Partie IX - Synthèse   Chapitre LXVI - La Rose kabbalistique   La Tranche-sur-Mer   

La Tranche-sur–Mer

Le nom de la ville gauloise : CARVOR (Clan Cerf) subit des variantes : CARVOR TRUNCA, TRANCA, TRINCA, TRANCHEA, TRANCHA. "Truncare", en latin, signifiant "séparer en coupant", C. Delaire pense que la mer coupa la côte. TRANCHA dérivé de TRUNCA donna LA TRANCHE.

Selon une charte de 1227 – sans doute un faux d’époque, selon les spécialistes – Savary de Mauléon, personnage considérable et haut en couleurs, "seigneur de Châtelaillon, l’île de Ré, Angoulins, Benon, Mauléon, Fontenay, Marans et Tallemond" aurait épousé en secondes noces sa concubine Amabilis (ou Amable) du Bois, originaire de l’île de Ré, en l’église Saint- Nicolas de La Tranche. Même si ce document fut fabriqué de toutes pièces afin de sauvegarder les droits de son fils Raoul IV (né hors mariage) dans un procès sur fond d’héritage, il a le mérite de mentionner l’existence de la 1ère église (en fait une chapelle) "sur une terre de sable donnée en 1120 par Etienne de la Jarrie au seigneur abbé de Talmont. La mer entrait là, dans la partie basse du marais, en direction du lieu-dit le Jard. Ainsi l'église s'élevait à l'entrée du goulet de Jard, "ad gulam Jardi" (C. Delaire). Elle fut détruite par la mer au début du XVIIIe siècle. L’Eglise qui lui succéda en 1729 (sur la place de la Liberté) fut démolie pour cause de vétusté et remplacé en 1868 par l'église actuelle. Savary de Mauléon "marin audacieux" (pirata rapax) possédait une flottille redoutable dont les ports de refuge étaient Olonne (les Sables) et l'Aiguillon ...."(Abbé Poirier).

Le père de Savary, Raoul III, l'ami de Richard Coeur de Lion, fut enseveli dans le monastère des Moutiers-les-Mauxfaits. Savary et son fils Raoul IV furent enterrés dans l'église abbatiale de Saint-Michel-en-l'Herm (www.latranchesurmer.fr, Michel Boiral).

Le peuplement des dunes a affecté les trois principaux secteurs de massifs sableux, les Monts, l'Olonnais, la côte tranchaise. C'est dans les Monts qu'il paraît avoir été le plus important. Dès la première moitié du XIIe siècle, l'occupation permanente est un fait avéré. Les églises de Monts sont citées parmi les possessions de Marmoutier dans le diocèse de Poitiers en 1136. Cependant, il faut attendre la fin du siècle suivant pour que les principaux éléments de l'aménagement agricole des dunes apparaissent en pleine lumière, à l'occasion d'une confirmation de dons. Dans un paysage sablonneux où se détachent les pés, les hautes dunes, les exploitations paysannes se sont installées dans les parées, autrement dit dans les vallées des dunes. Des levées forment la limite entre les sables et les marais. L'occupation n'atteint, semble-t-il, son stade ultime qu'au XIVe siècle. Dans le cartulaire des cisterciens de La Blanche, la série continue d'actes relatifs aux Monts ne débute qu'en 1303, à partir du moment où s'opèrent les prises de rentes, dont quelques-unes en froment. Dans les sables du pays d'Olonne, la colonisation a progressé à partir des ports d'Olonne et de La Chaume. C'est au XIIIe siècle, qu'elle connaît une accélération spectaculaire, tout en prenant appui sur une mise en valeur déjà ancienne. Le temps fort en est la fondation des Sables d'Olonnes. En 1218, Savari de Mauléon, qui vient de se croiser, concède aux religieux de Sainte-Croix-de-Talmont établis à La Chaume, outre deux foires, l'emplacement d'un nouveau village, dans lequel les religieux pourront établir des hommes, à des conditions très favorables. Au débouché de la Plaine et des grandes seigneuries du Bocage, le village neuf connaît un développement remarquable qui tient avant tout à son port. L'occupation des dunes de La Tranche est beaucoup plus obscure. La fixation d'un habitat permanent s'effectue, semble-t-il, au début du XIIe siècle. Vers 1120, les religieux de Talmont reçoivent une terre dans les sables près de La Tranche pour y édifier une église. S'agissait-il de stabiliser une population ? La fondation réussit : en 1227, dans l'église vouée, naturellement, à saint Nicolas, Savari de Mauléon épouse Aimable du Bois (Jean-Luc Sarrazin, Le littoral poitevin (XIe-XIIIe siècles) : conquête et aménagement (2e partie)).

La Tranche n'était primitivement assise que sur l'extrémité orientale de la langue de terre mentionnée à l'article de Longeville, laquelle était baignée par deux mers. Aujourd'hui la langue de terre, couverte de sable, se trouve enclavée entre un marais fertile, au nord, et l'Océan qui l'a plus d'une fois submergée, au sud. L'emplacement de l'église de Saint-Nicolas (ad Gulam Jardi) où Savari de Mauléon fil bénir son mariage, au commencement du XIIIème siècle, d'après une charte dont l'original existe aux archives de Napoléon-Vendée, est actuellement à un kilomètre en mer. La Tranche, dans ces conditions, n'a pu conserver de monuments celtiques; elle n'a gardé que les traditions, qui sont un écho affaibli des croyances païennes.

On raconte, à l'occasion de la submersion de la Tranche, qu'un homme de cette localité ayant refusé de condescendre aux désirs coupables de la dame du château de Moricq, dont il était le tenancier, fut averti en songe, la nuit suivante en récompense de sa vertu, du malheur qui allait fondre sur sa patrie, et qu'il n'eut que le temps nécessaire de prévenir son curé et de sauver avec lui le mobilier le plus précieux de l'église.

On y parle d'un célèbre sorcier qui, après avoir cueilli un peu de mousse, à minuit, à la porte du cimetière, était emporté comme un éclair, à l'île de Ré, monté sur un cheval blanc. Il revenait dans le même équipage et avec une telle rapidité, qu'il ne faisait qu'effleurer l'onde amère, et que les arbres du continent s'inclinaient ou se brisaient à l'approche du coursier.

Les sorciers tiennent le sabbat sur les bords de la mer, à l'anse dite Coin de Maupas, et se mettent en communication avec ceux de l'île de Ré. Ils le tiennent aussi à la croisée des Bourbes, entre le bourg et le village de la Terrière. Un marchand de lunettes de la Gascogne, passant par là à l'heure de minuit, fut témoin de ce spectacle. Blotti dans un bouquet de verdure, que l'on montre encore, il fut forcé d'attendre le retour de la lumière pour continuer sa route. Arrivé au cheflieu, quel ne fut pas son étonnement, lorsqu'il entendit deux enfants s'écrier à son aspect : « ah! voilà l'homme que nous avons vu cette nuit au sabbat !

A la Tranche, les enfants sont admis au sabbat; mais il faut pour cela, qu'à l'heure dite, ils s'écorchent la main avec leurs ongles et qu'ils fassent couler le sang. En d'autres pays, on doit s'oindre avec de la graisse d'enfant. Deux jeunes gens, entraînés par leurs camarades, racontent que le sabbat est une réunion monstrueuse d'hommes et de bêtes qui dansent, qui folâtrent et poussent des cris à faire dresser les cheveux sur la tête. L'un d'eux, âgé seulement de quatorze ans, couchant, au temps de la moisson, dans une grange de la commune du Bernard, avec des glaneuses de la Tranche, avouait, un matin, au retour d'un sabbat qui l'avait horriblement fatigué, que le malin esprit l'avait présidé comme de coutume et, qu'avant la danse et le repas, tous les initiés lui avaient embrassé le derrière. Tous les livres écrits, depuis trois siècles sur le sabbat, nous parlent de cet hommage rendu au président, qui prend d'habitude la forme d'un bouc.

L'origine du sabbat est très-ancienne. Les uns la font remonter jusqu'à un certain Sabasius, disciple d'Orphée, qui lui aurait donné son nom. La source de ces orgies, suivant les autres, a pris naissance dans les bacchanales où l'on invoquait Bacchus en criant Saboê. Plusieurs prétendent qu'il tire son nom du sabbat des juifs, et cela avec d'autant plus de raison, qu'il a lieu les nuits qui précédent le jeudi et le samedi, et que l'on voit plus d'un juif, dans l'histoire de la sorcellerie, condamné à être pendu par suite de sabbats nocturnes, où l'on perçait des hosties et où l'on immolait de petits enfants.

Un dernier mot sur la Tranche : il est impossible de calculer le nombre d'êtres, même inanimés, sur lesquels les sorciers ont jeté des sorts. Nous n'en citerons qu'un exemple : le devin, pour guérir une femme malade, avait appliqué sur sa poitrine, un certain nombre de feuilles de sabine, avec ordre de les brûler, à onze heures du soir, dans la cheminée, avec une branche de sarment; au moment où s'accomplissait cette mystérieuse opération, les portes fermées à double verrou, un cousin, qui passait pour sorcier, apparaît soudain au milieu de l'appartement. Mal accueilli par la pauvre malade, il prend le fusil du mari, sort à la porte, le décharge en plein air, le retourne à sa place et disparaît. Le fusil ensorcelé n'a jamais pu fonctionner depuis, il a fallu le briser en morceaux et en vendre les débris. Le maître du fusil, âgé, à l'heure qu'il est, de 86 ans, disait à son curé, en lui racontant cette histoire: « Mon bon Monsieur le Curé, j'aime bien le bon Dieu, et je dis tous les jours mon chapelet pour le salut de mon âme, mais s'il est défendu dé croire aux sorciers, je n'irai jamais dans le paradis. » — Voilà le peuple (Annuaire, Société d'émulaton de la Vendée, 1862).

La Roue de sainte Catherine

Le Breuil, situé sur la route de grande communication n° 79, du Pont-Rouge à Jard, à deux kilomètres du Bernard, fut probablement un bois sacré, où les Gaulois avaient posé un de leurs dolmens, qui a résisté, en partie, aux injures du temps. Les tumulus du Pé et du Pé- Rocher n'en sont éloignés que de 1800 mètres environ. — Les fouilles exécutées en 1860, ont mis à découvert un tombeau gallo-romain, où le coin celtique et la tuile à rebord marquaient l'union et la fusion des rites de Rome et de la Gaule. — L'époque de l'invasion des barbares y est signalée par une tonnelle qui, selon toute apparence, était destinée, comme tant d'autres, dont l'existence est un fait acquis pour nous, à servir de point de mire pour transmettre les nouvelles par le moyen de signaux. Subissant les transformations successives apportées par les siècles, le Breuil eut, au moyen-âge, sa petite seigneurie. Une portion de son enceinte porte encore aujourd'hui le nom de Cour-du-Breuil, parce que les seigneurs y tenaient leurs assises, y rendaient leurs arrêts, et y percevaient leurs droits de cens et de terrage. La 11ème charte du Bois-Grolland fait mention d'Hervé du Breuil au xme siècle. Nos archives nous ont conservé les noms de Gabriel Urnoys, enterré dans l'église du Bernard, au milieu du xviie siècle; de Michel Urnoys, son fils dont la Dame était Renée Suzeneau, et de Léon-Michel Urnoys, mentionné en 1726, comme habitant le plus souvent sa maison noble de la Plissonnière, paroisse de Château-Fromage. La Cour du Breuil passa, en dernier lieu, à la famille de la Ménollière.

Au XIIIème siècle, le prieuré de Beaulieu (commune du Bernard au nord de La Tranche) dépendait, comme la chapelle du Breuil, de l'abbaye de Talmond, et que les religieux de Beaulieu pouvaient, à la volonté de l'abbé, remplacer les religieux du Breuil. Un autre lien unissait, à cette époque, le Bernard et Beaulieu. L'écuyer Hervé Battier avait fondé une chapelle, dont il était le patron, dans chacune des deux paroisses, comme on le voit dans le Pouillé du GrandGauthier. Celle du Bernard s'appelle encore Chapelle-Battier. Le chapelain de Beaulieu a pu mourir chapelain du Breuil et être enterré avec son sceau de Beaulieu.

En résumé, Guillaume de Mauléon posa la première pierre de la chapelle de Notre-Dame du Breuil, en 1212 ou en 1213, et il en fut le bienfaiteur, ainsi que son épouse Béatrix. Celle-ci se rendit célèbre par sa cruauté envers les petits enfants dont elle se faisait servir, à table, les membres palpitants, et par sa pénitence. Ses cendres reposent à l'abbaye des Fontenelles, près Napoléon-Vendée.

Piné et Guillaume d'Apremont, seigneur de Poiroux, l'enrichirent tour à tour de leurs dons. Enfin, Savary de Mauléon combla de ses grâces les moines qui l'habitaient.

Une partie des biens donnés aux moines, autour de la chapelle, forme de nos jours une métairie, dite de Jard, parce que de l'abbaye de Talmond, elle était passée à celle de Lieu-Dieu en Jard. La métairie de Villeneuve a été annexée à celle de la Borderie, qui appartint à l'abbaye d'Orbestier jusqu'en 1665.

Nous savons, par la tradition, que les moines établirent au Breuil, un pèlerinage en l'honneur de Sainte-Catherine. Lorsque la chapelle fut sécularisée et en partie détruite, le prieur du Bernard, pour rappeler le souvenir de cette dévotion, fit dessiner sur un des panneaux de l'autel de Saint-Yves, dans l'église paroissiale, un médaillon représentant Sainte-Catherine sur sa roue brisée. Cette miniature est appréciée par les artistes (Revue d'études historiques et archéologiques, Société d'émulation de la Vendée, La Roche-sur-Yon, 1864).

L'église de La Tranche, du XIXème siècle, est ornée d’une statue de la Vierge datant du XVIIIème siècle ainsi que d’une peinture du XVIIème siècle illustrant Sainte Catherine d'Alexandrie. Le symbole de la roue brisée peut signifier le remplacement des fêtes ponctuant l’année païenne par les nouvelles chrétiennes.

Rose

Sainte Catherine est aussi appelée la Rose d'Alexandrie.

Les comedias [espagnoles du XVIIème siècle] consacrées à sainte Agnès mettent l'accent sur les cheveux de la sainte, dont la légende raconte qu'ils couvrirent son corps lorsqu'elle fut placée nue sur un bûcher. Sainte Lucie est distinguée par ses yeux, sainte Catherine assimilée à une rose, tandis que sainte Barbe est désignée comme un « prodige des montagnes » ou comme une « arche de paix ». Les termes associés à ces saintes sont en fait des rappels de leurs attributs ou, plus généralement, de leur nature vertueuse. Par ces mots, le dramaturge indique les signes de la reconnaissance et l'élément le plus révélateur du modèle qu'il dramatise : sainte Catherine est désignée comme la rose d'Alexandrie en référence à sa perfection, à sa beauté, exaltée dans l'intrigue de ces comedias par tous les personnages qui l'entourent, mais aussi au sang versé dans le martyre (Cécile Vincent-Cassy, Les saintes vierges et martyres dans l'Espagne du XVIIe siècle: culte et image, 2011).

Un témoignage philologique vient confirmer enfin le rôle des jardiniers d'Alexandrie dans la transmission des espèces végétales vers l'Occident méditerranéen : en Sicile, le nom de rosa lixandrina apparaît plusieurs fois au XIVe et au XVe siècle pour désigner des rosiers de grande taille qui ornent la cour d'un hôtel ou le simple cortile d'un groupe de maisons ou d'une taverne. Il s'agit probablement d'une équivalence avec «rosé de Damas» ou «de Provins», c'est-à-dire de la rosé à cent pétales, mais il se pourrait que ce nom désignât la couleur de l'espèce, et ce serait alors le jaune. La rosé d'Alexandrie rappelle et résume toute l'histoire de la transmission des variétés végétales d'Orient en Occident, la sélection opérée dans les jardins des banlieues des grandes métropoles de l'Orient abbaside et fati-mide, Isfahàn, Damas, Alexandrie (Henri Bresc, Les cendres et la rose : l'image de l'Alexandrie médiévale dans l'Occident latin).

Des 16 avril

Le 16 avril, possible jour de Pâques

Athanase d’Alexandrie, fêté le 2 mai (voir Legé), présent à Nicée, écrit en 369 dans une épître aux évêques d'Afrique que "le concile fut réuni à propos de l'hérésie arienne et de la Pâque, parce que les chrétiens de Syrie, de Cilicie et de Mésopotamie étaient en désaccord avec nous [Alexandrie] et faisaient la fête au temps où les Juifs la font." Quand on regarde le comput d'Alexandrie pratiqué avant Nicée, on constate que tous les éléments énoncés au début de cette page y sont bien intégrés (www.louisg.net - Nicée).

« Ainsi le Concile de Nicée fixa trois points pour Pâques :

« l. Pâques doit toujours être célébré un dimanche;

« 2. Le dimanche après les ides;

« 3. Après les ides qui suivent l'équinoxe.

On ne sait cependant pas si le Concile admit pour l'équinoxe le 21 mars (comme les Alexandrins) ou le 18 mars (comme les Romains), ou s'il ne fit pas attention du tout à cette différence, comme le présume Ideler.

« Il nous semble, contrairement à Ideler, que le Concile remarqua fort bien cette grave différence, mais qu'il chercha à la résoudre tacitement, en décrétant, comme le rapporte saint Cyrille d'Alexandrie, « que l'Eglise d'Alexandrie, remarquable par ses connaissances astronomiques, ferait annuellement connaître à l'Eglise de Rome le jour des calendes ou des ides auquel Pâques devait être célébré, afin que toute l'Eglise fût avertie par l'autorité apostolique (de l'évêque de Rome) du véritable jour de Pâques ». Ainsi le Concile donna la préférence au calcul de l'Eglise d'Alexandrie et prit en même temps l'unique voie qui pouvait amener l'uniformité, Alexandrie calculant le jour de Pâques, Rome annonçant ce terme fixe à toute l'Eglise. Ceci est confirmé par ces mots de saint Ambroise : « Le Concile de Nicée, après avoir pris l'avis de plusieurs mathématicieus intelligents et sûrs, adopta le cycle solaire de dix-neuf ans ». Celui d'Alexandrie était précisé ment le cycle de 19 ans, qui fut ainsi de fait sanctionné par le Concile. Du reste, même après le Concile de Nicée, il y eut encore maintes différences dans la célébration de la pàque. Rome et Alexandrie même ne furent-pas toujours d'accord, car l'ordonnance qui avait arrêté que l'Eglise d'Alexandrie calculerait le temps pascal, et que celle de Rome le promulguerait, ne fut pas observée par les Alexandrins, ou bien leur calcul ne fut pas suffisamment suivi par les Romains. Il est de fait, et l'ancienue table pascale qu'on voit dans Ideler le prouve, que dans Rome, avant et après, on observa le cycle de 84 ans, lequel s'éloignait en plusieurs points du calcul alexandrin et aboutissait par là même souvent à une autre date pour le jour de Pâques.

« 1° D'abord le cycle de 84 ans calculait Pâques d'après les épactes et d'après la 1ère férie de janvier, par conséquent autrement que les Alexandrins.

« 2° Il plaçait la nouvelle lune un peu plus tôt, tandis qu'elle était trop reculée par les Alexandrins.

« 3e Il fixait l'équinoxe au 18, et non, comme les Alexandrins, au 21 mars.

« 4° Il partait du principe que, si la pleine lune tombe un samedi, Pâques ne devait pas être célébré immédiatement le lendemain, comme le faisaient les Grecs (et comme on le fait encore).

« Il arriva par là que souvent les Romains célébraient leur pàque dans un autre temps que les Alexandrins, et même que les Milanais, qui se réglaient d'après Alexandrie. On en vint à des négociations relativement à cette divergence en 387, car, celte ânnée-là, les Romains célébraient Pâques le 21 mars, tandis que les Alexandrins, qui n'admettaient l'équinoxe qu'à dater du 21 mars, la célébraient cinq semaines plus tard, c'est-à-dire le 25 avril. Théodose-le- Grand ayant demandé à l'évêque Théophile d'Alexandrie des explications sur cette différence, Théophile répondit à ce désir et rédigea, en s'appuyant sur les principes connus d'Alexandrie, une table pascale dont on n'a conservé que le prologue.

« Cyrille d'Alexandrie abrégea la table pascale de son oncle Théophile et donna une table pour 95 ans, allant de 436 à 531 après Jésus-Christ. En outre il démontra, dans une lettre adressée au Pape, en quoi consistait l'erreur du calcul des Latins. Il s'ensuivit que Léon Ier conforma le calcul romain au calcul d'Alexandrie. Mais il faut surtout remarquer que vers ce temps prévalut une opinion contraire à celle des anciens Pères, savoir que le Christ avait encore mangé l'agneau pascal le 14 Nisan, qu'il était mort le 15 (et non le 14 comme l'admettaient les anciens), qu'il était demeuré enseveli le 16 et était ressuscité le 17. C'est ce qu'explique en détail Protérius, évêque d'Alexandrie vers le milieu du cinquième siècle.

« En 457 Victorius d'Aquitaine, à la demande de l'archidiacre romain Hilaire, fit une nouvelle tentative pour rapprocher le calcul de Rome de celui d'Alexandrie, et, lorsque Hilaire devint Pape, il introduisit vraisemblablement ce calcul.

« Dans ce nouveau cycle les nouvelles lunes étaient exactement déterminées, les plus grandes différences entre les Latins et les Alexandrins évitées, de sorte que la pàque latine ne différait plus, ou presque plus, de la pàque alexandrine. Dans le cas où le jour des ides était un samedi, Victorius ne décidait pas si la pâque devait être célébrée le dimanche suivant (avec les Alexandrins) ou plus tard. Il mit les deux dates dans son tableau et voulut abandonner au Pape la décision des cas particuliers ».

« Malgré cela il y avait encore des différences, et ce fut Denys le Petit » qui eut le mérite de donner aux Latins, en s'appuyant sur le cycle de 19 ans, une table pascale qui répondit complètement au calcul alexandrin et qui introduisit ainsi l'harmonie dans la pratique de la pâque. Rome et presque toute l'Italie adoptèrent son calcul, tandis que dans les Gaules on conserva à peu près partout le canon de Victorius, et que les Bretons maintinrent le cycle de 84 ans, avec un perfectionnement dû à Sulpice Sévêre. Lorsque l'heplarchie eut été christianisée par les missionnaires romains, les nouveaux convertis adoptèrent le calcul de Denys, tandis que les anciens Chrétiens bretons du pays de Galles conservêrent la vieille coutume et donnèrent ainsi naissance à la fameuse controverse pascale des. Bretons, qui fut importée dans les Gaules par l'intermédiaire de Colomban. Ce ne fut qu'en 729 que la majorité des anciens Bretons admit le cycle de 19 ans. Il avait été adopté en Espagne, peu après la conversion de Reccared. Au temps de Charlemagne il l'emporta en Occident sur toutes les contradictions et unit ainsi toute la chrétienté dans une même pratique, les Quartodécimans de leur côté ayant disparu (Paul Guérin, Les conciles généraux et particuliers, Volume 1, 1868).

Le 16 avril dans l’histoire de la Vendée

Apremont passa dans la famille de La Trémoïlle qui possédait également Talmont à quelques kilomètres de là et en portait le titre de prince. Louis XIII fit un bref séjour un soir de bataille, le 16 avril 1622, au château. Le roi ne se débotte que le soir à huit heures, au château d'Apremont-sur-Vie. Il a été vingt heures sans se reposer, dont dix-huit heures à cheval. Chez Louis XIII, l'ivresse de l'action ne se sépare pas du sang-froid dans la bagarre. Il célèbre, dans l'église d'Apremont, en l'honneur de ses succès contre Soubise dans l'île de Riez (cette île était alors une île véritable).

Armand Jean Du Plessis de Richelieu, future cardinal, placé à la tête de l'Eglise de Luçon par le Pape Paul V, obtint à 31 ans le titre de "Secrétaire d'Etat". Il réorganisa le diocèse. L'érection de notre paroisse en cure date de 1615.

Il naquit le 5 septembre 1585 au château de Richelieu, dans le Haut-Poitou. Il fut nommé à l'évêché de Luçon, n'ayant encore que vingt-deux ans; mais il partit pour Rome, afin de solliciter ses bulles et une dispense d'âge, que ses talents lui firent facilement accorder. Le pape Paul V lui dit môme à cette occasion : jEquum est ut qui supra œtatem sapis infra œtatem Ordineris. Il fut sacré par ce pontife le 16 avril 1607, et fut fait cardinal en 1622. Il prit possession le 21 décembre 1608, visita son diocèse, répara par ses soins les maux qu'avaient produits les guerres de religion, tint ses synodes, en publia les statuts, et donna un catéchisme nouveau. C'est à son zèle éclairé et à l'énergie de son caractère que le diocèse dut l'extinction presque totale de l'hérésie, la création d'un séminaire. Il se démit de l'évêché de Luçon le 5 juin 1623, mourut à Paris le 4 décembre 1642, âgé de cinquante-huit ans, et fut inhumé dans l'église de la Sorbonne, laissant un nom dont les siècles n'ont fait que grandir la renommée (Eugène Aillery, Pouillé de l'Evêché de Luçon, 1860).