L'axe du plan de l'église Saint Sulpice de Paris projeté sur la carte du département de l'Aude relie Saint Bertand de Comminges (et plus à l'ouest Pampelune) à Vendres sur la côte méditerranéenne près de l'embouchure de l'Aude, et plus à l'est vers Marseille, en passant par Narbonne. Cet axe passe par Lézignan des Corbières, où un monastère de franciscaines accueillit Bonne d'Armagnac au XVème siècle.
La superposition du plan de Paris avec celui de l'Aude permet de faire correspondre la rue Cassette avec Saint Bertrand de Comminges, la rue Hautefeuille avec Marseille, la rue de Tournon avec Narbonne, et Pamiers avec l'emplacement de l'ancien séminaire de Saint Sulpice où se trouve la fontaine des quatre orateurs sacrés ou des quatre évêques.
Saint Bertrand de Comminges - Rue Cassette
Si l'on respecte les distances proportionnelles entre le plan de l'Aude et le plan de Paris, Saint Bertrand de Comminges se trouve près de la rue Cassette. L'Hôtel de Comminges se trouvait, lui, dans la rue Saint Dominique au nord de Saint Sulpice.
On trouve, dans un document de l'année 1453, la mention d'une rue de « Cassel dite du Colombier », à Paris. Dans cette rue était situé un hôtel qui portait aussi ces deux noms. L'hôtel de Cassel s'étendait sur les vastes terrains compris aujourd'hui entre les rues de Vaugirard et du Vieux-Colombier. Suivant un procès-verbal du 21 Avril 1636, il est constaté que cet hôtel avait disparu depuis longtemps, et que le peuple avait, par corruption, donné à la rue de Cassel le nom de rue « Cassette ». Cette prononciation vicieuse peut s'expliquer en quelque sorte, si les pannonceaux, placés à l'entrée de la résidence princière de Robert de Flandre, portaient la qualification qu'on lit sur son « Sigillum »: Dom. De Casleto.
L'hôtel de Cassel devait dater de 1327, époque où le fils cadet du comte de Flandre fut investi de son partage, dont faisaient partie les villes de Cassel et de Dunkerque, et qui lui donnait une haute position parmi les grands vassaux de la couronne. Les « Archives du Nord » nous ont conservé des lettres de la Dame de Cassel, datées de 1350, du jour de la Notre-Dame en Septembre, du 19 Février et du 7 Mars; elles sont scellées en la chambre de Madame, à l'hôtel du Colombier à Paris. Singulier rapprochement! Dans le prolongement de la rue Cassette, peut-être même sur l'emplacement de l'hôtel de Cassel qui appartenait à la Dame de Dunkerque, il y a aujourd'hui une rue Jean Bart (Jean-Jospeh Carlier, Henri D'Oisy, fragments d'études historiques sur les Seigneurs de Dunkerque, de Bourbourg, de Gravelines, de Cassel, de Nieppe, etc, 1858 - books.google.fr).
En 1315, lors de l'« ost boueux » contre les Flamands, « ceulx de la langue d'oc » formèrent une unité à part, et en 1328, l'une des «batailles» de l'armée de Philippe de Valois victorieuse à Cassel était constituée par « tous ceulx de la langue d'oc ». Sous la pression de la nécessité, les rois de France envoyèrent et instituèrent « es parties de langue d'oc » un lieutenant, un capitaine général, d'abord de façon ponctuelle (1324) puis de façon de plus en plus permanente.
La femme de Bernard IX de Comminges était Mathe de l'Isle-Jourdain, fille de Bernard-Jourdain IV de l'Isle, si souvent mentionné dans notre recueil. Elle était la belle-soeur d'Arnaud Duèze, propre neveu de Jean XXII, ce qui explique l'intervention du Pape dans cette affaire de ménage. Le comte l'avait épousée en 1314 c'était sa troisième femme (Histoire de Languedoc, IX, 346, d'après le cartuiaire de l'Isle-Jourdain). On a déjà vu plus haut qu'il avait pris part en 1319 à la guerre de Flandre, qui dut le tenir pendant quelque temps éloigné de sa famille. Mais dès le mois d'août et le mois de septembre de l'année précédente on le voit à Paris, assistant aux séances du Parlement. Le séjour de la capitale lui faisait, paraît-il, oublier ses devoirs conjugaux et mériter sur ce point la correction paternelle du Pape. Il est certain que, malgré ses trois mariages, on ne lui connaît que deux enfants encore son fils et successeur Jean fut-il posthume (BEUGNOT, Olim, t. III, 2° partie, pp. 1308 et 1314 ; Histoire de de Languedoc, X, notes, p. 72).
Le comte de Comminges ayant été, en 1318 et 1319, absent de son comté, on est assez porté à croire que la lettre du Pape ne remonte pas plus haut que l'une de ces deux années. Rappelons d'ailleurs que, d'après ce qui a été dit, dans l'Introduction, de la date des documents du registre 110, cette lettre ne peut être postérieure à la cinquième ou plutôt à la quatrième année du pontificat; cette observation s'applique au groupe de lettres qu'on vient de lire (Abbé Louis Guérard, Documents pontificaux sur la Gascogne d'après les archives du Vatican: Pontificat de Jean XXII (1316-1334), 1896 - books.google.fr).
Parmi les grands barons méridionaux, Bernard VIII était certainement un de ceux sur la fidélité duquel la Royauté pouvait le plus compter. Mais il ne fallait pas trop lui demander. Convoqué en 1319 pour prendre part à une expédition en Flandre, il trouva commode que le pape écrivît au roi de l'en dispenser.
Jean XXII demanda au roi de dispenser Bernard VIII et Bernard-Jourdain de l'Isle de ce service d'ost parce qu'il désirait conférer avec eux de certaines affaires. Nous ignorons de quelles affaires il s'agit, mais ce n'était certainement pas pour s'occuper uniquement d'un fils bâtard du comte, sourd et muet, bien difficile à nommer à quelque prélature (Guérard, ibid., n° 101, t. I, p. 156, 26 août 1319) (Charles Higounet, Le comté de Comminges: de ses origines à son annexion à la couronne, Partie 1, 1949 - books.google.fr).
The lords of the Pyrenean county of Comminges were also active in French armies. In 1319 Count Bernard VIII was named royal captain on the frontiers of Flanders (James Buchanan Given, State and society in medieval Europe, 1990 - books.google.fr).
En 1317, Jean XXII avait choisi le premier archevêque de Toulouse, Jean de Comminges, dans une maison seigneuriale qu'il appréciait particulièrement : Bernard VIII (ou IX) de Comminges reçut à deux reprises la rose d'or. Le 18 décembre 1327, la faveur pontificale pour Jean de Comminges avait été consacrée par sa promotion cardinalice. Ce fut en 1334 et le 17 des kalendes de janvier que mourut Vital de Ardengost. Son épitaphe est terminée par deux vers qui ont été copiés de l'epitaphe de la fameuse Rosamonde, maîtresse de Henri II, roi d'Angleterre. Anno Domini 1334, 17 kalendas januarii obiit Vitalis de Ardengost clericus et presbiter hujus ecclesioe cujus anima requissent in pace : Hic jacet in tumba, Rosa mundi non Rosa munda, / Non redolet sed olet, quœ redolere solet. Le comte Bernard mourut en 1335, était donc contemporain de Vital. Le jeu de mot latin peut signifier la modestie de Vital, par rapport, en particulier, à son seigneur (La Rose kabbalistique : Prunet).
Reprenant l'œuvre de Boniface VIII créant le 23 juillet 1295 le diocèse de Pamiers, par démembrement du diocèse de Toulouse dont l'immense étendue permettait la survie de nombreux hérétiques, Jean XXII décréta, le 11 juillet 1317 une vaste réforme dans le Midi. Il érigea le siège de Toulouse en métropole et créa quatre nouveaux évêchés : Montauban, Rieux, Lombez et Saint-Papoul, ces trois derniers pris sur le territoire de Toulouse, le premier sur celui de Cahors. Le démembrement toulousain fut aggravé le 26 septembre 1317 par l'érection de deux autres sièges épis- copaux à Lavaur et à Mirepoix. Parallèlement à cette réorganisation, d'autres diocèses sont divisés pour des raisons tant administratives que religieuses. Clermont perd le territoire de Saint-Flour, Albi celui de Castres, Périgueux celui de Sarlat, Poitiers ceux de Luçon et de Maillezais, Rodez celui de Vabres, Limoges celui de Tulle, Agen celui de Condom, enfin Narbonne ceux de Saint-Pons-de-Thomières, d'Alet et de Limoux. Au total, cela fait 17 nouveaux diocèses. Toutefois, celui de Limoux n'aura qu'une existence éphémère. Il a été créé par érection en église cathédrale de l'église paroissiale Saint Martin de ladite ville. Or, cette église paroissiale ayant été soumise jusque-là à l'abbaye féminine de Prouille, sa soustraction lèse énormément cette abbaye. Le diocèse de Limoux disparait donc à la date du 28 février 1318. Dès le 14 février 1318, son évêque, Durand de Saint- Pourçain, nommé le 1er septembre 1317, a été transféré au Puy (Louis Caillet, La papauté d'Avignon et l'église de France: la politique bénéficiale du Pape Jean XXII en France (1316 - 1334), 1975 - books.google.fr).
Saint Bertrand, si célèbre dans nos légendes, était fils d'Aton Raymond, seigneur d'un petit château, près duquel fut bâtie, depuis, la ville de l'Ile-Jourdain, dans le diocèse de Toulouse. Il naquit, vers le milieu du XIe siècle, sous le pontificat d'Alexandre II, dit l'auteur qui écrivit la vie du saint, quarante ans après sa mort. Il était le plus beau des damoisels de la langue d'Oc, ajoute la légende, et quand il fut en âge de porter les armes, il devint, en peu de temps, un intrépide chevalier. Célèbre par ses exploits, il portait la cilice sous sa cotte de mailles, et souvent ses compagnons le surprenaient à réciter ses oraisons. Dieu, qui voulait en faire un saint, l'arracha bientôt aux pompes du monde, et le jeune chevalier se consacra entièrement à la vie religieuse. Il ne tarda pas à être nommé archidiacre des chanoines réguliers de la cathédrale de Toulouse, et, quelques années après, il fut élu unaniment pour occuper le siège épiscopal de Comminges : il ne restait de l'ancienne ville que la cathédrale. Le saint évéque fixa sa résidence près de la vieille église avec ses chanoines, qui, par ses conseils, embrassèrent la règle de saint Augustin. On construisit quelques maisons. Des religieux vinrent bientôt grossir le nombre des habitans de la ville épiscopale, qui se releva de ses ruines; mais la cité romaine ne fut, pendant plusieurs siècles, qu'une petite bourgade; elle s'agrandit dans la suite, et perdit son ancien nom pour prendre celui de saint Bertrand, son patron et son nouveau fondateur. « Bertrand, évéque de Comminges, disent les auteurs de la France chrétienne, décéda le 16 octobre 1126, durant le cours de ses visites pastorales. Son corps fut apporté à la cathédrale, et enseveli dans la chapelle de la Vierge. » La sainteté de sa vie, les miracles qui s'opérèrent sur son tombeau, lui méritèrent un culte public quelques années après sa mort. On prétend qu'il fut mis au nombre des saints confesseurs par le pape élément V, qui avait été son successeur dans l'évéché de Comminges, et qui fit exhumer son corps pour l'exposer à la vénération des fidèles. (Hippolyte Vivier, saint Bertrand de Comminges, La Mosaïque du midi: publication mensuelle, Volume 5, 1841 - books.google.fr).
Après quoi, l'œuvre entreprise dans les premières années du XIVe siècle à l'instigation du pape Clément V est une des plus belles créations de l'architecture gothique si magnifiquement originale du Languedoc, à côté de la cathédrale Sainte-Cécile d'Albi et de l'église conventuelle des Jacobins de Toulouse. Presque aussitôt après, les deux chapelles funéraires des deux évêques Hugues de Castillon et Bertrand de Cosnac sont des exemples remarquables d'une autre forme prise par l'art gothique dans le Midi de la France à l'imitation de celui des pays de langue d'oïl, en dérivant de cathédrales comme celles de Clermont, de Limoges ou de Narbonne sous l'impulsion des premiers Papes d'Avignon et de leur entourage à Uzeste, à Bazas, à Bayonne, ou ailleurs encore. A l'intérieur du sanctuaire, le mausolée de saint Bertrand est à son tour une excellente production de l'art flamboyant. Et au XVIe siècle enfin, l'évêque Jean de Mauléon a laissé dans la cathédrale une sorte de petite église incluse dans la De la sorte s'achève à Saint-Bertrand de Comminges, aux origines de la Renaissance française, le cycle complet de ce que l'art du Moyen Age a créé de plus beau et de plus original dans la France de langue d'oc (Elie Lambert, Études mediévales: Le Sud-Quest Français, 1956 - books.google.fr).
Licorne et rue Cassette
Parmi les objets fameux du trésor de la cathédrale du Comminges, citons la crosse de saint Bertrand connue sous le nom de la « Licorne ». C'est un long bâton d'ivoire creux, que des convoitises successives et un vol sacrilège firent disparaître plusieurs fois, décrit si complaisamment par M. de Froidour, qui croit, à son occasion, à l'existence de l'animal fabuleux.
« On me fit voir, entre autres choses, raconte M. de Froidour, un bois ou corne de licorne. On dit pour faire espreuve si elle estoit vrayement de licorne, qu'il falloit la faire tremper dans l'eau et qu'à l'instant l'eau bouilliroit ; nous fismes cette espreuve, mais inutillement, car l'eau ne prit aucune emotion et demeura froide à son ordinaire. J'appris seulement que quand les bestiaux estoient attaqués de maladie, on avoit recours au sacristain de l'église, qui faisoit passer de l'eau dans la corne et la donnoit aux paysans, et que les bestiaux malades ayant beu de cette eau ou d'une autre avec laquelle elle eust été meslée, guerissoient infailliblement. » (Congrès archéologique de France, Volume 92, Société française d'archéologie, 1930 - books.google.fr, Revue de Comminges, Volumes 13 à 14, 1898 - books.google.fr, Jean Joseph Gabriel Ernest Roschach, Foix et Comminges: voyage dans les vallées de la Garonne et de l'Ariège, 1866 - books.google.fr).
Après avoir été près de deux ans le secrétaire et le locataire d'Auguste Rodin, lui-même logé par l'Etat, Rainer Maria Rilke s'était installé rue Cassette, les deux hommes s'étant froissés. George [Tankeray] et lui, et parfois Tiphaine [Parot], se retrouvaient ainsi dans le petit appartement. Rilke vivait chichement. Sa demeure était simple (Gilles Desmons, Le Jardin dans les sables, 2006 - books.google.fr).
Le 12 mai 1906, Rilke a quitté Meudon pour s'installer dans un petit hôtel de la rue Cassette [n° 29], où était descendue naguère une de ses amies de Worpswede, Paula Becker. Entre deux promenades au Luxembourg, il achève de corriger les épreuves d'une nouvelle édition du Cornette et de revoir le manuscrit du Livre d'Images. «Ma chambre est petite, mais pas trop exiguë, pas très aérée mais non plus étouffante, remplie d'objets usagés, mais qui ne sont pas importuns par leurs souvenirs... En face il y a les arbres du couvent...» (Il s'agit des "Carmes"). On sent que Rilke tient à rassurer sa femme sur sa nouvelle installation. Le printemps solitaire lui apporta à nouveau les tristesses et les angoisses de la grande ville hostile, mais les soucis matériels, aussi bien que le souvenir de l'injustice de Rodin à son égard n'abattirent pas son courage, au contraire, le souvenir de l'inlassable labeur du sculpteur affermit Rilke dans sa volonté d'un travail créateur (Maurice Betz, Rilke à Paris: & les Cahiers de Malte Laurids Brigge, 1941 - books.google.fr).
Le 9 juin 1906, Rilke, dans La dame à la licorne, un poème-dédicace dont le sous-titre fait explicitement référence aux « tapisseries de l'Hôtel de Cluny », présente la licorne comme l'incarnation de ce qui, dans la femme, fuit l'homme : « Vous nous considérez comme pas encore mûrs pour votre vie qui, si nous l'effleurons, devient licorne, farouche bête blanche qui s'enfuit.» Cet animal, blanc comme l'absolu jamais atteint, blanc comme l'attente intransitive que jamais homme ne pourra combler, blanc comme le centre éternellement vide, est tellement farouche que la femme elle-même peine à le faire revenir. Elle n'a désormais plus qu'un seul désir, retrouver son unité, faire concorder de nouveau son âme avec son état originel, incarné dans la licorne : « mais vous ne voulez voir qu'un seul vœu exaucé : que la licorne un jour découvre son image apaisée dans le miroir de votre âme ». Ce désir formule bien un idéal poétique et esthétique : celui de « l'image apaisée » qui accueillerait la licorne, c'est-à -dire l'absolu ; l'image, ici encore, n'obéit pas à une logique d'imitation, mais à une logique d'incarnation (Karine Winkelvoss, Rilke, la pensée des yeux, 2004 - books.google.fr).
C'était la rue Cassette où il avait eu réellement pour voisin cet étudiant dont il est question dans les Cahiers et qu'une maladie nerveuse empêchait de préparer ses examens (Maurice Betz, Rilke vivant: souvenirs, lettres, entretiens, 1937 - books.google.fr).
Rainer Maria Rilke, dans son unique roman Les Cahiers de Malte Laurids Brigge [1910], consacre l'un des épisodes les plus célèbres de cette œuvre à une visite au Musée de Cluny où se trouvent les tapisseries de « La Dame à la licorne ». Il les décrit longuement, mettant en évidence le jeu des sens qui s'exercent de l'une à l'autre des tapisseries ; la sixième porte une inscription que Rilke livre en langue française : « A mon seul désir » (Georges Zaragoza, Exclusion ou/et célébration chez Lorca et Claudel, Figures de l'exclu: actes du colloque international de littérature comparée (2-3-4 mai 1997), 1999 - books.google.fr).
Par ailleurs notre attention est attirée par un grand médaillon de papier mâché qui représente l'histoire de la Sainte Vierge et de la licorne, symbole du Christ qui incarnera la nature humaine, dans les entrailles de Marie. La présence de l'ange Gabriel chassant la licorne vers Marie renvoie de toute évidence à l'Annonciation. Le tout se déroule dans un hortus conclusus qui laisse la Vierge sereine et protégée de tout mal. Le fond de l'armoire est tapissé de papier brun à rayures, parsemé d'un riche décor de fleurs de passementerie de soie, de fils d'or et d'argent (Armoire du premier tiers du XVIème siècle - Hospice Notre Dame de Malines) (La Ville en Flandre, Crédit communal de Belgique, 1991 - books.google.fr).
Thomas de Cantimpré parle d'une corne de licorne qui se trouvait « à Bruges en Flandre, longue de sept pieds » (Bonum universale de apibus, XIIIe s.) (Guy de Tervarent, Attributs et symboles dans l'art profane: dictionnaire d'un langage perdu (1450-1600), 1997 - books.google.fr).
L'engouement en Angleterre, au XIIe siècle, pour la matière de Bretagne se répand rapidement sur le continent. Ce n'est pas un hasard si Chrétien de Troyes se trouvait à la cour de Henri comte de Champagne et de Philippe comte de Flandre. A la fin du XIIIe siècle, la légende arthurienne est en grande vogue en Picardie, Flandre et Hainaut. Les nombreuses copies de romans arthuriens, les créations littéraires sur ce sujet et la multiplication des tournois s'inspirant du modèle des chevaliers de la Table ronde en témoignent. Dans le second quart du XIVe siècle, un moine d'une abbaye près de Valenciennes écrit une importante composition en prose, le Roman de Perceforest, qui rapproche le cycle d'Arthur de celui d'Alexandre et dont le succès ne sera jamais démenti jusqu'au XVIe siècle (Evelyne van den Neste, Tournois, joutes, pas d'armes dans les villes de Flandre à la fin du Moyen Age (1300-1486), 1996 - books.google.fr).
Valenciennes est dans la région du Hainaut mais une partie de son comté a parlé flamand. L'auteur de Perceforest a pu tirer le nom du flis de gadifer de celui de la ville de Cassel qui suit les mêmes variations d'écriture : "Castellum (Itin. Anton.), Castellum Menapiorum (230), Cassel (1110), Casletum (1111) et Cassiel (1298)" (Louis Dieudonné Joseph Dewez, Histoire particulière des provinces belgiques sousle gouvernement des ducs et des comtes, Volume 1, 1816 - books.google.fr, (La Flandre, Revue des monuments d'histoire et d'antiquités, 1873 - books.google.fr).
Cassiel devient le surnom de Jeannet (dit Cassiel), valet des palefrois, fils de Lemin Clais, de Ste.-Marie-Cappel, à qui, le 14 septembre 1295, Guy de Flandre donne la foresterie de Womberck, près Cassel (Bulletin de la Commission historique du département du Nord, Volume 7, 1863 - books.google.fr).
Guy III de Dampierre, comte de Namur en 1264 et comte de Flandre en 1278, est le fils de Guillaume II, seigneur de Dampierre et Saint-Dizier et de Marguerite de Constantinople, comtesse de Hainaut et de Flandres. Il fut proclamé comte de Flandre en 1253 par sa mère et devint comte effectif à la mort de cette dernière en 1280 et jusqu'en 1305. Il est baptisé autour de 1225. Il eut huit fils et huit filles. Il décède en 1305 à Compiègne. Grand guerrier et modèle de chevalier, ce comte de Flandre est honoré et applaudi par Jacques Bretel dans son Tournoi de Chauvency (fr.wikipedia.org - Gui de Dampierre).
Son fils et successeur Robert est le père de Louis Ier de Nevers, issue de son second mariage en 1272 avec Yolande de Bourgogne, morte en 1280, l'ayant précédé de deux mois dans la tombe, c'est son petit-fils, Louis, comte de Nevers et de Rethel qui lui succède ; et de Robert (mort 1331), sire de Marle et de Cassel, qui épouse (1323) Jeanne de Bretagne (1294-1364), fille d'Arthur II, duc de Bretagne, et de Yolande, comtesse de Montfort, et qui construit peut-être l'hôtel de Cassel à Paris (fr.wikipedia.org - Robert III de Flandre).
Les trois neveux de Perceforest, Porrus, Cassiporrus et Cassel de Badres, après avoir été adoubés chevaliers, sont partis en Inde. Cassel ou Cassiel est surnommé Baudrain (Baudres, sultanat d'Orient, nom altéré de l'antique Bactres, en Asie, pays de Cassiel le Baudrain), qui est le surnom de Jean de la Heuse, maréchal du duc de Nomrnadie (futur Charles V fils de Jean II le Bon) en 1355, son chambellan puis amiral de France en 1359 (Émilie Lebailly, Le connétable d’Eu et son cercle nobiliaire, Le réseau de familiers d’un grand seigneur au XIVe siècle, 2006 - crm.revues.org).
Charles V, désireux de relever la marine, fort déchue sous le règne de Jean II, venait de remplacer « l'amiral de la mer », Le Baudrain de la Heuse, par un marin de carrière, qui était en même temps un grand diplomate, Francesch de Perellos ou Perillos, dont le nom était francisé François de Perilleux.
Francesch de Perellos, pour lui conserver son nom catalan, était originaire du Roussillon (Perillos est une comm. de l'arr. de Perpignan et du cant. de Rivesaltes). En 1352, il prit part à l'expédition de Sardaigne, dirigée par le roi d'Aragon contre les Gênois et le juge d'Arborée, et c'est à partir de cette époque que son nom commence à être connu. En 1356, il conduisit 8 galées et une galiotte au secours de Jean II, et une prise, qu'il fit en cours de route, alluma la guerre entre la Castille et l'Aragon. Pierre IV l'anoblit en 1366, lui donnant pour lui et sa postérité les villes de Rueda et d'Epila, avec le titre de vicomte. Depuis la mort de Bernard (ou Bernat) de Cabrera, son influence était toutepuissante à la cour d'Aragon et il était très bien vu à la cour de France. Il était à la lois chambellan de Pierre lV et de Charles V (Pierre d'Orgemont, Roland Delachenal, Chronique des règnes de Jean II et de Charles V: 1364-1380, 1916 - books.google.fr).
L'écu de Cassel, neveu de Perceforest, porte : "d'or a une unicorne d'argent : Nous corrigeons corne, leçon commune à ABE, en unicorne d'après C et 765, 16, où on lit celluy a l'unicorne dans AB, cellui a la unicorne dans C et celluy a la licorne dans E. L'écu de Cassel superpose métal sur métal" (Perceforest: Deuxième partie, Volume 2, présenté par Gilles Roussineau, 2001 - books.google.fr).
Marseille - Rue Hautefeuille
Griffon, le frère félon de Pépin le Bref, s'était bâti, sur le Mont-Aimé, en Champagne, le château de Hautefeuille; ses fils félons comme lui, l'habitaient, et la légende voulait encore que Ganelon, l'un d'entre eux, en eût été le seigneur. A Paris, une tradition populaire le logeait au château d'Hautefeuille avec sa famille. C'était là un des châteaux de Ganelon, si nombreux en France, qui marquent l'emplacement de ruines antiques. Il y en avait sur la colline de Hautefeuille, au village de Saint-Yon (Seine-et-Oise), au château de Hautefeuille, sur le Mont-Aimé, en Champagne ; il y en avait aussi sur la montagne Sainte-Geneviève en cet endroit. Quand on bâtit le (Procès-verbaux des séances de la commission du vieux Paris, 1914 - books.google.fr).
Nous sommes là en plein moyen âge; la légende du Géant Isoré va nous y entraîner bien plus avant encore. C'est dans ces mêmes parages qu'on en place le théâtre. Ce qu'elle raconte est exclusivement légendaire ; il n'est pas, en effet, d'histoire qui en fasse mention. Si sur ce point la chronique se tait, les romans au contraire parlent beaucoup. Nous aurons même quelque peine à nous démêler dans ce qu'ils disent. Suivant les uns, Isoré est un amiral sarrasin; suivant d'autres, c'est un roi de Coïmbre ; mais pour tous c'est un énorme géant. Ayant appris que son ami Sinagos avait été tué devant Palerme, il jura d'enavoir raison, et comme il s'inquiétait peu, comme on va voir, que la vengeance fût prise loin ou près du lieu où était mort celui dont il se faisait le vengeur, c'est sous les murs de Paris qu'il vint la chercher, avec une formidable armée. Paris estoit a cel jor moult petite, ainsi qu'il est dit dans la Geste, le Moniage de Guillaume. La ville fut donc facilement entourée Le roi Louis, — on ne dit pas lequel - qui s'y trouvait alors, eut grande frayeur. Il ne vit que Guillaume d'Orange, dit au Court-nez, qui pût le sauver de ce péril, et il lui dépêcha un bon chevalier d'Auvergne, nommé Anseis, qui, après de longues recherches, revint sans l'avoir trouvé. La frayeur du roi redoublait, lorsque Guillaume à qui l'avis était enfin parvenu, arriva de Bourgogne par le chemin d'Orléans: Trespassa Aucerre, Orliens et Estampes, / Trusques Paris ne volt oncques attendre. Peu de jours après, Guillaume était allé défier le géant dans son camp, l'avait tué et lui avait coupé la tête. Les assiégés, revenus de leur frayeur, sortirent en foule delà ville, et, en mesurant le cadavre, « ils trouvèrent, dit la version en prose du roman de Guillaume au Court-nez, que sans la teste, povoit bien avoir XV piés de longueur. » La même version ajoute quelques détails sur le lieu du combat, et sur un monument qu'on y aurait élevé. « Si, dit-elle, puelt-on encore voir le lieu où Guillaume le lessa mort; car au propre lieu y ordonna le roy et filt faire une tombe ou une enseigne par quoy on l'a toujours sceu depuis et cogneu, scet l'on cognoist l'on encore, et en sera perpetue mémoire. » Ce lieu est celui de la tombe Isoré, oalsoire. Il occupe une partie des terres de Notre-Dame-des-Champs, et n'a pas d'autre nom dans les anciens titres. (Édouard Fournier, Chroniques et légendes des rues de Paris, 1864 - books.google.fr).
Je trouve à ce sujet de curieux et fort attristants détails dans un petit volume, publié en l'an IX, et intitulé des Tombeaux, etc., par le citoyen Girard. C'est un pauvre poëme, avec de trop rares notes qui valent mieux que ses vers. En voici le titre complet : Des Tombeaux, ou de l'influence des institutions funèbres sur les mœurs, par Girard, auteur de Praxile, à Paris, chez F. Buisson, imp.-libr., rue Hautefeuille, Hôtel de Coetlosquet, n°20. An IX (1801), in-12. « Le cimetière Saint-Sulpice, dit-il, est placé en face latérale de l'église. Il y a sur la porte cette inscription : Bas vitra metas requiescunt beatam spem'expectantes. On lit au-dessus, en transparent couleur de rose : Bal des Zéphyrs. Tous les jours, le bruit des instruments semble sortir du fond des tombeaux.» (Édouard Fournier, Chroniques et légendes des rues de Paris, 1864 - books.google.fr).
Praxile n'est pas la première sortie de la plume du C. GIRARD, fils ainé; nous en connoissons aussi de fort estimables, sorties de celle de son père, citoyen de Marseille, et qui, conjointement avec ses trois fils, vient d'obtenir, de la justice nationale, un brevet d'invention, en date du 24 messidor dernier, à l'effet de mettre et faire mettre à exécution, dans toute l'étendue de la république , des moyens mécaniques de tirer parti de l'ascension et de l'abaissement des vagues de la mer, comme forces motrices (Magasin encyclopédique, ou Journal des sciences, des lettres et des arts, Volume 12, 1799 - books.google.fr).
La rue Hautefeuille est une voie située dans le quartier de la Monnaie du 6e arrondissement de Paris. Elle commence place Saint-André-des-Arts et se termine au 8, rue de l'École-de-Médecine, en face du site des Cordeliers de la Faculté de médecine. Au no 21 : hôtel de Foretz dit aussi hôtel de Bullion, des XVIe siècle et XVIIe siècle. Le terrain délimité par la rue Hautefeuille (entre les numéros 15 et 21), la rue de l'École de Médecine, la rue Pierre-Sarrazin et la rue de la Harpe (actuel boulevard Saint-Michel) est au Moyen Âge jusqu'en 1310 un cimetière juif. Le terrain semble avoir appartenu par la suite à Pierre Sarrazin qui le vendit en 1252 aux chanoines de l'abbaye de Prémontré pour y installer le collège Danville. L'hôtel particulier actuel dit « Hôtel de Bullion », a appartenu en 1703 à Mme Bullion, en 1755 au capitaine de Coëtlosquet et en 1805 à Arthus Bertrand, éditeur. Le libraire-éditeur Arthus Bertrand réside au n° 23 en 1808. Il a fait l'acquisition des fonds de Monsieur Buisson et de Madame Veuve Desaint. Au no 5 : l'hôtel des abbés de Fécamp, remplaçant une ancienne demeure des abbés de Fécamp qui datait de 1292, possède une tourelle d'angle, ou échauguette, en cul-de-lampe, du début du XVIe siècle (fr.wikipedia.org - Rue Hautefeuille).
On retrouve un Coëtlosquet, famille habituée des nonagones (Autour de Rennes le Château : Orval et le 6 septembre, Thèmes : Homards Delacroix).
L'adjudication de la Maison de Bullion, anciennement de l'Image Notre Dame (au n° 20 avant 1805, n° 23 après et n° 21 en 1852), fut prononcée le 28 février 1755 en faveur de Catherine de Chicoyneau, veuve d'Alexandre Dubois des Cours, ancien capitaine des vaisseaux du Roi. Elle mourut laissant pour héritiers : François-Alexandre-Philippe Dubois Des Cours de la Maisonfort, mineur émancipé, et Anne-Madeleine-Françoise de Salle Dubois Des Cours de la Maisonfort, épouse de Hyacinthe-Antoine-Xavier de Pascal de Saint-Félix. La propriété fut attribuée à François-Alexandre-Philippe Dubois, puis après sa mort, à sa fille Françoise-Nicole- Marie Dubois Des Cours, épouse de Étienne-Francois-Denis du Coëtlosquet ancien capitaine de cavalerie au régiment de Piémont (acte Rameau, not. à Paris, 1o septembre 1787). Le 28 nivôse an III, la maison fut vendue, moyennant 100.000 livres, par les sieurs et dames Du Coetlosquet à Jean-Baptiste Briand et à sa femme, Marie-Françoise Leroy; puis revendue par Jean-Baptiste Briand et par sa femme, à leur fils, Pierre-Antoine Briand, moyennant 80.000 livres assignats, réduits à 48.000 livres mandat (Henri Baillière, La rue Hautefeuille: son histoire et ses habitants (propriétaires et locataires), 1252-1901 : contribution à l'histoire des rues de Paris, 1901 - books.google.fr).
Jean, le seigneur de Lanson, petit-fils de Griffon d'Autefeuille, et neveu de Guenelon, est, par le nom de ses parents, considéré comme ennemi naturel de Charlemagne; il refuse de faire hommage de ses terres à l'empereur; il entretient des rapports secrets avec ses oncles Guenelon et Hardré; il honorablement un autre de ses parents, Alori, que Charlemagne avait exilé comme un assassin de Humbaut de Liège. Telles sont les causes de la guerre que Jean de Lanson va soutenir.
Cette chanson de geste décrit à peu près en six mille vers le siège d'un fort château situé par * Rome, assez proche de la mer. Le poëte le nomme Lanson, et nous croyons le reconnaître dans Lanciano, une des principales villes de l'Abruzze citérieure, au royaume de Naples.
Jean de Lanson est moins ancien, dans tous les cas, que les deux chansons de Roncevaux et d'Aspremont car on y trouve de nombreuses allusions à ces deux gestes.
Les personnages qui figurent dans cette geste sont, du côté des traîtres, Guénelon, Hardré, Alori, Jean de Lanson et l'enchanteur Malaquin : du côté des Français, Charlemagne et les douze pairs, ainsi nommés : Roland, Olivier, Basin de Gênes, Bérard de Montdidier, Ogier de Denemarc, Naime de Bavière, Thierri ou Teri l'Ardenois, Estous, Othon, fils d'Estous, Ote, fils d'Eudon, Richard de Normandie et Angiller de Gascogne.
Un Français nommé Isoré, que Charlemagne avait autrefois banni comme coupable du meurtre de Humbaut de Liège, et qui, en échange du fief de Saint-Angeli qu'il avait perdu, avait reçu de Jean de Lanson celui de Marseille ou Marsaille sur la mer (Histoire littéraire de la France: suite de treizième siécle, Volume 22, 1852 - books.google.fr).
La Chronique dite Saintongeaise (XIIIe siècle) et Ogier le Danois de Jean d'Outremeuse (vers 1375) insèrent dans leur récit une version spéciale de la chanson de geste Anseis de Cartage sous la forme d'un résumé élliptique en prose, et tous les deux placent ce résumé à la suite de la relation sur la campagne de Charlemagne en Espagne et du chapitre turpinien sur Compostelle et immédiatement avant le recit de son retour à travers les Pyrénées. [...] Sur le point de quitter l'Espagne, Charlemagne offre ce royaume à Anseis, le seigneur de la province d'ailleurs très grande de Cartagena appelée «Cartage» chez les Français. Il le prie cependant de ne pas toucher à Létise, la fille du sire Isoré de Coïmbre dite «Conimbre» chez les Français, sinon un grand malheur lui arrivera.
Hautefeuille devient «Aubefoille» dans notre Chronique (292.15), mais «Altrefolhe» chez Outremeuse (André de Mandach, Chronique dite Saintongeaise: Texte franco-occitan inédit "Lee", à la découverte d'une chronique gasconne du XIIIème siècle et de sa poitevinisation, 1970 - books.google.fr).
Il y auroit plus que de la simplicité à tirer l'étymologie dn nom de cette rue du Château de Hautefeuille, qu'on prétend avoir appartenu à un petit-neveu de Charlemagne, moins connu dans l'Histoire que dans les romans. Amauri de Hautefeuille était neveu de Ganelon dans Huon de Bordeaux. En supposant même que le vieux Château dont parlent nos Historiens, & dont on trouva des vestiges en 1358, en creusant des fossés le long de l'enceinte de Philippe-Auguste, fùt appelé de Hautefeuille, ce qui n'est qu'une simple conjecture (Jean Baptiste Michel Jaillot, Recherches critiques: historiques et topographiques sur la ville de Paris, depuis ses commencements connus, jusqu'à présent, Volume 5, 1775 - books.google.fr).
Etienne Cholet, Dom Félibien, La Tynna croient à l'existence du château Hautefeuille. Sauval dit que le château Hautefeuille occupait l'emplacement de l'ancienne fontaine Saint-Michel, — à l'endroit où, actuellement, la rue Monsieur-le-Prince aboutit au boulevard Saint-Michel. Charles Nodier raconte que le parloir aux aux bourgeois s'élevait sur les ruines du château des seigneurs de Haute- feuille : il est vrai que, dans le même volume, à l'article Cloître des Cordeliers, il raconte que ce couvent fut bâti en 1230 sur l'emplacement du château de Hautefeuille (Henri Baillière, La rue Hautefeuille: son histoire et ses habitants (propriétaires et locataires), 1252-1901 : contribution à l'histoire des rues de Paris, 1901 - books.google.fr).
Le fameux bataillon des Marseillais venus à Paris pour le 10 août de l'année suivante (1792), au chant de la Marseillaise, avait pris possession des cellules du couvent des Cordeliers.
Le grand réfectoire des cordeliers, converti en amphithéâtre, est dans l'axe de la rue Hautefeuille et présente la forme d'une église ; en leur ancien jardin se suivent des pavillons de dissection. Sur la place même de l’École de Médecine s'élevait l'église du couvent (Charles Lefeuve, Histoire de Paris rue par rue, maison par maison, 1875 - www.paris-pittoresque.com).
La rue de l'Ecole de Médecine a changé de nom plusieurs fois depuis 1792. Son ancien nom est rue des Cordeliers ; on l’a baptisée rue de Marseille, rue de Marat, rue de la Santé (Louis-Marie Prudhomme, Miroir historique, politique et critique de l'ancien et du nouveau Paris, et du département de la Seine, 1807 - books.google.fr).
L'imprimerie de ce député serait, parait-il, dans le ci-devant couvent des Cordeliers, au bout du cloitre, et Marat lui-même serait logé dans le Club des Cordeliers, sous la protection immédiate de la section de Marseille. Le caractère « sacré » des lieux est renforcé par l'inhumation de Marat dans le jardin ou cour du couvent en 1793, lieu de sa sépulture jusqu'à sa panthéonisation en septembre 1794 (Jacques DeCock, Le Club des Cordeliers.: Vol.1 Linéaments, le lieu, le district, le club, 2001 - books.google.fr).
Le 12 septembre 1789, Marat publiait le premier numéro du Publiciste parisien, journal politique, libre et impartial journal quotidien connu sous le titre L’Ami du peuple.
Le club des Cordeliers ou Société des Amis des droits de l’homme et du citoyen est une société politique fondée le 27 avril 1790 et sise dans l’ancien réfectoire du couvent des Cordeliers de Paris.
La section de Marat était, sous la Révolution française, une section révolutionnaire parisienne. Elle se nomma « section du Théâtre-Français », puis « section de Marseille » en août 1792. En août 1793, elle prit le nom de « section de Marseille et Marat » et à partir de pluviôse an II, « section de Marat » tout court. En pluviôse an III, elle reprit son nom primitif de « section du Théâtre-Français ».
Elle comprenait les rues des Augustins, Christine, Savoie, Pavée, Gît-le-Cœur, de l’Hirondelle, Saint-André-des-Arts, Cour du Commerce, rues de l’Éperon, du Paon, du Jardinet, Mignon, des Poitevins, du Cimetière-Saint-André, Haute-Feuille, des Cordeliers, Mâcon, Percée, Poupée, Serpente, des Deux-Portes, Pierre-Sarrasin, de Touraine, de l’Observance, des Fossés-Monsieur-le-Prince, des Francs-Bourgeois, de Condé, du Théâtre-Français ; le Théâtre Français et les rues qui y aboutissent, etc. (fr.wikipedia.org - Section de Marat).
Saint Louis de Sicile, évêque de Toulouse, neveu de Louis IX, fils de Charles II, roi de Naples, de Sicile et de Jérusalem, appartenait à l'ordre des frères mineurs ou Cordeliers; il mourut en Provence, le 19 août 1297, au château de Brignolles, où il fut enterré. Lors de sa canonisation, en 1517, son corps fut placé dans une châsse et transféré aux Cordeliers de Marseille [...]. Le roi d'Aragon, Alpbonse V, ayant pris Marseille en 1423, emporta a Valence les reliques de Saint Louis qui est ordinairement désigné sous le nom de Saint Louis de Toulouse (Georges de Soultrait, Charte de jeanne de Bourbon, Bulletin, Volume 3, Société d'emulation et des beaux-arts du Bourbonnais, Moulins, 1853 - books.google.fr).
Les Spirituels brûlés dans la ville [de Marseille], en 1318, venaient du Languedoc. Le lieu du supplice signifiait, dans son choix, une confiance de la papauté envers les franciscains de Marseille et les pouvoirs séculiers, urbains et monarchiques. Les Angevins gardaient la mesure malgré des sympathies, non exclusives, pour les franciscains intransigeants. Les Mineurs de Marseille, à l'époque du sermonnaire, se gardaient d'outrances qui les eussent coupés de leurs protecteurs et de leurs ouailles. Une contestation de l'autorité, y compris ecclésiastique, aurait entravé le dialogue avec les négociants et les nantis. Le mépris du monde ne pouvait non plus excéder le tolérable, en demeurer longtemps à l'intransigeance d'un Hugues de Digne. Un équilibre s'atteignait au contraire, qui convenait pour se faire entendre. Il favorisait, alors, le partage entre un modèle franciscain bien austère pondération des propos destinés aux laïcs. Il convenait, en bref, à la pastorale par l'exemple et par le verbe. La Madeleine et Marthe en constituaient les parangons, La double action, par la parole et par une vie édifiante, se plaçait au cœur du dessein des Mendiants. Elle préoccupait toutefois notablement les franciscains marseillais, selon le sermonnaire anonyme. Il ne supposait pas, au demeurant, qu'un orateur sacré maîtrisât son art sans adopter une conduite qui lui valût la grâce. Toujours ordinaire, la conviction entrait cependant dans une ample réflexion sur la prédication (Jean-Paul Boyer, Prêcher Marseille, paroles franciscaines à l'aube du XIVème siècle, La Provence et Fréjus sous la première maison d'Anjou (1246-1382), 2010 - books.google.fr).
Le groupe d'opposition qui avait essayé de garder avec exactitude les enseignements de François reçut, avec le temps, le nom de «spirituels». L'histoire d'un des chefs idéologiques de ce groupe, Pierre fils de Jean Olivi, nous permet de saisir l'évolution qui subit la notion d'hérésie. Pierre, bachelier de l'Université de Paris et enseignant dans les écoles conventuelles, fut non seulement un novateur dans le domaine de l'exégèse des Écritures et des problèmes théologiques, mais aussi un adepte fidèle des idées représentées par François d'Assise. Contrairement au groupe dirigeant des conventuels, il professait que l'Ordre n'aurait de chance de jouer le rôle auquel il était destiné, que lorsqu'il conserverait fidèlement le précepte de la pauvreté. Tant son attitude novatrice, que sa position vis-à -vis de la pauvreté attirèrent sur la tête de Pierre Olivi les foudres des autorités monastiques. Et, comme pour comble de malheur, il restait sous l'influence des enseignements de Joachim de Fiore, mystique et prophète qui annonçait la venue d'un temps de crise pour l'Église et l'humanité, prévu pour le milieu du XIIIe siècle, Pierre Olivi fut soupçonné de répandre ces idées hérétiques. Accusé plusieurs fois, traduit à plusieurs reprises devant les tribunaux ecclésiastiques, Pierre dut se défendre contre ces accusations. Ajoutons cependant au bénéfice de la précision, qu'il sut défendre ses positions avec assez d'autorité pour finir sa vie réconcilié avec la hiérarchie de l'Église. Mais son enseignement subit un sort différent: repris à son compte par le mouvement des spirituels il amena des disputes de plus en plus violentes et provoqua finalement l'intervention de l'Inquisition qui ne recula pas devant la condamnation au bûcher des représentants les plus en vue de la fraction radicale de l'ordre des franciscains. Il vaut la peine de souligner qu'un châtiment posthume n'épargna même pas Pierre Olivi: ses écrits furent interdits et ses cendres exhumées brûlées sur le bûcher, en tant que restes d'un hérésiarque. L'exécution se déroula au cours du premier quart du XIVème siècle. Des années passèrent et en 1500 l'affaire, dans l'appréciation des autorités monastiques, apparut sous une lumière différente: le Chapitre général de l'ordre des franciscains, en évoquant une décision du Pape Sixte IV admit, en effet, que les conditions ayant évolué les écrits de Pierre Olivi interdits naguère ne constituaient plus une menace pour l'Église. On pouvait donc autoriser leur lecture et celle-ti fut même considérée comme édifiante. (Tadeusz Manteuffel, Les mouvements des pauvres au Moyen Âge, saints et hérétiques, Acta Poloniae Historica, Volume 13, 1966 - books.google.fr).
Pierre Olivi est né vers 1248 à Sérignan (Hérault) près de Vendres et mort le 14 mars 1298 à Narbonne. Narbonne et Sérignan sont proches de l'axe.
Pierre de Jean Olivi ou (en français Pierre de Jean Olieu, en latin Petrus Joannis Olivi) est un religieux franciscain et un théologien français du Moyen Âge qui a exercé une influence considérable sur les Franciscains du Languedoc et sur les Béguins qui les entouraient. Bernard Délicieux, qui fut sans doute l’élève d’Olivi, puis son successeur comme lecteur à Narbonne, confronté à un regain de catharisme à Carcassonne, Albi et Castres, s’est opposé à l’inquisition dominicaine, en cherchant à réintégrer dans l’église, de façon plus souple, les élites locales déviantes. En bas Languedoc, c’est le courant de spiritualité exigeante dans lequel s’inscrit Olivi, qui a sans doute prévenu l’émergence de ce « second catharisme » en fournissant une expression à ces aspirations diffuses. Et, n’eut été la répression sanglante du mouvement qui se réclama de lui, il s’en est fallu de peu qu’il ne devienne l’un des saints les plus intensément vénérés du Languedoc.
Pourtant, le culte d’Olivi se développait : sa tombe, dans le couvent franciscain de Narbonne attirait en pèlerinage des foules importantes, des miracles s’y produisaient (la fameuse Dame Prous Boneta y reçut une illumination) et le 14 mars était célébré dans toute la région. Grâce à l’intervention du célèbre médecin Arnaud de Villeneuve (qui fut sans doute ami d’Olivi) auprès du Pape, un compromis fut trouvé en 1312, les couvents de Narbonne et Béziers étant laissés aux Franciscains « spirituels » qui se réclamaient d’Olivi. Mais en 1317, le Pape Jean XXII intervint plus violemment. Les spirituels étaient cités à Avignon, en dépit d’un appel des consuls de Narbonne qui tentèrent de retarder l’échéance, et quatre d’entre eux furent brûlés à Marseille. Pour mettre fin au culte populaire, le corps d’Olivi fut exhumé en secret (on ne sait toujours pas ce qu’il est advenu) (fr.wikipedia.org - Pierre de Jean Olivi).
Au XIIIème siècle, la Province franciscaine de Provence comprenait des couvents à l’ouest du Rhône : Agde, Béziers, Narbonne, Lodève, alors que Carcassonne, Toulouse et Mirepoix étaient dans la Province d’Aquitaine. Au tournant du siècle, tous les couvents languedociens de la Province de Provence, qui allait jusqu’à Narbonne, ceux de Carcassonne et de Mirepoix dans la Provence d’Aquitaine, et des couvents de Catalogne, étaient gagnés à la pauvreté. Le fils du roi de Naples, Louis d’Anjou, franciscain « spirituel », qui était mort évêque de Toulouse, était en voie de canonisation. Le tuteur du roi de Majorque, le médecin catalan des rois et des papes Arnaud de Villeneuve, théologien d’occasion, étaient leurs partisans, comme aussi des municipalités, celle de Narbonne en particulier, qui écrivit à Philippe le Bel. [...] Clément V prit des mesures de protection pour les couvents des Spirituels, allant jusqu’à envoyer en exil au couvent de Valcabrère le ministre général Bonagrazia de Bergame. Il provoqua d’abord un débat entre représentants de la Communauté et Spirituels. Mais les trois représentants les plus marquants de ces derniers, l’ancien ministre général Raimond Jaufret, de la famille des vicomtes de Marseille, Gui de Mirepoix, probablement Lecteur ou Gardien de Mirepoix, et Barthélemy Sicard moururent subitement, et nul ne douta à la Curie qu’ils n’aient été empoisonnés. Le concile de Vienne fut partagé, mais le pape et les cardinaux méridionaux parvinrent à atténuer les différents. On condamna les béguines, tout en assurant que cette condamnation n’empêchait pas de pieuses femmes de former des vœux. On condamna des opinions qu’on crut trouver dans l’œuvre de Pierre Déjean-Olieu, mais sans le citer. En dehors du concile, Clément V fut beaucoup plus engagé..Il donna aux couvents de Béziers, Narbonne et Carcassonne le droit de pratiquer leur règle avec des supérieurs qui partageaient leur tendance. Après la mort de Clément V, des cardinaux amis continuèrent à protéger les Spirituels, mais la Communauté prit sa revanche avec l’avènement de Jean XXII, et la nomination du ministre général Michel de Césène. Le 25 mai 1318, les Frères des couvents de Narbonne et de Béziers, étaient convoqués à la Curie. Ils y vinrent accompagnés de Bernard Délicieux, furent arrêtés et remis au Ministre général Michel de Césène. Il les mit en demeure de revêtir l’habit de la Communauté et de renoncer à leur pratique de la Règle. Sur leur refus, il les envoya à Marseille à l’inquisiteur, Michel Lemoine, qui était franciscain. Tous cédèrent, sauf quatre, qu’il fit brûler. Ceux qui étaient saufs s’enfuirent, pour ne pas être envoyés à l’in pace d’un couvent lointain. [...] Jean XXII mit un terme à la querelle, d’abord en déclarant le 8 décembre 1322 (Ad conditorem canonum) que les biens des Mineurs seraient administrés par eux-mêmes, et le 13 novembre 1323, par la bulle Cum inter nonnllos. il déclarait erronée la thèse selon laquelle le Christ et ses disciples n’avaient rien possédé en propre ou en commun. Les conséquences en furent le départ du Ministre général, Michel de Césène pour Munich auprès de Louis de Bavière, empereur contesté et non reconnu par le Pape, et l’élection, par un parti de cardinaux mécontents du séjour de la Curie à Avignon, d’un antipape, Pierre Rainalducci, un Franciscain qui prit le nom de Nicolas V en 1328, mais fit sa soumission à Jean XXII deux ans après (Jean Duvernoy, Les Spirituels et les Jeux floraux, 2015 - jeuxfloraux.fr).
Les cordeliers conventuels de Valbabrère dépendaient de la province d'Aquitaine et de la custodie d'Auch. Voici tout ce que dit de la fondation de leur monastère le livre : « De Origine Saraphicae religionis Franciscanae... F. Francisci Gonzagae. ejusdem Religioni. ministri generalis, et nunc Episcopi Mantuani, Opus in quatuor partes divisum. — Edition de Venise, 1603, petit in-4°. » Ubide Provincia Aquitaniae recentioris. « De Minoritico conventu Valliscaprariae. » Ea fuit nobilissimorum heroum, ac Malaleonum et Larbusti Aquitaniae oppidorum temporalium dominorum, erga Franciscanam familiam benevolentia, ut hune conventum, a 20 iratribus incultum, prope Vallemcaprariam, ejusdem Aquitaniae oppidum an. 1185 fundarint » Cette note a été reproduite dans les extraits manuscrits des Annales franciscaines de la Nouvelle Aquitaine, rédigés au XVIIIe siècle pour obéir à une ordonnance royale ; mais à la date, évidemment erronée, donnée par l'ouvrage imprimé à Venise est substituée celle de 1285 qui doit être la bonne (Les Pyrenées centrales au XVIIe siècle, 1899 - books.google.fr).
La première édition de «De l’origine de l’ordre séraphique franciscain, de ses progrès, de l’institution, de l’organisation et des règles de l’observance régulière, ouvrage du frère François de Gonzague», Rome, date de 1587 (www.corpusetampois.com).
Pendant qu'un petit nombre de frères fait l'aller-retour entre la France et l'Italie, les premières tentatives de réforme voient le jour en France parisienne. Elles sont à mettre à l'actif de Louis de Gonzague et de son épouse, Henriette de Clèves, mais aussi de leur cousin François de Gonzague, le ministre général de l'Observance. En 1585, le duc et la duchesse de Nevers décident d'implanter sur leurs terres du duché de Rethel, en face du château de La Cassine, un établissement de Cordeliers dépendant du couvent de Mézières. Certes, cette fondation (la première en France parisienne depuis la fin du XVe siècle) ne se prétend pas explicitement réformée, mais elle s'inscrit manifestement dans une dynamique de réforme. [...] Après la fondation de La Cassine, Louis de Gonzague tente à Nevers une opération à visée plus explicitement réformatrice. En 1586, il obtient du pape Sixte Quint le passage du couvent des Cordeliers de sa ville ducale de la province de Touraine à celle de France parisienne. On saisit mieux la signification de ce transfert si on note que la province de Touraine n'était autre que l'ancienne province conventuelle ; en passant officiellement à l'Observance peu après 1517, elle avait gardé bien des privilèges d'origine conventuelle. Intégrer le couvent de Nevers à la France parisienne, c'était donc le confier à de vrais Observants. En fait, les religieux de Touraine paraissent n'avoir véritablement quitté les lieux qu'au début de 1592, et ils ont été remplacés non par des Observants de France parisienne mais par des Riformati italiens. L'épisode est bien connu. On sait l'attrait que représente alors ce type de réforme franciscaine pour un certain nombre de religieux français. De plus, une colonie italienne est alors solidement implantée à Nevers autour des Gonzague. Pourtant, la greffe ne va pas prendre et ces religieux regagnent leur pays en 1597.
La concertation entre le duc et le ministre général avait pu se vérifier dès l'été 1582, lors d'une tentative de reprise en main du Grand Couvent des Cordeliers de Paris. François de Gonzague avait alors échappé de peu à une bande de frères armés et n'avait eu que le temps de monter dans le coche que son cousin lui avait envoyé. Le ministre général avait alors trouvé refuge à l'Ave Maria. A propos du duc et de la duchesse de Nevers, Fr. de Gonzague déclare que leur "laus franciscana in ecclesia praecipua est" (De Origine Seraphicae Religionis Franciscanae eiusque progressibus..., Rome, 1587, p. 590) (Pierre Moracchini, Les observants de la province parisienne, Identités franciscaines à l'âge des réformes, 2005 - books.google.fr).
François de Gonzague est connu aussi comme ou François Scipion ou Scipion de Gonzague ou Annibal. Il était de la branche de Gozzolo et saint Martin. Il prit l'habit franciscains à Alcala de Henares, où ont été martyrisés Just et Pasteur, en 1562 au copuvent de Saint Marie de Jésus. Successeur de Christophe de Cheffontaines au gouvernement de l'ordre, il connaissait bien le Grand Couvent pour y avoir été élu ministre général en 1579, avec l'appui de Francesco Panigarola.
En ce mois, le chapitre général des Cordeliers s'assembla aux Cordeliers de Paris, où se trouvèrent environ douze cens frères de l'ordre de S. François de toutes les nations du monde, et firent leur général messire Scipion de Gonzague, cordelier de la caze mantoane. Le Roy, pour leurs alimens, pendant leur séjour à Paris, leur donna dix mille francs ; M. le duc son frère, quattre mil francs, et les colléges, chapitres, communaultés, abbés, prieurs et prélats de Paris, leur firent tous particulières ausmosnes, comme firent les habitans de Paris, à aucuns d'eux à ce deputés, allant en queste de porte en porte (Pierre de L'Estoile, Journal de Henri III. roy de France [...] ou Memoires pour servir a l'histoire de France, Volume 1, 1744 - books.google.fr, Fulgence Ferot, Abrégé historique de la vie des saints et saintes, bienheureux et bienheureuses et autres pieux et célèbres personnages des trois ordres de saint François, 1779 - books.google.fr).
Il mourait à Mantoue en 1620, âgé de soixante-quatorze ans, en grande réputation de sainteté.
La basilique de Valcabrère est vouée aux saints Just et Pasteur comme à Saint Just et le Bézu près de Rennes le Château.
Le franciscain Francesco Panigarola (1548 - 1594) est connu pour sa mémoire prodigieuse et auteur d'un Trattato della memoria locale qui allait être publié comme ajout à ses ouvrages sur la prédication. Panigarola était destiné à une belle carrière ecclésiastique (il deviendra évêque d'Asti), mais selon un jugement qui arrive jusqu'à Tesauro au XVIIe siècle, il allait surtout devenir un prédicateur célèbre, le meilleur même de son époque. Très lié aux Borromée, il joue un rôle de premier plan dans ce processus auquel nous avons déjà fait allusion à propos de Valier, c'est-à -dire dans la tentative de faire acquérir à l'art oratoire sacré toute la riche instrumentation qui avait aractérisé la production littéraire profane, en prose et en poésie (Lina Bolzoni, La chambre de la mémoire: modèles littéraires et iconographiques à l'âge de l'imprimerie, 2004 - books.google.fr).
La Memoire locale et artificielle du prédicateur franciscain Francesco Panigarola, dont plusieurs éditions en italien et en français sont publiées entre 1603 et 1624, et qui se trouve placée de manière significative en annexe de L'Art de prescher et de bien faire un sermon.
Or, comme l'a rappelé dans sa thèse Marc Fumaroli, Panigarola — ou, sous la forme francisée de son nom Panigarole — était connu en France, où il avait fait ses débuts à la Cour de Charles IX, et prêché plus tard à Notre-Dame pendant la Ligue. Fort apprécié à la cour d'Henri III et tout particulièrement de Catherine de Médicis, Panigarole revient à Paris en 1590 pour exhorter les foules du haut de de la chaire de Notre-Dame à refuser Henri de Navarre pour roi, «cautionnant ainsi l'éloquence politique des moines ligueurs». La relation d'un art de la mémoire avec le développement de l'éloquence religieuse au temps de la Ligue n'est peut-être ni ponctuelle ni fortuite. [...] L'ars memoriae connaîtrait à la Renaissance une «phase nouvelle et étrange de sa vie», pour s'intégrer, de Giulio Camillo à Giordano Bruno, au courant néoplatonicien et devenir par là même art hermétique ou occulte. Ailleurs, il se marginaliserait, s'éloignant toujours plus «des grands centres nerveux de la tradition européenne». Le petit succès d'édition que rencontre le vademecum de Panigarole — situé dans le droit fil de l'Ad Herennium [de Cicéron] — , le complément qu'il reçoit de la «nouvelle methode tres facile, donnée et expliquée par lieux, images, marques et figures mises en main» de Jérôme Marafiote — libelle souvent relié à la suite du précédent — indiquent toutefois que la mémoire locale conserve un large usage pratique dans les toutes dernières années du XVIe siècle. Un tel usage n'a pu qu'être favorisé par le renouveau, après le Concile de Trente — et notamment sous la Ligue — de l'éloquence sacrée (Frank Lestringant, Une topographie satirique, Etudes sur la Satyre Menippée, 1987 - books.google.fr).
Narbonne - Rue de Tournon
La rue de Tournon correspondrait à Narbonne.
Elle doit son nom au cardinal François de Tournon, (1489-1562), abbé de Saint-Germain-des-Prés, un des principaux conseillers de François Ier. Il entraîne François Ier dans le massacre des Vaudois du Luberon en 1545. Le cardinal François de Tournon : homme d'état, diplomate, mécène et humaniste (1489-1562) est le titre du livre de Michel François en 1951. François de Tournon est né au château de Tournon, en Ardèche actuelle, en 1489.
Il est nommé archevêque d'Embrun en 1517, de Bourges en 1526, Primat des Aquitaines, jusqu'en 1536 ou 1537. En 1538, il devient archevêque d'Auch jusqu'en 1551. En 1547, à la mort de François 1er, il part pour l'Italie. En 1550 il semble avoir occupé les sièges vacants des évêchés de Albano puis de Sabine. Il ne participe pas aux travaux du Concile de Trente (1545-1562). En 1551, il est nommé archevêque de Narbonne où il ne fait que prendre possession du siège. La même année il devient archevêque de Lyon, Primat des Gaules, par échange avec Hippolyte d'Este, et prend possession de son siège l'année suivante. Il fait éditer le Missel du diocèse de Lyon en 1556. Durant son épiscopat lyonnais il tente d'enrayer l'influence protestante. En nommant des prédicateurs « sûrs » dans les paroisses de Saint-Nizier et à la Primatiale Saint-Jean-Baptiste de Lyon.
En 1560, il propose au Consulat lyonnais de confier le Collège municipal, de la Trinité aux jésuites, mais les échevins renouvellent leur confiance au responsable Barthélemy Aneau soupçonné par certains d'être trop favorable à la Réforme, et qui sera est lynché en 1561. Il confiera en 1561 le Collège de Tournon aux jésuites, ordre récemment fondé (Cardinal François de Tournon (1489-1562) - medarus.org).
Il confiera en 1561 le Collège de Tournon créé en 1536 aux jésuites, ordre récemment fondé.
Hippolyte d'Este fils d'Alphonse I, duc de Ferrare & de Lucrèce Borgia, créé par Paul III cardinal diacre du titre de Sainte-Marie-la-Neuve, posséda en même temps en France, en commende, les archevêchés d'Arles, d'Auch & de Lyon; les évêchés d'Autun & de Tréguier; les abbayes d'Ainay, de Flavigni, de Pontivi & de Bolbone; & en Italie, l'archevêché de Milan & l'évêché de Ferrare. En 1550, le 27 juin, il succéda à Jean de Lorraine dans l'archevêché de Narbonne & s'en démit peu de temps après en faveur de François, cardinal de Tournon, qui le céda à son tour, avant que d'en prendre possession, au suivant. François IV Pisanie, fils d'Aloysius Pisani, procurateur de Saint-Marc à Venise, fut fait cardinal à quarante-trois ans par le pape Léon X en 1517,dignité qu'il conserva pendant cinquante-trois ans. Il fut élu évêque de Pavie & puis de Trévise; Jules II le nomma à l'archevêché de Narbonne le 3 mai 1551, avec la réserve du tiers net des revenus en faveur du cardinal de Tournon & de la présentation aux bénéfices. Il nomma Alexandre Zerbinatis, professeur de droit & protonotaire du Saint-Siège, pour son vicaire général. Dans les différents actes faits au nom du cardinal Pisani, il est toujours qualifié administrateur perpétuel ou commendataire de l'archevêché de Narbonne. Le cardinal de Tournon, archevêque de Lyon, chargea Zerbinatis de conférer en son nom les bénéfices de la métropole de Narbonne. François Pisani se démit de l'archevêché de Narbonne en 1563; il monrut à Rome en 1570, âgé de quatre—vingt—seize ans, doyen du Sacré Collège. Il fut inhumé dans l'église de Saint-Marc. Hippolyte d'Este reprit possession du siégé de Narbonne, le 8 d'octobre 1563, sur la démission du cardinal Pisani. Depuis cette époque nous voyons que Jérôme Tudeschi, son vicaire général, conféra les bénéfices du diocèse en son nom jusqu'en 1573, même après la mort d'Hippolyte qu'il ignorait sans doute. Hippolyte mourut à Rome le 2 décembre 1572; son corps fut d'abord déposé dans l'église de Sainte—Catherine & transféré ensuite dans l'église des Franciscains à Tivoli (Claude de Vic, Joseph Vaissete, Ernest Roschach, Histoire générale de Languedoc avec des notes et les pièces justificatives, Volume 4 , 1872 - books.google.fr).
Sous Louis XII a lieu la construction avec les courtines qu'elles comprennent, de la tour de Tournon, de la tour à Pointes de diamant (tour des Carmes), de la grande tour de la Reine. En Cité : La tour de la Citadelle, protègeant la poudrière et la grande tour de la Terrasse, au Nord de la Porte Neuve.
Le Plan du 12 Octobre 1867 des fortifications de la Porte-Neuve au bastion Damville permet de préciser : — la largeur du fossé : 30 m en moyenne, avec l'emplacement et le tracé de la cunette. — le diamètre des tours de Tournon (20 m) et des Carmes (30 m) — la longueur et l'orientation des courtines: 100m entre le bastion Damville et la tour Ste Catherine ; 110m entre les tours Ste Catherine et de Tournon; 67 m entre les tours de de Tournon et des Carmes ; 55 m entre la tour des Carmes et les ouvrages précédent le pont du même nom. — l'épaisseur du mur d'enceinte qui varie entre 4 et 5 m (René Caïrou, Narbonne: vingt siècles de fortifications, 1979 - books.google.fr, Bruno Fornasier, Les fragments architecturaux des arcs triomphaux en Gaule romaine, 2003 - books.google.fr).
Lors de la première série de travaux on s’occupa en Bourg, ‘du côté de l’Espagne’, de la construction de la tour de la Reine que l’on soigna particulièrement, du bastion Saint-Paul et de la tour de Tournon, en Cité de la tour de la Terrasse et de la tour de la Citadelle. C’est à ce moment-là , dès le début des travaux, que l’on modifia le tracé des remparts et que l’on agrandit la ville. Thomas Platter, en 1556, parle de 8 bastions, considère la tour de Tournon en pierre bleuâtre et la tour de la citadelle comme des bastions (Gilbert Larguier, Le drap et le grain en Languedoc, 1999 - books.openedition.org).
Les terrains marécageux sur lesquels se trouve cette voie appartenaient à l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés, ce qui ressort des titres de cette communauté religieuse. Elle en vendra, à charge pour les acquéreurs d'élever des constructions en bordure de cette voie, qui portait autrefois le nom de « ruelle de Saint-Sulpice » en 1517, puis ultérieurement de « ruelle du Champ de Foire », à cause de la Foire de Saint-Germain et également la « rue du Marché aux chevaux ». Elle devient « rue de Tournon » en 1541. Le rôle des taxes de 1549 ne mentionne que très peu de maisons. (fr.wikipedia.org - Rue de Tournon, fr.wikipedia.org - François de Tournon).
Il y avait un Collège de Narbonne rue de la Harpe (5ème arrondissement), fondé en 1317 à Paris le collège de Narbonne par Bernard de Farges proche parent du pape Clément V. Il avoit esté évêque d'Agen, d'où il avoit passé à l'archevêché de Rouen, avant que d'estre transféré à celui dc Narbonne. Ce fut en qualité d'archevêque de Narbonne qu'il donna la maison qu'il avoit à Paris, rue de la Harpe, pour y retirer neuf pauvres escoliers de son diocèse, & qui estudieroient aux arts ou en théologie. Les statuts qu'il dressa pour eux font datez du 5. Octobre 1317. Il destina pour l'entretien de ces neuf boursiers les revenus du prieuré rural de la Madelaine-les-aziles; à quoi Amblard Cerene jurisconsulte adjousta d'autres biens pour un prestre qui serviroit de chapelain. Pierre Roger, natif de Limoges, religieux de l'ordre de S. Benoist, depuis abbé de Feschamp, & successivement évesque d'Arras, archevesque de Rouen, cardinal, & puis pape sous le nom de Clément VI. est regardé comme le principal bienfaicteur de ce collège, par l'union qu'il y fit du prieuré de N. D. de Morcelle, depuis donne aux prestres de la Doctrine Chrestienne en 1619. Clément VI. marqua par ce bienfait sa reconnoissance de la place de boursier qu'on lui avoit accordée autrefois dans ce collège par dispense, veu qu'il n'estoit pas du diocèse de Narbonne (Guy Alexis Lobineau, Histoire de la ville de Paris, Volume 1, 1725 - books.google.fr).
5, rue de Tournon
Née en 1772, Marie-Anne Lenormand entre à l'abbaye royale des Dames Bénédictines d'Alençon alors qu'elle est encore enfant. Malgré son jeune âge, elle ne manque pas de se faire remarquer : à sept ans, elle professe déjà des prédictions. Marie-Anne grandit et décide de s'installer à Paris à la fin des années 1780. s'installe à son compte et pose ses valises au 9 de la rue de Tournon, puis au numéro 5, où elle habitera pendant près de cinquante ans. Son salon attire rapidement les figures de la Révolution, ainsi que leurs proches. Sous les Cent-Jours et la Restauration, le salon de la médium ne désemplit pas. Le retour des émigrés développe encore davantage sa clientèle, tandis que la vieille noblesse royaliste accourt rue de Tournon, remplaçant celle de l'Empire. Mademoiselle Lenormand s'éteint en 1843, à 71 ans. « L'Oracle sibyllin », « Les Souvenirs prophétiques d'une Sibylle », « L'Ange Protecteur de la France au tombeau de Louis XVIII » sont autant d'ouvrages que l'on doit à cette voyante historique. Quant à sa demeure de la rue de Tournon, elle a abrité d'autres locataires célèbres, parmi lesquels le poète Charles Cros, qui y mourut en 1888 (www.jeane.f).
Grâce à sa maîtresse, Nina de Villard, qui tient un salon couru rue Chaptal, Charles Cros se lie avec la bohème de l’époque. Il côtoie Manet, Renoir, Sarah Bernhardt, mais aussi les poètes parnassiens. Cependant, il se sent plus proche des poètes maudits. Un jour, Charles Cros accompagne Verlaine à la gare du Nord pour accueillir un frêle adolescent débarquant de Charleville : Arthur Rimbaud. Charles Cros tombe sous le charme du jeune poète qu’il invite à séjourner chez lui, rue de Tournon. Mal lui en prend, l’infernal garnement le remercie en se torchant avec une de ses précieuses revues. En 1888, Charles Cros meurt dans la misère, avec le foie bien entamé par l’absinthe. Son ami Alphonse Allais lui consacre un émouvant éloge funèbre dans la revue Le Chat noir : "Charles Cros m’apparut tout de suite tel que je le connus toujours, un être miraculeusement doué à tous points de vue, poète étrangement personnel et charmeur, savant vrai, fantaisiste déconcertant, de plus ami sûr et bon. Que lui manqua-t-il pour devenir un homme arrivé, salué, décoré ? Presque rien, un peu de bourgeoisisme servile et lâche auquel sa nature d’artiste noble se refusa toujours. Il écrivit des vers superbes qui ne lui rapportèrent rien, composa en se jouant ces monologues qui firent Coquelin cadet, eut des idées scientifiques géniales, inventa le phonographe, la photographie des couleurs, le photophone." (www.mosaikhub.com).
Pamiers - Fontaine Saint Sulpice
Le 15 août 1642, le nouveau curé de Saint-Sulpice, Jean-Jacques Olier, sous l'influence du Père de Condren, successeur du cardinal de Bérulle à la tête de l'Oratoire de France, installait dans sa paroisse une communauté religieuse fondée quelques mois plus tôt (31 décembre 1641) avec ses deux fidèles compagnons, François de Caulet et Jean du Ferrier, dans le village de Vaugirard alors à l’extérieur de Paris. Cette communauté prit alors le nom de « Séminaire de Saint-Sulpice ». Elle accueillait des jeunes prêtres et de futurs prêtres qui suivaient des cours en Sorbonne. Elle connut un développement rapide. En 1649, on confia à l'architecte Jacques Lemercier la construction d'un ensemble de bâtiments destinés à l'accueillir. Ces bâtiments occupaient l'emplacement de l'actuelle place Saint-Sulpice (fr.wikipedia.org - Séminaire de Saint-Sulpice, (semissy.pagesperso-orange.fr, mystiquefigures.com).
Le plan de Servandoni comprenait l'ouverture devant le portail de l'église d'une place monumentale de 120 mètres de large sur 208 de largeur, et la construction à élever devait avoir des façades symétriques ; on en peut voir le modèle dans l'encoignure S.-E. de la place, entre la rue des Canettes et la rue Saint-Sulpice. On renonça à cette exigence. Achevée en vertu d'un décret de 1811, plantée d'arbres en 1838, la place Saint-Sulpice est ornée depuis 1847 d'une fontaine monumentale construite par Visconti (www.paris-pittoresque.com).
La fontaine des Orateurs-Sacrés remplace celle de la Paix, commémorant la paix d'Amien de 1807, mais occupe le centre de la vaste place Saint-Sulpice, qui avait atteint sa taille adulte en 1811. Ce projet ornemental fut confié à Louis Visconti (1791-1862) : l’architecte conçut une fontaine monumentale, dans un style néo-Renaissance. Chaque face est creusée d’une niche à sculpture, flanquée de pilastres corinthiens. Les figures colossales de quatre fameux prédicateurs ayant vécu sous le règne de Louis XIV, représentés assis, occupent les niches : Bossuet, par Jean-Jacques Feuchères, au nord ; Fénelon, par François Lanno, à l’ouest ; Fléchier, par Louis desprez, à l’est ; Massillon, par Jacques-Auguste Fauginet, au sud (voyageursaparistome6.unblog.fr).
En 1642, quand il prit la cure de Saint-Sulpice, M. Olier confia à M. de Caulet la direction du séminaire. Deux ans plus tard, le roi, sur la proposition de saint Vincent de Paul, le nommait évêque de Pamiers. Ce diocèse était un de ceux que les guerres de religion avaient le plus profondément troublés. Tandis que l'hérésie protestante y exerçait ses ravages, les catholiques, le clergé lui-même, y avaient perdu trop souvent la régularité et la gravité des mœurs chrétiennes. M. de Caulet avait compris, à l'école du Fondateur de Saint-Sulpice, que toute pour restauration religieuse est la réforme du clergé : il se consacra à cette réforme avec une énergie indomptable (Fernand Mourret, Histoire générale de l'église: L'ancien regime: 17ème et 18ème siècle, 1919 - books.google.fr).