Partie IX - Synthèse   Chapitre LVII - Calendrier   Neuvaine   

Amusons-nous

Les Traditions, relatives aux chiffres 3, 7 et 9, sont bien plus anciennes que l'Inde, la Grèce et Rome. Elles sont au moins de l'époque du Bronze et souvent Néolithiques. L'archéologie permet de dater certains motifs du Néolithique, de l'Age des Métaux (boucliers, lances) ou du Moyen-âge. Les motifs abstraits, comme la triple enceinte ou les neuf cupules, échappent à une datation fine.

La gravure galicienne du Laxe dos Lebres présente deux cerfs l'un sous l'autre en fonction d'un axe de symétrie mais l'effet de miroir est imparfait. L'animal inférieur, renversé, porte deux bois courts dont les extrémités se rejoignent. Il n'est pas sexué. L'animal supérieur, en position droite, est un dix-cors, représenté tête levée et sexe dressé. Au niveau de son cou, sont gravées deux cupules et à hauteur de l'axe de symétrie, neuf cupules sont incluses dans un cercle. (Philippe Hameau, Animal et expression schématique néolithique dans le sud de la France).

A Kobadi, dans le Sahel malien, a été trouvée une pierre pyramidale à neuf cupules, haute de 8,3 cm. Au Roc de les Creus, à Conat, le panneau B au bas présente une croix potencée surmontant un cercle pointé d'une petite cupule au centre; au- dessus à gauche, une petite croix à branches égales; neuf cupules rondes ou ovales de dimensions variées (prof. de 2 à 4 cm); la grosse cupule du sommet est reliée à une petite cupule par une courte rigole.

Dans la tradition nordique, les nombres 8 et 9 désignent une période ou un groupe marqué par le destin et assument le rôle accordé au 7 par les civilisations méridionales et alors qu'une antique semaine aryenne, selon John Rhys, comptait 8 jours. On en trouve la trace dans les Nundines romaines, série de 8 jours (fr.wikipedia.org - Nundines).

Toutes les 9 nuits, 8 anneaux tombent de l'anneau d'Odin. Une variante du mythe de Perséphone est celle de la dispute qui opposa Njord, le souverain des mers, à son épouse Skaldi, déesse des patins à glace. Skaldi voulait vivre dans les montagnes, chez son père, à Thrymdheim. Njord, quant à lui, préférait la mer. Il fut finalement convenu qu'ils résideraient alternativement 9 mois à Thrymdheim et 3 à Noatun. Lorsdque Njord descendait des montagnes vers Noatun, il chantait (nuit correspond à mois) :

Je n'aime pas les montagnes, je n'y reste pas longtemps,

Neuf nuits seulement ;

M'est plus doux le chant du cygne que le hurlement sauvage du loup.

Les Irlandais désignaient un certain laps de temps par le mot "nomaid" ou "nomad" qui signifie littéralement " 9 intervalles ", à partir de "noi", neuf. Dans Kullwch et Olwen, il est spécifié que Kei pouvait rester 9 nuits et 9 jours sans dormir. On connaît l'expression anglaise a nine-day's wonder (" la merveille d'un jour ")[1].

W. H. Roscher, dans Die enneadischen und hebdomadischen Fristen und Wochen der ältesten Griechen, s'est intéressé aux témoignages anciens où sont mentionnées des périodes de 7 et 9 jours (respectivement des groupes de 7 et 9 personnes ou objets), en discute la portée au point de vue de la mesure du temps, et cherche à préciser l'origine de cette manière de s'exprimer. Dans le second de ces volumes, il s'agit plus spécialement des nombres 7 et 9 dans leurs rapports avec les différentes divinités grecques ; M. R. constate que le nombre 7 est en relation intime avec les cultes d'Apollon et de Dionysos et avec les mythes béotiens. La fin de chaque dissertation résume les résultats obtenus par la discussion et l'interprétation des textes. La principale de ces conclusions, dont l'importance on ne saurait échapper, est que ce ne sont pas les 7 planètes astrologiques qui ont donné au nombre 7 son caractère sacré, bien qu'elles aient sans doute, après l'époque de Pythagore, contribué à le développer encore ; ce caractère repose simplement sur une division naturelle du mois lunaire de 28 jours en quatre périodes ou semaines de 7 jours chacune, dont les phases de la lune marquaient nécessairement le commencement et la fin. Les périodes ennéadiques, et ensuite le caractère mystique du nombre 9, proviennent de même d'une antique division du mois lunaire en trois parties, bien qu'ici le point de départ de cette division soit assez obscur. D'autres conclusions ne sont pas d'une certitude absolue; mais il ressort encore des dissertations de M. R. qu'il y eut chez les anciens Grecs une sorte de concurrence entre les principes septénaire et nové- Naire ; alors que dans l'ancienne épopée, les périodes de 9 jours sont de beaucoup les plus fréquentes, le nombre 7 a au contraire une influence prépondérante dans la religion ; les groupements hebdomadiques sont d'ailleurs plus anciens, et se sont maintenus plus fermement dans le culte, tandis que dans la poésie héroïque, ils se trouvèrent réduits au minimum, repoussés et chassés de l'usage, pour ainsi dire, par l'influence croissante des périodes novénaires. Eschyle parle par exemple, de la guerre de Troie comme ayant en réalité duré 9 ans, les Grecs étant retournés dans leur patrie la dixième année[2].

Dans la mythologie des Grecs, on compte les neuf nuits d'amour de Zeus ; les neuf jours et les neuf nuits de souffrances qu'endure Léto lorsqu'elle accouche d'Apollon et d'Artemis, héra ayant interdit à la déesse des enfantements, Ilithye ; les neuf jours d'angoisse de la déesse Déméter partie à travers le monde à la recherche de sa fille Perséphone enlevée par Hadès, le dieu des Enfers.

Les Romains avait une déesse Nundina, ainsi nommée du neuvième jour des nouveau-nés, qui est appelé lustricus (purificatoire); ce jour est celui où ils sont purifiés par l'eau lustrale et reçoivent un nom. Mais ce jour, qui est le neuvième pour les hommes est le huitième pour les femmes (Macrobe, Saturnales).

Un morceau inspiré du Sur les mois de Jean Lydus prétend expliquer par des raisons physiologiques pourquoi l'Eglise orthodoxe célébrait des offices funèbres les troisième, neuvième et quarantième jours après le décès. Ce contemporain de Justinien empruntait, dit-il, sa sagesse, " à ceux des Romains qui ont écrit sur l'histoire naturelle "! , en réalité, croyons- nous, à un pythagoricien éclectique du genre de Numénius. Il affirme donc que la semence introduite dans la matrice se change le troisième jour en sang et dessine le cœur, " car le cœur, dit-on, se forme le premier et meurt le dernier " ; le neuvième, la masse se coagule et se solidifie en chair et en moelle ; le quarantième jour enfin, le fœtus acquiert la forme parfaite de l'homme. Après l'accouchement, on défait le troisième jour les langes du nouveau-né ; le neuvième, l'enfant se fortifie et supporte qu'on le touche ; le quarantième, il commence à sourire et à reconnaître sa mère. Après la mort, la nature parcourt en sens inverse, dans la décomposition du cadavre, les étapes de sa formation : le troisième jour, le corps change d'aspect et son visage devient méconnaissable ; le neuvième, il se dissout tout entier, le cœur se conservant encore ; mais le quarantième, celui-ci périt avec le reste, et c'est pourquoi, ajoute l'antiquaire byzantin, " ceux qui célèbrent des cérémonies en l'honneur des morts, le font le troisième, le neuvième et le quarantième jour, rappelant ainsi et l'état primitif de l'homme, et sa croissance postérieure, et sa décomposition finale ". Il est, certes, surprenant de voir justifier la liturgie chrétienne par ces explications physiologiques, d'ailleurs radicalement fausses, et on est naturellement amené à penser que l'usage, dont on prétend ainsi faire comprendre la signification, est d'origine païenne, comme l'interprétation proposée par les naturalistes romains. Cet emprunt est généralement admis, mais la question est plus compliquée qu'il n'y paraît, et l'on n'a pas jusqu'ici éliminé les difficultés qu'offre l'hypothèse de ce transfert, ni montré, je crois, la véritable origine de ces rites funéraires. La pratique byzantine est fort ancienne. Elle est déjà mentionnée dans les Constitutions apostoliques, qu'on sait avoir été rédigées à la fin du IVème siècle ou au commencement du Vème dans la région d'Antioche. La triple commémoration n'était pas marqués uniquement par la récitation de prières et la distribution d'aumônes ; on célébrait aussi, à la façon des païens, des banquets funéraires. Le recueil ecclésiastique recommande d'y pratiquer une modération dont on avait lieu de déplorer souvent l'absence, et il enjoint notamment de ne pas abuser du vin. Une série de témoignages atteste la continuation, à travers, le moyen âge byzantin, sinon de ces festins tumultueux, du moins de la commémoration des trépassés aux mêmes dates. Mais tel n'est pas l'usage adopté par l'Église d'Occident. Saint Ambroise fêtant en 395 la quadragesima de l'empereur Théodose remarque que qu'il y avait la coutume de Milan de célébrer le troisième jour et le trentième et une autre coutume, probablement de Rome, du septième te du quarantième. Vers la même date, en Afrique, saint Augustin condamne la fête du neuvième jour, comme étant celle des gentils, et recommande celle du septième. Finalement prévalut dans l'Eglise romaine la commémoration des IIIème, VIIème et XXXème jours, qu'on trouve indiquée déjà dans le Sacramentaire gélasien. Or nous savons que les anciens Grecs avaient coutume d'offrir un sacrifice et de déposer des mets sur la tombe de leurs proches le troisième et le neuvième jour après les funérailles et encore le trentième jour, c'est-à-dire au bout du mois, et, chaque année, à l'anniversaire de la naissance du défunt. A Rome, on se contentait d'un sacrifice et d'un repas, qui avaient lieu, comme chez les Grecs, près de la sépulture le neuvième jour après les obsèques, et ce novemdiale sacrum marquait la fin du deuil, mais ni le troisième jour, ni le trentième ne paraissent avoir été solennisés chez les Latins par aucun acte religieux. En Italie, la triple commémoration des morts était une pratique importée : elle n'avait pas de racines dans la religion populaire, qui ne reconnaissait que le novemdial. L'Eglise d'Occident préféra les dates qui pouvaient être justifiées par des exemples tirés de la Bible, c'est-à-dire le septième jour et le trentième, en faveur desquels on pouvait alléguer des textes très nets. Ces dates se recommandaient d'ailleurs par leur lien logique ; on priait pour les défunts au bout de la semaine, puis au bout du mois et enfin au bout de l'an. Mais la situation était tout autre dans la chrétienté d'Orient, où triompha la célébration des troisième, neuvième et quarantième jours. Ici la commémoration des morts à trois reprises était une vieille tradition, liée à des croyances profondément enracinées dans l'âme populaire. Les Constitutions apostoliques tolèrent seulement, nous l'avons vu, les repas funéraires en y interdisant toute intempérance. En Orient, ce ne sont pas les théologiens qui en cette matière ont imposé leurs décisions au peuple, c'est le peuple qui a plié la théologie à ses traditions. La chose est manifeste pour le neuvième jour. Comme le remarque saint Augustin, on ne pouvait invoquer en sa faveur aucun précédent biblique, et il ne semble pas qu'on l'ait tenté. C'est évidemment la vieille ennéade des Grecs qui s'est perpétuée dans la liturgie orthodoxe. L'observance du quarantième jour n'était guère plus aisée à défendre par la Bible que celle du neuvième, bien qu'on s'y soit essayé. Si l'on se reporte au Deutéronome, on est surpris de constater qu'il parle, non de quarante jours, mais de trente. En réalité, la fête du quarantième jour ne peut être empruntée ni aux Grecs, ni aux Juifs, qui ne l'ont jamais connue. Mais le deuil de quarante jours, qui se terminait par une cérémonie funèbre, se trouve, en dehors des Hébreux, chez d'autres peuples sémitiques, et, fait remarquable, le seul exemple certain qu'on en ait pu découvrir en Grèce, s'est rencontré dans un règlement religieux de l'île de Rhodes, inscription qui trahit par ses interdictions alimentaires l'influence des cultes syriens. On est ainsi amené à admettre la combinaison, dans les liturgies d'Orient, d'une double tradition, également ancienne : un système ternaire, novénaire et trentenaire, qui est celui des Grecs, et un système ternaire, septénaire, quadragénaire, qui est celui des Syriens, ou tout au moins de certains Syriens : à Édesse saint Éphrem ordonne pour son testament de commémorer le trentième jour après son décès. Le patriarchat de Jérusalem retint celui-ci intégralement jusqu'au VIème siècle au moins. La liturgie d'Antioche, puis celle de Constantinople, empruntèrent au contraire aux Grecs la célébration du neuvième jour, aux Syriens celle du quarantième, et ce compromis finit par s'imposer à toutes les églises orthodoxes. On peut conjecturer que l'église d'Antioche a adopté le neuvième et le quarantième jour par opposition aux Juifs, qui célébraient le septième et le trentième. La colonie juive d'Antioche était puissante, et les évêques eurent à lutter contre elle. Nous connaissons si mal les doctrines et les pratiques de l'ancien paganisme de la Syrie, qu'on ne s'étonnera pas que nous ne possédions presque aucun renseignement direct sur les cérémonies qui y étaient célébrées en l'honneur des morts. Mais on sait l'influence profonde exercée sur les croyances de ce pays par l'astrologie babylonienne. Celle-ci régnait en maîtresse dans les temples des Baals longtemps avant la conquête romaine, et la divination sidérale faisait partie de la théologie de leur clergé. Cette pseudoscience va nous permettre de remonter à la source des rites des troisième, septième et quarantième jours, et elle nous fera comprendre en même temps à quelles théories physiques se rattachent les spéculations de Jean Lydus sur le culte des morts. Une doctrine astrologique, qui inspira diverses méthodes de calcul, enseignait qu'il ne faut pas considérer seulement le jour de la géniture - on entendait par là soit celui de la conception, soit celui de la naissance - mais aussi le troisième, le septième et le quarantième qui suivent, car la lune détermine à ces moments fatidiques le contenu de toute la vie et, selon sa position à l'égard des autres astres, rend l'existence entière heureuse ou malheureuse. Pourquoi la généthlialogie (astrologie) accordait-elle à ces dates une valeur particulière ? Simplement parce que 3, 7 et 40 sont à Babylone des nombres sacrés, ou, pour mieux dire, " parfaits ", c'est-à-dire qu'ils marquent l'achèvement d'un cycle. Par suite, l'action du grand luminaire nocturne devait, quand ils entraient en jeu, se manifester avec une énergie plus puissante. Or on sait que pour les astrologues, la lune, qui règle les phénomènes mensuels de la santé des femmes, est aussi la maîtresse de la vie intra-utérine. D'une façon générale, elle est la planète qui préside à la formation des corps, par opposition au soleil, lequel accorde les dons de l'intelligence, et elle a, par suite, sous sa tutelle les débuts de la vie du nouveau-né. Mais ce qu'elle a constitué, elle est aussi appelée à le dissoudre. Ses effets essentiels, suivant la Tétrabible, le manuel classique de Ptolémée, sont " de mûrir et de pourrir les corps ". On saisira maintenant l'origine du triple développement exposé par Lydus d'après " les physiciens romains ". Cette origine est probablement fort ancienne. Les théories relatives à Séléné sont dans l'astrologie grecque une des parties provenant du fonds primitif, hérité de la Babylonie, où le dieu lunaire Sîn avait une importance plus grande même que celle du Soleil. On a pu démontrer récemment à l'évidence qu'une série de pronostics, tirés du cours de la lune, qui nous ont été transmis par le même Lydus, dérivent directement des présages consignés sur les tablettes cunéiformes de la bibliothèque d'Assourbanipal. Les troisième, septième et quarantième jours qui suivent le décès sont les dates critiques de la vie d'outre-tombe, celles qui marquent les étapes de la putréfaction du corps. En ces jours redoutables, il faut apaiser l'esprit du défunt par des offrandes pour l'empêcher de venir troubler les vivants. La lune restera toujours la grande évocatrice des spectres et des fantômes. A l'époque romaine, le sens primitif des sacrifices offerts pour les défunts était probablement à peu près oublié. Peut-être même ne croyait-on plus fermement que le mort dût être rassasié en prenant sa part des banquets qu'on faisait près de sa sépulture. C'étaient là de vieux rites traditionnels qu'on accomplissait aux moments fixés, sans bien en comprendre le motif, comme nous observons, sans savoir pourquoi, un cérémonial funèbre transmis de génération en génération. De nouvelles croyances sur la destinée de l'âme s'étaient peu à peu répandues et avaient profondément modifié l'idée qu'on se faisait de la vie d'outre-tombe. Mais les familles, lorsqu'un de leurs proches les avait quittées, persistaient à aller festoyer auprès de ses restes aux jours consacrés par une antique coutume. S'il n'est pas surprenant que la signification originelle de ces cérémonies, héritées de lointains ancêtres, se fût perdue, il l'est davantage que, grâce à l'antiquaire Lydus, une explication toute matérialiste et qui s'inspire directement d'un paganisme ancestral, s'en soit perpétuée à travers le moyen âge byzantin. Bien entendu, elle ne satisfit pas tout le monde, et les théologiens s'appliquèrent, en invoquant des récits bibliques, à donner une signification plus haute aux dates adoptées par l'Eglise orthodoxe : le troisième jour sera le symbole de la résurrection, le neuvième rappellera la première apparition de Jésus à ses disciples, le quarantième sera l'emblème de l'Ascension ; de même, le septième sera regardé comme celui du Sabbat, qui fait allusion au repos des morts. Mais à côté de cette exégèse scripturaire, on voit se maintenir une autre explication plus populaire et qui semble bien se rattacher aux croyances répandues à la fin du paganisme par les mystères orientaux et les systèmes gnostiques. Jusqu'au troisième jour, dit-on, l'âme reste sur la terre, et le troisième elle est emportée par les anges, le neuvième, se place son jugement et les anges la disputent aux " douaniers ", démons aériens qui veulent l'empêcher de poursuivre sa route vers le ciel ; enfin, le quarantième, elle s'approche du trône de Dieu, qui lui assigne son séjour jusqu'à la résurrection des morts. Cette croyance était très répandue en Orient (judaïsme, mazdéisme). On établit une relation entre cette doctrine et celle dont Lydus s'est fait le propagateur : " L'âme vole trois jours autour du corps, désireuse d'y rentrer, mais quand elle voit que le visage du mort s'altère, elle abandonne le cadavre " (Talmud de Jérusalem) (Franz Cumont, La triple commémoration des morts)

En ce qui concerne le quarantième, on peut penser aussi au 40 jours dans le désert, le jeune d'Elie, la pluie du Déluge.

Les superstitions populaires ont conservé cette période de neuf jours : dans le Nivernais, pour guérir la jaunisse, il faut porter pendant neuf jours sept jaunes d'oeufs durs en collier. Si saint Augustin réprouvait le novemdial, la neuvaine est revenue par la fenêtre avec la neuvaine catholique.

Une neuvaine est dans l'Eglise catholique une dévotion privée ou publique de neuf jours, destinée à obtenir des grâces déterminées. Tandis que l'octave a un caractère joyeux et plus festif, la neuvaine combine le deuil et l'espoir, elle est empreinte de soupir et de prière. " Le chiffre neuf dans l'Écriture sainte marque la souffrance et le chagrin " (Saint Jérôme, dans Ézech., VII, 24; - P.L., XXV, 238, cf. XXV, 1473). La neuvaine est permise, voire recommandée par l'autorité ecclésiastique, mais n'a toujours pas trouvé sa place exacte dans la liturgie de l'Église (fr.wikipedia.org - Neuvaine).

Les Novemdiales désignent les 9 jours de deuil et de prière qui suivent la mort du Pape. Ce sont les cardinaux réunis en congrégation qui fixent le jour du transfert du corps dans la basilique Saint-Pierre et organisent les obsèques. L'inhumation doit avoir lieu entre le quatrième et le sixième jour qui suit la mort du pape. Chaque jour, les cardinaux célèbrent un service funèbre pour le repos de l'âme du Pape (www.cef.fr, chantalflury.unblog.fr - Le chiffre 9 chez Dante).

La "semaine" de neuf jours (neuvaine) devenait possible avec l'augmentation du nombre de planètes découvertes dans le système solaire, en considérant l'aspect astronomique de la semaine de 7 jours. le déclassement de Pluton comme planète cadre alors complètement avec l'augmentation de deux jours pour arrivé à 9 de la semaine de 7 jours. Il suffit d'ajouter Uranus et Neptune, Urani dies et Neptuni dies. Dimanche peut être appelé Soldi (Solis dies) ou journées des soldes.

Les avantages de la neuvaine ne sont pas particulièrement criants, les multiples de neuf s'approchent moins que la semaine des 365/6 jours de l'année : 360 contre 364. Ce calendrier ressemble plus au calendrier égyptien antique ou républicain. L'année compte 40 neuvaines plus 5 ou 6 jours (sanculotides), 10 neuvaines faisant 90 jours, donnent une saison. La conservation du système à 12 mois et nombre de jours variables permet de placer trois neuvaines dans le mois. Seul le nom des jours est changé, toutes les fêtes des saints sont conservé. Sur une neuvaine, on peut espérer quand même un week-end de trois jours... (fr.wikipedia.org - Calendrier républicain, Le calendrier égyptien).

 


[1] Vincent F. Hopper, « La symbolique médiévale des nombres », Monfort, pp. 139-144

[2] Maurice Pezet, « Revue critique d'histoire et de littérature - N° 12 - 26 mars 1906 », Seghers