Partie IX - Synthèse   Chapitre LXII - Les entretiens du Dr Simpleglad   Lucas et les Templiers   
DOCTEUR SIMPLEGLAD AFFAIRE LUCAS TRONCHE TEMPLIERS

On peut trouver des points de rapprochement entre l'affaire Lucas Tronche et les Templiers sur fond de nonagone gardois.

Le 18 mars 2015, Lucas, un adolescent de 15 ans vivant à Bagnols-sur-Cèze, a disparu. Ce jour-là il fait beau, et les températures sont printanières sur le Gard et à Bagnols. Il est 17 heures passées de quelques minutes chez la famille Tronche, quartier de Saduran. Lucas et son frère Valentin s’apprêtent comme chaque mercredi à partir nager à la piscine de la Légion étrangère, à Laudun-l’Ardoise. Et ils sont en retard. «D’habitude, ils partent à 17 heures», se rappelle Nathalie Tronche. C’est qu’ils ont un bus à prendre, le Edgard dont l’arrêt est de l’autre côté du pont Schumann, à quelques minutes de trottinette. Le grand frère Valentin le sait. «Il faut se bouger», lance-t-il à son petit frère qui lui répond : «Pars, je ferme», ses affaires de piscine à la main. Depuis, Lucas s’est volatilisé.

Si le départ de Lucas de la maison le mercredi 18 mars entre 17 h 10 et 18 heures semble volontaire, les éléments matériels ne plaident pas en la faveur d’une fugue prolongée Outre le couteau, Lucas a laissé ses clés et son argent liquide (Tony Duret, Thierry Allard, L’ENQUÊTE (1/4) Disparition de Lucas, 16 mars 2016 - www.objectifgard.com).

18 mars 1314 : 701 années avant

Lors du Concile de Vienne, le 20 mars 1312, l’Ordre est dissout, et leurs biens sont confisqués. Ce n’est que le 18 Mars 1314, que le Grand Maître des Templiers, Jacques de Molay monte sur le bûcher. Ce jour-là, il va maudire ses tortionnaires, pour leur « traîtrise du vendredi 13 ». En effet, la veille, le jeudi 12 Octobre 1307, Jacques de Molay assistait aux obsèques de Catherine de Valois, belle sœur du roi, pendant lesquelles, il porta même un des « Cordons du Poêle », honneur suprême. La Mémoire populaire retiendra la mort du pape Clément V, à Roquemaure du Gard, dans la nuit du 19 au 20 avril 1314, puis celle de Philippe le Bel, dans les six mois qui ont suivi, comme le prévoyait la malédiction de Jacques de Molay. « Pape Clément, roi Philippe, Chevalier Guillaume, avant qu'il soit un an, je vous cite à comparaître au tribunal de Dieu ! Maudit ! Maudit ! Soyez maudits jusqu'à la septième génération ! » (Philippe Ritter, Arrestation des Templiers, 2007 - www.nemausensis.com).

A Nîmes et sa région, tout a commencé par cette « lettre close » du 14 septembre 1307, adressée à Bertrand Jourdain de l’Isle, Sénéchal de Beaucaire. Les chevaliers du roi, Henry de la Celle et Oudard de Maubuisson, sont nommés commissaires de la sénéchaussée, pour l’arrestation du 13 octobre. La suite de cette mission est de faire l’inventaire de leurs biens, et de les interroger sur les faits qui leur sont reprochés. De Nîmes, oú réside le Sénéchal de Beaucaire, les ordres sont donnés, là aussi dans le plus grand secret, sur toute la région. Ce vendredi 13, donc, aux premières lueurs du jour, les « Gens d’armes » de la sénéchaussée investissent près d’une dizaine de Commanderies, et plus d’une cinquantaine de maisons. Trente-trois Templiers sont arrêtés à la commanderie d’Alès, quarante-cinq à Aigues-Mortes enfermés à la Tour de Constance, soixante à Beaucaire et cent cinquante à la commanderie de Nîmes ; soit deux cent quatre-vingt-huit membres de l’Ordre. C’est dire l’importance de la Maison de cette ville, à Paris par exemple, ils n’étaient que cent quarante. Parmi les Templiers arrêtés dans notre région, il y avaient quelques commandeurs, et quelques chevaliers, mais surtout, un très grand nombre de servants. Ils venaient des maisons oú eurent lieu les arrestations, mais aussi des maisons de Calvisson, Aubais, Générac, Montfrin, et Saint-Gilles. A Alès, certains même, venaient des commanderies de Montpellier, Jallès en Ardèche et Le Puy-en-Velay. Dés le 8 novembre 1307, de Maubuisson lui-même, dirige les interrogatoires des prisonniers d’Aigues-Mortes, oú était retenu Bertrand de Falgues, Commandeur de Saint-Gilles. Le 16 novembre suivant, il poursuit ses investigations à Nîmes, c’est le début de l’Inquisition et des tortures. En 1308 et 1309, débutent les enquêtes pontificales, Clément V est déjà installé en Avignon depuis 1305, l’évêque de Nîmes Bertrand de Languissel prend à son tour les réponses des Templiers. On transférait facilement les détenus d’une prison dans l’autre, d’Aigues-Mortes à Alès, ou de Beaucaire à Nîmes, pour éviter les «réponses convenues» et les faire passer entre les mains de plusieurs inquisiteurs différents. Il y a eu torture, et peut-être bûcher. Toujours est-il qu’en juin 1310, le Concile de Nîmes prononça la condamnation des Templiers du Languedoc. Certains meurent sous la torture, d’autres se parjurent et sont libérés, d’autres enfin sont transférés à Carcassonne ou à Paris et passeront par le bûcher entre 1310 et 1314. Vers la fin de 1312, vingt-deux Templiers, arrêtés en 1307 et incarcérés à Alès, sont absouts. A cette même époque, Guillaume de Nogaret achète de nombreux biens sur Nîmes, sa région, et en Vaunage, avant de mourir au printemps 1313, à Paris (Philippe Ritter, Arrestation des Templiers, 2007 - www.nemausensis.com).

Saduran

Un nonagone peut être construit à partir d’un alignement de quatre sites qui sont la chapelle de Maransan, la chapelle Saint-Symphorien de la commanderie de Boussargues, sa jumelle, le dolmen de Vialès et le château La Tour à Saint-Chaptes qui serait templier. La distance de Maransan à la Tour est de 37 kilomètres. A partir de ce segment je dessine un triangle équilatéral par élévation, ce qui me donne un troisième point près du hameau de Brougnac. Par division des angles on obtient un nonagone.

Le point intersection de la diagonale 5)-17) et 4)-7) correspondant à la chapelle Saint-Martin sur la commune de Bagnols-sur-Cèze (Construction : Le nonagone gardois).

La chapelle se dresse dans une propriété privée isolée au milieu des vignes, au lieu-dit Saduran à 3 km au nord-ouest de Bagnols-sur-Cèze, légèrement au nord de la route départementale D980 qui mène à Barjac

La chapelle Saint-Martin de Saduran est une chapelle romane des XIe et XIIe siècles - fr.wikipedia.org

5 : Sommet du nonagone correspondant à la chapelle de Maransan au nord-est de Bagnols-sur-Cèze. Un seigneur de la famille de Marensan fit obturer un puits, séjour d'un coulobre à 7 têtes et 7 queues qui dévastait la région et qui figure sur le blason des Marensan.

17 : Sommet du nonagone sur la commune de Saint-Brès, au nord de Saint-Ambroix, tout à côté du hameau de Brougnac

7 : Sommet du nonagone sur la commune de Saint-Victor-la-Coste, à l’est de Pouzilhac

4 : point situé sur le cercle circonscrit à égale distance du sommet du nonagone sur la commune de Saint-Julien-de-Peyrolas et de celui de Maransan (Construction : Le nonagone gardois).

Dans le cadre de l'enquête de voisinage, une voisine affirme le lendemain l'avoir aperçu entre 17 h 15 et 17 h 30 le jour de sa disparition chemin de Saduran se dirigeant en direction des vignes, donc sur un chemin opposé à la piscine (fr.wikipedia.org - Affaire Lucas Tronche).

3 pierres

Piqué de géologie, Lucas collectionnait les pierres. «Il lui arrivait de partir pour aller chercher des cailloux», se souvient Nathalie Tronche. En décembre 2014, Lucas commence à ramasser des pierres étranges, lourdes et aimantées. L’adolescent pense avoir mis la main sur des météorites. Il se fabrique un instrument composé d’une ficelle et un puissant aimant lui permettant de ramasser ces étranges cailloux : «il en avait des kilos», note Eric Tronche, sachant que le prix du kilo de minéral extraterrestre varie entre plusieurs centaines et plusieurs milliers d’euros. Sauf qu’en réalité, le père a découvert qu’«il s’agissait de scories de forge médiévale.» En clair, la valeur des scories serait de quelques dizaines d’euros tout au plus. Cependant, «pour nous il en manque trois», affirme la mère, «les plus polies» précise le père (Tony Duret, Thierry Allard, L’ENQUÊTE (3/4) Disparition de Lucas : les trois pierres manquantes, 16 mars 2016 - www.objectifgard.com).

Dans le débat maçonnique les deux courants qui s'opposent, et il s'agit d'une opposition qui vit encore aujourd'hui, sont plutôt l'investigation scientifique fondée sur le libre examen d'un côté et la fidelité à la tradition du texte sacré et de la hiérarchie de l'autre côté. Ainsi pendant la Réforme et la Contre-réforme, le débat est formellement théologique, mais politique dans la substance. Reghellini écrira au début de sa première œuvre: «Le but de cet ouvrage est de démontrer que la Franc-Maçonnerie est une société religieuse, que les FF. MM. suivent le dogme, les doctrines et mystères de Jésus, et qu'ils ont été persécutés par les prêtres de Rome sans relâche, dès que ceux-ci connurent leur existence». Cette affirmation se précisera en décrivant les découvertes faites par les Chevaliers du Temple à Jérusalem: «Les Templiers apportent en Europe la doctrine de Jésus unie aux dogmes de Zoroastre et aux mystères de la réédification du Temple», avec une allusion dans ce cas à la parole perdue [Jéhovah] que Hiram, en bâtissant le premier Temple, avait fait graver sur une des trois pierres fondamentales, pierres que les Templiers, après leur découverte, porteront à Edinburgh. Mais cette reconstruction de l'histoire de l'initiation maçonnique, où Jésus apparaît comme un chef de la révolte populaire contre les Romains, c'est-à-dire un zélote, mais Reghellini écrira zélateur, ce qui signifie aussi adepte, servira au carbonaro italien pour une 'confession de foi' politique, celle qui conclut sa troisième et dernière œuvre: «La secte des zélateurs est juive, repandue sur la surface de l'empire romain. Elle éleva partout un libérateur, un Christ. Les Juifs doivent s'enorgueillir que la religion qui couvre l'Europe et l'Amérique sorte de la tige de la religion juive, portant le nom de l'idole de la secte des zélateurs du Christ, du libérateur, dont on fit les chrétiens, les libérateurs, les libéraux.» (Gruppo di ricerca e di informazione sulle sette, Massoneria e cultura: il contributo della massoneria alla formazione della cultura nel Belgio francofono (1830-1914), 2000 - books.google.fr).

Reghellini semble s'être inspiré de l'abbé Barruel pour cette histoire de trois pierres.

La science maçonnique ne lui est encore donnée que comme celle de Salomon et d'Hiram , renouvelée par les chevaliers du Temple: mais dans le second grade elle se trouve avoir pour père, Adam lui-même. Ce premier homme et ensuite Noé, Nemrod, Salomon, Hugue des Payens, fondateur des Templiers, et Jacques Molay, leur dernier grand-maître, deviennent les grands-sages de la maçonnerie, les favoris de Jéhovah. Enfin dans son troisième grade on lui dévoile que la fameuse parole si long-temps oubliée, et perdue depuis la mort d'Hiram, étoit ce nom de Jéhovah. Elle fut retrouvée, lui dit-on, par les Templiers, à l'occasion d'une église que les chrétiens vouloient bâtir à Jérusalem. En fouillant le terrain sur lequel étoit jadis la partie du temple de Salomon, appelée le Saint des Saints, on découvrit trois pierres, qui servoient de fondement à l'ancien temple. La forme et l'union de ces trois pierres attirèrent l'attention des Templiers. Leur étonnement redoubla, quand ils virent le nom de Jéhovah gravé sur la dernière. C'étoit-là la fameuse parole perdue par la mort d'Adoniram. Les chevaliers du Temple, de retour, en Europe, n'eurent garde d'abandonner un monument si précieux. Ils portèrent en Ecosse ces trois pierres, et sur-tout celle où étoit gravé le nom de Jéhovah. Les sages écossais, à leur tour, n'oublièrent pas le respeot qu'ils devoient à ce monument; ils en firent les pierres fondamentales de leur première loge; et comme cette loge fut commencée le jour de S. André, ceux qui étoient dans le secret des trois pierres et du nom de Jéhovah, se donnèrent le nom de chevaliers de Saint-André. Leurs héritiers, successeurs du secret, sont aujourd'hui les maîtres parfaits de la franc-maçonnerie, les grands-prêtres de Jéhovah (Augustin Barruel, Mémoires pour servir à l'histoire du jacobinisme (1797), 1818 - books.google.fr).

Une semaine après sa disparition, un motard de 25 ans domicilié dans un village voisin témoigne avoir vu Lucas marcher avec un sac à dos le long d'un chemin vers Esbrezun à Saint-André-de-Roquepertuis en direction d'une colline le lundi 23 mars en fin d'après-midi (fr.wikipedia.org - Affaire Lucas Tronche).

Cette démolition et les travaux préliminaires du nouvel édifice, sont l'objet de l'Ordre extérieur de St.-Jean. Les maîtres ont à diriger les travaux des apprentis et des compagnons, et à livrer à l'Ordre intérieur ou écossais des matériaux bien préparés. Le travail de cette partie de l'Ordre consiste à élever le nouvel édifice. A mesure que le membre de l'Ordre extérieur saisira l'explication du symbole, il travaillera et fournira des matériaux plus convenables. L'Ordre intérieur accepte ce qui lui est présenté, afin de ne pas se trahir; mais il ne mettra en usage que ce qui convient parfaitement à l'ouvrage. C'est ce qu'indique l'emblème des trois pierres employées dans les différents grades : la brute, la polie, et la fendue. La Franc-Maçonnerie, c'est l'Ordre des Templiers. Celui-ci était un objet beau, carré et régulier. C'était un carré, parce qu'il se composait de quatre parties, dans lesquelles la terre était partagée selon les quatre éléments ou les quatre parties du monde. Il fut miné dans son intérieur même. Les travaux préliminaires pour sa reconstruction sont l'objet de la Maçonnerie bleue, et surtout des Maîtres. L'Ordre des Templiers est aujourd'hui une pierre fendue qui doit être réparée par la Maçonnerie. Les apprentis travaillent la matière brute, les compagnons exécutent un travail plus fin et donnent le poli ; voilà pourquoi l'attribut de ce grade est la pierre cubique. Enfin le symbole de la prochaine disparition de toute souveraineté terrestre, l'emblème de la victoire de l'Ordre qui doit répandre l'éclat que nous avons vu figuré dans le grade d'apprenti par la lumière complète, nous dévoile clairement le but final de tout le travail de l'Ordre. [...]

L'auteur de Sarsena, dont l'opinion fait autorité, même pour les maçons, ne voit dans toutes les cérémonies du rituel que des allusions à l'histoire des Templiers. Nous nous contenterons d'en donner un seul extrait. Voici comment il explique les nombres 3, 9 et 27, dont l'usage est si fréquent dans la Maçonnerie: « Le nombre trois a son origine dans l'histoire des Templiers; les trois grades symboliques rappellent les trois périodes de l'existence et le triple généralat des chevaliers de St-Jean-de-Jérusalem. A son apogée, l'Ordre compta neuf généralats, nombre sacré pour les maçons, parce qu'il est le carré de trois : neuf chevaliers s'étaient associés pour donner le jour à l'Ordre; ils se divisèrent en trois groupes. jusqu'à l'époque où le roi Bauduin leur donna une maison près du temple. Les vingt-sept (cube de trois) chevaliers qui composaient l'Ordre en 1127 députèrent neuf d'entre eux au concile de Troyes, pour y demander une règle et la confirmation de leur Ordre. Les vingt-sept se partagèrent en trois divisions qui fixèrent leur résidence dans les trois villes de Jérusalem, d'Alep et de Césarée. Chaque maison comptait neuf chevaliers. Bientôt après, les trois compagnies élurent chacune un supérieur, et les trois supérieurs un chef suprême (prœfectum).» Sarsena, p. 31 (Eduard Emil Eckert, La franc-maçonnerie dans sa véritable signification, ou son organisation, son but et son histoire: Histoire, Tome 2, 1854 - books.google.fr).

Des Lucas templiers

Dans le domaine fictionnel, on a un Lucas et un Antoine dans Le septième Templier de Eric Giacometti et Jacques Ravenne en 2011, et plus anciennement Lucas de Beaumanoir, "dit-on, un homme sanguinaire, prêt à mettre tout à feu et à sang pour le moindre point de la doctrine des Nazaréens, et nos frères l'ont surnommé le destructeur des Sarrasins et le plus cruel tyran des enfans de Juda", chez Walter Scott dans Ivanohé (Oeuvres de Walter Scott, traduit par Albert Montémont, 1837 - books.google.fr).

Historiquement, un Lucas de Sornayo (Sornay) templier à Amiens, réuni avec d'autres frères le 28 mars 1310, devant les Commissaires chargés par le pape de l'Enquête sur les griefs imputés à l'Ordre du Temple en général (Philippe-Antoine Grouvelle, Mémoires historiques sur les Templiers, ou éclaircissements nouveaux sur leur histoire, 1805 - books.google.fr).

La terre et seigneurie d'Epreville, qui appartenait aux Templiers, avait été l'objet deplusieurs acquisitions faites par eux dans le cours du XIIIe siècle. Un seigneur, du nom de Lucas des Essarts, de Essardit, après leur avoir concédé en 1249 un manoir, et plusieurs pièces de terre appelées le Champ du Moustier, le Champ de la Coudraie, le Champ de la Garenne et le Champ de la Fosse, leur avait donné en 1227 un de ses hommes, Guillaume des Essarts, avec le fief que celui-ci tenait de lui dans la paroisse d'Epreville, in parochia Espreville (Eugène Mannier, Ordre de Malte: Les commanderies du Grand-prieuré de France, d'après les documents inédits conservés aux Archives nationales à Paris, Partie 2, 1872 - books.google.fr).

Il y avait à Château-Pèlerin des frères qui usaient de mauvais péchés et mangeaient de nuit en chambre ainsi que ceux qui étaient près du fait, et d'autres frères qui l'avaient trop souffert, dirent cette chose au maître et à une partie des prud'hommes de la maison. Et le maître, avec le conseil demanda que cette chose ne vint pas en chapitre, parce que le fait était trop laid, mais qu'ils fissent venir les frères à Acre; et lorsque furent venus, le maître mit un prud'homme en la chambre et les autres dans la chambre en sa compagnie où ils étaient, et il leur fit ôter l'habit et les mettre au gros fer. Et un des frères, qui avait comme nom frère Lucas, s'échappa de nuit et alla aux sarrasins. Et les autres deux furent envoyés à Château-Pèlerin, et l'un pensa s'échapper, il mourut, et l'autre demeura en prison très longtemps (Laurent Dailliez, Les Templiers et les régles de l'Ordre du Temple, 1972 - books.google.fr).

701 ans

Une première chronologie tirée des Antiquités judaïques de Flavius Josèphe est donc organisée en 6 périodes dont les trois dernières sont centrées autour du Temple. Parallèlement à ce système chronologique qui donne de l'histoire du peuple juif une représentation « templocentrique », il y a traces chez Josèphe d'autres chronologies, différemment périodisées et organisées suivant d'autres critères. Ainsi c'est la Ville, et non le Temple, qui préside à l'organisation de la chronologie mentionnée dans la Guerre des Juifs, VI, 435-442. Ailleurs les Antiquités Juives font état d'une organisation différente encore du passé d'Israël : l'histoire du peuple y est périodisée en fonction de la succession des « constitutions politiques » (politeiai). [...]

Ainsi dans la Guerre des Juifs (VI, 435-442) de la fondation de Jérusalem par Melchisédek à David, « qui expulsa le peuple cananéen et établit là son propre peuple », se sont écoulés 998 ans. La seconde période, de David à la première destruction de Jérusalem par Nabuchodonosor, a duré 477 ans et 6 mois. La troisième période, de la première destruction de la Ville à sa seconde destruction par Titus, a duré 701 ans et 6 mois, soit au total « 2177 ans de sa première fondation à sa dernière conquête ». Cette chronologie, «ab urbe condita», est donc organisée en trois périodes qui vont de fondation ou de reconstruction en destruction de Jérusalem. Quelles relations entretiennent entre eux ces trois systèmes chronologiques ? Seul le premier est universel, et commence à la création du monde et de l'homme. Les deux autres sont particuliers; l'un est inauguré par la fondation de la Ville, l'autre par la création du peuple. La chronologie « templocentrique » organise et périodise l'histoire de cet ensemble que Flavius Josèphe appelle le génos tôn Ioudatôn; c'est-à-dire aussi bien les Juifs de la diaspora que ceux de Judée, dont l'unité est fondée sur une commune référence au Temple. La deuxième chronologie périodise le passé d'une communauté plus restreinte: celle que Josèphe désigne le plus souvent par les mots éthnos tôn Ioudaîôn, c'est-à-dire des seuls Juifs de Judée comme étant politiquement organisés, sur un territoire déterminé dont Jérusalem est le centre administratif et politique. Enfin dans la troisième chronologie, Jérusalem est envisagée moins comme métropole où se trouve le Temple que comme centre politique de la Judée: elle périodise donc l'histoire de la Ville comme centre de l'êthnos de Judée (Francis Schmidt, Chronologies et périodisation chez Flavius Josèphe et dans l'Apocalyptique juive, École pratique des hautes études, Section des sciences religieuses. Annuaire. Tome 86, 1977-1978. 1977 - www.persee.fr).

Rabbi Levi ben Gershom ou Gersonide, Léon de Bagnols, Magister Leo Hebraeus (Bagnols-sur-Cèze, 1288 - 1344) connu sous l'acronyme de son nom Ralbag, est l'un des plus importants commentateurs bibliques de son temps, il était également mathématicien, astronome, philosophe et médecin.

Bâton de Jacob, illustration de la Navigation Pratique (John Sellers, 1672)

Dans le domaine astronomique, il compose des tables astronomiques qui consignent des observations faites à propos du méridien d'Orange entre 1320 et 1340. Il fournit également le mode de construction et d'utilisation d'un instrument appelé Baculus Jacob (Le bâton de Jacob) qui permet de mesurer la distance angulaire entre deux étoiles ou deux planètes. Le traité comprend en outre des tables astronomiques commandées par des nobles chrétiens et des chapitres de trigonométrie. Le titre de Baculus Jacob est dû à l'imagination d'un chrétien jouant sur Gen., XXXII, 10. Pierre d'Alexandrie donne à l'instrument le nom de Secretorum revelator, traduction du nom hébreu, et on ne connaît pas de rédaction du traité hébreu sur l'instrument où le titre serait Baculus ou Baculus Jacob. Même si l'instrument est parfois appelé bâton ou bâton de Lévi (fr.wikipedia.org - Gersonide, Dictionnaire du Moyen Âge, littérature et philosophie, Les Dictionnaires d'Universalis, 2015 - books.google.fr, Histoire littéraire de la France: XIVe siècle, 1893 - books.google.fr).

Il est contemporain de l'abolition de l'Ordre du Temple.

Levi ben Gershon maintient que l'année 1358 verra l'arrivée du Messie (Alain Coutte, Sionisme et chrétienté: l'alliance, 2005 - books.google.fr).

Antoine, porte-briquet : littérature assassine

Le 1er mars 2016, vers 13 h 30, Antoine Zoia sortait de chez lui pour aller chez un ami, disant simplement à son père et à son frère : «Je reviens». À 16 h, il achetait un briquet au bureau de tabac de la commune et disparaissait (www.ouest-france.fr, www.objectifgard.com).

Son squelette pendu à un arbre a été aperçu par des chasseurs dans le vallon du Vaoury Blanc, au dessus du chemin de Saint-Roman à Clarensac (france3-regions.francetvinfo.fr).

Vaour désigne un ravin en occitan (Ernest Nègre, Toponymie générale de la France, 1990 - books.google.fr).

A Vaour (Tarn), trois Templiers morts sortirent de terre la nuit du 13 octobre 1333 après le massacre de leur Commandeur Orban de Rochechouart, pour crier chacun trois fois : «Bohou ! Bohou ! Bohou !», d'où vient la prononciation occitane de Vaour (Jeanne Ramel-Cals, Cordes-sur-Ciel: Magies et mystères de son passé, 1957 - books.google.fr).

Le Bois du Templier pendu n'est pas un roman (sauf sur la couverture, pour les librairies) et on doit en féliciter l'auteur, soit pour son érudition, soit pour son art de la vraisemblance. Le Bois du Templier pendu se présente, en effet comme la chronique authentique d'un village de France. M. Béraud, qui est Lyonnais, de souche dauphinoise, a choisi un canton précis de l'actuel département de l'Isère, aux confins du Rhône, terre ingrate et sans pittoresque. Les noms de lieux figurent presque sans déguisement dans le livre : Sabolas, Lieudieu, Tramolet, Torchefelon, etc... Et tout se passe comme si M. Béraud avait réellement dépouillé les archives d'une antique paroisse. Ce travail n'est impossible que dans certaines régions de l'Est où les villages n'ont cessé d'êlre ruinés et brûlés depuis plus de cent ans. Il est utile et passionnant; car souvent les anciens registres de curés, s'ils n'offrent pas la rigueur de nos livres d'état civil, ont les mêmes qualités que des mémoires privés, ou plutôt qu'un livre de raison familial (dans l'Opinion, 1926) (André Thérive, Galerie de ce temps, 1931 - books.google.fr).

Le roman relate l'histoire du hameau de Sabolas en Dauphiné, du moyen-âge à la Révolution. Le récit commence par l'arrivée d'un templier fuyant la persécution de Philippe le Bel. Hérétique et relaps, il est conspué par les habitants avant d'être pendu dans le bois voisin : « Le Belleau tira la corde. Gilles Champartel, qui tenait la victime à bras-le-corps, la laissa retomber. Aux lueurs dansantes du falot, on vit se balancer un grand corps vêtu de blanche toile et de mailles qui luisaient. La lune, atteignant le haut du ciel, éclaira doucement la corne des bois. Le vent s'élevait; les manches tailladées du pendu se mirent à palpiter comme deux ailes; il semblait vivre encore ». Le templier devient une légende que les villageois se transmettent au fil des siècles : « On racontait cela le soir, sous la lumière fumeuse des torches de résine. Tous ceux de Sabolas savaient par cœur ces histoires et croyaient, sur la fois des anciens, qu’à chaque nouvelle lune, le templier revenait errer, mains jointes, près de la fontaine Jean Page. Quiconque apercevait le manteau blanc et les mailles luisantes du fer vêtu, mourrait dans l’année. La fontaine elle-même passait pour vénéneuse ». Les chapitres suivent de façon linéaire la chronologie historique : guerre de 100 ans, peste noire, jacquerie, famine, lèpre, massacres et pillages, enrôlement pour les guerres royale. Le fantôme du Chevalier réapparaît régulièrement, annonciateur des terribles fléaux : « Et, jusqu’à la mort, elle certifia qu’elle avait, cette nuit là, vu un pendu couvert d’une armure d’argent et d’un manteau de lin se balancer au clair de lune dans la clairière du Grand Devoir ». Le roman est exclusivement centré sur le village dont l’histoire reflète celle du Pays qui, elle, n’est jamais abordée. Il appartient au lecteur de la saisir et de comprendre. Au fil des générations, le roman souligne aussi le dur travail de la terre et la pénible conquête de la nourriture quotidienne. Elle s’attarde sur la difficulté de s'affranchir du joug seigneurial et monastique. « Nous avons fourragé, labouré, semé, fauché, bottelé et battu un arpent et demi pour les moines en redevances de toute parcelle de quatre arpents cédée en fief à nos familles. De quoi l'abbaye se plaint-elle? Pourquoi refuse-t-elle aux laboureurs, devenus plus nombreux, des essarts plus étendus? ». Le désir d’émancipation s'enflamme lors des Jacqueries, pour aboutir enfin à l'espoir lors de la Révolution.

Le Bois du Templier Pendu est le premier tome de «La Conquête du Pain» qui comprend en outre «Les Lurons de Sabolas» et «Le Ciel de Suie» (Elisabeth Guichard-Roche, Les Ensablés - Chroniques du Lac: "Le Bois du templier pendu" (1926) de Henri Béraud (1885-1958) - www.actualitte.com).

Dans Le Bois du Templier pendu, Henri Béraud parcourait six siècles, procédant par larges fresques (L'Alsace française, 1932 - books.google.fr).

«Or, quarante jours devant le retour du vieil officier, Grenoble et ses campagnes s'étaient soulevées contre le gouverneur Clermont-Tonnerre, lequel avait contre les Dauphinois fait donner le régiment de Royal-Marine. Le sang avait coulé. Mais le peuple avait appris à se défendre contre les gens de guerre. A coups de pierre, on avait chassé les porte-briquets et, après cela, toute la province avait arboré la ceinture aurore et bleue aux couleurs (H. Béraud, Le Bois du Templier pendu, part 4, ch. 2, p. 253) (www.cnrtl.fr - briquet, Bernard Quemada, Matériaux pour l'histoire du vocabulaire français: Datations et documents lexicographiques. Deuxième série, Volumes 17 à 20, 1980 - books.google.fr).

Henri Béraud, né à Lyon le 21 septembre 1885 et mort à Saint-Clément-des-Baleines sur l'île de Ré le 24 octobre 1958, est un romancier et journaliste français. En tant que polémiste, il signe également du pseudonyme de Tristan Audebert. Initialement engagé à gauche, il se tourne ensuite vers l'extrême droite et l'antisémitisme. En 1944, il est condamné pour intelligence avec l'ennemi après la libération de la France. Frappé d'hémiplégie, Béraud est libéré en 1950 (fr.wikipedia.org - Henri Béraud).

Le templier Raymond de Clarensac (Raimundus de Clarensaco) (Gard, arrondissement Nîmes) fut commandeur de Boynesac en 1209 puis d'Orange en 1214 (www.templiers.net).