Partie XV - Le Cercle et la Croix des Prophètes   Lourdes et la Croix des Prophètes   La Lettre déchiffrée   
LE CERCLE ET LA CROIX DES PROPHETES LOURDES LA LETTRE DECHIFFREE

 

  

A gauche : Robert Nanteuil (Reims, en 1623 - Paris, 1678), Louis Doni d'Attichy, Estampe, 1663 - www.parismuseescollections.paris.fr

A droite : Claude Duflos (1665–1727), Marin Mersenne de l'ordre des Minimes - commons.wikimedia.org

La Lettre déchiffrée est une reprise de la Lettre de Pimandre à Théopompe, plusieurs fois réimprimée et présente dans un recueil de Paul Hay du Chastelet. Cet opuscule de cent dix-neuf pages propose une histoire en forme de panégyrique ou, mieux, une défense du cardinal (Hélène Duccini, Faire voir, faire croire, L'opinion publique sous Louis XIII, 2017 - books.google.fr).

L'auteur de la Lettre déchiffrée écrit à un correspondant à Pise, ville universitaire où enseignait le candiote Georges Moschetti au début du XVIIe siècle, grec qui visita le Péloponnèse au nom du grand duc de Toscane dans le cadre de la préparation de la croisade du duc de Mantoue (La Lettre dechiffree, 1628 - books.google.fr, nonagones.info - Le Cercle et la Croix des Prophètes - Lourdes et la Croix des Prophètes - Gonzague : to be or not to be à Mantinée).

Daniel Hay, qui s'était toujours plu dans la société des gens de lettres, «controversiste habile et savant mathématicien», lié dès le temps de ses études Paris avec le P. Mersenne, par son mérite personnel et par la protection de son de son frère Paul Hay du Chastelet, fut jugé digne d'occuper le trente-huitième fauteuil de l'Académie naissante, le 26 février 1635 (Alphonse Angot, F. Gaugain, Dictionnaire D-Ma, 1962 - books.google.fr, fr.wikipedia.org - Paul Hay du Chastelet).

Daniel Hay fut l'un des premiers membres de l'académie de Mersenne (Jean Mesnard, La culture du XVIIe siècle, enquêtes et synthèses, 1992 - books.google.fr).

Hay note Timandre dans la table des matières et Pimande dans le corps du texte. Aucune correction que ce soit dans les éditions de 1638, 1640, 1643 sur books.google.

C'est sous le nom de La Lettre dechiffree que ce texte est publié d'abord en 1627. Hay du Chastelet l'appelle ensuite Lettre de Timandre à Théopompe. Le nom de Théopompe apparaît en 1627 mais pas Timandre ou Pimandre (commons.wikimedia.org, portail.biblissima.fr).

Phemandros/Themandros et Pimandre/Timandre - ph/th

Alternanze, forse non soltanto grafiche, si notano, a Sparta, Mantinea (ed anche a Nasso), tra le consonanti che, in ionico-attico, sono sorde aspirate : in iscrizioni antiche si legge, infatti, worphaia oltre a worthaia (come epiteto di Atena, in attico orthaía), Phemandros oltre a Themandros (e questa seconda è la forma etimogizzabile della parola), prosspha oltre a prosstha (forma più simile all'attico prósthe (n), di cui altre varianti sono il dorico prostha, il cretese proththa ed il delfico prosta) (Riccardo Ambrosini, Introduzione alla linguistica indo-europea: Le lingue indo-europee orientali e centrali, Tome 2, 1996 - books.google.fr).

Dans certaines inscriptions grecques archaïques, ph employé pour theta peut s'expliquer par une confusion purement graphique : à Sparte (VIe s.) "storphaia" (épithète d'Artémis) à côté de "storthaia"; à Naxos (Ve s.) "dôrophea"; à Mantinée (Ve s.) "Phemandros", "prosspha", à côté de "Themandros", "prosstah" (avant, devant) (Michel Le Jeune, Phonétique historique du Mycenien et du Grec Ancien, 1971 - archive.org).

Phemandros ou Themandros apparaissent en effet dans le "jugement de Mantinée". Il s'agit d'une personne dont le statut de coupable ou d'innocent, dans le meurtre d'une jeune fille et de quelques hommes dans le temple d'Athéna Alea à Mantinée, y est en suspens (Théophile Homolle, Remarques complémentaires sur une inscription de Mantinée. In: Bulletin de correspondance hellénique. Volume 16, 1892 - www.persee.fr).

EVANDER (Evaropos). 1. A son of Hermes by an Arcadian nymph, a daughter of Ladon, who is called Themis or Nicostrata, and in Roman traditions Carmenta or Tiburtis. (Paus. viii. 43. § 2; Plut. Quaest. Rom. 53; Dionys. A. R. i. 31; Serv. ad Aen. viii. 336.) Evander is also called a son of Echemus and Timandra. (Serv. ad Aen. viii. 130.) About sixty years previous to the Trojan war, Evander is said to have led a Pelasgian colony from Pallantium in Arcadia into Italy. The cause of this emigration was, according to Dionysius, a civil feud among the people, in which the party of Evander was defeated, and therefore left their country of their own accord. Servius, on the other hand, relates that Evander had killed his father at the instigation of his mother, and that he was obliged to quit Arcadia on that account. (Serv. ad Aen. viii. 51; comp. Ov. Fast. i. 480.) (Dictionary of Greek and Roman Biography and Mythology, Tome 2 : Earinus-Nyx, 1880 - books.google.fr).

Évandre, fils de Nicostrate, fut le chef de Pallantium, une colonie d'Arcadiens qui vint s'établir dans l'Italie aux environs du mont Palatin. Ce prince y apporta, avec l'agriculture, l'usage de l'écriture, et s'attira par là, et plus encore par sa sagesse, l'estime et le respect des Aborigènes qui, sans l'avoir pris pour roi, lui obéirent comme à un ami des dieux (fr.wikipedia.org - Evandre).

Timandra est une fille de Tyndare, roi de Sparte et de Léda, soeur de Castor et Pollux, d'Hélène, de Clytemnestre, et de Phébé (fr.wikipedia.org - Timandra (mythologie), Pierre Chompré, Dictionnaire portatif de la fable, Tome 1, 1801 - books.google.fr).

A la suite du passage où il relate, avec force détails, l'arrivée des Pélasges en Sabine et leur alliance avec les Aborigènes sur les bords du lac de Cutiliae, Denys d'Halicarnasse donne un bref aperçu des entreprises des nouveaux alliés. Il présente brièvement l'expansion des Pélasges et des Aborigènes aux dépens des Ombriens et des Sicules et cite certaines villes où ils se seraient installés. On retrouve Cortone, dont la prise par les Pélasges sur les Ombriens appartient au fonds ancien de la légende pélasgique d'Etrurie, et Caeré, dont le caractère pélasgique correspond également à une donnée ancienne. Mais on note la présence de trois autres cités, nulle part ailleurs associées aux Pélasges : Pise, Saturnia, Alsium (Dominique Briquel, Les Pélasges en Italie. Recherches sur l'histoire de la légende. Rome : Ecole française de Rome, 1984 - www.persee.fr).

Receuil de diverses piéces pour servir a l'histoire; discours sur plusieurs points importans de l'état present des affaires de France; lettre de Themandre a Theopompe, publiée ci-devant sous le titre de lettre dechifrée... (Paric 1635. gr. pap. en veau) (Bibliotheca Hohendorfiana, Tome 1, 1720 - books.google.fr).

Georg Wilhelm von Hohendorff (1670?-1719), baron allemand ; en 1708, lieutenant général de l'empereur (Source : BnF). Né en Prusse. Membre du corps expéditionnaire du Brandebourg lors de campagnes contre les Turcs. A partir de 1700, entre au service du prince François-Louis de Palatinat-Neubourg. Colonel des cuirassiers, commandant de la garde à cheval du prince Eugène de Savoie pendant la guerre de succession d’Espagne. Gouverneur de Courtrai en 1716-1717. Effectue des missions diplomatiques à Londres, La Haye, Berlin et Vienne. Collectionneur réputé. Bibliographie : Deutsche biographische Enzyklopädie (portail.biblissima.fr).

"Lettre de Timandre à Theopompe, publiee cy deuant sous le tiltre de Lettre déchiffree" dans la table des matières du Recueil de Paul Hay du Chastelet, mais Pimandre dans la titre de la Lettre (Paul Hay du Chastelet, Recueil de diverses pièces pour servir à l'histoire, 1640 - books.google.fr).

Pimandre (Placcius num. 2701. in pseudon. perperam habet Timandre) (Johann Christoph Mylius, Bibliotheca anonymorum et pseudonimorum: Pars 2, 1740 - books.google.fr).

Vincent Placcius est un bibliographe allemand, né à Hambourg en 1642, mort dans la même ville en 1699. Il s’adonna à l’étude des belles-lettres et de la jurisprudence, non seulement en Allemagne, mais encore en France, en Italie, en Hollande. Il publie De scriptis et scriptoribus anonymis et pseudonymis syntagma (Hambourg, 1674, in-4°), ouvrage qu’il s’attacha à compléter dans un supplément publié après sa mort sous le titre de : Theatrum anonymorum et pseudonymorum (Hambourg, 2 part. in-fol.) (fr.wikipedia.org - Vincent Placcius).

Timandre est un berger dans la Galatée de La Fontaine (Oeuvres: Théatre complet. Precédées de la vie de l'auteur, par Fontenelle, 1877 - books.google.fr).

Le Pimandre ou Poïmandrès est le titre du premier traité du Corpus Hermeticum, célèbre livre d'occultisme attribué à Hermès Trismégiste. Parmi les personnages figurent Hermès Trismégiste, Asclépius (identifié à Imhotep), Ammon (le dieu égyptien Amon), Horus (fils d'Isis), Agathodémon, Poïmandrès, Tat (fils corporel et spirituel de Thot-Hermès). Dans les traités II et XI du Corpus Hermeticum, il est clair que Poïmandrès instruit Hermès Trismégiste et qu'il est l'Intellect (Noûs), l'Esprit divin (fr.wikipedia.org - Pimandre).

Le Pimandre est appelé Phimandros dans l'édition de Cornelius a Lapide de 1740 (Commentaire de Luc, X,42 : "porro unum est necessarium")

Trismegist., in Phimandros, Unitas, ait, omnium principium, radix origo omnem continet numerum, a nullo comprehensa, omnemque gignit numerum ex nullo genita numero: haec est imago Dei (R. P. Cornelii Cornelii A Lapide E Societate Jesu, Commentaria In Vetus Et Novum Testamentum: Commentaria In Quatuor Evangelia, Tome 8, 1740 - books.google.fr).

Mais Pimandros en 1638 (Cornelii a Lapide, Commentarii in IV. Evangelia, in duo Volumina divisi, 1638 - books.google.fr).

Cornélius a Lapide (en néerlandais: Cornelissen van den Steen), né le 18 décembre 1567 à Bocholt (Belgique) et décédé le 12 mars 1637 à Rome, est un prêtre jésuite belge, théologien et bibliste. Son commentaire encyclopédique des livres de la Bible eut une grande influence dans les séminaires et l'homilétique catholique (fr.wikipedia.org - Cornélius a Lapide).

Dans le Véritable Roman (1645), l'auteur anonyme s'inspire des Cigarrales de Tirso de Molina. Y apparait Timandre, venu d'Italie à Tolède, amant de Bérénice, ainsi que Tindare amoureux d'Irène (André Nougué, L'oeuvre en prose de Tirso de Molina,Tome 1, 1962 - books.google.fr).

Il y a un autre mot dont Stephanus donne une Etymologie fausse, mais qui conduit néanmoins à la veritable. "KAPHREUS", dit-il, port d'Eubee ainsi nommé, pour "KATHREUS", parce que les Eubéens y purifioient ceux qui navigoint. Il n'y a point d'exemple que le Theta se chang en Phi, de sorte qu'on ne peut pas dire que "Kaphèreus" vienne de "Kathèreus"; cependant ces deux mots marquent en effet la même chose, puisqu'en Phénicien Caphar signifie purifier. Outre ce qu'on a dit de la Langue des premiers habitans de la Grece Bochart a prouvé dans son Canaan, que les Phéniciens avoient été dans l'ile d'Eubée. Il est vrai qu'il conjecture que le mot de Capharee vient de Cepha-routs pierre brisante, parce qu'un écueuil célebre, où la flote des Grecs fit naufrage en revenant de Troie, s'appelloit ainsi. Mais il y a bien plus d'apparence que les Lettres "EUS" ne font que la terminaison Grecque de ce mot, & nullement de son essence; ce que l'on doit bien observer dans les Etymologies, puis que l'on fait que chaque Nation donne souvent aux termes empruntez des autres Langues des terminaisons de la sienne. Outre cela il ne s'agit pas ici du promontoire, ou de l'écueuil ainsi nommé, mais d'un port qui pouvoit être daus le voisinage; car il ne paroît pas vraisemblable qu'un si habile homme que Stephanus ait nommé port par mégarde, un promontoire si connu. Il semble donc plus croiable que nôtre Auteur aiant lu en quelque part que les marchands qui partoient de cet endroit de l'Eubée se purifioient avant que de faire voiles, a cru, à cause de cela, que l'on disoit "Kaphreus" pour "Kathreus". Les marchands faisoient peut-être là quelques aspersions de l'eau de la mer sur eux & sur leurs marchandises, comme Ovide dans le V. des Fastes dit que l'on en usoit près d'une fontaine consacrée à Mercure hors de la porte Capene (Bibliographie : Edition de Stéphane de Byzance par Berkelius, Bibliothèque universelle et historique, Volume 12, 1689 - books.google.fr).

Les latins ferus, feritas viennent du grec "ther" : Phi & Theta aspirées, s'échangent facilement (Louis Thomassin, La methode d'étudier et d'enseigner, chrestiennement & utilement la grammaire, ou les langues par rapport a l'ecriture sainte, en les reduisant toutes à l'Hebreu, 1690 - books.google.fr).

Louis de Thomassin d’Eynac, ou plus simplement Louis Thomassin, né le 28 août 1619 à Aix-en-Provence et mort le 24 décembre 1695 à Paris, est un religieux et théologien français, prêtre de l'Oratoire (fr.wikipedia.org - Louis Thomassin).

Echange de lettres dans le passage d'une langue à une autre, mais pas interne à la grecque (Myriam Yardeni, Science et décadence au temps de la Renaissance : l'œuvre de Claude Duret. In: Revue d’histoire moderne et contemporaine, tome 24 N°2, Avril-juin 1977 - www.persee.fr).

La permutation du thèta et du phi est un fait bien connu des grammairiens et qui se produit dans presque tous les dialectes helléniques. On la remarque surtout en éolien et en dorien. Homère emploie le mot "phlipsetai" pour "thlipsetai" (il accablera); Pindare "phlan" pour "thlan" (briser), Théocrite "ouphar" pour "outhar" (mamelle). Mais ce ne sont pas seulement les écrivains classiques qui nous fournissent des exemples de cet échange entre deux articulations voisines. Nous en rencontrons aussi quelques-uns dans les monuments épigraphiques. Tel est l'emploi de la forme "phèra" pour "thèra" dans une inscription de Sparte (Edmond Saglio, Edmond Pottier, Dictionnaire des antiquités grecques et romaines d'après les textes et les monuments, Tome 1, 1877 - books.google.fr).

Timandres un honneste homme, qui se rend à la raison & au bon sens (François Poullain de La Barre, De l'Education des dames pour la conduite de l'esprit. Dans les sciences et dans les moeurs. Entretiens, 1679 - books.google.fr).

Poullain de La Barre (1647 - 1723), prêtre et philosophe, fut fortement influencé par la pensée du mathématicien et philosophe René Descartes (1596 - 1650) (Analyse et étude de l'oeuvre La Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne de Olympe de Gouges - BAC Français 1re 2025, 2021 - books.google.fr).

La vie des cardinaux

Comme ie loüe le dessein que vous auez fait THEOPOMPE, d'escrite la vie des Cardinaux, qui dans les deux derniers siecles ont manié le timon des affaires publiques sous l'authorité de leurs Maistres... (La Lettre dechiffree, 1628 - books.google.fr).

Lud. Doni d'Attichy, episc. Æduensis, flores historiæ sacri collegii S. R. E. cardinalium, ab anno 1049 usque ad ann. 1627. Lutetiæ-Paris., S. Cramoisy, 1660. 3 tom. 2 vol. in-fol. v. f. (P. F. de Goesin-Verhaeghe, Catalogue des livres rares et precieux, au nombre de 14435 lots, de la bibliothèque de feu Monsieur Jean François van de Velde, Tome 2, 1831 - books.google.fr).

On remarque que le terminus ad quem est 1627, même si l'ouvrage est publié en 1660. On trouve "usque ad ann. 1649" dans un catalogue de Jacques Le Long (1769) mais la fin du 3e tome marque "FINIS" à la date 1627. Dans ce cas, ou Attichy ne se sentait pas de continuer après 1627, à quatre ans de sa mort, ou, dès le départ, la date finale était 1627 ce qui correspond à la Lettre dechiffree (Jacques Le Long, Bibliothèque Historique De La France, Tome 1, 1768 - books.google.fr, Louis Doni d'Attichy, Flores historiae sacri collegii S. R. E. cardinalium, Tome 3, 1660 - books.google.fr).

Guy Patin écrivait à Charles Spon qu'en 1649 Louis d'Attichy se proposait déjà d'écrire cette histoire :

je vous ay escript le vendredy 8 d'octobre pour la derniere fois. Il y avait deux lettres ensemble. Depuis ce temps-là, j'apprends que M. l'evesque de Riez, nommé Dony d'Attichy, par cy-devant minime, s'en va faire imprimer L'histoire de Cardinaux en Latin en 2. volumes in folio. Je pense que vous sçavez bien que depuis environ, 9. ans un honnête homme d'ici nommé M. Aubery, a fait imprimer l'Histoire des Cardinaux, depuis le commencement de leur création jusques à la la fin du siecle dernier en 5. volumes in 4. Maintenant il travaille au 6., qui ira jusques au Cardinal de Richelieu, & le 7. jusques au Mazarin; l'Evêque de Riez se sera infailliblement servi du travail de M. Aubery pour en grossir son Livre; & s'il ne fait mieux, sans doute qu'il aura tâché de faire autrement (Laure Jestaz, Les lettres de Guy Patin à Charles Spon, janvier 1649-février 1655, Tome 1, 2006 - books.google.fr).

Louis Doni d'Attichy est un prélat italo-français du XVIIe siècle, né à Paris le 10 février 1598, et mort à Dijon le 30 juin 1664. Louis Doni est fils d'Octavio Doni, d'une noble famille florentine, seigneur d'Attichy, près de Compiègne, natif de Florence qui avait suivi Catherine de Médicis en France, et de Valence de Marillac, sœur du maréchal de France Louis de Marillac et du garde des Sceaux Michel de Marillac. Il naît à Paris dans la paroisse de Saint-Jean-de-Grève, il est le filleul du duc d'Epernon. Louis Doni devient membre en 1614 des Minimes, peut-être sous l'influence d'Olivier Chaillou, minime lui-même et confesseur de la famille Marillac-Attichy alors que son frère Achille devient jésuite. Il termine ses études chez les minimes où il apprend l'hébreu et le grec et où il écrit une histoire de son ordre. Quoique résidant à Rome depuis 1624, il est nommé supérieur du célèbre monastère de Paris, et provincial du duché de Bourgogne en 1628. Le cardinal de Richelieu le propose à Louis XIII pour l'évêché de Riez, et le roi signe sa nomination en 1628. Il est confirmé le 8 octobre 1629 et consacré en 1630 par l'archevêque de Paris (fr.wikipedia.org - Louis Doni d'Attichy, Louis Dony-d'Attichy, Histoire générale de l'ordre sacré des Minimes divisée en huict livres, 1624 - books.google.fr).

Le premier sermon prêché en français en Provence, où jusqu'alors on n'avait prêché qu'en latin, fut l'oraison funèbre de Henri IV, prononcée en 1615, à Avignon, par Doni d'Attichi (Ludovic Lalanne, Curiosités littéraires, 1845 - books.google.fr).

Proche du parti dévot, son œuvre littéraire comporte aussi un De vita et rebus gestis Petri Berulli (H. Michel, Clergé, identité et fidélité catholiques, Mélanges à la mémoire de Michel Péronnet, Tome 1, 2002 - books.google.fr).

La famille de Louis d'Attichy

Mais pource qu'ils n'en parlent pas tous d'vn mesme ton, & que leurs sentiments se trouuent là dessus en beaucoup de choses, aussi differents que leurs interests, vous vous souuiendrez, comme i'estime, que vostre ayeul nasquit en France, & que vous y auez esté nourry (La Lettre dechiffree, 1628 - books.google.fr).

...on a recours, pour ce qui regarde la Iustice, à Monsieur le Garde des Seaux, & pource qui touche les finances, à Monsieur le Surintendant. De l'vn & de l'autre desquels, puis quele discours m'y porte, il faut que ie vous apprenne icy ce que la distance des lieux ne vous a possible point encore permis de sçauoir. Ils font tous deux venus du mesme pays, que vostre ayeul, vous ferez bien aise d'en ouyr dire du bien, & ie n'en puis dire autre chose, si ie ne veux mentir. Ioint, que pour escrire comme il faut l'histoire d'vn homme d'Estat, il est grandement necessaire d'auoir quelque cognoissance de tous ceux que la connexité de leurs charges a plus estroittement liez auecques luy. Pour l'vn vous n'auez qu'à vous ressouuenir, s'il vous plaist, de ce que ie vous en escriuis fort amplement il y a quel ques annees sur le suiet de ses Pseaumes, que ie vous enuoyay, C'est tousiours le mesme, sans que l'accroissement des honneurs ait rien adiousté, ce semble, à sa condition, que le moyen de faire mieux paroistre sa vertu (La Lettre dechiffree, 1628 - books.google.fr).

Michel de Marillac, né le 12 octobre 1563 à Paris et mort le 7 août 1632 à Châteaudun. Garde des Sceaux sous Louis XIII, il est l'auteur du Code Michau, appellation péjorative à l'époque, publié en 1629, qui est comme un préfigurateur des grandes réformes juridiques et sociales du XVIIe siècle français. Ligueur, puis chef du parti dévot à la suite du cardinal de Bérulle, il devient l'un des opposants à Richelieu, ce qui précipite sa chute, lors de la journée des Dupes, en 1630.

Son travail de juriste privilégiant la réforme intérieure de l'État et la défense du catholicisme l'oppose à Richelieu dont la politique est centrée avant tout sur la résolution des problèmes internationaux de l'époque. Le consensus politique qui les avait tous deux amenés au pouvoir vient à son terme lorsque la révolte protestante prend fin en 1629. En 1629 et 1630, les deux hommes se livrent une guerre larvée : Richelieu encourage le Parlement à ne pas enregistrer le Code Michau, Marillac s'oppose à l'intervention française en Piémont et à la guerre contre l'Espagne. Il émerge comme le principal critique de la stratégie anti-Habsbourg de Richelieu (fr.wikipedia.org - Michel de Marillac).

Le garde des sceaux Michel de Marillac, savant et vertueux magistrat, qui ne fut pas un aussi grand poëte, quoique sa traduction de l'Imitation de Jésus-Christ ait été très-longtemps en vogue et ait eu jusqu'à cinquante éditions, a composé aussi (1625) une traduction en vers des Psaumes de David, qui n'a pas eu une si brillante fortune. Son style manque de vigueur et d'éclat; son vers n'est pas toujours exempt de tournures, d'inversions surannées; on y trouve même plus d'un exemple de l'hiatus, un des défauts les plus désagréables de l'ancienne versification française. Toutefois, Marillac n'était pas un écrivain sans mérite, et sa traduction des psaumes soutient avantageusement le parallèle avec tous les essais antérieurs, à l'exception de ceux de Malherbe (Félix Ragon, Essai de poésies bibliques: précédé d'une notice sur la littérature biblique en France depuis le milieu du seizième siècle jusqu'à nos jours, 1849 - books.google.fr).

Antoine Coëffier de Ruzé d'Effiat, marquis d'Effiat, né à Effiat en 1581 et mort le 27 juillet 1632 à Lutzelstein, est un militaire français, maréchal de France. Il est le fils de Gilbert Coëffier, seigneur d'Effiat, gentilhomme de la maison du duc d'Anjou (1570), député de l'Anjou aux États de Blois, et de Charlotte Gaultier. Il est le petit-fils du maire de Tours Gilbert Coëffier et le petit-neveu de Martin Ruzé de Beaulieu, mort en 1613, qui avait la charge de grand maître, superintendant et général réformateur sur le fait des mines et minières du royaume de France. Grâce à l'appui du cardinal, il devient le 9 juin 1626 surintendant des Finances. Il fait prendre un édit sur les mines de fer, avec pour objectif d'inciter la réouverture des mines abandonnées grâce à une simplification des contraintes administratives qui pesaient sur les exploitants (fr.wikipedia.org - Antoine Coëffier de Ruzé d'Effiat).

Coëffier est d'origine auvergnate comme Marillac.

Louis est le frère d'Achille Doni d’Attichy (mort en 1645), jésuite; de Geneviève Doni d’Attichy, qui épouse Scipion Adjacetti d’Acquaviva, duc d’Atri (au royaume de Naples), dont elle a Joseph Adjacetti d’Acquaviva.

Comme son frère aîné Achille, il choisit d’entrer dans les ordres et devient minime, peut-être sous l’influence d’Olivier Chaillou, confesseur de la famille, appartenant au même ordre (richelieuletters.hypotheses.org).

SCIPION Adjacetti d'ACQUAVIVA d'Atri, comte de Châteauvillain, fut autrefois marié avec une sœur de LOUIS DONI d'Attichy. Il était appelé à Rome par URBAIN VIII, qui lui donna de riches bénéfices à condition de se faire ecclésiastique. Il mourut en 1648, âgé de 60 ans. Son fils en question était en 1641 élève de TORRICELLI et fut tué au service d'URBAIN VIII dans la guerre contre le Duc de Parme (1641-1644) (Correspondance Du P. Marin Mersenne, 1962 - books.google.fr).

Un Adjacetti est aux côtés de duc de Nevers en 1592, lors de l'entrée des Lorrains dans le Bassigny et du siège de Châteauvillain (G. Hérelle, La Réforme et la Ligue en Champagne, Société des Sciences et Arts de Vitry-le-François, Volume 16, 1892 - books.google.fr).

Henri Sauval writes in the 1650s the Hôtel d'Adjacet, built for the Italian banker Lodovico Adjacetti in the 1570s to the designs of Thibault Métezeau on the rue Vieille du Temple a block west of the Hôtel d'Angoulême, was the most beautiful sixteenth-century town house in Paris (David Thomson, Renaissance Paris: Architecture and Growth, 1475-1600, 1984 - books.google.fr).

Le 21 août 1602 – Inventaire des titres et enseignements après le décès de maître Louis d’ADJACETTE/Ludovic DADJACETTO (=ADJACETTI), chevalier, comte de Châteauvillain, baron d’Orgens et Creaux (?), gentilhomme ordinaire de la chambre du Roi. A la requête de haute et puissante dame, dame Anne d’ACQUAVIVE (=d’ACQUAVIVA d’ARAGON), sa veuve demeurant ordinairement au lieu de Châteauvillain (52120), étant de présent à Paris, logée rue des Rosiers, paroisse Saint-Gervais, au nom et comme tutrice de leurs enfants mineurs (www.geneanet.org).

Scipion est le fils du Florentin François-Louis et d'Anne d'Acquaviva d'Aragon, d'une famille disputant le titre de duc d'Atri à la branche des Conversano que Mazarin essaiera de réunir (A. Chéruel, Lettres du Cardinal Mazarin pendant son ministère, Tome 3, 1883 - books.google.fr, Edouard de Barthélemy, Madame la comtesse de Maure. Sa vie et sa correspondance. Suivies des Maximes de Madame de Sablé et d'une étude sur la vie de Mademoiselle de Vandy, 1863 - books.google.fr).

En 1594, la seigneurie d'Attichy avait été vendue, par la famille de Hacqueville, au maréchal de Marillac, dont la sœur Valence ayant épousé, vers 1598, Octavien Doni, avait apporté la seigneurie d'Attichy à ce financier italien. Mais, cette terre était restée grevée d'une rente de mille livres au profit du président Luillier (Bulletin de la Société Historique de Compiègne, Tome 6, 1884 - books.google.fr).

Louis d'Attichy et Richelieu

Et qui doubte qu'en ce cas là, le plus vtile miracle, que sçauroient faire les clefs de saint Pierre, ce seroit de fermer promptement l'entree, par où les Lutheriens pourroient se ietter de plein saut en Italie, sur les traces encore fraisches de ceux qui saccagerent Rome sous Charles Quint ? Nous venons de la leur fermer. Et peut estre que de tant de biens-faits insignes, en consideration desquels Innocent IIII. donna des Indulgences de dix iours à tous ceux qui prieroient pour nos Roys, Vrbain VIII. recognoistra auecque le temps, que cestuy-cy n'est pas le moindre. I'ay dit tout cecy, pour quelques vns des vostres, THEOPOMPE, à qui tout ce qu'on faict pour le Vaticau est crime, s'il n'est ratifié dans l'Escurial (La Lettre dechiffree, 1628 - books.google.fr).

Le cardinal de Richelieu connut Louis d'Attichy pendant sa retraite à Avignon où il était logé chez les Minimes. Richelieu est en exil à Avignon du 15 mai 1618 au 7 mars 1619. Il a trente-trois ans.

Louis Doni d'Attichy était fils du surintendant des finances de Marie de Médicis, Octavien, mort en 1614 et neveu des Marillac. Ce proche du parti dévot (son œuvre littéraire comporte aussi un De vita et rebus gestis Petri Berulli) avait fait ses études à La Flèche et au collège de Navarre; minime, il avait été évêque de Riez de 1629 à 1652 avant d'être transféré à Autun. Il meurt en 1668 ayant conservé toute sa vie vis-à-vis de Richelieu et de sa mémoire tous les ressentiments qui avaient pu prendre naissance au soir de la Journée des dupes et se fortifier à l'occasion de la disgrâce du chancelier et du procès du maréchal de Marillac. Un lourd et durable contentieux... (F. Hidelsheimer, Richelieu et les Libertés de l'Eglise gallicane, Mélanges à la mémoire de Michel Péronnet, Tome 1, 2002 - books.google.fr).

Octavien Doni, seigneur d'Attichy, financier florentin arrivé au temps de Catherine de Médicis. En 1610, Marie de Médicis en a fait le surintendant de sa propre maison. Il est intendant des Finances depuis 1602 au moins. Avec Jeannin, c'est à lui que profite le plus le départ de Sully : «Le gouvernement des finances est réparti entre les présidents Jeannin et de Thou, Châteauneuf et les autres intendants, parmi lesquels monsieur d'Attichy s'affirme avec beaucoup d'autorité.»

Claude Guillermet, Seigneur de Beauregard, plus connu sous le nom de Berigardus, & que Naudé appelle Belriguardus dans l'Epitre dedicatoire du Traité de Jean-Baptiste Doni, de utraque pænula, qu'il donna en 1644. naquit à Moulins en Bourbonnois le 15e. Août 1578. de Pierre Guillermet, Ecuyer, Seigneur de Beauregard, Docteur en Philosophie & en Medecine (Jean Pierre Niceron, Mémoires pour servir à l'histoire des hommes illustres dans la république des lettres, Tome 31, 1735 - books.google.fr).

L'ordre des Minimes

François de Paule avait été plutôt mal reçu par le roi de Naples; il considéra même, dit-on, comme une intervention divine l'occupation du trône de Naples par Charles VIII en 1495. Mais cet exil volontaire est à l'origine du caractère très fortement gallican des positions politiques adoptées par l'Ordre durant l'Ancien Régime. Les Minimes furent toujours loyaux envers la famille royale qui les protégea si bien, non seulement durant les guerres de religion, mais même plus tard, comme le prouvent l'unanimité et la tranquillité avec lesquelles les frères signèrent tous, sans problème, l'acte de dénonciation du jansénisme en juin 1661. En même temps que les membres de la famille royale, de nombreux personnages influents de la Cour s'attachèrent à l'ordre, et nous allons retrouver parmi les bienfaiteurs et fondateurs du couvent de la Place-Royale, les d'Alesso, les Chaillou, les d'Ormesson, de Coste, etc. Les couvents se multiplièrent rapidement dès la fin du XVe siècle : après Plessis, Amboise, Bracancourt, Fréjus, Toulouse. Nigeon fut créé en 1491, premier établissement de la région parisienne, alors que la règle, rédigée en 1493, fut aussitôt approuvée par Alexandre VI. Avec Nigeon, naquit la province de «France», qui, au XVIIIe siècle, comprenait vingt-trois couvents d'hommes et deux de femmes. L'extension de l'Ordre, et en particulier de la province, se fit en trois phases , auxquelles correspondirent les fondations des trois établissements parisiens : avec Nigeon, on assiste à la première extension des Minimes, du vivant de son fondateur. Après un arrêt entre 1535 et 1579, la province connut, avec les débuts de la contre-réforme, un nouvel essor : Vincennes fut donné , en 1585 , par Henri III aux Minimes . Mais c'est au début du XVIIe siècle, de 1600 à 1622, que la province, à l'image du reste de l'Ordre, connut sa plus grande extension : quatorze couvents d'hommes furent créés, dont celui de la Place-Royale en 1609. Le centre de l'ordre se déplaça avec la famille royale de la Touraine à Paris. Avec ce changement devait se trouver confirmé le côté fortement gallican de la province et de la majeure partie de l'ordre. C'est donc surtout grâce à leur situation que les couvents de Nigeon, Vincennes et de la Place-Royale jouèrent durant les trois siècles de leur histoire en France un rôle important. Les plus peuplés, ils eurent chacun à l'intérieur de la province un rôle assigné. Nigeon, par son ancienneté et l'ampleur de ses bâtiments, resta, malgré les prétentions de la Place-Royale, la maison-mère de la province; le provincial y résidait, les archives de l'ordre (chartes, privilèges, registres des novices et des professions) y étaient conservées; c'est là aussi que fut placé théoriquement le noviciat. Vincennes, après la suppression de l'école de Nevers une des plus prestigieuses de l'ordre groupa les lecteurs et élèves de philosophie et théologie. Le couvent servit aussi de maison de retraite pour les vieux religieux. La Place-Royale, enfin, malgré sa réputation, sa richesse et le nombre important de ses frères, ne fut jamais reconnue comme maison-mère. Mais pratiquement le couvent devint le centre, non seulement de la province mais aussi de l'ordre. Elle servit d'école pour la formation des clercs aux ordres ecclésiastiques, fut au xvIIe siècle le centre intellectuel le plus brillant de l'ordre, et servit enfin d'hôpital, tant que vécut le célèbre apothicaire Isaac Quatroux. Les trois couvents parisiens représentèrent donc chacun un temps fort de l'histoire des Minimes : Nigeon correspond à la première extension de l'Ordre du vivant de son fondateur et obéit assez bien au désir de saint François d'avoir des églises pauperes et parvae [petites et pauvres]; Vincennes, acquis durant une période de troubles, connut un bref moment de gloire avec la faveur d'Henri III; quant au couvent de la Place Royale, il est plus encore que Nigeon et Vincennes, caractéristique d'une phase de l'histoire de l'ordre : celle de la gloire et du rayonnement, et ceci au détriment peut-être de l'obéissance au vœu de pauvreté et d'humilité de l'ordre. Qu'aurait dit saint François de ce couvent, richement doté, magnifiquement orné, entouré des hôtels les plus luxueux, pourvu d'une église dont le portail fut un des chefs-d'œuvre du plus illustre des architectes de l'époque ? Comment aurait-il jugé la foule des élégants, des courtisans qui se pressait aux prêches ? Qu'aurait-il pensé de l'intensité des discussions rationalistes et scientifiques qu'entretenait le père Mersenne avec ses visiteurs et correspondants ? Aurait-il été favorable à l'éclectisme remarqué du choix des livres de la bibliothèque ? Pourtant, et c'est le but de l'étude ici présente, on peut voir facilement que le couvent, malgré sa richesse, et à cause d'une trop courte période de gloire qui dura l'espace d'une génération, ne fut pas aussi profondément différent des autres maisons de l'ordre et de Nigeon et Vincennes en particulier, qu'on aurait tendance à le croire. Au XVIIIe siècle, en effet, les trois couvents subirent à peu près la même évolution, le même oubli, la même crise de recrutement. D'après les tableaux de Lecestre en effet, la plupart des maisons, en 1768, n'avaient plus que trois à quatre occupants. L'ordre avait, sur ce point , besoin d'une réforme, et la Commission des Réguliers supprima un grand nombre d'établissements. Mais à cause de cette pauvreté retrouvée, volontairement ou non, l'obéissance à la règle et à l'esprit du fondateur resta entière. La Commission n'eut pas besoin de toucher à la règle. Les Minimes, à la différence des autres mendiants, lorsqu'ils disparurent de France en 1790, conservaient auprès de la population une réputation intacte. Les plaintes de laisser-aller, d'ivrognerie et débauche, formulées par les provinciaux, se justifièrent plus, semble-t-il, pour l'est que pour la région parisienne. Il est sûr cependant que le XVIIIe siècle, le siècle des lumières et des philosophes, n'était pas propre à favoriser l'expansion d'un ordre aussi austère que les Minimes. Les Ursulines, les Oratoriens, les Jésuites, de fondation plus récente, avec des règles totalement différentes, étaient assurément plus adaptés. M. Whitmore donne deux motifs à la décadence des mendiants en général, et des Minimes en particulier; l'absence de justification par un service social d'une part, la prédication ne pouvant permettre à des religieux de surmonter une épreuve comme la Révolution, et leur prolifération dans les villes d'autre part. Les Minimes durent, il est vrai, jouer des coudes pour se faire admettre par les autres ordres et le clergé séculier dans les villes où ils s'installèrent.

Saint François de Paule voulait que les Minimes fussent à la fois des modèles par leur vie et des propagateurs actifs d'un retour à la foi. Le prêche en public fut donc, dès les origines, la mission principale attribuée à l'ordre. Les Minimes en général ne furent pas très portés vers les subtilités théologiques, mais ils eurent par contre quelques orateurs populaires de grand renom, surtout durant les guerres de religion : François Humblot fut l'un des plus remarquables, mais il faut citer également Pierre-André Challuau et John Binans. A cause de ce rôle de propagation de la foi, la règle conseillait l'installation des couvents à proximité des villes, dans des endroits calmes, favorables à la méditation, mais pas trop éloignés, de façon à permettre aux frères de rejoindre rapidement les places, églises et marchés. Avec l'installation de la famille royale à Paris, avec la contre-réforme, phénomène religieux à caractère incontestablement citadin, Nigeon et Vincennes, trop modestes, ne suffirent plus à un ordre qui s'était fait connaître au XVIe siècle par son ardeur à lutter contre l'hérésie et qui devait, pour poursuivre sa tâche, rester proche des pouvoirs politiques et religieux. Les Minimes, pour ces raisons, mais aussi pour le motif plus prosaïque d'avoir un endroit où demeurer lors d'affaires à régler, désiraient depuis longtemps posséder une maison au centre même de la capitale. Plusieurs installations tentées avant 1610 échouèrent (Odile Krakovitch, le couvent des minimes de la place royale, Fédération des sociétés historiques et archéologiques de Paris et de l'Ile-de-France, 1981 - books.google.fr).

Le couvent des Minimes de la place Royale sera finalement fondé en 1610 par l'ordre religieux des Minimes. Ce couvent était installé au nord de la place Royale (actuelle place des Vosges) dans le quartier du Marais.

Or, il arriva qu'un chanoine de Paris, Olivier Chaillou, fils de Pierre Chaillou, secrétaire de la chambre du Roi, et de Madeleine d'Alesso, arrière-petite-fille d'une sœur de saint François de Paule, résolut d'entrer dans l'ordre des minimes. Avant de faire ses vœux, il leur abandonna une partie de ses biens. C'en fut assez pour donner à ces Pères le moyen d'acheter une partie des jardins de l'ancien palais des Tournelles, suivant la permission qu'ils en obtinrent du Roi, le 19 juillet 1610. La Reine Mère, Marie de Médicis, fit payer de ses deniers royaux le prix du fonds qui avoit été acheté et s'en déclara fondatrice. Les marquis de La Viéville (sic), de Sourdis, d'Eaubonne et d'Ormesson, conseillers d'Etat, firent en même temps plusieurs dons qui leur méritèrent la qualité de principaux bienfaiteurs et fondateurs (Paul Biver, Abbayes, monasteres et couvents de paris Par par paul and marie louise biver, Tome 1, 1970 - books.google.fr).

Théopompe

Théopompe, du grec Theos, Dieu, et pompo, guide : à qui Dieu sert de guide; Tropez, du grec tropeô, je tourne, je change.

Théopompe, évêque et martyr à Nicomédie sous Dioclétien avec saint Synèse, fêté le 4 janvier et le 21 mai. Leurs reliques furent apportées à Lucques en Toscane (L. M. Pétin, Dictionnaire hagiographique ou Vie des saints, et des bienheureux, honorés en tout temps et en tous lieux, Tome 2, 1850 - books.google.fr).

Conrart vers 1637 dans un manuscrit relate une discussion entre l'évêque de Grasse, Antoine Godeau, surnommé Théopompe et son ami Leodamas (H. Chardon, La vie de Rotrou, Revue historique et archéologique du Maine, Volume 14, 1883 - books.google.fr).

Antoine Godeau, né à Dreux le 24 septembre 1605 et mort à Vence le 21 avril 1672, participa dans sa jeunesse au cénacle des Illustres Bergers, et devient l'un des premiers membres de l'Académie française en 1634 (fr.wikipedia.org/wiki/Antoine_Godeau).

Selon certains récits, Asclépios guérissait avec sa main : «Asclepios descendit du ciel sur la terre et apparut sous une forme humaine simple près d'Epidaure; il grandit et tendit maintenant sa main droite secourable partout au cours de ses pérégrinations. Il ne vient pas vers chacun d'entre nous, et pourtant il améliore les âmes pécheresses et guérit les maladies du corps». est également rapporté qu'il a guéri le comique attique Théopompe atteint de phthisie en lui tendant la main : «Le dieu s'est approché par la gauche du lit du malade couché à droite; il est pieds nus, vêtu de la longue robe habituelle et a levé la main droite vers le malade» (Elien dans Suidas, Theopompos). Cette apparition du dieu de la guérison n'est pas, comme c'est souvent le cas, un visage de rêve, mais c'est Asclépios en os et en chair qui se manifeste en marchant sur la terre. La signification spécifique de la main tendue s'est probablement élargie à celle d'une bénédiction générale, comme c'est souvent le cas pour une divinité dont le champ d'action était initialement limité. C'est bien sûr chez Asclépios que l'importance de l'imposition des mains apparaît le plus souvent et le plus clairement. Les récits de miracles d'Epidaure, rédigés au quatrième siècle avant JC, mentionnent déjà le pouvoir miraculeux de la main guérisseuse d'Asclépios (Phocas Niwemushumba, Pratiques spéciales de guérison dans les récits de miracles du Nouveau Testament, Analyse exégétique et historico-religieuse et perspective pastorale en référence aux traditions de guérison au Rwanda, 2023 - books.google.fr, J. J. Ampere, L'histoire romaine a Rome, Tome 3, 1864 - books.google.fr).

Saint François de Paule, né le 27 mars 1416 à Paule (en italien Paola), en Calabre (Italie), et mort le 2 avril 1507 au couvent des Minimes de Plessis-lès-Tours, qu’il a fondé, est un religieux ermite italien, thaumaturge, fondateur de l'ordre des Minimes. Liturgiquement, il est commémoré le 2 avril.

Les marchands napolitains parlent de ses miracles à Louis XI, roi de France, dangereusement malade et dont les jours sont comptés. Le roi, qui auparavant croyait prolonger ses jours en s'entourant de reliques, espère être guéri par ses prières. Le souverain écrit au pape Sixte IV, qui envoie deux brefs à François pour lui ordonner d'aller en France. Il obéit à ce commandement. Arrivé à Marseille, il ne peut débarquer, car la Provence est ravagée par la peste. Refoulé aussi à Toulon, il réussit à débarquer à Bormes. Il y soigne les malades par l'apposition des mains. Il fait de nouveaux adeptes, ainsi qu'à Fréjus, où il crée le couvent Notre-Dame-de-la-Pitié. Après la mort de Louis XI, François de Paule va rester un quart de siècle à la cour de France, où il est protégé par Charles VIII et Louis XII (fr.wikipedia.org - François de Paule).

La deuxième bataille de Guinegatte, dite Journée des éperons, oppose le 16 août 1513 à Guinegatte (aujourd'hui Enguinegatte, dans le Pas-de-Calais) les troupes françaises de Louis de Longueville[1] et Jacques de La Palice, destinées à libérer la place assiégée de Thérouanne, aux troupes anglo-germaniques commandées par Thomas Wolsey (futur cardinal-archevêque d'York), qui remportent la victoire de façon écrasante. Les deux commandants français, ainsi que le chevalier Bayard et Jacques d'Amboise, fils de Jean IV d'Amboise, sont faits prisonniers par les Anglais et emmenés à Londres. Cette victoire permet à Henri VIII et Maximilien d'Autriche, coalisés contre Louis XII au sein de la Ligue catholique (1511), de terminer victorieusement la quatrième guerre d'Italie. Cette bataille a été immédiatement appelée la « Journée des éperons » parce que la cavalerie française y aurait fait plus usage des éperons pour quitter le champ de bataille que des armes pour combattre (fr.wikipedia.org - Bataille de Guinegatte (1513)).

Toutes ces adversitez, & plus encore les scrupules de la reine, obligèrent Louis XII à renoncer au concile de Pise, initié pour destituer le pape Jules II mort entre temps, pour adherer à celui de Latran; ce qui fut fait par fes procureurs le 14° décembre 1513 (Charles d'Aigrefeuille, Histoire de la ville de Montpellier depuis son origine jusqu'à notre temps, Tome 1, 1875 - books.google.fr).

Léon X qui, par le bref Illius, daté du 7 juillet 1513, avait autorisé le culte privé de François de Paule, le canonise, le 12 mai 1519 (fr.wikipedia.org - François de Paule).

LES GUERISONS MIRACVLEUSES OPEREES par la vertu des Prieres de SAINT FRANÇOIS DE PAULE, & par son seul attouchement. SAINT François de Paule par son attouchement guerit un Lepreux, & en mesme temps luy rend l'usage des pieds & des mains, & de la parole, qu'il avoit perdus par la malignité de sa lepre. Dans la Bulle du Pape Leon X. & au Procés de Cofenze témoin 2. article 7. Saint François de Paule, posant ses mains sur la teste d'un malade (Habitant de Paterne) abandonné des Medecins, le guerit, luy faisant fortir un gros ver par l'oreille. Au grand Procés de Calabre témoin 96. article 4. Saint François de Paule par l'imposition de ses mains, remet en un inftant, l'esprit & le jugement à un furieux insensé. En la Bulle du Pape Leon X. & au grand Procès de Calabre, témoin 41. article 1. & 2. (Antoine Donde, Les figures et l'abbregé de la vie, de la mort, et des miracles de saint François de Paule instituteur et fondateur de l'ordre des Minimes, 1671 - books.google.fr).

Sur tout Jeanne de Valois témoigna sa charité & pieté vers les pauures malades ou infirmes, qu'elle faisoit afsister par fes Medecins, & par vn Chirurgien gagé exprés, à celle fin qu'il pensast indifferemment les playes & vlceres de tous les pauures quels qu'ils fussent. Elle payoit & entretenoit aussi des Apoticaires expres, & leur commandoit d'auoir force drogues, & onguents tout prests, qu'elle faisoit fouuent appliquer en sa presence, ne se fiant à personne, pour ce qui estoit de la cure des membres de nostre Seigneur, qu'elle feruoit fouuent elle-mesme, leur appliquant les remedes de ses propres mains de l'aduis & conseil de ses Medecins, à cause que pour l'ordinaire les, malades recouuroient guerison miraculeusement, ayants esté touchez de ses mains vrayement benistes & Royales, qui portoient santé (Louys Dony-d'Attichy, Tableau sacré de la saincte vie et mort, vertus et miracles de la tres-illustre et tres-pieuse reine madame Jeanne de France de Valois, 1625 - books.google.fr).

Jeanne de France de Valois, duchesse de Berry, était fille de Louis XI qui fit venir François de Paule, et sera la première épouse de Louis XII.

Evêque de Riez, Louis Doni d'Attichy, ayant tenté de réformer les mœurs du clergé et du peuple, n'échappa que comme par miracle à la mort, et fut obligé, pour mettre sa vie en sûreté, de quitter la ville. Il prit le parti de résigner son évêché et fut transféré à celui d'Autun, en 1652 (J.-Henri Pignot, Un jurisconsulte au seizième siècle, Barthélemy de Chasseneuz: premier commentateur de la coutume de Bourgogne et président du Parlement de Provence; sa vie et ses oeuvres, 1880 - books.google.fr).

Homme de grande culture et de sens moral élevé, Louis d'Attichy eut le tort de se montrer trop souvent vindicatif et violent. Il était zélé et tenace, mais mauvais psychologue, et exigeait trop des hommes, de sorte qu'en fin de compte il échouait dans toutes ses tentatives (Thérèse-Jean Schmit, L'organisation ecclésiastique et la pratique religieuse dans l'Archidiaconé d'Autun de 1650 à 1750, 1957 - books.google.fr).

Théopompe était d'un tempérament ardent et ambitieux. [...] Il se montrait censeur sévère des mœurs et sans ménagements surtout pour Athènes, dont il flétrissait l'ingratitude envers ses grands citoyens, le goût pour le plaisir et l'apathie (Ernst Curtius, Histoire grecque, Tome 5, traduit par Auguste Bouché-Leclercq, 1884 - books.google.fr).

Louis d'Attichy et l'Italie

DONI (JEAN-BAPTISTE), patricien de Florence, y naquit en 1593. Il fit ses premières études à Bologne, et alla les terminer à Rome, sous les jésuites: il y fit de si grands progrès dans la langue grecque, la rhétorique, la poétique et la philosophie, qu'il laissa loin derrière lui tous ses condisciples : il s'appliqua aussi avec fruit à la géographie et à la géométrie. Son père, qui le destinait au barreau, l'envoya en France en 1613; il vint à Bourges, entra dans la célèbre école de Cujas, et y passa cinq ans, livré principalement à l'étude du droit, mais cultivant en même temps la littérature grecque, la philosophie, l'histoire, la chronologie, l'histoire naturelle et les autres sciences physiques; il apprit, de plus, parfaitement le français et l'espagnol. De retour en Italie en 1618, il reçut le doctorat dans l'université de Pise, où il étudia en même temps les langues orientales, et particulièrement l'hébreu. Son père le pressait, malgré sa répugnance, de prendre l'état auquel il l'avait destiné; mais le cardinal Octave Corsini, envoyé légat en France, ayant proposé au jeune Doni de l'y emmener avec lui, il accepta cette offre avantagense, et passa plus d'un an à Paris, occupé à visiter les bibliothèques publiques et particulières, à y puiser de nouvelles connaissances, à fréquenter les savants dans tous les genres et de tous les partis: ne cherchant en eux que la science, il savait se faire aimer de ceux qui se haïssaient entre eux, comme du P. Petau et de Saumaise. Des affaires de famille et la mort d'un frère qu'il aimait tendrement, le rappelèrent à Florence en 1622: il s'y livra avec la plus grande ardeur à l'étude des antiquités, qui devint sa passion dominante, et l'objet principal de ses recherches, de ses dépenses et de ses travaux. Il parvint à rassembler une collection immense d'inscriptions, de vases, d'autels, de cippes, et d'autres objets d'antiquité les plus curieux et les plus rares : il les mit dans le plus bel ordre, les commenta, les expliqua et en forma un trésor à ajouter à celui de Gruter, mais qui n'a vu le jour qu'un siècle après sa mort. Le pape Urbain VIII, Barberini, ayant été élu en 1623, le cardinal, neveu, François Barberini, appela Doni à Rome, et le logea dans son palais.

Marié en 1641, et père de plusieurs enfants, il désirait leur laisser une fortune honnête et une éducation soignée; mais ayant été pris subitement d'une fièvre putride, il y succomba en peu de jours, et mourut àgé de 53 ans. (Biographie universelle (Michaud) ancienne et moderne, Tome 11, 1842 - books.google.fr).

Baptisé à Florence le 13 mars 1595, mort à Florence le 1er décembre 1647. Vers 1605, il commence ses études en arts et lettres à Bologne, puis au Collège des jésuites de Rome, il étudie la philosophie, les langues classiques, la géographie et les mathématiques. Il a Torquato de Cuppis, Bernardino Stephonio et Famiano Strada comme professeurs. Tarquino Gallutio, qui enseigne la rhétorique le prend sous sa protection. En 1613, son père l'envoie à Bourges pour y étudier le droit. Il a comme camarade d'études son cousin Louis Doni d'Attichy, le futur évêque de Riez. Plus intéressé par le latin, la philosophie et les langues orientales que par le droit, ses parents le rappellent en Italie, ou il achève ses études de droit et obtient son doctorat à Pise. Il entre au service d'Ottavio Corsini qui est nommé en 1621, légat du pape Grégoire XV auprès du roi de France. Doni profite de son séjour à Paris pour visiter les bibliothèques et rencontrer des intellectuels, comme le père Marin Mersenne, avec lequel il correspondra tout au long de sa vie.

La mort d'un de ses frères le rappelle à Florence en 1622, et en 1623, il est à Rome, au service Maffeo Berberini, peu avant que ce dernier soit élu pape Urbain VIII. Le 9 octobre 1623, il est engagé comme secrétaire par le neveu du pape, le cardinal Francesco Barberini. Il suit son maître dans ses missions diplomatiques, à Paris en 1625, à Madrid en 1626, de nouveau à Paris en 1627 (Doni Giovanni Battista, 1594-1647 - www.musicologie.org).

Doni Giovanni Battista, 1594-1647 - www.treccani.it

Doni était donc en Espagne avec le grec Georgio Moschetti qui avait visité la Morée dans les années 1610. Il était à Pise entre 1618 et 1621 où enseignait le même Moschetti. (nonagones.info - Le Cercle et la Croix des Prophètes - Lourdes et la Croix des Prophètes - Gonzague : to be or not to be à Mantinée).

Jean-Baptiste Doni, de 1613 à 1618, étudie avec son parent Louis Doni d'Attichy (futur chroniqueur des Minimes et évêque de Riez) le droit à l'université de Bourges (René Pintard, Correspondance du p. Marin Mersenne, religieux minime, Tome 1, 1945 - books.google.fr).

Marin Mersenne, minime, mathématicien et philosophe, fut l'un des érudits les plus marquants de son temps (René Descartes, Recherche de la vérité par les lumières naturelles: Nouvelle édition augmentée, 2015 - books.google.fr).

Doni appartenait à la branche italienne des Doni; Louis d'Attichy, l'auteur de l'Histoire générale de l'ordre des Minimes, à la branche française; Giovanni Battista, secrétaire du Sacré Collègue des cardinaux, était l'un des familiers du cardinal Francesco Barberini et l'accompagnait lors de ses légations : à l'occasion de celle de 1625-1626, il rencontra Mersenne à Paris (Pierre Benoist, André Vauchez, Saint François de Paule et les Minimes en France de la fin du XVe au XVIIIe siècle, 2010 - books.google.fr).

Le deux Juillet de l'an 1664, la république des Lettres perdit un savant distingué dans la personne de Louis Doni, Evêque d'Autun, plus connu sous le nom du P. d'Attichy, avant qu'il fut Evêque. Il étoit second fils d'Octavien Dony, second du nom, Seigneur d'Attichy en Valois, & de Valence de Marillac. Il étoit né vers l'an 1597. Il entra dans l'Ordre des Minimes dès l'an 1614, & fit profession le quatorze Septembre 1615, au Couvent de Nigeon près de Paris. Son mérite l'éleva aux premieres Charges de son Ordre. Il fut élû Supérieur de la Maison de Paris, pendant un voyage qu'il fit à Rome (1624), pour rendre au Pape ses respects. Il exerçoit les fonctions de Provincial de Bourgogne (1627) en la place du pere Olivier Chaillou, descendant d'une sœur de François de Paule qui s'étoit démis de cette charge, lorsque M. de la Fare, Evêque de Riez, décéda. Le Cardinal de Richelieu proposa au Roi, le P. d'Attichy pour remplir ce Siége. Il fut nommé le cinq Octobre 1628. La cérémonie de son sacre se fit à Paris, le jour de Quasimodo 1630. Il fut choisi en cette même année, pour négocier en Savoye une affaire, au nom du Clergé de France, conjointement avec les Evêques d'Orléans & de S. Pol-trois-Châteaux. Après vingt ans d'Episcopat, il fut transféré de Riez à Autun. Son travail & sa vie sédentaire lui causerent la pierre. Il mourut de cette cruelle maladie, âgé de soixante-sept à soixante-huit ans. On inhuma fon corps dans l'Eglise des Minimes de Beaune, comme il l'avoit demandé par son testament (Claude Carlier, Histoire du duché de Valois, depuis le temps des Gaulois jusqu'en l'année 1703, Tome 3, 1764 - books.google.fr, Nouveau supplement au grand dictionnaire historique, genealogique, geographique, &c. de M. Louis Moreri, Tome 1, 1749 - books.google.fr, Jacques Ferraige, La Vie admirable de la Beata Marguerite d'Arbouze, 1628 - books.google.fr).

De son côté, juste avant d'être provincial des Minimes de Bourgogne en 1626, Louis Dony d'Attichy avait fait éditer à Paris (en 1624) une Histoire générale de son ordre, estimée (Dominique Dinet, Religion et société, les Réguliers et la vie régionale dans les diocèses d'Auxerre, Langres et Dijon (fin XVIe-fin XVIIIe siècles), 1998 - books.google.fr, Michel Laurencin, Saint François de Paule 1416 – 1507, Un thaumaturge apôtre de la charité Fondateur de l'Ordre des Minimes, 2023 - books.google.fr).

Rien ne dit que Louis d'Attichy fût à Pise vers 1627, alors qu'il était à Rome vers 1624. Il y a un couvent de Minime à Pise (Louys Dony D'Attichy, Histoire generale de l'ordre sacre des minimes, Tome 2, 1624 - books.google.fr).

Pise et les Minimes

Les Minimes de Pise prétendent détenir la tête de saint Tropez (Torpès) dont le corps aurait été transporté jusqu'aux côtes de Provence (nonagones.info - Le Cercle et la Croix des Prophètes - Lourdes et la Croix des Prophètes - Saint Tropez : les deux Pise et Myrtilos).

Le R. P. Olivier Chaillou a placé dans l'église du couvent de la Place Royale, le 1er mai 1618, un petit os du doigt de sainte Bone (Hippolyte Cocheris, Jean Lebeuf, Histoire de la ville et de tout le diocèse de Paris, Tome 3, 1867 - books.google.fr).

Quelle Bone ? Il y a plusieurs Bone ou Bonne dont une des onze mille vierges, une Audoise de Lézignan, une Egyptienne etc.

Bonne de Pise (v. 1156–1207) était membre du tiers-ordre des religieuses augustiniennes qui aidaient à guider les voyageurs en pèlerinage. Sa fête est célébrée le 29 mai. Elle est également considérée comme la patronne des voyageurs, et en particulier des coursiers, des guides touristiques, des pèlerins, des hôtesses de l'air, des agents de bord, et de la ville de Pise (fr.wikipedia.org - Bonne de Pise).

INVISIBILITÉ. Les faits de ce genre ayant été encore trop peu étudiés, et n'ayant pas été recueillis en assez grand nombre, il est difficile d'émettre une explication suffisamment justifiée de cette sorte de phénomène. Nous nous bornerons donc ici à citer les faits qui prouvent que ce phénomène n'a pas manqué à la vie des saints; qu'il s'y rencontre même assez souvent.

Le roi de Naples, ayant envoyé soixante soldats pour s'emparer de saint François de Paule, celui-ci se prosterna devant l'autel de son église, afin de prier Dieu. Les envoyés du roi vinrent l'y chercher, passèrent près de lui, et le touchèrent, mais sans le voir.

Sainte Bone, née à Pise en 1156, était allée en Palestine, où ses parents occupaient de grandes dignités; mais, rougissant de leur fille, ils lui envoyèrent, sur le bord de la mer, des gens chargés de l'enlever. Elle fut invisible pour eux, tandis qu'elle était vue des autres, et parlait avec eux. Plus tard, après son retour dans son pays, il s'éleva, parmi les moines de Saint-Michel d'Orticaire, une dispute pour savoir qui, parmi eux, irait à la fête de Saint-Jacques de Podio. La sainte, pour détourner le scandale, parut dans l'église, et leur demanda qui, d'entre eux, voulait venir à Saint-Jacques. Tous s'excusèrent, en disant qu'il était trop tard. Elle leur dit alors: Et si vous n'étiez vus de personne, iriez-vous ? Tous, espérant un miracle, dirent qu'ils iraient, et la suivirent. Elle traversa la foule avec eux, sans qu'ils fussent vus de personne. (A. SS., 29 Maii.) (Dictionnaire de mystique chrétienne, Tome 9, 1858 - books.google.fr).

Bona, née en 1150, morte en 1207, fit le pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle, puis celui de la Terre Sainte où Jésus lui apparut dans le désert de Judée et lui mit au doigt un anneau. C'est une des nombreuses répliques du Mariage mystique de sainte Catherine. Patronne de Pise et des pèlerines, comme sainte Brigitte de Suède (Louis Réau, Iconographie de l'art chrétien : Iconographie des saints, 1958 - books.google.fr).

Les fidèles de la nouvelle foi ne partagent pas cette sacralité dont les Juifs parent la sexualité. Considérée comme obscène, l'unité humaine ne reflète plus l'unité divine. Au contraire, certains, paradoxalement éduqués ou convertis par des femmes, mères, sœurs ou épouses font de l'invisibilité féminine la lumière du christianisme. C'est par le silence des femmes que le christianisme veut s'exprimer. Il ne s'agit plus de réunir le féminin et le masculin, mais de dissoudre les ténèbres qu'incarne la femme dans la lumière masculine. La lune ne disparaît-elle pas du ciel quand le soleil brille ? Imprégné d'un archaïsme patriarcal qu'il veut appliquer au monde chrétien, Tertullien conseille aux hommes de ne «s'approcher d'aucune femme [...] [car] le principal mérite de la virginité, c'est de se tenir éloignée de tout ce qui ressemble à la fornication» (Patrick Banon, Marie de Magdala, 2014 - books.google.fr).

Soleil christique.

Sainte Jeanne de France a joui de cette intimité avec Dieu connue sous le nom de mariage mystique, qui a inspiré plusieurs œuvres de peinture et de sculpture représentant l'Enfant Jésus offrant l'anneau mystique à la sainte. On ne peut affirmer qu'elle ait été l'objet d'une telle vision. Sainte Jeanne fut parfois assimilée aux deux saintes Catherine dans leur vision d'un mariage mystique (Revue d'histoire de l'Église de France, Numéros 148-149, 1965 - books.google.fr).

Saint François se fait Religieux : 1. Pour contracter mariage spirituel auec Dieu par le moyen des vœux, qui sont les liens d'amour, par lesquels vne ame se lie à Iesus-Christ irreuocablement. 2. Pour arracher son ame des mains du monde, & la donner à celuy qui l'auoit rachetée par son propre sang. 3. Pour viure à la façon des Anges qui enuisagent tousiours Dieu, ne se diuertissent iamais de sa presence, prennent leur vol directement vers le Ciel, & ne se meuuent qu'au gré des volontez diuines 4. Pour bastir vn Temple spirituel à la Majesté diuine au milieu de son cœur ainsi qu'il en bastissoit de materiels en establissant son Ordre. Enfin pour s'obliger à la vertu, & au feruice de son Dieu par estat & profession arrestée, & non par simple entreprise qui se puisse changer en liberté (Claude Le Juge, Troisiesme regle de S. François de Paule, 1661 - books.google.fr).

Les Arcadiens ont un renom universel de rudesse et de simplicité; ils passent pour autochtones, plus anciens que la Lune; un oracle delphique, cité par Hérodote, les appelle «mangeurs de glands»; un autre, rapporté par Théopompe, oppose à un opulent et fastueux Asiatique le bonhomme Cléarque de Méthydrion, comme le type du pauvre vertueux dont les offrandes plaisent aux dieux entre toutes (Théopompe chez Porphyre, de Abstinentia, 16; sur l'exactitude de l'attribution à Théopompe, cf. Bernays, Theophrastos' Schrift über die Frömmigkeit, p. 69-70). Chez Pline (Hist. Nat., VII, 151), Valère Maxime (VII, 1, 2), Pausanias (VIII, 24, 7), l'opposition est établie entre Crésus ou Gygès et le vieil Aglaos de Psophis, également Arcadien (Ph.-E. Legrand, L'Arcadie et l'idylle, Revue des études anciennes, Volumes 1 à 2, 1899 - books.google.fr).

Dans le Gorgias de Platon, Socrate raconte la réforme que Zeus effectua du jugement final des hommes. Leur âme devait être jugée d'âme à âme par des morts (les fils de Zeus : Minos, Rhadamante et Eaque), alors qu'ils sont morts et non vivants de manière à ce qu'ils ne soient pas prévenus de leur fin et qu'ils s'amendent juste à ce moment, et qu'elle ne soit pas cachée par le corps. "Le visible n'est plus révélateur mais dissimulateur". L'anneau de Gygès racontée par Socrate dans la République est le pendant de cette histoire. En effet, il rend invisible le corps. Le berger Gygès trouva un anneau d'invisibilité sur un géant mort et l'utilisa pour séduire la reine de Lydie et prendre le pouvoir (Martine Chifflot, Platon, l'âme et le bien, 2015 - books.google.fr).

En 1623 Mersenne avait publié ses Quaestiones celeberrimae in Genesim où il s'en prenait aux déistes comme Charron, aux cabalistes du genre de Pic de la Mirandole et surtout aux naturalistes panpsychistes tels que Pomponazzi et Campanella. Se donnant de plus en plus aux sciences, il ne cessera de harceler ces derniers comme il l'avait fait en apologiste, car c'était en eux que, avec d'autres esprits scientifiques de son temps, il dénonçait à juste titre les opposants les plus importuns à la science nouvelle. En 1624 parut l'Impiété (dont seul le premier volume est réimprimé), où, sous une forme dialoguée, il utilise sans grande méthode des autorités variées pour appuyer son argumentation et étriller des auteurs comme Cardan, Bruno, Charron qui fait le départ entre la foi et la religion pour mieux atteindre celle-là au travers de celle-ci. Et de fait le déisme fera le lit de l'athéisme, comme le subodorent les vers repris dans l'ouvrage : «...déiste Que l'on peut nommer aujourd'hui Le tiercelet de l'athéiste, Voire quasi pire que lui». Il faut avouer qu'on retire bien peu de la faible critique de Charron, en qui le P. Garasse, confrère de Mersenne en apologétique, dénonçait «le bréviaire des libertins». La réfutation de Cardan est moins fragile, bien que Mersenne n'y touche qu'en passant une question qui l'occupera toujours, celle du miracle. Le miracle suppose les lois naturelles puisque, étant une exception à celles-ci, il n'est concevable que si elles existent. Pour ruiner le miracle, ces philosophes naturalistes rejetaient l'idée de loi naturelle véritable : appartient à la nature et exprime et constitue sa loi... ce qu'on perçoit, sans plus. C'était ne garder de la loi que le nom. L'essentiel de l'ouvrage est surtout dirigé contre les Quatrains du déiste, poème déiste que Mersenne réfute de manière laborieuse mais non décisive (Jean-Pierre Deschepper, Bibliographie : Marin Mersenne, L'impiété des déistes, athées et libertins de ce temps et Mersenne, Questions harmoniques. In: Revue Philosophique de Louvain. Quatrième série, tome 74, n°21, 1976 - www.persee.fr).

Paris : un air de Toscane et de Pise

La Piazza dei Cavalieri («place des cavaliers» au sens de chevaliers) est une place de Pise, en Toscane (Italie). C'est, après la Piazza dei Miracoli, la plus célèbre de Pise. Cette place, à l'emplacement de l'ancien forum, s'appelle au Moyen Âge la piazza delle Sette Vie. C'est cet espace que choisit Cosme Ier de Médicis pour y abriter l'ordre des chevaliers de Saint-Étienne, qu'il a fondé en 1562. Cet ordre de chevalerie avait pour mission de combattre les Turcs et l'Infidèle. Il s'agit de faire de Pise la base navale de la Toscane mais aussi de montrer la domination florentine sur la ville, en remaniant complètement le siège des anciennes institutions communales. Il charge l'architecte, peintre et historien de l'art Giorgio Vasari de réaliser son projet. Celui-ci décide d'intégrer les anciens bâtiments médiévaux dans un ensemble ordonné et symétrique (fr.wikipedia.org - Piazza dei Cavalieri).

Cosme I. ayant gagné la bataille de Marcia, & institué, à cette occasion, l'ordre des chevaliers de S. Etienne, la ville de Pise lui fit aussi élever une statue vis-à-vis le portail de l'église dont cet ordre porte le nom (Pierre Patte, Monumens eriges en France a la gloire de Louis XV, 1765 - books.google.fr).

La place était, à l'époque, un élément nouveau. La mode venait encore une fois d'Italie. [...] L'idée [...] est de concevoir de façon rationnelle, non pas un édifice, mais un ensemble de constructions, ce qui ne s'était plus fait hors d'Italie depuis l'Antiquité (Bernard Hibon, Conformité et déviances chez Inigo Jones, Conformité et déviances, 1984 - books.google.fr).

La place Royale, l'Arsenal, la rue Saint-Antoine étaient alors le quartier neuf habité par les ducs de La Force, Lesdiguières, Sully et Guise même. Les rues était étroites, mais les maisons larges. A la place Royale se groupaient les plus beaux hôtels, dont le souvenir est encore resté dans la mémoire des vieillards : d'un côté, l'Arsenal; de l'autre, le Temple. Tous ces hôtels étaient entourés d'un ou de plusieurs arpents de jardins, avec parterres, espaliers, fontaines, admirablement dessinés, dans les formes empruntées à Rome aux villas de Tivoli et d'Adrien, de Tusculum et d'Albano. Ceux qui ont visité l'Italie peuvent retrouver Florence tout entière dans les quartiers de la Bastille, qui s'étendent depuis l'Arsenal jusqu'à l'île Saint-Louis, bâtie sous la Régence de Marie de Médicis. Les quais, depuis l'ancien palais des Tournelles jusqu'à Notre-Dame, ressemblent aux rives de l'Arno à Pise et à Florence (Jean-Baptiste Honoré Raymond Capefigue, Marie de Médicis, 1861 - books.google.fr).

Catherine de Médicis avait demandé à Michelange une statue de son mari Henri II. L'artiste soumis le travail à son élève Ricciavelli qui ne put fondre, avant sa mort, que le cheval qui sera utilisée pour la statue de Louis XIII installée sur la Place royale et détruite à la Révolution (Louis Moréri, Le grand dictionaire historique, Tome 14 : N-Z, 1724 - books.google.fr, Dictionnaire général de biographie et d'histoire, de mythologie, de geographie ancienne et moderne comparée, Partie 2, 1861 - books.google.fr).

Louis d'Attichy et le duel

Il n'est pas croyable, THEOPOMPE, combien ce malheur funeste, nous a depuis Henry second fait perdre d'hommes, & de braues hommes, s'il en fut iamais sous le Ciel. Ie le dis auec vn regret extreme. On se pourroit faire auiourd'huy de leurs corps vn pont, pour passer à la conqueste du Leuant. Il y a si bien pourueu, qu'il ne se parlera plus de duels dans peu d'annees, que comme des eclypses, & des tremblemens de terre, fort rarement. La Lieutenance du Roy en Champagne, & le gouuernement de Senlis ostez en effect à deux qui auoient rompu les deffences de se battre, ont mieux affermy l'obseruation de l'Edict en vn an, que plusieurs testes couppees en effigie, n'auoient fait auparauant en cinquante (La Lettre dechiffree, 1628 - books.google.fr).

Jean-François Paul de Gondi, plus connu sous le nom de cardinal de Retz, né le 20 septembre 1613 à Montmirail et mort le 24 août 1679 à Paris, est un homme d'État, homme d'Église et écrivain français. Il est notamment connu pour ses Mémoires (fr.wikipedia.org - Jean-François Paul de Gondi).

Retz aspira bien vite à un genre de gloire qui flattait ses secrets instincts. Il lui souriait d'autant plus qu'il semblait devoir l'éloigner d'une profession qu'il n'aimait pas et dont il affectait de se montrer peu digne. A quatorze ans, impatient de faire ses premières armes, il brigua l'honneur de servir de second au frère de la comtesse de Maure, l'un des raffinés de l'époque. La hardiesse et la bravoure n'attendaient pas chez lui le nombre des années. Hélas ! on ne saurait en dire autant de la sagesse; elle devait au contraire l'attendre bien longtemps. Loin de repousser l'offre de ce jeune adolescent fraîchement échappé des bancs de l'école, Attichy, admirant son précoce courage, s'empressa de lui fournir l'occasion de le déployer, et fut charmé d'être son parrain dans ce triste baptême du sang. Retz eut pour adversaire le fameux Bassompierre qu'il blessa à l'épée et au pistolet; son coup d'essai fut un vrai coup de maître. Il y avait alors un an qu'il avait été reçu chanoine de Notre-Dame de Paris ! (Léonce Curnier, Le Cardinal de Retz et son temps : étude historique et littéraire, Tome 1, 1863 - books.google.fr).

Louis d'Attichy fut sacré évêque de Riez en 1630 par l'archevêque de Paris Jean-François de Gondi, et avait un frère, Antoine, pour lequel Retz, dans sa jeunesse, se battit en duel. La fameuse sœur de l'évêque de Riez, Anne, épousa Louis de Rochechouart, comte de Maure; celui-ci lutta contre Mazarin avec Retz, qui l'appelle le «replâtreux» du parti des Frondeurs (Alphonse Feillet, Oeuvres de Jean-François Paul de Gondi Retz, 1628-21 août 1648, 1920 - books.google.fr).

Depuis les premières années du XVIIe siècle, le combat singulier suscite un nombre croissant de contestations et l'argumentaire de ses détracteurs se fixe de façon quasi définitive. Dans le contexte politique évoqué précédemment, les années 1623-1627 semblent alors marquer une inflexion de la politique royale à l'égard des duels. Des édits (1623 et 1626) complétés par des déclarations royales forment un arsenal législatif exploité par le parlement de Paris qui prononce des condamnations à mort par contumace et des exécutions en effigie. Montmorency-Bouteville fut ainsi exécuté à deux reprises : une première fois en effigie en 1624, une seconde, réellement, en 1627. L'importance des motivations politiques dans ce contexte des années 1623-1627 signifie, néanmoins, que la répression du duel ne possède pas réellement d'autonomie, ni de légitimité propre. Ainsi s'ouvre une période d'ambiguïté voire d'hypocrisie où les réprobations publiques ne parviennent pas à annuler l'effet des approbations tacites et de l'inconstance de la justice. Si intimement associé à sa publicité, le duel perd de sa capacité à se substituer aux autres modes de démonstration de la valeur aristocratique, tout en conservant la légitimité inavouable d'un marqueur de l'identité nobiliaire. Le cardinal de Retz, dans ses Mémoires, évoque avec une subtile ironie les enjeux de cette publicité devenue problématique. À trois reprises, le souci de conquérir une réputation l'entraîna sur le pré sans pour autant lui attirer la renommée qu'il en attendait (Pascal Brioist, Hervé Drevillon, Pierre Serna, Croiser le fer, Violence et culture de l'épée dans la France moderne (XVIe-XVIIIe siècle), 2013 - books.google.fr).

Valteline, Gênes et Prague

Ils le blasment d'auoir faict accorder la paix aux Huguenots rebelles, apres leur deffaite sur mer, & de n'auoir pas fait donner à sa Saincteté, sur le faict de la Valteline, toute la satisfaction qu'elle desiroit. [...]

Et qui doubte qu'en ce cas là, le plus vtile miracle, que sçauroient faire les clefs de saint Pierre, ce seroit de fermer promptement l'entree, par où les Lutheriens pourroient seiettet de plein saut en Italie, sur les traces encore fraisches de ceux qui saccagerent Rome sous Charles Quint ? Nous venons de la leur fermer. Et peut estre que de tant de biens-faits insignes, en consideration desquels Innocent IIII.donna des Indulgences de dix iours à tous ceux qui prieroient pour no? Roys, Vrbain VIII. recognoistra auecque le temps, que cestuy-cy n'est pas le moindre (La Lettre dechiffree, 1628 - books.google.fr).

Et sa condition seroit sans mentir bien miserable, si pour se maintenir en l'estime, où ses merites l'ont mis dans le monde, il auoit à lutter tous les fantosmes semblables à ceux que les malignes vapeurs de l'enuie formoient il y a deux ans contre luy, sur les galeres de Genes, ou dans les poisses de Prague (La Lettre dechiffree, 1628 - books.google.fr).

La politique de la France était de conserver la Valteline au cacatholicisme tout en empêchant qu'elle serve de point de passage des troupes impériales et espagnoles, qui appartenaient à des souverains alliés issus de la même famille des Habsbourg.

Les Grisons étant souverains et les Valtelins sujets, la Valteline resta, lors de la Réforme protestante, fidèle au catholicisme tandis que les Grisons, et particulièrement l’Engadine, adoptaient le protestantisme. Après le massacre de protestants en Valteline par le parti cacatholique du 19 juillet 1620, les Ligues grisonnes interviennent mais sont chassés par les troupes espagnoles du Milanais. Les Grisons implorèrent le secours de la France qui obtient le traité de Madrid qui exigeait la destruction des forts espagnols mais qui ne fut jamais exécuté. Deux ans après, le 7 février 1623, la France signa à Paris, avec Venise et la Savoie, qu’inquiétait aussi le voisinage des Habsbourg, le traité de Paris pour faire restituer la Valteline aux Grisons. Les négociations de Grégoire XV et Urbain VIII accordaient le passage des troupes espagnoles et la garde des forts aux troupes papales.

Richelieu, devenu entre temps premier ministre, refusa ce projet et entreprit une attaque de Gênes avec le du de Savoie pour couper les relations entre l'Italie et l'Espagne, ainsi que de la Valteline par le marquis de Coeuvres. La conquête de la Valteline fut rapide. De nouvelles négociations eurent lieu, et aboutirent au traité de Monzón (5 mars-10 mai 1626), conclu entre la France et l’Espagne, sans intervention des Grisons, non plus que de Venise et de la Savoie, qui avaient pourtant signé le traité de Paris de 1623. Par ce traité, les Grisons ne conservaient de leur souveraineté qu’un simple tribut de vingt-cinq mille écus par an, et le droit de confirmer les magistrats élus par les Valtelins; le culte catholique était le seul autorisé dans la Valteline, les protestants étrangers ne pouvant avoir de domicile fixe dans la vallée; les passages demeuraient fermés aux Espagnols (fr.wikipedia.org - Guerre de la Valteline).

Les bénéfices de l'opération furent perdus dix ans plus tard malgré l'intervention sur le terrain du duc de Rohan, chef de la révolte protestante battu à Privas en 1629, rappelé de son exil à Venise. Malgré certains succès, pour des raisons religieuses, Richelieu refusa un traité avec les Grisons.

Pendant la guerre de Trente ans, en 1636, la France envahie devait songer surtout à se défendre, et l'importance de la Valteline était forcément un peu oubliée. [...] La France payait cher ces illusions et cette incurie. Si la possession des passages de la Valteline n'interceptait pas entièrement les communications entre l'Allemagne et l'Italie, puisqu'elles pouvaient encore se faire par le Saint-Gothard, elle les rendait difficiles, elle rassurait Venise, affermissait notre influence dans les cantons helvétiques, la grandissait en Italie et menaçait le Milanais. [...] La France recueillit de ses rapports avec les Suisses deux échecs qui en sont les événements les plus saillants : le renouvellement, avec aggravation, de l'alliance de l'Espagne et des cantons catholiques (mars-juin 1634); la perte de la Valteline et la ruine de l'influence française dans les Grisons (Gustave Fagniez, Le pére Joseph et Richelieu (1577-1638), Tome 2, 1894 - books.google.fr).

En 1625, le duc Charles-Emmanuel Ier de Savoie entre en guerre contre la république de Gênes à la suite d’un différend territorial concernant le marquisat de Zuccarello, fief d’Empire situé à la limite de l’État de Gênes et du Piémont, vendu par Ferdinand II aux Génois, au grand dam du duc de Savoie qui souhaitait en faire l’acquisition. Louis XIII propose alors au duc de Savoie la formation d’une coalition, avec Venise, pour s’opposer aux progrès des Habsbourg dans la région. De constantes divergences opposent Charles-Emmanuel Ier au chef des contingents français. Gênes est finalement secourue par une escadre de navires espagnols, rejointe par les galères d’Urbain VIII et par celles du grand-duc de Toscane. Puis le gouverneur de Milan, le duc de Feria, intervient à son tour en envoyant une armée afin de sauver la ville de Gênes elle-même, ainsi que la place de Savone. Lesdiguières et le duc de Savoie sont contraints à la retraite (Bonne (François de, duc de Lesdiguières, connétable de France) - richelieuletters.hypotheses.org).

"poisses" : étuves (Sebastian Münster, LA COSMOGRAPHIE VNIVERSELLE DE TOVT LE MONDE, Tome 1, traduit par François de Belleforest, 1575 - books.google.fr).

Uberto Decembrio (Près de Milan, vers 1370 - 1427) décrit ce qui se passe à Prague, dans les bains des barbares des pays slaves occidentaux, "quod inverecundum et barbarum mihi prorsus apparuit" (Hans Peter Duerr, Nudité et pudeur. Le mythe du processus de civilisation, traduit par Véronique Bodin, 1998 - books.google.fr).

Lunettes : Mersenne

On attribue La Lettre dechiffree à Jean Sirmond, neveu du jésuite Jacques, proche de Richelieu. Cette attribution est contestée.

Le P. Jacques Sirmond avait été appelé à Rome en 1590, en qualité de secrétaire d'Aquaviva, général des Jésuites. Il était rentré en France en 1608. Il avait eu à Rome des relations avec la famille Barberini, et fit attacher son neveu à la légation à titre de secrétaire. C'est en cette qualité que celui-ci rédigea les Negociations du Cardinal Barberini, Legat en France en 1625 (Louis Dedouvres, Le père Joseph, polémiste: ses premiers écrits, 1623-1626, 1895 - books.google.fr).

Vous estes trop esloigné de nous, pour voir ce que l'on attache icy aux parois, & il n'y a point de lunettes de Hollande, qui porte depuis Pise iusqu'à Paris. Mais lisez ce que le commerce de l'impression fait passer tous les jours de France en Italie, pour le contentement des curieux, & vous reconnoistrez, que fort peu d'honnestes gens donnent le iour à leur pensees parmy nous, sans rendre quelque tesmoignage de la veneration en laquelle ils ont ce grand Cardinal (La Lettre dechiffree, 1628 - books.google.fr).

Dans le siècle même de Copernic, en 1590, 47 ans seulement après la mort du chanoine de Thorn, un opticien de Middelbourg, Zacharie Jansen, inventait, selon le témoignage de la plus ancienne autorité, la première lunette d'approche qui, perfectionnée seize ans plus tard par Hans Lippershey, autre opticien de la même ville, ne tardait pas à être dirigée vers le ciel. En effet, en 1609, sur les rapports qu'il avait reçus de Hollande relativement à cette invention, Galilée construisait la première lunette qui ait été dirigée sur le ciel et découvrait immédiatement (janvier 1610) les satellites de Jupiter, puis bientôt après les phases de Vénus, réalisant la prédiction de Copernic et apportant ainsi un témoignage direct à la vérité du nouveau système. Les premières observations publiées par Galilée sont celles des satellites de Jupiter, faites les 7, 8, 10, 12 et 13 janvier 1610 (Camille Flammarion, La planète Mars et ses conditions d'habitabilité, Tome 1, 1892 - books.google.fr).

Le P. Mersenne, en 1623, comptait 60,000 athées en France, dont 50,000 à Paris, qui commençait ainsi son rôle d'initiateur des révolutions (Léon Aubineau, Notices littéraires sur le dix-septième siècle, 1859 - books.google.fr).

Mersenne publie en 24 son Impiété des Déistes; le cordelier Jean Boucher, en 28, ses Triomphes de la religion chrestienne; l'abbé Cotin, en 29, son Discours à Théopompe; Nicolas Caussin édite plusieurs fois, de 1623 à 1631, sa Cour Sainte; et, bien sûr, le père Garasse publie en 23 sa Doctrine curieuse (Wolfgang Leiner, Volker Schröder, Charles Sorel, Histoire comique de Francion, anthologie critique, assortie d'un relevé de variantes (éditions de 1623, 1626 et 1633), et d'une bibliographie analytique, 2000 - books.google.fr).

Mersenne était habitué aux pseudonymes dans ses contreverses ou autres libelles : S. de Sermes dans sa traduction de Bacchius le Vieux de son traité de musique (Jean-Benjamin de La Bord, Essai Sur La Musique Ancienne Et Moderne, Tome 3, 1780 - books.google.fr).

François de la Noue sous le pseudonyme de Flaminius répond à Robert Fludd. Mais il n'est peut-être qu'un prête-nom de Mersenne, scientifique et fanatique cacatholique (fr.wikipedia.org - Marin Mersenne).

A cette époque Cornier est informé de la disponibilité dans laquelle se trouve Mersenne de bons instruments pour concentrer la lumière, les meilleurs étant «à réfraction». Le 16 mars 1626, Cornier s'informe des travaux de Mydorge : pour le poli et le tain des miroirs à réflexion, mais aussi pour une conception de la lumière que Mersenne a dit approuver. Et survient la mention d'un nouveau personnage, «excellent mathématicien» dont Mersenne lui a évidemment parlé sans dire son nom. «Je ne crois pas, dit Cornier, que quelqu'habile homme qu'il soit il puisse bien donner des raisons des réfractions jusqu'à ce qu'il ait enseigné à faire des lunettes de Hollande par raison et règlement en telle longueur qu'on voudra» (C.M. [5] I, 420). Six jours plus tard, Cornier sait qu'il s'agit de Descartes, que celui-ci le sollicite de livrer ses expériences en matière de mesure des réfractions, mais il se récuse. Ses expériences ne sont pas «certaines», et il ajoute : «si Mr Des Cartes veut prendre la peine de voir Kepler, il en trouvera bon nombre, aussi bien que dedans Vitellion» (C.M. [5], I, 429). Ces témoignages sont très significatifs. Présent à Paris en février 1626, Descartes est en quelque sorte tombé au milieu du cercle de Mersenne pour prendre part aux recherches optiques en cours, et s'est affirmé comme désireux de fixer d'abord les «raisons des réfractions». S'il connaissait déjà plus ou moins les spéculations de Kepler, la manière dont il a formulé sa consultation de Cornier par l'intermédiaire de Mersenne a déterminé aussitot Cornier à le renvoyer à une lecture attentive. Quelle part Descartes a-t-il effectivement prise à des découvertes nouvelles ? Rien ne permet de l'évaluer, mais il est certain que son intervention a impressionné Mersenne. Celui-ci a fait paraître en juin 1626 une Synopsis mathematica qui contenait une Optica, aujourd'hui introuvable, mais dont on sait par Beeckman qu'elle débutait sur un éloge de Descartes (cf. Mersenne C.M. [5], II, 218). C'est encore le Journal de Beeckman qui fournit, à la date du 8 octobre 1628, le témoignage sûr faisant suite aux précédents. Au cours de la visite que Descartes fit ce jour-là à Beeckman, il ut question des réfractions et de l'anaclastique (Pierre Costabel, Démarches originales de Descartes savant, 1982 - books.google.fr).

Les lois de Snell-Descartes décrivent le comportement de la lumière à l'interface de deux milieux. Leur nom fait référence à Willebrord Snell et René Descartes qui ont simultanément, mais indépendamment, découvert ces lois au XVIIe siècle. Snell développe ses travaux, en même temps qu'il publie sa table des sinus (1621). Descartes publie, en 1637, la loi dans son traité La Dioptrique (en annexe du Discours de la méthode) (fr.wikipedia.org - Lois de Snell-Descartes).

Mais le plus souvent, par un effet de «miroir dans le miroir», les exempla rassemblés par l'érudition du P. Filère sont autant d'écrins pour une superbe collection de miroirs lisses, brillants et glacés, vides aussi, sauf de leur possibilité ambiguë et fascinante de réfléchir les vanités du monde ou les vérités de Dieu. Ils tiennent lieu dans son livre de ces «pierreries» qui, selon le P. Binet, font «le style précieux». Miroirs des chasseurs, miroir de la Duchese de Venise, miroir de la Reine Cléopâtre, miroir d'Alcibiade, de la Courtisane d'Edesse, de Narcisse, d'Esculape, du temple d'Achaïe, de l'Empereur Othon, de la Princesse Agnès, du temple d'Arcadie, de Mercure Trismégiste, de l'Empereur Domitien, de l'Empereur Anastase, de la Princesse Jeanne d'Aragon, de la Princesse Romilde, tous ces miroirs de vérité et de vanité ont été pour ceux qui s'y sont mirés autant de pièges ou d'instruments de salut. Comme les yeux d'Argus qui selon le P. Caussin, guettent les nobles et leur figurent I'Œil de la présence divine, cette foule de miroirs entoure le lecteur du P. Filère et le somme de choisir entre l'illusion et la sagesse. Et comme si ce Musée étincelant de tous les miroirs dont parlent l'histoire et la légende ne suffisait pas à traquer son lecteur, le P. Filère en appelle à la Nature entière.

Sur les recherches d'optique sous Louis XIII, voir Jurgis Baltrusaitis, Anamorphoses ou magie artificielle des effets merveilleux Paris, Perrin, 1969, p. 39 et suiv. L'auteur met en évidence le double aspect à la fois dévotionnel et scientifique de ces recherches. Les ouvrages les plus importants dans l'ordre scientifique sont la Perspective, de Salomon de Caus (Londres, 1612; Paris, 1624); et la Perspective curieuse du Minime Jean-François Niceron (Paris, 1638), traduite en latin en 1646 sous le titre Thaumaturgus opticus. Le P. Niceron avait peint lui-même de grandes fresques anamorphotiques qui décoraient le couvent des Minimes de la Place Royale, quartier général du P. Mersenne, maître et protecteur du jeune moine.

Sur ce thème théologique de la Sagesse divine, voir Dictionnaire de Spiritualité t. 7 (II), col. 1041-1053, art. Image et ressemblance. «L'homme est créé selon l'image qui est la Sagesse de Dieu, image prototype...» Mais cette ressemblance imparfaite et pécheresse a besoin du Christ, image parfaite, pour retrouver et accomplir sa destinée originelle. L'Adam terrestre, miroir troublé, doit à l'imitation du Christ, devenir miroir sans tache de la Sagesse divine. Voir aussi art. Grecque (Eglise), t. 6, col. 812-822, l'élaboration de cette doctrine chez les Pères grecs. Rien chez Filère, pour le fond de la pensée, qui ne renvoie à la tradition la plus orthodoxe. C'est l'exploitation rhétorique foisonnante de ces thèmes théologiques, leur métainorphose en une sorte de féerie dévote qui nous autorise à parler de «sophistique sacrée», et à placer le Miroir sans tache sous l'invocation des Dicerie sacre de Marino (Marc Fumaroli, L'Age de l'éloquence : Rhétorique et «res literaria» de la Renaissance au seuil de l'époque classique (1980), 2002 - books.google.fr).

Le miroir du temple d'Arcadie, representant la connoissance de nous-mêmes, necessaire pour obtenir la connoissance de Dieu :

Faisons donc de nous-mêmes un miroir, pour connoitre Dieu: mais semblable à ce miroir merveilleus, que l'écrivain des Antiquités de la Grece dit avoir été en Arcadie, qui avoit une proprieté bien extraordinaire; mais d'autant plus admirable. C'étoit que celuy, qui s'y regardoit, y voyoit bien son image, mais fort confusement, & quant & quant il y voyoit les images des Dieus, que ces Payens adoroient, fort distinctement : ce qui venoit, ou de l'opposition secrette des statuës de ces fausses Divinités à ce miroir, qui en renvoyoient les images; ou de l'illusion du Demon, qui prenoit plaifir de tenir ces pauvres aveugles dans les ceps de l'idolatrie, par les liens de cette superstition (Joseph Filere, Le Miroir sans tache, enrichy des merveilles della nature dans les miroirs, rapportées aus effets de la grace, 1636 - books.google.fr).

Pausanias décrit en effet un curieux miroir se trouvant à Lycosoura, en Arcadie, dans le temple de Déspoina, "Maîtresse", fille de Déméter :

Quand on sort du temple, on a à sa droite un miroir encastré dans le mur. Si quelqu'un regarde en face ce miroir, il ne se verra lui-même que très indistinctement ou pas du tout. En revanche, aussi bien les statues des déesses que leur trône peuvent se voir clairement (Pausanias, Description de la Grèce, Livre VIII Arcadie).

Il est difficile de savoir si ce miroir est un miroir d'obsidienne. Certaines traductions insistent plus sur le côté obscur de ce miroir. Quoi qu'il en soit, Jean-Pierre Vernant remarque que ce miroir «inverse ses propriétés naturelles», en ce sens qu'au lieu de refléter normalement le visible, il se met à révéler l'invisible et donne à voir le divin dans l'éclat d'une mystérieuse épiphanie. La catoptromancie grecque ne cesse en effet d'osciller entre ces deux pôles, instaurant une ambiguïté de l'image. Ainsi, celui qui regarde regarde son visage voit ce dernier s'enténébrer. Le visage, terme qui se rattache à la vie chez les Grecs, s'efface au profit d'une figure, terme apparenté à la mort. Se voir dans un tel miroir, c'est donc se voir tel que l'on sera plus tard, c'est-à-dire une ombre. Ce miroir constitue un trou dans le mur, une porte ouverte sur le royaume des morts. Mais parallèlement, il constitue une épiphanie car la divinité est vue dans toute sa gloire et sa clarté. C'est tout le problème du voir et de l'être vu qui se joue ici, problème qui ne cessera de se rejouer jusqu'à nos jours. Mais c'est aussi la relation ambiguë de la vue et de la connaissance qui est ici convoquée. Elle sera à nouveau remise en jeu de manière décisive avec le miroir paulinien (Arnaud Maillet, Le miroir noir, enquête sur le côté obscur du reflet, 2005 - books.google.fr).

On parle de masque mortuaire, du fait de l'immobilité, et non de visage mortuaire. Cf. le masque du film The Mask avec Jim Carey, qui transgresse les codes.

Mersenne et Louis d'Attichy

Tramite Louis d'Attichy, che apparteneva all'ordine dei minimi, Giovanni Battista aveva conosciuto Marin Mersenne, autore dell'Harmonie universelle (1636-1637), con cui intratteneva un'assidua corrispondenza. Ma la sua scienza e la sua erudizione lo avevano messo in contatto anche con Peiresc, Gabriel Naudé, Jean Bourdelot e Claude Saumaise (Marc Fumaroli, La scuola del silenzio, il senso delle immagini nel XVII secolo, traduit par Margherita Botto, 1995 - books.google.fr).

Mersenne a toujours été au centre de l'actualité scientifique. Sa position sur les questions qui nous occupent est très complexe. Il connaît le mémoire de Casaubon et accepte ses conclusions critiques : il ne croit donc plus à l'ancienneté des écrits hermétiques. Il reproche à Fludd d'accorder au Pimandre ne autorité comparable à celle de l'Évangile; le commentaire de François de Candale est pour lui un écrit suspect. Il réfute, en 1623, les Problemata cabalistes de Georges de Venise; mais il tient qu'il y a une cabale vraie qui est digne de louanges, et comme Kepler, il a écrit sur l'Harmonie universelle. Il est bien remarquable que la pensée de ces deux initiateurs de la science moderne ait eu son point de départ dans des spéculations néoplatoniciennes sur la signification mystique des nombres. Il faudrait que ces questions fussent reprises par un historien des sciences (Jean Dagens, Hermétisme et cabale en France de Lefèvre d'Étaples à Bossuet, Revue de littérature comparée, Volume 35, 1961 - books.google.fr).

Mersenne revient encore à la charge contre les libertins, avec deux énormes volumes qui ont pour titre : l'Impiété des déistes, athées et libertins de ce temps. Dans l'épître dédicatoire adressée à Richelieu, l'auteur constate les progrès de l'athéisme une seconde fois. Il y a quelques années que ce fléau exerce en France ses ravages. Actuellement, il renaît dans une secte nouvelle dont les membres prennent le nom de Déistes. C'est qu'ils espèrent allécher le peuple, en affichant leur croyance en Dieu. Leur but caché, c'est de ruiner la religion. Au moment où écrit le P. Mersenne, l'hérésie nouvelle vient de se révéler par une manifestation audacieuse et retentissante, par le Poème des Déistes. L'ouvrage du P. Mersenne a pour but principal de réfuter les quatrains impies du Poème des Déistes. Mais il ne se bornera pas là; il prendra aussi à partie l'athéisme. Les erreurs des déistes et des athées s'étendent à tout, à la morale, au dogme, aux formes les plus respectables de la piété chrétienne. Elles consistent dans une excessive simplification de la piété et du dogme, dans un élargissement démesuré de la morale. Pour nous en donner une idée, notre polémiste nous fait un tableau de l'état d'esprit d'un libertin : «Vous jugeriez, à les entendre, qu'ils sont les plus zélez de tous les hommes et qu'ils ne respirent rien que l'honneur et l'amour de Dieu; mais s'ils voyent quelque oraison par laquelle on prie Dieu pour impétrer quelque faveur temporelle ou qu'on leur die que Dieu veut qu'on observe ses commandemens, sur peine de la damnation éternelle, et que tous ceux là seront privez de la béatitude qui n'auront pas esté baptisez, ou qui s'addonnent par trop à leurs plaisirs et qui ne veulent point se repentir de leurs péchez, ils se mettent incontinent en colère en se moquant, disans que c'est parler très indignement de Dieu que de dire qu'il punira les meschans d'un supplice éternel. C'est une chose merveilleuse que quelques-uns de ces déistes osent approcher de la sainte Communion, demeurans en cette opinion fausse et hérétique, sçavoir est que les meschans seront aussi bien sauvez que les bons, et que Dieu a aussi bien choisi l'Alcoran pour sauver les Mahométans, comme il a choisi l'Évangile pour nous rendre bien heureux. Ces opinions malheureuses se trouvent répandues dans tous les rangs et dans tous les âges. Le P. Mersenne avait d'abord pensé qu'il n'y avait que «quelques jeunes éventez qui s'amusassent à toutes ces resveries»; mais il s'est aperçu qu'«il se trouve des vieillards qui leur prestent la main». C'est vraiment une chose étrange que ce succès du déisme, et notre auteur ne le comprend pas (J. B. Sabrié, De l'humanisme au rationalisme, Pierre Charron (1541-1603); l'homme, l'oeuvre, l'influence, 1913 - books.google.fr).

L'influence de Mersenne et Niceron dans le domaine des sciences s'exerça moins par leurs œuvres que par les relations qu'ils eurent avec les savants de tous les pays : Gassendi, Huyghens, Mydorge, Descartes, Roberval (dont Mersenne édita les livres d'optique), Thévenot, Jean-Baptiste Morin, Gaignères, Maignan et bien d'autres, avec qui les deux pères minimes entretinrent une correspondance suivie. Les réunions que le père minime tenait tous les dimanches matin dans sa cellule furent, dit-on, à l'origine de l'Académie des sciences fondée en 1660. Mersenne fut, de plus, étroitement associé à tous les grands noms de l'ordre : bibliothécaire avec Robert Regnault et François de La Noue, il fut correcteur en même temps que Lesguillier, Hilarion de Coste et Doni d'Attichy; Etienne Dondé, enfin, lui servit de secrétaire particulier. Mersenne en effet était célèbre pour sa curiosité, son indulgence et son accueil : «Mersenne, le savant, qui, même après la sentence de l'Inquisition, s'intéresse pour les Coperniciens avec une franchise dont un Descartes reste incapable, qui entame des correspondances avec des Sociniens...» C'est autour de lui que fut discuté le problème du vide, par exemple. Pascal a dit du père minime qu'«ilavait un talent parculier pour former de belles questions. Il a donné ainsi l'occasion de plusieurs découvertes qui peut-être n'auraient jamais été faites, s'il n'y eût excité les savants» (Odile Krakovitch, La vie intellectuelle dans les trois couvents minimes de la Place Royale, de Nigeon et de Vincennes, Bulletin de la Société de l'histoire de Paris et de l'Ile-de-France, Volume 109, 1983 - books.google.fr).

Next to those earlier Minims, Mersenne's lifetime of studying, reading, writing, and correspondence markedly clashes with the virtuous subjects depicted in Attichy's Histoire . Even when considering the degree to which Mersenne's writings pursued the reconciliation of knowledge with higher spiritual aims, it would not have been surprising had Attichy called Mersenne's legacy of scholarly exhaustiveness and insatiable curiosity for the sciences 'deceitful and unhappy'. Attichy, of course, never reviewed Mersenne's Minim legacy, thus we can only guess how he would have embedded Mersenne within the traditions of the Order (Emily Kent, Minimizing Marin Mersenne Tracing the Intellectual Culture of a Seventeenth-Century Parisian Convent, History of Universities: Volume XXXVI / 2, Volume 37, 2024 - books.google.fr).

Mersenne et Richelieu

La France dépouille l'Espagne à la fois de la prépondérance politique en Europe et de sa prétention à incarner la cause du catholicisme. L'actualité ne peut manquer de dicter leurs thèmes aux écrivains politiques, ni l'ordre nouveau de leur imposer des conditions plus strictes que jamais. C'est que le régime le moins dépendant, en principe, de l'opinion publique est aussi celui qui s'en inquiète davantage : l'autoritarisme, dans son pessimisme consubstantiel, se représente comme illimitée la puissance de la doxa, de l'opinion – «cette reine», écrit Colomby, qui «domine sur nos volontés avec un empire si absolu». Le pouvoir est d'abord un fait de persuasion. «Comme ils (les rois) ne sont que de la même condition des autres hommes en ce qui regarde leur être naturel, leur puissance ne consiste qu'en cette opinion que l'on prend qu'ils sont l'oint du Seigneur». C'est parce que l'étatisme croit à l'omnipotence de l'opinion que la littérature devient servante de la politique. De fait, le premier souci de Richelieu sera d'assurer ce que Mersenne appelait la «manutention des esprits», en lançant d'une part la chasse aux libellistes adverses et organisant de l'autre un service de propagande qui, par Chapelain, Hay du Chastelet et Boisrobert, gagne au cardinal les intellectuels : on les voit concélébrer de bonne grâce en 1635 le Sacrifice des Muses au grand Cardinal de Richelieu . Aussi les besognes de basse polémique se doublent-elles des entreprises plus ambitieuses d'aspirants théoriciens : coup sur coup paraissent De l'autorité des Rois par Colomby (1631), Le Prince de Balzac (1631), Le Ministre d'Etat de Silhon (1631), De la souveraineté du Roi par Cardin Le Bret en 1632 et Le Conseiller d'Etat de Philippe de Béthune l'année suivante. Dans l'Académie française Richelieu puise ses rédacteurs accoutumés, ou il lui commande de les recevoir. La presse orientée naît aussi, quand le P. Joseph devient directeur du Mercure français et que Renaudot se voit accorder le privilège de La Gazette. Le cardinal en personne ne dédaignait pas de Payer de son talent, traçant ici le schéma d'un pamphlet, glissant là une tirade de sa façon. C'est en somme la prescription de Silhon qu'on applique à la lettre : le ministre d'Etat «ne permettra d'enseigner ou d'écrire autre opinion que celle que le bien du Prince lui aura fait choisir» (Gérard Ferreyrolles, Pascal et la raison du politique, 1984 - books.google.fr).

F. Yates rappelle de quelle façon Mersenne condamne les fables convoquant Pan et sa suite; mais elle fait judicieusement remarquer que Mersenne ne peut s'empêcher de renvoyer aux auteurs qui en développent longuement les charmes; cf. The French Academies of the Sixteenth Century, Londres, Routledge, 1988, p. 290, n. 1 (Jean-Pierre van Elslande, L'Imaginaire pastoral du XVIIe siècle: 1600-1650, 1999 - books.google.fr).

Mersenne et l'histoire

Fondé en partie sur une froide technique du pouvoir, le régime de Richelieu s'appuie d'une manière plus générale sur les lumières naturelles. C'est pourquoi l'État centralisé, édifié autour de Louis XIII, va tendre à incarner la Raison, le bon sens suprême. Cette vue n'anticipe-t-elle pas sur les évènements ? Il semble en effet qu'au XVIIe siècle la raison, triomphante dans le domaine philosophique, joue un rôle modeste et limité en politique. C'est seulement au XVIIIe siècle qu'elle soumettra à son examen l'organisation de la cité. Telle est l'opinion reçue sur le rôle subalterne de la raison dans la pensée politique du XVIIe siècle et Taine l'a bien formulée. Il est vrai qu'à cette époque la raison joue souvent un rôle modeste en politique et que l'attitude prudente des étatistes à l'égard des innovations semble confirmer le point de vue de Taine. Ces hommes ont le sentiment de la force des choses. Ils aiment à rappeler que la raison ne peut dicter sa loi à la réalité, lançant ainsi dans la circulation une idée qui deviendra un thème de la pensée traditionaliste après la Révolution. Richelieu fait une distinction entre les lois parfaites, c'est-à-dire conformes à la raison, qu'il conviendrait d'établir dans une jeune République, et celles que peut absorber une vieille monarchie «dont les imperfections ont passé en habitude et dont le désordre fait, non sans utilité, partie de l'ordre de l'État». Le désordre lui-même est une sorte d'ordre et, à ce titre, digne d'être conservé. Si on entreprend de le réformer, il faut procéder avec douceur. C'est encore Richelieu qui, après avoir formé un projet de réforme des impôts en faveur des classes paysannes, s'arrête à cet aveu découragé : «Je sais bien qu'on dira qu'il est aisé de faire de tels projets, semblables à ceux de la République de Platon, qui, belle en ses idées, est une chimère en effet» : "jamais la raison ne s'accorde mieux à la force" (Lettre déchiffrée) (Etienne Thuau, Raison d'État et pensée politique à l'époque de Richelieu (1966), 2015 - books.google.fr).

La Lettre déchiffrée (1627) souligne l'inutilité de l'histoire pour les politiques (Etienne Thuau, Raison d'État et pensée politique à l'époque de Richelieu (1966), 2015 - books.google.fr).

L'aduantage que la longueur du temps donne aux vieillards d'amour remarqué beaucoup de choses, l'assiduité de l'estude le donne aux hommes de lettres; à qui la lecteure de l'Histoire peut fournir plus d'exemples de toutes fortes en vn an, que le cours de la vie aux autres en vn siecle, & plus vtilement encore de celle des peuples dont gouuernement a plus de conformité auecque le nostre, quand les motifs & les ressorts des affaires y font fidellement representez. Et si, quand tout est dit, ceste experience, qui se forme insensiblement à la longue de la seule obseruation de plusieurs euenemens semblables, n'est possible pas tousiours en matiere de deliberations, la plus seure, & la plus certaine guide qu'on puisse choisir. Ceux qui s'y tiennent trop, s'égarent souuent. La raison en est euidente. Comme la diuersité des mouuemens celestes, qui vont sans cesse, fait que les Planetes ne se retrouuans iamais toutes en vne mesme assiette, ne ramenent aussi iamais vne mesme influence : la varieté des interests particuliers, qui changent selon les occurrences à toutes heures, fait pareillement, que les affaires ne reprenans iamais en tout & par tout vne mesme face deux fois, ne rencontrent aussi iamais deux fois vne mesme issuë. De sorte que qui n'a point d'autre regle pour la direction des choses presentes, que la comparaison des choses passees, il n'est pas moindre en danger de faillir à tous coups, que celuy qui regarde derriere soy, quand il marche, de tomber (P. Hay Sieur du Chastelet, La Lettre dechiffree, Recueil de diuerses piéces pour seruir à l'histoire, 1638 - books.google.fr).

Jean Sirmond devint historiographe du roi en 1633 (Chantal Grell, Les historiographes en Europe de la fin du moyen âge à la révolution, 2006 - books.google.fr).

Alors que la Lettre est publiée en 1627. On ne voit pas comment il obtint cette charge en écrivant le passage ci-dessus, sauf ironie de Richelieu qui ne devait pas en manquer.

La situation de Marin Mersenne mérite une attention particulière pour ses qualités de savant impliqué dans les recherches scientifiques récentes, de théologien avisé fortement opposé aux libertins, de grand connaisseur en matière de théorie musicale. Bref, en ce minime sont rassemblées les différentes orientations : rejet de l'histoire dans les théories cartésiennes, importance primordiale du récit biblique, notamment dans la lutte contre les athées et les libertins. Et pourtant, loin de négliger le passé au nom d'une supériorité des modernes, loin de poursuivre le théologisme historique, plus loin encore de sacrifier à la mode, Marin Mersenne fait de l'histoire. Certes, l'emprise de la Bible reste grande, particulièrement pour la question des origines, mais ce qu'il importe de souligner, c'est comment Mersenne parvient à intégrer mécanisme et histoire. Grâce à la formulation d'une physique des lois, l'auteur de l'Harmonie universelle peut poser les bases d'une critique des témoignages, puisque l'argument d'autorité ne suffit plus, même si le miracle demeure respecté. Ainsi, Mersenne reste fidèle à la tradition mais impose une certaine hardiesse. Il illustre remarquablement, comme quelques autres savants du milieu du XVIIe siècle, tels Roberval ou Gassendi, cette grande disparité des modes d'approche. L'histoire y est encore un outil au service d'une démonstration, mais cette dernière se déroule sur d'autres plans, théologique et théorique. Dans cette ambiance fondamentalement dubitative à l'égard de l'histoire, il est plus que normal de ne trouver qu'un nombre réduit d'ouvrages traitant de l'histoire de la musique (Philippe Vendrix, Aux origines d’une discipline historique, La musique et son histoire en France aux XVIIe et XVIIIe siècles, 2019 - books.google.fr).

Le style

La Lettre dechiffree est l'œuvre d'un rhéteur. D'ordinaire l'écrivain qui certes est loin de manquer de talent y conduit habilement ses amplifications, mais il n'évite pas toujours une exubérance juvénile. Souvent il présente de belles considérations, mais sous une forme un peu banale. Il manque à la fois de mesure et de profondeur. Il suit toujours une marche bien réglée; mais, pour trop bien compter ses pas, il lui arrive de s'attarder, et l'esprit du lecteur le devance. Il sait donner à son style l'harmonie du nombre et parfois l'ampleur de la période, mais nous aimerions mieux pourtant que les idées ne fussent pas toujours également parallèles ni les mots si exactement équilibrés : avec moins d'uniformité, l'auteur s'épargnerait la monotonie, il nous éviterait l'ennui. Son ordre est bien calculé, mais trop didactique. Aucune transition ne manque, mais nous en cherchons où les membres de phrase soient moins savamment articulés. Il lance sûrement son trait, mais, pour avoir voulu trop l'aiguiser, il l'a peut-être émoussé. La recherche de l'effet le rend parfois mignard; il atteint rarement la simplicité véritable. En somme il plaît, mais comme peut plaire un homme qui, pour s'assurer la correction et la dignité de l'attitude, perd la liberté de ses mouvements. La Lettre dechiffree n'a rien de spontané : c'est une composition tout académique (Louis Dedouvres, Le père Joseph, polémiste: ses premiers écrits, 1623-1626, 1895 - books.google.fr).

A l'admirable écriture galiléenne, Mersenne oppose un style plat et moins vivant, qui substitue au dialogue la forme la plus habituelle sous la plume du Minime, qui divise le texte en propositions numérotées suivies d'explications (Bernard Piettre, Philosophie et musique, 2003 - books.google.fr).

"Delfin et Pinelly"

Ce Caualier Romain qui se souuient, à ce que vous me mandez de l'avoir veu fort souuent autresfois, chez les Cardinaux Delfin & Pinelly, pourra possible, s’il n'est necessaire, remplacer du sien vne partie de ce que i’en laisse, attendant que comme ie vous ay promis, ie ne vous en escriue vne autre fois à plein fonds : ainsi que ie feray dans peu de temps aussi tost que i'auray sceu, si ceste cy vous a este plus fidelement renduë, que les dernieres. Car bien que j'aye déguisé tout exprès icy nos deux noms, & chiffree tout ce qui pouuoit donner quelque lumière de ce que i’y veux cacher à ceux, qui des nouuelles que ie vous escris à Pise, en font des Gazettes a Rome, ie ne seray pourtant iamais bien certain que vous l'ayez receuè, iusqu'à ce que vostre responce m’en ayt asseuré. Dônez m’en donc âduis, s'il vous plaist, le plustost qu'il vous sera possible, & depeschez promptement ce bel ouurage qui fera voir sans doute aux aages suiuant le pourtraict du plus excellent homme, que les siecles passez ayent iamais veu (La Lettre dechiffree, 1628 - books.google.fr).

"mander" : entre autres «faire savoir par message» (www.cnrtl.fr).

La rhétorique ampoulée est la dominante de la Lettre déchiffrée; les arguments que nous avons présentés plus haut pour dénier à Sirmond la paternité du Catholique d'Estat militent au contraire maintenant en faveur de l'attribution de la Lettre déchiffrée à cet auteur. Le parti des Jésuites soutient en ce moment la politique de Richelieu; il est tout naturel que ce dernier ait recruté parmi les leurs son porte-parole; de plus, malgré le peu d'importance que présentent, à notre avis, des rapprochements de figures ou d'expressions, il est une tournure typique qui se retrouve avec une fréquence significative à la fois dans la Lettre déchiffrée et dans le Coup d'Estat de Louis XIII, un ouvrage paru postérieurement en 1631, et qui revient sans conteste, tout au moins en partie, à Sirmond; enfin, ce dernier et son oncle le jésuite avaient longtemps séjourné à Rome et fréquenté dans cette ville le milieu des cardinaux et des prélats où Richelieu avait laissé des souvenirs, et cette particularité permet d'expliquer le détail typique de la mention de deux cardinaux romains, Delfin et Pinelli, chez lesquels l'auteur, ce soi-disant «cavalier romain», se souvenait de l'avoir vu souvent. La Lettre déchiffrée était réimprimée dans le Recueil de 1635, immédiatement après le Discours sur plusieurs points importants, et comme celle-ci avec la suppression du long passage laudatif consacré aux nouveaux Garde des Sceaux et Surintendant des Finances; l'ordre chronologique n'était pas observé, comme on le voit pour l'Advis d'un théologien sans passion qui était placé dans le corps de l'ouvrage, alors qu'il aurait dû se trouver entre ceux-ci; nous en donnerons plus loin la raison à propos de Mathieu de Morgues. Sur la politique extérieure, la Lettre déchiffrée était muette; en revanche, sur la question du Pape, l'auteur continuait l'argumentation de l'Advis d'un théologien sans passion, en lui montrant son intérêt à résister à l'Espagne. Et il la continuait aussi dans son panégyrique du roi où il semblait prendre à tâche de faire oublier les conseils trop rudes jadis donnés au roi par Fancan, sur sa passion pour la chasse et sa négligence des affaires du Conseil; il défendait, il est vrai, en même temps Louis XIII du sobriquet de Rex venator que les tenants de l'Admonitio ne s'étaient pas fait faute de lui prodiguer; mais le souvenir du Catalogus a dû être là prépondérant, et ce dernier pamphlet nous ramène à Fancan dont la disparition clôt cette période. Environ deux mois après la publication de la Lettre dechiffrée, le jour même de la mort de la duchesse d'Orléans, le 4 juin 1627, Fancan était arrêté et enfermé à la Bastille, où il mourait bientôt avant le mois de juin 1628, complètement oublié. [...]

Dans la Lettre déchiffrée, comme dans le factum que nous examinons, et dans celui qui le suit, l'on constate, disséminées dans tout le texte, des phrases hachées, courtes, incisives, qui détonnent au milieu de ce style suivi aux phrases longues et bien enchaînées; là est l'œuvre propre de Richelieu; elles sont comme des témoins du canevas du maître que l'écrivain artisan a respectés dans le développement qu'il avait à faire, et qui sont comme des points d'arrêt imposant une barrière au flux de sa rhétorique (Maximin Deloche, Autour de la plume du cardinal de Richelieu, 1920 - books.google.fr).

Si la mention des visites chez les cardinaux Delfini et Pinelli est factuelle, il ne semble pas que Jean Sirmond soit allé en Italie. Le cardinal (depuis 1604) Delfini est mort en 1622, et Domenico Pinelli en 1611. Jean Baptiste Doni était au collège romain (jésuites, fondé en 1551) après 1605 et avant 1613. Louis d'Attichy l'aurait-il accompagné ? Avant 1611, il n'avait pas plus de 13 ans.

Celui-ci serait aller au collège de La Flèche, puis à Bourges avec son cousin donc après 1613, et enfin au collège de Navarre en même temps que sa profession aux Minimes (1614).

Sur internet ce parcours apparaît plutôt au XXe siècle, il semble qu'on ne le trouve pas avant (Joseph Bergin, The Making of the French Episcopate, 1589-1661, 1996 - books.google.fr).

Pour la Flèche, son frère Achille aîné deviendra jésuite et y enseignera. C'est peut-être lui qui y fit ses études (Eric Nelson, The Jesuits and the Monarchy: Catholic Reform and Political Authority in France (1590-1615), 2017 - books.google.fr).

Descartes est né en 1596, entrera et sortira de la Flèche dans un intervalle au plus large 1604 - 1615 (Geneviève Rodis-Lewis, Idées et vérités éternelles chez Descartes et ses successeurs, 1985 - books.google.fr).

Il ne semble pas encore avoir de références à Descartes ou à Louis d'Attichy entre l'un et l'autre. D'ailleurs même pas entre Descartes et Achille d'Attichy.

L'âge d'entrée au collège romain était entre 9 et 14 ans (Aldo Scaglione, La nouvelle pédagogie humaniste, L'Époque de la Renaissance (1400 1600): Tome III: maturations et mutations (1520 1560), 2011 - books.google.fr).

Pinelli, Marillac, Bérulle et les carmélites

En décembre 1584, à la demande du père Gratien, Nicolas de Jésus-Marie avait fondé à Gênes le premier couvent de Déchaux hors de la Péninsule. Par le bref du 20 mars 1597 Sacrarum religionum, Clément VIII établissait un couvent à Rome en l'église Santa Maria della Scala au Trastevere, et séparait les couvents des Carmes et des Carmélites de Gênes ainsi que le couvent de Rome de la juridiction des supérieurs espagnols, les plaçant sous l'autorité immédiate du Saint-Siège et du cardinal Pinelli, protecteur de l'ordre. Enfin, le 13 novembre 1600, par le bref In apostolicae dignitatis, Clément VIII érigeait les trois couvents en congrégation d'Italie ou congrégation Saint-Élie, lui donnant pouvoir de fonder partout dans le monde à l'exception des territoires espagnols. Le bref limitait cependant le pouvoir des carmes en ne leur concédant pas la faculté de gouverner les carmélites, à l'exception de celles de Gênes. Le prieur du couvent Santa Maria della Scala, Pierre de la Mère de Dieu, était nommé commissaire général de la nouvelle congrégation. Les nouvelles Constitutions avaient déjà été approuvées par le cardinal Pinelli en 1599. Le premier chapitre général se réunit au couvent della Scala du 1er mai au 3 juin 1605. Au cours de ce chapitre les capitulants élirent le père Ferdinand de Sainte-Marie préposé général, et définiteurs généraux les pères Pierre de la Mère de Dieu, Jean de Jésus-Marie, François du Saint-Sacrement et Melchior de Sainte-Anne. La congrégation d'Italie possédait déjà les couvents de Gênes (1584), Rome (1597), Naples (1602), et Montecompatri (1605). En 1597, lorsque les carmes arrivèrent à Rome pour y fonder le couvent della Scala, le père Soto, supérieur du carmel Saint-Joseph, leur offrit le gouvernement des moniales comme cela se faisait habituellement en Espagne. Les déchaux refusèrent la proposition à cause de leur petit nombre et de la distance qui séparait les deux monastères. Ils acceptèrent toutefois la charge de la formation spirituelle des carmélites et par la même occasion des confessions. Ainsi, contrairement à ce qui se produira en France en semblables circonstances, les rapports entre les Carmes et les Carmélites de Rome furent immédiatement excellents malgré l'absence de dépendance juridique (Stéphane-Marie Morgain, Pierre de Bérulle et les carmélites de France, la querelle du gouvernement, 1583-1629, 1995 - books.google.fr).

Les Constitutions des pères, approuvées dès 1599 par le cardinal Pinelli, protecteur de l'ordre, retiraient aux Déchaux la licence de gouverner les Carmélites, à l'exception du monastère de Gênes érigé en 1584 par Nicolas de Jésus-Marie (Doria). Le souverain pontife arrêta cette mesure à la demande des Carmes, comme le note la supplique expédiée à Rome pour l'obtention du bref du 26 janvier 1610 : «parce qu'à la demande de la même Congrégation le Pape Clément VIII avait ordonné qu'ils n'auraient pas le gouvernement des moniales [...].» Le souvenir encore frais du débat occasionné par le bref Salvatoris poussa le pape Clément VIII, successeur de Sixte Quint, à accepter la demande des Déchaux. De fait, lorsque les pères d'Italie prendront sous leur juridiction un monastère de Carmélites, ils le feront soit après la réception d'un bref le leur permettant , soit par obligation , comme dans le cas du carmel de Naples fondé en 1606. L'absence de lien juridique n'excluait pas les relations fraternelles et l'aide spirituelle apportée aux moniales. En demandant aux pères Denys de la Mère de Dieu et Bernard de Saint-Joseph de fonder un couvent à Lyon et un autre à Paris, Ferdinand de Sainte-Marie (Martínez), alors préposé général, leur avait certainement rappelé cette clause. En effet, le 2 février 1611, lors de la visite de Michel de Marillac au collège de Cluny, le père Denys l'assura que les Carmes avaient reçu défense de leur général de s'arrêter «la longueur d'un Pater et d'un Ave dans les églises des religieuses».

Il ne faut pas s'étonner dès lors, qu'ayant pressenti les difficultés espagnoles, Bérulle et le Cercle des dévots de Madame Acarie aient trouvé, dans le statut italien, l'inspiration directe du régime juridique du Carmel français. Cette option se comprend d'autant plus que leur volonté d'obtenir des filles de Sainte-Thérèse, ayant participé aux fondations de la Mère en Espagne, allait se heurter à bien des obstacles de part et d'autre des Pyrénées. Après la conversion d'Henri IV et la levée de son excommunication par Clément VIII, et malgré la signature du traité de Vervins du 2 mai 1598 qui établissait la paix entre la France et l'Espagne, il fut bien difficile de convaincre les carmes espagnols et leur Général, le père Élie de Saint-Martin, d'envoyer des carmélites en France ! Par ailleurs, la Mère Thérèse avait écrit expressément qu'elle désirait mettre ses fondations sous le gouvernement des frères carmes; or le roi de France se refusait absolument à accueillir ces derniers. C'était donc une difficulté supplémentaire. On sait enfin que, contrairement au père Jérôme Gratien qui après Rome et Naples prévoyait de fonder en France, le nouveau général des carmes déchaux, homme bon et doux au demeurant, s'y refusait totalement : il fallait d'abord consolider l'Ordre sur la terre espagnole et l'obéissance stricte à la règle qui le caractérisait. Comment, pour une telle tâche, accepter de se priver des compagnes mêmes de sainte Thérèse ? Pierre de Bérulle fut plus efficace que le malheureux Monsieur de Brétigny, pourtant au travail sur cette fondation depuis tant d'années. Il parvint, par un curieux mélange de diplomatie, de menaces des sanctions romaines, puis, de plus en plus, de considérations mystiques envers la Vierge, à obtenir l'impossible, cinq carmélites qui avaient connu la fondatrice : Thomasine-Baptiste, Catherine du Saint-Esprit, Isabelle de Saint-Dominique et, surtout, Anne de Saint-Barthélemy et Anne de Jésus acceptaient de le suivre au royaume de France. Entre-temps, Bérulle avait chargé Denis de Santeuil, ambassadeur du roi à Rome, de se renseigner sur le mode de gouvernement des carmélites de Saint-Joseph, aussi bien pour le temporel que pour le spirituel. Avec la bulle Ex quo tempore, il apportait la solution à ce que l'on recherchait (Michel Dupuy, Auguste Piédagnel, Discours de l'état et des grandeurs de Jésus de Pierre de Bérulle, 1995 - books.google.fr).

En 1604, M. de Bérulle de concert avec madame Acarie et avec M. de Marillac, alors maître des requêtes, était occupé à Paris à presser la construction du bâtiment qui devait recevoir la nouvelle colonie. Cependant on sentit le besoin de ne pas attendre son arrivée pour former les sujets qui devaient être associées aux religieuses espagnoles. En conséquence M. de Bérulle loua une maison dans le voisinage de sainte Geneviève où il réunissait les postulantes qui se présentaient, leur faisait faire une espèce de noviciat, pour éprouver leur vocation, sonder leur génie leurs talens et leur caractère. Cette petite communauté fut d'abord sous la direction de madame Acarie, et ensuite sous celle de quelques autres pieuses dames également intéressées à la même œuvre. Après que le bâtiment de la rue Saint Jacques fut achevé, il posa la première pierre du chœur des religieuses, conjointement avec M. de Marillac qui prenait un vif intérêt à l'établissement des Carmélites. Ce fut dans cette circonstance que madame Acarie prédit à l'un et à l'autre le bien qu'ils feraient à la nouvelle maison, chacun dans leur genre. Elle dit à M. de Bérulle: vous serez le fondement de cet édifice, pour le spirituel; elle dit ensuite à M. de Marillac: et vous, pour le temporel. La prédiction eut son accomplissement: M. de Bérulle dirigea, jusqu'à sa mort, la conscience des Carmélites du premier couvent; M. de Marillac fit de grandes dépenses pour les établir, et tint pendant long-temps leurs registres de compte, après qu'elles furent établies (Mathieu-Mathurin Tabaraud, Histoire de Pierre de Bérulle, Tome 1, 1817 - books.google.fr).

Cavalier

Giuseppe Cesari dit le Cavalier d'Arpin ou il Giuseppino, en français le Joseppin ou le Chevalier Josépin, né en février 1568 à Arpino ou Rome, mort le 3 juillet 1640 à Rome, est un peintre maniériste italien, qui a été fait chevalier du Christ par le pape Clément VIII et fut soutenu par le pape Sixte V. Le pape le nomme Cavaliere di Cristo en 1599. La même année il est élu prince (principe) de l'Accademia di San Luca. Il est de nouveau élu prince en 1615 et 1629. Le cardinal Aldobrandini qui va assister au mariage d'Henri IV avec Marie de Médicis l'emmène en France, entre le 26 septembre 1600 et le 29 mars 1601. De retour, il travaille pour Pietro Aldobrandini sur les fresques de la villa Belvédère, à Frascati, entre juillet 1602 et février 1603. Entre 1603 et 1612, il dessine et dirige la pose des mosaïques du dôme de la basilique Saint-Pierre. Il collabore avec Guido Reni pour l'exécution de la chapelle Pauline (ou Borghèse) de la basilique Sainte-Marie-Majeure, entre 1610-1612 (fr.wikipedia.org - Cavalier d'Arpin).

Il Nostro ricevette dal papa il titolo di Cavaliere del l'Ordine di Cristo. Nel 1600 si recò in Francia al seguito della delegazione papale guidata dal cardinale Pietro Aldobrandini, il quale rappresentava il Pontefice in qualità di legato papale in occasione del matrimonio di Enrico IV con Maria de' Medici. Il Cavaliere d'Arpino fu introdotto a corte e presentato al re di Francia al quale diede due quadri; un San Michele e un San Giorgio a cavallo. Naturalmente fu ricompensato dal re con doni veramente regali. Ignoriamo quanto durò la sua permanenza in terra di Francia e se compose altre opere degne di menzione (Renato Lefevre, Pittori, architetti, scultori laziali nel tempo, 1989 - books.google.fr).

The first exploratory letters addressed to Reni, Guercino and Cavaliere d'Arpino had been sent by Cardinal Richelieu in the years 1623 and 1625, that is already after the first difficulties with the realization of the contract by Rubens. Ultimately, it was Rubens himself who resigned from completing the cycle The Life of Henry IV, in spite of the fact that he had already prepared at least ten bozzetti and six large-scale canvases (which remained unfinished until the artist's death in the year 1640) (Juliusz A. Chroscicki, Artibus Et Historiae, Volume 26, Numéro 51, 2005 - books.google.fr).

Dans le couvent des Minimes Francois de la Trinité du Mont, fondé en 1494 par Charles VIII, Roi de France, en consideration de S.François de Paule, instituteur de cet Ordre, on trouve une belle Bibliotheque, avec des points de vue tres-agréables; un grand refectoire décoré d'une bonne architecture en peinture, parle P. Pozzi, Jesuite; & un petit cabinet, dans lequel on remarque des suites de médailles antiques & modernes; plusieurs oiseaux bien dessechés; quelques beaux camées antiques, le portrait de M. de la Chausse, par Carle Maratte & autres peintures estimées Les galeries du cloitre sont ornées des portaits de tous les Rois de France peints a fresque par Avanzino Nucci, & de plusieurs histoires de S. François de Paule, dont la Canonisation est du Cavalier d'Arpin, ouvrage qui fut l'époque de sa réputation. Aux corridors fuperieurs on voit deux perspectives fingulieres, dont l'une est du P. Maignan & l'autre du P. Niceron, célebres Religieux de l'ordre des Minimes (1642) (Dominique Magnan, La ville de Rome ou description abrégée de cette superbe ville, Tome 2, 1778 - books.google.fr).

Cesari Giuseppe, Canonizzazione di san Francesco da Paola, 1584 - 1585, Chiesa della Trinità dei Monti, Roma (Lazio, Italia) - catalogo.fondazionezeri.unibo.it

S. MARIE DE LA SCALA, qui est au Nord de S. Gilles, est une belle Eglise de Carmes Déchauffés, orrée d'une jolie façade de l'architecture de Mascherino. Elle fut bâtie en 1592 par le Cardinal de Côme, sur les desseins de François de Volterre, & cedée ensuite aux Carmes par Clement VIII. L'interieur est orné de belles chapelles, de plusieurs peintures du P. Luc, Religieux Flamand du même Ordre, & d'une grande fresque, qui est dans le chœur, par le Cavalier d'Arpin. Le tabernacle du maître autel fait par le Cavalier Rainaldi, est composé de pierres rares, avec 16 petites colomnes de jasque Oriental (Magnan, La ville de Rome ou description abregée de cette superbe ville, Tome 4, 1778 - books.google.fr).

Giuseppe Cesari called Cavalier d'Arpino, “Regina Coeli with Child” (1612), Rome, Chiesa di Santa Maria della Scala. - www.milestonerome.com

La Chapelle Pauline est le cœur du complexe programme de construction de Sainte Marie Majeure, mis en œuvre par Paul V. Toute la chapelle est décorée, jusqu'à la zone de la coupole, de marbres précieux et colorés, dont le raffinement augmente à mesure que l'on s'approche du tabernacle-reliquaire pour la Salus Populi Romani. Ce dernier, conçu par Girolamo Rainaldi et réalisé par Pompeo Targone, est composé de quatre colonnes de jaspe de Barga. Son revêtement uniforme en lapis-lazuli rappelle un ciel nuageux et évoque une porte céleste. L'exécution des fresques (1610-12) est due à Giuseppe Cesare, dit Cavalier d'Arpino, qui dirigea un groupe de peintres parmi lesquels figuraient Giovanni Baglione, Lodovico Cigoli et Guido Reni. Dans la coupole peinte par Lodovico Cigoli, la Mère de Dieu est accueillie dans une gloire céleste. Marie repose sur une reproduction naturaliste de la lune qui correspond aux observations astronomiques de Galileo Galilei popularisées en 1610 dans son œuvre Sidereus Nuncius (www.basilicasantamariamaggiore.va).

A la fin du seizième siècle, le cardinal Domenico Pinelli (1587-1611), archiprêtre de la basilique, commanda, pour les espaces qui sont entre les fenêtres de la nef centrale, les fresques des scènes de la vie de la Vierge (missel.free.fr).

Ignazio de Loyola celebra la sua prima Messa all'altare del Presepe, nella basilica di Santa Maria Maggiore (25 dicembre 1538) (Ignazio di Loyola, Gli scritti, 2013 - books.google.fr).

Quand, en 1620, Marie de Médicis veut faire décorer le Luxembourg, elle ne peut songer à Nicolas Duchêne, son premier peintre, et fait appeler Rubens, à défaut du Cavalier d'Arpin, pressenti en premier. Mais, en 1625, la situation se retourne brusquement. Richelieu suggère à Louis XIII de rappeler à Paris les peintres français qui sont à Rome (Yves Picart, La vie et l'œuvre de Simon Vouet, Tome 1 : Les jeunes années et le séjour en Italie, 1958 - books.google.fr).

Dans la décoration du palais du Luxembourg, Richelieu suggérait de faire appel au cavalier d'Arpin pour remplacer Rubens suspect de servir les intérêts de l'Espagne. Il est bien probable que l'envoi de tableaux de chevalet évoqué plus haut est lié à cet épisode. Peut-être, comme on le répète toujours, le cavalier d'Arpin était-il trop âgé (mais on le savait l'année précédente), peut-être, et c'est plus vraisemblable, les tableaux ne plurent-ils pas, mais Cesari était un protégé du pape, un personnage assez notable pour qu'on lui envoie au moins en compensation les insignes de l'ordre de Saint Michel en juillet 1630. Parallèlement, on s'adressait à Guido Reni. Le 29 mai, Marie de Médicis écrivait à l'ancien nonce à Paris, le cardinal Bernardino Spada, alors à Bologne, pour obtenir sa venue on lui offrait 1200 écus de pension, sans compter le paiement de ses ouvrages. Spada répondit que le Ravissement d'Hélène du Guide, destiné primitivement au roi d'Espagne, était disponible et que l'achat de ce chef-d'œuvre disposerait favorablement le peintre. En réalité, malgré l'intervention de Francesco Barberini, Guido Reni se déroba, en invoquant la santé de sa mère mais aussi le mauvais accueil qu'avait reçu Gentileschi en France. Spada proposa alors en juillet le Guerchin, plus jeune et plus apte à voyager. La reine accepta , pourvu que le peintre lui fasse un tableau, afin qu'elle puisse juger «de ce qu'il sçait faire et s'il est capable de me donner contentement pour les ouvrages que j'ay dessein de luy commettre en mon Palais». Ce fut La Mort de Didon (Rome, galerie Spada), conçue comme un pendant au Ravissement d'Hélène, ce qui montre que l'on pensait toujours faire acheter le tableau de Reni par la reine. Hélas, la peste déclarée à Bologne, le départ du cardinal et surtout le départ puis l'exil de la reine en 1631 rompirent l'affaire. Le cardinal Spada dut garder les deux grandes toiles, même si dans des conditions qui restent mystérieuses, le tableau de Guido Reni devait passer chez La Vrillière, où nous le retrouverons au chapitre suivant. Trop tard aussi, en juillet 1631, signalait-on à Marie de Médicis un autre tableau de Reni, une nouvelle version d'un David (Antoine Schnapper, La cour de France et la peinture italienne au XVIIe siècle, Seicento, la peinture italienne du XVIIe siècle et la France, 1990 - books.google.fr).

Delfin

Le cardinal Delfini étoit proche parent du chevalier JEAN Delfini, qui est aussi nommé dans le Dictionnaire historique. C'étoit pareillement un Vénitien, qui fut ambassadeur à Rome de la part de sa république: il étoit arrivé dans cette ville le 19 Octobre de l'an 1595. il fut fait fénateur de Venise en 1596. & dans la réponse qu'il fit au compliment qui lui fut fait par le cardinal d'Ossat, de la part du roi de France, il protesta de son attachement aux intérêts de la France. Le roi Henri IV. ayant fait inviter par M. de Villiers, le doge de Venise, d'assister à ses noces, le sénat envoya en France deux ambassadeurs, sçavoir Léonard Renato, & Jean Delfini, tous deux procurateurs de Venise. Ce fut à cette occasion que le roi fut aggrégé au corps de la noblesse Vénitienne, avec tous les descendans à naître, & tous leurs descendans. Delfini étoit un très-habile ministre : il a fait une relation de la cour de Rome. Clément VIII. le créa cardinal en 1604. Il mourut à Venise en 1622 (Claude-Pierre Goujet, Nouveau supplément au Grand dictionnaire historique, généalogique, géographique, etc. de M. Louis Moreri, Tome 1, 1749 - books.google.fr).

Delfini était au mariage d'Henri IV avec Marie de Médicis comme le Cavalier d'Arpin.

Pietro Aldobrandini, né à Rome le 31 mars 1571 et mort le 10 février 1621, est un cardinal italien de l'Église catholique romaine et un grand mécène. Il est fait cardinal lors du consistoire du 17 septembre 1593 par son oncle, le pape Clément VIII, avec le titre de cardinal-diacre de San Nicola in Carcere. En 1600, il se rend à Lyon en tant que légat apostolique pour bénir le mariage du roi de France Henri IV et de Marie de Médicis. Il joue a un rôle important dans les discussions qui conduisent à la signature du traité de Lyon de 1601; il décide l'arrêt de la guerre entre Henri IV et Charles-Emmanuel Ier de Savoie (fr.wikipedia.org - Pietro Aldobrandini).

Clément VIII (en latin Clemens VIII, en italien Clemente VIII), de son nom de baptême Ippolito Aldobrandini, né à Fano le 24 février 1536 et mort à Rome le 3 mars 1605, est le 231e évêque de Rome et donc pape de l’Église catholique du 30 janvier 1592 au 3 mars 1605. Il meurt à Rome le 3 mars 1605. Il est enterré dans la basilique Saint-Pierre. Le pape Paul V lui fait construire un mausolée dans la chapelle Borghèse de la basilique Sainte-Marie-Majeure, où ses restes seront transférés en 1646 (fr.wikipedia.org - Clément VIII).

DOLFIN, Giovanni (1545-1622) né et mort à Venise. En 1574, il fait partie du groupe des 40 jeunes gentilshommes chargés du service du roi Henri III, lors de son séjour à Venise. Après des études à Padoue in utroque iure, il entre dans le cursus honorum des magistratures vénitiennes jusqu’à être élu ambassadeur en France (sept.1584-janvier 1588) puis, à Prague, auprès de l’empereur Rodolphe II (mai 1590-septembre 1594) avec qui il tente de faire avancer le dossier uscoque. En 1595, il est de nouveau à Paris, comme ambassadeur extra-ordinaire auprès d’Henri IV en mai; puis, dès le mois de septembre, il est envoyé à Rome avec Paolo Paruta auprès du pape Clément VIII, jusqu’en mars 1598. Le succès de sa mission à Rome – et ses positions proches du parti des vieux - lui vaut l’élection comme procurateur de Saint-Marc. En 1599, il est élu ambassadeur extra ordinaire en Espagne (avec Francesco da Molin, qui est du parti des jeunes) auprès de Philippe III; en 1601, il assiste avec Antonio Priuli aux noces d’Henri IV et Marie de Médicis; le 24 novembre 1604, il est nommé évêque de Vicence puis, le 19 juin 1606, cardinal de Vicence bien que les lois vénitiennes interdisent à un patricien de recevoir tout don ou cadeau sans l’accord des autorités. Bien qu’attaché à des positions de compromis avec la papauté, Dolfin est radicalement anti-espagnol et pro-français ce qui ne facilitera pas, sur la fin de sa vie, ses relations avec les diplomates vénitiens en poste à Rome (Marie Viallon, Paolo Sarpi, Lettres Notices biographiques des principaux personnages cités, 2017 - shs.hal.science).

Jean Du Bois Olivier, natif de Paris, abbé de Beaulieu et prédicateur du roi, a prononcée à Rome le 10 mars 1609 l'oraison pour les funérailles de Séraphin Olivier, amplissime cardinal français de la Sainte Église romaine, qui ont été célébrées en l’église de la très sainte Trinité-des-Monts au Pincio par l’illustrissime et révérendissime cardinal vénitien Delfino, et son Excellence François Savary, seigneur de Brèves, ambassadeur de Henri IV, roi de France et de Navarre, en présence d’une très grande foule de prélats et d’hommes éminents (Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin : Naudæana 2 - books.google.fr).

En décembre 1606, l'affaire de Venise révéla les limites de l'influence espagnole dans la péninsule. Paul V avait jeté l'interdit sur la République en raison de l'inobservation par celle-ci des privilèges de l'Eglise. L'Espagne poussait le pape à une intervention armée contre Venise mais Henri IV s'interposa. En juillet 1606, il proposa sa médiation entre les deux camps et en avril 1607, l'affaire fut classée. Du côté des Grisons, les espoirs de Fuentes furent également déçus. Grâce aux subsides d'Henri IV et de Venise, les Ligues grises purent fortifier la Valteline. La situation n'était pas moins difficile aux Pays-Bas. Depuis la chute d'Ostende et les succès du marquis de Spinola, commandant des armées de Philippe III, sur Maurice de Nassau, un parti de paix avait commencé à se former en Hollande. Pour ne pas rester en dehors des négociations, Henri IV proposa aux Hollandais un traité d'alliance perpétuelle qui fut conclu à La Haye le 23 janvier 1608, malgré les efforts de Philippe III pour le ruiner. Espagnols et Hollandais, faute de moyens, durent signer une trêve de douze ans, le 9 avril 1609. En 1607-1608, le duel Bourbon - Habsbourg atteint son paroxysme, à tel point qu'Henri IV ne dissimula plus son ambition de jouer les arbitres et donc d'affirmer la supériorité française sur l'Autriche et l'Allemagne. En 1608 se forma en Allemagne avec l'appui français, l'Union Evangélique, ligue regroupant les protestants allemands. Cette association venait à point nommé puisque le 25 mars 1609 s'ouvrait dans l'Empire une importante succession, celle des duchés de Clèves et de Juliers, occasion inespérée pour Henri IV de susciter des difficultés aux Habsbourg dans l'Empire (Caroline Bitsch, Vie et carrière d'Henri II de Bourbon, prince de Condé, 1588-1646, exemple de comportement et d'idées politiques au début du XVIIe siècle, 2008 - books.google.fr).

Les collections de Gentile Delfini (mort en 1559) passèrent à Mario Delfini dans son palais romain in Campitelli (Nicole Genaille, Instruments du culte isiaque, Hommages à Jean Leclant : Etudes isiaques, 1994 - books.google.fr).

Les compagnons se fixèrent à Rome d'abord près de la Trinité des Monts, dans la maison de campagne de Quirino Garzonio, sur les pentes du Pincio; puis, en juin 1538, dans une petite maison près du Ponte Sisto, qu'ils quitteront vers la fin novembre pour s'installer dans la maison abandonnée, parce que soi-disant hantée, du Patricien Frangipani, située près de la Torre del Melangolo, dans le quartier alors le plus distingué de la ville, à l'endroit où se dresse actuellement le palazzo Mario Delfini. Deux ans se passèrent dans cette demeure; Ignace y connut la fondation officielle de sa Compagnie. Au début de février 1541, il émigra dans la modeste demeure, attenant à l'église Santa Maria della Strada, dont le prêtre bénéficier, Pierre Codacio, avait offert à Ignace sa personne avec le sanctuaire et la maison. Ce fut donc la première maison généralice de la Compagnie. Enfin, en sept. 1544, Ignace se fixa dans la maison professe (dont la construction avait commencé fin 1543) près de Saint-André delle Botteghe oscure; c'est de cette maison que subsistent encore les «camerette» où le saint vécut jusqu'à sa mort (J. Schaack, Saint Ignace, prêtre, Nouvelle revue théologique, Volume 78, 1956 - books.google.fr).

Fulvio Orsini (en latin Fulvius Ursinus) (né le 11 décembre 1529 à Rome et mort le 18 mai 1600) est un humaniste, philologue, bibliothécaire et antiquaire italien de la Renaissance. Abandonné par son père à l'âge de neuf ans, il trouva refuge parmi les enfants de chœur de Saint-Jean-de-Latran. Il y fut remarqué par le chanoine Gentile Delfini, qui lui donna une éducation et le présenta aux Farnèse. II a lui-même créé une importante collection d'œuvres d'art et d'antiques qu'il légua au cardinal Édouard Farnèse, neveu de son protecteur. Il a surtout réuni une importante bibliothèque, qu'il légua à la bibliothèque Vaticane (fr.wikipedia.org - Fulvio Orsini).

Au mois de mai 1600, se voyant plus faible qu'il n'avait jamais été et sachant d'expérience que la saison était mauvaise à sa santé débile, Fulvio alla habiter au palais Delfini, pour mourir dans une maison amie. Le palais existe encore sur la place Campitelli, et une rue conserve le nom de la famille qu'Orsini avait toujours considérée comme la sienne. Malgré les soins dont on l'entoura, il mourut le 18 mai. Il fut enterré à Lateran au pied de l'autel de la chapelle qu'il avait fondée et qui se trouve à l'entrée de la sacristie (Pierre de Nolhac, La bibliothèque de Fulvio Orini: contributions à l'histoire des collections d'Italie et à l'étude de la renaissance, 1887 - books.google.fr).

Les trois ordres

Que le plus doux, le plus courtois, le plus sage, le plus habile, le plus religieux, & le plus sainct homme du monde, soit par l'aduis commun des trois Ordres du Royaume conuoquez solemnellement à cet effect, appellé dans vne pareille charge, ie me soubmets à tout ce que les hommes craignent le plus, si dans moins de six mois, il n'a plus de controlleurs que de tesmoins de ses deportemens (La Lettre dechiffree, 1628 - books.google.fr).

On ne se serait guère attendu à trouver sous la plume autoritaire de Sirmond, et surtout à une pareille époque, cette franche indication du gouvernement parlementaire (René Kerviler, La presse politique sous Richelieu et l'académicien Jean de Sirmond (1589-1649), 1870 - books.google.fr).

Les Etats généraux étaient la réunion des trois ordres : Tiers Etat, Clergé et Noblesse.

La vie politique de Richelieu commence aux états généraux de 1614. Évêque de Luçon depuis 1607, il siégea comme député du clergé du Poitou, et reçut à la fin de la session la mission de présenter au roi le cahier de son ordre. Le clergé, d'accord avec le tiers état, demanda la suppression des droits de douane perçus de province à province, «afin de remettre la liberté du commerce,» disait le cahier du tiers, et la diminution et l'égale répartition de l'impôt sur les boissons. Seul entre les trois ordres, le clergé recommanda au roi une compagnie qui se présentait pour la construction des navires et le commerce maritime. Il sollicita l'abolition de 'la vénalité des charges et la réduction des pensions. Enfin, s'entendant avec les deux autres ordres, il demanda la réduction du quart de la taille et l'établissement d'une chambre de justice contre les financiers. Lorsque l'on voit, peu de temps après, Richelieu, arrivé aux affaires, employer tous ses efforts pour les réaliser, on ne saurait douter que l'expression de ces vœux patriotiques n'ait été accordée à sa puissante influence. [...]

Etats généraux de 1614, 1789 - fr.wikipedia.org

Richelieu, pour appuyer ses vastes projets par l'assentiment de la représentation nationale, réunit à Paris une assemblée des notables (1626). Le premier ministre, au nom du gouvernement, fit proposer au vote de l'assemblée les vœux les plus sensés des états généraux : il prononça luimême une allocution dans laquelle il établit la nécessité de réduire les dépenses et d'augmenter les recettes. Il annonça que le roi et la reine allaient diminuer les frais de leurs maisons; que les domaines, droits et impôts concédés à vil prix seraient rachetés; que, quant à la taille, il n'était pas possible de l'augmenter, mais qu'on veillerait à ce qu'elle fût répartie le plus justement possible. Un notable, complétant ou allant au delà de sa pensée, proposa de la rendre «réelle,» c'est-à-dire contribution foncière, et de la distribuer également sur tous les immeubles sans admettre aucune exemption résultant de la qualité de leurs propriétaires. Trois voix seulement appuyèrent cette proposition (Dictionnaire de l'économie politique, Tome 2, 1854 - books.google.fr).

Bien vite l'urgence d'endiguer la crue du pyrrhonisme ne fut pas seulement ressentie par les apologètes, mais aussi par les responsables politiques : il en fut question au cours de l'Assemblée des États généraux de 1614, et il s'ensuivit les sévères ordonnances de Louis XIII en novembre 1617. Tous ces facteurs contribuèrent à créer le climat de profonde intolérance qui caractérisa les années 1619-1625, comprises entre le bûcher de Vanini et l'exil de Théophile de Viau. Les fortes réactions suscitées par la vie ou la mort scandaleuses d'Andrea de Lizza, de Cosme Ruggieri et de Jean Fontanier, l'exécution de Vanini, la violente attaque des Jésuites contre Théophile montrent à quel point le pouvoir ne pouvait tolérer l'aventure de ces nouvelles expériences culturelles et combien la foi traditionnelle constituait encore un solide ciment social et politique et un solide fondement pour le pouvoir. De sorte que ces bûchers tragiques constituèrent une digue et un exemple contre toute prétention velléitaire et contraignirent les esprits, même les plus audacieux, à se replier sur des positions plus conformistes. Guez de Balzac s'empressa de récuser les liens d'étroite amitié qui l'avaient attaché à Théophile; Mainard, qui avait pourtant été l'auteur de vers sacrilèges, comme ceux de la pièce intitulée Au Ministre des Antéchrists, se consacra par opportunisme à la composition des poèmes insignifiants et creux sur la vie dévote; Sorel quant à lui adoucit les traits les plus libres de la première version de Francion. Sur tous ces auteurs, s'abattit de tout son poids la publication, entre août et septembre 1623, de la Doctrine curieuse de Garasse, un pamphlet violent et polémique, caractérisé par une apologétique hétéroclite, plus encline au persiflage et au mensonge qu'à l'argumentation posée et convaincante, plus dictée par la passion que par la raison, tantôt méprisante et tantôt pathétique, toujours en alarme face au scandale provoqué par les esprits forts. Mais, justement à cause de son origine passionnelle, le livre ne porta pas atteinte le moins du monde au dispositif doctrinal du libertinisme érudit. Il finit par devenir l'objet de réactions tout aussi violentes et donna même souvent l'impression d'avoir contribué à la diffusion des doctrines tant contestées. C'est dans ce climat brûlant et belliqueux que trouvent place les deux années d'activité apologétique (1623-1625) de Mersenne. Mettant sous presse la masse impressionnante et volumineuse des Quaestiones celeberrimae in Genesim (en février 1623), puis L'impiété des Déistes (1624), et enfin La vérité des Sciences (1625), il exprima l'exigence d'une apologétique par la force de la raison (Francesco Paolo Raimondi, Vanini et Mersenne, Vanini, Kairos N° 12, 1998 - books.google.fr).

Aux Etats généraux de 1614, le clergé demanda que la mort ou le bannissement fut prononcé contre les athées. Mersenne, l'ami de Descartes, qui touche le sujet dans ses Quæstiones ad Genesim, n'estime pas à moins de cinquante mille le nombre des incrédules existant alors dans Paris (Louis Dimier, Descartes, 1917 - books.google.fr).

Le voyage de Bretagne

Iay veu tout ce que ie vous dis, durant ce dernier voyage de Bretagne, ARMAMD est celuy dont ie vous crayonne icy la vie. De qui l'on aura tant de belles choses à dire quelque iour, que l'antiquité de sa race sera la moindre partie de sa gloire. Et c'est veritablement aussi de quoy l'on doit faire moins d'estat (La Lettre dechiffree, 1628 - books.google.fr).

La lettre déchiffrée qui répondait point par point à la Vita, et qui commençait par elle, en lui donnant une large place, en fournit l'explication; l'auteur s'excusait de son retard sur le temps qui lui avait été nécessaire pour réunir tous les éléments de son travail, alors qu'il déclarait d'une part «avoir vu presque tous les titres de sa maison» et de l'autre avoir eu la preuve de tout ce qu'il avançait «durant ce dernier voyage de Bretagne». Or, ce voyage avait eu lieu l'année précédente entre la fin du mois de juin et le commencement de septembre, alors que la Lettre déchiffrée paraissait vers la première quinzaine d'avril 1627; l'explication donnée par l'auteur est donc invraisemblable, et l'on peut en conclure qu'en réalité il ne publiait son livre que lorsque les éléments de la généalogie de Richelieu avaient pu être recueillis, et que seul, le manque de ces documents en avait retardé la publication. La réconciliation de Richelieu avec la cour de Rome lui avait valu, dans cet ordre d'idées, un appui tout spécial; le nonce, le cardinal Spada, devenu son auxiliaire, l'avait aidé certainement dans ses revendications nobiliaires, bien que l'auteur de la Lettre déchiffrée ne mentionnât comme références, probablement avec toute intention, que d'Authon, le président de Thou, d'Aubigné, Sainte-Marthe et Duchesne. Lorsque Fornier, sieur de Cleaux, conseiller et secrétaire du roi au parlement de Toulouse, communiquait au cardinal Spada le résultat de ses recherches généalogiques sur les origines de Richelieu en Guyenne, il le faisait évidemment sur la demande du premier, et non pas d'après une initiative personnelle qui n'avait pas de raison d'être; ses anciennes relations comme généalogiste avec la nonciature de France, alors qu'elle était occupée par Urbain VIII, à sa sortie du barreau de la Rote d'Avignon, le désignait à ce genre de recherches. Or, cette partie de la généalogie de Richelieu était précisément reproduite et presque textuellement dans la Lettre déchiffrée, sans indication de la source ! Cet ouvrage présente, au point de vue historique, un intérêt supérieur par la précision des renseignements qu'il fournit sur la vie de Richelieu. [...]

M. Hanotaux a attribué l'ouvrage à Duchesne sur la seule foi du passage relatif au voyage de Bretagne et à l'examen des titres généalogiques; Kerviler l'avait auparavant donnée à Sirmond, en se basant sur la parenté qui relie cet ouvrage au Catholique d'Estat; cette dernière opinion nous semble la plus vraisemblable, mais non point pour le motif qu'il invoque, car ce dernier ouvrage est loin de présenter la rhétorique ampoulée qui est la dominante de la Lettre déchiffrée; les arguments que nous avons présentés plus haut pour dénier à Sirmond la paternité du Catholique d'Estat militent au contraire maintenant en faveur de l'attribution de la Lettre déchiffrée à cet auteur. Le parti des Jésuites soutient en ce moment la politique de Richelieu; il est tout naturel que ce dernier ait recruté parmi les leurs son porte-parole; de plus, malgré le peu d'importance que présentent, à notre avis, des rapprochements de figures ou d'expressions, il est une tournure typique qui se retrouve avec une fréquence significative à la fois dans la Lettre déchiffrée et dans le Coup d'Estat de Louis XIII, un ouvrage paru postérieurement en 1631, et qui revient sans conteste, tout au moins en partie, à Sirmond; enfin, ce dernier et son oncle le jésuite avaient longtemps séjourné à Rome et fréquenté dans cette ville le milieu des cardinaux et des prélats où Richelieu avait laissé des souvenirs, et cette particularité permet d'expliquer le détail typique de la mention de deux cardinaux romains, Delfin et Pinelli, chez lesquels l'auteur, ce soi-disant «cavalier romain», se souvenait de l'avoir vu souvent. La Lettre déchiffrée était réimprimée dans le Recueil de 1635, immédiatement après le Discours sur plusieurs points importants, et comme celle-ci avec la suppression du long passage (Maximin Deloche, Autour de la plume du cardinal de Richelieu, 1920 - books.google.fr).

SPADA Bernardin (Romagne 1594 - Rome 1661), savant et cardinal italien, archevêque de Damiette, né d'une honnête famille de Brisighella, en Romagne, ecclésiastique employé par Urbain VIII qui l'envoie en France. Cardinal en 1626, il négocie la paix entre le pape et le duc de Parme pendant la guerre de Castro. Il sera protecteur des Minimes en Italie en 1642.

Holste est un helléniste que Mersenne a connu à Paris comme bibliothécaire du président de Mesmes, puis au service du cardinal Spada, nonce apostolique en France depuis 1623. Quand Spada est remplacé en février 1627 par le cardinal Bagni (chez qui nous avons rencontré Descartes), Holste suit son maître à Rome, et devient très vite le protégé du cardinal Francisco Barberini, le neveu du pape (Jean-Pierre Maury, A l'origine de la recherche scientifique : Mersenne, 2003 - books.google.fr).

Mersenne ne doit-il pas être lui-même compté parmi les libertins, au sens large ? Le mot "libertin" est alors très éloigné du sens qu'il prendra au XVIIIe siècle dans le "libertinage amoureux". Ce savant d'une vaste culture, ami personnel de Descartes, en correspondance avec tous les savants du monde entier, a en tout cas joué un rôle considérable dans le mouvement d'échange des idées nouvelles. Il avait chez lui de nombreux livres interdits et il a demandé à son confesseur de les ranger quel ques minutes avant sa mort. Quels sont les foyers de cette libre pensée ? Les de Mesmes sont une grande famille de parlementaires. Henri de Mesmes, prévôt des marchands, était député du Tiers aux Etats Généraux de 1614. Il avait osé dire que "les trois ordres étaient frères". Un délégué de la noblesse s'en était plaint "devant le roi". Chez les de Mesmes, on trouvait le père Nicolas Bourbon, professeur de grec au Collège royal, adversaire résolu des dévots, des moines, du catholicisme romain, de son Inquisition et de son Index; il recevait aussi de petits groupes dans sa cellule de l'Oratoire. Gabriel Naudé, jeune érudit ayant fait de longues études de médecine, en était le bibliothécaire; celui-ci fréquentait aussi l'hôtel de Thou, centre d'une académie d'érudits et d'hommes de lettres, réunis par les Dupuy, une autre grande famille d'hommes de loi, chez qui l'on trouvait encore La Mothe Le Vayer, fils d'un substitut du procureur du roi - plus tard titulaire de cette charge -, Gassendi, le fameux savant et philosophe épicurien et chrétien à la fois, qui, d'abord chanoine théologal à Digne puis à Avignon et à Marseille, devint professeur de mathématiques au Collège de France à Paris. Son ami Diodati lui avait fait connaître les travaux de Galilée (Pierre Abraham, Roland Desné, Manuel d'histoire littéraire de la France, Tome 2, 1966 - books.google.fr).

La Lettre écrit "ce voyage" assez vague alors que "mon voyage" référerait directement à l'auteur qui a "vu" tout ce qu'il dit à son destinataire, de la gloire de Richelieu plutôt que sa généalogie dont il dit même que ce n'est pas le plus important.

Il existe un "voyage de Bretagne" plus historique et lié à Richelieu en 1626 :

Le séjour de Louis XIII à Nantes ne devait pas se prolonger: le 24 août il se rendait à Rennes, tandis que la plus grande partie des seigneurs de la Cour revenaient vers Paris, en suivant la Loire. La Bretagne était tranquille : Thémines, le nouveau gouverneur, venait lui apprendre qu'il avait été bien reçu par toutes les villes. Enfin, le roi, Monsieur, la reine-mère, le cardinal, prenant des chemins différents par la Normandie et le Maine, rentraient dans la capitale, du 13 au 17 septembre. Le voyage de Bretagne était enfin terminé : l'on savait maintenant quelle était la puissance de Richelieu, et l'échafaud du comte de Chalais était une leçon terrible qui devait retentir au loin, mais qui ne devait pas toujours être comprise. La lutte incessante, acharnée, impitoyable du ministre contre tous ceux qui faisaient obstacle à sa politique, était commencée (Louis Grégoire, Chalais, ou, Une conspiration sous Richelieu, 1855 - books.google.fr, Scipion Dupleix, Histoire de Louis le Iuste 13. du nom, roy de France et de Nauarre, 1643 - books.google.fr).

Mersenne et Mantinée ?

La base de Mantinée est un ensemble de trois plaques sculptées en bas-relief représentant pour l'une, Apollon, Marsyas et un silène, et pour chacune des deux autres, un groupe de trois Muses. Elles ont été découvertes en 1887 à l'emplacement de l'ancienne cité grecque de Mantinée, en Arcadie, et constituent probablement la décoration d'une base de statue; elles ont été attribuées au sculpteur Praxitèle ou à son atelier.

Lors de la publication de la découverte, Fougères propose de voir dans les trois plaques trois des côtés d'un piédestal rectangulaire décoré en bas-relief, et fait le rapprochement avec un passage de Pausanias qui, lors de sa visite de Mantinée, évoque : «un sanctuaire de Léto et de ses enfants; c'est Praxitèle qui a réalisé les statues, deux générations après Alcamène; sur leur base, sont sculptés une Muse et un Marsyas en train de jouer de l'aulos.» (fr.wikipedia.org - Base de Mantinée).

Mersenne disait de Anthoine Boesset «que toute la France considere comme un Phoenix» en matière de composition d'airs (Marin Mersenne, Harmonie universelle contenant la théorie et la pratique de la musique, Paris, 1636) (Anne-Madeleine Goulet, Poésie, musique et sociabilité au XVIIe siècle, les Livres d'airs de différents auteurs publiés chez Ballard de 1658 à 1694, 2004 - books.google.fr).

En Arcadie, Amaryllis incarne une séduisante et cruelle bergère qui demeure indifférente aux soupirs désespérés d'un chevrier amoureux. Théocrite sinspire de cette légende. Boësset produit une Divine Amaryllis en 1632 (Jean Maillet, L'histoire étonnante de 101 noms propres devenus communs, 2011 - books.google.fr).

Mersenne écrivait que les airs de Boesset «ont je ne sçay quoy de grand et d'héroïque qui ne paroist pas aux autres» (Lettre à Huygens) (Georgie Durosoir, L'air de cour en France, 1571-1655, 1991 - books.google.fr).

MERSENNE A HUYGENS. R(eçue) á Rolde en Drenthe le 29 de Nov. 1640. Monsieur, Apres avoir examiné la grande lettre, par laquelle Monsieur Bannius pretend monstrer que son chant vaut mieux que celuy de Monsieur Boësset, dont il croit reprendre plusieurs fautes; et apres avoir consulté les oreilles des bons maistres, afin d'estre asseuré de ce que donne l'experience; j'ay enfin trouvé et reconneu, que ce que je luy en ay escrit des la premiere fois, estait veritable: à scavoir que celuy de nostre Orfée est beaucoup meilleur, et mieux conduict que le sien. Je ne veux pas dire la mesme chose que plusieurs de nos chantres, à scavoir qu'un ange ne scauroit mieux faire que luy: car la Theologie m'aprend que nous sommes bien au dessoubz de ces espritz celestes, qui voient toutes choses en Dieu, selon leur essence et leur verité; au lieu que nous ne connoissons icy que les effectz et l'escorce des choses, vivant en esperance de les voir dans la vie bienheureuse jusques au fond de leur propre nature, sans que rien nous demeure caché.

Or pour commancer cet examen, il faut premierement supposer que la musique, et par consequent les airs sont faictz particulierement et principalement pour charmer l'Esprit et l'oreille, et pour nous faire passer la vie avec un peu de douceur parmy les amertumes qui s'y rencontrent. Car de s'imaginer que la musique serve pour nous persuader le dessein du musicien aussy parfaictement comme feroit un bon orateur, et qu'elle ait une esgalle force pour conduire à la vertu, et pour faire hair le vice, que la voix d'un bon predicateur, bien qu'on chantast les mesmes choses qu'il recite en chaire, et de croire qu'en chantant l'on puisse aussy aisement instruire qu'en parlant et en discourant, c'est ce qu'il est difficile de se persuader, si l'on n'en void premierement l'experience. [...]

La 8e faute est à la derniere sillabe d'amour, qui baisse d'un demi-ton, et qui charme si fort estant bien chantée, qu'il n'y a ce semble que Marsyas, ou ses semblables, qui s'en puissent plaindre; et je m'asseure que ceux qui compareront la correction de Monsieur Bannius avec le chant de Mons. Boësset, diront que celuy-cy est d'un docte compositeur, qui a hanté la Cour; et que l'autre est d'un Berger ou d'un vilageois; ce n'est pas qu'il ne puisse estre bon et agreable à d'autres rencontres, et que mesme l'on ne peust l'appliquer icy, si le sens de la lettre ou si ce qui suit ou precede y respondoit; et il n'y a point d'inconvenient que deux chantz ne soient bons, mais d'oster la liberté au musicien, d'en choisir un entre deux ou plusieurs donnez, ce seroit tyrannizer l'harmonie, et rendre les muses trop esclaves; joinct que les autres parties recompensent, comme j'ay desja dict souvent (Constantijn Huygens, Correspondance et oeuvre musicales de Constantin Huygens, 1882 - books.google.fr).

Pour la "sillabe d'amour" on pense à l'Eros de Diotime de Mantinée : Marsyas, Berger, Muses...

Mersenne, and Kircher, often used 'tibia' as a generic term for a woodwind instrument (James B. Kopp, The Bassoon, 2012 - books.google.fr).

Mersenne reprend l'interprétation traditionnelle qui voit en Marsyas «quelque poëte de village, lequel voulut s'égaler aux plus excellens de son temps : car il arrive bien souvent qu'en tels esprits ne se retrouve qu'une folle presomption, accompagnée d'autant d'outrecuidance comme ils ont d'ignorance; qui faict qu'aisément eux mesmes se perdent, ou par la vanité, ou par la mesdisance» comme l'interprète Renouard. La joute de Marsyas et d'Apollon, lue allégoriquement comme l'assaut de l'ignorance contre la science, sert ici à la fois d'illustration et de preuve finale à l'argumentation de Mersenne. L'exemple ovidien n'appuie pas seulement la conclusion par son autorité; c'est son déchiffrement allégorique qui l'autorise par analogie. Dans la lecture allégorique, il ne s'agit pas pour autant de réduire la fable ovidienne à sa seule leçon, en distinguant le précepte d'un côté et la «mise en fable», la parure littéraire de l'autre. Baudoin le rappelle : Quant à moy j'estime que l'invention des fables est comme un tres-doux assaisonnement de la vie humaine, et qu'elles ne soulagent de peu les afflictions qui nous surviennent en ce monde : et croy que tel fut le dessein des Anciens en la composition d'icelles : car elles nous fournissent avec un singulier plaisir des enseignemens pour bien regler nostre vie, ausquels, n'estoit le plaisir des fables, nous tournerions bien tost le dos (Marie-Claire Chatelain, Ovide savant, Ovide galant, Ovide en France dans la seconde moitié du XVIIe siècle, 2008 - books.google.fr).