Partie IX - Synthèse   Chapitre LVIII - Autour de Rennes   Les salamandres du bénitier de Rennes-le-Château   

Les salamandres du bénitier de Rennes-le-Château

Les salamandres du bénitier correspondent, si on le considère comme un plan, à Montargis (Sot Pêcheur et Par ce signe tu le vaincras 2).

Le bec crochu des bestioles du bénitier se trouvant à l'entrée de l'église Sainte-Madeleine de Rennes-le-Château n'est pas forcément un attribut excluant son attribution à la salamandre. Pour preuve la salamandre du XVIème siècle d'une des miséricordes de l'église Sainte-Marie de Pont-Sainte-Marie à côté de Troyes dans l'Aube (10).

Jacques CHAZARD, Miséricorde de l'église Ste Marie de Pont Sainte Marie

S'ajoute à la ressemblance l'épine dorsale fort marquée comme sur d'autres représentations.

The Book of Lambspring

M. M. Pattison Muir, The Story of Alchemy and the Beginnings of Chemistry, 1902

L'épine dorsale est le siège de la Kundalini ou feu supérieur. Il faut se reporter au chapitre 63 Etoile hermétique : Alchimie et Astrologie pour retrouver les correspondances entre zodiaque et Enéide de Virgile.

Connu en Asie occidentale et dans l'Est de la Méditerranée dès la plus haute antiquité, le Kundalini-yoga (ou yoga "tantrique") a toujours constitué un enseignement initiatique fondamental. C'est une discipline d'éveil et de développement des forces subtiles inhérentes à l'être humain : il s'agit de maîtriser une puissante énergie analogue à un "serpent de feu", et de la faire circuler à travers sept "centres" (ou lotus, ou tourbillons de vie) répartis depuis la base de la colonne vertébrale jusqu'au sommet de la tête - ce sont les "chakras" [...] Dans le monde méditerranéen, un courant philosophique ancien et important assimile le Soleil et le chakra du Coeur : cet astre, régnant sur un zodiaque qu'il nourrit et dont il se nourrit, est souvent appelé "Chakra du Tout", le "Coeur du Ciel" (Mens mundi ita appellatur ut physiqui eum cor caeli uocauerunt... dit Macrobe). L'Un - ou le Treizième - au centre des 12 modalités énergétiques (Yves Albert Dauge, Le treizième livre de l'Enéide, astrologie et énergétique de la métamorphose, Pallas XXX, 1983).

Le Serpent magique qui sort du tombeau d'Anchise est une nette allusion au Kundalini-yoga.

Ce Caducée se trouve dans l'Épine Dorsale de l'homme, dans notre Moelle Épinière, dans cette paire de cordons sympathiques connus en Orient sous le nom de IDA et PINGALA : une paire de cordons qui s'enroulent comme vous le voyez sur le Caducée de Mercure. L'Énergie Créatrice monte jusqu'au cerveau par cette paire de cordons nerveux.

C'est évidemment par le Canal de la Moelle Épinière que doit monter le Feu Sacré jusqu'au cerveau, pour passer de là au Temple coeur. La Kundalini, le feu divin, monte lentement et selon les mérites du coeur. L'épée flammigère n'est autre que le Feu Sacré en chacun de nous (gnosis.gnose.samael.free.fr - CEMR42.html, www.gnose-de-samael-aun-weor.fr - Symbolisme du Pentagramme ésoterique).

L'air et l'éther dominent au livre IV, sous l'influence des Gémeaux : symbole de mouvement et de contact avec le Ciel. Il s'agit pour Enée de sortir des ambiguïtés, des reflets trompeurs, des miroirs déformants : Didon et lui-même ne sont que de faux jumeaux ; et il lui faut substituer à une éphémère union horizontale la solidité d'une union verticale. Mercure, qui a son domicile dans ce signe, règne alors en maître, avec son caducée, sa double intervention, ses deux natures (mobile et fixe). Le jeu des complémentarités se décante (les deux Vénus) au profit d'une véritable alliance humano-divine : l" "Ego poscor Olympo" du livre VIII s'annonce déjà au vv. 574 sq. et l'"épée de foudre" trace la voie au bouclier d'or.

Le serpent magique (sortant du tombeau d'Anchise) apparaît au livre suivant.

Les livres I et XI correspondent à un signe bipolaire Vierge/Scorpion qui apparaît précisément sous cette forme dans un très ancien zodiaque de dix symboles seulement, dont les valeurs se répartissent en série solaire (pingalâ) et lunaire (idâ). Ou bien l'on discerne une suite pingalâ, du Bélier au Lion, et une suite idâ, de Vierge-Scorpion (sans la Balance) à Poissons ; ou bien on alterne ainsi : Bélier (ping.), Taureau (idâ), Gémeaux (ping.), Cancer (idâ), Lion (ping.), Vierge-Scorpion (idâ), Sagittaire (ping.), Capricorne (idâ), Verseau (ping.), Poissons (idâ) - ce qui répond bien à notre exégèse de l'Enéide. Or, ce signe Vierge-Scorpion, étonnamment reconstitué par Virgile en tête du poème, désigne un chaos d'énergies puissantes cherchant leur orientation : c'est la situation exacte du héros à ce moment de son itinéraire, et c'est aussi celle de Didon. Pour obtenir, à partir de cet ancien zodiaque, la structure duodénaire qui nous est familière, il a a fallu l'interposition de la Balance, demeure de la Vénus ouranienne, de l'Amour spirituel, du feu éthéré et de la pondération créatrice : cette opération a permis de différencier Vierge et Scorpion, de faire ressortir les qualités de discernement et de vitalité de la première, d'accentuer le caractère évolutif du second, et, en fin de compte, de clarifier le processus de transmutatiobn contenu en germe dans le double signe originel. Ce n'est donc pas un hasard si le 1er livre de l'épopée illustre la duellité Vierge/Scorpion, et le XIIe, la Balance. Remarquons que la Vénus ouranienne, qui triomphe en ce dernier livre, est - chose essentielle - déjà présente au premier sous l'aspect de la Vierge céleste, et ne cesse d'agir tout au long du parcours de son fils. Quant au livre XI, il reprend le thème Vierge/Scorpion, mais en mode mineur et en liaison particulière avec la terre italienne ; il faut pourtant noter qu'il signifie le tri des énergies, juste avant la dynamique crétarice du livre XII. On peut ajouter, à ce propos, que Virgile, dans ses Géorgiques (I, 33-35), avait suggéré à Octave - de la lignée de Vénus - de devenir dieu entre Vierge et Scorpion, dans cet espace infiniment précieux de la Balance justement régi par Vénus (Yves Albert Dauge, Le treizième livre de l'Enéide, astrologie et énergétique de la métamorphose, Pallas XXX, 1983).