Partie VII - Cohérence grand nonagone   Chapitre IL - Deuxième Etoile   La deuxième Etoile - YOR   

L'alphabet anglo-saxon Futhorc de 33 runes comprend la rune Ior/ Iar / Io qui a une forme quasi identique à Hagal, et signifierait serpent : c'est cette racine Ior que l'on retrouve dans Jormungand, le serpent de mer de la mythologie nordique, fils de Loki et de la géante Angrboda. Frère de Fenrir et de Hel, Odin le lança dans l'océan qui encercle Midgard. Entourant le monde et se mordant la queue, il acquiert le nom de Serpent de Midgard ou de Serpent-Monde. Pendant le Ragnarok, à la fin de l'hiver des hivers, il se joindra aux géants pour le combat final. Thor lui explosera la tête le tuant d'un coup. Le poison qui emplissait sa gueule se déversera sur Thor, qui fera neuf pas en arrière, avant de mourir.

Ior, la " créature aquatique " est la 28ème rune de l'aplphabet runique anglo-saxon. Elle se prononce " IO ", comme dans " hélios ". Elle représente le serpent du monde, Iormungand, qui, dans la mythologie nordique , encercle la Terre par les fonds marins. Dans sa forme seulement, la rune Ior ressemble au caractère Hagal du nouveau Futhark. Elle symbolise la dualité, apparente dans la nature amphibie de nombreux animaux aquatiques. Selon la légende, Iormungand est une créature extraordinaire et dangereuse dont les mouvements violents peuvent provoquer des tremblements de terre et des vagues monumentales qui mettent en péril l'équilibre du monde. Elément essentiel de la structure du monde, Iormungand ne peut être détruit. Même s'il était possible de supprimer ce qu'il représente, cela produirait une catastrophe bien plus grande que la menace que fait peser son existence. Ainsi Ior représente-elle les épreuves inévitables que l'on doit surmonter et les problèmes que l'on doit régler. Ior apprend à l'homme à ne pas s'inquiéter des choses qu'il ne peut changer.[1]

Un tel monstre apparaît chez Rabelais : le "physetere". Pour donner un rapide aperçu du cinquantenaire psychogonique dans l'œuvre rabelaisienne, il n'échappe pas à un lecteur attentif ce détail numérique à propos de la baleine rencontrée lors du périple des compagnons de Pantagruel, aux chapitres XXXIII et XXXIIII du Quart Livre. Dans ces chapitres, réapparaissent clairement les symboles pythagoriques qui parsèment l'œuvre, et plus particulièrement le "Y Gregois letre de Pythagoras", à propos duquel la valeur de 109 n'est pas sans évoquer celle du nom de Pantagruel. Le "physetere" qu'au chapitre XXXIII Rabelais identifie comme le léviathan mythique du chapitre 40 du livre de Job et que Pantagruel darde de ses flèches, agonise en se renversant sur son dos, comme le décrit le midrach juif : le Léviathan représentant l'année et l'univers sphériques qui se ferment sur eux-mêmes, annonce le jour du jugement dernier où les justes réjouis se partageront sa chair lors d'un banquet[...] Le physetere figure alors le Léviathan du cinquième jour qui entoure à la fois l'univers et lui sert de fondement, tel l'Ouroboros aux 108 écailles qui possède un signification alchimique et cosmique dans la mesure où il représente également Demogorgon, évoqué au chap 22 du Tiers Livre et au chap. 47 du Quart Livre Demogorgon est la divinité créatrice et génératrice de Pan, le grand tout, selon le récit circonstancié qu'en fait Léon Hébreu dans le deuxième livre des Dialogues d'Amour. Le midrach, la littérature des Hékhaloths et des traités talmudiques en font la structure universelle qui ceint le cosmos, telle l'Ame du Monde, comme un "dragon soy mordant la queue" écrit-on au chap. XI du CL., ou les mondes circulaires accrochés concentriquement les uns aux autres, comme le représente la mystique cosmologique juive (Franco Giacone, Le cinquiesme livre).

Les racines gauloises *jor, juris, « hauteur boisée », sont à l'origine des ancien mots locaux jeur, jore, joure, joux, jure, etc., désignant une forêt de haute futaie des régions montagneuses, par l'intermédiaire du latin médiéval juria, jurim, joria et du bas latin juria.

En wolof, yor signifie "avoir avec soi".

YOR - YRO - RYO - ROY - ORY - OYR

3 lettres, 6 possibilités, laissons Blaise de Vigenère (Saint-Pourçain-sur-Sioule, 1523 - 1596) disserter sur ces trois lettres à partir de son Traité des Chiffres, ou secrètes manières d'escrire (1586) ("[G]", "[H]" = séquences en caractères grecs ou hébraïques non transcrites) :

" Divers anagrammes de ce mot ROY :

Si que m'estant pris un jour fantasie d'essaier si à l'imitation de cela, j'y pourrois rien atteindre en la nostre, ce mot de ROY se vint le premier presenter sur les rengs, comme l'un des plus magnifiques et dignes de tous; et que la divinité propre ne dedaigne pas; Rex meus, et Deus meus, pseaume octante quatre; et au nonante cinq, Rex magnus super omnes deos; et infinis autres passages de l'escriture: Estant en premier lieu de trois lettres ainsi que tous les primordiaux des Hebrieux; et au reste d'une syllabe, ce qui symbolise aucunement au tressaint et sacré TERNAIRE; et pour le regard des choses humaines, marque les trois principales parties que celui qui est honoré de ce tiltre doit avoir en luy; la foy assavoir, pure et nette envers Dieu; la charité et amour paternelle envers ses subjects; et la providence és affaires de la corone. Enapres je vins à examiner les trois lettres dont il consiste, selon les mesmes considerations que touche Socrate dans le Cratyle de Platon: [G] etc. En premier lieu la lettre R me semble estre comme un instrument de toute mouvement, parce que la langue en la prononçant se remue fort, et sans s'arrester. Cela me sembla soudain se raporter à la continuelle action où doit estre le souverain Magistrat, pour l'exercice du devoir et acquict de se charge. O puisapres denote la rotondité dont il doit egallement proceder envers un chacun: [G] Qu'en ce mot de Strongylon c'est à dire rond, l'on a meslé beaucoup de o, comme aiant besoin de ceste note laquelle de vray estant toute ronde, egalle et unie, sans aucunes pointes ny encoigneurs qui se forjectent endehors, en semblable la parole du Prince, et ses actions et effects doivent estre tous uniz et ronds, comme on dit en commun langage, quand on veult denoter quelque chose de candeur et syncerité. Et finablement la lettre I, represente une lenité et douceur, parce que la prolation en est la plus gracieuse de toutes autres; et en outre l'industrie et subtilité d'esprit, et son exacte intelligence: Toutes lesquelles choses signifie le mot de [G]; ensemble un conseil secret et caché, là au mesme endroit du Cratyle; [G] etc. OR suivant les traditions des Cabalistes la lettre [H] Res represente l'heredité et succession, comme si cela vouloit inferer que les royaumes, hereditaires soient trop mieux instituez, tel que fut celuy de Juda, qu'on ne doubte point avoir esté excellent sur tous autres, comme estably de Dieu sur son peuple particulier, et non par une usurpation tyrannique, que nompas les Electifs, où les combustions des brigues et partialitez mettent la plus-part du temps tout à vauderoutte, avec une extreme affliction et ruine des peuples. Dans le livre de Jezirah R est pris pour la bien-vueillance, vray lien de la societé humaine, qu'à l'exemple de l'amour pitoiable que Dieu a à l'endroit de ses creatures, en semblable le Prince est tenu de porter aussi à tous ses sujets. Au regard de o; c'est la plus aisee lettre à prononcer de toutes et comme moienne entre le gozier où s'enfonce a, la premiere des lettres et voix, et le bout des levres où se vient reduire la derniere u; si que Tohu et Bohu, les premiers et rudes principes de Moyse en la creation des choses, en consistent la plus grand part; et aussi le nom du premier homme Adam, appellé autrement Odom. Davantage les Hebrieux n'aians point proprement de voyelles, font servir ordinairement [H] Ain pour o, non sans mystere: car comme ain signifie non, ou rien, de mesme ceste note 0 au chiffre à compter n'importe aucun nombre seule à par soy, si elle n'est accompangee de quelqu'une des neuf. Au surplus ce caractere denote l'oeil, que le Roy doit avoir à tout, et par tout: et suivant cela les Egyptiens en leurs Hieroglyphiques representoient la Royauté par un oeil pacqué au dessus d'un Sceptre, ainsi que le specifient Orus et Plutarque au traité d'Osyris, le Sceptre signifiant la force, authorité et pouvoir; et l'oeil la prevoiance. Le Jod en apres assavoir I, duquel sont composees toutes les lettres Hebraïques; et qui par mesme moien constitue le nombre de dix, perfection, reposoüer et accomplissment de tous autres nombres, denote par là, que toutes les parties et membres d'un royaume dependent de la personne du Roy; et qu'en elle tout se parfait et accomplist; parquoy tout s'y doit raporter et reduire, ainsi que la circonference au centre. Le Jod en outre est pris pour exaltation et loüange, à quoy tout Roy doit aspirer par ses bons et loüables comportemens. PASSANT puisapres des mystiques interpretations et signifiances de ces trois lettres, à ce qui peult resulter de leurs divers anagrammes et renversemens; en premier lieu se presente Iro, quasi [G] demidieu, tels que sont les Rois, image du grand Dieu en terre: et à ce propos en l'ancienne loy les Rois, les Prophetes, et les prestres qui estoient oincts du sainct huille, estoient reputez estre plus qu'hommes, et comme demidieux; les Rois d'autant qu'ils administrent la Justice, qui appartient proprement au Messihe, le Roy des Rois; dont il est escrit en S. Jean 5. Omne iudicium dedict mihi pater: les prophetes à cause qu'ils estoient inspirez du SAINCT ESPRIT, qui parloit par leur bouche; si que les Cabalistes les appellent certains dieux cachez dans le corps humain, suivant le pseaume quarante sept Dii fortes terrae vehementer eleuati sunt: et les Prestres pour les haults mysteres et sacremens qu'ils manient; à quoy se raporte le pseaume cent trente trois; Sicut unguentum quod descendit in barbam, barbaram autem Aaron, le grand Pontife et Archiprestre: et estoit ceste onction, moiennant laquelle le don de prophetie se conferoit, comme on peult veoir au premier des Rois, chapitre dix, un signe exterieur de la vertu et efficace du nom divin, selon le premier des Cantiques, Oleum effusum nomen tuum. Car l'huille ou le chresme est un symbole de misericorde et cle-qmence, qui se confere par le moien du nom de CHRIST; Auquel, comme dit sainct Pierre au 10. chapitre des Actes; tous les Prophetes rendent tesmoignage, que quiconque croira en luy, oinct du SAINCT ESPRIT, recevra remission de ses pechez par son nom: Mais tous ceux qui estoient oints de cest huille, ne recevoient pas pourtant ceste grace, nomplus que nous celle de nos sacremens si de nostre part il y a de l'indignité. aux Corinth. II.

IRO derechef fait allusion à [G], gracieux, amiable, debonnaire; estant derivé de [G] amour, et de là paraventure le Latin Herus, maistre et Seigneur, qui doibt estre tel envers sa famille et ses serviteurs, comme le Roy à l'endroit de ses vassaulx. L'autre transposition de Roi est Rio, quasi [G], fluer, couller, emaner; parce que tout doit proceder de lui, et par consequent aussi affluer et couller à luy, ainsi que les rivieres dedans la mer, qui renvoie reciproquement de nouvelle eau doulce à leurs sources, par les occultes spongiositez de la terre, où elle laisse ses salsitudes. La troisiesme sera ori, de [G]; veoir, d'autant que l'oeil du Roy doit s'estendre de toutes parts, comme celuy d'un bon Pere de famille à son mesnage; et ce à l'exemple de Dieu selon Hesiode, [G] l'oeil du grand Dieu qui tout voit et cognoist. Celuy d'apres à ce mesme propos, est oir; lequel estant purement François n'a besoin d'autre explication, sinon que le Roy est tenu d'oyr et prester l'oreille sans acception de personne, aux plaintes et doleances de son peuple, pour faire droit à un chacun, et luy administrer justice: Et c'est pourquoy les Lacedemoniens representoient le grand Roy des Rois Juppiter, avec quatre oreilles. Finablement il y a Ior, car trois lettres ne se peuvent assembler qu'en six sortes, comme qui diroit [G], qui signifie portier, lequel prend garde à ce qui entre dans le logis, et en sort, selon que le doit faire un Roy en son royaume, qui luy est en lieu de domicile à une personne privee; ou une eschauguette assise au hault d'une montagne, où il est constitué en vedette, et en sentinelle, pour de là descouvrir tout ce qui se fait d'importance; mais nompas espier les privez et menus affaires des particuliers, qui n'attouchent en rien au publicq: y estant aussi exposé de sa part en veuë, afin que ses actions puissent estre observees de tous, mesme des estrangers. Que si nous voulons là dessus passer outre à une autre belle consideration dependant encore de ce propos, suivant les Thmurah, et Siruphs des Hebrieux, qui sont certaines commutations reciproques des lettres l'une pour l'autre; et changer R en L, car l'eschange de ces deux liquides est fort aisee, voire frequente, comme nous voions és petits enfans, et ceux qui ont la langue un peu grassette, dont ils besgaient aucunement, lesquels prononcent L, pour R; Il y aura Loi, de laquelle la justice est la fin intentionaire; et la loi l'ouvrage du Prince, comme met Plutarque au traicté Que les Princes doivent estre sçavans: Aumoien dequoy, disoit Agesilas Roy de Sparte, le bon Prince se doit laisser commander par les loix; car s'y soubsmettant, il soubsmet par mesme moien tout le peuple à son authorité et obeissance, puis qu'il est le manutenteur et executeur de la loy. " (www.chass.utoronto.ca - Blaise de Vigenère - Traité des chiffres).

Une page du Traité des Chiffres

" Yor le chasseur du futur " est un héros de bande dessinée italienne, Yor il cacciatore de Juan Zanotto, et devint le personnage principal d'un film qui fut un succès dans les années 1970, réalisé par Anthony M. Dawson, alias Antonio Margheriti. A côté de Reb Brown, Corinne Clery joue une sauvageonne et tourna déjà dans Histoire d'O et dans Moonraker comme James Bond's girl.

Mais YOR est surtout l'une des deux sources du Jourdain selon saint Jérôme, et DAN l'autre. Il s'agit sans doute plus de l'étymologie du nom même du Jourdain que des sources hydrologiques du fleuve. Nous verrons ce point précis après l'étude de la deuxième étoile du petit nonagone.

 


[1] Nigel Pennick, Runes, p. 65, Könemann, 1999