Partie IX - Synthèse   Chapitre LXVI - La Rose kabbalistique   La Croix-en-Brie   

La Croix-en-Brie

La Croix-en-Brie était une commanderie de l'Hôpital. Son chef-lieu se composait d'un beau et grand château, à pont-levis, et entouré de larges fossés. Les appartements du château furent réparés et remis à neuf en 1786, par les soins du Commandeur, le chevalier Claude de Rouvroy de Saint-Simon. La salle à manger était décorée des portraits en pied de dix Grands- Maîtres de l'Ordre, enchâssés dans des lambris parfaitement sculptés.

C'est dans la seconde moitié du XIIème siècle que les Templiers s'établirent à Provins, probablement après qu'Henri, comte Palatin de Troyes, leur eut donné en 1164, le tonlieu de cette ville, sur les laines, fils et autres marchandises de même nature, que le dit comte leur abandonna, pour s'acquitter d'une somme de dix marcs d'argent que son père et lui leur devaient.

Quelques années après, Henri de Bristand, vicomte de Provins, et Héloïse, sa femme, donnèrent par leurs lettres, datées de l'année 1193, aux chevaliers du Temple, pour le salut de leurs âmes et de celle de Pierre Bristand, père du donateur, deux maisons sises à Provins. L'une de ces maisons avait appartenu à Etienne Le Maître, et l'autre à Hugues de Flandre. Cette dernière renfermait sept boutiques ou officines, « septem thalamos », tenant à la place du grand seigneur, « majoris Domini », et surmontées d'un grenier, « oreum ». Cette donation comprenait en outre, deux places touchant à Sainte-Croix, « juxta sanctam Crucem », tous les prés qui appartenaient aux donateurs vers le dit lieu de Sainte-Croix, ainsi que le cours de la rivière, à la charge de remettre et payer à la mère d'Henri de Bristand une somme de 300 livres.

Les maisons avec les boutiques données, formaient ce qu'on appelait alors l'Hôtel de la Vicomté de Provins, et par certains privilèges qui y étaient attachés, celui qui les possédait, avait droit de prendre le titre de vicomte de Provins. Nous trouvons plusieurs Commandeurs qui usèrent de ce droit (www.hospitaliers-de-saint-jean-de-jerusalem.org - La-Croix-en-Brie).

Rose

La “rosa gallica” est déjà célébrée par le poète grec Anacréon au VIe siècle av. J.C. C’est sans doute la conquête romaine qui apporte en Gaule ces roses dites plus tard galliques, buissons résistants et peu exigeants en soins.

En effet, la rose est présente sous forme de baume, d’essence, de pétales dans la civilisation romaine, en particulier dans le culte des morts.

Au fil du temps ces roses n’ont cessé d’évoluer et des rosiers sauvages se sont développés à côté de formes cultivées pour des besoins particuliers : c’est le cas de la Rose de Provins ou “rosa gallica officinalis” aux propriétés médicinales reconnues : préparée en confit ou en sirop, elle a des vertus apaisantes sur les maux de digestion ; préparée en lotion elle assainit et purifie la peau ; préparée en sucre d’orge, elle adoucit la gorge...

Olivier de Serres (1539-1619), le fondateur de l’agronomie en France, reconnaît “de nombreuses vertus à celle qui distille bonne eau de rose et servant aux apothicaires ès sirops et autres choses...”.

On raconte que Thibaud IV, comte de Champagne rapporte de son expédition à Jérusalem un rosier...

La tradition orale est solide, mais aucun texte de chroniques n’en apporte la preuve. Son âme de poète est sans doute émerveillée par la beauté des roseraies situées dans les palais du Sultan de Damas. Thibaud aurait alors souhaité développer la culture de cette rose sur les coteaux du Châtel.

On peut encore imaginer que, de cette culture intensive naît le lien qui unit la ville à cette fleur, qui désormais est présente dans les traditions : on offre aux visiteurs de marque, tels François Ier, Catherine de Médicis, Henri IV, Louis XI, des coussins de pétales séchés.

Lors des processions de la Fête Dieu ou des communions solennelles, on en lance sur le cortège des jeunes filles, et on porte des chapeaux de roses…

On raconte aussi qu’Edmond de Lancastre, frère du roi d’Angleterre, époux en secondes noces de Blanche d’Artois, veuve d’Henri III comte de Champagne, met la rose de Provins dans ses armes…, rose rouge de la Guerre des deux roses… (www.provins.net/index.php - La rose de Provins).

Renart

Le Roman de Renart est un ensemble de récits poétiques en langue romane, appelés dès le Moyen Âge « branches » (en octosyllabes), qui s’échelonnent de 1174 à 1250 : on en dénombre 25 à 27 formant un ensemble d’environ 25 000 vers. Divers auteurs, le plus souvent anonymes, y ont contribué. La branche I, la plus ancienne, est ainsi attribuée à Pierre de Saint-Cloud. Le succès de ces recueils est considérable. Le rusé renard (goupil au Moyen Âge) y tient le rôle principal sous le nom de « Renart ». Ses aventures avec les autres animaux de la forêt, comme le loup Ysengrin, son ennemi juré, ou avec les humains qu’il croise, sont l’occasion d’histoires satiriques permettant de critiquer la société ou les travers de l’homme. L’une des « branches » de ce récit à rebondissements a été rédigée par le curé de La Croix-en- Brie (branche IX), auteur du récit C'est de l'ours et de Renart et dou vilain Liétart (vingt-cinquième de Méon). Par ailleurs, les lieux fréquentés par Renart se situent pour la plupart en Brie : lui-même est un chevalier qui vit dans son château de Mauperthuis et hante la forêt de Malvoisine, non loin de la célèbre abbaye de Faremoutiers.

Un prestre de La Croix en Brie

Qui Damle Diex doint bone vie

Et ce que plus li atalente

A mis son estuide et s’entente

A faire une novele branche

De Renart qui tant set de ganche.

Un boen contierres, c’est la vroie,

Nos tesmoigne l’estoire a vraie.

(archives.seine-et-marne.fr - Goupil).

Un vilain, dans un accès de colère, a juré de livrer à l'ours un de ses bœufs; et il voudroit être dégagé de son serment. Renard se présente, et promet, s'il veut en récompense lui donner quelques volailles, de le rendre maître de Dom Brun, dont il aura la peau et la chair. Le marché est accepté, et en effet le manant tue l’ours ; mais quand Renard vient lui demander sa récompense, il lui manque de parole, et le fait même piller par ses chiens. Celui-ci se venge en mettant le feu à quelques bâtiments ; et le vilain, dans la crainte de plus grands malheurs, est réduit non-seulement à tuer ses chiens, mais encore à livrer au Renard, au lieu de quelques volailles, sa basse-cour toute entière (Notices et extraits des manuscrits de la Bibliothèque Nationale et autres bibliothèques, Volume 5, an VII).