population, celle-ci n'excédant pas mille habitants. L'ouvrage de structure gothique est définitivement achevé en 1624. Son décor extérieur est enrichi d'ornements de style Renaissance mêlant les évocations religieuses comme l'Ave Regina Coelorum, et le Regina Coeli Laetare sur le garde corps, et le répertoire ornemental italien associé aux surprenantes images profanes, comme ces personnages figurant les planètes, Saturne, Vénus, ....la lune et le soleil. Le caractère exceptionnel de Notre-Dame des Marais est lié à l'émulation entre les donateurs du chantier. On en fit un des plus beaux édifices consacrés dans le diocèse à la Mère de Dieu. On ne pourrait dire ses innombrables richesses artistiques du dedans et du dehors, ses feuillages sculptés, ses mille statuettes, ses belles verrières, ses ciselures de toute espèce, toutes ses merveilles enfin qui forment comme antant d'hymnes de pierre, de bois ou de verre, à la gloire de Marie. C'est une église sans modèle et sans copie, une sorte de poëme épique, où la dernière époque du style ogival se marie aux splendfdes illustrations dela renaissance. Des inscriptions sans fin ycélèbrent les gloires de la Mère de Dieu, qu'elles appellent martgrum Constantin, apostolorum magisterium, patriarcharum Jtdes, evantjelica puritas, materna dignitas, virginum constantia, virga Jesse, oliva speciosa, fons signatus, hortus conclusus, turris David, domus Dei, porta cœli, domina angeloruni, regina cœli, civitas Dei, etc.
A l'époque où les Fertois témoignaient par cette construction de leur zèle pour la foi catholique, leurs seigneurs défendaient la religion nationale contre les envahissements de l'hérésie. La baronnie de la Ferté-Bernard était échue par héritage à la maison de Lorraine. Le marquisat de Mayenne, constitué en faveur de Claude de Lorraine, premier duc de Guise, comprenait les trois baronnies de Mayenne, de Sablé, et de La Ferté-Bernard. Tout puissants dans la contrée, les ducs de Guise, François et Henri le Balafré, entretenaient les habitants dans l'horreur du schisme, et enjoignaient aux gouverneurs de sévir contre les protestants. Lorsque l'armée calviniste, chassée du Mans le 11 juillet 1562, se retira en Normandie, un grand nombre de partisans de la reforme tombèrent sous les coups de la population fanatisée. Henri-le-Balafré céda le marquisat de Mayenne à son frère Charles de Lorraine. Pendant que ce chef de la Ligue disputait à Henri IV le chemin du trône, le gouverneur qu'il avait laissé à La Ferté-Bernard, Dragues de Comnènes, de la famille des empereurs d'Orient, soutenait avec une pareille énergie la cause de la Sainte- Union. Henri IV, en se rendant au Mans, que bloquait le maréchal de Biron, reconnaît La Ferté-Bernard ; mais jugeant, avec raison, que le siège en serait long et difficile, il marche directement vers le chef-lieu de la province, et charge le prince de Conti d'investir la capitale du Fertois. Le 18 avril 1590, les troupes royales campent sur les coteaux voisins. Elles livrent successivement deux assauts à la place, le 6 et le 14 mai, et sont repoussées par les habitants, qui combattent sur la brèche avec la garnison. Pendant le siège, Dragues de Comnènes fit déguiser deux cents soldats en paysannes et leur ordonna de s'approcher, sous ce travestissement, d'un poste commandé par René de Bouille, capitaine de cent hommes d'armes. Celui-ci se tenait sur la défensive; il devina le stratagème et reconduisit rudement dans la place les prétendues paysannes. « Le Manceau a été plus fin que le Grec, dit Henri IV en apprenant cette escarmouche ; je l'ai toujours connu pour aussi avisé que valeureux » C'est au déguisement imaginé par le Grec, qu'on attache l'origine de cette locution proverbiale : « Des agnelles de La Ferté, il n'en faut que deux pour étrangler un loup. » Comnènes, obligé enfin de se rendre, obtint une honorable capitulation de l'estime des assiégeants.
Durant les troubles de la minorité de Louis XIII, l'armée des princes, commandée par le duc de Beaufort, ravagea le Fertois, sans pouvoir s'emparer de la ville qu'occupait, pour le roi, Charles de Valois comte d'Auvergne, fils naturel de Charles IX. On s'entretient encore avec terreur dans le pays des violences exercées par les Beauforts. Le duc de Mayenne avait fait ériger la baronnie de La Ferté-Bernard en pairie, et l'avait donnée en-dot à sa fille Catherine, qui épousa en 1599, Charles de Gonzague, qui vendit la terre à Georges de Brancas, duc de Villars, lieutenant- général au duché de Normandie (1627). Le duc, afin de se concilier ses nouveaux vassaux, donna des fonds pour la reconstruction de la rue du Bourgneuf ou rue Brûlée, entièrement détruite par un incendie, le 6 septembre 1624. Louis XIII vint aussi au secours des Fertois. Il s'en faut de beaucoup que la duchesse de Villars, née d'Estrées, dont la municipalité fertoise possède un portrait équestre, ait laissé d'aussi agréables souvenirs dans le pays. D'une humeur altière et cruelle, elle faisait jeter dans les oubliettes du château quiconque résistait à ses volontés. Elle aimait à faire à cheval le tour de la ville sur les murs d'enceinte, et montrait, dans le corps d'une femme, les inclinations d'un soldat. Le cardinal de Richelieu acheta, par décret sur le duc de Villars, la terre de La Ferté-Bernard, et obtint confirmation de la pairie par lettres-patentes du 13 janvier 1642. La baronnie-pairie resta dans cette famille jusqu'à la révolution. Un hôpital placé sous l'invocation de Saint-Julien existait, depuis un temps immémorial, dans le faubourg septentrional de La Ferté. Au mois de septembre 1787, un autre établissement de bienfaisance, un bureau de charité, fut créé par les soins d'un Richelieu, le duc de Fronsac (notre Fronsac), qui souscrivit, comme seigneur de la ville, une somme annuelle de trois cents francs, et établit, dans une salle de son château, un atelier pour les jeunes filles pauvres. M. Le Franc des Fontaines, abbé commendataire de la Pelice, s'engagea également à secourir l'institution naissante Pendant la cruelle disette de 1789, il fit venir du riz des villes voisines, et abandonna à la municipalité une créance de six mille livres.
Lorsque la féodalité fut renversée, le seigneur de la baronnie était Armand Emmanuel du Plessis, duc de Richelieu, depuis duc et pair, et ministre des affaires étrangères et président du conseil sous le roi Louis XVIII. La Révolution fit de la Ferté-Bernard le chef-lieu d'un district et d'un tribunal civil, mais elle priva les habitants d'une branche de revenu considérable, en supprimant son grenier à sel. La Ferté-Bernard n'en accueillit pas moins avec enthousiasme les principes de 1789 et même ceux de 1793 (Aristide Matthieu Guilbert, Histoire des villes de France, 1844, André Jean Marie Hamon, L'histoire du culte de la Sainte Vierge dans les provinces ecclésiastiques de Bordeaux, Tours et Rennes, Volume 4, 1864, www.fontainesdefrance.info - La Ferté Bernard).
Le Chariot/La Lune
Nous avons vu que ces lames avaient rapport avec VĂ©nus : Kabbalisation du Tarot : le Chariot et la Lune.
La sainte Venisse de Ceton, aux confins de l'Orne et de la Sarthe, tout proche de La Ferté-Bernard, environnée de lieux-dits « La Rouge », et « Le Château-de-Mondragon », pourrait bien avoir à faire à ce dragon de La Ferté, maître des eaux, doublé d’une figure énigmatique de sirène.
Notons que les lieux de culte de sainte Venisse coïncident également avec des toponymes évoquant le culte de sainte Colombe (ou de colombes), de sainte Cécile , de saint Nicolas. Le rapprochement de sainte Venisse et de sainte Cécile (Saint- Pierre-du-Tronchet ) ou de saint Nicolas (La Roche-Mabille), peut se faire par l'usage (diversifié dans chaque cas) du cuveau.
Les colombes sont les habituels attributs de Vénus déesse de l'Amour et de la Fécondité, dont Sainte Venisse est jusqu'au XVIème siècle la représentante christianisée. Venisse-Vénus, sortant des eaux, entourée de roses et de colombes, est une figure qui se rapproche de la sirène à peigne et miroir telle qu'elle apparaît à Bayeux et à La Ferté-Bernard, où elle symbolise aussi la figure du dragon.
Tout aussi exemplaire que celui de la gargouille de Rouen, quoique moins célèbre, est le cas de la velue de La Ferté- Bernard, près du Mans (Sarthe), dont la légende datée du XVème siècle, a été renouvelée – et romancée - par les folkloristes du XIXème siècle. Cette velue est encore un dragon médiéval au nom évocateur non plus cette fois de son aspect dévorant comme la gargouille, mais de son aspect sauvage (rappelant l'étymologie biblique du nom des sirènes) (Françoise Clier-Colombani, La fée Mélusine au Moyen Âge : images, mythes et symboles, 1991).
26 août
Pierre de Craon était seigneur de la Ferté-Bernard par son père Guilluame Ier, lui-même l’ayant acquise par mariage avec Marguerite de Flandre, vicomtesse de Chasteaudun, fille puînée de Jean de Flandre, seigneur de Nesle et de Tenremonde, vicomte de Chasteaudun. Pierre de Craon est donc le descendant de Baudouin IX de Hainaut, empereur de Constantinople, par Marguerite de Flandres sa fille, probable Flamenca du roman du même nom.
Il s'attacha au duc d'Anjou, qui marchait en 1384 à la conquête de royaume de Naples. Ce prince n'avait pu retenir la multitude de guerriers qui suivaient sa fortune, qu'en épuisant son immense trésor formé des dépouilles de la France. Il dépêcha vers son épouse Craon, qui en reçut des sommes considérables, et qui, au lieu de les porter au duc d'Anjou, les dépensa follement à Venise, dans le jeu et la débauche, tandis que l'armée française était assiégée par la famine et par les maladies (fr.wikipedia.org - Pierre de Craon).
Pierre de Craon, l'ancien favori du roi, avait été exilé de la cour. Persuadé que c'était Clisson qui l'avait desservi auprès de son maître, il n'hésita pas à attaquer le connétable, un soir que celui-ci rentrait fort tard à son hôtel. Surpris avant d'avoir pu porter le coup mortel à son ennemi, le meurtrier laissa sa victime noyé dans le sang et s'enfuit précipitamment de Paris.
Le 13 juin 1392, jour de la Fête-Dieu, Clisson avait soupé avec le roi, Craon le savait. Il envoya Jamet Le Moyne, un de ses serviteurs, à l'hôtel Saint-Paul, pour épier Clisson et, ce qui paraît incroyable, Le Moyne entra jusque dans la chambre du roi pour s'assurer de la présence du connétable. Il revint ensuite informer Craon que Clisson partait monté sur une mule, et accompagné de cinq hommes à cheval. Les chevaux des conjurés étaient tout prêts à l'hôtel du Chariot [alors que Craon logeait à l’hôtel royal de Putimusse]. Craon n'avait pas dit à ses hommes qu'il voulait tuer le connétable; il leur avait seulement annoncé l'intention de le prendre et de l'amener au duc de Bretagne. Il ne se découvrit qu'au dernier moment. En sortant du Chariot, Bonabes de Tussé lui demanda ce qu'il faudrait faire si Clisson ne pouvait être pris. Nous le tuerons, répondit Craon1. Ils attaquèrent le connétable à neuf heures du soir, (rue Saint-Antoine, entre la rue Saint-Paul et la rue Culture Sainte-Catherine ?) lorsqu'il sortait des jardins de l'hôtel Saint-Paul, et le blessèrent à la tête et au fondement. Clisson dut son salut à son courage et à la retraite qu'il trouva dans une maison, soit qu'il fût tombé dans une porte entr'ouverte, comme le dit Froissart (ce qui expliquerait la seconde de ses blessures), soit qu'il ait pu s'y sauver et monter un escalier, comme l'avance un auteur contemporain cité par Denys Godefroy. Ce dernier auteur dit que les passants accoururent à son secours en entendant crier au meurtre (Craon (princesse de), Mémoire sur Pierre de Craon, 1860).
Le 14 juin, le roi prescrivait son arrestation ; le 1er juillet, on procédait à la saisie de la Ferté, on y trouva des richesses immenses et Jeanne de Châtillon, sa femme, et sa fille, en furent chassées ignominieusement, dénuées de tout ; le 18 juillet un mandement de Charles VI attribuait au duc d'Orléans la propriété des biens confisqués sur Pierre de Craon et sur ses complices, dont la valeur devait venir en déduction de quatre mille livres de rente que le roi avait promises à son frère.
Clisson, guéri de ses blessures, en appela de nouveau à la justice du roi qui donna l'ordre au duc de Bretagne de livrer Pierre de Craon. Ce gentilhomme s'était enfui depuis longtemps en Espagne. Mais Jean, trop fier pour descendre jusqu'à une justification, refusa d'indiquer la retraite du meurtrier. Indigné d'un tel refus, Charles VI, quoique atteint d'une maladie cruelle, se mit à la tête de son armée et marcha vers la Bretagne. Le 5 août, à un quart de lieue de Sablé, Charles traversait la forêt du Mans, peu accompagné, parce qu'on s'était écarté pour qu'il ne fût pas incommodé de la poussière. Tout-à - coup un homme en chemise, la tête et les pieds nus, s'élance d'entre deux arbres, saisit la bride du cheval, et crie d'une voix rauque : Roi, ne chevauche pas plus avant ! retourne, tu es trahi ! Il tenait les rênes si fortement, qu'on fut obligé de le frapper pour le faire lâcher; mais on ne songea ni à l'arrêter ni à le poursuivre, et il disparut. Après le premier moment d'effroi, le roi ne dit mot; on remarqua seulement de l'altération sur son visage, et dans son corps une espèce de frémissement. En sortant de la forêt, on entra dans une plaine de sable échauffée par un soleil ardent. Le roi n'était accompagné que de deux pages. L'un, presque endormi sur son cheval, laisse tomber négligemment sa lance sur le casque de l'autre. Le roi, au bruit aigu qui frappe son oreille, sort comme en sursaut de la rêverie où il était plongé, et croit que c'est l'accomplissement de l'avis qu'on vient de lui donner. Il tire son épée, pousse son cheval, frappe tous ceux qu'il trouve à sa rencontre, criant : Avant, avant sur les traîtres! Le duc d'Orléans, son frère, veut le retenir. Fuyez, beau neveu d'Orléans ! lui crie le duc de Bourgogne, monseigneur vous veut occire. Haro ! Le grand mêchef ! monseigneur est tout dévoyé! Dieu ! qu'on le prenne ! Mais personne n'osait approcher le roi. Il s'était formé autour de lui un grand cercle qu'il parcourait en furieux, et chacun fuyait quand il tournait de son côté. On dit qu'il tua quatre hommes dans cet accès de frénésie. A la fin son épée se cassa, ses forces s'épuisèrent. Un de ses chambellans, nommé Guillaume Martel, se saisi de lui. Placé demi-mort sur un chariot, Charles fut reconduit au Mans, et l'armée française, plongée dans la stupeur, reprit le chemin de Paris.
Cependant, Pierre de Craon, qui n'avait fait que traverser la Bretagne, s'était rendu en Aragon, où, après avoir été menacé d'extradition, il put enfin reprendre sa liberté.
La sentence contre lui est du 26 août. Il en résulta pour Pierre une dépossession complète de ses biens, dont l'administration fut temporairement confiée à Louis de Cepoy, mais qui passèrent, au moins, pour la plus grande partie, aux mains du duc d'Orléans.
La Ferté-Bernard ne resta pas la propriété d’Orléans : la maison d'Anjou, se prévalant d'une instance en félonie intentée par elle contre Pierre de Craon avant 1392 et d'une condamnation obtenue contre lui par défaut le 4 mars 1396, ainsi que de l'arrêt criminel du 7 juin 1399, pour se couvrir du détournement de cent mille ducats commis au détriment de Louis Ier d'Anjou, se fit allouer, par un arrêt du Parlement du 4 juin 1407, la propriété de la Ferté-Bernard dont, dès le 3 juillet 1407, la jouissance viagère fut attribuée à Yolande d'Aragon.
On ne tint nul compte des droits de Jeanne de Châtillon qui, une fois son mari mort, réclama vainement la valeur de ses biens propres aliénés et le douaire de quinze cents livres de rente, qui lui avait été assigné sur la Ferté-Bernard. Cinquante ans plus tard, ses ayant droit plaidaient encore contre ceux du duc d'Anjou et ne parvinrent jamais à en obtenir justice (Bertrand de Broussillon, Paul de Farcy, Sigillographie des seigneurs de Craon,, Aurélien de Courson, Histoire des peuples Bretons dans la Gaule et dans les iles britanniques, 1846, Le magasin pittoresque, Volume 1, 1833).
Carré de Vénus de 7 : année 1225
Ere chrétienne
Le chroniqueur Lambert nous a laissé la description du palais de bois que s'était fait bâtir Arnoul II comte d'Ardres vers 1090, et qui, dit-il, dépassait en magnificence les maisons de bois qui existaient alors dans toute la Flandre : l'exécution fut confiée au maître charpentier Louis de Bourbourg qui, nouveau Dédale, composa un plan dont le chroniqueur vante la complication, « avec au levant la chapelle, semblable, dit le chroniqueur, pour l'ouvrage de la portraiture, au temple de Salomon » (Camille Enlart, Manuel d'archéologie française depuis les temps mérovingiens jusqu'a la Renaissance: Architecture civile et militaire, 1929).
Les comtes de Guines et les seigneurs d'Ardres contractèrent des mariages qui les unirent à des familles plus puissantes, ou qui augmentèrent leurs domaines. Ils acquirent des biens en Angleterre, lors de la conquête de Guillaume, duc de Normandie, et dans les expéditions postérieures. Plusieurs périrent aux croisades. D'autres en revinrent, toujours pauvres, mais avec de la gloire et des reliques; tel fut Arnoul, l'ancien seigneur d'Ardres, compagnon de Godefroy de Bouillon aux sièges d'Antioche et de Jérusalem, et renommé pour sa bravoure et pour sa force. Ce vieux croisé, accablé d'années et de maladies, dit la chronique, mourut en son donjon d'Ardres, en présence de ses enfants, de ses amis et de beaucoup de peuple, embrassant une petite croix qu'il portait pendue à son cou par une chainette d'argent, et où il croyait être enchassé un poil de la barbe de Notre Seigneur Jésus-Christ. Leurs fils et les jeunes seigneurs les plus distingués allaient faire leur éducation à la cour du comte de Flandre, leur souverain, et s'y exerçaient surtout au maniement des armes et aux actes de bravoure, pour mériter plus tard le titre de chevalier (Bulletins de la Société des antiquaires de Picardie, Société des antiquaires de Picardie, 1855).
Le héros involontaire, le prête-nom, en cette affaire fut le seigneur Baudouin d'Ardres qui, parti pour la seconde croisade, mourut de maladie sur les côtes d'Asie mineure et dont le corps fut jeté à la mer (1146). Or trente ans plus tard, en 1176, apparut dans la région de Douai, au village de Planques (actuellement Lauwin-Planques) un ermite, à l'aspect le plus religieux, qui à demi mot se donnait pour Baudouin d'Ardres : pour gagner le Christ, il avait résolu de vivre dans la pénitence et les bonnes œuvres plutôt que de revendiquer son héritage.
On dit qu’un bâtard du vrai Baudouin reçut du faux de l’argent pour le reconnaître comme son père. Mais celui-ci s’enfuit avec les aumônes qu’on lui avait versées.
Un autre ermite apparut en 1225 en Flandres dans le bois de Glançon sur la seigneurie de Mortagne près de Saint-Amand. Un fort courant dans le petit peuple souhaitait la survie de Baudouin IX, un comte bienveillant, contrairement à sa fille qui en avait hérité, Jeanne de Flandres. Les anciens compagnons de Baudouin restèrent fidèles à sa fille tandis que Bouchard d’Avesne, époux depuis 1212 de la sœur de Jeanne, Marguerite (la Flamenca du roman) qui épousera plus tard Gui de Dampierre dont la famille tenait le Bourbonnais, apportait son soutien à l’ermite qui fut accueilli avec honneur à Valenciennes, Lille et Gand. La plupart des seigneurs du Hainaut lui était favorable. Jeanne fit appel au roi de France qui était son suzerain. Celui-ci appela à Péronnes l’ermite pour qu’il renouvelle son hommage au roi. Au cours de la rencontre du 30 mai 1225, les trous de mémoires de l’ermite le poussèrent à s’enfuir. Il fut arrêté en Bourgogne d’où il semble qu’il fût originaire : Bertrand de Rais ou de Li Clos (boiteux), que Clérambaud de Chappes aimait pour ses qualités de trouvère et sa piété. Il fut traîné puis pendu entre deux chiens fin septembre. Le chroniqueur français Mathieu Paris lui garda sa confiance en accusant Jeanne de Flandres de parricide (Henri Platelle, Présence de l'au-delà : une vision médiévale du monde, Volume 898 de Histoire et civilisations, 2004).
La présence des morts parmi les vivants est symbolisée dans ces histoires par le retour du roi caché, (avatar de l’Imam caché ?). Le graal en est l’exemple le plus connu, substitut à la présence du Christ reparti au ciel. La Shekhinah liée, à la sephira Malkut, est une hypostase de dieu dans le monde. Malkut est située ici dans la Biscaye où Alfred de Shaffenberg situe le château Graal construit par Titurel.
En Espagne, la mort d’Alphonse Ier le Batailleur, appelé « Anfos » parfois, qui semble être l’Amfortas d’Eschenbach, suscita aussi un « imposteur » surgi en 1174, qui aurait survécu à la bataille de Fraga perdue par son modèle, démasqué par son fils Alphonse II. Pierre II, mort à Muret en 1213, est le petit-fils d’Alphonse II, et gagna la bataille des trois rois (Castille, Aragon, Navarre) de Las Navas de Tolosa en 1212.
La fille de Pierre III, aîné de Jacques Ier le Conquérant, Elisabeth ou Isabelle, se maria avec le roi Denis de Portugal. C’est la sainte Elisabeth de Portugal, fêtée le 8 juillet (Hesed - Ourscamp) au miracle des roses, à l’exemple de sa parente Elisabeth de Hongrie.
Ere hébraïque
Alexandre Jonathan (Jannée en grec, ou Yannaï en hébreu), roi hasmonéen de Judée et grand prêtre de Jérusalem (103–76 av. J.-C. ou 3657-3684), frère d’Aristobule Ier Philhellène et fils de Jean Hyrcan Ier.
À la mort d’Aristobule, sa femme Salomé Alexandra libère ses trois frères emprisonnés, se remarie probablement avec le plus âgé en vertu de la loi du lévirat. Alexandre Jannée supprime d’abord un de ses frères qui revendique la royauté. Il prend le titre de grand-prêtre et de roi de Judée, ce qui provoque l’hostilité des pharisiens, qu’il fait massacrer en grand nombre.
Alexandre Jannée dirige le pays d'une poigne de fer, réprime les révoltes intérieures soutenues par le mouvement pharisien, en particulier la révolte des paysans contre le poids des taxes royales. Il est probablement le premier hasmonéen à frapper monnaie.
En 96, les pharisiens mettent en doute la légitimité du sacerdoce d’Alexandre Jannée. Une inadvertance commise par le grand-prêtre dans l'exécution du rituel du fête des Tabernacles déclenche une émeute à Jérusalem. Le roi répond par des massacres dans lesquels périssent six mille personnes.
En 88, Alexandre Jannée se décide à négocier avec les Pharisiens révoltés. Ceux-ci refusent toute discussion et font appel au roi séleucide Démétrios III qui bat Jannée près de Sichem. Cependant les six mille Juifs de l’armée de Démétrios l’abandonnent bientôt et ce dernier se hâte de regagner la Syrie. Jannée écrase alors les révoltés et s’empare de leur chefs réfugiés dans Bémésélis (Misilya, au sud de Jenîn ?). Huit cents d’entre eux, ramenés enchaînés à Jérusalem, sont crucifiés au cours d’un banquet, tandis qu’on égorge sous leurs yeux leurs femmes et leurs enfants. Terrifiés, huit mille opposants s’enfuient en exil (Damas ?). A la fin du règne d’Alexandre Jannée, le royaume hasmonéen comprend la Judée, l’Idumée, la plaine philistine et celle du Sharon, la Samarie, la Galilée jusqu’au mont Thabor, le plateau du Golan, la Galaaditide et la Moabitide. Dans tous les territoires conquis, le roi a imposé la circoncision et la Loi juive, mesure qui provoque des révoltes locales comme à Pella. Pour assurer la sécurité de son royaume face aux Nabatéens, Jannée fait bâtir deux forteresses : l’Alexandréion face à la Galaaditide et Machéronte face à la Moabitide.
Avant de mourir, Alexandre Jannée se résout à la séparation des pouvoirs que demandaient les pharisiens pour limiter l'omnipotence du grand-prêtre roi. Il lègue la royauté à sa femme Alexandra Salomé qui était acquise au parti pharisien. Alexandra donne le pontificat à son fils aîné Hyrcan II et fait entrer les pharisiens au Conseil.
En 76, Alexandre Jannée meurt de maladie lors du siège de Ragaba, dans le territoire de Géras. Son fils Hyrcan II, grand prêtre et prince juif hasmonéen, règne sous la tutelle de sa mère Salomé Alexandra (76–67) (fr.wikipedia.org - Alexandre Jannée).
Le saint Ă©broĂŻnien
L'évêque du Mans (644) saint Berard ou Beraire (fêté le 18 octobre) qui, pour se soustraire, dit-on, au despotisme d'Ebroïn, maire du palais de Thierri III, s'était retiré dans la Guyenne, dont il était originaire, était en route pour revenir au Mans, lorsque, étant mort au village de Bannech (Buneuil ?), dans le Bordelais, le 17 octobre 679, son corps fut apporté au Mans et inhumé dans l'église de Pontlieue, qu'il avait fait bâtir, dans l'emplacement de l'oratoire de l'hospice construit par S. Bertrand et attenant à cet hospice (Julien Rémy Pesche, Dictionnaire topographique, historique et statistique de la Sarthe, 1836).
Hod – La Cassaigne – La Justice/Le Soleil – 13 mars/12 septembre
La Justice
La Cassaigne était le chef-lieu de la temporalité du couvent de Prouilhe, fondé par saint Dominique (et non de l'évêché de Carcassonne comme précédemment dit), qui en possédait l'entière justice haute, moyenne et basse (Jean Ramière de Fortanier, Les droits seigneuriaux dans la sénéchaussée et comté de Lauragais (1553-1789), 1932).
Les souvenirs historiques les plus remarquables que que possèdent les couvents du Midi, rapporte Michaelis, sont les suivants. À Toulouse, outre les précieux manuscrits de Bernard Gui, le crucifix que tenait Dominique à la bataille de Muret le 12 septembre 1213, la bulle Religiosam vitam délivrée par Honorius III à Dominique le 22 décembre 1216, les reliques des trois frères massacrés à Avignonet le 29 mai 1242. À Béziers, une discipline de Dominique, faite de trois chaînes de fer attachées à un manche de bois et un ossement de Dominique utilisé par infusion dans l'eau pour guérir les fièvres. En Lauragais enfin, tout ce qui évoque la mission de Dominique en Narbonnaise : sur le chemin de Carcassonne à Prouilhe, le monument qui commémore le miracle de l'orage ; au couvent de Fanjeaux, dans la chapelle du cloître, la cheminée du miracle du feu (Nicole Bouter, Ecrire son histoire: les communautés religieuses régulières face à leur passé, 2005).
Le saint Ă©broĂŻnien
La légende de St Stapin : (D’après Jean ESCANDE et son livre sur Les Escoussens)
« Ils étaient quatre frères qui, en des temps fabuleux, habitaient les environs de Dourgne: Macaire, Hippolyte, Ferréol, Stapin. Ces frères se jetaient des meules de moulins en guise de palets d’une montagne à l’autre. » Stapin serait né, dit-on, au début du VIIème siècle dans un hameau près de Dourgne appelé En Lanet. Ce hameau garde le souvenir de cette naissance au lieu-dit Les Mirgues ou Les Mourgues. En effet au milieu des champs se trouve une parcelle de terre non cultivée que les gens du hameau appellent Lou Camp de Sant Estapi. Stapin préfère la vie érémitique aux plaisirs de la vie courante et pour cela, il décide de vivre seul sur un plateau désertique appelé aujourd’hui Désert de St Ferréol. Au milieu de sa vie, peut-être vers l’an 685, il est sollicité pour devenir l’évêque de Carcassonne, cette idée lui fait peur, on vient jusqu’à Dourgne pour le chercher, il se cache alors dans les grottes de la région, notamment dans le Trou Cruzel. On le décide enfin, mais il ne peut résister à l’attrait de ses montagnes qu’il vient revoir souvent. Sur son chemin, entre Dourgne et Carcassonne, il se repose à Ventenac, petit village de l’Aude qui le vénère encore aujourd’hui. Il quittera son poste quelques années avant sa mort pour revenir dans les montagnes de Dourgne (cameras-obscuras.blogspot.com - Stapin).
Stapin est fêté le 6 août, Ferréol, « son frère », le 18 septembre dans la région. Ce qui fait de Ferréol un doublet de celui de Vienne, évêque de la ville au IVème siècle. Un autre Ferréol, évêque de Grenoble, est mort assassiné sous les ordres d’Ebroïn le 12 janvier 659 à Vienne.
Yesod – Fronsac – L’Hermite/Le Jugement – 30 mars/29 septembre
L’Hermite
Dans les années 1090, le vicomte de Castillon Pierre succéda à Olivier et ne tint aucun compte de l'abandon et des promesses de son prédécesseur; il avait pour parent un moine du monastère de Nanteuil en Vallée, lequel tenta sans succès de chasser les chanoines de Saint-Emilion ; mais l'abbé de son monastère, pour mieux réussir, eut recours à un moine de Saint-Florent, frère du vicomte, et n'épargna pas l'argent, moyen le plus assuré: aussi des religieux de son couvent prirent la place des chanoines qui se retirèrent à Fronsac emportant avec eux le corps de saint Émilian. Ils en revinrent bientôt: l'archevêque de Bordeaux les rétablit dans leur monastère et frappa d'anathème, comme coupables de simonje, les moines et le vicomte (Raymond Guinodie, Historie de Libourne et des autres villes et bourgs de son arrondissement, 1845).
En 1563, Fronsac servit de nouveau de refuge aux reliques de saint Emilion face à l’avancée des Protestants. Depuis lors, elles n’ont pas été retrouvées.
Au VIIIe siècle, un moine breton natif de Vannes nommé Emilion choisit comme lieu de retraite Ascumbas (ancien nom du site de Saint-Emilion). Cet homme de cœur quitta sa famille et sa Bretagne natale pour entrer dans les ordres. Il fut d’abord victime des pires injustices auxquelles il répondit toujours par la plus grande bonté.
Econome dans un couvent bénédictin en Saintonge, comblé de louanges et de respect en raison de sa grande vertu, Emilion finit par se retirer, loin de tous, dans la forêt des Combes qui recouvrait jadis l’actuel site de Saint-Emilion. Par ses miracles et sa générosité, sa renommée rayonna par-delà la vallée et de nombreux disciples le rejoignirent. Durant dix-sept ans, Emilion évangélisa la population, créant ainsi un site monastique auquel fut donné son nom après sa mort. Une communauté de moines bénédictins géra l’accès à ce lieu de pèlerinage jusqu’en 1110, date à laquelle une réforme engagée par l’évêque de Bordeaux permit l’installation d’un chapitre de chanoines augustins (fr.wikipedia.org - Saint-Émilion).
Le saint Ă©broĂŻnien
Après la mort de Caribert, roi de Toulouse, Dagobert Ier donna le gouvernement de l'Aquitaine à Adalbald ou Adalbaud, l'aîné des trois fils que sa sœur Blithilde avait eu d'Ansbert. Adalbaud rencontra en Aquitaine la vasconne Rictrude, elle-même sainte plus tard, et fut assassiné près de Périgueux par des membres de la famille de Rictrude qui désapprouvaient ce mariage mixte, vers 656, à l’instigation d’Ebroin (on ne prête qu’au riche)
Malkuth – Guernica – La Roue de la Fortune/Le Monde – 16 avril/15 octobre
Ce nom de Biscaye, écrit Vizcaya par les Espagnols, désigne la principale des trois provinces bascongadas, ayant à l'ouest le canton appelé montagne de Santander annexe de la Castille-Vieille, à l'est le Guipuzcoa, au sud l'Alava, et au nord le golfe de Gascogne, nommé aussi, en celle partie, baie de Biscaye. Le pays a titre spécial de sfiniiemie en même temps que de comte ; sa capitale est Bilbao, ville commerçante de 15,000 urnes avec un port assez fréquenté, à l'embouchure du rio Ansa ; les navires d'un fort tonnage ne remontent guère jusqu'à Bilbao, même pendant les grandes murées : les plus gros ne dépassent point Portugalèie, les autres s'arrêtent à Olaviaga , à une lieue de la ville; on peut citer encore le port de Lequeitio et la rade de Berniéo; Durango, Ordtina, Balmaseda, Garnica,sont à divers titres les points les plus remarquables de l'intérieur. Des mines de fer et de cuivre, de vastes troupeaux de gros et de menu bétail, des cultures de chanvre assez considérables, forment la richesse du pays, et les diverses préparations de leurs produits exercent l'industrie des habitaiis, dont les forges, fonderies, tanneries, chapelleries, suiveries, corderies et toileries seraient susceptibles d'une grande extension si d'une part le vicieux système des douanes espagnoles ne paralysait la production, pendant que d'un autre côté la guerre civile désole les provinces Bascongades, qui eu sont le principal théâtre.
Nous avons déjà dit, à l'article Basques, quelles vicissitudes politiques annexèrent tour à tour le territoire de ces peuples au domaine des Carthaginois, des Romains, des Suèves, des Francs, et des Goths; et comment, sous le litre de duché de Cantabrie, il fut successivement donné en apanage à Francion, établi en 542 par Childebert et Clotaire; puis, sous les Goths, à Pierre, petit-fils du roi Recared et père d'Alfonse-le-Catholique; à Favila, fils du roi Chindasvinde et père du célèbre Pelage ; enfin à Andeca, tué avec Roderic à la bataille de Guadalète. Ces pays se rangèrent alors sous la protection et l'autorité du grand Eudes d'Aquitaine, dont la postérité fonda, un siècle après, les trônes de Navarre et d'Aragon; Aznar, comme comte de Jaca et comme maître de la Navarre de 831 à 836, est placé, après Andeca et Eudes, sur quelques listes des comtes de Biscaye; mais les traditions locales ne donnent des seigneurs particuliers à ce canton que depuis Lope Zuria (prononcez Tsouria ou Tchouria), c'est-à -dire Loup-le-Blanc, successivement remplacé par ses fils Nuno Lopez et Inigo Lopez, puis par son petit-fils Lope Iniguez, contemporain de l'empereur des Espagnes Sanche-le-Grand.
Mais sans remonter à Andeca avec Larratéguy, et en commençant notre liste à Lope Tchouria comme Sandoval et Garibay, nous reconnaîtrons volontiers avec le savant Arnaud d'Oihénart, que ces premiers degrés demeurent au moins incertains, que les noms soit individuels soit patronymiques de ces comtes sont loin d'être déterminés sans variantes, et qu'on ne saurait guère établir avec une précision satisfaisante la série des seigneurs de Biscaye qu'à partir de ce Lope Iniguez qui vivait à la fin du dixième siècle. Nous émettrons seulement la conjecture que Lope Tchouria était, suivant toute probabilité, un prince de la maison de Gascogne, de la lignée d'Aznar ou de celle des rois de Navarre : il est en effet peu croyable que ceux-ci eussent donné ou laissé une de leurs provinces à un seigneur étranger à leur famille, faisant ainsi une exception unique au système qu'on leur voit suivre dans tout le reste de leurs domaines; il est à remarquer aussi que les noms des premiers comtes de Biscaye sont analogues à ceux des rois de Navarre et des comtes d'Aragon qui régnaient à la même époque, particularité qui milite encore en faveur de noire hypothèse de consanguinité prochaine entre les souches de ces diverses dynasties.
Henri de Transtamare étant parvenu à la couronne de Castille (1369) rendit le gouvernement de Biscaye à son frère Tello, qui périt l'année suivante; le roi Henri donna alors l'investiture de ce fief à son propre fils ainé Juan V, à la faveur des droits que ce prince tenait de sou aïeule Blanche de Lara ; l'avènement de celui-ci au trône de Castille (1379) opéra la réunion définitive de la Biscaye au domaine royal.
Son fils Henri III, en prenant à l'âge de quatorze ans les rênes du gouvernement, confirma aux Biscayens leur for ou charte constitutionnelle; celte rédaction, datée de 1394 et connue sous le nom de Fuero de Vizcaya, est la plus ancienne qui nous soit parvenue ; elle reçut en 1537 une confirmation solennelle de Charles-Quint.
Elle oblige le seigneur à venir, dans l'année de son avènement, sous peine de suppression des subsides, jurer l'observation du for et se faire reconnaître par les états ; le serment était prêté jadis suivant certaines formes singulières, et Andres de Poza a notamment traité, en 1587, De la antiquisima costumbre del un pie descalzo con que los senores de Vizcaya suelen jurar los fueros y libertades de ella. Le serment était d'abord prononcé aux portes de Bilbao devant la milice assemblée, puis en l'église de Larrabezua devant la sainte Hostie, ensuite sous le chêne de Guernica, lieu de réunion du bilzar ou états généraux de Biscaye, où le prince était reçu et proclama comme seigneur du pays; enfin il se rendait à Bermeo, en l'église de Sainte-Euphémie, et la main posée sur l'autel, il répétait pour la quatrième fois le serment de garder au plat pays de Biscaye, villes et cités, canton le Durango et hautes vallées (eucartiaciones), aux chevaliers, écuyers et gentilshommes (hijos d'Algo), à tous et à chacun, leurs privilèges, franchises, libertés, fors, us et coutumes, propriétés ou bénéfices.
Malkuth, le Royaume qui est une RĂ©publique
On a fait grand bruit, et les Biscayens tirent eux-mêmes vanité de ce que leur loi fondamentale établit qu'ils, sont et doivent être considérés, tous sans exception, comme vrais gentilshommes, non seulement de père et aïeul, mais de tous leurs ancêtres et de temps immémorial; aussi nul Biscayen ne peut-il, pour quelque délie que ce soit, à moins qu'elle ne résulte de délit ou quasi-délit, être saisi en sa personne, sa maison, ses armes, ni ses chevaux, lors même qu'il aurait expressément déclaré renoncer à sa noblesse ; à tel point que, outre la nullité de toute sentence à ce contraire, le juge qui l'aurait prononcée serait passible d'une amende de 10.000 maravédis, dont moitié pour la partie condamnée, un quart pour l'hôpital du lieu, et l'autre quart pour la réparation des chemins. Ces privilèges suivent le Biscayen dans toute l'Espagne, et il n'est justiciable, hors de sa province, que d'un seul tribunal spécial siégeant à Valladolid. On conçoit qu'une population ainsi placée, par une constitution propre, au-dessus du droit commun des provinces environnantes, résiste opiniâtrement à une fusion qui nivellerait tous les départements d'une monarchie homogène; aussi le soulèvement actuel des provinces bascongades représente-t-il moins la cause de la liberté, que celle du privilège et d'une nationalité séparée.
On suppose généralement aux Biscayens un esprit et des habitudes beaucoup plus démocratiques qu'ils ne les ont en réalité : ils possèdent à la vérité leur bilzar ou assemblée générale qui se lient sons le chêne de Guernica, et qui se compose d'un député par chaque ville, village ou hameau; mais ce bilzar ne s'assemble que tous les deux ans, sur la convocation du corregidor de Bilbao, et son action est presque nulle, tandis que la prépotence effective appartient à une autre assemblée, la Junta de Merindad, laquelle se tient tous les ans à Bilbao, et se forme exclusivement de la réunion des députés des villes, pris habituellement parmi les chefs des maisons les plus riches et les plus influentes; eu sorte que leurs décisions, dont l'autorité est la même que celle des résolutions du bilzar, sont dominées par un intérêt d'aristocratie dont le reste de la population n'a pas toujours à se louer. Le pouvoir exécutif, déféré par elle, est nécessairement exercé conformément à ses vues : il est entre les mains d'un comité ou directoire annuel, composé de deux députés généraux, assistés de six regidors, deux syndics et deux secrétaires; l'administration politique, militaire, civile, la justice, les finances, tout ressortit à ce comité suprême, à la seule condition de rendre compte de sa gestion à l'assemblée générale.
Dans ces juntas comme dans la diputacion general se dessinent des partis politiques opposés, notamment ceux des Onecinos et des Gamboïnos, dont l'origine remonte aux troubles qui agitèrent la Biscaye vers la (in du treizième siècle, et qui ont pris leur nom de deux puissantes maisons qui étaient à leur tête; les dénominations de sabehjorriac (ventres rouges) et de sabeltchovriac (ventres blancs) que nous entendons prononcer dans l'insurrection actuelle, ont aussi une ancienne célébrité, et c'est la première, dès longtemps considérée par les Basques comme une injure, que nos gazelles répètent sous la forme de chapelgorrys.
Le nom de Guernica signifie “pente de la colline”, sous laquelle se trouve la plaine appelée el Juncal, sujette aux inondations. A Guernica étaient tenus les parlements des sénateurs basques, ou apoderados de las unte-iglesias. Cette Calzarra prenait place près de l’ermitage de Na. Sa. de la Antigua, sous l’ombrage d’un ancient chêne.
« Un for de Biscaye, ajoute cet auteur, défendait aux ecclésiastiques ou moines de se présenter à l'assemblée de Guernica, d'en approcher à plus d'une lieue de distance pendant toute la durée des délibérations, et de rester plus d'une nuit, quand ils étaient en voyage, à la distance marquée par la loi. » (Charles Ginoulhiac, Revue historique de droit français et étranger, 1859).
Les casas consistoriales et plus de la moitié de la ville furent brûlées par les troupes napoléonniennes prêchant la liberté en plantant un de ses arbres et en coupant la chêne sacré des Basques, connu depuis 1334 sous lequel Ferdinand and Isabelle jurèrent de respecter en 1476 les Fueros de la province, comme leur petit-fils Charles Quint le fit le 5 avril 1526 (A Handbook for Travellers in Spain, Volume 2, 1855, P. Leroux, J. Reynaud, Encyclopédie nouvelle, ou dictionnaire philosophique, scientifique, littéraire et industriel, 1836).
Malkuth
La Shekhina en exil, c'est « la totalité de toutes les souffrances de tous les temps et des souffrances de toutes les créatures dans tous les mondes». Tant que durera la Création, il y aura l'exil, jusqu'au temps où la dernière Neshâma sera descendue en ce monde. L'Ange qui accompagne la Neshâma au cours de sa descente, lui révèle qu'elle le retrouvera au terme de sa route à travers le monde de l'exil, qu'il sera là pour la ramener « chez elle ». Il lui annonce que tout ce qu'elle a appris du sens de la Création dans son existence « avant ce monde», va s'enfoncer dans l'oubli, pareil au temple détruit. Son vêtement de lumière va devenir un vêtement conditionné par la forme du temps. Mais dans son exil, la Neshâma va se trouver à l'unisson de l'exil de la Shekhina. Imitant le geste des prêtres sur la toiture du Temple de Salomon dévoré par les flammes, l'Ange rejette dans le ciel les clefs du Temple (Henry Corbin, L’Imago Templi face aux normes profanes, Norms in a changing world, 1977).
La colombe symbolise la paix. Or ici, elle se situe entre le taureau et le cheval et on peut remarquer qu'elle s'efface dans l'obscurité ce qui signifie que la paix est impossible entre les deux parties, qui s'opposent dans cette guerre, les Républicains et les Nationalistes (kalideodie.free.fr - Guernica).
Dans la kabbale, la colombe du DĂ©luge devient le symbole de Malkuth.
La Roue de la Fortune
L’ancienneté de « Fortuna » en Biscaye est attestée par la découverte d’une statuette d'Isis-Fortuna, exhumée en 1949 à Forúa (Orientalia, Volume 43, Pontificio Istituto biblico, Pontificio Istituto biblico, 1968).
Cette roue parcourt les siècles jusqu’au moins au vingtième avec le tableau de Picasso « Guernica ».
Composition study for the Guernica (VII) 9 May 1937-pencil on paper
Spiros Tzelepis, http://users.otenet.gr
A similar wheel occurs in one of the preliminary drawings for Guernica. In the first essay, in the context of Guernica, the wheel was interpreted as the wheel of time or the wheel of fortune, the Buddhist wheel of life from which relief is sought, or the medieval rack. All of these meanings are appropriate here as well (Doumanian Tankard, Picasso's Guernica after Rubens's Horrors of war, 1984).
Fortun est un prénom courant en Navarre et aux Pays Basques. On le retrouve dans la croisade du 16 avril 890 à Irruta.
Domingo de Aguirre (Ondárroa, 1864 - Zumaya, 1920) prêtre et écrivain basque a publié plusieurs romans dont La Fleur des Pyrénées (Auñemendiko lorea) (1898) dans lequel la sainte Rictrude est l’hérioïne. L’assassin du mari de Rictrude partie en Gascogne est un certain Portun Osinbletz (Appellation doublement anachronique : le prénom chrétien Fortun d'origine latine a été habillé selon la phonétique du biscayen moderne - à l'origine les "f" latins furent rendus par une consonne aspirée ou éliminés), basque païen, veut épouser la veuve (Jean-Baptiste Orpustan, Précis d'histoire littéraire basque, 1545-1950, 1996).
Lope GarcĂa de Salazar (1399-1476) est un historien biscayen. En juillet 1470, son fils l’enferme dans sa maison-tour de San MartĂn de Muñatones, Lope GarcĂa y Ă©crira son Ĺ“uvre « Historia des Buenas andanças e fortunes » grâce Ă laquelle il est connu et par certains proclamĂ© comme le premier historien de Biscaye. Face aux tentatives de fuites il est envoyĂ© Ă la tour de Salazar Ă Portugalete, oĂą il mourra empoisonnĂ© avec sa fille bâtarde MencĂa de Avellaneda (fr.wikipedia.org - Lope GarcĂa de Salazar).
La sainte Ă©broĂŻnienne
Sainte Rictrude était d’origine vasconne, fille d’Ernold et de Lichia. Le franc Adalbalde ou Adalbaud, duc de Douai, l’avait courtisé dans sa région et l’avait épousée. Après la mort de Caribert, roi de Toulouse, Dagobert Ier donna le gouvernement de l'Aquitaine à Adalbald, l'aîné des trois fils que sa sœur Blithilde avait eu d'Ansbert.
Il fut assassiné en Gascogne par les sicaires d'Ebroin, le 2 février 656, et Rictrude se retira dans son domaine. Quoiqu'elle eût cinq enfants, elle se vit bientôt recherchée par plusieurs seigneurs qui convoitaient ses riches possessions. Le roi Clovis II lui adressa de pressantes instances en faveur d'un de ces prétendants. Rictrude, après avoir repoussé ces propositions avec dignité, et réclamé avec énergie les privilèges d'une noble franke, tira de son sein un voile béni par saint Amand qui l’avait visité en Gascogne lorsqu’il y était exilé, et s'en couvrit en déclarant qu'elle se consacrait à Dieu. Rictrude se retira à Marchiennes et fit don de son domaine de Boiry à l'abbaye qu'elle fonda. Elle mourut en 687. C'est à cette pieuse famille que l'on doit la fondation de l'abbaye de Marchiennes, du monastère d'Hamage, près de Douai, et de celui de Merville (Broylum).
Rictrude eut quatre filles, Eusébie et Gertrude qui se retirèrent à l'abbaye d'Hamage ; Clotsinde et Adalsende qui restèrent avec leur mère, et un fils, saint Maurant ou Mauront, né en 642, duc d'Ostrevent, forestier, etc. Il se retira au monastère de Broylus (Merville), et mourut en 699 (Louis Joseph Harbaville, Mémorial historique et archéologique du département du Pas-de-Calais, Volume 1, 1842, Nouveaux guide de l'étranger dans Douai, 1861).
A cette époque, deux ducs puissants, alliés par leur mère Gerberte à la famille royale et parents de Dagobert, Adalbald et Erkhinoald, possédaient du chef de Gerberte, le château de Douai; ils le firent réparer et y construisirent, à leurs frais, une église consacrée à la Vierge Marie, et qui devint plus tard la collégiale de Saint-Amé. Ils élevèrent en outre, au bord de la rivière, une tour d'une force et d'une hauteur merveilleuses. Erkhinoald fut maire du palais sous Clovis II, roi de Neustrie, assassiné peut-être par Ebroin.