Partie I - Généralités   Chapitre II - Points particuliers   Le Centre (ou Coeur) : Neuillay-les-Bois 2   

Le noeud y est

Rupert Rideec

Des lieux-dits de Neuillay-les-Bois

Rossignol

Le mythe de Philomèle et de sa transformation en rossignol n'a eu de cesse d'inspirer les créateurs et plus particulièrement les écrivains, comme Shakespeare pour Titus Andronicus, ou Ovide et à sa suite Chrétien de Troyes, et René Char (" Nous tenons l'anneau où sont enchaînés côte à côte, d'une part le rossignol diabolique, d'autre part la clé angélique ", Argument, 1938 - Fureur et mystère. " Philomena ", situé vers 1165/1170 possède des particularités stylistiques dans l'utilisation du proverbe et les affinités thématiques permettant de supposer que c'est une œuvre de Chrétien. Il y raconte comment le désir peut mener un homme à la folie et au crime. Ici, c'est Philomena, séquestrée et violée par Térée, son beau-frère, qui a la langue coupée, tisse une tapisserie pour avertir sa soeur Progné - qui tuera son fils Itys -, est transformée en rossignol. C'est ainsi que le lien se fait entre Philomèle et Philomène, entre celle qui aime le chant et celle qui aime la Lune. Les poètes ont écrit sur le rossignol et la Lune comme Verlaine dans " Rossignol", dernier poème de la 3ème section intitulée " Paysages tristes" des Poèmes Saturniens :

Et dans la splendeur triste d'une lune

Se levant blafarde et solennelle, une

Nuit mélancolique et lourde d'été,

Pleine de silence et d'obscurité,

Berce sur l'azur qu'un vent doux effleure

L'arbre qui frissonne et l'oiseau qui pleure.

mais aussi Luis Mariano : " Quand la lune brillera/Viens chanter sous ma fenêtre " ou Jacques Mareuil : " Ne chante plus le rossignol.../Pleurez Pierrots, poètes et chats noirs,/La Lune est morte… (Rossignol Philomèle).

Un Philumène, martyr avec Pothin de Lyon en 177, est fêté le 2 juin ; Philomène : sainte (San-Severino) du 5 juillet ; saint (Ancyre) du 29 novembre ; saint (Héraclée de Thrace) du 14 novembre. Et la Philomène du Curé d'Ars du 10 août.

Le 24 mai 1802, des fouilles dans les catacombes de sainte Priscille à Rome révèlent des ossements accompagnés de trois tuiles funéraires portant une épitaphe latine, ainsi qu'une palme, et une fiole de sang, signes caractéristiques de la tombe d'un martyr chrétien. Sur la première tuile est inscrit LUMENA, sur la deuxième tuile PAXTE et sur la troisième CUM FI. L'épitaphe entière se lit en accord avec la coutume ancienne de commencer les inscriptions à partir de la deuxième tuile : PAX TECUM FILUMENA (" Que la paix soit avec toi Philomène. ") Le Saint-Siège autorise, le 30 janvier 1837, le culte de sainte Philomène. La Congrégation des Rites raya sans explications, en 1961, sainte Philomène des calendriers liturgiques (http://fr.wiktionary.org/wiki/Philom%C3%A8ne).

Mais il existe une autre Philomène plus sulfureuse. Le principal disciple de Marcion fut Apelle; il était contemporain de Tertullien. Ses adversaires, pour le dénigrer, racontèrent qu'il s'était attaché à une vierge nommée Philomène qui serait devenue, dans leur imagination, une prostituée. C'était en réalité une prophétesse qui recevait des révélations d'un ange et qui opérait des miracles. Un fantôme lui apparaissait sous la forme d'un enfant et déclarait tantôt qu'il était le Christ, tantôt Paul, selon saint Augustin, Sur les hérésies). Elle avait écrit un livre de " Manifestations " qui était lu en public. Apelle écrivit de nombreux livres qui ont disparu; il mourut dans un âge avancé vers 185-190, ce qui laisse supposer qu'il a pu naître aux environs de l'année 110. Apelle répudiait la Loi et les Prophètes; il déclarait que le Christ - tout en n'ayant pas eu une naissance ordinaire - s'était formé un corps, lors de sa descente du ciel, en empruntant la substance des étoiles; son corps était donc véritable mais sa chair était éthérée, astrale, non humaine, elle était celle des anges. Lors de sa remontée au ciel, il rendit aux étoiles les éléments qui avaient provisoirement formé son corps apparent, et - seul - son Esprit parvint au Ciel. Il n'y avait nulle résurrection de la chair; le salut ne concernait que les âmes (Tertullien, De Carne Christi).

Le Bois d'Ars, les Chirons

Le Bois d'Ars à Neuillay-les-Bois appelle quelques considérations étymologiques. Ars en ancien français peut signifié brûlé, arc ou arche par le latin arcus ou Art (métier, science). Sous cette dernière acception, l'ars magna, comme s'appela l'alchimie au XIVème siècle, s'inclut dans nos considérations.

Mais ars a désigné dans une compilation anonyme du XIVème siècle l'hexacorde dans sa position gamma-E. L'hexacorde a été introduit dans la théorie médiévale au XIème siècle par Guy d'Arezzo comme élément fondamental de la solmisation, pour grouper les six syllabes (ut-ré-mi-fa-sol- la) dont les intervalles restaient fixes, alors que l'intervalle dont dépendait la septième note (futur si, alors non dénommé) était, au contraire, mobile et restait déterminé par les mutations opérées entre lesdits hexacordes. Les notes étaient notées par des lettres (et le sont toujours dans la notation anglo- saxone), puis furent notées par des noms dans la notation italienne ; la lettre grecque gamma désignait le sol le plus grave, et ut le do le plus aigu. " Gamma-ut " était donc l'étendue des notes jouables, ce qui donna " gamut ".

Ces six notes aussi appelées hexacorde constituent l'origine de la gamme moderne. Elles seules étaient prononcées pour lire la musique. Il est essentiel de comprendre que la note si est absente de telle manière que l'unique demi-ton se trouve donc situé entre mi et fa. Tout demi-ton rencontré hors de ce contexte sera ainsi solfié mi-fa par simple transposition de l'unique demi-ton (http://bellelay.enc.sorbonne.fr).

Le mot hexacorde désigne originellement une lyre à 6 cordes.

Un parchemin du IXème siècle conservé au Fitzwilliam Museum à Cambridge établit les intervalles musicaux entre les planètes : Saturnus tonus Jovis emitonus Mars emitonus Sol emitonus Venus emitonus Mercurius emitonus Luna tonus Terra. On remarque, à part la Terre à l'extrémité, l'ordre des planètes est celui du Sepher Ietzirah (Lexicon musicum Latinum medii aevi).

La constellation de la Lyre est la projection au ciel de l'instrument d'Orphée qui avait neuf cordes - deux ajoutées aux 7 de la lyre d'Apollon - comme le nombre d'étoiles de cette constellation selon Eratosthène qui y voyait la représentation des neuf muses parmi lesquelles Calliope se distingue, d'après Hésiode, à l'instar de Vega, alpha-Lyris. Véga vient de l'arabe al-nasr al waki : aigle en piqué. En latin c'est Fides, Fidis ou Fidicula, signifiant lyre ou petite lyre mais aussi Foi. La constellation de la Lyre est appelée Vautour ou Tortue par les Arabes. En effet, Mercure inventa la lyre en tendant des nerfs de brebis à l'intérieur d'une carapace de tortue vide. Dans les anciennes représentations de la constellation, la lyre est placée sur un vautour ou un aigle.

La présence du village de La Vieille-Lyre dans l'Eure sur les nonagones apporte un indice supplémentaire aux supputations.

A Neuillay-les-Bois, le Bois du Cerf nous ramène encore à la lyre. Aristote raconte que le cerf aime la musique au point que, lorsque les chasseurs en font, il se couche, pour l'écouter. Erato présidait à la poésie lyrique, qui, comme son nom l'indique, se récitait en s'accompagnant de la lyre. Un tableau de Filippino Lippi au Kaiser-Friedrich-Museum à Berlin, figure la muse Erato. Parmi ses attributs se voit une tête de cerf avec une lyre entre les bois (Guy de Tervarent, Attributs et symboles dans l'art profane).

Un autre lieu-dit de Neuillay-les-Bois, le Mal-y-frappe, pourrait lui aussi êttre lié à la lyre comme on en frappe les cordes avec un plectre. Au IIème siècle, Montanus le Phrygien croyait en une trinité en trois substances : le Père (passé), le Fils (présent), et l'Esprit, un dieu à naître. Il disait que l'Esprit saint parlait par sa bouche et que l'homme était comme une lyre dont il frappait les cordes comme un plectre. Dans la version arménienne de la Pénitence d'Adam, pour sa première tentation de la période du Second Temple, Satan prend la forme d'un serpent et dit : " Soit une lyre pour moi, et je parlerai par ta bouche " (Michael E. Stone, Adam's Contract with Satan).

Dans la Chronique du Pseudo-Turpin, la harpe, autre instrument à corde, est le symbole apparemment hérétique des deux natures du Christ. " L'auteur de la Chronique parait - a priori - posséder une connaissance suffisante de ce qui oppose, sur le plan du dogme, Chrétiens et Musulmans. Rien d'étonnant dans la Tolède des environs de 1150, où d'ailleurs Pierre le Vénérable s'était rendu pour faire traduire le Coran (dont la traduction par Robert de Ketene remonte à 1143). Mais ce qu'il nous faut souligner c'est que ce fut aux Conciles de Tolède des VIe et VIIe siècles que le "Filioque" fut introduit dans le symbole de la foi, à cause de la lutte que l'Eglise devait mener contre les Ariens : leur attention portait sur la consubstantialité - niée par les Ariens - du Père et du Fils, et non sur la personne de l'Esprit. Cela explique peut- être le manque d'intérêt que parait porter Roland à cette troisième personne de la Trinité. Enfin, c'est la constitution de l'Empire carolingien qui généralisa l'usage du "Filioque". Charlemagne avait consulté lui-même le pape Léon III sur la procession éternelle de l'Esprit, du Père et du Fils ; le pape lui avait d'ailleurs répondu que le problème dépassait son entendement. L'auteur parait donc bien inspiré de situer une discussion sur la Trinité à l'époque carolingienne. Mais ce qui précède n'a d'autre raison d'être que de souligner que ce qui est en jeu, entre Ferragus et Roland, c'est en réalité la consubstantialité, l'homoousie du Père et du Fils, et il va de soi que si l'Esprit procède de l'un et de l'autre, c'est qu'ils sont tous trois consubstantiels. Le problème posé par Roland en omettant la personne de l'Esprit l'est donc dans une forme archaïque, celle des Conciles de Tolède en lutte contre l'arianisme. Aussi devons-nous être attentifs à l'argumentation de Roland. Une première phrase, très savante et sûrement très orthodoxe : personne et propriété, essence et unité, majesté et égalité, embrouille un peu le Musulman, qui réclame qu'on lui montre comment trois ne font qu'un. Alors Roland prend des exemples. Celui du soleil qui est splendeur, candeur, et chaleur, et pourtant un seul soleil, est clair ; celui de la roue - rayon, moyeu, jante - l'est déjà beaucoup moins : ce sont des éléments juxtaposables et séparables ; […] Mais il y a pire : l'image de la harpe quand elle résonne qui est arc, cordes et main. Symbole d'une grande beauté : la harpe silencieuse qui se met à résonner des plus beaux accents, sous la caresse d'une main, au gré de l'inspiration qui la guide. Merveilleuse image, bien faite pour suggérer comment le Père qui est la Main (cette Main que l'iconographie médiévale représente sortant des nuages) fait résonner la nature humaine de. . . son Fils, et comment le Christ devient ainsi Fils de Dieu par adoption, ne l'étant pas par nature ! Le Christ est un Prophète inspiré, dont la nature humaine résonne des accents de la Sagesse du Père : mais il est la corde, pas la Main, encore moins l'inspiration qui la guide ! Pas plus que l'inspiration de l'artiste musicien ne se confond avec l'instrument de bois et de boyau. Autrement dit, a) l'exemple de la harpe ne concerne pas une controverse sur la Trinité, mais sur l'union hypostatique de la nature humaine et de la nature divine dans le Christ, b) l'auteur de la Chronique, sans s'en apercevoir, défend une thèse adoptionniste et arienne. C'est peut-être avec quelque raison que le pape Grégoire III abolit le rite mozarabe à Tolède, soupçonnant les chrétiens mozarabes d'hérésie arienne. […] Il est possible, aussi, que des sources arabes soient cause de cette confusion. Sohrastani qui était l'auteur d'une histoire des sectes religieuses et philosophiques, rapporte que l'union hypostatique de la nature humaine et de la nature divine dans le Christ est comparée par les chrétiens - mais il ne précise pas à quelles sectes respectivement rattacher les exemples - dans cet ordre : à la lumière et au corps illuminé ; au sceau imprimé dans la cire ; au spirituel et au corporel ; au vêtement et au corps. " (Paulette Duval, La chronique du pseudo-Turpin et la Chanson de Roland).

Le soleil se déplace en direction d'un point dit "Apex solaire" qui est situé entre les constellations de la Lyre et d'Hercule, au sud ouest de Vega.

Le pôle céleste était à 5° de Véga en -12 000 avant J.-C. Certains des sommets des nonagones étaient alors à pied sec, sauf le Sommet en Atlantique du grand nonagone qui se trouve sur les pentes du talus du plateau continental du Golfe de Gascogne. À partir de 16 000 avant J.-C. les calottes glaciaires soumises à un ensoleillement un peu plus intense (les paramètres orbitaux de la terre ont en effet changés), se sont mises à fondre. Alors qu'il avait fallu plusieurs dizaines de milliers d'années pour former ces inlandsis, il fallut seulement quelques milliers d'années pour faire fondre les millions de km3 de glace accumulés. Dans un premier temps, pendant le Dryas ancien, la fonte est assez lente. Entre 16 000 et 11 000 avant J.-C., on passe d'un niveau marin de -120 m à -100m. Le climat reste de type glaciaire et la végétation steppique (www.ac-besancon.fr).

L'étoile Véga est comparable à Lucifer, mentionné dans la traduction de la Vulgate par Esaïe 14:12-14: " Comme tu es tombé du ciel, O Lucifer, le fils du matin ! " En effet l'étoile Véga est l'aigle tombant et en akkadien Tir-anna " Vie du Paradis ", et en assyrien Daya-same " Juge du Paradis " (http://www.watch.pair.com).

En Roumanie, l'étoile Véga est un " Lucifer " comme Vénus.

La Première Pierre est la pierre angulaire du Grand Œuvre philosophale. " Mais avant d'être taillée pour servir de base à l'ouvrage d'art gothique aussi bien qu'à l'œuvre d'art philosophique, on donnait souvent à la pierre brute, impure, matérielle et grossière, l'image du diable. […] Cette figure, destinée à représenter la matière initiale de l'Œuvre, humanisée sous l'aspect de Lucifer (qui porte la lumière, - l'étoile du matin), était le symbole de notre pierre angulaire, la pierre du coin, la maîtresse pierre du coignet. "[1]

La belle Cyrène, fuyant le commerce des hommes, et résolue de demeurer toujours vierge, faisait paître ses troupeaux sur les bords du fleuve Pénée. Apollon la vit et en devint amoureux, et, l'ayant enlevée, la transporta loin de la Thessalie pour la confier aux Nymphes qui habitent la Libye, près du mont Myrtose. Ce fut là qu'elle mit au jour Aristée, que les Thessaliens invoquent comme le dieu tutélaire des campagnes et des troupeaux. Apollon pour prix des faveurs de Cyrène, lui accorda l'immortalité et lui soumit les vastes campagnes de la Libye. Aristée fut transporté par son père dans l'antre de Chiron pour y être élevé. Un jour, Aristée, cause des malheurs d'orphée, poursuivit Eurydice qui en s'enfuyant fut mordu par un serpent.

" On conte qu'[Orphée] pleura durant sept mois entiers sous une roche aérienne, aux bords du Strymon désert, charmant les tigres et entraînant les chênes avec son chant. Telle, sous l'ombre d'un peuplier, la plaintive Philomèle gémit sur la perte de ses petits, qu'un dur laboureur aux aguets a arrachés de leur nid, alors qu'ils n'avaient point encore de plumes, elle passe la nuit à pleurer, et, posée sur une branche, elle recommence son chant lamentable, et de ses plaintes douloureuses emplit au loin l'espace [On retrouve le rossignol, concerné par le ruisseau du Rossignol et la Rossignolière].

Jules Lemaître a composé un poème des Médaillons qu'il intitule : La lyre d'Orphée, inspiré peut-être par Chateaubriand ("Notre coeur est une lyre où il manque des cordes"). Orphée, après avoir perdu celle qu'il aimait, essaya de chanter sur son luth un thrène harmonieux. Ce fut en vain. De dépit il arracha les trois cordes de l'instrument puis se coucha sur l'herbe et souhaita la mort. Mais bientôt un prodige s'accomplit ; un clair fantôme s'approche d'Orphée et lui ouvre le sein : " Alors, pour remplacer les trois cordes absentes, II lui tira du cœur trois fibres, et soudain Au Luth silencieux les fixa frémissantes. Réveillant le poète, il lui mit à la main La merveilleuse lyre aux fils rouges et tièdes, Et dit : " Joue à présent, Maître, et va ton chemin ! ".

Fresque des catacombes de sainte Priscille

où fut trouvée la tombe de Philomène et représentant Orphée

http://www.the-goldenrule.name

Lorsque Dionysos envahit la Thrace Orphée négligea de l'honorer mais enseigna d'autres mystères sacrés et flétrit les sacrifices humains auprès des hommes de Thrace qui l'écoutaient respectueusement. Vexé, Dionysos le livra aux Ménades, en Macédoine. Elles attendirent que leurs maris aient pénétré dans le temple d'Apollon dont Orphée était le desservant, se saisirent des armes déposées à l'extérieur, firent irruption dans le temple, tuèrent leurs maris et mirent en pièces Orphée. Elles jetèrent sa tête dans l'Hébros mais elle flottait, continuant à chanter tandis que les courants l'emportaient vers Lesbos. Les Muses en larmes recueillirent ses membres et les enterrèrent à Leibèthres, au pied du mont Olympe.

Orphée, et son confrère nordique Mimir, ou l'Étrusque Tagès, sont les précurseurs de tous les "saints" céphalophores. Mimir est l'incarnation de la mémoire dans la mythologie germanique. Il était un Dieu de la sagesse Ase et une des deux divinités envoyées en échange de la paix aux Vanes. Mais ces derniers, en réalisant qu'ils s'étaient fait flouer, décapitèrent le Dieu et envoyèrent sa tête aux Ases. Toutefois Odin l'enduisit d'une mixture d'herbes pour qu'elle ne pourrisse pas et il l'enchanta de sortilèges. Une fois ramenée à la vie, elle était capable de parler et de révéler des secrets occultes, "de nombreuses vérités que personne d'autre ne connaît". Odin la plaça sous les racines d'Yggdrasil près du puits au même nom que la tête momifiée. Correspondant à Mimir, on a le verbe grec mormyro "murmurer en bouillonnant" à rapprocher de "Boulu" du Tertre Boulu à Neuillay-les-Bois qui pourrait signifier "bouilli" ou "bouillonné", à moins que ce ne soit une boulue, une plante autrement nommée gesse (Christian Mandon, Les origines de l'Arbre de Mai, http://fr.wikipedia.org/wiki/Mimir).

Sans retard, sur-le-champ, [Aristée] exécute les prescriptions de sa mère. Il va au sanctuaire, élève les autels indiqués, amène quatre superbes taureaux au beau corps et autant de génisses dont la nuque n'a point encore été touchée par le joug. Puis, quand la neuvième aurore se fut levée, il offre un sacrifice aux mânes d'Orphée, et retourne dans le bois sacré. Alors, prodige soudain et merveilleux à dire, on voit, parmi les viscères liquéfiés des bœufs des abeilles bourdonner qui en remplissent les flancs, et s'échapper des côtes rompues, et se répandre en des nuées immenses, puis convoler au sommet d'un arbre et laisser pendre leur grappe à ses flexibles rameaux. "

La Magnésie, dont le nom fut donné entre autres à la matière de l'Œuvre, renfermait lolcos d'où partit Jason, élevé par Chiron, dans l'expédition des Argonautes, qui est une autre nom aussi du Grand Œuvre, la fontaine de Libethra, d'où les Muses furent surnommées Libèthrides. Les uns en font une montagne (une cime de l'Olympe), ou une ville de Macédoine qui, disent-ils, fut détruite par les envahissements du Hys (le sanglier), rivière; les autres y voient une fontaine de la Magnésie. La destruction de Libèthres, ville, était liée à une légende. Libèthres avait le tombeau d'Orphée dans ses murs : une colonne funéraire surmontait le monument considéré comme le palladium de la ville. Or, un jour advint qu'un berger se mit a chanter des vers d'Orphée, mais d'une voix si mélodieuse que l'on faisait foule pour l'entendre. A force de s'entrepousser, les curieux renversèrent la colonne talismanique et le soleil vit les os d'Orphée. Soudain les eaux du Hys, torrent qui tombe de l'Olympe, se gonflèrent outre mesure et noyèrent Libèthre. Au reste, un oracle l'avait prédit, toujours avec le langage énigmatique sans lequel il n'est point d'oracle : " Gardez-vous du Hys ! " On croyait qu'il fallait se garder des sangliers (Joseph Fr. Michaud, Louis Gabriel Michaud, Biographie universelle, ancienne et moderne, http://mythologica.fr/grec/orphee.htm, Virgile - Géorgiques, IV, v.317-558, Traduction de Maurice Rat (1932)).

L'alchimiste découvre la Fontaine mystérieuse que le Trévisan décrit dans sa Philosophie naturelle des Métaux. Le ruisseau coule à ses pieds sourdant du vieux chêne creux. Il regarde ondoyer la source limpide dont la vertu dissolvante et l'essence volatile lui sont attestés par un oiseau perché sur l'arbre. "Mais quelle est cette fontaine occulte ? De quelle nature est ce puissant dissolvant capable de pénétrer tous les métaux... La mythologie l'appelle Libethra et nous raconte que c'était une fontaine de Magnésie, laquelle avait, dans son voisinage, une autre source nommée la Roche. Toutes deux sortaient d'une grosse roche dont la figure imitait le sein d'une femme ; de sorte que l'eau semblait couler de deux mamelles comme du lait... cette magnésie est dite Lait de vierge..."[1].

L'Olympe, l'Ossa et le Pélion appartiennent au même massif montagneux formant la presqu'île de Magnésie, protégeant le golfe pagasétique (ou golfe Pagasikitos ou encore golfe de Vólos) de la mer Égée. Néphélé, donna à Ixion Centauros, enfant proscrit, qui, lorsqu'il atteignit l'âge d'homme engendra, dit-on, des juments de Magnésie, les Centaures, dont le plus fameux était le docte Chiron.

Mosaïque du Vème siècle, Jérusalem

http://www.beyond-the-pale.org.uk/sheela1.htm

Leconte de Lisle a emprunté aux Argonautica orphica (Vème siècle après J .-C.) l'épisode d'Orphée cherchant à convaincre Chiron de rejoindre l'expédition des Argonautes. Ce fut par les conseils de Chiron que Jason, le fils d'Eson, reçut au nombre de ses compagnons le chantre divin qui régnait sur les Bistoniens. Et, en effet on trouve le hameau des Chirons à Neuillay. La Société préhistorique Française a rassemblé les noms de lieux Chirons, et ses dérivés. Chiron, Chiroux, impliquent l'idée d'élévation, monticule, colline, amas de pierres. Chiron, suivant le comte Jaubert, signifie: " tas de pierres ramassées en rond dans les terres et les vignes, dont les synonymes sont appelés murgets, en Bourgogne. On en donne même une étymologie rabelaisienne de " ?hie-rond ". Du terme Chiron, il faut rapprocher le terme périgourdin Keyron, ayant le même sens; puis Keyrio, coin de la cheminée, parce qu'autrefois, en Périgord, on plaçait au coin de l'âtre une grosse pierre pour servir de siège. Ce terme vient du celtique, comme le mot breton Carrek, rocher (litt. plein de pierres), qui a donné Carrière (lieu où l'on tire la pierre) ". Le monument, dit Dolmen du Chiron, à Pornic, correspond au style des mégalithes à transepts du Pays de Retz et possède un couloir unique orienté sud- est/nord-ouest et quatre chambres latérales. Il reste une partie de son cairn en tronc de pyramide à étage. Dans le Choletais, on désigne sous le nom de Chirons, des blocs de granit attenant au sol ou détachés de sa surface, aussi, des tas de pierres ramassés dans les champs et disposés en cercle.

A propos des Chirons, M. Paul Lecour, dans le Mercure de France du 1er décembre 1925, écrit " il me fut donné de constater qu'un mot grec d'une haute importance dans la mythologie, celui du Centaure Chiron est couramment employé par les habitants pour désigner certaines pierres ou certains tas de pierres... Or, Chiron est le précepteur d'Hermès et on appelait Hermai, dans le grec archaïque, de simples tas de pierres qui étaient les emblèmes de Dieu, chaque voyageur en passant ajoutait une pierre au monceau. Ne voit-on pas là les traces d'anciennes traditions qui rayonnèrent entre la Celtique et la Grèce ? " (O. Desmazières, Les lieux dits du département de Maine-et-Loire , (Fr. Pérot, Le Mot Chiron, (Les mots Chiron et Chillou).

Garambault

Un village du Vaucluse s'appelle Grambois qui est mentionné comme Garambodio en 1165. Ce serait un Garan(u)-bodios " La grue jaune " de Garan(n)os/Garanu(s) : Grue, " La crieuse " et de badios/bodios : blond, jaune. L'inscription du pilier des Nautes : " taruos trigaranus " représentant un taureau sur lequel sont posées trois grues. On retrouve un grue d'or dans le Livre V de Rabelais : " Saturne tenant sa faulx, ayant aux pieds une grue d'or artificiellement esmaillee, selon la competence des couleurs naïfvement deus a l'oizeau saturnin ". Mais en grec, Xanthos : "blond, lumineux", a donné le mot "saint". La blondeur de la grue en ferait ainsi une grue sacrée (http://www.melegnano.net). A moins que Garambault soit issu du germanique garan-bod (protection - messager).

La grue indique dans sa migration estivale quand elle accompagne Apollon au couchant devint un symbole solaire. Le dieu gaulois solaire porte le nom de Grannos.

" Le retour cyclique des grues est un symbole de régénération. Leur vol de haute altitude, en forme de chevron - qui a fait dire aux anciens grecs qu'elles avaient inventé la lettre Delta -, et leurs grands cris évoquant la trompette les rattachent au culte hyperboréen en qualité de messagères volant vers l'autre monde situé " par derrière le vent du Nord " " (J.-P. Ronecker, Le Symbolisme animal). " Depuis la préhistoire, la Grue est un oiseau sacré pour les peuples de la Méditerranée. A Val Camonica, par exemple, il existe dans le rocher des sculptures qui semblent remonter aux environs de 1.300 à 800 AEC. " (Sig Lonegren, Les Labyrinthes, Dangles, 1993).

Exécuté par Thésée sur le sol de Crète, ou bien autour de l'autel d'Apollon dans l'île sainte de Délos, le branle de la grue retrace dans ses figures le péril encouru. Péril à deux visages que Callimaque rappelle dans l'Hymne à Délos : Thésée et ses compagnons ont échappé au mugissement effrayant, au fils sauvage de Pasiphaé, et au palais tortueux (gnamptos), au labyrinthe en détours (skolios). Mais si le danger est double, trois termes le traduisent qui sont étroitement liés : le mugissement, vibration, ondoiement sonore, signifie dans l'ordre acoustique la confusion, l'entrelacement des voies, des tracés du labyrinthe, espace polymorphe lui-même en harmonie parfaite avec la nature hybride du monstre et son être double en qui se confondent l'homme et la bête. Plus précisément, une topologie du labyrinthe se laisse reconnaître à travers la danse, ses figures et l'oiseau qui en est l'éponyme. Le branle appelé géranos, du nom de l'échassier, se danse à plusieurs, les uns derrière les autres à la file et en une seule ligne […] La prudence de l'échassier s'affirme au-delà de son aptitude à la dialectique, et elle triomphe dans sa capacité à traverser toute l'étendue du ciel. Dans les récits des zoologues, la grue est un navigateur d'une habileté merveilleuse et si hardi que sa migration le mène depuis les plaines de Scythie, la plus froide des parties du monde, jusqu'aux terres les plus chaudes, l'Egypte, la Libye, l'Ethiopie. Selon la formule de l'Histoire des animaux d'Aristote, la grue vole d'une extrémité du monde à l'autre, elle relie les deux bouts de la terre. À cette performance, la géranos ajoute l'expédient mémorable d'une prévoyance devenue proverbe. Au départ de la traversée, chacune des grues en sa prudence emporte un caillou, une petite pierre qui lui permettra de repérer, d'après le bruit qu'elle fait en tombant, si la volée franchit une mer ou survole une terre. […] Une même prudence avisée permet à l'échassier de nouer les deux bouts de la terre, et aux danseurs du labyrinthe de faire se rejoindre l'entrée et la sortie, de faire coïncider la fin et le début. Dans l'un et l'autre parcours, il s'agit de franchir l'infranchissable, de traverser un espace sans repère apparent, sans direction fixe, où chaque issue qui semble s'ouvrir se révèle aporie insoluble et nœud inextricable. L'expédient auquel les danseurs recourent quand ils dansent la traversée victorieuse du labyrinthe prend la forme d'un renversement du serre-file en meneur du branle : la queue se métamorphose en tête et la fin est identique au commencement. Comme il en va pour une corde et ses deux bouts ou pour le fil qu'évoque le même pas de la grue avec ses danseurs à la file qui semblent errer en longs détours et soudainement retourner vers leur point de départ. De la même manière que le branle connaît la sortie et l'entrée du labyrinthe, le fil d'Ariane raconte la victoire sur le Minotaure. Noué en pelote ou dévidé en spirale, le fil alterne avec la couronne de lumière dont le sens n'est pas d'apporter dans le chaos du monde labyrinthique un éclat qui mettrait en plein jour une construction aveugle, mais, plutôt, d'offrir un point de repère, de faire surgir une de ces marques lumineuses que les Grecs appellent tekmôr, indice ou terme d'un parcours, point visible à l'horizon qui oriente le périple du navigateur ou la course du voyageur. Et l'homologie entre le fil d'Ariane et la danse de l'échassier se fait explicite dans le personnage de Dédale : inventeur du labyrinthe qui déploie autour du Minotaure le filet sans issue et les mille détours sinueux, c'est lui qui enseigne le pas de la grue, c'est lui encore qui remet à Ariane le fil d'un parcours dont il connaît si intimement les termes extrêmes. Le labyrinthe de Dédale étire ses méandres et répand ses ramifications à l'intérieur d'un champ conceptuel où un certain type de cheminement prend naturellement la forme d'un fil ou d'un lien qui enchaîne et où, réciproquement, l'action de lier emprunte l'apparence d'une traversée et d'un parcours qui relie. Comme le branle de la grue, le fil d'Ariane trace la solution de l'aporie labyrinthique, il noue efficacement dans sa forme la fin et le commencement. Mais il est dans les récits sur Dédale un épisode, et c'est l'ultime, qui met à nu le schème formel du labyrinthe. Après la fameuse évasion de l'artisan disparu dans les airs avec son neveu Icare, Minos se lance à la poursuite de l'inventeur du labyrinthe. Partout où il passe, le roi de Crète offre une récompense à qui introduira un fil à travers la coquille d'un bigorneau (kochlos ou kochlias). Jusqu'au jour où le roi de Sicile, Kôkalos, accepte l'épreuve, persuadé que ce sera un jeu d'enfant pour l'hôte secret de son palais. Et, en effet, Dédale prend le fil, l'attache à une fourmi et l'introduit dans le coquillage par un trou minuscule percé au sommet. L'énigme résolue découvre Dédale, pris au piège de l'occasion que lui tend Minos de se reconnaître dans le savoir de la spirale. Car le bigorneau de Minos condense en sa coquille grise et spiralée les traits essentiels du labyrinthe : la structure énigmatique, l'aporie des détours circulaires et le fil qui va droit à travers les courbes. Toutefois ce labyrinthe miniaturisé n'est pas un modèle réduit et n'a rien de l'artefact. Il n'est qu'un jeu, et la spirale du coquillage en est le matériau fortuit. L'essentiel est dans la forme et dans les mouvements qui la traversent. […] Lorsque le branle se met en mouvement et qu'apparaît le fil de Dédale, déjà le droit menace le courbe, et, par sa rectitude, il relie la fin et le début : faisant disparaître les sinuosités de la même manière que la victoire sur le Minotaure abolit sa figure hybride et fait oublier sa violence sauvage. Ce labyrinthe-là est pensé comme un parcours, une traversée qui ne tient qu'à un fil. Et c'est fondamentalement un espace acentré qui exclut le plus concret et le plus mystique. […] En pensant le labyrinthe avec le Minotaure, les Grecs ont privilégié la figure abstraite d'un espace aporétique laissant à d'autres le soin d'explorer les valeurs du centre ou de la caverne. Ils ont fait choix d'un espace mouvant où l'intelligence de celui qui connaît le droit et le courbe, le début et la fin, se donne à lire dans le vol d'une grue et dans la spirale d'une vis sans fin (Marcel Detienne, La grue et le labyrinthe).

Donc, s'il faut en croire la légende de la pierre, nous ne pouvons nous empêcher de penser qu'il pourrait s'agir d'une pomme. C'est la forme de la pomme mûre, coupée en deux, séchée au soleil, et conservée comme provision pour l'hiver et au centre de laquelle se trouvent les graines, dans le pentacle sacré. Mais cette pomme de la connaissance est le Reichsapfel ("Pomme d'Empire") que nos rois Francs avaient conservée tout comme ces Lombards…

Le "pied de grue" héraldique, qui a donné le mot anglo/ languedocien Pedigree, symbolise "l'arbre généalogique" : Le mot "pedigree" est apparu dans la langue anglaise en 1410 sous les formes "pee de Grewe", "pedegrewe" ou "pedegrou", qui toutes sont empruntées au moyen français "pié de grue", voulant dire "pied de grue" (le U imprononçable en anglais se transformant en I ou OU). Cet emprunt vient de l'analogie visuelle entre la trace du pied de cet oiseau et les trois traits (Y renversé) utilisés dans les registres officiels anglais pour indiquer les ramifications d'un arbre généalogique.

Chez les Grecs, la grue était l'oiseau sacré de Mercure/Hermès, le messager/aggelaos des dieux et des déesses. Elle était consacrée à Artémis et à Athéna - l'avatar "sage" d'Héra "la protectrice". Le combat des Pygmées et des Grues est resté célèbre. Les Pygmées étaient situés parfois en Thrace en témoigne la ville de Géranée dont les habitants, d'une coudée de haut, furent chassés par les grues. Pygas ou Œonée, reine des Pygmées, fut changée en Grue par Junon, pour avoir eu la présomption de se comparer à la Reine des Dieux ; depuis son changement, elle fit une guerre continuelle à son peuple. Les trois vieilles (graïai) femmes-colombes de Dodone incarnaient les "Trois Grues", image de la triple déesse primordiale et figuration symbolique des Pléiades. Hésiode, dans les Travaux et les Jours, associe le lever des Pléiades et la voix des grues qui toutes deux apportent le signe des semailles.

Les Dises nordiques, Brunhilde en tête, officiaient avec un manteau divinatoire fait de plumes de grues.

Les échassiers, dont la grue et le héron, sont, dans les pays celtique, les principaux représentants, sont quelques fois nommés en concurrence avec les cygnes, à cette réserve près qu'ils sont presque toujours vus en mauvaise part, dans une fonction prophylactique. Mais il est peu probable que ce symbolisme est prévalu en Gaule où l'on possède quelques témoignages de grues à valeur mythologiques sûre comme le pilier des Nautes à Paris.

Manannan Mac Lir, héros solaire goïdélique apporta les trésors de la mer (c'est à dire l'Alphabet Secret des Peuples de la Mer) dans un sac fait de peau de grue. " La Grue était aussi associée à la mort et au monde souterrain dans le mythe de Midir, dieu goïdélique. Celui-ci vivait dans un château de l'Île de Man, appartenant à Manannan. À la porte de ce château, trois grues avaient pour rôle de détourner les voyageurs en criant : "Défense d'entrer ! Défense d'approcher ! Passez votre chemin !" " (Jean-Pierre Ronecker). Sur le Chaudron de Gundestrup, la Déesse est transformée en grue par un sortilège envoyé par Taranis. Ce sortilège triple se présente sous l'aspect de chiens (Christian Mandon, Les origines de l'Arbre de Mai, http://fr.wikipedia.org).

Le Franiat

Le mot "frêne " et ses dérivés se retrouvent dans de nombreux toponymes de l'Indre, tels Le Frêne (hameau de la Berthenoux), Le Fresne (Douadic), Le Petit Fresne (Maillet), Fragne (Sarzay), La Fragne (Azay-le-Ferron), Les Fragnets (Nuret-le-Ferron), Le Franiat (Neuillay-les-Bois), Le Fresnaye (Sainte-Gemme), Fressagne (Fougerolles), Fressignes (Eguzon), etc (http://richard-bernaer.blog4ever.com).

Dans la mythologie grecque, le Frêne est l'arbre de Poséidon, qui est notamment le dieu des séismes. Tous les dieux et déesses invités aux noces de Pelée et de Thétis apportèrent un présent et Chiron donna un frêne qui, travaillé par Athéna et Héphaïstos devint la lance que portât Pelée puis son fils, Achille. Le frêne de Némésis ou Adrastée est le Fraxinus ornus et cette divinité personnifiant l'Indignation et la Vengeance des dieux contre la démesure, était représentée un rameau de frêne à la main; elle était le symbole de sa dureté et de son inflexibilité dans les châtiments qu'elle infligeait. Il était habité par les nymphes, les Méliades nées du sang d'Ouranos mutilé. Les divinités vengeresses de l'enfer, les Erinyes étaient armées de bâton de frêne et les Géants s'en servirent pour venger l'outrage fait à leur frère Saturne. Il était quelquefois consacré à Arès, et à Mars avec le chiendent, à cause de la dureté de son bois qui servait à fabriquer des outils.

Yggdrasil est le frêne sacré de la mythologie scandinave, Irminsul chez les Germains. Sous son ombrage les dieux s'assemblaient chaque jour et dispensent la justice. Ils s'y rendent il cheval, et passant sur l'arc-en-ciel, qui est le pont des dieux. Ce frêne est le plus grand et le meilleur de tous les arbres. Ses branches s'étendent sur le monde entier, dit l'Edda, et s'élèvent au-dessus des dieux. Il a trois racines extrêmement éloignées les unes des autres. L'une est chez les dieux ; l'autre chez les grands, où était autrefois l'abyme ; la troisième couvre les enfers. Le serpent Nídhögg ronge cette racine par- dessous. Sous celle qui va chez les géants est une fontaine célèbre, dans laquelle la Sagesse et la Prudence sont cachées. Celui qui y préside se nomme Mimir ; il doit sa profonde sagesse à l'usage où il est d'en boire tous les matins. Un jour Odin vint demander à boire un coup de cette eau ; mais il ne put l'obtenir qu'en laissant un de ses yeux en gage. La troisième racine est sous le ciel, et sous cette racine est la sainte fontaine du temps passé. Les fées, les Nornes, qui se tiennent près de cette fontaine y puisent de l'eau dont elles arrosent le frêne, de peur que ses branches ne pourrissent ou ne se dessèchent. La première se nomme Urda, le passé, la seconde Vérandi, le présent, et la troisième Skulda, l'avenir. Cette eau est si sainte, que tout ce qu'elle touche devient aussi blanc que la peau qui tapisse l'intérieur de l'oeuf. De cette eau vient la rosée qui tombe dans les que les hommes appellent rosée de miel; c'est la nourriture des abeilles. Il y a de plus dans cette fontaine deux cygnes qui ont produit tons les oiseaux de cette espèce. Sur les branches du frêne est un aigle, Hraesvelg, entre les yeux duquel est un épervier, Vedrfölnir. Un écureuil, Ratatosk, monte et descend du frêne, semant de mauvais rapports entre l'aigle et le serpent caché sous la racine. Quatre cerfs courent à travers les branches de l'arbre, et en dévorent l'écorce. La chèvre, Heidrun, vit près du sommet de l'Arbre, et se nourrit de ses feuilles. Le cerf Eikthyrnir broute aussi les rameaux et de ses cornes ruisselle l'eau qui tombe dans Hvergelmir. Au moment du combat entre les dieux et les géants, qui doit précéder l'embrasement de la terre, ce frêne doit être violemment agité, comme s'il partageait les alarmes des dieux.

Sur lui reposent les neuf royaumes. C'est en restant pendu à une branche d'Yggdrasil, percé d'une lance, durant neuf jours et neuf nuits qu'Odin découvrit le sens des runes. Les Slaves attribuent au Frêne le pouvoir de repousser les serpents : on peut se reposer à son ombre sans crainte (http://fr.wikipedia.org/wiki/Yggdrasil).

D'autres lieux-dits à Neuillay

Selon la mythologie germanique, qui dit frêne dit aulne puisque l'homme et la femme sont nés respectivement de ces deux arbres. Ask, fut le premier homme formé à partir d'un frêne, et Embla, fut la première femme formée avec un aulne, ancêtres de l'humanité. Un jour, Odin, Vili et Vé qui avaient organisé le monde se promenèrent sur le rivage et trouvèrent deux troncs d'arbre échoués qu'ils décidèrent de sculpter en leur donnant une forme humaine.

Le lieu-dit Aunous de Neuillay-les-Bois indique un lieu planté d'aulnes. Dans la mythologie grecque, c'est l'arbre des Morts. Du fait de son habitat dans les marais et de la couleur rouge sang de son bois fendu, l'Aulne était associé aux sorcières. On lui attribuait le pouvoir d'éloigner le feu des maisons ou les rongeurs des champs, et de faciliter la mise-bas du bétail. Phoronée, fils d'Inachos et de Mélia, la nymphe du Frêne, souvent identifié à l'Aulne, fut le premier utilisateur du Feu que lui aurait donné Prométhée, sachant que le frêne isolé attire la foudre. C'est lui qui, le premier, rassembla les hommes dans une cité, autour du marché.

En parler de la région " Trait, tré " signifie " tertre, terrier, monticule ". Mais sous l'ancien régime " trait " est une portion de territoire sur lequel la noblesse et le clergé avaient droit de dîme. Dans le Roman de Renard, " Tré " est un trait, chemin, territoire. Sur geoportail trois " Trait " se trouvent à Neuillay-les-Bois : Trait d'Aspic, Le Trait de Genièvre et peut-être un jeu de mot : Le Trait de Cordeau, bien adapté à nos tracés.

 


[1] Fulcanelli, Le Mystère des Cathédrales, Pauvert, p. 61

[2] Fulcanelli, Le Mystère des Cathédrales, Pauvert, p. 95