Partie IX - Synthèse   Chapitre LXIV - Super-étoile (Superstar in english)   Nantes, 11 mai   

Nantes, 11 mai

Saint-Gildas

Les disciples de saint Gildas, s'il en faut croire ses Actes, firent, après son décès, ce qu'il avait souhaité d'eux. Ils mirent son saint corps dans un esquif, qu'ils abandonnèrent à la mer. Pendant qu'ils attendaient sur le rivage, pour voir où le conduirait la Providence, plusieurs religieux du pays de Cornouaille, venus par mer pour recevoir sa dernière bénédiction, se voyant en bien plus grand nombre que le reste, projetèrent entre eux d'enlever ce précieux trésor. Cette désobéissance les rendit indignes de le posséder, et au même moment, la chaloupe, qui flottait assez avant en mer, s'enfonça et disparut aux yeux de tout le monde. On attendit vainement pendant quelques jours que la mer jetât le corps sur quelque rivage, et chacun se retira chez soi. Les religieux de Rhuys, qui avaient obéi de bonne foi, et qui, mettant toute leur confiance en Dieu, s'étaient prescrit un jeûne et des prières publiques de trois jours, eurent enfin assurance que leur saint père était favorable à leurs vœux. Il y avait déjà plus de trois mois qu' ils déploraient sa perte d'une manière inconsolable, lorsqu'un d'entre eux eut révélation qu'on trouverait bientôt le saint corps proche d'une petite chapelle que le saint avait autrefois bâtie à l'honneur de la sainte Croix, sur le bord de la mer, et qu'on nommait Eroest, c'est-à-dire Maison de la Croix. Les religieux y étant allés en procession aux Rogations, le onzième jour de mai, furent agréablement surpris, lorsqu'ils aperçurent la chaloupe que la marée avait, à son reflux, laissée à sec sur le rivage. Ils y trouvèrent le corps de leur bienheureux abbé aussi frais et aussi entier qu'ils l'y avaient mis. Ils le levèrent avec respect, et emportèrent, en chantant des psaumes, ce précieux gage de l'amour de leur père, dans l'église de l'abbaye, où ils l'enterrèrent, après avoir laissé la pierre qui lui servait de chevet sur l'autel de la chapelle de la Croix, pour y être un monument éternel de cet abord miraculeux. Tout ce récit ne signifie peut-être autre chose, sinon que le corps de saint Gildas fut transféré de l'île d'Houat à l'abbaye de Rhuys, le 11 mai, plus de trois mois après la mort du saint abbé. Dans le ixe siècle, lorsque les ravages des Normands obligèrent les évêques et les abbés à mettre à couvert de la rapacité et de la profanation de ces barbares, les sacrés dépôts qui enrichissaient leurs églises, Dajoc, abbé de Rhuys, cacha sous l'autel de la sienne, dans le tombeau du saint abbé, huit de ses plus grands ossements, qui sont encore conservés dans le même lieu, et emporta le reste avec lui, hors de la province, c'est-à-dire à Bourg-Deols, dans le Berri, où il y a une église qui porte le nom de Saint-Gildas, laquelle fut bâtie pour les religieux de Rhuys et de Locminé, par Ebbo, seigneur de ce canton.

Deux abbayes de Bretagne portaient également le nom de ce saint; celle de Rhuys, dont il fut fondateur, et dont l'église est aujourd'hui paroissiale, et celle des Bois, dans le diocèse de Nantes, fondée l'an 1026, par les seigneurs de La Roche-Bernard, et où s'est établie depuis quelques années une société de sœurs institutrices. Il y a aussi à Aurai une église paroissiale dédiée à S. Gildas; elle possède maintenant une petite portion de ses reliques, qu'elle obtint de Rhuys, le 26 juillet 1809. Ce saint est invoqué dans les Litanies anglaises du vne siècle. L'ancien calendrier de l'abbaye de Saint-Méen en marque la fête au 29 janvier, avec office de douze leçons. Le Propre de Vannes, imprimé en 1660, la marque au même jour, avec office semi-double. L'auteur de la Vie de saint Gildas témoigne qu'on célébrait aussi, le 11 mai, la fête de sa translation. L'ancien Bréviaire de Saint-Brieuc marque sa fête le 29 janvier, à trois leçons. L'ancien Bréviaire de Nantes fait mémoire de la translation au 11 mai, outre la fête du 29 janvier, qui y est aussi marquée. C'est au 11 mai qu'elle est maintenant, dans le nouveau Bréviaire de ce diocèse. Le surnom de Sage, qu'on donne à saint Gildas, a porté les peuples à l'invoquer pour la guérison de la folie. L'âme qui s'accoutume à chercher Dieu et à méditer assidûment sur ses adorables perfections, se détache bientôt, comme saint Gildas, de toutes les choses de la terre, et supporte volontiers l'éloignement des créatures, parce qu'elle trouve tout dans le divin objet de son amour. La connaissance de la grandeur de Dieu opère de merveilleux effets dans l'âme de celui qui la possède; elle l'élève d'abord au-dessus de tous les objets créés,' en sorte qu'il les regarde, à l'exemple de l'apôtre, avec un souverain mépris, non pas dans le rapport qu'ils ont à Dieu qui les a créés, mais dans l'influence que ces objets ont sur notre cœur pour le séduire et pour le détacher de Dieu. Cette âme, pleine de la grandeur de Dieu, contracte une force supérieure, soit pour combattre ses passions, soit pour accomplir tous les devoirs que Dieu lui impose, soit pour supporter toutes les tribulations de cette vie. Dès que toutes ces choses sont dans l'ordre de la volonté de Dieu, il n'y a point d'obstacles que cette âme, pénétrée de la grandeur de Dieu, ne franchisse. Dieu est grand, dit- elle sans cesse, il est le seul grand, il est la source de toute grandeur, et il me demande tels ou tels sacrifices. Elle est assez généreuse pour les lui offrir, et le Seigneur, qui ne se laisse jamais vaincre en générosité, comble à son tour cette âme de grâces abondantes, qui l'élèvent à la plus haute perfection. Pourquoi ne chercherions-nous pas à y atteindre nous-mêmes, en suivant fidèlement la voie que les saints nous ont tracée par leurs exemples ? (Guy-Alexis Lobineau , Les vies des saints de Bretagne et des personnes d'une éminente piété, Volume 1).

Bon Vieillard

Son nom, attribué à l'artère principale qui coupe en deux l'île Feydeau, est connu de tous les Nantais. Christophe-Clair Daniel de Kervégan (25 décembre 1735 - 2 octobre 1817), issu d'une famille de négociants, est élu 88ème maire de Nantes, le 20 août 1789, après être entré en 1774 dans le corps municipal. Son conseil se compose de bourgeois nantais, de médecins et de négociants. Deux ans plus tard, ce sera au tour de l'avocat Gaston Baco de la Chapelle d'être élu maire. Les deux hommes se serrent les coudes pour maintenir l'activité du port et particulièrement le trafic négrier. Selon Gaston Martin, de 1700 à 1791, 450000 esclaves ont été transportés par des armateurs nantais, pour un total d'environ 1300 expéditions. Des grandes familles telles que celle de René Montaudouin ou de Guillaume Grout ainsi que les Lévesque, Haentjens, Delaunay, Prudhomme-Fontenay, Leroux ou Espivent y ont participé. La convention abolira l'esclavage en février 1794 mais Bonaparte le rétablira en mai 1802. Parallèlement au municipe de Daniel de Kervégan, le 15 janvier 1790 le comté nantais devient le département de Loire-Inférieure et se divise en neuf districts - dont les chefs-lieux sont alors Ancenis, Blain, Châteaubriant, Clisson, Guérande, Machecoul, Nantes, Paimbœuf, Savenay. 56 cantons et 208 communes. Nantes prospère en cette fin du XVIIIe siècle et compte 80000 habitants. Daniel de Kervégan sera réélu maire de Nantes en 1797 puis président du conseil général en 1800, député au Corps législatif de l'an XIII à 1810. Il fut l'un des trois négociants de Nantes décorés en 1814 par Louis XVIII Il a été immortalisé par le peintre François Sablet (dorbestier.espacewebpro.fr - Kervegan).

Après une vie si bien remplie, de Kervegan avait droit à un honnête repos, et cependant son dévouement pour les pauvres lui fit encore continuer les fonctions d'administrateur de nos hospices, auxquelles il avait été appelé par le Préfet. Le Maire en était le président-né, de Kervegan fut élu vice-président par ses collègues. Il y consacra ses derniers jours, jusqu'à ce que, comme il s'en plaignait lui-même avec chagrin, l'épuisement de ses forces ne lui permît plus de faire à pied le chemin qui séparait son domicile du lieu des séances de l'administration des hospices. L'abandon de cette place lui fut très pénible, parce que, disait-il, il ne pouvait plus être utile aux pauvres. De Kervegan était doué d'une grande justesse d'esprit " et d'une fermeté à toute épreuve dans l'exercice de ses " fonctions; quand l'autorité royale était déjà perdue, il " savait encore faire respecter la sienne. Si, dans ces temps malheureux, il ne s'opposa pas directement au torrent dévastateur qui entraînait tout, c'est qu'il jugea que ses vains efforts n'aboutiraient qu'à compromettre sa vie, sans aucun avantage pour le bien " public. Il aima mieux employer son zèle et ses talents administratifs à modérer la fougue révolutionnaire qui emportait loin du but ses compatriotes, dont la plupart, avec des intentions droites, se laissaient entraîner à de grands excès. Il s'efforça ainsi d'empécher le mal, quand il ne lui fut plus possible de faire le bien.

L'homme de bien par excellence, le vertueux citoyen allait, en effet, s'éteindre, et le 3 octobre 1817, nos registres de l'état-civil inscrivaient la déclaration suivante : De Kervegan n'avait jamais été marié et son nom s'éteignit avec lui. Ce nom, du reste, a été souvent dénaturé, et l'on a écrit Daniel, comme s'il se fut agi d'un prénom. C'était une erreur. Le véritable nom de notre ancien Maire de 1789 était Danyel ; le titre de de Kervegan était emprunté à une terre de famille, située en Bretagne. Il existe encore des Danyel, qui sont des membres collatéraux de la famille de Kervegan (Société académique de Nantes et de la Loire-Inférieure, Annales, 1862).

Jeune Mort

Bernard Priou, deuxième maître, de Nantes, fut tué au combat du 12 avril 1782 sur le Glorieux, commandé par le Vicomte d'Escard tué aussi, à la bataille des Saintes aux Antilles, déroute franco-espagnole. La bataille des Saintes se déroula du 9 avril au 12 avril 1782, pendant la guerre d'indépendance des États-Unis, entre la flotte anglaise dirigée par George Rodney et la flotte française dirigée par le Comte de Grasse. La flotte anglaise en sortit victorieuse. L'affrontement fut baptisé du nom des Saintes, un groupe d'îles situé entre la Guadeloupe et la Dominique dans les Antilles (fr.wikipedia.org - Bataille des Saintes).

Alchimie

A Nantes, Fulcanelli nous montre le tombeau de François II, duc de Bretagne, comme une oeuvre à portée alchimique. Ce qui nous intéresse particulièrment c'est la statue représentant la Prudence, avec son double visage de vieillard et de jeune femme : ou le rajeunissement du vieillard.

On ajoute que le vieillard doit être enfermé avec l'arbre, non à ciel ouvert, mais dans une maison qui n'est pas sèche, mais humide de rosée. Cet arbre est la fille du vieillard qui, comme Daphné, a été changée en un végétal de cette sorte ; c'est pourquoi le vieillard peut à bon droit espérer d'obtenir la jeunesse de celle dont il a causé l'existence. (herve.delboy.perso.sfr.fr - Atalante IX).

La Prudence - fr.wikipedia.org - Tombeau de François II de Bretagne