Partie IX - Synthèse   Chapitre LXIII - L’étoile hermétique   Louis IX   

Louis IX doit faire face au soulèvement cathare en Languedoc en 1240, et surtout à l'intervention anglaise consécutive au défi que lui adresse Hugues de Lusignan.

Louis IX, roi de France maria à Saumur son frère Alphonse avec Jeanne, fille du comte de Toulouse, conformément aux engagements pris lors de la signature du traité de Paris-Meaux. Louis IX, présent en personne lors de la cérémonie, investit son frère du Poitou et de l'Auvergne. Les deux hommes se rendirent ensuite à Poitiers, où le nouveau comte devait tenir sa cour et recevoir l'hommage de ses vassaux. L'un d'eux, Hugues de Lusignan, refusa de rendre l'hommage le 25 décembre 1241. Excité par sa femme, la mère du roi d'Angleterre, il osa défier publiquement le comte, et brûla la maison dans lequel ce dernier avait séjourné à Poitiers.

Seul, Hugues de Lusignan était peu dangereux, mais il attisa ainsi de vieilles rancoeurs, et c'est alors que Henri III lui promit son appui. Peu après, Raymond VII de Toulouse, ainsi que les rois d'Aragon, de Castille et de Navarre, décidèrent de se joindre au roi d'Angleterre. Vaincu à Taillebourg et à Saintes le 31 juillet 1242, le roi Henri III d'Angleterre se réfugie à Blaye, tandis que Raimond VII signe la paix de Lorris, qui confirme en janvier 1243 les clauses du traité de Paris de 1229 et permet aux troupes royales de faire tomber les dernières places albigeoises : Montségur en 1244, Quéribus en 1245.

Henri III d'Angleterre - Westminster

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Louis IX ne s'empara pas des terres d'Henri III mais il lui rendit même certaines terres prises par Louis VIII par le traité de Paris. Louis IX restitua le Limousin, le Périgord, l'Agenais, la Saintonge et une partie du Quercy (c'est à dire les conquêtes faites par Louis VIII.). Henri III, en revanche, fit une renonciation officielle à toutes les provinces confisquées à Jean sans Terre (c'est à dire les conquêtes faites par Philippe II).

En décembre 1244, à la suite d'une grave maladie, Louis IX fait le vœu personnel de se croiser. Aucune remontrance de son entourage ne parvient à le détourner de son projet, quelles que soient les inquiétudes que suscite une inévitable régence. Le pape Innocent IV réunit à Lyon un concile qui se tient en août 1245 et envoie un légat prêcher la croisade. Le roi, accompagné de son épouse, de son frère Charles d'Anjou et du légat pontifical, quitte le royaume le 25 août 1248, laissant la régence à sa mère Blanche de Castille. Il a été convenu de diriger l'attaque vers l'Égypte, et l'armée royale débarque près de Damiette après avoir fait étape à Chypre. Pour des raisons qui tiennent au choix du terrain et à la division des forces occidentales, et en dépit du succès initial de la prise de Damiette, l'expédition est un échec certain : le roi est fait prisonnier à Mansourah le 5 avril 1250. Avec l'aide de son épouse, qui tient Damiette, Louis négocie sa rançon et celle de ses chevaliers (Damiette et 500 000 livres sont offertes au sultan d'Égypte) et obtient une trêve de dix ans avec l'Égypte.

Embarquement de Louis IX pour la croisade

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Henri III, tout comme son père, ne voulait pas respecter la grande charte, disant qu'elle faisait de lui l'esclave des barons. C'est alors que ces derniers se révoltèrent, menés par Simon de Montfort, comte de Leicester et sénéchal du royaume, plus jeune fils du Simon de Montfort de la Croisade des Albigeois, mort le 25 juin 1218. Les barons imposèrent à Henri III une commission de 24 membres, chargée de préparer les réformes réclamées par le bien de l'Etat. Cette dernière, surnommée le parlement enragé, à cause de sa véhémence, présenta alors, en 1258, les provisions d'Oxford. Les seigneurs ne s'attribueraient pas un droit de contrôle sur le gouvernement, mais le gouvernement lui même. Le roi n'accepta pas une telle situation et en appela aux armes. Commença alors la guerre des barons. Le conflit fut un moment suspendu par la médiation vaine de Louis IX qui rendit son arrêt en janvier 1264, dans la cathédrale d'Amiens. D'une part, il cassait les statuts d'Oxford et la mise en place des commissaires (qu'il considérait comme attentatoires à la liberté royale.), mais d'autre part, il renouvelait et confirmait les anciennes libertés du royaume. En mai 1264, Simon de Montfort vainquit les partisans du roi à Lewes, et parvint à capturer Henri III et son fils. En 1265, il convoqua un grand parlement, dans lequel il fit siéger, à côté des prélats et des nobles, de simples hommes des bourgs et des cités. Mais Edouard, le prince héritier, parvint à s'échapper de prison, et souleva dans l'ouest les royalistes. Le comte de Leicester affronta ces derniers au cours de la bataille d'Evesham, en 1265, au cours de laquelle il fut tué. Henri III fut rétabli sur le trône, mais il n'osa pas toucher à l'œuvre de Simon de Montfort, qui se compléta et se régularisa 30 ans après, sous Edouard Ier. Il y eut, siégeant séparément, la chambre des seigneurs (appelée aussi chambre des lords.), et la chambre des bourgeois (appelée aussi chambre des communes). La monarchie parlementaire fit ainsi sa première apparition.

Simon de Montfort, 6th Earl of Leicester - Washington

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D'autres affaires occupèrent le règne de Louis IX. Le pape Grégoire IX, dont tout le pontificat fut marqué par le conflit avec le saint Empire germanique, avait excommunié et déposé Frédéric. Il mourut le 21 août 1241 et, après un long et difficile conclave, les cardinaux, le 25 octobre 1241, lui donnèrent pour successeur Célestin IV (Goffredo Castiglioni). Le nouveau pontife mourut après 17 jours de règne (10 novembre). Rome étant alors assiégé par les troupes de Frédéric II, il fut impossible d'y réunir un conclave. Ce ne fut qu'un an et demi plus tard, le 25 juin 1243, que les cardinaux parvinrent à se réunir à Anagni et à élire Sinibaldo de Fieschi qui prit le nom d'Innocent IV. On ne peut s'empêcher de penser que les cardinaux crurent ainsi se rapprocher de Frédéric II, Fieschi s'étant jusque-là montré assez favorable à l'empereur. Des négociations furent donc menées afin de lever l'excommunication de Frédéric et l'on aboutit à un accord. Mais l'empereur déposé refusa absolument de ratifier le traité et maintint sa pression sur Rome. Le pape s'échappa de la Ville Sainte et se réfugia en France. Il convoqua ce concile de Lyon auquel nous avons déjà fait allusion. Il ne faisait de doute pour personne que ce concile avait pour intention de régler définitivement le problème posé par Frédéric II. Aussi l'empereur interdit-il formellement aux évêques allemands d'y participer. Robert de Thourotte qui, rappelons-le, n'avait toujours pas obtenu l'investiture de sa principauté, ne se crut pas tenu par cette interdiction et se rendit à Lyon où il assista, en tout cas, à la troisième session du Concile au cours de laquelle Frédéric II fut officiellement déposé.

Louis IX n'abandonne pas l'espoir de prendre sa revanche en Terre sainte après l'échec de sa première croisade. En mars 1267, il prend de nouveau la croix, trois ans avant de s'embarquer, le 1er juillet 1270, pour Tunis, dont il pense que l'émir al-Mustansir Bi-llah est disposé à se convertir et à lui apporter son aide militaire contre l'Égypte. Mais la nouvelle était fausse : lors du siège de la ville, l'armée est décimée par la peste, qui emporte Louis le 25 août (www.larousse.fr - Louis IX, www.histoire-fr.com - Henri III d'Angleterre).

L'anniversaire de la dédicace de la basilique de Saint-Denis, dont Louis IX fit la nécropole des rois de France, est au 24 février, date de naissance du fils aîné Louis du roi en 1244 et mort en 1260.