Partie XI - La Vraie Langue Celtique de l’abbé Henri Boudet   Présentation   Les Psaumes et les chrétiens   
LA VRAIE LANGUE CELTIQUE HENRI BOUDET PSAUMES CHRETIENS

Les Psaumes et les chrétiens

La théologie de la substitution, abordée au commenatire du psaume 56 par saint Augustin, qui affirme que l'Eglise remplace Israël en tant que peuple de Dieu a pour corrollaire la théologie de l'accomplissement. Celle-ci est plus subtile et s'inscrit dans une dynamique «promesses / accomplissement». Dans ce schéma, la première et la seconde alliance sont mises en corrélation: «l'Ancien» Testament est donc reconnu, mais dans une relation de dépendance avec le «Nouveau». Cette théologie s'appuie, entre autres, sur l'Évangile de Matthieu. Le Christ ne vient pas abolir la loi, mais l'accomplir (Mt 5, 1 7). L'«Ancien» est la figure (typologique) du «Nouveau» et ne se déchiffre en sa vérité plénière qu'à la lumière de celui-ci. On trouve peut-être aussi de cela chez Paul (voir 2 Co 3, 14). Contrairement à la théologie de la substitution, c'est une solution élégante qui permet de sauvegarder la valeur du «Premier Testament» et les origines juives du christianisme. Néanmoins, en définitive, il ne s'agit que d'une forme déguisée bien que plus «civilisée», de substitution: on nie l'existence de l'autre par absorption (voir l'ecclésiologie de la Lettre aux Ephésiens, particulièrement Ep 2, 11-21). L'existence d'Israël après le Christ n'a plus de signification théologique, en dehors du problème général du salut des non-chrétiens. Cette solution du problème identitaire est fusionnelle. On notera que les affirmations de Vatican II, pourtant libératrices, s'appuient implicitement sur ce schéma (Alain Gignac, Juifs et chrétiens à l'école de Paul de Tarse: enjeux identitaires et éthiques d'une lecture de Romains 9-11, 1999).

Les Psaumes peuvent avoir communément un premier objet qui regarde David ou le peuple d'Israël; mais le sens relatif à ce premier objet est presque toujours fort imparfait, presque toujours fort au-dessous de l'énergie des expressions. Le grand et principal objet des Psaumes , c'est Jésus-Christ et son Eglise, le mystère du Christ entier, considéré depuis le premier avènement de Jésus-Christ jusqu'à son dernier avènement. I1 ne faut pas prétendre rapporter tous les psaumes, ni même la totalité de chacun d'eux, à David, ou au peuple d'Israël; quelques traits peuvent s'y rapporter, mais tout ne s'y rapporte pas; il y a beaucoup de traits dont la lettre même se refuse à ce premier sens. Au contraire, tout se rapporte à Jésus-Christ, ou à son Eglise, soit immédiatement et sans aucun voile, soit sous le voile d'un sens moral ou historique, qui se rapporte en quelque manière à Israël, à David , ou, en général, à l'homme juste ; à Israël, qui est la figure de l'Eglise ; à David, qui est tout à la fois l'emblème de Jésus-Christ et de son Eglise qui ne forment ensemble qu'un seul corps, un seul homme, un seul Christ [« Les choses qui concernent les membres, le Christ les dit de lui-même, pour cette raison que le Christ et l'Église forment un seul corps mystique ; conséquemment, ils parlent comme une seule personne : le Christ se transformant en Église et l'Église en Christ (Ps 21, 2). » Thomas d'Aquin, Commentaire sur les psaumes] ; à l'Homme juste , qui représente Jésus-Christ même, le chef et le modèle de tous les justes, et en qui tous les justes se trouvent réunis comme étant les membres de son corps mystique qui est son Eglise. Ainsi les Psaumes peuvent avoir souvent deux sens dont le premier se rapporte à David, ou à Israël, et le second à Jésus-Christ, ou à son Eglise, et quelquefois en même temps à Jésus-Christ et à son Eglise, comme ne faisant ensemble qu'un seul homme dont il est le chef et dont elle est le corps. Souvent aussi ils n'ont qu'un seul sens qui se rapporte tout entier à Jésus-Christ, ou à son Eglise. Mais lors même qu'ils peuvent avoir deux sens, le mieux soutenu est celui qui se rapporte à Jésus-Christ, ou à son Eglise. En général les Psaumes sont la partie des anciennes Ecritures où le sens allégorique est le plus suivi (Augustin Calmet, Sainte Bible en latin et en français: ouvrage enrichi de cartes géographiques et de figures, Volume 1, Méquignon, 1820).

Selon Thomas d'Aquin, au sens spirituel, la lune c'est l'Église (Ps 8, 4 ; Ps 10, 3) ; au sens mystique, par tabernacle ou tente est signifiée la Sainte Église (Ps 28, 1 ; Ps 29, 1 ; Ps 41, 5) ; le temple de Dieu c'est l'Église (Ps 17, 7) ; la clarté de la lune vient du soleil, la clarté de l'Église vient du Christ (Ps 10, 3) ; le Christ fut le premier d'entre les bienheureux, et Adam le premier d'entre les méchants (Ps 1) ; le Christ et l'Église sont une seule personne (Ps 30, 1) ; le Christ fut oint non avec de l'huile visible, matérielle, mais avec l'huile de l'Esprit-Saint (Ps 44, 8) ; le Christ a été tiré du sein de sa mère, car il a été conçu de manière extraordinaire, et né sans semence, la virginité de la mère ayant été préservée (Ps 21, 10) etc. (Commentaire sur les psaumes par Thomas d'Aquin - www.documentacatholicaomnia.eu).