Le graal en littérature
De 1170 à 1190, Chrétien de Troyes, agissant sur commande de Marie de Champagne, fille d'Aliénor d'Aquitaine, publie cinq romans arthuriens passant de l'histoire proprement dite à une conception déjà artistique du roman d'amour. Il y fait montre d'un certain goût pour l'évocation du merveilleux. Ce sont :
Erec et Enide, Cligés ou la Fausse Morte, Lancelot ou le Chevalier à la Charrette, (premiére apparition de Lancelot, chevalier gaulois), Yvain ou le Chevalier au Lion, Perceval ou le Conte du Graal, inachevé, et un Guillaume d'Angleterre.
La société décrite dans les romans de Chrétien de Troyes est plus celle du XIIème siècle (date de l'écriture des oeuvres) que celle du VIème (l'époque de l'Arthur historique) et Michel Pastoureau a bien montré comment les écrivains de l'époque étaient d'abord marqués par ce qu'ils vivaient. Les contemporains de Chrétien pratiquaient aisément une double lecture des oeuvres, voyant se profiler derrière les personnages imaginaires d'Arthur, de Guenièvre ou de Lancelot, ceux bien réels de Henri II, d'Aliénor ou de Guillaume le Maréchal.
En 1212, Robert de Boron écrit une trilogie : Joseph d'Arimathie, Merlin, Perceval. C'est le premier auteur connu à avoir tenté de composer un cycle complet concernant le Graal. On ne conserve que le début de son Merlin.
Début XIIIème, paraît le Perlesvaus, œuvre un peu déroutante où les barons d'Arthur font croisade contre les païens tenants de l'ancienne loi. Perceval y est un véritable Christ-Chevalier.
Vers 1225-1228, c'est La Vulgate du Lancelot en Prose, ou corpus Lancelot-Graal, premier roman en prose et en langue vulgaire de notre histoire et dans lequel Guillaume Assolant voyait "le père de tous nos romans". Il s'agit d'une somme immense qui décrit les aventures des chevaliers de la Table Ronde. Au centre du cycle: Lancelot, fils de Ban de Banoïc, province des Marches de Gaule, élevé par la Dame du Lac. Il arrive à la cour d'Arthur, tombe amoureux de la reine Guenièvre, l'épouse d'Arthur. C'est le premier et le meilleur chevalier du monde.
Les 8000 pages de l'œuvre, telles que la restitue l'actuelle édition critique d'Alexandre Micha ont contribué à répandre ses exploits dans toute l'Europe comme en témoigne l'extraordinaire profusion de récits héroïques et légendaires consacrés à ce personnage et à ses compagnons d'aventures.
Cette oeuvre en forme de tapisserie est composée en récits qui utilisent le processus du "flash back", entrecroisant les aventures des héros partis à la conquète du Graal. Elle comprend : l'Estoire del Saint Graal relatant la venue du Graal en Bretagne au temps de Joseph d'Arimathie, l'Estoire de Merlin, Le Lancelot en Prose, La Queste del Saint Graal, La Mort le Roi Artu.
Véritable, pour reprendre l'expression de Jean Markale, "deus ex machina du monde arthurien", la figure de Lancelot du Lac a semblé, à d'aucuns, l'archétype de la culture chevaleresque du XIIème siècle.
Vers 1230, paraît le Tristan en Prose, roman encore plus long que le Lancelot-Graal. A la même époque, lui font suite: Guiron le Courtois, aussi considérable, Perceforest, Ysaïe le Triste... (g.bertin.pagesperso-orange.fr - Saint graal).
Du XIIIème au XVème siècles, ces œuvres connaissent plusieurs continuateurs : Wauchier, le pseudo-Wauchier, Wolfram Von Eschenbach qui compose un Parzival dont s'inspirera Wagner, Alfred von Scharfenberg avec son Jeune Titurel très important pour notre schéma séphirotique, Sir Thomas Malory qui écrit une Morte d'Arthur, Ulrich von Zatzikowen et son Lanzelet, le Grimaud...
En ce qui concerne la croisade, la notion est large et couvre des secteurs géographiques européens (Occitanie, Espagne) et asiatiques (Palestine, Egypte, Afrique du Nord, Turquie). Les Templiers font partie de la croisade, ce ne sont que des pions qui ont été rapidement éliminés lorsqu’ils ne répondirent plus aux besoins de la papauté et de ses alliés couronnés.
Kether – Haguenau – Le Bateleur/Le Pendu – 17 novembre/19 mai
Le graal
Au XIème siècle, et le fossé rhénan prend de l'importance avec l'arrivée au pouvoir en 1024 des Saliens, une famille de Franconie. Elle possède des biens dans le Palatinat, aux limites du nord de l'Alsace. Les centres du pouvoir deviennent Spire, où les Saliens érigent leur église sépulcrale, l'abbaye de Limburg sur les contreforts du Palatinat, et les premiers châteaux en pierre dans ce même Palatinat avec, pour coeur et symbole du pouvoir, le Trifels, le château aux trois rochers, protégé à son tour par tout un système fortifié (châteaux voisins de l'Anebos et du Scharfenberg). Le Trifels surveille un important noeud de voies de communication : route reliant la vallée du Rhin à la Lorraine, axe nord-sud reliant le Palatinat à la plaine d'Alsace.
L’Empereur Henri V (1106-1125), dernier des Saliens, qui mise sur les Hohenstaufen pour lui succéder, ordonne en 1125 à Frédéric le Borgne de transférer les insignes de la couronne au Trifels, qui devient ainsi le château symbole de l'empire. Ces insignes rassemblent ce que l'empire possède de plus précieux : le sceptre, la couronne de Charlemagne, le manteau du couronnement et d'innombrables reliques dont la « lance de Longinus » qui perça le flanc du Christ. Par la suite, Wolfram von Eschenbach fera du Trifels le « château du Graal » dans son Parzival.
En 1125, Adalbert de Mayence tient sa revanche : à la mort de Henri V, en 1125, il réussit à faire élire Lothaire de Supplimbourg et ainsi à écarter les Hohenstaufen du pouvoir. Le nouvel empereur (1125-1137) cherche immédiatement à contrôler les régions qui lui sont défavorables : il remplace les comtés du Nordgau et du Sundgau par deux landgraviats et créé la fonction du« Landgraf » qui a pour mission d'assurer à l'empereur les terres contestataires. Il confie le landgraviat de Haute Alsace aux comtes de Habsbourg et celui de Basse Alsace à la famille de Hunebourg à cette fonction. En même temps, il s'empare de la ville de Haguenau (1127) pour bien montrer aux Hohenstaufen qui est le maître.
Les territoires staufériens à protéger se situent autour de Wissembourg et de Haguenau, dont le château est le centre administratif. Parmi les châteaux, placés en demi-cercle dans les Basses-Vosges du Nord, il y a le Fleckenstein, le Hohenbourg, le Lutzelhardt, le Falkenstein, leWasigenstein. Un deuxième centre stauférien est Sélestat, avec le prieuré de Sainte-Foy et une partie de Kintzheim. Ses châteaux protecteurs sont le Haut-Kamigsbourg et le Ribeaupierre. Les Hohenstaufen possèdent par ailleurs le Hohenbourg (Sainte-Odile) avec Obernai et dans le Haut- Rhin, des fiefs à Munster et Mulhouse.
La levée du siège de la ville de Haguenau voit la victoire de Frédéric II. Cette fois, les Hohenstaufen ne laissent plus échapper leur élection. Conrad III de Hohenstaufen, frère de Frédéric le Borgne devient empereur (1138-1152), et à sa mort son neveu et fils du Borgne, Frédéric Ier « Barberousse » accède au trône. Il fait transférer les insignes de la couronne du Trifels en sa Pfalz de Haguenau. Le rôle de l'Alsace, au coeur de l'empire, s’en trouve conforté. Le titre de landgrave est enlevé aux Hunebourg et le système des « Burgmänner » est développé : Frédéric Iert installe à Haguenau des chevaliers fidèles qui veillent sur sa cité préférée et qui, pour de courtes périodes, iront monter la garde dans les châteaux des Vosges du Nord (www.encyclopedie.bseditions.fr - Trifels).
Jean Haicelin est dit de Haguenau.
Un volumineux recueil en deux tomes de la Bibliothèque de France contient le Roman de Guiron le Courtois, suivi de la Compilation de Rusticien de Pise, dans une configuration particulière : au folio 241 du deuxième tome commence en effet, sous le titre "le tiers livre de Guyron", une nouvelle version du second livre déjà copié aux folios 1-240 v°. Cette version figure également dans un manuscrit "jumeau" provenant des ducs de Bourgogne (Arsenal, mss 3477-3478) et qui a été réalisé dans le même atelier parisien, ou au moins copié sur un modèle identique. L'illustration a été complétée par le Maître de Dunois, qui doit son nom au livre d'Heures du comte de Dunois, fils illégitime de Louis d'Orléans (Londres, BL, Yates Thompson, ms. 3). Quand les Anglais ont quitté Paris en 1436, le Maître de Dunois, disciple du Maître de Bedford, s'est mis à travailler pour la nouvelle clientèle des chefs de guerre et hauts dignitaires de l'entourage de Charles VII. D'après François Avril, le Maître de Dunois serait identifiable avec Jean Haincelin, qui comptait parmi ses clients le duc d'Orléans et l'amiral Prigent de Coëtivy. En 1444, Haincelin a réalisé pour ce dernier un Lancelot et un Guiron le Courtois aujourd'hui disparus. Sans doute familier de ces sujets, il a traité avec originalité et élégance la scène de la rencontre, sur un fond boisé vert tendre. Le destinataire initial du manuscrit est inconnu, mais les armes de Jean-Louis de Savoie (1447-1482), évêque de Tarentaise (1456) puis de Genève (1460), ont été ajoutées en marge (expositions.bnf.fr - Jean Haicelin).
La croisade
En 1193, Richard Coeur de Lion, roi d'Angleterre, accusé d'avoir trahi les croisés en Terre Sainte, comparaît à Haguenau devant l'empereur Henri VI, pour y être condamné à une amende de 100.000 marcs d'argent. IL avait été arrêté en Autriche par le duc Léopold le 20 décembre 1192. Richard comparaissait à cette époque devant la diète d'Haguenau, où sa mâle défense émut en sa faveur les princes allemands : l'empereur consentit à traiter de sa rançon, qui fut fixée à cent mille marcs. A cette nouvelle, le prince Jean ne rougit pas de tenter la cupidité de Henri VI par la promesse d'une somme plus forte s'il voulait retenir Richard dans les fers : les princes allemands obligèrent l'empereur à garder sa parole, et après avoir acquitté les trois quarts de cette rançon Richard énorme prélevée par une taxe générale sur son royaume, recouvre Richard fut libre et la terreur entra dans l'âme de son frère.
Mais c'était surtout le monarque français, le roi Philippe Auguste, qu'il avait à cœur de punir, et l'Angleterre, après avoir payé pour délivrer Richard, paya encore pour servir sa vengeance. Tout fut de nouveau mis en œuvre pour procurer au roi de l'argent et des soldats, et les plus hautes charges furent offertes au plus offrant. Richard eut recours comme jadis aux plus vils expédients et se fit un trésor des dépouilles de ses sujets. Il passa ensuite sur le continent dans son duché de Normandie, où son frère Jean, cité devant sa cour, vint se jeter à ses pieds et obtint son pardon.
Les Templiers
Le 17 novembre, le pape envoyait au roi son chapelain Arnaud de Faugères, porteur des bulles qui ordonnaient l'arrestation générale des membres de l'ordre. Ce revirement pourrait s'expliquer parce que Clément aurait admis que le roi n'avait pas agi de sa propre initiative, mais sur les réquisitions de l'inquisiteur; qu'il avait arrêté les chevaliers avec l'intention de les remettre à l'Église. Après le succès du 22 novembre, la bulle Pastoralis prseeminentise, le roi se montre conciliant, il fait savoir à Clément que, contrairement aux bruits qui couraient dans son entourage, jamais le pape ne lui a abandonné le procès (Karl Joseph von Hefele, Joseph Hergenröther, Alois Knöpfler, Charles de Clercq, P. Richard, Albert Michel, Histoire des conciles dáprès les documents originaux, Volume 6, Partie 1, 1914).
Hochmah – Liège – La Papesse/La Mort – 4 décembre/4 juin
Le graal eucharistique
Les Cisterciens ont contribué, par leurs sermons et leurs écrits, à provoquer ou à alimenter la dévotion au Saint-Sacrement. Elle se manifeste chez eux par diverses pratiques (fréquence de la communion ou de la célébration de la messe, élévation de l'hostie, culte de la sainte réserve).
La Queste del saint Graal, qui aurait pu être composé sous l’influence de l’abbaye d’Ourscamp, mise en œuvre romanesque de la doctrine et de la vie à la recherche de l'amour divin tel qu'on le concevait à Citeaux, et Le Pèlerinage de Vie Humaine (1330-33) de Guillaume de Digulleville, prieur de Châlis dont la vogue fut immense, ont eu leur importance sur la pratique eucharistique. Les Analecta hymnica sont remplies de pièces eucharistiques provenant des maisons cisterciennes; les anciennes bibliothèques en contiennent encore une foule d'inédits. Les liens étaient étroits entre les milieux cisterciens et les béguines. Dans la biographie des plus célèbres d'entre elles, on trouve les traces du réveil eucharistique de cette première moitié du XIIIème siècle. Avec la recluse Marie d'Oignies (morte en 1213), Odile de Liège (morte en 1220), Marguerite d'Ypres (morte en 1237), Ivette de Huy (morte en 1228) et Ide do Nivelles (morte en 1231) qui devint cistercienne, ont désiré communier fréquemment et manifesté une vive dévotion pour la sainte réserve (Revue du Moyen Âge latin, Volumes 3 à 4, 1947).
La doctrine eucharistique de l'époque n'est étudiée que chez deux théologiens séparés l'un de l'autre par un siècle, Alger de Liège (mort à Cluny v. 1131) et saint Thomas. L. Brigué, le spécialiste d'Alger, s'applique à préciser l'apport de l'ancien écolâtre liégeois sur les deux questions du sacrifice de la messe et de la présence du Christ dans l'Eucharistie.
La Fête-Dieu, appelée aussi Fête du Saint-Sacrement, Corpus Domini, Corpus Christi est une fête religieuse catholique romaine, mais aussi anglicane, célébrée le jeudi qui suit la Trinité, c'est-à -dire soixante jours après Pâques. Actuellement, le nom officiel de la fête, dans l'Eglise catholique, est « Solennité du corps et du sang du Christ ». Cette fête commémore la présence réelle de Jésus-Christ dans le sacrement de l'Eucharistie, c'est-à -dire sous les espèces (apparences sensibles) du pain et du vin consacrés au cours du sacrifice eucharistique (Messe).
C'est en grande partie à Julienne de Cornillon que l'on doit la Fête-Dieu : à partir de 1209, elle eut de fréquentes visions mystiques. Une vision revint à plusieurs reprises, dans laquelle elle vit une lune échancrée, c'est-à -dire rayonnante de lumière, mais incomplète, une bande noire la divisant en deux parties égales. Elle y vit la révélation qu'il manquait une fête dans l'Église. La fête du saint Sacrement devait être instituée pour ranimer la foi des fidèles et expier les fautes commises contre ce Sacrement. À partir de cette période, elle œuvra pour l'établissement d'une fête solennelle en l'honneur du Très Saint Sacrement. Elle fut aidée pour cela par la Bienheureuse Ève de Liège, recluse.
En 1222, Julienne fut élue prieure du Mont-Cornillon et continua les démarches pour l'instauration de la Fête-Dieu, demandant conseil à d'éminentes personnalités de l'époque, tels que Jean de Lausanne, chanoine de Saint Martin, Jacques Pantaléon, archidiacre de Liège et futur Pape Urbain IV, Guy, évêque de Cambrai, et aussi des théologiens dominicains, dont Hugues de Saint Cher.
La fête fut célébrée pour la première fois par le prince-évêque Robert de Thourotte. Tombé malade à Fosses, craignant de n'avoir pas le temps de confirmer la fête à sa principauté, il recommanda l'institution de la fête au clergé qui l'entourait et en fit célébrer l'office en sa présence, à Fosses même. Il y mourut, le 16 octobre 1246, sans avoir pu tenir un synode général et y publier son mandement. Cependant, à partir de 1246, la Fête-Dieu fut introduite d'abord dans le diocèse de Liège à la Basilique Saint-Martin de Liège.
Robert de Thourotte fut évêque de Langres de 1232 à 1240 puis prince-évêque de Liège jusqu'à sa mort en 1246 (fr.wikipedia.org - Fête-Dieu).
La croisade
Après la prise d'Antioche, qui fut livrée aux croisés pendant la nuit du 3 au 4 juin 1098 par la trahison d'un renégat arménien, nommé Pyrrhus, la détresse des pèlerins devint plus grave encore; ils se trouvèrent bientôt cernés dans les murs de la ville par une armée de deux cent mille hommes que le calife de Perse avait envoyée contre eux sous les ordres de Korboga, émir de Mossoul.
Dans ces circonstances, mieux valait tenter les chances d'une bataille que de périr sous les atteintes de cet ennemi invisible, la faim. Aussi se décidèrent-ils bravement pour ce parti extrême. Ce qui servit surtout à exciter cet enthousiasme, ce fut la nouvelle d'une vision qu'un moine provençal prétendait avoir eue. Saint Pierre, disait- il, lui était apparu et lui avait révélé l'endroit où se trouvait cachée la lance qui avait servi à percer le flanc du Sauveur. Imposture ou réalité, on fouilla à l'endroit indiqué dans l'église du prince des apôtres, et on tira du sol l'arme historique, qui devint dès lors un gage assuré de victoire, saint Pierre ayant prédit, assurait-on, que celui-là ferait la conquête de Jérusalem, qui retrouverait à Antioche la lance du Calvaire.
Bientôt la lutte s'engage, terrible et sans miséricorde ; mais elle tourne contre lui. Ses deux cent mille hommes sont balayés comme si le souffle d'une tempête eût passé sur eux, et leurs débris s'échappent vers l'Euphrate, laissant au pouvoir des chrétiens un butin considérable et une victoire qui eût étonné sans doute ceux-là mêmes qui l'avaient remportée s'ils n'avaient eu à l’attribuer à la visible protection de Dieu (André Hasselt, Biographie nationale: vie des hommes et des femmes illustres de la Belgique, Volume 1, 1853, Frédéric Auguste Ferdinand Thomas de Reiffenberg, Le Chevalier au cygne et Godefroid de Bouillon, 1854).
Dans le poème Godefroi de Bouillon et la Chanson d’Antioche, c'est l’évêque du Puy Adhémar de Monteil qui, sur le refus des barons, se charge de porter la relique de la sainte lance.
Les Templiers
Les Templiers possédaient plusieurs maisons dans le diocèse de Liège : outre la commanderie de Villers-le-Temple, en Condroz, ils avaient des établissements à Leuze-le-Temple, en Famenne, à Corswarem, près de Waremme et à Longpré, à deux lieues de Huy; ils possédaient aussi le Temple, près de Visé, et un emplacement à Huy qui conserve encore le nom de Temple. On voit encore, dit M. Ernst (a), dans le sanctuaire de la chapelle de la commanderie de Villers-le-Temple, vis-à -vis de l'autel, la tombe du fondateur de cette maison, qui représente un chevalier de grandeur naturelle, en habit de templier. Les ruines d'une autre de ces maisons se voient encore à trois lieues de Limbourg, dans la forêt de Hertogenwald. La maison des Templiers à Liège était située en Chodelistrée, c'est-à - dire dans la rue Sœurs de Hasque actuelle, du côté gauche (Charles Pollet, Histoire de l'ancien diocèse de Liége et des Saints qui l'ont illustré, Volume 2, 1860).
C’est vers 1260 que les Templiers deviennent propriétaires de biens à Bierset et selon un document conservé aux Archives de l’Etat à Liège et daté du XVème siècle, il s’avère que les frères du Temple reçurent à Bierset une partie de la co-seigneurie que leur donna messire Gilles, seigneur en partie du lieu (www.templiers.org - Bierset).
Thibaud V le Jeune, comte de Champagne et roi de Navarre, mourut au couvent des Carmes de Trapani en Sicile, au retour de la croisade de Tunis, le jeudi 4 décembre 1270.
Les relations entre Liège et la croisade commencent très tôt.
Godefroy-le-Bossu, oncle maternel de Godefroi de Bouillon, mort en 1076. l'adopta lui et son frère Eustache. Notre jeune héros porta toujours depuis ce temps-là le titre de duc de Bouillon. L'Empereur Henri IV le dépouilla de la Basse-Lorraine, sous prétexte que c'était un fief mâle qui devait lui revenir ; mais il lui donna en échange le marquisat d'Anvers. Godefroy servit dans les guerres que ce prince fit à ses ennemis, et surtout aux Saxons. Il y fit paraître tant de courage et de prudence, que Henri, pour le récompenser, lui rendit le duché de la Basse-Lorraine, qui comprenait le pays de Liège et le Brabant. Il engagea une partie de ce duché à l'église de Liège, pour subvenir aux frais de la croisade. Mais avant de partir pour l'Orient, il attaqua et défit en bataille rangée l'Empereur Henri IV, pour venger l'outrage que ce prince avait fait à l'Impératrice Praxède, sa sœur. Durant la croisade, on distingua toujours ses troupes au bon ordre qu'elles observaient. Il commençait et finissait toutes ses entreprises par des actes de religion.
Binah – Sion – L’Impératrice/La Tempérance – 20 décembre/21 juin
Le graal
En ce qui concerne la présence ou le passage du Graal à Sion en Valais, la source du mythe, commune à toutes les interprétations, des plus sérieuses aux plus romantiques, est double: Mention dans le « Parsifal » de Wolfram von Eschenbach (1195 à 1216) du lieu de naissance de Perceval en « Waleis », région de montagnes.
Son histoire est fondée sur une information due à un certain Kyot de Provence, lui-même la tenant d’un dénommé Flégétanis, à Tolède, dans des manuscrits abandonnés. Flégétanis, païen, était de la lignée de Salomon, né d’un père arabe, et adorait un veau. Il avait découvert l’existence d’un objet qui s’appelait le Graal, nom qu’il avait lu dans les étoiles, déposé sur Terre par une troupe d’anges, et qui était toujours gardé par des hommes de haut mérite: la famille Mazadan en Anjou. On peut donc conclure que la famille de Mazadan est liée au Graal, sur le rôle de la maison d’Anjou, qu’il existe une version originale venue de Tolède, centre d’études ésotériques juives et musulmanes, ce qui voudrait dire que les aventures du Graal ont une origine juive ou musulmane ! Kyot de Provence était sans doute Guiot de Provence, moine et troubadour.
Mention chez le continuateur de Chrétien de Troyes, Wauchier, du lieu de naissance de Perceval dans la ville de « Sinadon ». Je rappelle ici l’essentiel de ce qui est dit et cité du Graal. C’est le trésor présumé des Cathares, gardé par les vigilants Chevaliers du Temple, conté et chanté par les célèbres romans nés à la cour des Comtes de Champagne, eux-mêmes liés de près à la fondation de l’Ordre du Temple. Selon certains, le Graal était la coupe dont se servirent Jésus et ses disciples lors de la dernière cène; selon d’autres, il était le vase dans lequel Joseph d’Arimathie recueillit le sang de Jésus cloué sur la croix. Ses origines dans la littérature païenne se trouvent dans l’éternel cycle fondamental de la mort et de la renaissance. Il possède son équivalent païen: le chaudron de résurrection où les guerriers morts sont jetés au crépuscule pour les ressortir vivants à l’aube. Ce mythe apparaît en 1188 jusqu’en 1307/1314 (époque des Templiers), puis réapparaît en 1470 dans « La Mort d’Arthur» de Thomas Malory. Pour lui, le Graal est le vase dans lequel Joseph d’Arimathie a recueilli le sang de Jésus, puis Magdeleine l’aurait emporté avec elle en fuyant la Terre Sainte vers Marseille, où ses reliques sont encore vénérées. Le premier roman consacré à ce sujet est « Perceval ou le conte du Graal» par Chrétien de Troyes en 1188, dédié à Philippe d’Alsace, Comte de Flandre.
Sion porte en français (homographe) le nom de la montagne de Jérusalem qui supportait le Temple, mont du Temple ou mont de Sion ou encore rocher de Sion. Le mot est mentionné 155 fois dans l’ancien testament et 7 fois dans le nouveau. Etymologiquement Sion dérive du celtique Sedunum qui est composé de deux mots sed (paix) et dunum (mont, enceinte fortifiée) selon Wolfgang Guerraty. Or on sait que l’hébreux Jérusalem se décompose ainsi: irousa, qui signifie habitation (ville, par extension), peuple, maison et salem, paix. Donc, les sens de Sion et Jérusalem sont identiques en celtique comme en hébreux, non seulement homographes mais synonymes: l’étymologie est la même. Et l’hébreux tzion (Sion) signifie: lieu aride, désert. Enfin le Sion celte du Valais se trouve lui aussi, et avant Gruyère, sur la route de l’étain empruntée par Joseph d’Arimathie porteur présumé du Graal. Que cette double colline, sa noblesse, son souffle sacré et chevaleresque (aujourd’hui encore, malgré l’impardonnable hideur de la ville moderne) aient frappé l’imagination, que Rilke ait fait de cette vallée sauvage et marquée de grandeur son ultime terre d’élection (Père Nicolas de Preux).
La croisade
A Saint-Léonard entre Sion et Sierre (1184), après un combat sanglant, Berthold IV de Zaeringen remporte une victoire chèrement payée, et les Valaisans lui prêtent forcément, au Grand Sable noir près Sierre, le serment de fidélité. Ce duc eut pour successeur son fils Berthold V. Il requit des Valaisans le même hommage dans les champs de Loëche (1186), mais il lui fut répondu qu'un serment forcé ne saurait lier, et ils protestèrent énergiquement contre le joug qu'on voulait leur imposer. Il marcha contre eux en 1187, mais il n'obtint d'eux qu'une obéissance simulée. — Berthold V accompagna l'empereur Frédéric Barberousse dans la grande expédition en Terre Sainte; ses vassaux profitèrent de son absence. pour s'émanciper; mais de retour en 1190, il les dompta par deux victoires remportées, la première sur les grands du pays révoltés contre lui, et la seconde, en 1191, dans les montagnes à l'entrée du Grindelwald-, sur les barons et les Valaisans. Ce fut la même année que ce prince jeta les premiers fondements de la ville de Berne (Hyacinthe Brousoz, Histoire du Valais: dédiée à la jeunesse de ce canton, 1859).
Après la mort de l’empereur Henri VI de Hohenstaufen en 1198, les princes entourant l’évêque de Cologne Adolphe dirigèrent leurs regards sur Berthold V de Zaeringen et lui proposèrent d'accepter la couronne. Ils fixèrent pour jour de l'élection le dimanche Reminiscere du carême alors le 22 février. Roger Hoveden dit aussi que les messagers chargés d'inviter Richard d'Angleterre à se rendre à l'élection lui avaient annoncé qu'elle aurait lieu VIII kal. mart.
Le 20 décembre 1192, Richard Cœur-de-Lion, roi d'Angleterre, de retour de croisade, est capturé à Vienne par le duc Leopold V d’Autriche et remis à l'empereur Henri VI. Il le libéra contre forte rançon. Richard s’entremit sûrement dans l’élection du successeur d’Henri VI, avant même qu’on propose la couronne à son neveu Otton.
Les autres princes, qui étaient opposés à ce parti, élurent empereur Philippe de Souabe, frère de Henri VI, de son côté, fit sommer ses adversaires de le reconnaître pour souverain. Adolphe se sentit le cœur trop grand pour se désister si facilement de ses projets; mais il ne se sentit pas assez grand pour les sacrifier à la paix, à la concorde et au bien-être de l'Allemagne. « Une élection « d'empereur, observa-t-il, n'a jamais eu lieu sur le territoire « saxon : les anciens usages de l'Empire veulent qu'elle soit effectuée sur la terre de Franconie. » En conséquence, les princes qui s'étaient assemblés à Cologne avec l'archevêque renouvelèrent, sans avoir égard à ce qui avait été fait en Saxe, leurs négociations avec Berthold, et fixèrent un second jour, auquel il devait revenir avec une armée à Andernach, et être ensuite élu. Bertholde prit l'engagement et livra pour otages Conrad et Berthold d'Urach, ses neveux, fils de sa sœur Agnès. Mais ses conseillers lui ayant représenté que les princes de l'Allemagne orientale n'adhéreraient pas à son élection ; que le fils de l'empereur défunt avait été déjà élu par eux; son peu de goût pour la guerre, qui éclaterait infailliblement avec une élection contestée; enfin, son attachement pour les richesses, tous ces motifs le firent chanceler dans sa résolution. Il resta à Mayence afin de réfléchir plus mûrement sur les offres qu'on lui faisait. Là , il pesa tranquillement les soucis et les dépenses inséparables de la dignité impériale, combien Philippe était puissant, combien son voisinage serait dangereux pour ses propres possessions; il renonça donc aussitôt à son dessein ', et préféra la conservation de ses trésors au premier trône de la chrétienté. Il laissa ensuite non- seulement écouler le délai fixé pour se trouver à Andernach, mais il laissa ses neveux entre les mains des princes; ce qui fit que ses neveux, conformément à l'obligation contractée en cas de non-rachat, furent obligés de se vouer à l'état ecclésiastique V Leur famille s'éteignit, et leurs biens enrichirent la famille naissante de Wurtemberg. Quant aux frais que Berthold avait inutilement faits à cause de cette élection, Philippe, dont il fortifia le parti, le dédommagea plus tard en lui donnant une somme considérable3; et il trouva, dans la satisfaction de sa cupidité, une compensation suffisante pour la couronne qu'il avait dédaignée.
Pendant que les princes attendaient en vain à Andernach l'arrivée de Berthold, ils apprirent l'arrangement qu'il avait conclu avec Philippe, et furent justement outrés d'une si indigne conduite. Philippe ne put parvenir à les gagner ni parles deux mille marcs donnés à l'archevêque de Trèves, ni par des offres et des promesses plus considérables faites à Adolphe de Cologne; soit que l'archevêque, le chef et l'âme de cette assemblée, n'ait eu aucune confiance dans ces promesses, soit que le sentiment de ce qu'il devait à son propre honneur l'ait fait résister à toute séduction.
Aussitôt que Berthold V eut rejeté la proposition des princes, ceux-ci portèrent leurs regards sur le petit-neveu de Henri le Lion, le duc Bernard de Saxe, de la famille d'Ascanie, le même qui, le premier, avait élevé la voix contre la proposition de l'empereur Henri, qui demandait qu'on lui cédât l'hérédité de la couronne. Bernard se rendit sur le Rhin, non sans espérer que le choix tomberait sur lui. Mais en prince prudent et intelligent, il reconnut bientôt que c'était l'argent qui était appelé à frayer le chemin du trône, et il comprit que son corps, malgré toute sa lourdeur, ne serait pas de force à supporter le fardeau plus pesant encore de l'Empire. Il refusa donc aussi, s'en retourna en Saxe et embrassa le parti de Philippe.
Ce second refus, loin de décourager Adolphe et ses alliés, ne les fit nullement renoncer à l'espoir de porter sur le trône un autre adversaire de la maison de Souabe. Otton, deuxième fils de Henri le Lion, proscrit et dépouillé de ses fiefs par l'empereur Frédéric, se trouvait en Angleterre auprès du roi Richard, son oncle maternel. Si Henri, son frère aîné, n'eût pas été absent pour la croisade, les princes se seraient adressés à lui; car il se recommandait non-seulement par un âge plus murs, mais encore par les riches domaines et les grandes espérances d'héritage que lui avait apporté sa femme Agnès. Richard lui-même eût peut-être choisi le plus âgé des deux neveux. Mais les circonstances exigeaient à cette époque un prince dont on pût connaître promptement la résolution, et qui fût à même de prendre sans retard sa position, et de se placer à la tête du parti.
Après être monté sur le trône d'Angleterre en 1189, Richard donna à son neveu Otton de Brunswick des preuves de son attachement, en le gratifiant de l'usufruit du comté d'York. Mais celui-ci n'ayant pas paru avoir obtenu l'affection des habitants, il échangea plus tard ce comté contre celui du Poitou, qui avait été la dotation personnelle de Richard comme prince, et dans lequel Otton était déjà connu, à cause de quelques domaines qu'il y possédait. Dans la suite, il y ajouta le duché d'Anjou (Friedrich von Hurter, Histoire du Pape Innocent III et de ses contemporains, tome I, 1855).
Sachant que Wolfram Eschenbach était un proche d’Hermann de Thuringe attaché au parti d’Otton, l’allusion d’une dynastie d’Anjou dans le roman Parzifal peut faire penser au prétendant welf à l’empire.
Hesed - Ourscamp/noyon – L’Empereur/Le Diable – 6 janvier/8 juillet
Le graal
Une copie du Perlevaus a été assez tôt dans les mains de Jean de Nesle. Cet homme fut un bienfaiteur toute sa vie des fondations cisterciennes dans la région où a été écrite la Queste du saint Graal. Il fut spécialement en relation avec l’abbaye d’Ourscamp, au cœur de la région que l’auteur de la Queste devait connaître. Il devait soit appartenir à cette abbaye soit être proche de ses moines selon Justice Neale Carman (The relationship between the Perlesvaus abd the Queste, Bulletin of University of Kansas, XXXVII (July 1936)) (Pauline Maud Matarasso, The Redemption of chivalry: a study of the Queste del Saint Graal, Volume 180, 1979).
Cette opinion est contestée par Ferdinand Lot (Albert Pauphilet, Études sur la Queste del Saint Graal attribuée à Gautier Map, 1996).
Rien dans le roman de Chrétien ne permet de déceler que la relique du Saint Sang de Bruges ait exercé une influence quelconque sur sa conception du Graal. Cependant les continuateurs ne se sont pas privés de rattacher le graal au sang du Christ.
Les continuateurs de Chrétien et l'auteur de La Queste del saint Graal notamment y parviendront, mais en christianisant à tout va les deux objets, en faisant du sang qui perle le sang du Christ en croix qui, dans La Queste del saint Graal, vient s’unir à l’hostie que contient le Graal (Emmanuèle Baumgartner, Chrétien de Troyes: Le conte du Graal, Volume 62 de Études littéraires, 1999).
La Queste del Saint Graal, vraisemblablement composée dans un milieu cistercien, milieu auquel Joachim de Flore a appartenu, nous semble susceptible de faire directement écho à certaines spéculations particulièrement en vogue du XIIème siècle, spéculations qui ont abouti à la conception joachimite des trois âges du monde.
Si la Queste ne peut incarner ce nouvel évangile qui pour Joachim de Flore se situe au delà de tout langage, du moins peut elle prétendre y préparer. Le roman se termine en effet, comme on sait, sur une vision aperte qui renvoie toute figure et tout signe langagier à son insuffisance, à l'instar du troisième Evangile joachimite : Cum venerit Spiritus veritatis et docebit vos omnem veritatem, quid nobis ulterius de figuris? Sicut enim evacuata est observatio agnis paschalis in Observatione corporis Christi: ita in clarificatione spiritus sancti cessabit observatio figure, ut non sequantur ultra homines figuras, sed ipsam simplicissimam veritatem. (Liber concordiae Novi ac Veteris testamenti) (Mireille Séguy, Les romans du Graal ou le signe imaginé, Volume 58 de Nouvelle bibliothèque du Moyen Âge, 2001).
La croisade
Pour se libérer de l'influence de sa mère, la reine Adèle de Champagne, et du parti champenois, le jeune Philippe Auguste a fait alliance avec Philippe d'Alsace, comte de Flandre, en épousant sa nièce Isabelle de Hainaut. Mais, voyant que ce mariage ne lui permet pas d'accroître son influence et son pouvoir, le Flamand va changer de politique et se rapprocher des Champenois. Le 14 mai 1181, sous prétexte de négocier le mariage du fils du comte Baudouin V de Hainaut avec une fille du comte Henri II de Champagne, les princes de Flandre, de Champagne et de Bourgogne se concertent au château de Provins et forment une ligue contre Philippe Auguste. Les hostilités, comme c'est toujours le cas au Moyen Age, sont sans cesse interrompues par des trêves, celle de l'hiver, celles des grandes fêtes religieuses. Par ailleurs les belligérants ne se hasardent ni aux longs sièges ni aux combats décisifs; ils évitent même soigneusement de se rencontrer ! Philippe Auguste arrivera à se débarrasser de ses ennemis par d’habiles opérations : il reprend Saint Brisson, d'où il expulse son oncle, à qui il enlève ensuite la forteresse de Châtillon sur Loire et qu'il réduit à implorer la paix (chrisagde.free.fr - Philippe Auguste).
Philippe d'Alsace, comte de Flandre, donna, au cours de la guerre, l'ordre d'incendier les faubourgs de Noyon le 27 novembre 1181, mais la cathédrale ne fut pas atteinte par les flammes.
Philippe d'Alsace, comte de Flandre, et de Vermandois par son mariage, en 1159, avec Elisabeth, sœur de Raoul II, dit le Jeune on le Lépreux, comte de Vermandois, de Valois et d'Amiens, mort en 1176 de la lèpre et sans postérité. Celle-ci étant morte en 1183, sans laisser d'enfants, sa sœur Eléonore revendiqua le comté de Vermandois qui, après de longs démêlés, lui fut enfin cédé en 1185. Craignant d'être pris définitivement en étau entre le domaine royal et le Hainaut, la paix est signée à Amiens le 10 mars 1186. Philippe d'Alsace conserva en dédommagement le titre de comte de Vermandois, et eut sa vie durant les villes de St-Quentin, Ham, Péronne, etc.
Philippe d’Alsace meurt de la peste en 1191 au siège d’Acre qui avait été reprise en 1187 comme Jerusalem. Il était parti en Terre sainte en 1190, et déjà une première fois en 1177.
A Noyon, l'évêque avait, comme seigneur féodal, un pouvoir très-étendu : il était à la fois grand vassal de la couronne, en vertu de fiefs immédiats réunis à son siège, et seigneur indépendant du Vermandois, qui relevait de son évêché. Comme grand vassal, il était un des pairs ecclésiastiques, et portait le baudrier au sacre du roi de France; comme suzerain du Vermandois, il traitait d'égal à égal avec le pouvoir royal. Aussi, lorsqu'en 1191, après la mort de Philippe d'Alsace, comte de Vermandois, Philippe-Auguste eut réuni le Vermandois à la couronne, il fallut qu'il transigeât avec l'évêque de Noyon. Le roi et le prélat se donnèrent des lettres doubles ou lettres d'échange, scellées de leurs sceaux, en date du mois d'août 1213, par lesquelles, d'un côté, Etienne, évêque de Noyon, déclare qu'il remet et quitte au roi Philippe l'hommage dû à son église pour le comté de Vermandois; et le roi, en échange, lui cède les terres et fiels qu'il possédait à Lassigny et à Coye. Dans ce marché, c'était l'évêque qui gagnait du pouvoir temporel (Ludovic Vitet, Etudes sur l'histoire de l'art, 1868).
La bataille de Hattin, qui mit fin, en 1187, au royaume franc de Jérusalem, mit fin en même temps au protectorat direct de la France sur la Ville Sainte. Les Templiers et les Hospitaliers furent massacrés sans merci, le nouveau roi de Jérusalem, Guy de Lusignan et le Grand Maître du Temple, Gérard de Ridefort se trouvaient parmi les prisonniers. Arrivé en Terre Sainte pour s'y tailler un fief, Gérard de Ridefort rejoint la deuxième croisade en 1146. Raymond III de Tripoli lui promet un riche mariage avec sa vassale Lucia de Botrun mais se ravise finalement, préférant l'offre d'un riche négociant pisan. Il s'est fait de Ridefort un ennemi mortel. Désormais allié de Guy de Lusignan, Ridefort s'introduit dans l'Ordre du Temple dont il devient Sénéchal en 1183 et maître dès 11851. Après la mort de Baudouin IV en 1185 et de Baudouin V peu après, il arrache la couronne du Royaume de Jérusalem à Raymond III en 1186 au profit de son allié. Les campagnes téméraires menées par Ridefort contre Saladin sont désastreuses et coûtent de nombreuses vies dans les deux camps. À la mort de Ridefort devant Acre le 4 octobre 1189, les quatre États latins d'Orient sont exsangues et le sort des combats incertain (fr.wikipedia.org - Gérard de Ridefort).
Le 8 juillet 1187, Saladin arrive devant les murs de Saint-Jean d'Acre, défendue par Josselin III de Courtenay. Ce seigneur, il est vrai sans grands moyens militaires, mais aussi sans grand courage, ne cherche pas à résister et négocie dès le lendemain la reddition de la ville avec Saladin. Malgré l’hostilité des bourgeois et du bas peuple de la ville, qui faillit dégénérer en émeute, cette dernière est livrée à Saladin le 10 juillet (fr.wikipedia.org - Siège de Saint-Jean-d'Acre (1191)).
Baudouin le Lépreux avait fait couronner son neveu âgé de 5 ans, le 20 novembre 1183. Nous avons dit que les comtes de Tripoli et d'Édesse avaient été chargés de la régence et de la tutelle du roi. Josselin de Courtenay l’emmena à Saint-Jean d'Acre pour s'occuper de son éducation. Le régent venait de conclure une trêve de quatre ans avec Saladin, lorsque l'enfant-roi mourut à Saint-Jean d'Acre au commencement de septembre. Le bruit public fut que ce prince avait péri victime d’un empoisonnement.
Les Templiers
Les Templiers reçurent le domaine du mont Hérimont, « Mont Renaud », où prit place une commanderie, à la demande de l'abbé d'Ourscamp et de saint Bernard, pour défendre l'abbaye et la région.
Parmi les premiers bienfaiteurs des Templiers dans le Noyonais, nous devons citer principalement Simon de Vermandois, évêque de Noyon. En 1130, Simon et les chanoines de sa cathédrale accordent aux templiers la jouissance pendant un an de toute prébende canoniale vacante par décès, démission, entrée en religion ou autrement. Ils dotèrent aussi largement les Cisterciens, appelés à Ourscamp.
Le 8 juillet est la fête d’Elisabeth de Portugal, au miracle des roses, fondatrice de l’église du Saint-Esprit à Alenquer, qui instaura avec son mari Denis, roi de Portugal, vers 1295, « la solennité de l’Empire », ou Messe du Saint-Esprit à l’exemple de celle de la Queste du Saint Graal, déjà traduit en portugais, où Galaad, fils de Lancelot, s’assoit sur le siège périlleux le jour de la Pentecôte, fête du Saint-Esprit, où les « trois sergents de Jésus-Christ » — Galaad, Perceval et Bohort — entrent dans la Forêt Gaste et y suivent le Blanc Cerf, escorté par 4 lions, qui les conduit à l'ermite d'un vieux prud'homme, « revêtu des armes de Notre Seigneur », s'apprêtait à commencer la messe du Saint-Esprit ».
En 1319, Denis fondera avec l’accord de Jean XXII, l’ordre des Chevaliers du Christ qui prend la succession des Templiers aboli en 1312, sans que le moindre mal ne leur fut fait au Portugal (Jean-Pierre Brach, L'Histoire cachée entre histoire révélée et histoire critique, Numéro 10 de Collection Politica hermetica, 1997).
Gevurah – Rochemaure – Le Pape/La Fouldre – 23 janvier/24 juillet
Rochemaure eut, au moyen âge, de puissants seigneurs, terribles à la guerre, mais magnifiques et hospitaliers dans la paix. D'abord les Adhémar, d'antique et noble race, puis les Rohan-Soubise, grande et riche famille de Bretagne, dont le chef portait au front une couronne de prince. Au XVIème siècle celte ville ferma ses portes aux protestants. Plus tard le seigneur de Rochemaure se déclara contre Louis XIII qui fit raser son château (Victor Adolphe Malte-Brun, La France illustrée: Géographie, histoire, administration et statistique, Volume 1, 1855).
Partie du royaume de Bourgogne-Provence, le pays de Montélimar entre dans la mouvance du Saint Empire Romain germanique en 1032. Les bénédictins de l’Isle- Barbe-Lès-Lyon y possèdent onze églises. Cette époque voit l’ascension de la famille des Adhémar de Monteil qui construit un vaste palais et donne son nom à la ville. En 1198, les Montiliens obtiennent une charte des libertés. En 1449, Montélimar est intégrée au Dauphiné par le Dauphin futur Louis XI. L’église Sainte Croix est reconstruite et érigée en collégiale.
La croisade et la lance
Adhémar de Monteil, fils du consul ou comte gouverneur de Valence en Dauphiné, le 39e évêque du Puy, le légat de Rome chef de la première croisade, l'habile général qui mena dans l'armée du comte de Toulouse huit mille hommes presque tous sortis du Velay, le héros de Dorilée et d'Antioche, le pontife guerrier chanté par le Tasse, serait une des gloires de la race illustre que les généalogistes font descendre des ducs de Gènes, et quelques-uns des vicomtes de Marseille (Le Héraut d'armes: revue illustrée de la noblesse, 1863).
La situation au siège d’Antioche en 1198 semble critique quand le 10 juin, un prêtre provençal, Pierre Barthélémy, annonce à Raymond de Saint-Gilles et à Adhémar que le Christ lui est apparu en rêve et lui a révélé le lieu où est caché la Sainte Lance. Adhémar, connaissant l’existence d’une relique similaire à Constantinople, n’attacha pas d’importance au récit, tandis que le comte de Toulouse le croit et fait entreprendre des fouilles pour la retrouver. Sans être le moins convaincu par cette découverte, Adhémar garde le silence et laisse la conviction des croisés stimuler leur enthousiasme. Le 28 juin, les croisés effectuent une sortie et attaquent le camp musulman. Adhémar commande une des divisions, précédé d’un chapelain, Raymond d’Aguiliers, qui porte la Sainte Lance, et prend une part très active à cette bataille (fr.wikipedia.org - Adhémar de Monteil).
Le coup de la lance était une pieuse ruse d'un Adhémar, par laquelle il sauva la ville d'Antioche, assiégée par les Sarrasins selon certains (Mémoires et proces-verbaux, Volume 2, 1848).
Depuis lors les Adhémar portent dans leurs armoiries : D’or à trois bandes d’azur. Cimier : un lion issant armé d'une lance à banderole d'or chargée de la légende : Lancea sacra. Devise : Plus d'honneur que d'honneurs.
La Lance se trouve ainsi du côté de Gabriel à la gauche du Christ crucifié. Selon Guillaume Durand qui écrivit un rational faisant autorité au moyen âge :
« Mais, puisque le Christ a été percé d'une lance au côté gauche, pourquoi dit-on ici que cette eau sort du côté droit? Je réponds : Il y a deux côtés du Christ, le droit et le gauche. Le droit est sa divinité, et le gauche son humanité. Donc, l'eau est sortie du côté droit, parce que de la nature divine du Christ l'eau invisible de l'Esprit saint s'est épanchée, et il a donné à cette eau invisible qui jaillit du côté gauche, c'est-à -dire de l'humanité du Christ percée d'un coup de lance, la vertu du salut. C'est donc à juste titre qu'à la procession du jour de Pâques nous chantons ces paroles à la louange de ce fleuve, dans l'inondation duquel nous avons pris une seconde vie par la mort du Christ. Mais après l'Octave de la Pentecôte, les dimanches, pendant l'aspersion, on chante l'antienne Asperges me, Domine, etc., qui, depuis Pâques jusqu'alors , était omise parce que le Prophète avait prédit tout ce qui se rattache à la foi de la passion et à l'humilité du baptême (Guillaume Durand, Volume 2 de Rational ou manuel des divins offices, traduit par Charles Barthélemy, 1854).
Les Templiers
C'est le 23 janvier 1120, lors du concile de Naplouse que naquit, sous l'impulsion d'Hugues de Payns et Godefroy de Saint-Omer, la milice des Pauvres Chevaliers du Christ et du Temple de Salomon (en latin : pauperes commilitones Christi Templique Solomonici), qui avait pour mission de sécuriser le voyage des pèlerins affluant d'Occident depuis la reconquête de Jérusalem et de défendre les États latins d'Orient (fr.wikipedia.org - Ordre du Temple).
La famille des Adhémar apparaît très liée à l'ordre du Temple dans sa seigneurie de Montélimar. Le légat Adhémar de Monteil a en effet emmené avec lui en Terre sainte deux frères et quatre neveux.
La dévotion de Tiburge a pu en revanche se transmettre aux Adhémar par l'intermédiaire de son premier époux Géraut Adhémar (mort en 1127/9). L'attrait pour le Temple, ici un peu plus tardif mais tout aussi profond, paraît être à l'origine de la présence de l'ordre à Montélimar dont le lignage tenait la seigneurie. Les templiers possèdent une maison à Montélimar près de l'église Sainte-Croix. Il est d'abord le fait de Guilhem Uc III et de Géraut I Adhémar, deux neveux de Géraut Adhémar, puis sera poursuivi par le fils de ce dernier, Lambert Adhémar I. La maison de Richerenches bénéficie de la protection des Adhémar. Géraut II d’Adhémar est inhumé dans la maison du Temple à Montélimar. Guigue Adhémar est maître de la maison du Temple de Provence de 1293 à 1300 (Damien Carraz, L'Ordre du Temple dans la basse vallée du Rhône : 1124-1312, 2005).
Lachesnaye des Boys, dans son Dictionnaire de la Noblesse (Paris, A. Boudet, 1776), donne une note généalogique sur les Pagan de Toulouse, qui, dans les divers actes les mentionnant, sont nommés en latin Pagani, Pagauo et en français Pagan.
« En 1117, Hugues de Pagan et Geoffroy d'Adhémar, tous deux gentilshommes de Toulouse, fondèrent l'Ordre des Templiers. » Lachesnaye des Boys n'en dit pas davantage et il ajoute pour toutes preuves: « Un Hugues et Bertrand de Pagan rendirent hommages de leurs fiefs au roi en 1170. » Voilà encore une question historique toute posée aux savants Toulousains, mais non résolue (Delorme, Ode sur la paix, 1801).
Certains auteurs parlent d’un Hugues de Payens issu de Saint-Symphorien-de-Mahun et font de Geoffroy de Saint-Omer un Adhémar :
« Le midi contribua aussi merveilleusement à la fondation des ordres chevaleresques. C'est Girard Tune, des Martigues, qui créa, en 1099, les chevaliers de St-Jean; Hugues de Paganis et Geoffroy d'Adhémar, qui établirent l'ordre des Templiers. Cette illustre famille d'Adhémar ( Azémar, Aimar), dont il existe encore deux branches aujourd'hui, descendait de Giraud, seigneur de Monteil, créé comte de Gênes par Charlemagne. Ils étaient issus d'un prince sarrazin converti à la foi. Charlemagne, peut-être parrain de Giraud, ou Pépin-le-Bref, lui donna la terre de Monteil (Montélimar) »
Au XVIIème siècle, Polycarpe de la Rivière est à l'origine de l'invention de l'origine vivaroise d'Hugues de Payns. Il est étonnant de constater que cette fantaisie compte encore des défenseurs (Damien Carraz, L'Ordre du Temple dans la basse vallée du Rhône : 1124-1312, 2005).
Tiphereth – Huriel – L’Amoureux/L’Etoile – 8 février/10 août
On a dit et répété que Flamenca était le premier en date des grands romans psychologiques français qui inaugure la longue tradition qui aboutira à Marcel Proust en passant par la Princesse de Clèves.
Flamenca, tout comme La Princesse de Clèves à laquelle on l'a parfois comparée, s'ouvre ainsi sur la peinture brillante d'un monde où tout paraît être luxe, calme et volupté de vivre. Apparence fragile ! Que l'amour fasse irruption, que succède à l'émoi policé la réalité brutale de la passion, et l'harmonie disparaît, la grâce des attitudes apprises s'évanouit, la vraie nature des êtres se révèle (Jean Frappier, Hans Robert Jauss, Erich Köhler, Grundriss der romanischen Literaturen des Mittelalters, Volume 2,Partie 1,Numéro 4, 1968).
Avec Flamenca, nous sommes dans le domaine occitan seul, encore que l'action de ce roman se déroule en pays d'oïl. Le passage souvent cité du roman de Flamenca (composé vers 1240-50) est significatif : les contes arthuriens que l'on récite à la cour de Bourbon-l' Archambault sont bien plus nombreux que ceux d'inspiration « antique », biblique ou épique (Actes du congrès national, Volume 7, 1956).
Le Roman de Flamenca date du milieu du XIIIème siècle, ce qui le fait à peu près contemporain de l'écrasement des Cathares et du tristement célèbre Bûcher de Montségur. La seule copie existante a été retrouvée à Carcassonne.
Raynouard est le premier qui ait fait connaitre par une analyse et des extraits le poème dont je publie la première édition. L'unique manuscrit qui nous l'a conservé ayant perdu ses premiers et .ses derniers feuillets, il n'y avait point à compter sur l’incipit ni sur l'explicit pour fournir un titre à l'ouvrage. Il a donc fallu l'imaginer. Raynouard a choisi « Roman do Flamenca », du nom de l'héroïne, comme il aurait pu dire « Roman de Guillaume de Nevers », puisque tel est le nom du héros. J'adopte le titre consacré.
Ce roman occupe dans la littérature provençale une place à part. Il n'a rien de commun avec les vieilles traditions carlovingiennes ou bretonnes; le sujet n'en est pas emprunté aux légendes que l'antiquité a transmises au moyen-âge; et on ne saurait non plus y voir un de ces récits populaires que l'on retrouve presque en chaque littérature, et dont le caractère impersonnel empêche de démêler l'origine. Flamenca est la création d'un homme d'esprit qui a voulu faire une œuvre agréable où fût représentée dans ce qu'elle avait de plus brillant la vie des cours au XIIème siècle. C'était un roman de mœurs contemporaines.
Archambaud, seigneur de Bourbon, a obtenu la main de Flamenca, fille du comte Gui de Nemours; les noces sont célébrées avec magnificence, et le nouvel époux, ne voulant pas être en reste de libéralité, revient seul à Bourbon afin d'y ordonner une fête dont l'éclat dépassera toutes celles qu'on a vues jusqu'à ce jour. Ses préparatifs terminés, il fait annoncer sa cour; il y invite le roi de France et le prie de lui amener Flamenca restée à Nemours.
La fête est splendide. Cependant un incident futile vient troubler pour longtemps le bonheur d'Archambaud. Le roi s'était avisé, on ne sait pourquoi, de fixer au bout de sa lance une manche de femme. La reine s'en aperçoit; irritée, elle fait appeler Archambaud, et lui laisse entendre que ce gage d'amour pourrait bien venir de Flamenca. Archambaud se défend d'en rien croire, toutefois, il quitte la reine plus affecté qu'il ne veut en avoir l'air. Certains faits qu'en une autre situation d'esprit il n'eût pas remarqués, certaines galanteries du roi à l'égard de Flamenca viennent augmenter ses soupçons ; cependant il se contient jusqu'au départ de ses hôtes, mais alors il éclate en reproches insensés contre sa femme, il se croit trompé, il accuse le roi. Désormais, un seul moyen peut assurer sa sécurité, c'est de tenir sa femme renfermée dans une tour (Paul Meyer, Le roman de Flamenca, 1865).
Parmi les auteurs cités dans Flamenca, un seul représente la littérature provençale ; c'est Marcabrun, un des plus anciens de nos troubadours et aussi un des plus célèbres, comme nous l'apprennent les témoignages recueillis par Raynouard, par Mann, par Diez et par Bartsch, dans les œuvres de Peire d'Auvergne, de Guirautde Cabreira, de Raimon Jordan, de Marcoat, de Matfre Ermengaut, etc (Ph. Tamizey de Larroque, Flamenca, Revue de Gascogne: bulletin bimestrial de la société historique de Gascogne, Volume 7, 1866).
Les courtes biographies manuscrites ne s'accordent pas absolument à l'égard de ce troubadour remarquablement original. On le déposa enfant à la porte d'un homme riche, Aldric de Villar de Carcassonne, qui le fit élever. Plus tard il habita chez le troubadour Cercamon, jusqu'à ce que lui-même eût commencé à poétiser; on l'appelait Panperdut. Il adopta le nom de Marcabrun. Sa célébrité fut grande et l'on redoutait sa mauvaise langue. Mal lui en prit, car le châtelain de Guian se vengea en lui donnant la mort. L'autre notice semble une rectification : il était Gascon et fils d'une pauvre femme, Maria Bruna. La critique a, quant à présent, placé Marcabrun dans la seconde moitié du XIIIème siècle. Il prend rang au contraire parmi les plus anciens troubadours. L'une des biographies le dit positivement et l'autre affirme que de son temps on ne connaissait pas encore le canson et que toute poésie chantée était dénommée vers. Joignez à cela les témoignages d'autres troubadours. P. d'Auvergne, l'un des aînés, cite Marcabrun comme> un contemporain, et Raimon Jordan, qui florissait vers 1200, en parle comme d'un ancien maître. Somme toute et en tirant induction de ses propres chansons, sa carrière poétique nous paraît comprise entre 1140 et 1185. La pièce la plus importante est un sirventes sur l'expédition d'un empereur d'Espagne contre les Almoravides, dans lequel on a cru reconnaître Alphonse X. Mais il s'agit d'Alphonse VIII, roi de Castille et Léon, qui se déclara (1135) empereur d'Espagne et flt plusieurs levées de boucliers contre les mécréants. La plus mémorable eut lieu de concert (1147) avec le roi de Navarre et le comte de Barcelonne, régent d'Aragon; c'est elle que notre poète avait en vue; l'on sait au surplus que la dynastie des Almoravides fut renversée parcelle des Almoades, en 1149. Un autre sirventes a trait à un roi Louis faisant un appel à la croisade; ce roi est Louis VII et non pas Marcabrun est l'un de ces poètes qui faisaient consister le grand mérite de la haute poésie dans l'élocution obscure; aussi sommes-nous littéralement hors d'état de bien comprendre le quart de ses chansons. Quelques-unes toutefois sont exemptes de ce travers. Ennemi juré du beau-sexe qu'il attaque incessamment et sans rime ni raison, mais non sans recevoir en retour de rudes coups de lance, il moralise sur un ton à blesser les oreilles les moins délicates et professe, quant à lui, un cynisme effronté et notamment un insoutenable amour-propre. L'ensemble de ses productions ne nous apprend pas grand chose sur ses destinées ultérieures. Dans un sirventes, il parle du comte de Poitiers (Ricbard- Cœur-deLion) et d'un Alphonse qui possède Avignon, la Provence et Beaucaire (Alphonse II d'Aragon); mais un vers nous ferait supposer qu'il atteignit à une certaine vieillesse: quan per aver es un gariz emperaire. IV. 304. « Un » gars est devenu empereur à cause de sa richesse, » cela ne peut guère s'entendre que du bysantin Alexis II qui monta sur le trône (1180) à l'âge de trente ans (Friedrich Diez, Ferdinand de Roisin, La poésie des troubadours, 1845).
Bien de ces sirventes portent sur la reconquista et sur la croisade. L'un des plus connus a été composé par Marcabru, probablement en 1149, à l'occasion de la conquête de Tortosa : il contient une comparaison entre la lutte contre les musulmans et le lavador, bain par lequel les combattants chrétiens se purifient de leurs péchés (Dominique Billy, François Clément, Annie Combes, L’espace lyrique méditerranéen au Moyen Âge, 2006).
Bourbon-l’Archambaud est justement une ville de bains dès l’antiquité et Guillaume de Nevers et Flamenca se rencontre dans un établissement de bains tenu par Pierre GUy.
Le roman de Flamenca aurait été composé dans l'entourage des Roquefeuil ; il célèbre le seigneur d'Algues. Le château éponyme de la famille se dressait sur le Saint-Guiral, position stratégique entre Rouergue et Languedoc. Elle possédait d'autres forteresses dominant les gorges de la Dourbie (Algues et Cantobre).
Roquefeuil, ancien fief dont le château dont il reste quelques ruines était construit à 1366 mètres d'altitude sur le Mont Saint Guiral (forme dialectale de Saint-Géraud) au hameau de Seingleys , à la limite entre la commune de Saint-Jean-du-Bruel (autrefois appelée: Saint Jean de Roquefeuil), dans le département de l'Aveyron, et celle d'Alzon dans le département du Gard. Les Roquefeuil furent parmi les premiers seigneurs du Midi qui se rallièrent aux Français du Nord après la défaite des Albigeois. Le Roman Flamenca présente une intrigue empreinte de courtoisie occitane dans l’environnement de la France du Nord.
La Vie de saint Amand présente la donation qu'il reçut de Childéric II, roi d'Austrasie entre 662 et 675, pour fonder un monastère à Nant dans l'Aveyron. C’est un de ces moines au XIIIème siècle qui aurait écrit le roman Flamenca en l’honneur des seigneurs de Roquefeuil. Nant se trouvait en effet dans le diocèse de Rodez qui faisait partie des cités méridionales appartenant aux rois austrasiens depuis 561 et restituées à Sigebert III immédiatement après la mort de son père (639). Derrière le geste de Childéric, il faut sans doute voir la main, non plus de la puissante famille Pippinide — en retrait depuis 657 -, mais désormais du maire du palais Waratton (Charles Mériaux, Gallia irradiata: saints et sanctuaires dans le nord de la Gaule du haut Moyen âge, 2006).
Bérenger de Roquefeuil, fils de Jean, de la famille de Roquefeuil Blanquefort, et d'Isabeau de Peyre, (né en 1448 au château de Flaugnac (Quercy) - mort le 10 janvier 1530) qui n'avait pas participé à la Ligue, quitta brutalement en 1477 la cour d'Amboise, lorsqu'il apprit que Jacques d'Armagnac (1433-1477), duc de Nemours et comte de la Marche, dont il était féal et avec qui il était apparenté, allait être décapité en place publique. Revenu sur ses terres, Bérenger montre sa puissance en agrandissant et en fortifiant considérablement son château de Bonaguil, recélant un carré SATOR et l’église Saint-Michel et sa chapelle Sainte-Barbe.
M. A Thomas puis Charles Grimm pensent que Nemours est une transcription de Namur, car le père de Flamenca invite tous les seigneurs de Flandres, ses voisins, à sa visite à Bourbon, qui était passé aux Dampierre en 1196. Ceux-ci recueilleront la Flandre puis Namur après en 1244.
L’auteur de Flamenca désigne souvent l’héroïne comme dame de Belmont (Charles Grimm, Étude sur le roman de Flamenca: poème provençal du XIIIe siècle, 1980).
Marguerite II de Flandre (vers 1202 - 1280) ou Marguerite de Hainaut ou Marguerite de Constantinople, dite la Noire, comtesse de Flandre et de Hainaut de 1244 à 1280, dame de Beaumont (Hainaut), la seule de toute l’histoire du Hainaut. Elle était la fille cadette du comte Baudouin IX, Baudoin VI de Hainaut, comte de Flandre et de Hainaut, puis empereur latin de Constantinople, fils de Marguerite d'Alsace - comtesse de Flandre, sœur de Philippe d’Alsace commenditaire du Conte du graal de Chrétien de Troyes -, et de Marie de Champagne (1174 - 1204). Marguerite est la sœur de la comtesse, Jeanne de Flandre (1188 - 1244) et ancêtre de Pierre de Craon, l'auteur de l'attentat contre Olivier de Clisson qui occasionnera une expédition punitive de Charles VI au cours de laquelle le roi aura une crise de folie provoquée par l'apparition d'un "spectre" dans la forêt du Mans.
Guillaume II, né en 1196, mort le 3 septembre 1231, fut seigneur de Dampierre de 1216 à 1231, et seigneur de Beaumont (Hainaut), du droit de sa femme de 1223 à 1231. Il était fils de Guy II, connétable de Champagne, seigneur de Dampierre, de Bourbon et de Montlucon et de Mathilde, dame de Bourbon.
La croisade
Roger De Brosse, Ier du nom, seigneur de Boussac, Sainte-Sévère et de Huriel, épousa, en 1266, Marguerite de Déols, fille d'Ebbes de Déols, seigneur de Châteaumeillant. Il meurt en 1297 et est inhumé en l’abbaye de Prébenoît. Il participe à la 7ème et 8ème croisades. Le 6 Jun 1249, il s'empare de Damiette en Egypte. En 1250, il participe à la bataille de Mansourah, le 8 février.
Pour attaquer la ville, il faut franchir un bras du Nil, le Bahr al-Saghîr, mais Fakhr al-Dîn tient fermement l’autre rive. Ayant appris d’un déserteur Bédouin l’existence d’un gué à Salamûn, quelques kilomètres en aval, Louis IX et son armée traversent le Bahr al-Saghîr le 8 février. Le comte d’Artois est l’un des premiers à mettre le pied sur l’autre rive et, malgré les conseils de prudence des Templiers qui ne peuvent cependant l’abandonner. Ils se jettent sur les turcs, suivis du grand-maître du Temple Guillaume de Sonnac et bousculent le petit corps gardant la rive ; sans attendre le gros de l’armée, Robert d’Artois exploite son avantage, entraînant à sa suite les Templiers, et traverse presque sans opposition le camp sarrasin. L’émir Kahreddin est tué. Les croisés entrent par surprise à l’intérieur de Mansourah, se répandent dans la ville, quand les mamelouks turcs, qui s’étaient repliés dans la ville, sont repris en main par leur chef Rukn ad-Dîn Baybars (Baybars l’Arbalétrier). Les assaillants sont tous massacrés, dont le comte de Salisbury, à l’exception de quelques chevaliers, dont Guillaume de Sonnac qui s’en tire avec un œil en moins. Il est aveuglé puis tué à la seconde bataille de Mansourah, le 11 février 1250.
La bataille suivante de Fariskur eut lieu le 6 avril 1250. Elle opposa les Croisés français menés par Saint-Louis à une armée égyptienne. Les Français reculaient depuis l'échec du siège de Mansourah où ils avaient été battus durant la bataille de Mansourah. Les Égyptiens victorieux, Louis IX fut capturé avec son armée et échangé contre la reddition de Damiette en 1248 dont la capture avait été la seule vraie victoire de la Croisade. Cette bataille marqua la fin de la septième croisade. Une rançon de 400.000 besants (200.000 livres) réunie par la reine Marguerite de Provence est payée et les prisonniers sont libérés.
En 1270, Boussac participe au siège de Tunis avec Louis IX (huitième croisade) (fr.wikipedia.org - Bataille de Mansourah, fr.wikipedia.org - Septième croisade, fr.wikipedia.org - Bataille de Fariskur).
Netzah – la Ferté-Bernard – Le Chariot/La Lune – 25 février/26 août
Le graal
Nous avons nous-mêmes étudié les Fêtes des Lances qui se produisaient, chaque année aux jours des Pâques Fleuries, dans treize paroisses de l'ancien diocèse du Mans (Cenomanicum) au Moyen Âge, toutes font état du culte des reliques de la Passion (Lance et calice du Précieux Sang). Les conditions socio-historiques d'apparition de ces cérémonies sur fond de croisade, l'intérêt que semblent y avoir porté les Plantagenêts, nous est apparue étrangement semblable au climat qui entourait la composition des récits du Graal (g.bertin.pagesperso-orange.fr - Saint graal).
Daté des années 1220, un manuscrit conservé à la bibliothèque de Rennes Métropole est le plus ancien Lancelot-Graal connu, ce vaste cycle des légendes arthuriennes dont il renferme trois des cinq textes : l’Histoire du Saint Graal, le roman de Merlin et le roman de Lancelot. L’Histoire du Saint Graal conte comment Josephé, fils de Joseph d’Arimathie emporte le Graal. Josephé, fils de Joseph d’Arimathie, quitte Sarras et apporte le Graal depuis l’Orient jusqu’en Grande Bretagne pour propager la religion chrétienne. Evêque, il quitte sa famille et se dirige avec cent cinquante ministres vers Norgales et Camelot pour convertir les peuples païens, à l'aide du Vase sacré. Selon le conte, le Graal était le plat de la Cène dans lequel Jésus a mangé l’agneau pascal lors de son dernier repas chez Simon le Lépreux. Un juif le trouve chez Simon et le donne à Pilate, qui en fait don à Joseph. C’est dans ce plat que Joseph d’Arimathie recueille le sang du Christ lors de la Crucifixion (expositions.bnf.fr - Lancelot-Graal de Rennes).
Julien fut évêque du Mans. On dit que c'est Simon le lépreux que le Seigneur guérit de sa lèpre et qui invita J.-C. à dîner. Après l’ascension de N.-S, il fut ordonné évêque du Mans parles apôtres. Il fut illustre, par ses nombreuses vertus et ressuscita trois morts, après quoi il mourut en paix. On dit que c'est ce saint Julien qui est invoqué par les voyageurs, afin qu'ils trouvent un bon gîte parce que c'est dans sa maison que le Seigneur fut hébergé (www.abbaye-saint-benoit.ch - Julien du Mans).
En 1150, quand Henri II Plantagenêt prend possession du Maine, il fait des offrandes à Saint Julien du Mans (dont la figure mythologique est bien proche de celle de Simon le Lèpreux, un des premiers détenteurs du Graal), parmi ses présents: une coupe ornée de pierreries et une épée sertie de pierres précieuses (g.bertin.pagesperso-orange.fr - Saint graal).
La croisade
Le Maître du Temple, Guillaume de Chartres, fut parmi les victimes du siège de Damiette. Il mourut le 26 août 1219. Pour le remplacer, les Templiers choisirent Pierre de Montaigu, « Maître en Espagne et Provence ».
Guillaume de Chartres, fils du comte de Bar-sur-Seine, est élu Grand Maître et assiste, peu après, en 1210, au couronnement de Jean de Brienne, son parent, nouveau roi de Jérusalem, nommé par Philippe Auguste. Son royaume ne consiste plus qu'en deux ou trois places fortes que les chrétiens peuvent espérer tenir tant que durera la discorde dans les rangs musulmans.
Le pape, touché par ce triste bilan, exhorte en 1213 tous les princes chrétiens à se croiser à nouveau, et convoque un concile à Latran (novembre 1215). « Il faut, s'écrie-t-il dans son discours d'ouverture, rompre les fers de la captivité de Jérusalem... Me voila tout prêt, mes très chers frères, à me mettre à votre tête (...), à venger les injures faites au Sauveur des hommes, qui est chassé aujourd'hui de cette terre arrosée de son sang, et sanctifiée par le mystère de notre rédemption. » Les évêques partent prêcher la croisade dont le départ est fixé en juin 1217. Mais Innocent III meurt avant le rassemblement, Son successeur Honorius III fait exécuter cette sixième croisade qui prend du retard. Il faut plus d'un an pour que tous les croisés se retrouvent en Terre Sainte.
En Espagne, l'Ordre atteint son apothéose. Les Templiers sont de toutes les batailles que les chrétiens gagnent contre les Maures. Ils prennent l'Alcazar en 1217. Les rois d'Espagne comblent l'Ordre de donations qui augmentent encore les richesses et la puissance des Templiers.
Les Templiers profitent de l'attente du gros de l'armée croisée pour ériger Château Pèlerin, entre Dora et Césarée. L'armée croisée a décidé d'attaquer Damiette, sur la rive droite du Nil. C'est à Damiette qu'arrivent toutes les richesses de la Syrie et de l'Asie mineure.
La ville a été solidement fortifiée par ses émirs successifs. Son siège va durer dix-huit mois. La mort du sultan Marek-Adel provoque des rébellions chez les musulmans, dont les croisés profitent plus ou moins, car eux aussi sont divisés.
Pélage, le légat du pape, dispute le commandement de l'armée à Jean de Brienne sous prétexte que les croisés sont des soldats de l'Eglise, et qu'ils doivent donc le reconnaître comme chef suprême. Les chefs musulmans profitent des atermoiements dus à ces querelles pour refaire l'union sacrée. Le sultan de Damas envoie des renforts à Damiette; renforts qui, au passage, rasent les murailles de Jérusalem : ainsi, s'il prenait l'idée aux croisés de reconquérir la ville sainte, ils ne pourraient plus s'y retrancher et y tenir un siège ! (www.templiers.net - uillaume de Chartres).
Il y eut deux conférences à la Ferté-Bernard entre Henri II d’Angleterre et Philippe-Auguste, roi de France, le 9 et 16 juin 1189, afin de préparer la croisade et de régler les différents entre les deux rois. Richard-Cœur-de-Lion, le fils d’Henri, s’était allié avec Philippe contre son père.
Les propositions de Henri II rejetées par ses adversaires, ce prince se vit forcé de se défendre sur tous les points contre son fils Richard et contre le roi de France Philippe. La Ferté-Bernard, Chaumont, Amboise, Château-du-Loir, ouvrirent successivement leurs portes aux alliés. La ville du Mans fut prise d'assaut, et Henri courut le danger d'y être fait prisonnier. Tours fut investi, et le roi d'Angleterre se retira à Saumur. Sa santé était extrêmement altérée par les chagrins et les fatigues; il crut ressentir les atteintes d'une dissolution prochaine. Le duc de Bourgogne, le comte de Flandre et l'archevêque de Reims, saisirent ce moment d'affaiblissement d'esprit et de corps pour l'engager à recevoir une paix qu'il ne pouvait se flatter d'imposer. Henri se soumit à tout ce que l'on voulut, se reconnut expressément « l'homme lige de Philippe, à merci et à miséricorde, lui céda le Berry; consentit à la remise d'Alix et à son mariage avec Richard; à la prestation du serment de foi et hommage par les Anglais, et tous ses sujets d'outre-mer, à ce fils rebelle; au paiement de vingt mille marcs en indemnité à Philippe; à la promesse, jurée par ses barons, de le contraindre à exécuter ce traité, s'il tentait de se soustraire à aucune de ses conditions ; à donner enfin à Richard le baiser de paix et de réconciliation.
L'un des articles du traité stipulait une amnistie pour tous les barons et seigneurs qui avaient ostensiblement ou secrètement adhéré aux projets de Richard. Henri voulut connaître leurs noms, et le premier de tous était celui de son fils bien-aimé, Jean! « Quoi! s'écria-t-il, celui que j'ai le plus chéri s'est aussi éloigné de moi ! Bien, « que tout aille dorénavant comme il pourra, je n'ai plus souci ni de moi ni du monde! »
II partit pour Chinon, le cœur brisé. « Honte au roi vaincu! s'écriait-il dans les « accès d'une fièvre violente, honte! Honte éternelle! Maudit soit le jour qui le vit naître ! Maudits les enfants qu'il procréa ! »
Il mourut enfin en exhalant une dernière malédiction contre ses fils. Son corps fut à l'instant dépouillé par ses serviteurs, comme l'avait été celui de Guillaume-le-Conquérant ; à peine put-on trouver un linceul pour l'envelopper, et un mauvais chariot pour le conduire à sa dernière demeure (1189). Il fut inhumé à Fontevrauld (Prudence-Guillaume de Roujoux, Alfred Mainguet, Histoire d'Angleterre, Volume 1, 1844).
Hod – La Cassaigne – La Justice/Le Soleil – 13 mars/12 septembre
Le hannap
Le seul exemplaire du Roman Flamenca a été retrouvé à Carcassonne. Le précieux ms. dans lequel est contenu le roman de Flamenca ou la Dame de Bourbon, a été complétement inconnu jusqu'en 1818. Dans les catalogues de l'Ecole centrale, et même dans le rapport de M. Benèche, en 1834, sur la bibliothèque de Carcassonne, il est inscrit sous ce titre: Un livre en langue romane et en vers, auquel manque le commencement et la fin. " Ce n'est qu'en " 1818 , M. de Blacas, ministre de la maison du roi, ayant repris glorieusement le projet du cardinal de Richelieu qui voulait réunir les poésies éparses et inédites des troubadours, et en former une collection nationale, qu'un des érudits chargés de rechercher ces trésors enfouis dans la poussière des archives, découvrit la Dame de Bourbon. Le ms. envoyé à Paris, par ordre, y resta vingt ans dans le cabinet de M. Raynouard " selon M. Mary- Lafon. M. Raynouard constate la découverte du document dans une lettre écrite à l'administration carcassonnaise, le 15 juin 1834, et reliée maintenant en tête du ms (Mémoires de la Société des arts et des sciences de Carcassonne, Volume 3, Société des arts et des sciences de Carcassonne, 1870).
La croisade
La bataille de Muret eut lieu le 12 septembre 1213 dans la plaine à 25 km au sud de Toulouse dans le cadre de la croisade des Albigeois. Lassé de l'ingérence et des assauts du parti du pape et des croisés, renforcé par le prestige de la victoire de Las Navas de Tolosa sur les Maures (1212), le roi d'Aragon ose finalement soutenir son allié toulousain, pourtant tolérant envers les cathares. Aussi, Raymond VI, comte de Toulouse et ses alliés occitans comme Raymond-Roger, comte de Foix et Pierre II, roi d'Aragon lancent une contre-attaque. Ils s'attaquent à la forteresse de Muret tenue par les croisés sous les ordres de Simon IV de Montfort, parti de Fanjeaux à côté de La Cassaigne à leur rencontre, pour le compte du pape Innocent III. Mais la place tient, Pierre II d'Aragon est tué dans la bataille, son fils est fait prisonnier par les croisés et les milices toulousaines sont massacrées. Cette grande victoire franco-croisée met fin à toute velléité de domination de la couronne aragonaise sur le Languedoc (fr.wikipedia.org - Bataille de Muret).
Yesod – Fronsac – L’Hermite/Le Jugement – 30 mars/29 septembre
Les épées servaient à relier entre elles les diverses mythologies, puisque, dès les Fatti de Spagna, Durandal est présentée comme ayant appartenu à Hector et dans la Tavola Ritonda, on apprend que l'épée d'Ogier le Danois, est celle de Tristan, que Joyeuse, l'épée de Charlemagne fut celle de Galaad, que Haute-claire, avant d'être celle d’Olivier fut celle de Lancelot (Denise Alexandre-Gras, L'héroïsme chevaleresque dans le Roland amoureux de Boiardo, 1988).
La Tavola Ritonda, qui date de la première moitié du XIVe siècle, est une traduction/adaptation italienne du Tristan en prose.
La tradition veut que Joyeuse ait été en la possession des comtes de Flandres, depuis Baudouin Bras de Fer, qui enleva Judith, fille de Charles le Chauve Au sacre de Philippe Auguste, lui-même descendant de Charlemagne, Joyeuse était présente : et c'était Philippe, comte de Flandres, qui la tenait. Telle aurait dû être, logiquement, la suite des aventures de Perceval dans le projet primitif, dont il nous reste suffisamment pour reconstituer, à notre avis, le dessin. Il convenait au chevalier d'achever, à tout le moins, les aventures commencées, et que son incapacité, son insuffisance spirituelle, avait laissées en suspens (Paulette Duval, La pensée alchimique et le conte du Graal, 1979).
Selon la légende, Joyeuse portait dans son pommeau de nombreuses reliques, entre autres celle de la Sainte Lance (lance qui aurait percé le flanc du Christ sur la croix), ce qui explique son nom (fr.wikipedia.org - Joyeuse (épée)).
Le héros de la chanson du même nom, Huon de Bordeaux, a été mis en relation avec Hunold, le fils du duc d’Aquitaine Eudes, révolté contre Charlemagne, et enfermé dans la forteresse de Fronsac après sa construction par l’empereur.
Le thème central en est sa brouille avec Charlemagne (confondu avec Charles Martel) et ses combats avec les Sarrasins. Mais il ya un passage où Huon affirme que son pays était autrefois un royaume, et que bien qu'il soit un duché maintenant, il fera appeler de nouveau ce pays un royaume. Là encore, le poète populaire nous a gardé un fait historique incontestable. Il est fort probable que si Charles Martel a considéré dès lors l'Aquitaine comme un duché, les Aquitains avec Hunald continuèrent à l'appeler royaume (Michel Rouche, L'Aquitaine des Wisigoths aux Arabes : 418-781, 1979).
Huon de Bordeaux est une chanson de geste anonyme datant de la fin du XIIIème siècle ou du début du XIVème. Bien que l'œuvre fasse partie du Cycle de Charlemagne, le thème a une grande influence fantastique : le monde féerique envahit le poème.
Charlot, le fils aîné de Charlemagne attaque le jeune Huon. Huon ne connaît pas son ennemi et le tue. Charlemagne le condamne à l'exil à Babylone et il lui demande d'apporter la tête du premier païen qu'il trouve au Palais et la barbe et quatre dents de l'émir, et donner trois baisers à la fille de ce dernier, Esclarmonde de Babylone, au vu de tous. Pendant son voyage il se retrouve perdu dans la forêt du mage Obéron (Aubéron). Après quelques aventures Obéron devient le protecteur de Huon. Il réussit à accomplir sa mission, mais à son retour il voit que son frère a usurpé ses terres. Avec l'aide d'Obéron, il peut faire valoir son droit.
Pour Huon, le séjour en Féerie est le signe du départ en aventure et Auberon lui remet les objets magiques destinés à l’aider dans sa quête, mais ces objets perdront leur pouvoir si Huon tombe dans l’état de péché1044. Dans son étude sur Huon de Bordeaux, M. Rossi considère qu’Auberon se trouve « pourvu de tous les dons que confèrent l’union à Dieu, l’absence de toute trace de péché : il est ce qu’aurait pu être l’homme, sans le péché originel »1045, d’où la spécificité du séjour dans son royaume et celle de son rôle dans la suite des aventures de Huon.
Si le royaume féerique s’apparente fortement à la cour arthurienne, ce monde possède cependant des caractéristiques qui le rapprochent du domaine du surnaturel, par l’adjonction d’éléments hagiographiques et par la mise en relation des actions des personnages faés avec la volonté divine : on peut retenir pour exemple la nature spécifique d’Auberon dans Huon de Bordeaux, qui tient ses pouvoirs de Jésus (http://theses.univ-lyon2.fr - Thèse Guillemot : Huon de Bordeaux).
M. Ruelle rapproche le hanap d'Auberon du Graal, « du moins tel qu'il apparaît dans la première continuation de Perceval, celle du pseudo-Wauchier » : il a la même faculté de distinguer les bons des méchants.
Dans Huon de Bordeaux, c'est du sang cler (v. 2038) ou du sang tout cler (v. 2047) qui coule de la Sainte Lance de Longin, exactement comme chez les continuateurs de Chrétien de Troyes. On doit donc admettre qu'à leur époque, le sang miraculeux du Christ coulant du fer de lance jusqu'à la main de Longin est une image consacrée du catéchisme chevaleresque.
La croisade
Ce n'est qu'en 1146 et avec l'accord du Pape, que les templiers s'engagèrent activement contre les musulmans d'Espagne. Par la suite, ils participèrent à tous les combats majeurs de la reconquête espagnole : siège de Tortosa (1147), prise de Lérida (1149), siège de Caceres (1184), bataille de Las Navas de Tolosa (1212), bataille de Majorque (1228) et bataille de Valence (1238).
Le roi d'Aragon, après diverses incursions dans le royaume de Valence, y entra à la tête de quatre-vingt mille hommes, traversa le Guadalabiar, battit en plusieurs rencontres la cavalerie des Maures qui voulait arrêter sa marche, et vint camper devant Valence, qu'il assiégea par terre, tandis qu'une flotte nombreuse de Catalans et de Français la bloquait par mer. Le siège commença le 17 ramadhan 635 (3 mai 1238). Abou-Djomaïl Zeyan défendit la place avec intrépidité, et sollicita des secours en Andalousie, en Afrique, et surtout auprès de son parent, le roi de Temelsen, Yaghmourasan ben-Zeyan. Ce prince envoya une flotte qui, arrêtée plusieurs jours par les vents contraires, à la vue de Valence, ne put débarquer et fut obligée de s'en retourner(1). Malgré ce contre-temps, malgré l'inutilité de ses démarches auprès des rois de Grenade, de Murcie et des walis d'Andalousie, Abou-Djomaïl continua de résister; mais les Valenciens, fatigués des incommodités d'un long siège et épuisés par les assauts qu'ils avaient soutenus, forcèrent leur souverain de capituler à des conditions avantageuses. Ils obtinrent la vie sauve, et la faculté de sortir de la ville et d'emporter leurs biens. Ceux qui voulurent y rester, conservèrent leurs propriétés, leur liberté, avec l'exercice de leurs lois, de leurs coutumes et de leur religion , habitèrent des quartiers particuliers, et furent seulement imposés au simple tribut que payaient les sujets du roi d'Aragon. Ce prince conclut en même temps une trêve de cinq ans, avec Zeyan. Il entra dans Valence, le 17 safar 636 (29 septembre 1238). Les Maures en sortirent dans l'espace de cinq jours, et se retirèrent sur la rive droite du Xucar. Ainsi finit le royaume d'Abou-Djomaïl Zeyan, et la domination des musulmans à Valence (Ivy-Stevan Guiho, L'Ordre des Templiers: petite encyclopédie, 2009, David Bailie Warden, Jean Baptiste Pierre Jullien de Courcelles, Nicolas Viton de Saint-Allais, Agricol Joseph François Fortia d'Urban, L'Art de vérifier les dates, Volume 3, 1826).
Malkuth – Guernica – La Roue de la Fortune/Le Monde – 16 avril/15 octobre
Le graal
Dans certains romans sur le Saint-Graal, notamment dans le jeune Titurel d’Albrecht von Scharfenberg, continuateur de Wolfram Eschenbach, l'idée chrétienne de la légende, l'opposition entre la chevalerie spirituelle et temporelle, se font vivement sentir. Le roman d'Albrecht von Scharfenberg embrasse un plus vaste cadre que celui de Wolfram d'Eschenbach, sans cependant l'emporter sur ce dernier sous le rapport de la conception et de l'exécution poétique. Voici les principaux traits dont se compose le roman de Titurel.
Le Saint-Graal est une pierre précieuse, d'un merveilleux éclat, tombée de la couronne de Lucifer, dont on fit un vase qui, au temps de Notre-Seigneur, était entre les mains de Joseph d'Arimathie. Dans ce vase fut placé l'agneau pascal que le Christ mangea avec ses disciples; on y recueillit plus tard le sang qui coula de la blessure que Longin porta avec sa lance au flanc du Christ crucifié. Ce vase, précieux par sa matière, plus précieux par sa destination, comblé de la plénitude des biens terrestres et célestes, communiquait ces biens à ceux qui le conservaient fidèlement et au lieu même où on le gardait. Cette contrée devenait un paradis terrestre ; l'homme qui considérait le Saint Graal (du vieux français gradhal, vase, ou sang réal, san gréal, le sang du Seigneur) demeurait jeune, quand il l'aurait contemplé pendant cent ans. Garder le Saint-Graal, veiller à sa conservation, est le plus grand honneur et le plus grand bonheur auquel puisse aspirer et parvenir un homme sur la terre; mais il ne s'accorde qu'aux élus de tous les pays qui se distinguent par leur humilité et leur pureté, leur bravoure et leur fidélité parmi tous leurs semblables, c'est-à -dire aux chevaliers du Temple, aux vrais Templiers. Joseph d'Arimathie apporta le Saint-Graal en Occident; mais pendant des siècles ce vase sans prix n'eut pas de gardiens; il demeura planant dans les airs, soutenu par des anges ou de célestes vierges. Enfin Titurel, fils d'un roi chrétien d'Anjou, vint à Salvaterra en Biscaye, trouva le Graal et construisit sur le mont Salvaz (Mont- Sauvage), au milieu d'une immense forêt, le château du Graal, dans lequel ce saint vase fut déposé et où demeurèrent les chevaliers préposés à sa garde. Le ciel lui- même contribua à la construction du château.
Le Saint-Graal resta pendant de longues années en Occident et y eut ses chevaliers. Cependant l'Occident, livré de plus en plus au péché, n'est plus digne de posséder dans son sein le vase sacré. Parzival songe à le transporter en Orient. Il prend le Saint-Graal, s'embarque avec les templois à Marseille, et se rend dans l'lnde auprès de son frère Feirifiz. Celui-ci lui fait un tableau enchanteur des richesses et de la sainteté du prêtre Jean, qui est le chef spirituel et temporel d'un pays voisin de l'lnde. Parzival consent à confier le Graal à ce personnage; mais la volonté manifestée par le vase sacré est que Parzival reste roi et qu'il change seulement son nom en celui de Prêtre-Jean. En conséquence, Parzival et les templois s'établissent dans l'Inde; ils adressent des prières au Saint-Graal pour qu'il fasse que le palais et la chapelle de Montsalvage soient aussi transportés dans ce pays. Leur prière est exaucée ; le lendemain, palais et chapelle, miraculeusement transportés pendant la nuit à travers les airs, se trouvent établis plus beaux et plus brillants dans l'lnde, et la chapelle renferme comme auparavant le vase sacré du Saint-Graal. Après la mort de Parzival, le fils de Feirifiz et d'Urepanse-de-Joie devient prêtre Jean. Le Graal ayant disparu en Occident, le roi Arthur et les chevaliers de la Table-Ronde vont à sa recherche; ils parcourent le monde, mais c'est en vain, ils ne peuvent le trouver; il est à jamais caché au fond de l'Orient.
Généalogie de Titurel
Parille, fils de Sennabor de Cappadoce, ayant embrassé le christianisme avec ses frères et ses sœurs, prête assistance à l'empereur Vespasien au siège et à la prise de Jérusalem. L'empereur, pour l'en récompenser, lui donne sa fille Argusille en mariage, et de plus il lui donne en fief le royaume de France. Parille a un fils, Titurisone, qui épouse Eligabel d'Arragon. Le fils de Titurisone et d'Éligabel est nommé Titurel, nom composé et contracté de ceux de son père et de sa mère. Un ange du ciel annonce que Dieu a choisi Titurel pour défenseur de la foi et pour gardien du Saint-Graal. Le jeune homme reçoit une éducation à la foi pieuse et chevaleresque, et après avoir combattu avec son père contre les infidèles en Espagne, il est conduit par des anges à Montsalvatch. Là il bâtit la chapelle magnifique dans laquelle le Saint-Graal, descendu du ciel, vient s'installer lui-même. Titurel épouse la princesse Richoude d'Espagne: il veille sur le Saint-Graal et propage le christianisme parmi les infidèles. Quand il est devenu vieux, son fils Frimutel est désigne roi du Graal par une inscription qui parait sur le vase sacré. Frimutel épouse Clarisse de Grenade, qui lui donne cinq enfants. Ce sont Amfortas, qui succède à son père dans la royauté du Graal ; Trévrizent, le sage ermite ; Tchoysiatu ; qui devient mère de Sigune et qui meurt en donnant le jour à cet entant. Herzêloïde, la mère de Parzival, et enfin Urepanse-de-Joie, qui épouse Feirifiz et devient la mère de Jean-le-prêtre. La belle Sigune est élevée chez sa tante Herzeloïde et elle est fiancée à Tchionatulandre. Ce jeune chevalier se distingue en Orient par sa bravoure; il est lié d'amitié avec les chevaliers de la Table-Ronde; il délivre avec le roi Arthur le royaume de Canvoleis, qui a été envahi par le duc Orilus, mais il est tué par cet ennemi dans un combat singulier. Sigune est inconsolable de la mort de son fiancé; elle fait embaumer son corps, le place entre les branches d'un tilleul, et s'asseoit auprès de lui en proie aux chagrins les plus cuisants. C'est là que son cousin Perceval la trouve et qu'elle lui apprend la faute qu'il a commise par sa trop grande retenue au banquet du Saint-Graal. Perceval, touché de repentir, veut réparer sa faute; après beaucoup d'efforts et après mainte aventure, il parvient enfin à la royauté du Graal à Montsalvage.
Tels sont les principaux traits du roman de Titurel. Albrecht von Scharfenberg est le dernier poète allemand qui ait traité l'histoire du Saint-Graal dans son ensemble et qui y ait ajouté des détails nouveaux. Après lui les poètes ne font plus que rapporter plus ou moins exactement les différentes traditions répandues en France, en Angleterre et en Allemagne (M. Bergmann, Sur l’origine et la signification des romans du Saint Graal, 1843, Heinrich Joseph Wetzer, Benedikt Welte, Johann Goschler, Dictionnaire encyclopédique de la théologie catholique, Volume 9, 1860).
C'est dans le corpus germanique de la « Bible du Graal » que du château du Graal, du Gralsburg, émerge en toute netteté la description du Temple. Dans ce corpus c'est le roi Titurel qui est le fondateur de la dynastie des gardiens du Graal. Le Temple sera son œuvre propre. Allusion a été faite ci-dessus au « Titurel » de Wolfram von Eschenbach. Dans le « Parzival » du même poète, c'est à l'occasion du baptême de Feirefis, demi-frère païen de Parsifal, qu'est mentionné expressément le Temple du Graal. Jusque là , il ne s'agit encore que de la demeure, de la maison du Graal, le château-temple en quelque sorte. Et c'est seulement dans le « Nouveau Titurel » (Der Junge Titurel) d'Albrecht von Scharfenberg (entre 1260 et 1270) que l'Imago Templi surgit dans toute sa splendeur architecturale. (La grande épopée du « Nouveau Titurel » comporte 6000 strophes de sept vers, soit 42000 vers. Il n'en existe encore aucune traduction, pas même en allemand moderne). Là même, le cycle du Graal se développe en une épopée du Temple, atteignant un sommet qui culmine entre le Temple de Salomon sur le mont Moriah et la Jérusalem céleste. C'est aussi toute la théologie et toute la spiritualité du Temple qui atteignent un de leurs sommets, sur les hauteurs de Montsalvat, support de la hiérophanie qui est le Temple du Graal. C'est en effet toute une théologie du Temple qui se dégage des enseignements de Titurel, aussi complète que celle que nous avons trouvée à Qumrân et en d'autres lieux privilégiés. Cette théologie s'achève en une eschatologie qui donne finalement tout son sens à la chevalerie des Templiers du Graal par rapport à celle des Templiers de l'histoire (Henry Corbin, L’Imago Templi face aux normes profanes, Norms in a changing world, 1977).
Vitoria-Gasteiz : La Terre Gaste ?
Après la chute de l'empire romain, plusieurs tribus du nord de l'Europe sont arrivées dans la zone du plateau central. Le lieu est resté dans une zone où habitaient les Vascons attaqués au sud par les Wisigoths et par les Francs au nord3. On a traditionnellement affirmé que la ville appelée « Victoriacum », qu'a été fondé par le roi wisigoth Léovigild en 581, correspondait à la ville actuelle.
L'influence wisigothe ou franque n'est pas significative dans cette zone. La toponymie basque de toute cette région démontre plutôt la présence de tribus basques. Comme le démontre le cartulaire de San Millán de la Cogolla, au XIème siècle la majorité des toponymes de la plaine Alavaise, où on trouve Vitoria, étaient d'origine basque ou latine mais adaptée aux règles phonétiques de l'euskara. Le cartulaire de San Millán est un document de 1025 qui énumère une série de populations qui payaient les diezmos au monastère de San Millán. La première mention documentée d'un village appelé Gastehiz se trouve dans ce document. Ce même document mentionne également beaucoup de populations qui composent actuellement la commune de Vitoria.
En 581, le roi wisigoth Léovigild fonde la ville de Victoriacum, en essayant d'imiter les fondations romaines, comme conclusion de la victoire contre les Vascons sur ce que - pour des raisons étymologiques nous devons supposer était une colline occupée par un village primitif de Gasteiz. (cette donnée n'est pas suffisamment prouvée et des historiens experts jugent que Victoriaco n'était pas dans l'actuelle Vitoria ou ancienne Gasteiz mais dans une zone proche, probablement aux pieds de la montagne Gorbeia (il y a aussi là un village appelé « Vitoriano »).
En 1150, Sanche VI, fils aîné de Garcia IV et de la Reine Marguerite, est proclamé Roi immédiatement après la mort de son père. L'an 1153, il épouse Dona Sanche, fille d'Alfonse VIII, Empereur d'Espagne, et de Bérengère, sa première femme qui mourut le 3 Août 1179. Alfonse VIII, Roi de Castille, et Raymond, Prince d'Aragon, s'étant ligués contre lui en 1156, lui enlevèrent plusieurs places qu'il reprit l'année suivante; après quoi il fit la paix avec eux, Il réunit ses armes aux leurs pour faire la guerre aux Almohades. Sanche rompit, l'an 1171, l'union qui régnait entre les Princes chrétiens d'Espagne, par l’irruption qu'il fit en Aragon, tandis qu'Alfonse II, qui tenait alors ce Royaume, était occupé à faire la guerre aux Infidèles. Alfonse, obligé par là d'abandonner son expédition, entra dans la Navarre à son tour avec le Roi de Castille, son allié, et rendit à Sanche avec usure les dommages qu'il lui avait causés. La guerre qu'ils lui firent ne fut terminée qu'en 1179, par la médiation de Henri II, roi d'Angleterre. Mais la paix que régla ce Monarque, entre les Puissances belligérantes, ne fut point durable, s'il est vrai, comme on le conjecture, que la ville de Vittoria en Biscaye fut bâtie, l'an 1181, en mémoire d'une bataille gagnée par le Roi de Navarre fur le Roi de Castille. L'an 1191, sur la demande que Richard, Roi d'Angleterre, fit de Bérengère, fille de Sanche, cette Princesse est amenée au Monarque anglais par Eléonore, sa mère, en Sicile, où il lui donne fa main au mépris d'Alix de France, qui lui avait été fiancée longtemps auparavant. L'an 1194, (de l’ère d'Espagne 1131) le 17 Juin, Sanche meurt après avoir régné environ 44 ans, laissant un fils de même nom que lui, qui succéda à la Couronne, et deux filles, Bérengère dont on vient de parler, et Blanche qui épousa Thibaut III de Champagne.
Richard semble s’être toujours fort peu préoccupé de la reine : on ne l'entend prononcer le nom de Bérengère que pour réclamer de son allié, Sanche VII, frère de la princesse, les châteaux de Roquebrune et de Saint-Jean-Pied-de-Port, qui, disait- il, avaient été promis en dot à la jeune Navarraise : il va jusqu'à prier le pape Innocent III d'obliger Sanche à celte restitution (I). Il est même probable que Bérengère n'alla jamais en Angleterre où le roi, du reste, séjourna bien peu depuis son retour de prison ; c'est l'avis de la plupart des historiens anglais (2), et ainsi s'explique l'ombre dans laquelle ils ont laissé cette partie de la vie de la reine. Enfin, le 6 avril 1199. Richard alla se faire tuer à l'assaut du château de Chalus, où il espérait trouver un fabuleux trésor: il avait quarante-deux ans. Bérengère, pour son malheur, ne lui avait pas donné de postérité : ses enfants légitimes, comme le lui disaient les prélats, c'étaient l'orgueil, l'avarice et la luxure qu'il avait aimés dès sa jeunesse.
Alphonse III de Castille, l'an 1199, ayant appris le voyage de Sanche, Roi de Portugal, en Afrique, et soupçonnant qu'il vouloir renoncer au Christianisme, se jette dans ses Etats, et prend plusieurs places. II entre l'année suivante dans la Navarre, et enlevé les trois provinces, d'Alava, de Biscaye et de Guipuscoa, qui, depuis ce tems, ont été réunies à la Couronne de Castille. Ce Prince aimait les Lettres. II en donna des preuves, l'an 1108, en fondant à Palentia une Université où il attira, de France et d'Italie, plusieurs hommes de réputation (Maur-François Dantine, Ursin Durand, Charles Clémencet, Simon Pierre Ernst, L'Art de vérifier les dates des faits historiques, 1783, fr.wikipedia.org - Vitoria-Gasteiz).
La croisade
Iurreta en basque ou Yurreta en espagnol est une municipalité et un village dans la province de la Biscaye, située dans la Communauté autonome du Pays basque en Espagne, où se trouve Orobio.
Selon la tradition, et même des historiens, le 16 avril 890 eut lieu une bataille à Orobio entre les maures de Navarre avec à leur tête Uliamet et les Biscayens de Iñiguez Fortun du Ibarguen des Urart (Juan Ernesto Delmas, GuÃa histórico-descriptiva del viajero en el SeñorÃo de Vizcaya, 1980).
La Lur Laua (Terre De niveau) est une ancienne dénomination administrative de Biscaye, en Pays basque (Espagne), qui du temps de la seigneurie groupait les territoires et les populations qui étaient régies, juridiquement, par le for (fuero) de Biscaye. La législation traditionnelle de la Seigneurie était composée des elizates organisées dans des merindades. Ils restaient hors de la Tierra Llana, avec des juridictions différentes, la Ville et les villas, le Durangaldea et les Enkarterri (fr.wikipedia.org - Iurreta).
Les Templiers au 16 avril et au 15 octobre
Les templiers de la commanderie de Reims ont laissé un obituaire qui indique, mois par mois, les messes anniversaires qu'ils doivent célébrer dans leur chapelle. Au mois de mai est inscrit l'anniversaire de Thibaud Gaudin, grand mâitre de l’ordre du Temple : «Le 16 des kalendes de mai » très précisément. Étant donné que le jour des calendes correspond au premier du mois et qu'ensuite on compte à rebours (1er mai ou premier des calendes de mai, 30 avril, 2 des calendes de mai, 29 avril, 3 des calendes, etc.), le 16 des calendes de mai correspond donc au 16 avril. Thibaud Gaudin serait donc mort un 16 avril d'une année qu'on ignore, mais qui ne peut être que 1 292 dès lors que l'on tient compte du document des Archives de la Couronne d'Aragon qui indique que Molay est déjà grand maître à la date du 20 avril.
Le dimanche, 15 octobre 1307, Philippe le Bel fit assembler dans son jardin le clergé et le peuple de Paris. Nogaret leur adressa encore un discours pour prévenir le scandale de la subite arrestation des chevaliers du Temple, et fit connaître les motifs de leur emprisonnement. Puis, pour trouver des complices parmi les têtes couronnées, le roi envoya à Édouard II un message pour le prier d'informer également contre les Templiers. Le roi d'Angleterre se contenta de lui répondre que ce que lui mandait Philippe était tellement inouï et incroyable qu'avant d'agir il avait besoin de s'entourer de tous les éclaircissements possibles.
L'instruction commença, dès le ce jour, devant Guillaume de Paris, grand inquisiteur de la Foi.