Partie I - Généralités   Chapitre II - Points particuliers   Muret   

Qu'il correspondît ou non à un projet politique séculaire, l'imperi pirinenc se constitua bel et bien le 27 janvier 1213. Pierre II d'Aragon obtint l'accord du pape et la fin de la Croisade (bulles du 15 janvier 1213). Ce sont les "faucons" qui retournèrent la Curie en leur faveur et relancèrent la guerre à outrance. Pierre II, comte de Barcelone et roi d'Aragon, fut tué à la bataille de Muret le 12 septembre 1213, alors que, tout catholique qu'il était, il avait pris la tête de la coalition qui tentait de bloquer les conquêtes de Simon de Montfort et de ses croisés (Michel Roquebert).

La bataille de Muret a été l'objet d'une légende dont fait part Sébastien Michaelis, chef de file de la réforme catholique toulousaine, dans une lettre adressée le 16 novembre 1607 au maître de l'Ordre Jérôme Xavierre, racontant que saint Dominique, en tête des troupes à Muret, portait un crucifix en bois qui était conservé dans la Maison de l'Inquisition de Toulouse. Cent mille albigeois auraient été massacrés par vingt-cinq mille catholiques conduits par le comte de Montfort. Le bois de croix est vermoulu, percé de nombreuses flèches de tous côtés, mais le crucifix, comme son porteur, est demeuré intact - par un prodige comparable à celui que raconte Eusèbe dans la Vie de Constantin lors de la bataille du pont Milvius le 28 octobre 312. Cette amplification fabuleuse du combat du David catholique contre le Goliath albigeois justifie la comparaison de la victoire de Simon de Montfort à la bataille de Muret avec la victoire de Constantin à la bataille du pont Milvius, deux victoires aussi décisives l'une que l'autre par leurs conséquences pour la cause catholique. Or ces deux triomphes ont été remportés sous le signe de la croix glorieuse, le crucifix intact que brandissait Dominique équivalant à la croix lumineuse qu'avait aperçue Constantin. In hoc signo vinces (Bernard Montagnes op, La légende toulousaine de saint Dominique).

L'Histoire admirable de la possession d'une pénitente (1612) de Michaelis comprend une classification de démons qui est passée dans la littérature ésotérique.

Notons que, le 28 janvier 1226, le concile de Bourges excommunia Raimond VII de Toulouse.

Le cercle de Muret inclut Pins-Justaret qui est d'importance pour les nonagones.

En l'an 1124, Odon de Pins fait don à l'Eglise d'une partie de ses terres, leur conférant le statut de sauveté. La sauveté de Justaret est dotée de privilèges destinés à attirer les paysans. En 1296, le comte de Comminges donne des terres près de Muret à Odon de Pins, constituant ainsi la seigneurie de Pins. Odon de Pins fut l'année suivante Grand Maître de l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem. Il mourut sans descendance en 1298 et les terres passèrent dans la famille de son frère aîné: Bernard de Pins. Les seigneurs de Pins se sont illustrés dans la bataille de Muret contre Simon de Montfort.

Odon de Pins, Grand Maître de l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem

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La maison de Pins, établie en France dès la fin du XIème siècle, est issue de la maison de Pinos, en Espagne, et, par celle-ci, de l'antique souche des comtes de Thann, comtes du Saint-Empire, depuis princes de Thann-Waldbourg. Odon et Roger De Pins, grands maîtres de Saint-Jean de Jérusalem, sortaient de Gausserand de Thann, ou de Pinos, l'un des neuf princes qui, vers 744, entrèrent en Espagne pour combattre les Maures, et commencèrent contre les musulmans la guerre qui devait anéantir leur puissance dans la Péninsule. Celui-ci avait pour frère Guillaume-Raymond Dapifer, auteur de la maison de Moncade, de laquelle descendait, par une longue suite de générations, Jeanne d'Albret, reine de Navarre, - mère de Henry IV. Les noms de ces neuf Cid sont relevés par le chanoine Taraffa, dans ses Annales des événements mémorables de l'Espagne. Quand ils eurent chassé les Sarrazins de la province de Tarragone, Charlemagne distribua le pays conquis entre eux. La baronnie de Pinos, se forma des terres remises à Gausserand II, fils de Gausserand Ier, qui avait bâti la ville de Baga, au pied des Pyrénées. Les neuf barons avaient définitivement conquis la province de Tarragone par la bataille d'Urgel (768). Charlemagne obint du Saint-Siège que neuf églises-cathédrales fussent consacrées dans la province de Tarragone. Lui-même, il établit et détermina les rangs, dignités, honneurs et droits accordés aux neuf barons.

Ces neuf barons avaient rang de comtes en Espagne. Cette égalité leur fut reconnue en 1040, à Barcelone, dans un Cortez. Ils avaient pris, à leur entrée en Espagne, des armoiries communes. Le blason primitif était une croix, dont les quatre branches portaient en devise ces quatre initiales: S. P. Q. R., signifiant : " Sacrum populum quis redimet " ou " Sapientia patris quœ redemit ". La devise des Pins était "Dieu et de Pins !" "Despues Dios la Casa de Pins". Cette maison porte encore la légende : un des neuf barons de Catalogne. Ce fut Galceran de Pinos qui forma vers 1185 la branche de Languedoc (Louis François Villeneuve-Trans, Monumens des grands-maîtres de l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem).