Et si c'est pô ça, on aura appris des choses quand même
Rupert Rideec
La Montagne fleurie, le Mont fleuri, Les Béatitudes etc.
Le ‘Mont des Béatitudes’ du ronde bosse de l’église de Rennes-le-Château, dit aussi ’la Montagne Fleurie’ est une grande fresque, œuvre sculptée quasiment en complet volume et dont le relief se détache du fond d’un décor peint - situé à gauche, au dessus du confessionnal, en entrant dans l’église de Rennes-le-Château. Cet immense décor fut commandité par Saunière lors des travaux de décoration de son sanctuaire. On y voir Jésus sur une hauteur étendant sur onze personnages si tient compte d’un bébé porté par une femme. Quatre se trouvent à gauche et sept (avec le nouveau-né) à droite… Sous cette scène on lit la fameuse phrase : (www.societe-perillos.com - Ave Mariani 3).
VENEZ A MOI VOUS TOUS QUI SOUFFREZ ET QUI ETES ACCABLES ET JE VOUS SOULAGERAI
Comme pour les anges du bénitier, le chemin de croix, le site nonagones.info considère la fresque au dessus du confessionnal comme une carte géographique. L'hypothèse est qu'elle concerne le centre du signe de croix : la région de Naucaze, Saint-Julien de Toursac, Rouziers, Boisset.
Les roses
Le bourg de Rouziers était un Rosarium, lieu des églantiers (Dauzat 1963).
Rogerium, XIVe siècle (Pouillé de Saint-Flour) \ Rougier, 1573 ; Rogès, 1576 (livre des achaps d'Antoine de Naucaze) \ Routgier, 1622 (état civil d'Aurillac) \ Rogiers, 1628 (paraphrase sur les coutumes d'Auvergne) \ Rogié, 1641 (état civil de Saint-Mamet) \ Rogier, 1645 ; Rouget, 1650 ; Rougeit, 1654 ; Rozier, 1662 (état civil de Parlan) \ Rougié, 1668 (état civil de Maurs) \ Rougières, 1668 ; Rougiers, 1669 (nommée au prince de Monaco) (www.serve.aprogemere.fr - Rouziers).
Rouziers était, avant 1789, de la Haute-Auvergne, du diocèse de Saint-Flour, de l'élection et de la subdélégation d'Aurillac. Il était le siège d'une justice seigneuriale régie par le droit écrit, et ressortissait au baillage d'Aurillac, en appel de la prévôté de Maurs. Son église, dédiée à saint Martin, était un prieuré et la cure était à la nomination de l'évêque. Elle a été érigée en succursale par décret du 28 août 1808.
L'église est sous l'invocation de saint Martin , et sa construction fort ancienne. Sa longueur est de 13 mètres sur 4 m. 25 c. de largeur; deux chapelles y forment la croix. Elle était érigée en prieuré. Antoine de Montal en fut prieur en 1520; Louis d'Auvergne, curé en 1671; Guy Lafage l'était en 1705; Jean la Calmontie, prieur en 1742 ; Jean Toyré, curé en 1774. L'église a été reconstruite en un autre emplacement après la seconde guerre mondiale.
Il a existé, au XIIIème siècle, une famille de Rouziers. Guillaume et Pierre de Rouziers, damoiseaux, vendirent, en 1299, à Bernard de Durban, certaines rentes. Rigal, Marc et Pierre de Rouziers, damoiseaux, étaient, en 1317, coseigneurs du château fort de Toursac. Cette famille se fondit plus tard dans celle de Reilhac (Déribier Du Châtelet, Dictionnaire statistique du département du Cantal, Volume 5, 1857).
D'après Bouillet, Pierre Rogiers, troubadour du milieu du XIIe s. ayant célébré Ermengarde de Narbonne et Alphonse II d'Aragon serait un membre de la famille éponyme. L'auteur cite ensuite "Armand et Jean de Roger" en 1234, François en 1260 et Raymond entre 1295 et 1306. Du troubadour Peire Rogiers on sait seulement que "Peire Rotgiers si fo d'Alvernhe, Canorgues de Clarmon" (biographie du XIIIe s. La Salle de Rochemaure 1910 p.342). C'est peu pour affirmer qu'il s'agisse du Rouziers du Carladez : des homonymes existent en Basse Auvergne, plus près de Clermont. La famille transige avec l'abbé de Maurs en 1295, ainsi qu'avec Géraud de Naucaze en 1298, au sujet d'un affar situé paroisse de Boisset et acquis du premier (N.A. V p.419). Il s'agit donc d'une famille éponyme plérothique. La "parochia de Rotgier" apparaît dans les textes en 1265 (H.V.C. I-18). La même année, un "capmansi de Rotguier" est cité en hommage à Carlat par Géraud de Saint-Mamet (H.V.C. I-22). Un "Guillelmus de Rotguier" signe cette reconnaissance. En 1280, Guillermus, Hugone, Marchus et Petro "de Rogier", coseigneurs de Toursac, font hommage à Carlat de biens situés dans les paroisses de Boisset, Vitrac, Saint-Mamet, Roumégoux, ainsi que "domum et ortum que habemus a Rogier et domus contiguatur cum ecclesia (...) et omne illud que habemus in affario de Roger" (H.V.C. I-166). Les seigneurs éponymes possèdent donc deux domus au bourg, dont une près de l'église. "Rigals et P. de Rogier" sont également cités comme témoins au XIIIe s. dans le cartulaire de Notre-Dame-du-Pont (Cart. N.-D. du Pont n°34). Toujours en 1280 est citée la "parrochia de Rogier" (H.V.C. I-167). D'après Deribier, Guillaume et Pierre de Rouziers vendent des rentes à la famille de Durban en 1299. En 1317, Rigaud, Marc et Pierre de Rouziers étaient coseigneurs de Toursac (D.S.C. t.V p.148). "Rogerium" est mentionné au XIVe s. dans le pouillé de Saint-Flour (Amé 1897 p.1138). En 1365, le vicomte de Carlat disposait de quinze feux dans la "paroice de Rogier" (H.V.C. I-283). L'église est dédiée à saint Martin de Tours. Le bourg médiéval de Rouziers (Vieux-Rouziers actuellement) était édifié sur un replat à flanc de coteau ; l'église était située sur une plate-forme en marge du chemin y conduisant.
L'examen du cadastre du XIXe s. montre l'église romane et son chevet hémicirculaire, flanquée d'un cimetière en demi-cercle entourant l'est et le sud de l'édifice (B 528 - 529). Près de l'église se trouvent deux maisons de grandes dimensions. L'étude de l'édifice, avant sa démolition et son déplacement près de la route nationale, a été faite par A. Beaufrère. En voici l'essentiel : L'abside demi-circulaire était couverte en cul-de-four ; elle était éclairée par trois baies (ou une baie axiale ?). Le choeur est couvert d'une voûte en berceau ; il est séparé de l'abside par un arc doubleau retombant sur des colonettes frustes à base moulurée. Un arc triomphal sépare le choeur de la nef ; il repose sur deux colonnes. Un chapiteau est historié (sirènes et lions, masques humains aux angles) ; l'autre, surmonté d'une frise de peltes, présente des motifs végétaux stylisés. Une base est décorée d'imbrications, l'autre de rainures verticales. L'ensemble est en granite. La nef mesurait huit mètres de large ; le portail le plus ancien était situé sur le flanc sud. Enfin à l'extérieur de l'abside, trois contreforts étaient visibles ; certains modillons étaient décorés de boules ou de masques humains. Le parement de l'ensemble de l'édifice (à l'exception de deux chapelles latérales gothiques) était constitué de moellons de granite de moyen appareil à lit régulier, comme à Ladinhac. Des trous de boulins étaient visibles. A noter enfin la présence de fonts baptismaux. L'église a été fidèlement reconstituée à son nouvel emplacement, avec les matériaux provenant de l'ancien édifice. L'analyse du décor architectural et de la structure de l'édifice permettent d'avancer une date relativement tardive (chapiteau à feuillage stylisé, bases développées, modillons "à boules" ...) : le courant et sans doute la seconde moitié du XIIe s., voire le début du XIIIe s., compte tenu de la permanence des traditions romanes dans la région. L'église de Jou-sous-Monjou offre avec cette église un parallèle intéressant, bien qu'il s'agisse d'un édifice plus précoce.
Le terroir de Rouziers paraît peu peuplé à l'époque antique, à l'exception d'un toponyme en –ac situé dans la plaine du nord. L'occupation du haut Moyen Age reste elle aussi totalement inconnue, mais l'église paroissiale Saint-Martin peut avoir une origine ancienne ; c'est en tous cas un édifice roman important - pour la région - au XIIe s. Depuis l'an Mil, la famille vicomtale de Carlat y possède en propre des biens (vignes). Au XIIIe s., le terroir est quasi-entièrement contrôlé par les coseigneurs de Toursac ; la famille de Saint-Mamet et surtout la famille éponyme de Roziers, qui disposent de deux domus près de l'église. Ils sont dans la mouvance directe du vicomte de Carlat. La famille de Reilhac, apparue vers 1300, fait exception en rendant hommage à Clermont. La présence d'un "manse Saint-Géraud" au XIVe s. est peut-être le signe d'anciennes possessions de l'abbaye. Quoi qu'il en soit au XIIIe s. le terroir paraît assez densément peuplé ; de nombreux domaines ont même disparu depuis la fin du Moyen Age. L'importance du chef-lieu de Rouziers est vraisemblablement liée à sa proximité immédiate avec Toursac. Les deux maisons fortes attestées aux XIIIe-XIVe s. sur le territoire de la paroisse appartiennent d'ailleurs à des lignages de coseigneurs de Toursac. Il nous paraît difficile, au vu de la forme et de la taille de la paroisse de Rouziers d'y voir un chef-lieu de paroisse primitive, malgré sa dédicace à saint Martin (Jean-Luc Boudartchouk, Le Carladez de l’Antiquité au XIIIe siècle, Terroirs, hommes et pouvoirs, 1998).
Le sac troué
Mais celui qui veut sauver tous les hommes a plus d'un tour dans son sac (Bernard de Clairvaux)
Jacques Brault, L'Expérience de Dieu avec Bernard de Clairvaux, Les Editions Fides, 1999, p. 101
Et de même le Christ en croix était, aux yeux de saint Augustin, comme un sac mis en pièce pour laisser enfin se répandre les parfums et remèdes de sa divinité (hal.archives-ouvertes.fr - Jean-Pierre Albert, La légende de sainte Marguerite : un mythe maïeutique ? 1988).
Toursac remonte à un Turcius + acum, anthroponyme latin (Morlet 1985 p.197).
Il a existé anciennement un château très-fort à Toursac; sa suzeraineté appartenait aux vicomtes de Carlat. En 1317, Isabelle de Rodez, vicomtesse de Carlat, dame de Toursac, transigea avec les coseigneurs de cette forteresse au sujet de la garde du chàteau, qui depuis longtemps était l'un des remparts du pays. Tous les seigneurs reconnurent la haute justice de la dame de Carlat, et s'obligèrent de garder et défendre cette place. Voici le nom des contractants: Rigal de Durban, Raymond de Pleau, Bertrand de Trémouille, Reymondet de Parlan, Hugues de Parlan, Bertrand d'Escadre, Béranger Dumas, Geraud de Vigier, Amaury de St-Mamet, Rigal de Rouziers, maître Etienne de Naucase, Raymond de Méallet, Guy de Solignac, Guy de Rilhac, Guillaume du Breuil, Raymond de Maleplanhe, Raymond Moysset, Guérin de Messac, Hugues de Boisset, Pierre de La Tour, Bégon de Méallet, Rigaud de Murat, Martin de Rosiers, Pierre Rochefort, chevaliers nobles du château de Toursac. Le traité fut passé en présence de Girard de Naucase, bailli de Cariat, et d'Hugues Fabry, juge. Le château et les revenus furent partagés. La comtesse en eut la moitié. Le roi approuva ce traité en 1319.
En 1315, le château de Toursac appartenait en partie A Guillaume de Mevrinhac ; sa châtellenie était considérable; les limites en avaient été réglées, en 1280, entre le vicomte de Carlat et les amphitéotes. En 1355, Hugues de Méallet, damoiseau, seigneur de Beaufort, avait une part du château ; à la même époque. Aymeri de Mur et Pierre de Durban jouissaient de la moitié. En 1374, Bertrand de Rochefort possédait à Toursac une maison fortifiée; Bernard de Rouziers y avait aussi un repaire. En 1468, il intervint une transaction entre le vicomte de Carlât et le seigneur de Méallet de Fargues, sur l'arbitrage de Guillaume de Itresons, par laquelle le seigneur de Fargues fut dispensé de concourir à la garde du château de Toursac, à cause de la forteresse de Fargues.
On doit conclure de ce que nous venons d'exposer, que Toursac était non seulement un château fort, mais qu'il formait une forteresse composée de maisons et de bâtiments fortifiés, ceints par une muraille, ce qui viendrait confirmer la tradition populaire qu'en ce lien il y avait jadis une ville qui aurait été détruite à l'époque de la guerre avec les Anglais. A peine aujourd'hui voit-on quelques ruines qui puissent indiquer sa place (Déribier Du Châtelet, Dictionnaire statistique du département du Cantal, 1855).
On trouve un Saint Julien de Trousac, p. 81 de Martial Lamotte, Flore du plateau central de la France, 1877, au sujet d'une plante de cette région.
Ordre des Crucifères / Sous-ordre 1. Siliquosae / Trib II Sisymbreae / genre Hesperis / matronalis aujourd'hui Ordre Capparales / Famille Brassicaceae / Genre Hesperis.
La julienne des dames (Hesperis matronalis) est une plante à fleurs pourpres, parfois blanches, de la famille des Brassicaceae . Elle est connue aussi sous les noms de girarde, giroflée des dames, violette de Damas, cassolette beurrée, aragone, lis de Sainte Catherine, petit lis du calvaire, racine d'or, couronne impériale.
Le terme Hesperis vient du grec hesperos "soir", en raison de l'agréable parfum que diffusent ses fleurs en fin de journée. Le terme matronalis signifie en latin "dames' (fr.wikipedia.org - Julienne des dames).
Martial Lamotte note l'existence de cette plante à Saint-Julien d'après l'observation de frère Héribaud, né à Boisset (à côté de Saint-Julien) en 1841, mort à Clermont-Ferrand en 1917 et contemporain de Béranger Saunière.
Jean Baptiste Caumel, Frère Héribaud-Joseph en religion, frère des Ecoles chrétiennes, fut professeur au pensionnat Godefroy de Bouillon (Clermont-Ferrand), il a mené des études sur les plantes d’Auvergne. Grand spécialiste de la botanique, il fut membre de plusieurs Instituts : Lauréat Institut de France, Membre de la Société Botanique de France, Membre de l’Académie Internationale de Géographie Botanique (Directeur 1898). Il a produit de nombreux ouvrages particulièrement détaillés. Son herbier est, quant à lui, conservé au British Museum. Il a écrit Flore d’Auvergne, 1883 ; Notice sur quelques menthes observées dans le département du Cantal, 1881 ; Les plantes parasites de la flore d’Auvergne, 1889 ; Les diatomées d’Auvergne, 1893 ; Les grimmia de la flore d’Auvergne, 1898 ; Les muscinées d’Auvergne, 1899.
Les Ecoles chrétiennes sont fondées par Jean-Baptiste de La Salle, né à Reims en 1651 et mort à Rouen en 1719. Aîné d'une famille bourgeoise de 11 enfants, il étudie à Reims puis au séminaire de St Sulpice et à la Sorbonne, à Paris. Puis de nouveau à Reims. Fin 1685, Jean-Baptiste crée un séminaire de maîtres de campagne, sorte de première école normale, pour répondre aux besoins de petites écoles de la campagne surtout. Ouverture à Vaugirard du premier noviciat de la "société", signe de sa croissance et du besoin de formation de base. Approbation de la Règle par un premier Chapitre général dans les jours précédents et qui formule le vécu des communautés. Jean-Baptiste avec douze frères émettent des vœux perpétuels d'obéissance, d'association pour tenir les écoles gratuites, et de stabilité. Ainsi se trouve fondée la "Société des Écoles chrétiennes" (terme de l'époque). Vendredi Saint, Jean-Baptiste décède à Rouen, à presque 68 ans. Jean-Baptiste de La Salle est canonisé en 1900 (www.archives-lasalliennes.org, boisset-cantal.fr - Héribaud).
Les Frères des Écoles Chrétiennes sont des religieux laïcs (non prêtres), disciples de St Jean-Baptiste de La Salle. Ils vivent en communauté.
Le buisson, le curé courbé et son parapluie
Boisset (1225) remonte au latin buxetum, de buxus = buis ou buisson.
Courbé sous le joug révolutionnaire
La loi du 16 juin 1881, nommée d'après le ministre de l'Instruction publique Jules Ferry, rend l'enseignement primaire public et gratuit, ce qui permit de le rendre ensuite obligatoire par la loi de 1882, qui impose également un enseignement laïque dans les établissements publics. Votée par les « Républicains opportunistes » sous la Troisième République, ces lois sont d'abord une victoire contre la droite monarchiste, évincée du pouvoir après la crise du 16 mai 1877. Avec les lois de 1884 amendant les lois constitutionnelles de 1875, elles sont un pas décisif dans la consolidation du régime républicain et dans l'établissement de la laïcité. La révision constitutionnelle de 1875 abroge en effet le paragraphe 3 de l'article 1er de la loi constitutionnelle du 16 juillet 1875, qui stipulait que « le dimanche qui suivra la rentrée, des prières publiques seront adressées à Dieu dans les églises et dans les temples pour appeler son secours sur les travaux des assemblées ». Les lois Ferry, à la base de la « République des instituteurs » (Mona Ozouf et Jacques Ozouf), ont pour conséquence une scolarisation quasi-complète — donc une alphabétisation et une « francisation » — des enfants français, s'inscrivant ainsi dans le projet des Lumières d'émancipation du peuple souverain (fr.wikipedia.org - Lois Jules Ferry).
Le Moniteur décréta la guerre contre cette “machine infernale”. Dieu chassé des églises, des parents sanctionnés, quand les riches pourraient faire donner à l'étranger l'éducation de leur choix, tel était l'avenir prédit à un pays, à une patrie qui perdrait son âme et sa raison d'être. Le biographe du frère Amance sous-entendait que la laïcisation avait causé sa mort : “Cette proscription de l'événement divin dans l'instruction de l'enfant était la négation brutale de sa vie toute entière d'instituteur chrétien”. La Semaine catholique s'en prit à la Chambre qui faisait œuvre de “déchristianisation française”. Contre cette œuvre diabolique, le prêtre devait être “cet insolent que le joug révolutionnaire n'a pas encore courbé”. Provocateur, l'organe de l'évêché [de Saint-Flour] invoquait, pour montrer la légitimité de la liberté religieuse, les droits de 1789, ce qui ne l'empêchait nullement de les décrire plus loin comme “subversifs” (Christian Estéve, À l'ombre du pouvoir: Le Cantal du milieu du 19e siècle à 1914, 2002).
Dans l'ensemble, le clergé du Cantal accueillit les premières réformes avec un certain enthousiasme. Il y eut peu d'hostilité déclarée aux décrets de novembre 1789 et février 1790 dans le clergé régulier : la plupart de ses membres furent manifestement satisfaits de recevoir une généreuse pension contre l'abandon de leurs vœux monastiques. Seules les religieuses restèrent fidèles à leur vocation (50). La réaction du clergé séculier devant la "Constitution civile" fut à peu près semblable : à quelques exceptions près, le bas clergé y trouvait un avantage financier considérable, car la plupart vivaient sur une portion congrue misérable ; et toutes les réserves qu'ils auraient pu formuler restèrent secrètes dans l'attente de l'avis du pape. Mais le silence prolongé de Rome incita la Constituante à hâter le dénouement : le décret du 27 novembre 1790, sanctionné a contrecœur par Louis XVI quelques semaines plus tard, obligea tous les "fonctionnaires publics" ecclésiastiques à prêter le "serment civique" de fidélité à la nation à la loi et au roi. [...] Selon les statistiques envoyées au gouvernement en mai 1791, 300 membres du clergé séculier cantalien prononcèrent le serment constitutionnel, 215 environ refusèrent. Géographiquement, les paroisses de jureurs et de non-jureurs tendaient à former des blocs : les régions les plus solidement réfractaires furent les cantons de Chaudes-Aigues (87,5 % de refus), Saint-Flour (77 %), Montsalvy (72 %) et Maurs [où se trouve Boisset]. [...] La première étape de l'instauration de l'Eglise constitutionnelle dans le département fut l'élection au siège épiscopal de Thibault, ancien curé de Souppes (Seine-et- Marne) et député à la Constituante. Cependant, le 13 mars à Saint-Flour, l'assemblée électorale réunit 180 électeurs seulement, sur 390, et l'absence de plusieurs figures de marque du ne passa pas inaperçue. [...] Mais, dans l'ensemble du département, et particulièrement dans les campagnes, ce sont surtout l'élection et l'installation des curés constitutionnels qui provoquèrent les troubles religieux de mai et juin (après les assemblées électorales des districts, en mars et avril), de l'automne et de l'hiver 1791 (après les assemblées de septembre). [...]
A Boisset ou Sénezergues par exemple, le curé constitutionnel bénéficia de l'appui de tous les municipaux, ou d'une partie d'entre eux, mais rencontra l'opposition de la plupart des habitants du lieu. Ainsi, l'hostilité des campagnes à l'Eglise constitutionnelle, dans le Cantal, reposa généralement beaucoup plus sur des questions de personne que sur l'affirmation de principes ou d'une doctrine religieuse.
Mais l'épisode le plus grave, le plus lourd de conséquences, aussi, se produisit en décembre, à Boisset, où le curé réfractaire avait mis beaucoup d'ardeur à semer l'agitation, quelques mois plus tôt : durant la messe du matin de Noël, un coup de feu fut tiré sur Dommergues, le curé constitutionnel, qui fut sérieusement blessé.
A Boisset, Jalenques, le curé réfractaire, avait fait la remarque, disait-on, qu'"il n'y avoit de vray évêque que l'ancien et que le nouveau avoit été établi par les protestants". Selon Pagès, Jalenques exprima même l'opinion "qu'il valoit mieux tuer les enfants nouveaux nés que de les laisser baptiser par les pasteurs civiques et constitutionnels" (Jonathan R. Dalby, Les paysans cantaliens et la Révolution française, 1789-1794, 1989).
Aurillac, dans le Cantal, est la capitale française du parapluie
La légende veut que la Jordanne, rivière qui traverse Aurillac, charriait des paillettes d’or. Cet or était échangé contre du cuivre que rapportaient les pèlerins revenant de Saint-Jacques-de-Compostelle. Ainsi naquit dès le Moyen Age à Aurillac une tradition de batteurs de cuivre, les dinandiers. A partir de ce cuivre étaient réalisées les pièces métalliques entrant dans la fabrication des parapluies : noix, coulants, aiguillettes. Les forêts cantaliennes étant riches, une industrie de mâts et de poignées en bois, s’y est développée. Enfin, les paysans cantaliens qui allaient en Espagne vendre leurs chevaux, ramenaient de la toile de coton. C’est à partir de celle-ci que furent confectionnées les premières couvertures. Tout était donc réuni, pour faire d’Aurillac le berceau du parapluie français.
A partir de la Monarchie de juillet, le parapluie devint à la mode, ce qui décida beaucoup de paysans du Nord et du Nord-Ouest du Cantal, comme du Bassin d'Aurillac, à en vendre ; mais ce trafic existait depuis la fin du XVIIIème siècle et le début du XIXème siècle.
Le colportage des parapluies a précédé, en Haute-Auvergne, l'installation des fabriques. Dans les enquêtes du premier Empire, on trouve une semblable émigration, non seulement dans la « Terre Sainte des leveurs » (Cézallier), mais dans les cantons de Laroquebrou (près d'Aurillac) et de Massiac. De nombreuses études font état du phénomène ainsi que des recherches basées sur des séries de passeports. « En 1828, est inscrit aux patentes, Jean-Baptiste Fontrouge " fabricant et marchand de parapluies ". Les recensements successifs, les rôles fiscaux, porteront de telles indications en nombre croissant. Il est difficile de distinguer fabricant et marchand. La confusion persiste jusqu'en 1900». Si on veut à tout prix trouver un fondateur à l'industrie du parapluie aurillacois, c'est à Alexandre Periez qu'il faut attribuer cette paternité. Les témoignages du géographe Durand, de l'historien Leymarie et du fabricant Dalbin concordent sur ce point. Cet enfant de Marma- nhac naît en 1820, accompagne son père qui est « ogimbaïre », c'est-à-dire raccommodeur d'ustensiles usagés. Ils fréquentent les Deux-Sèvres. Entre 1841 et 1845, Periez acquiert le magasin de l'orfèvre Gamet sur la place d'Armes à Aurillac Il est porté comme « marchand de parapluies » au recensement de 1846.
Redonnons la parole à l'historien : « C'est l'époque où des mécaniciens lyonnais remplacent les baleines par tubes d'acier creux. Révolution considérable. Le parapluie change du tout au tout. Il va devenir moins grand, plus maniable et surtout meilleur marché. Alors, se crée et se développe, à Aurillac, une industrie qui bénéficie d'une main-d'œuvre peu exigeante quant au salaire ; et surtout d'une multitude de chineurs. » En somme, les colporteurs et raccommodeurs ont précédé les fabricants mais ceux-ci, pour écouler leur production, redonnent un essor prodigieux au métier de la chine. Reconversion qui arrive à point nommé, car la chaudronnerie commence à décliner. Periez suscite bientôt des imitateurs. En 1875, on cite Lafon et Bois. Puis au début du siècle Uzol, Lancelot, Poignet etc.
La société Piganiol est la plus ancienne fabrique de parapluies encore existante à Aurillac. En 1884, Jean-Baptiste Poignet crée la société 16 rue des Fossés. En 1911 Jean Delort s'associe à J.B. Terrisse et prend la succession de J.B. Poignet. Gendre de Jean Delort, René Piganiol entre dans la société en 1928. Il succède à son beau-père à la tête de l'entreprise en 1931 (fr.wikipedia.org - Piganiol Parapluies, www.piganiol.fr, Marc Prival, Les migrants de travail d'Auvergne et du Limousin au 20e siècle, 1979).
L'estropié ou le boiteux torse nu
Saint Eutrope, réputé pour guérir les maux de tête et les estropiés, est connu dans le Cantal (Saint Saury, Marcolès, Chalvignac...).
Comme beaucoup d'autres, le pèlerinage de Mauriac est aujourd'hui bien oublié, malgré la présence de la Vierge noire et d'un superbe tableau du XVIIe siècle montrant les miracles de la Vierge. Ce tableau anonyme témoigne d'ailleurs de la persistance et tout à la fois de l'adaptabilité de la dévotion première, puisqu'on y voit des estropiés guéris, abandonnant leurs béquilles, et un personnage montrant les entraves dont la Vierge l'a libéré (Pierre Moulier, La Basilique Notre-Dame des Miracles de Mauriac, 2006).
Estrossai, 1373 (PB 181); = occ. estroussat «mal bâti, estropié, contrefait» (Ernest Nègre, Toponymie générale de la France: Tome 3, 1998).
Saint-Julien d'Estroussat est donné pour Saint-Julien de Toursac comprenant Les Estresses dans (Pierre Louis Joseph Bétencourt, François Morand, Noms féodaux: t. Jab-Quo (Volume 3), 1867).
Vous parle de lougtemps : lo porroquio d'Ytrat / Olero, obio l'Obat Bouquié coumo Curât / Oquero un poueto, un felibre / Qu'obio fat proutchis bers per n'en coumpousa un libre / Deis bers qu'erou pas estroussats ni gorrels :
Je parle de longtemps, la paroisse d'Ytrac / Avait alors l'Abbé Bouquier comme curé / C'était un poète, un félibre / Dont les vers auraient pu former un livre entier / Des vers qui n'étaient pas estropiés, ni boiteux (Félix de la Salle de Rochemaure, Les Troubadours Cantaliens, Tome II, 1910).
L'église de Saint-Julien de Toursac est probabalement dédiée à saint Julien de Brioude. De la famille de Rogiers dont 1es domaines s'étendaient sur les paroisses de Rouziers, Saint-Julien-de-Toursac, Leynhac, Marcolès et Boisset. un des plus anciens membres connus, Guillaume Bogiers fit, en 1067, des dons considérables de terres au Chapitre de Brioude.
Aussi, dans les actes de sa vie recueillis par les Bollandistes ont peut lire :
Au lieu même où le saint martyr fut décapité existe une fontaine splendidement décorée, qui laisse couler des eaux abondantes el limpides: c'est la fontaine où fut lavée la tête du martyr. Ces eaux guérissent une multitude d'infirmes : des aveugles y ont recouvré la vue ; des personnes atteintes de fièvres tierces ou quartes y ont été guéries après en avoir bu; l'ardeur qui les dévorait a disparu aussi promptement qu'on voit un incendie s'éteindre lorsqu'on y jette de l'eau. En un mot, tous ceux qui, affligés d'infirmités même très-graves, recourent au saint martyr et boivent des eaux de cette source, reprennent incontinent santé et vigueur. Le peuple ne cesse de vénérer joyeusement un tel patron et de lui rendre grâces de ses bienfaits : car ceux qui viennent en ce lieu tristes et souffrants, s'en retournent soulagés et dans la plus vive allégresse. Sous le règne de notre Seigneur Jésus-Christ, à qui soit honneur et gloire, avec le Père et le Saint-Esprit, dans les siècles des siècles ! Amen (Vrayet de Surcy, Les actes des martyrs depuis l'origine chrétienne jusqu'à nos temps, 1863).
Le torse
En 1317 la seigneurie de Toursac ne compte pas moins de vingt-quatre coseigneurs, dont les noms (Escaffres, Mas, Durban, Pleaux, Trémouilles, Viguier, Saint-Mamet, Rouziers, Naucase, Meallet, Solignac, Rilhac, Breuil, Maleplanche, Moisset, Messac, Murat, Roquefort) trahissent les origines locales. Aucun coseigneur éponyme n'est signalé. Les Meallet possèdent notamment le mansus de La Faye ainsi que des domaines à Vitrac et Marcolès. Les Miers sont originaires du Quercy. Les Solinhac tiennent à la fois un manoir dans leur manse éponyme et une part de Toursac. En 1329, une nouvelle série d'hommages est rendue à Carlat ; on y mentionne un "cazale situm apud Torssacum", "affarii de Torssaguet (...)", "la Marandia de Torssac". Toujours en 1329, Bertrand de Naucase fait hommage à Carlat pour le tiers de la châtellenie de Toursac : "Castri de Taorsaco, cum pertinentiis castellanie" (Jean-Luc Boudartchouk, Le Carladez de l’Antiquité au XIIIe siècle, Terroirs, hommes et pouvoirs, 1998).
Le lis martagon et épilepsie
Dans “Mémoires pour servir l’histoire naturelle des provinces du Lyonnais, Forez et Beaujolais” par M. ALLEON DULAC, Lyon, 1765, nous trouvons une énumération des “végétaux qui croissent sur les montagnes de Pila, ou dans le voisinage.. je me contenterai d’indiquer quelques plantes”. Après la digitale, [...] l’auteur signale le LIS MARTAGON, dont les fleurs servaient à soigner l’EPILEPSIE. [...] - ce lis a droit à une pleine page dans l’ouvrage précité sur le Forez, et il est précisé au lecteur qu’il le trouvera aux abords des landes arbustives et non du côté des prairies de type alpin : lande parsemée de bouleaux, hêtres et chênes rabougris (www.societe-perillos.com - Zephyrin, Ave Mariani - Le 30 mars 2009).
Lis Martagon - plantesalpines.canalblog.com
Il y a des lis martagon dans la Châtaigneraie, dans la région de Maurs où se trouve Boisset, Rouziers et Saint-Julien de Toursac.
Les pelouses à orchidées de Saint-Santin-de-Maurs, reconnues comme ZNIEFF de type 1 (Buttes calcaires du Bassin de Maurs) et site Natura 2000 (Vallées et Coteaux thermophiles de la région de Maurs), ont été classées Espace Naturel Sensible (ENS) en 1996. Situées sur la Châtaigneraie cantalienne, les pelouses s’étendent sur 11 ha au sommet de la butte de la Garenne (407 m d’altitude) et offrent une richesse floristique et faunistique remarquable. Du point de vue botanique, ce site abrite des plantes rares à l’échelle du département, dont certaines bénéficient d’une protection régionale. En particulier, on note la présence d’un cortège important d’orchidées (plus d’une trentaine) dont quelques hybrides remarquables. Parmi les espèces protégées : Céphalanthère rouge, Epictatis à petites feuilles, Lis martagon, Ophrys brun, Ophrys mouche, Ophrys bécasse, Ophrys araignée, Orchis militaire, Orchis singe (Schéma d’Aménagement et de Gestion des Eaux du bassin du Célé, 2007).
Parmi les noms vulgaires de cette plante, Lis de Constantinople, Lis des montagnes, Martagon, on trouve le nom de Riche-Madame que lui donne le botaniste manceau Morin de Saint-Victor. Il est à noter que les alchimistes donnaient le nom à la matière de la pierre philosophale, c'est-à-dire au principe même de la vie (La Revue Normande: Histoire, littérature, sciences & arts, Volumes 1 à 2, 1892).
L'épilepsie est en allemand “Mondkrankheit” (maladie de la lune, provoquée par les cycles de la lune) ou encore “Dämonisches Leiden” (maladie démoniaque, fruit des mauvais esprits) mais aussi “Zuchtrute Christi” (le châtiment du Christ) qui traduisent des représentations que les peuples ont pu se faire de l’épilepsie, dans le passé (www.telley-epilespoir.info - Les noms de l'épilepsie.html).
Si le Martagon a les propriétés du lis ordinaire (Dictionnaire de L'Académie française 5e édition, 1798), les pharmaciens Allemands substituent au bulbe de l'asphodèle celui du lis martagon, malgré la différence qu'il y a entre eux (M. Willemet, Chymie, pharmacie et métallurgie, Volume 2, 1792).
On a attribué, suivant Dioscoride, encore d'autres propriétés plus hypothétiques à l'asphodèle rameux ou asphodèle blanc bue dans du vin, comme d'enlever les douleurs de côté, la toux, les convulsions, de guérir les ruptures (Revue de thérapeutique medico-chirurgicale, 1862).
On peut mettre en rapport convulsions et épilepsie. Mais suivant nos recherches, le lien entre Martagon et épilepsie est assez éloigné.
Cependant la composition de la fresque de "la montagne fleurie" est à rapprocher de celle de la Transiguration de Raphaël qui contient une scène de crise épileptique. On voit dans les deux oeuvres une femme agenouillée sur la droite en bas, et de même le Christ est représenté les hanches assez larges.
Dans sa célèbre Transfiguration, commandée par le cardinal Giulio de’Medici pour le maître-autel de la cathédrale de Narbonne, Raphaël raconte deux événements qui, d’après les sources bibliques, se sont déroulés au même moment en deux endroits différents. Pendant que, dans la partie supérieure, le Christ est transfiguré, dans la partie inférieure, neuf de ses apôtres tentent de guérir un jeune épileptique mais n’y parviennent pas. Comme l’ont remarqué de grands spécialistes de la maladie, la crise d’épilepsie est dépeinte avec tant de précision et d’exactitude qu’elle ne peut pas ne pas avoir été observée et dessinée sur le vif. [...] Selon toute probabilité, Raphaël voulait donner une image aussi frappante que possible de la « maladie » de l’Eglise et suggérer que seule la foi, symbolisée par les deux petits personnages juchés en haut à gauche du tableau, parviendrait à guérir cette « maladie ».
Raphaël - Transfiguration (1520) - fr.wikipedia.org
Depuis que le pape Jules II les a mis en concurrence en 1508 en confiant à l’un la décoration de la voûte de la Chapelle Sixtine et à l’autre celle des Chambres du Vatican, Raphaël est non seulement le rival de Michel-Ange mais aussi son ardent admirateur. [...] Ainsi, dans l’Incendie du Bourg qu’il exécute peu avant de recevoir la commande de La Transfiguration, il donne à tous les personnages – hommes, femmes et enfants – des corps uniformément michel-angélesques. De la sorte, il manifeste ce qu’a de tragique l’incendie qui, en 847, a ravagé le faubourg entourant le Vatican. [...] Or, l’Incendie du Bourg exprime un message analogue à celui de La Transfiguration : dans une situation d’urgence tragique, il ne sert à rien de compter sur les forces de l’homme, il faut s’en remettre à Dieu par l’intermédiaire du vicaire du Christ (le pape Léon IV – lointain ancêtre spirituel de Léon X – éteint l’incendie en faisant un simple signe de croix). On comprend donc que, dans La Transfiguration, Raphaël donne au jeune malade une musculature michel-angélesque : elle met en lumière l’aspect tragique de la « maladie » de l’Église que seul le pape « médecin » [Medici] saura guérir parce qu’il est l’instrument de la volonté divine (Maurice Brock, Le « démoniaque épileptique » dans La Transfiguration de Raphaël, 2007).
La Cornélie
La Cornélie est un hameau de Rouziers.
La Corneilhe ; la Cournilhie ; la Cournillie, 1668 ; La Cournilhe, 1670 (nommée au prince de Monaco) \ La Cornélie (Cassini) \ La Cornalie, 1857 (Dictionnaire statistique du Cantal) (www.serve.aprogemere.fr - La Cornélie).
Dans le pays de Liège, on pèlerine à Fécher, entre Soumagne et Micheroux, où saint Corneille est invoqué pour protéger les enfants des convulsions. Sainte Cornélie est priée, à Cornesse, contre le mal caduc (c'est-à-dire l'épilepsie). On l'invoque également contre les chevaux qui ruent.
A la frontière et dans beaucoup de villages hollandais, une oraison à sainte Cornélie est souveraine contre le mal caduc! La personne malade passe par trois fermes où elle demande le poids de son corps en grain. Ce grain est remis au curé en forme d'offrande (Bulletin de la Société de Littérature Wallone, Volume 12, 1870, René Henry, L'almanach de notre terroir, 1999).
Venez à moi
Eugène Genoude raconte un récit dans son chapitre sur le converti du protestantisme au catrholicisme allemand Stolberg. En particulier il note ces lignes : "Kellermann: « Qui le Sauveur appellet-il à lui ?» — Lui: « Ceux qui souffrent et qui sont accablés. Venez à moi vous tous qui souffrez et qui êtes accablés et je vous soulagerai. Prenez mon joug sur vous : apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos pour vos âmes ; car mon joug est doux et mon fardeau est léger. »(Matlh. 11. 27.)" (Antoine Eugène Genoude, La raison du christianisme: ou, Preuves de la vérité de la religion, Volume 7, 1835).
Il donne la formulation de Saunière mot pour mot. On la retrouve par ailleurs dans d'autres livres. Sur books google seuls des ouvrages du XIXème siècle ont cette formulation du passage de saint Matthieu.
Prêtez donc l'oreille, pour entendre le Dieu de l'Eucharistie qui convie tous les affligés par ces douces paroles, à venir chercher le repos et la consolation au pied du tabernacle : « Venez à moi, vous tous qui souffrez et qui êtes accablés, et je vous soulagerai, je vous referai, » venite ad me, omnes qui laboratis et onerati estis, et ego reficiam vos (A. Joiron, Le mystère de l'Eucharistie médité au pied des saints autels, 1867).
Il a soigné les pauvres, les malades, les enfants, tous ceux qui souffrent; il a dit à tous : Venez à moi, vous tous qui souffrez et qui êtes accablés, et je vous soulagerai, je vous fortifierai. » Ainsi devez-vous faire, cher Eugène, autant que vous le pourrez, avec Jésus-Christ et en son nom, au milieu des pauvres du pays. Vous ne leur donnerez pas seulement de l'argent, du pain, des vêtements, des médicaments: tout cela est pour le corps, et le corps est pour l'âme. Vous leur donnerez encore le pain de l'esprit, lanourriture, le vêtement et les remèdes de l'âme, c'est-à-dire une bonne parole, une parole vraiment chrétienne qui descendra du ciel en passant par votre cœur, un mot de charité divine et fraternelle qui, en les consolant et les encourageant, les relèvera à leurs propres yeux et leur rendra la force et l'espérance,parce qu'ils ne se croiront plus abandonnés de Dieu ni des hommes (Louis Eugène Marie Bautain, La belle saison à la campagne: conseils spirituels, 1859).
Venu, non pour apporter aux puissans de la terre les trésors dont ils regorgeaient, mais pour consoler les faibles, les indigens, les opprimés, que repoussaient l'égoïsme et l'orgueil; il les appela : « Venez à moi, vous tous qui souffrez et qui êtes accablés, et je vous soulagerai. » (Antoine-François-Félix Roselly de Lorgues, Le Christ devant le siècle, ou Nouveaux témoignages des sciences en faveur du catholicisme, 1836).
Le page
L'Article qui suit, mérite d'autant plus d'attention, que les deux Lettes que vous y trouverez ont esté écrites par un homme que je crois le Doyen du genre humain. Mr l'Abbé de Cambefort, Curé de Nostre-Dame de Bonne-Nouvelle de Paris, estant allé prendre possession de l'Abbaye de Maurs, Diocese de S. Flour, dont il a plû au Roy de le gratifier, à eu l'honneur de porter à Sa Majesté, & à une Dame d'une tres-grande consideration, deux lettres , ectites de la propre main, & fans lunettes par Mr le Marquis de Naucaze, qui peut passer pour le plus vieux Gentilhomme du Royaume, puisque son père fut marié, il y a cent onze ans, & qu'il est venu au monde peu de temps aprés ce mariage. La Terre de ce Marquis est dans le voisinage de Maurs. II est d'une des plus anciennes Noblesses d'Auvergne ; & sa vieillesse est d'autant plus heureuse, qu il jouit d'une parfaite santé qu'il a le jugement tres solide ; l'esprit vif; les yeux bons , & la main ferme, ses lettres estant remplies de bon sens & bien peintes. Mr l'Evêque de Saint Flour, de la Maison d'Estaing, faisant en 1700 la visite de son Diocese, dont ce digne Prelat n'est jamais sorti que pour les affaires & pour les Assemblées du Clergé, baptisa son petit fils ; & Mr le Marquis de Naucaze estoit alors âgé de plus d'un siecle ; l'on n'a vu dans sa Maison que d'illustres alliances, depuis plusieurs siecles : de force que ses enfans pourroient être reçus dans les Chapitres, où l'on fait les plus rigoureuses preuves de Noblesse. Mre Antoine de Naucaze, son pere, épousa, le 28 Aoust 1597, Dame Jacquette de Bourdeille, héritiere de la Maison de Montance dont vous connoissez l'ancienneté, & les illustres alliances de la Maison de Bourdeille. On voie dans des hommages, rendus par Philibert de Bourdeille, Seigneur de Montance, à Henry IV le Grand, que ce Prince les qualifioit de ses tres-chers & bien aimés Cousins. Mre Claude de Naucaze qui a écrit les lettres que vous allez lire, épousa, le 9 Novembre 1660, Dame Rose d'Hautefort Saint-Chamant, tante de Mr le Comte d'Hautefort, premier Cornette des Mousquetaires noirs.
Mr N .. de Naucaze, qui a eu l'honneur de servir le Roy, en qualité de Page de sa grande écurie, & dans ses Dragons, a épousé N.. de la Roque-Dasinières, de la maison d'Apcher ; & N.. de Naucaze, sa soeur, a épouse Mr le Marquis de Verdalle.
Je ne vous dis rien de l'ancienneté de cette illustre Maison , puisqu'elle est assèz connue, & je ne vous parle point icy de toutes les marques de confiance & de distinction, dont les Seigneurs de Naucaze ont esté honorez par nos Rois en recompense de leurs services. Mr l'Evêque de Saint Flour, Mr le Blanc, Intendant d'ÀuVergne, & toute la Province, sont temoins, ainsi que Mr l'Abbé de Cambefort, de l'heureuse vieillesse de Mr le Marquis de Naucaze qui n'a point encore cessé de manger maigre les Vendredis & les Samedis ; & même pendant tout le Carême, & qui espere avoir l'honneur de venir offrir au Roy, son petit fils, pour Page de sa Chambre. Ce jeune Seigneur est fort accomply ; Voicy les copies des deux lettres, qui ont esté écrites en moins d'une heure de temps en presence de plusieurs personnes ; il y a même une double copie de celle de Sa Majesté, la premiere s'estant trouvée écrite en trop petit papier. On doit observer que le père de Mr le Marquis de Naucaze, mourut, âgé de 98 ans, & que Jacquette de Bourdeille, sa mère, mourut âgée de 99 de maniere qu'ils sont entre eux trois plus de trois siecles ; & l'on peut dire d'eux, ce que dit l'Apostre ; sçavoir, que la sagesse & la vertu sont hereditaires dans leur maison. Vas Suum Possedit In Honore Et Sanctitate.
SIRE,
Le Marquis de Naucaze, de votre Province d'Auvergne, dont le pere fut marié il y a cent onze ans, avec Jaquette de Bourdeille, héritière de la maison de Montances, & qui est venu au monde peu de temps aprés ce mariage; oze prendre la liberte d'écrire de sa propre main, & sans lunettes à Votre Majesté pour l'assurer qu'il y a plus d'un siécle qu'il a fait des vœux pour les Rois Prédecesseurs de Votre Majesté, pour laquelle, il n'a cessé & ne cessera de sa vie et en f Me , quelque avancé qu'il soit en âge, il espere de ne pas mourir sans que Dieu lui fasse la grace de voir Vôtre Majesté , mettre le dernier comble a sa gloire, en donnant la paix à l'Europe & en forçant ses Ennemis de l'accepter ; il espère aussi que pour le bonheur de la France & de l'Espagne, Votre Majesté, verra comme lui la sixième generation ; comme il n'a rien vu, ni lu dans les Regnes precedens, qui égale les merveilles de celui de Votre Majesté il a presumé de ses bontes qu'Elle ne désaprouveroit pas que le plus vìeux Gentilhomme de son Royaume, ne se refusât pas la consolation d'assurer Votre Majesté qu'Elle n a point de sujet qui soit plus sensible que lui, sur les bénedictions que Dieu répand sur Sa Personne, & sur toute son Auguste Maison ni qui soit avec un zèle plus respectueux & plus soumis.
SIRE, DE VOTRE MAJESTE, le tres humble, & très obeissant & très fîdele serviteur & sujet, Naucaze.
A Naucaze le Decembre 1707 (Mercure français, Janvier 1708).
Le nom Cambefort est attesté à Aurillac depuis 1205. Pierre de Cambefort, ou encore Pierre le Docte, écrivain français, fils d'un conseiller au Présidial d'Aurillac, seigneur de Niossel, est né vers 1580. En 1644, Jean de Cambefort obtient le poste de maître des enfants de la Chambre du roi Louis XIV et en 1650, il devient compositeur de musique de la chambre du roi. Paul-Joseph Dourados de Cambefort, le 23 avril 1707, fut abbé de Maurs (l'abbé du Mercure). Ce Cambefort était fils de Jean, conseiller au présidial d'Aurillac, et de Jeanne de Gagnac. Il fut curé de Notre-Dame-de-Bonne-Nouvelle, à Paris, et vicaire général a Cahors. Il restaura l'église, le château et le dortoir abbatial (www.musicologie.org - Cambefort, fr.wikipedia.org - Pierre de Cambefort, Jean Baptiste Déribier du Chatelet, Dictionnaire statistique : ou Histoire, description et statistique du département du Cantal, Volume 4, 1853).
Il y avait, au château de Versailles, de nombreux pages. Ces pages pouvaient des fois n'avoir que 9 ans. C'était des nobles qui servaient le Roi, soit comme pages de la Chambre du Roi, soit comme écuyers, soit pages de la Reine, etc.
En 1701, Louis XIV installe sa chambre au centre du château. Ainsi, les lignes de l'architecture côté ville convergent-elles en un seul point : le lit, au centre de la chambre. Ce lit est l'égal du trône : les courtisans doivent s'incliner devant ce baldaquin, même s'il est vide. Séparé par une balustrade du reste de la pièce, tel un autel dans une église, il souligne le caractère sacré du monarque, rappelle que la monarchie française est de Droit Divin, et que par conséquent, désobéir au Très-Chrétien, c'est désobéir à Dieu. L'essentiel du Cérémonial se déroule dans la Chambre du Roi, au Lever et au Coucher. Louis se donne en spectacle dans les gestes les plus simples de la vie quotidienne, au le plus grand plaisir des courtisans (tedeum.skyrock.com - La chambre du roi).
Habit de garçon début des années 1700 - thecostumersmanifesto.com
27 avril 1737, Baptême du Dauphin et de 3 Mesdames de France - www.connaissancesdeversailles.org
La femme au bébé
L'église des Estresses a remplacé celle, détruite, de Saint-Julien-de-Toursac et a repris tout son mobilier. Dans l'église de Saint-Julien-de-Toursac, un retable-tabernacle, XVIIe - XVIIIe siècle. avec un latéral droit, XIXe siècle, panneaux latéraux en relief, peut-être antérieurs, la Présentation de la Vierge à gauche, la Purification à droite. Sur un panneau sculpté intitulé Purificatio beatae Mariae, cet événement coïncidant, comme il apparaît dans le texte de Luc, avec la présentation de Jésus et ayant été privilégié cette dans occurrence pour mettre l'accent sur la Vierge à qui est consacré ce retable (Léonce Bouyssou, Rétables de Haute-Auvergne: XVII-XIXe siècles, 1991, archives.cantal.fr - Saint-Julien de Toursac).
Purification de la Vierge et souffrances
A présent le Christ est une eau qui purifie, alors il sera un feu qui consumera.
Le Seigneur montre une grande clémence à l'égard des filles de Sion : mais elle fut purifiée avec bien plus de clémence et de tendresse envers celle que les filles de Sion proclament bienheureuse, celle à qui il a été dit : «Le Saint-Esprit surviendra en vous et la vertu du Très-Haut vous couvrira de son ombre (Luc. 1, 35). » Cette influence de la vertu d'en haut, qui descendit sur elle, fut la vraie purification de Marie, non pas celle qui, par une disposition mystérieuse, se fit en ce jour, et qui n'eut lieu qu'en apparence seulement. Ce fut celle-là qui fut la pleine et vraie sanctification de la mère et du Fils, ainsi que l'ange le lui dit en ces termes : « C'est pourquoi, lui dit cet esprit bienheureux, l’Etre saint qui sortira de vous, sera appelé Fils de Dieu (Ibid.). »
Prenons garde à nous, mes frères, craignons que l'on ne nous reproche la mort des pauvres qui sont nos frères, si nous retenons ou si nous employons le superflu de nos ressources qui pouvaient les soulager. Et puisque en ce jour la purification de la Vierge très-pure et très-pauvre, nous a engagé à parler de notre purification, sachons que notre pureté consiste surtout à nous retrancher tout ce qui est superflu, et à imiter en quelque chose, non-seulement par la sainteté de la chasteté, mais encore par la simplicité de la pauvreté, la mère pauvre du Christ pauvre, à qui soit le règne et le pouvoir, maintenant et dans tous les siècles des siècles. Amen (www.abbaye-saint-benoit.ch - Guerric).
Quelle prophétie le saint vieillard Siméon fit-il à la Sainte-Vierge le jour de la Purification ? Le saint vieillard Siméon annonça à Marie qu'un glaive de douleur percerait son âme : c'était une prophétie des douleurs que Marie devait souffrir pendant la passion de Notre-Seigneur (Félix Antoine Philibert Dupanloup (bp. of Orleans), Jacques Bénigne Bossuet, Le catéchisme chrétien: ou Un exposé de la doctrine de Jésus-Christ, offert aux hommes du monde, 1869).
Le chapiteau
Le chapiteau en bas à droite de la fresque est de style composite. Il présente une particularité : l'arc de cercle entre les deux volutes. On retrouve ce détail dans un type de chapiteaux dit "mauriacois".
A Mauriac et dans toute la région qu'on peut appeler le mauriacois, définie au nord par la Rhue et au sud par la Maronne, on trouve un chapiteau spécial, véritablement typique de la zone, qu'on nomme par commodité chapiteau "cubique" : le volume de la corbeille est formé d'un tronc de pyramide renversé, pénétré par un tronc de cône; l'intersection de ces deux volumes détermine alors sur chacune des faces des arcs en demi-cercle, que souligne une légère saillie. Ce chapiteau n'est pas exclusivement cantalien ou mauriacois, on le trouve en Corrèze (Beaulieu. Saint-Martin-La-Meanne, La- Chapelle-Saint-Géraud), mais c'est bien dans notre région que son usage est le plus systématique. Outre Mauriac, il faudrait citer un peu moins d'une trentaine d'édifices. Quelques différences parfois se font jour : au Roc Vignonnet on distingue deux variantes ; dans un cas les arceaux se terminent par des boules, comme dans d'autres édifices; dans l'autre cas le sculpteur, peut-être désolé de la trop grande simplicité de son chapiteau, y a ajouté une croix d'entrelacs et a décoré une partie du tailloir. A Bassignac, une colonnette centrale partage en deux arcades la face principale de la corbeille; à Saint-Paul, Antignac, Anglards, Mauriac, etc., les colonnettes sont aux angles. Au Roc, à Vebret, à Chastel, les arcades sont figurées par des plis superposés. Au surplus, il est fortement probable que la peinture devait venir égayer tout cela. Ce chapiteau exprime bien aussi les contraintes purement formelles du sculpteur. Par le chapiteau en effet il s'agit de passer d'une forme cylindrique, la colonne, à une forme parallélépipèdique, le tailloir, qui lui même soutient la base carrée des diverses arcades. Le chapiteau "cubique" offre donc une solution à la fois économique et élégante à ce problème purement fonctionnel (Pierre Moulier, Pascale Moulier, Églises romanes de Haute-Auvergne : Le Mauriacois, 1999).
Nous retrouverons les influences mauriacoise et limousine au chevet de Montvert ainsi que dans les chapiteaux de Rouziers, Reilhac et Quézac.
D'une église à l'autre on repère la trace d'ateliers caractérisés, bien reconnaissables. L'influence auvergnate, attestée à Riom et Trizac, on l'a dit, se mêle à l'influence limousine (porches à arcades, thème de certaines sculptures, fenêtres limousines...). On observe quelques éclats mauriacois en pleine zone d'Aurillac: Monvert, sœur de Brageac, Reilhac ; puis Rouziers et Quézac en Châtaigneraie (Pierre Moulier, Pascale Moulier, Églises romanes de Haute-Auvergne : La région d'Aurillac, 1999, Pierre Moulier, Pascale Moulier, Eglises romanes de Haute-Auvergne: Tome 3, Région de Saint-Flour, 2001).
Le Christ s'est arrêté à Vixalort
Vixalort est un hameau de Rouziers.
Vigellort, 1589 ; Vighalore, 1590 ; Vighallort, 1592 (état civil) \ Vigelort, 1669 ; Vigeallort ; Vigrallort, 1670 (nommée au prince de Monaco) \ Vizalort (Cassini) \ Vigealort, 1857 (Dictionnaire statistique du Cantal) (www.serve.aprogemere.fr - Vixalort).
L'étymologie est incertaine. On pourrait voir un Vigiliarium : corps de garde, guérite, ou petit tombeau en forme de guérite.
Il arrive que d'autres mots formés par la même désinance vacillent entre les formes en -arium et en -iarium. On trouve ainsi vigilarium à côté de vigiliarium, viridarium à côté de viridiarium (Ake Josefsson Fridh, Études critiques et syntaxiques sur les Variae de Cassiodore, 1950).
Le suffixe arium dans les mots français d'introduction savante et relativement récente se rend par aire, mais dans les mots anciens il fait oire, ière ou ier par ex. armarium, armoire, de arma dans le sens d'outils (flam. : alm), rosarium (rosier) (Constant Antoine Serrure, Essai de grammaire gauloise d'après les monuments épigraphiques, 1888).
Les quatres anges du signe de croix sont ceux qui veillent, des veilleurs, comme l'indique le livre d'Hénoch.
Le panneau du confessionnal
La patte pliée de l'animal du confessionnal trouve un correspondant dans la décoration à l'agneau mystique du retable de l'église Saint-Martin de Rouziers.
Le Lis Martagon et le 17 août
On a beaucoup discuté pour savoir si l'Hyacinthe des anciens était une espèce du genre auquel Linné appliqua ce nom. On sait en effet que ce nom était célèbre dans les fables mythologiques des Grecs et des Romains. Apollon, jouant au disque avec le jeune et bel Hyacinthe, son favori, le frappe involontairement à la tête d'un coup auquel il succombe. Désespéré, le dieu change en fleurs les gouttes de sang de son ami et leur donne le nom d'Hyacinthe. Les poètes qui nous ont transmis cette fable n'ayant pas donné de description de la plante qu'ils nommaient Hyacinthe, les botanistes modernes ont, beaucoup varié sur ce sujet. Ainsi, les uns, tel que Linné, ont cru que l'Hyacinthe était le Delphinium ajacis, parce que, suivant Ovide, on lisait les mots "ai ai" sur les fleurs de l'Hyacinthe, rappelant les cris plaintifs que poussa le mourant. Saumaise, Sprengel et Sibthorp pensent que c'est le Glayeul, Gladiolus communis.
D'autres, et en plus grand nombre, croient que l'Hyacinthe des anciens est le Lilium Martagon de Linné, parce que cella Plante présente dans La couleur de Ses fleurs, dans les lignes qu'elles offrent, beaucoup de ressemblance avec ce que les anciens nous ont transmis sur leur Hyacinthe. Mais on conçoit qu'une pareille question ne saurait lire résolue d'une manière positive et incontestable, et tel est le vague qui règne sur ce sujet que, quelque soit l'opinion qu'on adopte, on ne manquera ni d'argumens pour la défendre, ni de raisons pour l'attaquer (Bory de Saint-Vincent (Jean Baptiste Geneviève Marcellin, M.), Dictionnaire classique d'histoire naturelle, Volume 9, 1826).
Hyacinthe du grec (jacinthe) a sa fête au 17 août ou 30 janvier. Dans l'histoire : saint Hyacinthe, né en 1185 en Silésie et chanoine à Cracovie, fut surnommé « l'apôtre de la Pologne ». Il mourut en 1257. Il fut canonisé en 1594 et son culte fut confirmé localement en 1969. Fréquence : prénom très répandu au Moyen Âge. Sainte Hyacinthe (ou Jacinthe) de Mariscotti, tertiaire franciscaine (1585-1640) est au 30 janvier. Comme sainte Martine.
Borée, roi des Hyperboréens, selon les uns, Zéphyre, suivant d'autres, et Apollon se disputèrent Hyacinthe, prince de Laconie. Le dieu l'emporta. Hyacinthe fut tué par lui au cours d'un jeu de lancer du disque que le vent Borée dévia par jalousie. Hyacinthe en mourut. Son sang colora une fleur qui prit le nom de jacinthe. La mort d'Adonis est comparable, à l'origine de la couleur de la rose. Adonis mourut éventré par un sanglier, avatar d'Apollon jaloux de l'amour qu'éprouvait Aphrodite pour le jeune homme. Eventré comme saint Mammès, fêté le 17 août. Or saint Mamet, dit compagnon de saint Austremoine, est aussi du 17 août, ce qui laisse penser qu'il est un avatar de Mammès, berger de Cappadoce.
Le troisième type iconographique de saint Mammès est le type du pâtre ; puisque pâtre il fut pendant son séjour au désert. Réfugié sur la montagne, dont il ne redescendait que pour aller prêcher à Césarée, il vivait dans la compagnie des bêtes, en particulier des moutons et surtout des chèvres avec le lait desquelles il fabriquait les fromages qu'il offrait ensuite aux pauvres. Dans l'église de la Gaudaine près de Nogent-le-Rotrou, saint Criard, l'avatar percheron de saint Mammès, porte un costume champêtre ; à son cou est suspendu un cornet à bouquin ; à ses pieds est un mouton qui indique sa profession de berger. (Tradition wallonne: revue annuelle de la Commission royale belge de folklore, Volume 4, 1987).
Le culte de saint Mamet est plus obscur encore, et l'on peut s'interroger sur l'historicité de Mamet, dit aussi Mamert, qui aurait été compagnon de saint Mary. Il y a, par exemple, un martyr oriental nommé Mammès, et un évêque de Vienne Mamert (ou Mamet, ou Mammès), du IIIème siècle, qui auraient bien pu donner, selon des processus par ailleurs bien établis, notre saint local, d'autant que l'on fêtait anciennement saint Mamet et saint Mammès le même jour (Pascale Moulier, Églises romanes de Haute-Auvergne: La région d'Aurillac, 1999).
Le mouton à trois pattes ou le trépied d'Apollon
Le panneau du confessionnal a la particularité de présenter un mouton à trois pattes récupéré des buissons par le Bon Pasteur qui peut n'être qu'un saint auréolé berger de profession comme saint Mammès qui faisait paître ses mouton à Césarée de Cappadoce.
Le 17 août était aussi la fête des Portunalia, du Janus portunus (Janus des ports), dans la Rome antique.
Tout rapproche ces deux dieux, et pourtant ils ne peuvent se réduire à la même origine. Un fait calendaire porte témoignage pour le IIIème siècle avant notre ère : le sanctuaire offert à Janus par Duilius, après sa victoire navale sur les Puniques, à Myles (260 av. J.-C), fut dédié le 17 août, donc le jour des Porlunalia : « Tout indique chez Duilius — écrit P. Grimal — le désir d'associer les deux divinités dans son action de grâces. Gela se comprend bien si Janus était considéré comme le dieu qui présidait au départ heureux des expéditions militaires ou les accueillait à leur retour — idée impliquée par le rite même du Ianus »
Par une fortune digne de remarque, le dieu, qui avait le premier rang dans la hiérarchie romaine, devait être également le dernier à recueillir l'hommage d'une dévotion publique, plus d'un siècle après l'abrogation officielle du paganisme. Procope nous rapporte, en effet, qu'au VIème siècle de notre ère, pendant que Bélisaire soutenait dans Rome un siège difficile contre les Goths, des Romains se souvinrent du rite archaïque qui prescrivait d'ouvrir les portes du sanctuaire de Janus Quirinus, en temps de guerre : ils entreprirent secrètement de forcer les portes du temple, fermées depuis l'abolition du paganisme, pour se conformer à l'antique prescription...
A vrai dire, ces exégèses reprennent souvent les suggestions des Anciens. C'est ainsi que la conception, qui fait de Janus un dieu solaire, ne date pas d'aujourd'hui : nous savons que Nigidius Figulus, l'auteur de tendance pythagoricienne qui avait écrit un traité De dis, soutenait l'identité de Janus et d'Apollon. Macrobe rappelle le fait et poursuit : « Certains veulent démontrer que Janus est le soleil et qu'il a deux faces parce qu'il est préposé aux deux portes célestes ; en se levant, il ouvre le jour, en se couchant, il le clôt. » Il faut croire que Nigidius Figulus fait toujours école : de temps en temps, un moderne se laisse séduire par l'interprétation solaire de Janus, alors que le dieu déborde manifestement cette définition.
La meilleure preuve en est que l'interprétation lunaire du dieu trouve également des partisans. Ici encore, on peut remonter aux Anciens. Citons Macrobe : « Il y en a qui prétendent que Janus est à la fois Apollon et Diane et qui affirment qu'il incarne, à lui seul, ces deux divinités. » Cette interprétation des physici du temps se comprend aisément : elle n'est que la traduction rationaliste de la doctrine religieuse qui place sous les auspices de Janus le début de l'année solaire (Ianuarius) et la naissance de chaque nouvelle lune (Janus « gardant l'entrée de chaque mois »). En tout état de cause, il est arbitraire de ne retenir du dossier que ce dernier aspect, pour faire de Janus un dieu exclusivement lunaire (Jean Gagé, Sur les origines du culte de Janus, 1979, Robert Schilling Robert, Janus. Le dieu introducteur. Le dieu des passages).
Publius Nigidius Figulus (vers 98 av. J.-C. - 45 av. J.-C.), le plus grand des savants romains (avec Varron), fut dans la Rome antique, le fondateur du néopythagorisme et une illustre figure de l'ésotérisme romain. Esprit érudit et universel, il s'est illustré comme étruscologue, astrologue, devin, pythagoricien (et maître d'un Ordre pythagoricien, le sodalicium Nigidiani), linguistique. Il fut le premier néopythagoricien, vers 60 av. J.-C., à Rome, en latin, presque en même temps qu'Eudore d'Alexandrie fondait lui aussi le néopythagorisme mais à Alexandrie, en grec, vers 40 av. J.-C. Il fut aussi le premier écrivain astrologue romain (fr.wikipedia.org - Nigidius Figulus).
A Saint-Mamet-la-Salvetat, à côté de Rouziers, se trouvait le prieuré de Sainte-Martine, fêté le 30 janvier, comme Hyacinthe (ou Jacinthe) de Mariscotti. Les attributs de sainte Martine sont des faisceaux ou une hache de licteur, le trépied d'Apollon renversé par son signe de croix. On y joint, par allusion à son martyre, des crochets de fer et un lion couché à ses pieds.
Sainte martine était d'une des plus illustres familles de Rome, où elle scella sa foi par l'effusion de son sang, dans le troisième siècle. Son culte est très-ancien dans cette ville, et nous voyons que du temps de saint Grégoire le Grand, les fidèles visitaient avec dévotion la chapelle consacrée à sa mémoire. En 1256, le Pape Alexandre IV dédia une église sous son invocation. On fit en 1634 la translation de ses reliques, trouvées dans les ruines de son ancienne église. Urbain VIII, qui siégeait alors, en fit bâtir une magnifique en l'honneur de la Sainte, dont il inséra l'office dans le bréviaire romain. Il voulut composer lui-même les hymnes de cet office. Sainte Martine est une des patronnes de la ville de Rome (Bollandus, 1er jour de janvier, et ses continuateurs au 18 d'avril et au 1er de mai) (Alban Butler, Godescard (abbé), Vies des pères des martyrs et des autres principaux saints, Volume 2, 1828).
L'invention et la translation de ses reliques fut faite le 25 d'octobre de l'an 1634. On trouva son corps à Rome dans la grotte de son église qui était toute ruinée. Le corps était dans un cercueil, qui était un grand coffre de terre cuite, posé sur une longue pierre ou table d'autel, serré entre deux murs , couvert de terre et de cailloux; la tête était séparément dans un bassin de cuivre tout rouillé et à demi rongé, et l'on reconnut aussitôt que c'était celle d'une jeune fille. Il y avait dans le même cercueil d'autres ossemens séparés par trois lames ou plaques, dont l'une était de plomb, l'autre de terre, comme une grande tuile, et la troisième de marbre. Ce fut aux inscriptions de la première et de la troisième qu'on reconnut que c'étaient les corps de sainte Martine, vierge qui avait eu la tête coupée pour la foi, de saint Concorde, de saint Épipliane, et d'un autre qui n'était point nommé, qui tous avaient souffert le martyre pour la même cause. Le pape Urbain VIII fit un décret pour en ordonner la fête tous les ans au 30 de janvier (Charles Louis Richard, Bibliothèque sacrée, 1824).
L'Apollon Delphique, marbre de Luni, Rome, villa Albani, est assis sur le trépied. Le bassin du trépied est muni d'anses et recouvert d'une peau de mouton. Sous le trépied, à gauche, est un lion accroupi. Le pallium laisse à découvert le devant du corps et tout le bras droit; les pieds, chaussés d'alatai, posent sur la cortine ornée de ciselures, placée plus bas que le trépied. La main droite approche du genou, la main gauche n'est pas loin de la poitrine, et tient à présent un serpent, qui, passé derrière, aboutit au côté droit. Raffei croit que ce sont les cornes de la peau de mouton ; mais c'est plutôt une partie des anneaux du même serpent.
On voit ici l'emploi du trépied pour la reddition des oracles. Le bassin servait de siège, la cortine d'escabeau. Ce trépied de Delphes était d'or massif (Euripide, Iphigénie en Tauride), et l'Apollon ainsi placé avait le surnom d'Enolmos. L'emploi, dans ce cas, de la peau de mouton est une particularité remarquable dont les écrivains de l'antiquité ne parlent pas, et qu'on peut expliquer par l'analogie du sommeil sur la peau de la victime, au moyen duquel on obtenait, dans d'autres oracles, la communication de l'ordre divin. Le lion placé sous le trépied pourrait bien être un symbole du soleil (Charles Othon Frédéric Jean Baptiste de Clarac (comte), Louis-Ferdinand Alfred Maury, André Louis Victor Texier, Musée de sculpture antique et moderne ou Description historique et graphique du Louvre, 1850).
Saint-Mamet-la-Salvetat (Cantal), pays de mouton
Andel (trespié) est le nom cantalien du trépied, même si dans la Haute-Auvergne comme à Murat, on parle plus d'ander. A la fin des mots l se change ordinairement en r : veder (pour vedel, veau), oustar (pour oustal, maison), aner (pour anel, anneau) (Camille Dreyfus, André Berthelot, La Grande encyclopédie, Volume 4).
La commune de Narnhac est à l’origine de la création d’une amicale nommée « Amicale Lou Pé d’Andel » en 1902. Réunissant d’abord les trois communes de Narnhac, Malbo et Lacapelle-Barrès, elle tire ainsi son nom du trépied utilisé dans les cheminées pour porter au feu la marmite (les pieds de l’andel) (fr.wikipedia.org - Narnhac).
À partir de cette même année 1902, des accords passés avec les compagnies ferroviaires permettent aux « trains Bonnet » de ramener chez eux, pour quelques jours de vacances, les Auvergnats de Paris qui risqueraient d’oublier leur pays d’origine. Louis Bonnet, cantalien, est le fondateur, en 1882, du journal L’Auvergnat de Paris, qui témoigne de l’existence d’une importante communauté auvergnate dans la capitale, mais ces Auvergnats sont surtout des Cantaliens (www.auvergne.fr - Hommes, rites et traditions).
L'agneau, en Auvergne, se dit Anhel et désigne aussi un tapis de neige et un nuage moutonneux.
Lorsque le pape Jean XXII créa diocèse de Saint-Flour, formé de la Haute-Auvergne et du bassin de Brioude, la paroisse de Saint-Mamet voulut se détacher de Clermont, et elle fit une opposition formelle au Chapitre de cette ville,, qui envoyait ici-même, chaque année, ses représentants pour percevoir tous les droits qui lui avaient été conférés au siècle précédent par l'évêque d'alors. Lassé de ces manœuvres le Chapitre de Clermont s'adressa au Pape Jean XXII qui venait de créer le diocèse de Saint-Flour. Afin de ne pas trop déposséder Clermont le pape maintint la suzeraineté du Chapitre sur Saint-Mamet auquel il donna le titre de prieuré. Dès lors le curé de Saint-Mamet fut nommé par l'évêque de Clermont, mais après présentation du Chapitre cathédral (Édouard Joubert, Les Vieilles pierres de la Châtaigneraie, Volume 1, 1968).
Il y a longtemps que la foire du 20 septembre ne voit plus affluer les moutons qui paissaient sur les immense landes. Tout autour, les terres ont été défrichées et l'activité agricole s'est réorientée. Le bourg a perdu depuis plus d'un siècle la grande route mais il est resté vivant et a multiplié les travaux édilitaires. Dominant le cimetière, la chapelle de Saint- Laurent est l'un des endroits les plus ventés du département au point d'avoir suscité une légende :
Un jour, autour d'un lieu qui a pour nom Saint-Mamet, un vent, qui devait être la Burle, se promenait avec Saint Laurent. En haut du Puy, le Saint entra dans un oratoire pour prier. Il demanda à son ami de l'attendre. mais saint Laurent ne resortit jamais. Il paraît que la Burle est toujours là-haut qui l'attend toujours... (Christian Marchi, Le Cantal, 1995, Honorin Victoire, Petite encyclopédie des vents de France, 2001).
Saint Mamet, chef-lieu du canton de même nom, arrondissement d'Aurilac, sis dans 1m pays montagneux et froid, son sol médiocre et boisé produit du seigle, du blé noir et des châtaignes. On y élève des bestiaux, et les pacages sont estimés. Le bourg est traversé par la route d'Aurillac à Figeac. L’église est bien ornée et ancienne. Saint Mamet, son patron, avait été compagnon de saint Austremoine et apôtre de cette partie de la Haute-Auvergne. Il y a un château au chef-lieu, appartenant à la famille de Fabrègues. Geraud de Saint-Mamet a été lieutenantgénéral des montagnes en 153g. Le chapitre ancien de Sainte-Martine fut réuni, en 1345, à celui de la cathédrale de Clermont, d’où vient qu’elle y avait des droits seigneuriaux avant la révolution. Les foires de ce lieu se tiennenfles 5 janvier, 18 mars et 20 mai (Déribier Du Châtelet, Dictionnaire statistique du département du Cantal, 1824).
L'église de Saint-Mamet possède une crucifixion du peintre F. Castel, comme l'église Saint-Martin de Rouziers.
Le peintre Castel semble avoir régné sur la Châtaigneraie autour des années 1770. Dans ce périmètre réduit, on trouve en effet cinq toiles signées auxquelles s'ajoutent d'autres œuvres au style très proche et que l'on peut lui attribuer sans grand risque d'erreur. Castel applique des rehauts blancs pour valoriser les volumes, ainsi qu'un vermillon assez vif que l'on retrouve dans toutes ses compositions. Malheureusement il n'existe de lui qu'une seule toile restaurée, la Crucifixion de Saint-Mamet, les autres étant souvent très sales. Les œuvres signées sont : l'Education dela Vierge de Marcolès en 1784, la Crucifixion de Saint-Mamet en 17..., la Crucifixion de Rouziers, la Présentation au Temple de Saint-Etienne-de-Maurs en 1774, la Crucifixion du Trioulou en 1779. On peut également lui attribuer le Saint Jean-Baptiste et la Lamentation de Quézac, ainsi que la Crucifixion de Saint-Julien-de-Toursac. Plusieurs toiles semblent empreintes du style de Castel, à Marcolès et Saint-Constant, mais nous ne pouvons pas nous avancer davantage étant donné leur mauvais état de conservation. En dépit de leur relative médiocrité, ces deux artistes méritent notre attention comme derniers témoins du fonctionnement de la peinture religieuse sous l'ancien régime. Dans le Cantal, le XVIIIe siècle est plus caractérisé par l'éclosion de l'art populaire que par l'esprit de la fête galante ; comme on pouvait s'y attendre, l'art savant, bien représenté au siècle précédent par un Lombard ou un Bassot, perd toute assise locale et ne semble plus pouvoir émerger que de Paris. A cette première rupture succèderont les bouleversements de la Révolution Française, et le XIXe siècle sera encore différent en matière d'art religieux (Pascale Moulier, La peinture religieuse en Haute-Auvergne: XVIIe-XXe siècles, 2007).
Un lien entre Rennes le Château et le Cantal : Arsène Vermenouze
Prosper Estieu, né à Fendeille (Aude) le 7 juillet 1860 et mort à Pamiers (Ariège) le 11 décembre 1939, est un poète français d'expression française et occitane. Il repose à Fendeille. Ses poésies furent publiées dans diverses revues telles que la Poésie moderne, la Revue méridionale et la Revue félibréenne. Il fut le fondateur de la revue Montségur et un ami de Déodat Roché, qu'il rencontra en juin 1900 à Rennes-le-Château, où il était instituteur laïque (fr.wikipedia.org - Prosper Estieu).
L'exemple de Rennes-le-Château illustre bien le divorce existant dans certains villages languedociens entre le prêtre royaliste et l'instituteur catharisant et occitaniste. Prosper Estieu, l'un des principaux rénovateurs de la langue d'Oc et créateurs de l'orthographe occitane moderne, y fut instituteur de 1900 à 1903. Dans Montsegur (« Revista mezadiera de la letradura occitana »), la revue qu'il dirigeait alors, on trouve de nombreux textes en occitan qui exaltent le passé cathare du Languedoc. Cette très intéressante revue, publiée à Rennes-le-Château, ne se limitait pas au régionalisme occitan ; elle militait aussi pour une réforme orthographique du français et pour le fédéralisme politique. Parmi les signataires des articles, à côté de Prosper Estieu, qui signait souvent Jean Doc, on trouve des noms tels qu'Antonin Perbosc et Arthur Caussou. Cependant, on ne trouve aucune ligne de l'abbé Bérenger Saunière de Rennes-le-Château qui semble avoir eu des relations assez froides avec l'instituteur. On n'est pas surpris de ne pas rencontrer non plus le nom de son confrère, l'abbé Henri Boudet de Rennes-les-Bains. Son ouvrage la Vraie langue celtique révèle une ignorance totale des règles élémentaires de la philologie du languedocien (qu'il faisait dériver du celtique ancien, confondu pour les besoins de la cause avec l'anglais moderne), qui le disqualifiait définitivement pour jouer un rôle quelconque dans la renaissance de la langue occitane. A ce sujet, notons que selon lui « les Occitani étaient les habitants des côtes maritimes qui enserrent le golfe de Gascogne » ; c'étaient des pêcheurs de marsoins ce qui leur a valu le nom d'Occitani dont on retrouve l'étymologie en s'appuyant sur l'anglais : « hog-sea (hogsi), marsoin - to hit, frapper - hand, la main => hogsihitand » (Gérard Galtier, Maçonnerie égyptienne, Rose-Croix et Néo-Chevalerie: les fils de Cagliostro, 1989 - books.google.fr).
Mais le but de l'abbé Boudet n'était peut-être pas de faire la promotion de l'occitan.
En 1892, Prosper Estieu, instituteur anticlérical à Ribouisse, aux confins de l'Aude et de l'Ariège, se retrouve mêlé à la naissance de l'Escolo Moundino à Toulouse. Disciple de Fourès, Estieu se heurte à l'immobilisme et à la prudence des félibres toulousains. Il cherche alors une tribune et l'appui des félibres rouges. En relation avec le montalbanais Antonin Perbosc, poète remarquable et théoricien de l'occitanisme et avec des félibres ariègeois, Estieu provoque la création le 26 avril 1896 à Lavelanet et à Foix de l'Escolo de Mount-Ségur (Patrick Cabanel, Philippe de Robert, Cathares et camisards: l'œuvre de Napoléon Peyrat (1809-1881), 1998 - books.google.fr).
L'abbé Saunière pouvait préférer sans doute Arsène Vermenouze, s'il le connaissait.
Arsène Vermenouze (1850-1910, en occitan Arsèni Vermenosa en graphie classique, Arsèni Vermenouzo en graphie mistralienne), est un poète auvergnat qui a écrit en aurillacois, dialecte appartenant à la famille du languedocien et lui-même de la langue d'oc.
À partir de 1887, dans le Moniteur du Cantal, puis dans La Croix du Cantal et la Croix cantalienne, Arsène Vermenouze anime la vie culturelle et politique cantalienne en publiant des poésies satiriques en langue d’oc. Dans La Croix du Cantal, il sera « L’Arverne », éditorialiste en langue française profondément « catholique et patriote ». Sa vocation de félibre se fait sentir à partir de 1890. En 1891, il publie le manifeste fondateur O touto l’Oubèrgno (À toute l’Auvergne). En 1894, il devient le président de la première école félibréenne auvergnate (l’Escolo oubernhato qui deviendra par la suite l’Escolo Auvernhato) qui se donne pour mission la défense et l’illustration de la langue d'oc et notamment du parler d'Aurillac, à travers sa revue Lo Cobreto (aujourd'hui La Cabreta). [...] En 1900, il est élu majoral du Félibrige et rencontre Frédéric Mistral, qui l’accueille comme « premier majoral » d’Auvergne. Un temps pressenti au poste de capoulié du Félibrige, il propose la candidature de Justin Bessou dont il fête la Cigale à Saint-André-de-Najac en compagnie de Prosper Estieu et Antonin Perbos (fr.wikipedia.org - Arsène Vermenouze).
Estieu et Vermenouze ne concevaient pas de la même façon l'action félibréenne. Pour Estieu, la défense et l'illustration de la cause occitane passaient nécessairement par l'usage de la langue d'oc. Certes il faisait bon marché de la « personnalité provençale », et l'on comprend qu'il n'ait pas été très bien considéré au pays de Mistral. L'institution félibréenne - telle du moins que la définissaient les statuts de 1876 - ne lui paraissait digne d'intérêt que dans la mesure où elle pouvait devenir une machine de guerre au service de « la croisade albigeoise ». Il y a là assurément l'une des sources majeures de l'occitanisme contemporain. Estieu avait à cœur de se montrer le plus entier et, si l'on ose dire, le plus manichéen des cathares modernes. En cet automne 1900, sa sensibilité était encore avivée par deux circonstances particulières : il venait d'accomplir son « pèlerinage annuel à Montségur », et surtout il avait réussi à trouver les moyens de faire reparaître sa revue Mont-Ségur. Dans la même lettre (à A. Vermenouze, Rennes-le-Château, le 15 septembre 1900) il en expose le programme à Vermenouze - occasion pour lui de critiquer à nouveau l'impuissance du Félibrige : « Après 50 ans de tâtonnements, il est bon que le Félibrige fasse la synthèse de ses efforts accumulés”. Cette synthèse supposait un œcuménisme qui n'était guère dans le caractère d'Estieu. [...]
Vermenouze souligne surtout l'importante distinction entre parenté linguistique et parenté spirituelle, sans en tirer pour autant la principale conséquence : cette distinction rend caduque l'affirmation de l'unité félibréenne et, au-delà, de l'unité méridionale supposée derrière la notion d'Occitanie. En outre, Estieu considère les patois comme une preuve de décadence, quand Vermenouze y voit un patrimoine à préserver. Écrire en français était en fin de compte pour ce dernier le meilleur moyen de se tenir hors du débat sans trop mécontenter aucune des parties (Jean-François Chanet, Les félibres cantaliens: aux sources du régionalisme auvergnat (1879-1914), 2000 - books.google.fr).
Aurillac rapproche certainement du centre de la Croix d'Huriel, Rouziers.
Au sujet de la Châtaigneraie, le grand poète de l'Auvergne, A. Vermenouze, a bien décrit cette terre « hérissée comme le râble d'un sanglier, car, si l'herbe manque et si le blé y est clairsemé, la bruyère la vêt d'une robe fourrée et lui met sur l'échiné une crinière rude; mais cet ornement par malheur ne vaut pas cher, c'est triste, c'est gris un pays plein de bruyères ». [...]
Le Castagnaire est d'un caractère heureux; il plaisante volontiers, il a son franc parler souvent amusant. Il est lent et le marchandage est avec lui interminable, mais sa marchandise vendue, il s'offre à la porter chez vous, la livre avec timidité, avec une politesse exquise, sans platitude. Il se fâche rarement, et pourtant A. Vermenouze dit quelque part : Disou pas, les couquis et les missontos lengo que se lou costognaire es un peu maigrisso quond s'enquieto es bolhon, molen e conissou et qu'olero li o pas lou diaple que lou tengo. « Les coquins et les mauvaises langues ne disent-elles pas que le Gastagnaire, s'il est un peu maigrichon, quand il se fâche il est si vaillant, malin et tenace et qu'alors il n'y a pas de diable qui le tienne. » [...]
J'ai dit un jour que « l'Auvergnat était l'Arménien de France ». Le mot a eu plus de fortune que je ne le désirais. C'est qu'en effet beaucoup de ces émigrants sont devenus des petits banquiers souvent clandestins, mais surtout ils ont, à une époque où l'Espagnol se montrait passablement paresseux, remplacé le juif qui lui-même tenait la place d'une bourgoisie active qui manquait à l'Espagne. Boulangers le plus souvent, négociants en tissus, muletiers, il est peu de villes de Castille où on ne les rencontre ardents au travail, plus honnêtes que leur réputation, secourables, hantés du désir d'amasser un pécule qui leur permettra de revenir au pays natal et d'y acheter ou d'y faire bâtir une maison propre, claire et méridionale : Oubliant la misère et les labeurs passés, dit le poète Arsène Vermenouze qui fut un de ces emigrants et qui passa quinze ans à Illescas dans la Castille. [...]
Nous possédons un curieux document donnant les étapes d'un emigrant du XVIIIe siècle. Sa route passe par Saint-Mamet, Maurs, Figeac, Villefranche, Cailus, Montauban, Fronton, Toulouse, Villefranche-de-Lauraguais, Castelnaudary, Carcassonne, Narbonne, Perpignan et franchit les Pyrénées au col de Per- thus, entre le Boulou et Figuiéras (Marcel Grosdidier de Matons, La Châtaigneraie cantalienne. In: Revue de géographie alpine, tome 15, n°2, 1927 - www.persee.fr).
Une découverte, assez inattendue et fort curieuse, a été faite vers 1925 dans une famille de la Haute Auvergne, et aussitôt publiée dans les Annales du Midi, sous le titre « Le sachet accoucheur et ses mystères », article dû à un érudit local avisé, Alphonse Aymar. La famille en question (dont seule l'initiale R... a été révélée), habitant la ville d'Aurillac, possédait héréditairement, depuis de nombreuses générations, un sachet dont les effets merveilleux favorisaient la délivrance des femmes enceintes mais aussi (de façon plus générale) protégeaient celui qui en était porteur dans les occasions périlleuses, contre toutes sortes de dangers. Détentrice d'un « palladium » doué de telles vertus, la famille sans aucune jalousie le prêtait volontiers aux personnes de la ville et du voisinage qui en faisaient la demande : prêt toujours discret naturellement, toujours gratuit, et toujours suivi (semble-t-il) du plus heureux effet. Un jour vint cependant où le possesseur de ce sachet, conservé par lui avec la même sollicitude que ses ayeux, n'y tint plus ; désirant intensément connaître cet objet mystérieux, il osa procéder (de façon quasi sacrilège !) à son ouverture. Et c'est ainsi que le sachet dévoila ses secrets (Louis Carolus-Barré, Un nouveau parchemin amulette et la légende de sainte Marguerite patronne des femmes en couches, communication du 30 mars 1979. In: Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 123e année, N. 2, 1979 - www.persee.fr).
Nous découvrons encore, dans le petit sac, un bout de ruban en soie, ayant 25 centimètres de longueur et 26 millimètres de largeur. Sur ce ruban, de couleur jaune, sont imprimés en noir, entre deux traits formant encadrement, et en capitales romaines de 12 millimètres de hauteur, les mots espagnols ,.ridad dy Ilescas. Le premier mot est incomplet. On doit lire, probablement, Caridad, et on aurait, ainsi, un membre de phrase signifiant : Charité d'Ilescas. En Espagne, une localité, située entre Tolède et Madrid, à mi chemin des deux villes, porte le nom d'Illescas. Une colonie auvergnate, composée, principalement, de membres de familles alliées, et dont a fait partie le poète cantalien Arsène Vermenouze, y exerce, depuis longtemps, un important négoce. L'inscription du ruban rappelle, peut-être, l'existence d'un antique sanctuaire~dédié à Notre-Dame de la Charité (Alphonse Aymar Alphonse, Contribution à l'étude du folklore de la Haute-Auvergne. Le sachet accoucheur et ses mystères. In: Annales du Midi : revue archéologique, historique et philologique de la France méridionale, Tome 38, N°149-150, 1926 - www.persee.fr, Faucher les Marguerite : Sainte Marguerite, le talisman d’Aurillac, carré SATOR, Marcolès).
A Illescas, l'hôpital-sanctuaire de la Caridad, des XVIe et XVIIe siècles, possède une église d'une seule nef présentant une collection de cinq belles peintures de El Greco (www.spain.info).
Aurillac et Matthieu XI,28 chez le marquis de Chefdebien
Un lien entre le verset de Matthieu et la région d'Aurillac est difficile à trouver. On tombe cependant sur un texte intéressant du Marquis de Chefdebien d'Armissan, franc-maçon certes mais aussi catholique, bien que conspué par Benjamin Fabre, qui serait le catholique audois Jean Guiraud (Quillan, 1866 - Saint-Martin-de-Bréthencourt, 1953).
Les Chefdebien de Narbonne sont une de ces familles de la grande noblesse du Languedoc, qui a participé à la franc-maçonnerie dès le XVIIIe siècle. [...] Nous opérons ici dans un milieu profondément catholique, influencé par le rite écossais rectifié de Willermoz ou les idées de Joseph de Maistre, un milieu ésotériste et réactionnaire tenant d'une chevalerie mystique, tout le contrairede plaisantins qui se seraient amusés à vouloir réhabiliter le Temple, du moins dans sa version «satanique anticléricale » que dénonçaient les légitimistes. Etne parlons pas d'une hypothèse sur l'humanité de Jésus ou de son mariage avec Marie-Madeleine, inacceptable dans ce milieu (Alexandre Adler, Sociétés secrètes, 2007 - books.google.fr).
Comme le déclare le Narbonnais Chefdebien (Eques a capite galeato) dans ses Disquisitions maçonniques offertes au convent européen du régime des Philalèthes tenu à Paris en 1785, organisé pour tirer au clair ces secrets de plus en plus inaccessibles, comme le convent de Wilhelmsbad de 1782 :
Mais c'est assez pour la Maçonnerie d'avoir su fixer nos regards sur ce magnifique et sublime tableau: le vrai bonheur est le but placé au bout de la carrière qu'il nous est donné de parcourir; la voie qui y conduit est étroite et mobile entre deux abymes effrayants: l'impiété et la superstition. Comme hommes religieux et comme citoyens nous avons des guides légitimes et avoués; et ce n'est que par une coupable audace que quelques thaumaturges insensés voudraient, à l'abri du mécanisme de la Maçonnerie, régenter nos nos opinions et diriger nos démarches. S'ils abusent des bornes de nos lumières, s'ils abusent de notre crédule confiance, pour nous débiter leurs doctrines hétérodoxes, d'un style ampoulé, diffus, inintelligible; s'ils affectent d'alimenter la curiosité, qu'ils ont eu l'adresse de nous inspirer eux-mêmes, et si les explications qu'ils nous donnent de leurs allégories et de leurs emblèmes ne sont que des énigmes, présentées sous une autre face ; et si tout ce qui vient de leur part a besoin de commentaire: loin de nous égarer avec eux, nous leur dirons avec le Président d'Aurillac :
Mon ami, chasse bien loin / Cette noire rhétorique, / Tes ouvrages ont besoin / D'un devin qui les explique: / Si ton esprit veut cacher / Les belles choses qu'il pense, / Dis-moi, qui peut l'empêcher / De te servir du silence ?
Pour ce qui nous concerne, Mes Frères, nous nous plairons uniquement à justifier le titre distinctif que les instituteurs de notre régime ont adopté: Nous ramènerons la Maçonnerie, autant qu'il dépendra de nous, aux errements primitifs de son institution; nous la considérerons comme un délassement décent et agréable; nous laisserons à nos plaisirs le voile léger qui semble les dérober aux yeux du vulgaire, et de les rendre par là plus piquants; nous nous livrerons avec joie aux actes de bienfaisance, qui nous sont prescrits comme Maçons, et qui étaient déjà au nombre de nos devoirs, comme hommes. Quant à l'art de devenir bon et parfait, il n'est pas douteux que tout le monde doit désirer de le connaître; mais il est moins douteux encore qu'il y aurait de la folie et de l'impiété à le chercher péniblement, avec incertitude, au travers des ombres fantastiques de la Maçonnerie, tandis que nous pouvons le chercher et nous pouvons le trouver avec autant de certitude que de facilité dans les enseignements de notre Sainte Religion, et en suivant exclusivement les voies que Notre-Seigneur Jésus-Christ lui-même nous a tracées : Venite ad me omnes qui [laboratis et] onerati estis et ego reficiam vos — Jugum meum suave est, et onus meum levé. [Venez à moi vous tous qui êtes fatigués & qui êtes chargés, & je vous soulagerai; car mon joug est doux & mon fardeau est léger] (Matth., XI. 28-30). Sans cesser de regarder tous les hommes, comme nos Frères, nous nous lierons plus étroitement avec ceux à qui le goût des mêmes vertus inspirera la même manière de les manifester. Nous nous encouragerons les uns les autres à notre amélioration, par la réciprocité de l'exemple et par le souvenir de quelques maximes choisies. Une correspondance confiante et régulière portera la circonférence de notre union fraternelle jusqu'aux confins de l'univers (Charles Porset, Les Philalèthes et les convents de Paris: une politique de la folie, 1996 - books.google.fr, Benjamin Fabre, Franciscus, Eques a capite galeato, 1753-1814, un initié des société secrètes supérieures, 1913 - archive.org).
De son côté, Joseph de Maistre souligne la nécessité d'adopter des protocoles de reconnaissance et d'échange communs afin de fluidifier les échanges tout en limitant les intrusions de parasites - c'est le cas des aventuriers et chevaliers de fortune des Lumières, ces « gestionnaires de la mobilité » (Daniel Roche) qui ont bien vite compris l'utilité d'« en être » ou d'en usurper l'appartenance pour se faufiler par les circuits maçonniques jusqu'au cœur du royaume de la civilité et du bon goût : "La correspondance étroite avec les frères étrangers et nos devoirs envers eux, qui constitue essentiellement la république universelle sont encore un objet de la plus grande importance" (Pierre-Yves Beaurepaire, L'Europe des francs-maçons, XVIIIe-XXIe siècles, 2002 - books.google.fr).
Secrétaire de la reine Marguerite de Valois, François Maynard, le prsident d'Aurillac, décide de composer des vers et devient très vite un partisan des doctrines de Malherbe, qu'il applique de la manière la plus scrupuleuse. Pour la reine, il rédige Philandre, un long poème d'inspiration pastorale en cinq chants, à l'imitation du Sireine d'Honoré d'Urfé et des Changements de la bergère Iris de Jean de Lingendes, parus en 1605. Sa charge de président au présidial d'Aurillac ne l'empêche pas d'effectuer de nombreux séjours à Paris où, comme ses amis Desportes et Saint-Amant, il fréquente l'hôtel de Rambouillet. Aux environs de 1620, à un moment où le pouvoir ne parvient pas à étouffer toutes les manifestations de la liberté, Mainard est allé très loin sur la route de l'impiété.Il parle alors dans ses vers des « mangeurs d'Autel », et se place apparemment parmi les« Antéchrists ». Mais en 1625, le P. Garasse, dans sa Somme théologique, l'appelle « aussi bon catholique que sage poète », et Mainard communique aux Jésuites un dizain imité de Martial contre les impies. A partir de 1628, il n'est plus question dans les documents d'Aurillac de Fr. Mainard comme président au présidial, mais bien d'Henri Darches. Mainard devient ensuite conseiller d'Etat et est élu à l'Académie française dès sa fondation. Il est apprécié par divers personnages puissants mais ne parvient à séduire ni Richelieu ni Mazarin. Il se retire alors à Saint-Céré et reçoit la visite de plusieurs jeunes poètes dont Jean de La Fontaine. En 1646, peu de temps avant de disparaître, il fait publier nombre de ses œuvres : des Odes, des Epigrammes et le volume de ses Poésies dans lequel se trouvent des élégies où l'on perçoit une mélancolie confinant à la tristesse. Fidèle aux leçons de son maître Malherbe, il a composé des vers d'une facture impeccable et d'une grande clarté. Mainard est aussi l'auteur de plusieurs Lettres contenant des réflexions théoriques et de quelques poésies latines. Ses poèmes les plus fameux sont A la belle vieille et En attendant la mort. L'esthétique rigoureuse à laquelle il se soumet annonce celle qui triomphera sous le règne de Louis XIV (Philippe Sabourdy, Anthologie de la poésie française: du Moyen âge à nos jours, 2005 - books.google.fr, Antoine Adam, Histoire de la littérature française au XVIIe siècle : L'époque d'Henri IV et de Louis XIII, Tome 1, 2014 - books.google.fr).
Le bailliage n'était qu'un premier degré de juridiction, et beaucoup d'affaires, susceptibles d'appel, ne méritaient pas l'honneur d'être soumises au parlement de Paris. Or, le bailliage d'Aurillac s'étendait, d'après les lettres-patentes du mois d'août 1572, sur toutes les terres des exempts du haut-pays d'Auvergne, et en 1525 on l'avait démembré pour instituer à St-Flour un bailliage nouveau. On crut donc nécessaire d'établir à Aurillac, en 1561, un siége présidial auquel ressortiraient les bailliages de Vic et de St-Flour. Le présidial connaissait, par appel et en dernier ressort, de toutes causes ne dépassant pas 250 livres une fois payées, ou 10 liv. de revenu. (Jean Baptiste Déribier du Chatelet, Dictionnaire statistique, Volume I, 1852 - books.google.fr).
A ceux qui pensent à un trésor
Sur l'écusson du mont de piété ou plutôt de pitié, il a cette haute signification : le Christ souffrant a pitié de ceux qui souffrent et l'invoquent avec confiance; il leur tend amoureusement les bras, pour qu'ils viennent chercher sur son cœur le repos et la consolation. Il leur dit bien : Videte si est dolor sicut dolor meus (Thren. [Lamentations de Jérémie] I,12), mais aussitôt il ajoute : Venite ad me, omnes qui laboraiis et onerati estis, et ego reficiam vos (Math. XI,28). En sorte que le malheureux sans resssource, en élevant ses regards vers le mont qui lui prêtera sur gages et gratuitement, pourra dire avec saint Paul : Non habemus pontificem qui non possit compati infirmitatibus nostris (ad Hebr. IV,15) (Xavier Barbier de Montault, OEuvres complètes, Tome VI : Rome, V. Dévotion populaire, première partie, 1892 - www.liberius.net).