Partie IX - Synthèse   Chapitre LXVI - La Rose kabbalistique   Joué-sur-Erdre   

Joué-sur-Erdre

La commune qui vivait jadis de l'industrie du fer comme Riaillé, et Aix-en-Othe, avec son haut-fourneau de La Vallée, s'est orientée par la suite vers l'élevage en de gras pâturages.

Elle avait au XIIe siècle les chapelles de Saint-Donatien et de Notre-Dame-des-Langueurs, Capella S. Donatiani de Joseio et capella S. Marie de Landa, 1186 (Cart. de St-Florent). Donatien de Carthage est fêté le 19 mai mais celui de Nantes avec son frère Rogatien le 24 mai au temps des Rogations.

Lobineau prétend qu'on faisait la fête de ces deux saints, en Angleterre, dès le VIIème siècle. Les Nantais les ont toujours honorés comme leurs patrons, et la ville et le diocèse ont éprouvé plus d'uni fois les heureux effets de leur protection. Les anniversaires de l'église collégiale de Nantes nous apprennent que leur office fut fondé double le 19 mai 1447, par Jean Bouchard, prêtre de l'église paroissiale de Saint-Similien (Jean Ogée, A. Marteville, Pierre Varin, Dictionnaire historique et géographique de la province de Bretagne, Volume 2, 1845).

Le 13 août 1487, après l'échec du siège de Nantes (du 19 juin au 6 août 1487) tenu par le duc de Bretagne, le roi Charles VIII et Anne de Beaujeu campent avec leur troupes dans la paroisse de Joué.

De 1515 à 1525, Françoise de Foix, maîtresse de François Ier, réside au manoir de Vioreau où elle réside lors de l'union de la Bretagne à la France.

L'une des belles châtelaines, du temps de Françoise de Foix, épousa le seigneur de Vioreau ; cette « Viorelle » est restée dans la légende par sa beauté et par sa mort prématurée. C'est lors d'un séjour du roi François 1er qu'elle prit froid, au soir d'un bal, où elle avait tant brillé comme demoiselle d'honneur de la Comtesse de Châteaubriant (chouannerie.chez-alice.fr).

La Rose prisonnière

Un des plus beaux noms, dans les fastes de la chevalerie, était celui de la noble famille de Foix, liée par son origine aux maisons de France et de Navarre, et issue de Jean Ier de Grailly qui fonda Villefranche de Lonchat et dont la famille possédait le château de Gurson (Carsac-de-Gurson). Ce nom remontait à la croisade de Philippe-Auguste, pendant laquelle Roger Raymond, comte de Foix, se signala au siége d'Ascalon. Mais le plus poétique de tous fut Gaston de Foix, vicomte de Béarn, qui reçut le nom dePhébus, à cause de la beauté de ses traits et de sa blonde chevelure qui descendait en boucles ondoyantes sur ses épaules ce fut ce grand chasseur aux huit cents chiens en meute, qui écrivit le livre si précieux : Du déduist de la chasse, des bêtes sauvages et oiseaux de proie. De cette illustre tige, était issu Gaston de Foix, fils de Jean de Foix. vicomte de Narbonne et de Marie d'Orléans, sœur du roi Louis XII, créé duc de Nemours, et tué vaillamment à la bataille de Ravennes. Sa mort causa une douleur si profonde au roi de France, qu'il s'écria : « Je voudrais ne plus posséder un seul pouce de terrain en Italie, et pouvoir à ce prix faire revivre mon neveu Gaston de Foix et tous les autres braves qui ont péri avec lui. Dieu nous garde de remporter souvent de telles victoires. » Ces regrets étaient ceux de l'armée entière; elle gardait un bon souvenir de ce courageux jeune homme, qui s'était élancé sur les Espagnols en poussant ce noble cri : « Qui m'aimera si me suive! » et tous l'avaient suivi, parce que tons l'aimaient, et la gloire avec lui. Gaston de Foix avait pour sœur, Françoise de Foix, mariée très-jeune avec Jean de LavalMontmorency, seigneur de Chateaubriand, en Bretagne. Elle y vivait fort retirée, lorsque François Ie fit publier par tout son royaume ce bel adage: « qu'une cour sans dames était comme un printemps sans roses, » devise charmante d'Alain Chartier, détournant le mot de Périclès. Le Roi appela donc toutes les belles châtelaines à Fontainebleau, où il ne fut plus question que de galanteries, passes d'armes et tournois.

Selon Varillas et les romanciers qui l'ont suivi (l'auteur des Galanteries des rois de France, Lesconvel, la Dixmerie, madame de Murat, etc.), la dame de Chateaubriand vivait ensevelie dans le vieux château de Chateaubriand, au fond de la Bretagne. Elle ne fut pas si bien cachée que le bruit de sa beauté ne parvînt jusqu'à François Ier. Ce prince, qui disait qu'une cour sans femmes est un printemps sans roses, voulut orner sa cour de la rose prisonnière. Le comte de Chateaubriand était jaloux. De deux bagues parfaitement semblables, il en laissa une à sa femme, lui défendant de quitter sa retraite, quelque instance qu'il lui en fit par écrit, à moins que cet écrit ne fût accompagné de la bague qu'il gardait. (Ceci, soit dit en passant, ressemble beaucoup à l'histoire de Childéric Ier.) La bague du comte lui fut dérobée, mise à son insu dans une lettre d'invitation qu'il envoyait à la châtelaine, et la comtesse de Chateaubriand arriva à Fontainebleau. Elle fut aimée de François Ier, céda à sa passion après une assez longue résistance, et' fut ensuite abandonnée par l'inconstant monarque, qui se prit d'un nouvel amour pour mademoiselle d'Heily, duchesse d'Étampes.

On ne peut dire si cette légende n'est pas empruntée aux Cent nouvelles nouvelles du roi Louis XI, si elle n'était pas un de ces contes imités de Boccace alors fort goûtés; mais un fait incontesté, c'est que, dès cette année, on voit madame de Chateaubriand régner en souveraine, et disposer des commandements les plus élevés en faveur de sa famille, illustre au reste, et si brave, Gaston de Foix, son frère, était mort glorieusement à la bataille de Ravennes; le second, Odet de Foix, sire, puis maréchal de Lautrec, avait bravement servi en Italie et était resté à Milan après le départ du roi et du connétable, chargé du commandement de l'armée. (Capefigue (Jean Baptiste Honoré Raymond), Diane de Poitiers, Reines de la main gauche, 1860).

Jean de Laval-Montmorency, seigneur de Chateaubriand (terre qu'il tenait de son trisaïeul, marié à l'héritière de Dinan-Chateaubriand), Jean de Laval avait à femme Françoise, fille de Phébus de Foix, de la maison qui transmit la couronne de Navarre à la maison d'Albret. Françoise de Foix, comtesse de Chateaubriand. J'ai ouï conter, dit Brantôme, et le tiens de bon lieu, que lors« que le roy François Ier eut laissé madame de Chateaubrient, sa « maîtresse fort favorite, pour prendre madame d'Estampes...., ainsi « qu'un clou chasse l'autre, madame d'Estampes pria le roy de retirer « de ladite dame de Chateaubrient tous les plus beaux joyaux qu'il « lui avoit donnés, non pour le prix et la valeur, car pour lors les « pierres n'avoient la vogue qu'elles ont depuis, mais pour l'amour « des belles devises qui étoient mises, engravées et empreintes, les« quelles la royne de Navarre, sa sœur, avoit faites et composées, « car elle étoit très-bonne maîtresse. »

Brantôme ajoute que madame de Chateaubriand fit fondre les joyaux, les remit au gentilhomme envoyé de la part de son royal amant en lui disant : « Portez cela au roy, et dites-lui que puisqu'il « lui a plu me révoquer ce qu'il m'avoit donné si libéralement, • je le lui rends et le lui renvoyé en lingots d'or. Quant aux devises, « je les ai si bien empreintes et colloquées en ma pensée, et les y « tiens si chères, que je n'ai pu souffrir que personne en disposât, « en jouît et en eût du plaisir que moi- même. »

La conclusion de tout cela, d'après Varillas, fut que le mari offensé enferma sa femme pendant six mois à Chateaubriand, dans une chambre tendue de noir, et lui fit ensuite ouvrir les veines. La chose advint pendant la captivité du roi à Madrid, en 1526. C'est dommage que la chronologie ne s'accorde point avec cette histoire. Il est certain que madame de Chateaubriand reparut à la cour après la bataille de Pavie, et qu'elle ne mourut que le 16 octobre, en 1537. Le comte de Chateaubriand lui éleva un tombeau décoré d'une statue, et Marot composa l'opitaphe suivante qu'on lisait sur le monument de Françoise, dans l'église des Mathurins (c’est-à-dire les Trinitaires : voir Sainte-Croix), à Chateaubriand :

Un ancien procès-verbal manuscrit dressé en 1663 et décrivant dans les plus petits détails l'intérieur de cette église, les tombeaux qu'elle renfermait et l'état de ses vitraux richement armoriés peut nous tenir lieu du dessin qui nous manque. En voici un extrait : « Dans l'enclos du balustre du maître autel sont deux monuments enfoncés dans le mur à la hauteur de quatre pieds et demi de terre, l'un du côté de l'Evangile, et l'autre du côté de l'Epître. » Dans le premier est la figure d'une femme auprès de laquelle est une pierre verte (d'ardoise), qui porte inscription épitaphe en lettres d'or et d'argent dont le titre est: Peu de telles. L'un des côtés porte : Prou de moins, et l'autre côté : Point de plus, et le corps dudit épitaphe refère ces termes :

Soubs ce tombeau est Françoise de Foix

De qui tout bien tout chacun soûlait dire

Et le disant oncq une seule voix

Ne s'avança de vouloir contredire

De grand beauté, de grâce qui attire,

De bon scavoir, d'intelligence prompte,

De biens, d'honneurs et mieux que ne raconte,

Dieu éternel richement l'estoffa.

0 viateur pour t'abréger le compte

Cy gist un rien là où tout triompha.

Et au-dessous est écrit : « Décédée le saiziesme d'octobre mil cinq cents trente-sept » avec des armes au-dessous my Chasteaubriant et de Foix. Il est certain pourtant que le comte de Chateaubriand fut soupçonné d'avoir attenté aux jours de sa femme. Brantôme préfend que M. de Chaleaubrient donna sa belle terre de Chateaubrient au connétable de Montmorency pour avoir l'ordre; sur quoi Le Laboureur fait observer que ce fut pour avoir le gouvernement de Bretagne et aussi pour le tirer de la poursuite que l'on faisoit contre lui pour la mort de sa femme, dont il éloit accusé (François-René de Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, Volume 6, 1851).

Un pendu

Le château de la Chauvelière, XVIIe-XIXe siècle, a appartenu au chancelier de Bretagne. Durant la Révolution, le château est la propriété de la famille Goyon, laquelle élève au nord- ouest du château une chapelle dédiée à Saints Donatien et Rogatien au bord d'une fontaine miraculeuse. À l'intérieur se trouvait un gisant ou une statue représentant la Viorelle. Tombée en ruine, elle fut remplacée par la croix de Choizeaux. La Chauvelière avait son propre moulin à eau, puis moulin à vent, à La Mouzinière.

Les principaux propriétaires du château ont été : les De La Rivière ; les Crapado, amis des barons de Châteaubriant ; Angier de Lohéac alliés aux ducs de Retz ; Goyon-Matignon de Marcé marquis de La Chauvelière et du Ponthus, cousins des Fourché de Quéhillac ; Perrin de La Courbejolière de Monaco ; Richard de La Rivière d'Abbaretz ; de Charette. Le château était le siège d'une haute juridiction dont les fonctionnaires seigneuriaux furent les Mazureau de L'Auvinière, les Leconte alliés aux Sagory, les Lhotellier, Roussel, et Guibourd (fr.wikipedia.org - Joué-sur-Erdre).

Fut découverte une entreprise sur la ville de Rennes, de laquelle le seigneur de Crapado était le chef, qui était de rendre la ville au seigneur de Mercoeur en saisissant la porte de Toussaint. Les troupes de l'union s'avançaient vers Rennes par divers endroits, et dans vingt-quatre heures se devait jouer la tragédie, lorsque quelqu'un découvrit le tout. Le sieur de Crapado est saisi, mis prisonnier, et la chose étant avérée, il fut trouvé coupable et comme tel condamné à être traîné sur une claie, à la queue d'un cheval, jusque au Champ-Jacquet, et là y avoir la tête tranchée, ce qui fut exécuté.

Le baron de Crapado se nommait Angier de Lohéac, seigneur de la Chauvelière. Il était député de la noblesse des états de Bretagne vers le roi lorsqu'il fut arrêté et jugé par un conseil de guerre. Il avait été chargé de porter au roi les plaintes de la noblesse contre le prince de Dombes. La condamnation du baron de Crapado, prononcée par un conseil de guerre le février 1593, souleva toute la Bretagne d'indignation lorsque Henri IV l'apprit, il blâma hautement ce déni de justice (www.infobretagne.com - Crapado).

Le Sieur du Chastellier Preauvé fut soubzsonné, à cause qu'il estoit marié avecq une sœur dudit feu Sieur Baron ; & au mesme temps Dimanche qui appartenoit audit Sieur Marquis d'Asserac, estant aussi complice, fut traishé, sur la claye, & pendu & estranglé mourut (Pierre-Hyacinthe Morice, Collège de la Sainte Trinité de la Compagnie de Jésus, Mémoires pour servir de preuves à l'Histoire ecclésiastique et civile de Bretagne, 1746).

Le Marquis d’Assérac sera épargné (Les ratés du Saint Esprit 2).

Chevaliers de Malte

Jean-François Bonamico, de son nom italien Gian Francesco Buonamico (ou Gio Francesco), (né à Malte en 1639, mort en 1680), historien, naturaliste et littérateur. Il est médecin de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem, et descendant de la famille Bonamy de Nantes.

Gilles Richard, qui a fait une étude approfondie sur cette famille précise que sur le fait de leur descendance d'une famille immigrée de Florence: il faut encore souligner qu'elle n'est pour l'instant étayée par aucun document d'époque dûment authentifié, alors que les Bonamy sont très nombreux à Saint-Nicolas de Nantes ou Joué sur Erdre dès le XIVe siècle... Ceci pourrait être expliqué par un cas d'homonymie, ou par l'existence dans ce lieu de la famille des Bonamy de la première immigration italienne dans la région.

Francesco Buonamici, né à Florence d'une famille patricienne dont les ancêtres occupèrent souvent les premières charges de la dite ville, se retira en France avec d'autres exilés Fuorisciti (pour Fuorusciti) à cause des guerres civiles et factueux de sa patrie, et se fixa dans la Bretagne Armoricaine vers l'an 1479, et fut rattaché à la personne du duc regnant, François II, qui nomma un de ses fils et lui donna le Château Gaillard qui n'existe plus depuis 1793 (fr.wikibuster.org - Jean-François Buonamico).