Partie IX - Synthèse   Chapitre LXVI - La Rose kabbalistique   Montchamp   

Montchamp

Montchamp était la plus riche commanderie d’Auvergne de l’ordre des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, qu’ils possédaient en propre, situé dans le Montagne, depuis 1230 au moins.

En dépendaient : La Garde Roussillon, Loubessargues sur la commune de Valuéjols, Brioude, La Rivière-l'Evêque (Cantal) ; Langeac, Charbonnières (Haute-Loire) ; Chauillac (paroisse du Broc : Puy-de-Dôme).

Montchamp était, avant 1789, de la Haute-Auvergne, du diocèse, de l'élection et de la subdélégation de Saint-Flour. Régi par le droit coutumier, il était le siège de la justice de la commanderie de Montchamp, et ressort, à la sénéchaussée d'Auvergne, en appel de la prévôté de Saint-Flour (www.templiers.net - Auvergne).

Pierre d'Aubusson est né en 1423. Dès son plus jeune âge, il est introduit à la cour de Charles VII qui le charge de plusieurs missions avant de séjourner à la cour de l'empereur Sigismond dont la fille Elisabeth de Luxembourg épousera le successeur de son père, Albert de Habsbourg. Elisabeth, impératrice, mourra le 20 décembre 1442.

A son retour en France, Aubusson décide comme beaucoup de jeunes chevaliers, de rejoindre l'ordre de St Jean de Jérusalem sur l'île de Rhodes. Très vite, il sera le principal conseiller de Jean de Lastic, maître de l'ordre, comme lui grand prieur de la langue d'Auvergne. En 1476 il est élu au magistère suprême à l'unanimité.

Jean Bompar de Lastic (1371-1454), est le trente-sixième grand maître de l'ordre de Saint- Jean de Jérusalem. Il succéde à Antoine Fluvian, grand maître de 1421 à 1437 (Espagne).

Jean de Lastic est né en 1371 dans le château familial de Lastic dans la commune de Lastic contiguë au nord de Montchamp. En 1131, est signalée la fondation de la Madeleine de Lastic, prieuré clunisien du diocèse de Clermont. Jean de Lastic est issu d'une vieille famille auvergnate (par sa mère, il était le petit-fils du comte de Clermont et de la dauphine d'Auvergne).

A la fin des années 1380, vraisemblablement à Carlat, il est reçu chevalier dans l'Ordre des Hospitaliers, dans la Langue d'Auvergne comme l'avaient été avant lui deux de ses oncles. Après avoir sans doute effectué un long séjour au siège du couvent de l'Ordre, à Rhodes, et avoir été pourvu de diverses commanderies (Commanderie de Celles, Montchamp, Château de Carlat), il est élu grand prieur de la Langue d'Auvergne. Revenu à Bourganeuf, siège du grand prieuré, il en renforcera les défenses, en faisant notamment édifier une tour, achevée en 1530, qui porte toujours son nom et abrite aujourd'hui le syndicat d'initiative de la ville.

Il se trouve à Bourganeuf lorsqu'il apprend son élection comme grand maître en 1437. Il ne quittera pas la France sans avoir effectué des achats d'armes. En effet, les Mamelouks d'Égypte, après avoir occupé Chypre en 1424-1426, ne dissimulaient plus leurs ambitions en Méditerranée orientale et menaçaient Rhodes.

Une première attaque a lieu en septembre 1440 suivant les sources arabes. Les Hospitaliers, dont les vaisseaux de haut bord sont inférieurs à ceux de leurs adversaires, trouvent la parade en faisant passer leurs combattants sur des barques à fond plat qui se lancent à l'abordage des navires adverses. Les Égyptiens n'insistent pas.

La seconde expédition égyptienne a lieu en 14448. Elle est connue, côté arabe, par la chronique d'Abou al-Mahâsin ibn Taghrî Birdî (1530-1604). La flotte des Mamelouks, forte de 75 vaisseaux, débarque cette fois une armée de 18 000 hommes, qui met le siège devant Rhodes le 10 août 1444.

La version des faits, côté chrétien est donnée par une chronique, due à un Catalan Francisc Ferrer, poète à ses heures. Les deux sources s'accordent pour constater que les différents assauts des Égyptiens ont été repoussés. Une sortie victorieuse, et presque désespérée, ordonnée par Jean Lastic, aurait même permis de jeter à la mer les pièces d'artillerie égyptiennes placées devant la principale porte de la cité, mal défendue depuis le môle séparant le port de commerce et le port militaire. Le 18 septembre, un nouvel assaut se solde par un échec. Le siège est alors levé. 300 Mamelouks ont été tués et 500 autres blessés, sans compter les pertes des combattants non mamelouks et des auxiliaires.

Mahomet II, qui ne tarda pas à régner seul sur les Ottomans, en 1454, somma Jean de Lastic de se reconnaître son vassal et de lui payer tribut. Le grand maître se tint sur ses gardes; et il commençait les préparatifs pour résistera un nouveau siège, lorsque la mort le surprit le 19 mai de la même année. Il est généralement regardé comme un des héros de son ordre, qui lui doit les plus beaux règlements (fr.wikipedia.org - Jean de Lastic, www.mayvth.fr - Aubusson).

Rose

Après la disparition des Etats latins d’orient, l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem se replie à Chypre où se trouve déjà le roi titulaire de Jérusalem, Henri II de Lusignan, lequel voit d'un mauvais œil une organisation aussi puissante s'installer sur son royaume. Là, l'ordre instaure, en 1301, une structure élaborée pour ses possessions en Occident fondée sur les « Langues ». Les Hospitaliers sont répartis en fonction de leurs origines en « Langue » de Provence, d'Auvergne, de France, d'Aragon, de Castille, d'Italie, d'Angleterre, d'Allemagne. En 1306, le pape Clément V autorise les Hospitaliers à armer des navires. Les Hospitaliers développent la grande flotte qui fait leur réputation et associée avec leur organisation, exemplaire pour l'époque, qui leur permet de tirer un grand profit de leurs possessions en Occident, cela les autorise à entretenir l'espoir d'une reconquête de la Terre sainte.

Entre 1307 et 1310, l’ordre, dont la rivalité avec le roi de Chypre ne cesse de croître, conquiert l’île de Rhodes, alors sous souveraineté byzantine. Rhodes devient le nouveau siège de l'ordre. En 1311, il renoue avec ses origines en créant le premier hôpital de l'île de Rhodes.

Le siège décisif a lieu en 1522. Le sultan Soliman le Magnifique assiège pendant cinq mois la ville de Rhodes avec 200 000 hommes et ne parvient à la prendre qu'à la suite de la trahison du grand chancelier d'Amaral.

Les Hospitaliers entament, en 1523, une errance de sept années qui les conduit d'abord à Civitavecchia, en Italie. En 1528, le pape Clément VII, ancien Hospitalier, les héberge à Viterbe où vécut la célèbre sainte Rose ; mais, finalement, ils partent pour Nice peu de temps après.

L'empereur Charles Quint, comprenant l'utilité que peut avoir un ordre militaire en Méditerranée face aux avancées ottomanes (Alger est conquis par le célèbre Barberousse en 1529), confie à l'ordre l'archipel de Malte, dépendance du royaume de Sicile, par un acte du 24 mars 1530, faisant du grand maître de l'ordre le prince de Malte (fr.wikipedia.org - Ordre de Saint Jean de Jérusalem).

L'Ile de Rhodes fut anciennement appellée Ophieuse du mot Grec qui signifie Serpent, à cause de la multitude de ces reptiles, qui infestaient cette île. Selon quelques-uns elle prit le nom de Rhodes, d'un bouton de rose fait d'airain, qu'on trouva dans les fondements de Lindo, une de ses principales villes, et dont les habitants firent mettre la figure dans leurs monnaies.

Un habile antiquaire a fait voir que ceux qui s'attachent à ce sentiment, ont pris pour une rose, une fleur de grenadier dont les Rhodiens se servaient ordinairement dans leurs teintures, par la même raison que les Syriens avaient fait mettre anciennement dans leurs monnaies, la coquille de ce riche petit poisson, qu'on appelait pourpre. L'opinion la plus commune et la plus vraisemblable attribue l'origine du nom de Rhodes, à la quantité de roses dont cette île était remplie, pendant presque toute l’année. Hyginus, historien grec, sur le témoignage de Polyzelus Rhodien, rapporte qu'un certain Thessalien, fils de Triopas, ou de Lapithas, selon Diodore de Sicile, ayant été jeté par la tempête sur les côtes de Rhodes, extermina heureusement ces animaux nuisibles ; que Phorbas entr'autres en tua un d'une grandeur prodigieuse, qui dévorait les habitants. Le savant Bochard prétend que les Phéniciens donnèrent à cette île le nom de Gesirath-Rod, c'est-à-dire l'île des Serpens : Gesirath, selon cet auteur, étant un terme commun aux Phéniciens, aux Syriens, aux Arabes et aux Chaldéens, qui signifie une île, et Rod en langage Phénicien, un Serpent ; si bien qu'en joignant ces deux mots, on en forma celui de Gesirath-Rod, d'où les Grecs firent depuis celui de Rhodos, que cette île a conservé jusqu'aujourd'hui (Antoine Augustin Bruzen de la Martinière, Le Grand Dictionnaire Geographique Et Critique, Volume 7, 1737).