Giambattista Vico
Vico expose dans La Science Nouvelle relative à la Nature commune des nations (La Scienza Nuova) une théorie cyclique (« corsi et ricorsi ») de l’histoire selon laquelle les sociétés humaines progressent à travers une série de phases allant de la barbarie à la civilisation pour retourner à la barbarie, Les nations suivent un cours qui les fait passer par les trois âges, divin, héroïque et humain. Lorsqu'une nation disparaît, par la conquête ou la décadence, les peuples de son sol la font renaître en passant de nouveau par ces trois âges ((fr.wikipedia.org - Giambattista Vico).
C'est une théorie chère à l'ésotérisme traditionnel en jeu dans la disparition de l'Atlantide.
C'est à Michelet qu'on doit de l'avoir redécouvert, non seulement en France mais aussi en Italie. Il est l'auteur des premières traductions des œuvres de Vico. Ses conceptions historiques en sont assez directement inspirées.
L'influence de Vico, reconnu de son vivant plutôt comme philologue que pour son système philosophique, se mesure surtout au début du XIXe siècle, lorsque Jules Michelet publie ses Principes de la philosophie de l’histoire (1835), et qu'il traduit et présente Vico comme un philosophe de l’histoire (fr.wikipedia.org - Giambattista Vico, Jurgen Trabant, Traditions de Humboldt, traduit par Marianne Rocher-Jacquin, 1999 - books.google.fr).
Bien que Humboldt n'ait pas lu Vico, la simultanéité biographique de l'intérêt pour l'Antiquité et l'Amérique chez Humboldt suffit à faire penser à Vico, c'est-à -dire au parallélisme entre Rome et la Grèce - Latium et Hellade - d'une part, et les Indiens d'Amérique d'autre part, qui est le fil conducteur de la Scienza nuova. Mais ce parallélisme laisse déjà transparaître aussi la différence entre les deux penseurs qui va faire l'objet de l'exposé suivant. L'Antiquité, Latium et Hellade, est pour Humboldt le lieu de la floraison intellectuelle et culturelle la plus haute qu'ait jamais connue l'humanité. Et pour ce qui est des langues, le grec est la langue la plus parfaite qu'ait jamais créée un peuple parce que prédomine en grec le principe de la synthèse, c'est-à -dire le principe du « mariage » de deux grandeurs qui, dans cette union intime conservent chacune leur intégrité (le modèle naturel sous-tendant la synthèse était, on le sait, l'amour). En revanche, l'Amérique est justement l'anti-Grèce. C'est le lieu d'un principe anti-grec, le principe de l'incorporation aussi bien dans la perspective politique que linguistique. L'incorporation n'est pas la synthèse de deux grandeurs qui ont les mêmes droits, mais la destruction de l'une par et dans l'autre (le modèle naturel de l'incorporation est la consommation d'aliments). Du point de vue politico-historique, les Espagnols, en Amérique, se sont « incorporé » les peuples américains de la façon la plus cruelle, au lieu d'opter pour une synthèse ou un mariage de la civilisation chrétienne et européenne avec la civilisation indienne. Abstraction faite de ce que les Aztèques furent eux aussi, selon Humboldt, de cruels « incorporateurs » politiques, le principe de l'incorporation pour la formation de la phrase règne dans les langues d'Amérique - Humboldt le montre en se référant au nahuatl -, c'est-à -dire que la phrase est condensée en un mot, que le mot particulier est incorporé dans le mot-phrase et perd son idividualité. Il en va tout autrement chez Vico. Premièrement, l'Antiquité dont traite la Scienza nuova est l'Antiquité « sauvage », préhistorique, le mythe grec et latin dans son foisonnement « tropical », et non la haute culture civilisée de l'époque historique - en termes nietzschéens, on pourrait dire qu'il s'agit davantage de la Grèce dionysiaque que de la Grèce apollinienne des classiques allemands. Deuxièmement, en raison de cela, l'Amérique « sauvage » des récits de voyage des XVIe et XVIIe siècles n'est pas le lieu opposé, mais le pendant de la préhistoire sauvage des peuples païens d'Europe, qui confirme synchroniquement les circonstances qui prédominaient chez les anciens païens, les « antichi gentili » (Jurgen Trabant, Traditions de Humboldt, traduit par Marianne Rocher-Jacquin, 1999 - books.google.fr).
A l’encontre du penseur italien qui considère l'imagination comme une simple forme de la mémoire, Humboldt associe étroitement image et signe, corps et esprit dans la synthèse du mot et du concept, au point de reconnaître dans la production du mot ce que la linguistique moderne a appelé la double articulation, c'est-à -dire le caractère à la fois indissociable et discernable de l'expression et du contenu (Jacques Guilhaumou, Lire Humboldt en français. Le cheminement vers la langue dans le contexte de la culture politique française, 2002 - htl.linguist.univ-paris-diderot.fr).
Alors que dans l'histoire de la nature règne l'instinct, aveugle et infaillible, dans l'histoire de l'homme c'est l'intelligence, gage d'une certaine liberté mais aussi d'erreurs et d'illusions, qui préside. Initiateur d'une « philosophie de l'histoire », Vico veut fonder une « science nouvelle ». Pour cela il va chercher, à partir d'une enquête empirique fort documentée mettant en évidence leurs différences culturelles (religions, langues, mœurs, mentalités...), les structures invariantes présidant aux évolutions non isochrones des « nations » historiquement apparues. La table chronologique divise l'histoire en trois âges, celui des dieux, des héros et des hommes, et présente un tableau qui va du déluge à la seconde guerre punique. Ce que Vico entend par « science » est plus proche de la conception d'un Bacon que de celle d'un Descartes : pour lui, la méthode dépend des objets à analyser, et l'induction est plus respectueuse des phénomènes que la déduction chère aux « géomètres ». Théorie et pratique doivent être séparées, et « c'est vouloir déraisonner avec la raison » que d'appliquer une même méthode aux deux domaines. Ce que l'on appellera bien plus tard « sciences humaines » acquiert ainsi ses premiers fondements scientifiques, même s'il faudra attendre les recherches de Dilthey pour les voir reconnues par les philosophes. Pour Vico, l'unification des savoirs, malgré le souci de cohérence, voire de systématicité « circulaire » – selon les belles analyses de son excellent traducteur en français, Alain Pons – constamment réaffirmé, ne peut se faire contre la complexité des objets à examiner (Francis Wybrands, « LA SCIENCE NOUVELLE, livre de Giambattista Vico », Encyclopædia Universalis - www.universalis.fr).
Vico’s emphatic rendition of the hermetic in Bacon’s thought expanded the latter’s varied arguments on secrecy first proposed in The Advancement of Learning. Bacon had written often about hieroglyphics, secrets, and, in an appendix that followed the discussion of grammar, what he called “cyphars†(Bacon later amplified the importance of ciphers in De Augmentis Scientarum, where he proposed a simple “bilateral cipher†that could be created by the manipulation of typography on the printing press). While Vico did not elaborate any cipher system per se, his historical works retained Bacon’s interest in hermetic languages. Hermetic languages – systems of obscure symbols, occult lore, and the mysteries of poetry – constituted the classical foundations of human history. If the remote and hermetic ancient metaphors constituted the secret grammar of human history, than the amphitheaters and pyramids were minor ruins when compared to the subterranean forces by which the ancient languages continued to shape contemporary laws, social forms, and, lasting institutions. By incorporating Bacon’s interest in secret languages and extending it to the global scale of civilizations and empires, Vico had effectively proven that history, with its laws, peoples, institutions, arts, was governed also by hermetic forces, and these could only be brought to light by the combined speculative power and grammatical rigor of a new historical science that did not separate the human mind from human history. [...]
While cryptology (the reading and writing of secret languages) and its institutions may seem entirely disconnected to the casual observer from the arguments central to Vichian historicism or Cartesian rationalism, the opposite is in fact true. Indeed, the mechanistic line inaugurated by Descartes would converge with modern cryptology (as would the Vichian reply). Beginning with George Boole in the mid-19th century and ending with Alan Turing following WWII, British scientists developed effective mathematical models and machines that would enable humans to build computers ; and both Boole and Turing developed computers in relation to cryptology. Yet cryptology was sustained most often by literary humanists rather than mathematicians and engineers during the inter-regnum between Boole’s first computational devices and Turing’s bombes at Bletchley Park. [...] The mechanistic model of modern cryptology is incomprehensible with out the historical models of language and culture developed by literary humanists after Bacon and Vico. [...]
A strain of literary hermeticism developed slightly later than the previous two. It appeared in the United States slightly after the excitement of the Rosetta Stone’s decipherment had inflected the American Renaissance. This tangent of the hermetic style sought to ascribe the authorship of Shakespeare’s plays to Francis Bacon (a scientist and aristocrat) rather than concede them to Shakespeare (a commoner). The gothic, American Renaissance version of the hermetic style and this tangent were indeed connected, as Nathaniel Hawthorne penned the introduction to one of its first major works, The Philosophy of the Plays of Shakespeare Unfolded by Delia Bacon (1857). A scandalous book by a Minnesota politician named Ignatius T. Donnelly had the most far-reaching consequences with respect to this third strain. Donnelly’s book The Great Cryptogram (1888) returned to Bacon’s “cyphars†in order to propose a controversial thesis : that the typographic design of the Folio editions of Shakespeare’s plays concealed Sir Francis Bacon’s signature. The signature was revealed, Donnelly claimed, when a mathematical system was applied to the text. The signature was a variation of the cipher system outlined by Bacon in the later De Augmentis Scientarum. Donnelly claimed from this cryptological evidence that Francis Bacon was the true author of Shakespeare’s works. Donnelly’s “Baconian†theory was ridiculed in the American popular press. The negative publicity ruined his publishing career. His previous books, one about the lost city of Atlantis, another on the Scandinavian myth of Ragnarok, had sold well ; The Great Cryptogram did not. Donnelly’s prospects for a national political career were also weakened by the reviews (he was then a member of the Minnesota State legislature, and the state’s former lieutenant governor). The Great Cryptogram provoked extensive debate between Shakespeareans and the Baconians who followed Donnelly. Pott’s Francis Bacon and His Secret Society (1891) and Robert M. Theobald’s Shakespeare Studies in Baconian Light (1901) reinforced the Baconian position. The Baconian’s motives were not primarily scientific or aesthetic (as were those of the philologists who argued that Shakespeare composed the plays) but socio-political. The Baconians targeted often the 19th century educational reformists who were dedicated to using William Shakespeare, a ‘commoner,’ to educate the American immigrant underclass (Donnelly ran with disastrous results for Vice-President on the Populist ticket in 1900). [...]
The conflict was particularly intense in the Midwestern states, where it found an important if minor institutional residence in the first decade of the twentieth century at the Riverbank Laboratories of a certain Colonel Fabyan, a wealthy Illinois businessman. Fabyan hired a Baconian, Elizabeth Wells Gallup, to direct a laboratory dedicated to the Baconian cipher. Gallup, a disciple of an earlier Baconian named Dr. Orville Ward Owen, directed the Riverbank cipher work until immediately before the First World War; it was then that a few of the Riverbank Baconians (together with several prominent English professors) volunteered to transform the U.S. military intelligence apparatus during WWI. This third strain of 19th century literary hermeticism was later institutionalized within the cyclopean mid-century system of U.S. intelligence services mandated by the National Security Act of 1947, the story of which occupies much of the current study. [...]
Donnelly’s book also stirred controversy in England, where The Great Cryptogram was received as an insult to the nation and its empire. Donnelly was invited to England to present his theory, where he was soundly routed in debate at Oxford University. Where the book was embroiled in the U.S. politics of social reformism and Social Darwinist elitism, Donnelly’s theories were perceived in England as a threat to Shakespeare’s foundational eminence in British history and, in turn, a threat to British cultural superiority (Henry Veggian, Mercury of the Waves: Modern Cryptology and U.S. Literature, 2005 - d-scholarship.pitt.edu).
Wolfe Friedman est né en 1891 en Russie. Son père était un Roumain parlant huit langues qui travaillait comme interprète pour la poste russe. Sa famille a émigré aux États Unis en 1892, et il a pris le prénom de William au moment de sa naturalisation américaine. Il a fait des études scientifiques à l'université Cornell, l'une des universités de l'Ivy League où il s'intéresse à la génétique. Il est embauché au laboratoire d'acoustique de Riverbank, qui est une institution privée de recherche qui s'intéresse également à la chimie, à la génétique et à la cryptologie, en particulier pour essayer de prouver que les pièces de Shakespeare ont été écrites par Francis Bacon, théorie née de l'observation de différences typographiques dans l'édition originale des œuvres de Shakespeare, faisant pensé au procédé de stéganograhie décrit par Francis Bacon. George Fabyan, fondateur et directeur de l'institut de recherche Riverbank pense que la validation de cette théorie le couvrira de gloire. Friedman a réalisé quelques études génétiques à Riverbank, mais a surtout aidé l'équipe des cryptologues qui étudiaient la controverse Shakespeare/Bacon pour finalement l'invalider. Il s'est finalement retrouvé à la tête du département de cryptologie. Son travail concerne surtout la cryptanalyse. Il le mènera avec son épouse Elisebeth, également cryptologue à Riverbank à partir de 1916. Lors de l'entrée en guerre des États Unis en 1917, le gouvernement charge Riverbank du décryptement de certaines dépêches interceptées. Friedman dispense également des cours de cryptographie destinés aux officiers de l'armée. [...]
William Friedman s’attèle au décryptement du Manusrit de Voynich. Ce document a été mentionné en 1639 dans une lettre d’un jésuite allemand nommé Athanasius Kircher, orientaliste et graphologue. Il a été acquis en 1912 par un bibliophile polonais Wilfrid Voynich (1865-1930). Le document est constitué de 234 pages de 15x23 cm. sur papier Vélin contenant du «texte» et des illustrations. Il aurait été écrit entre 1408 et 1436 avec un alphabet inconnu. Friedman a essayé sans succès de vérifier s’il s’agissait d’un chiffrement polyalphabétique. Ce document reste un mystère. Il a été étudié par de nombreux linguistes et mathématiciens qui ont cherché à savoir s’il s’agissait d’un texte dans lequel les voyelles ont été supprimées, d’une langue naturelle exotique comme le chinois, le tibétain ou le birman, d’un langage construit ou simplement d’un canular (Philippe Guillot, Histoire de la cryptologie, 2014 - ufr6.univ-paris8.fr, Thèmes : Le Code Voynich).
Ignatius Donnelly
Donnelly s'intéresse aux thèse baconiennes dès 1872. Caesar's Column est publiée en 1890 sous le nom d'auteur d'Edmund Boisgilbert, Doctor Huguet en 1891, The Golden Bottle or the Story of Ephraim Benezet of Kansas en 1892 (Ignatius Donnelly, Caesar's Column: A Story of the Twentieth Century (1890), présenté par Nicholas Ruddick, 2003 - books.google.fr).
Donnelly demonstrated his goodwill toward the Jews (according to his lights) in The Golden Bottle, a more "positive" utopian novel that embodies ideas advanced by the People's party. The hero, Ephraim Benezet, is given a "golden bottle." Anything introduced into the bottle emerges as gold. It all turns out to be a dream, but much happens before the author reveals this denouement. Benezet becomes fabulously rich, is elected president, conquers the whole world, and becomes "President and Commander-in-Chief of the Army of Liberation." All monarchies fall to the liberators, and Benezet declares the formation of "the United Republics of Europe." After Russia is conquered a millennium of peace ensues — all through the power of the golden bottle, which, writes Donnelly, "represents the power of government to create its own money." With that power it will do all you dreamed the Bottle did. Before leaving Europe for home, Benezet restored Palestine to the Jews (Louis Harap, The Image of the Jew in American Literature: From Early Republic to Mass Immigration, 2003 - books.google.fr).
Donnelly s'en prendra cependant à la ploutocratie qu'elle soit chrétienne ou juive, et en particulier aux Rothschild. Il milite pour le bimétalisme, l'utilisation de l'argent concurremment avec l'or. Il suppose une conspiration de banquiers anglais et juifs qui se font payer en or les bons du trésors américains, empochant d'énormes profit (The American People's Money, 1895). Dans Caesar's column, en 1988, le monde est dominé par les Juifs qui exploitent des travailleurs non-juifs, et un intellectuel juif russe vole une somme considérable pour restaurer un état hébreu en Palestine, comme dans The Golden Bottle.
Il montre encore sa bonne volonté dans un précédent livre The Doctor Huguet où l'esprit d'un blanc se retrouve dans le corps d'un noir en punition divine de ne pas appliquer ses idées progressistes (Norman Pollack, The Just Polity: Populism, Law, and Human Welfare, 1987 - books.google.fr, Robert Underhill, Against the Grain: Six Men Who Shaped America, 2014 - books.google.fr).
Donnelly was born to a working-class family of Irish immigrants in Philadelphia, but he moved west as a young man and settled in Minnesota. Ignatius Donnelly attacked the evils of the social and economic systems in America in his anti-utopian novel, Caesar's Column: A Story of the Twentieth Century, and other works of fiction. His novels supported a more agrarian society and opposed industrialism. In short, he was a naturalist, much like Stephen Crane and Theodore Dreiser. He pushed for the establishment of the National Bureau of Education to secure equal educational opportunities for everyone, regardless of race (Edd Applegate, American Naturalistic and Realistic Novelists: A Biographical Dictionary, 2002 - books.google.fr, John Michael Greer, Atlantis: Ancient Legacy, Hidden Prophecy, 2007 - books.google.fr).
L'évolution politique de Donnelly vers le populisme marque une désillusion envers la capacité du politique d'assurer des réformes sociales envers les fermiers et les travailleurs. Cela peut être reflété par son pseudonyme "Boisgilbert" qui marquerait un rang social élevé ainsi que par les thèses baconiennes qui refusent à un homme du commun comme Shakespeare la paternité d'une oeuvre qui serait la production d'un aristocrate et un scientifique, Francis Bacon (Christopher David O'Shea, Ignatius Donnely, Encyclopedia of World Poverty, 2006 - books.google.fr).
In his refutation of the analysis of Populism in The Age of Reform (1955), Pollacks isolates Hofstadter's five primary themes : "the idea of a golden age ; the concept of natural harmonies [the inherent harmony of farmers and workers, the producing class] ; the dualistic version of social struggle [producers versus non-producers]; the conspiracy theory of history ; and the doctrine of the primacy of money." Pollack concludes that Hofstadter's five themes are inapplicable to Populism (which may be broadly correct) ; nevertheless, these five themes are excellent compartmentalizations of the political, social and economic thought reflected in Donnelly's prose (Allan M. Axelrad, Ideology and utopia in the works of Ignatius Donnelly - journals.ku.edu).
Ephraïm Benezet, du Kansas à Avignon
Le dernier but de l'alchimie n'était pas tant de trouver l'or que d'obtenir l'or pur, l'or potable, le breuvage d'immortalité. On racontait la merveilleuse histoire d'un bouvier de Sicile, du temps du roi Guillaume , qui, ayant trouvé dans la terre un flacon d'or, but la liqueur qu'il renfermait et revint à la jeunesse. Roger Bacon, Opus majus, p. 469. Quelques-uns se vantèrent de n'avoir point souillé pour rien. Raymond Lulle, dans leurs traditions, passe en Angleterre, et pour encourager le roi à la croisade, lui fabrique dans la Tour de Londres pour six millions d'or. On en fit des nobles à la rose, qu'on appelle encore aujourd'hui nobles de Raymond. Il est dit dans l'Ultimatum testamentum, mis sous son nom, qu'en une fois il convertit en or 50 milliers pesant de mercure, de plomb et d'étain. Le pape Jean XXII, à qui Pagi attribue un traité sur l'Art Transmutatoire, y disait qu'il avait transmuté à Avignon 200 lingots pesant chacun un quintal, c'est-à -dire 20,000 livres d'or. Était-ce une manière de rendre compte des énormes richesses entassées dans ses caves ? — Au reste, ils étaient forcés de convenir entre eux que cet or qu'ils obtenaient par quintaux, n'avait de l'or que la couleur. [...]
Au moyen âge, celui qui sait où est l'or, le véritable alchimiste, le vrai sorcier, c'est le juif; ou le demi-juif, le Lombard. Le juif, l'homme immonde, l'homme qui ne peut toucher denrée ni femme qu'on ne la brûle, l'homme d'outrage, sur lequel tout le monde crache, c'est à lui qu'il faut s'adresser. Sale et prolifique nation, qui, par-dessus toutes les autres, eut la force multipliante, la force qui engendre, qui féconde à volonté les brebis de Jacob ou les sequins de Shylock. Pendant tout le moyen âge, persécutés, chassés, rappelés, ils ont fait l'indispensable intermédiaire entre le fisc et la victime du fisc, entre l'agent et le patient, pompant l'or d'en bas, et le rendant au roi par en haut avec laide grimace Mais il leur en restait toujours quelque chose... Patients, indestructibles, ils ont vaincu par la durée. Ils ont résolu le problème de volatiliser la richesse; affranchis par la lettre de changeals sont maintenant libres, ils sont maîtres; de soufflets en soufflets, les voilà au trône du monde (Jules Michelet, Histoire de France, depuis les origines jusqu'à la fin du XVe siècle, 1840 - books.google.fr).
Selon les auteurs anglo-saxons, la pierre associée à Ephraïm serait le ligure ou leshem qui correspondrait à l'hyacinthe (Henry William Soltau (1805-1875), The Tabernacle, the Priesthood, and the Offerings (1865), 1972 - books.google.fr, Samuel Parker, Thomas Haywood, Bibliotheca biblica, Volume 2, 1722 - books.google.fr).
Contrairement au Lapidaire chrétien du XIIIème siècle, qui relie Ephraïm à l'émeraude (La Vraie Langue Celtique de l’abbé Henri Boudet : Trésors : Les Bijoux de la Castafiore).
The Hyacinth, or Jacinth, he tells us, is of a deep tawny Red, like old Port Wine. It is very true, that many Jacinths are of this Colour (John Hill, A Review of the Works of the Royal Society of London, 1751 - books.google.fr).
Il existe un archevêque d'Avignon du nom de Hyacinthe Libelli, né à Citta del Castello près de Pérouse. Il procéda en 1672 à la translation du corps de saint Bénézet dans l'église des Célestins, ordre fondé par Pierre Morrone, le pape démissionnaire Célestin V (Adrien Baillet, Les Vies des Saints, Tome I, 1724 - books.google.fr).
Joseph Ciantes dédicaça au maître du Sacré Palais apostolique le dominicain Libelli, en 1668, son De Sanctissima Incarnatione. Ciantes avait la charge de prédicateurs des Juifs depuis 1626, nommé par Urbain VIII. Il y fait profession de foi anti-kabbalistique (Laszlo Toth, Joseph Ciantes, kabbaliste chrétien tardif ?, Documents oubliés sur l'alchimie, la kabbale et Guillaume Postel: offerts, à l'occasion de son 90e anniversaire, à François Secret par ses élèves et amis, 2001 - books.google.fr).
Durant le XIVe siècle, les Papes résident en Avignon où la présence de la cour papale favorise l'activité des Juifs, malgré une tentative de les en expulser. En effet, en 1322, Jean XXII expulse les Juifs d’Avignon et du Comtat1 qui se réfugient en Dauphiné et en Savoie. Pour parfaire l’expulsion, le pape juge utile de faire jeter à bas les synagogues de Bédarrides, Bollène, Carpentras, le Thor, Malaucène, Monteux et Pernes. Cette expulsion est de courte durée car le même pape, en 1326, lors du concile d’Avignon impose aux garçons juifs dès l’âge de quatorze ans de porter la rouelle jaune et aux filles, dès douze ans, de s’affubler d’un voile distinctif (cornalia ou cornu) (fr.wikipedia.org - Juifs du Pape).
Un pseudonyme : Edmund Boisgilbert
On trouve un Boisgilbert dans le roman historique de Walter Scott Ivanhoé rendu en français par Boiguilbert (Ignatius Donnelly, Caesar's Column: A Story of the Twentieth Century (1890), présenté par Nicholas Ruddick, 2003 - books.google.fr).
Wilfred d’Ivanhoé, fils du noble saxon Cédric, est épris de la pupille de son père Lady Rowena mais Cédric, ferme partisan du retour sur le trône d’Angleterre de la race saxonne pense marier Rowena à Atelsthane, chevalier saxon de sang royal ; il exile son fils Ivanhoé qui part pour la Croisade avec Richard Cœur de Lion dont il gagne la confiance, l’estime et l’affection. En l’absence de son frère, le Prince Jean veut s’emparer du trône... L’histoire devient le moteur de l’action et le prétexte à de brillants épisodes dont les plus célèbres sont la scène du tournoi où Ivanhoé écrase tous les chevaliers du Prince Jean, le deuxième morceau de bravoure étant l’assaut du château de Torquilstone (où Ivanhoé est blessé) et où Cedric, Rowena, Athelstone et Rebecca sont emprisonnés et seront délivrés par une bande de brigands et de saxons commandés par Robin Hood de Lockley et le Roi Richard (revenu en grand secret) (www.cndp.fr).
Dans l'opéra de Rossini, la juive Rebecca devient la musulmane Leïla, et le château de Torquilstone, Saint-Edmond. Chez Scott, Saint-Edmond est le nom d'une abbaye devant laquelle Aethelstan, saxon de sang royal, que le père d'Ivanhoé Cédric destine en mariage à Lady Rowena dont le héros est épris, est déposé dans un cercueil après avoir été cru mort à la suite d'un coup de hache.
Torquil Scottish version of the Old Norse name Thorketill (meaning "Thor's cauldron"). The name came to Britain with the Danes and entered Gaelic culture as Torcall, Torcul or Torcail. Torkel is another variant (David Pickering, The Penguin Book of Baby Names, 2009 - books.google.fr).
Chez Scott, Boisgilbert est un templier qui oublie ses voeux de moine, entiché de Rebecca. Il est normand.
Bois-Guilbert est une commune française située dans le département de la Seine-Maritime, en Normandie, liée à Pierre Le Pesant de Boisguilbert, né à Rouen le 17 février 1646 et mort à Rouen le 10 octobre 1714, écrivain et économiste français, un des importants précurseurs de la science économique moderne. Dans son ouvrage principal datant de 1695, Le Détail de la France, la cause de la diminution de ses biens et la facilité du remède en fournissant en un mois tout l’argent dont le Roi a besoin et enrichissant tout le monde, il décrit la ruine générale des Français de toutes les classes provoquées par le mauvais régime économique. Il réalise également la première schématisation en France d'un circuit économique en tant que tel, expliquant la circulation de l'argent dans la société d'Ancien Régime. Son analyse sera reprise et approfondie par Richard Cantillon. Critiquant Colbert pour avoir négligé l’agriculture, il soutient que la richesse d’un pays réside non dans l’importance de sa masse monétaire mais dans sa production et ses échanges. Il réclame également la liberté du commerce, en particulier celui des grains, et la réforme des impôts. Il fut beaucoup utilisé – mais peu cité – par les physiocrates, puis par Adam Smith (fr.wikipedia.org - Pierre Le Pesant de Boisguilbert).
Donnelly étant un homme politique, par intermittence, intéressé aux questions sociales et économiques, cet économiste français normand comme le personnage d'Ivanohé peut être en rapport avec le pseudonyme de l'auteur de Caesar's column. Il tourne d'ailleurs le dos au protectionnisme en 1869, comme néfaste pour le monde du travail.
Doctor Huguet
A Confederate general, with, as it seems, a ghastly sense of humor, rose from the battle-field, where he had been sleeping, after a hard-fought fight, and drew his cloak around him, for the morning was chilly. His place of slumber had been close to an extemporized field-hospital, and all aroupd him lay dead bodies and amputated legs and arms. He saw one of his colonels approaching him through the mist of early morning, and, stooping down, he picked up an arm which had been taken from some poor fellow, and, hiding it under his cloak, approached his friend. " Good morning, Colonel," he said, extending the dead hand from beneath his cloak. " Good morning, General," replied the Colonel, grasping the cold, dead member. The General stepped back, leaving the naked hand and arm in the grasp of the Colonel, who turned white with horror, and almost fainted when he perceived what he held. And the General broke into a roar of laughter which was interrupted only by the renewal of the battle. Think of it! Men on the very verge of eternity practicing such jokes with the mutilated fragments of mortality (Ignatius Donnelly, Doctor Huguet; a novel, 1891 - archive.org).
L'ensemble monumental des églises de Sant Pere de Terrassa est constitué par les églises romanes de Sant Pere, Sant Miquel et Santa Maria, situées au confluent des torrents de VallparadÃs et Montner, dans l'ancienne agglomération wisigothique d'Égara, origine du village de Sant Pere, aujourd'hui un quartier de Terrassa (Barcelone, Espagne). C'est l'ensemble artistique le plus important de la cité et un des joyaux de l'art roman catalan. Elles ont été le siège de l'antique évêché d'Égara aux Ve et VIIIe siècles.
Le retable des saints Abdó et Senén de l'église de Santa Maria de Terrassa, dans le bras gauche du transept, œuvre de Jaume Huguet, peint en 1460 pour l'église de Sant Pere. Il est très bien conservé et est un des plus célèbres de l'artiste. Les saints titulaires sont représentés au centre, entourés de scènes de leur vie et de leur martyre. Dans la partie inférieure sont les images des saints médecins anargyres Côme et Damien.
La plus célèbre de leurs cures miraculeuses, la greffe d'une jambe d'un Noir Ethiopien pour remplacer la jambe nécrosée d'un patient blanc, fit l'objet de nombreuses peintures et miniatures.
Jaume Huguet (ou Jaime Huguet), né à Valls vers 1415 et mort à Barcelone en 1492, était un peintre catalan (fr.wikipedia.org - Eglises de Sant Pere de Terrassa, fr.wikipedia.org - Jaume Huguet, Autour de Rennes le Château : Le Dragon et le Pôle de l’écliptique : Arles sur Tech, Abdon, Sennen, Râhu et Ketu).
Jaume Huguet, Predela del retablo de los santos Abdón y Senén, El milgaro de los santos Cosme y Damian - es.wikipedia.org
Les Ethiopiens font partie des Abyssins avec les Afars :
"Is it any more strange," I continued, "than the fact that the reddish-brown Arabs, according to Burckhardt and others, have become black in Africa. In fact, equatorial Africa has swallowed up scores of lighter-colored races, the Abyssinians, Mandingoes, Joloffs, Gallas, etc., and turned them all black" (Ignatius Donnelly, Doctor Huguet; a novel, 1891 - archive.org).
La représentation du miracle de la jambe noire est démonstrative du fait que la notion du "même" ne peut se départir de la présence de l'"autre". Autrement dit, que ressemblance et dissemblance, identité et altérité ne peuvent se penser autrement qu'en fonction de leur rapport réciproque. On peut ainsi soutenir, en citant Gilles Deleuze, que la "répétition de la plus exacte, la plus stricte, a pour corrélat le maximum de différence" (Deleuze, Différence et répétition, PUF, 1968), en précisant toutefois que dans le cas de Côme et Damien la différence atteint une position nouvelle et très particulière. Ce n'est pas entre les deux figures formant la paire gémellaire qu'elle se situe (comme c'est le cas dans l'Antiquité grecque), le Moyen Âge tardif refusant aux saints jumeaux la poqssibilité de se distinguer l'un de l'autre par la constante égalité où il les représente. C'est au contraire dans toute son altérité que la différence se révèle, projetée hors du sujet pour s'objectiver dans l'inquiétante figure du miraculé à la jambe noire. En définitive, tout se passe comme si le statut problématique de la ressemblance trouvait sa compensation (sa résolution ?) dans l'exception et la différence les plus extrêmes. Face à face, le familier et l'étrange restent bien hantés l'un par l'autre (David Ripoll, Copies conformes ? Réflexions sur la figuration de jumeaux imaginaires en Occident, Des jumeaux et des autres, Musée ethnographique, Genève, 1995, p. 97).
Donnelly introduit dans son roman sa thèse baconienne à propos des oeuvres de Ben Jonson, et plus seulement de Shakespeare. Il y parle de son Sejanus peut-être père de jumeaux par Livilla soeur de l'empereur Claude.
Livia Julia, née probablement en 13 av. J.-C., et morte en 31, est la seule fille d'Antonia Minor et de Drusus Germanicus. C’est la sœur de Germanicus et de Claude. Elle fut appelée Livia d’après sa grand-mère Livie, l´épouse d’Auguste et était appelée familièrement Livilla (petite Livie). Elle épouse le prince de la jeunesse, Caius, petit-fils d'Auguste et désigné comme son successeur. À la mort de celui-ci, on lui fit épouser Drusus, fils de Tibère. Elle lui donna une fille, Julia, et des jumeaux. À la mort de Drusus, après l'accession de Tibère au trône, elle se montra publiquement comme la maîtresse de Séjan, favori de l'empereur, qui chercha à l'épouser pour entrer dans la famille impériale. Avant même la naissance de ses jumeaux, Livilla entretenait une relation avec Séjan, le préfet du prétoire de Tibère. Plus tard, certains (dont Tibère) soupçonnèrent Séjan d’être le vrai père des jumeaux. Drusus, héritier putatif depuis la mort de Germanicus en 23 ap. J.-C. mourut la même année peu après une dispute avec Séjan. Selon Tacite, Suétone et Dion Cassius, Séjan empoisonna Drusus avec l’aide de Livilla non seulement parce qu’il craignait la vengeance du futur empereur mais aussi pour supprimer un concurrent dans sa course au pouvoir. Séjan voulait maintenant épouser Livilla. Tibère, en 25, rejeta la demande mais céda finalement en 31. La même année, l’empereur reçut de sa belle-sœur, Antonia Minor, des preuves que Séjan avait conspiré contre lui. Tibère fit dénoncer Séjan au sénat, l’arrêta et le sortit de prison pour l’exécuter. Une purge sanglante eut lieu alors à Rome, la plupart des parents (dont ses enfants) et partisans partagèrent son sort (fr.wikipedia.org - Livilla).
Jumeaux indiens au Minnesota
Les Latoka forment la branche occidentale d'une nation amérindienne, communément appelée Sioux, qui se subdivise en trois groupes : les Santees (Isanati), qui occupaient traditionnellement un territoire situé aujourd'hui dans l'Etat du Minnesota ; les Yankton (Ihanktonwan) et les Yanktonais, établis dans les prairies de l'Ouest du Minnesota, ainsi qu'à l'est des Etats du Nord et Sud-Dakota ; et enfin, les Latoka ou Teton (Titonwan), à l'Ouest de la rivière Missouri, dans les plaines du Nord-Dakota, Sud-Dakota, Montana, Wayoming et Nebraska. Au cours du dix-neuvième siècle, les Latoka entrèrent en contact avec les représentants de la jeune nation américaine : aventuriers, fermiers, militaires, chercheurs d'or, tous en route vers l'Ouest du continent. le choc culturel qui découla de cette violente rencontre bouleversa profondément le mode de vie des habitants des grandes plaines centrales. En moins de cinquante ans, les Latoka, peuple de chasseurs-cueilleurs, furent presque décimés par les maladies et les combats, avant d'être soumis à une existence sédentaire, dans des réservent qui ne cessèrent de se réduire, au fur et à mesure de l'avancée des Euro-américains. [...]
En 1868, les Latoka signent avec les Etats-Unis le traité de Laramie, qui délimite pour les Latoka un territoire s'étendant sur cinq états : Nord et Sud-Dakota, Nebraska, Wyoming, Montana. En 1876, après la découverte d'or dans les Collines Noires, ce territoire est réduit et ne s'étend plus que sur le Sud-Dakota, ainsi qu'une petite partie du Nord-Dakota. Les Latoka perdent les Collines Noires, lieu sacré, qui se tient au centre de leur monde. En 1889, la réserve est démantelée en plusieurs petites réserves, suite à une politique de distribution individuelle de parcelle (Allotment Act). [...]
En 1990, un siècle après le Massacre de Wounded Knee, au cours duquel l'armée américaine a ouvert le feu sur un campement de Latoka désarmés, tuant plus de trois cents d'entre eux, les Anciens ont déclarés la fin du deuil de leur nation. L'augmentation des naissances gémellaires, et surtout la mission accordées aux jumeaux, s'inscrivent dans ce vaste mouvement de "guérison". [...]
Le mythe de la création des Latoka peut-être divisé en cinq séquences : l'inondation, la pierre à pipe, Unktehi, l'aigle et la rescapée, les jumeaux créateurs du peuple Latoka. [...] Pipestone au Minnesota, où habitaient les Latoka, est une pierre sacrée qui représente le sang des ancêtres. La Pipe sacrée fut apportée par la Jeune Femme Bisonne Blanche après l'inondation provoquée par le monstre Unktehi. Elle est composée de deux éléments, la pierre et le bois. Ces composants symbolisent l'un la Terre, l'autre le Ciel. L'assemblage de cette pipe - effectué uniquement lors de la prière - réunit ces deux entités. Cet objet rituel est sacré, car il permet, à travers l'unification d'une dualité, de communiquer avec l'entité, l'unité suprême, Wakan Tanka. La Jeune Femme, après ses instructions, dit qu'elle reviendrait sous la forme d'un Jeune Bison Blanc. [...]
Les Latoka sont issus de deux jumeaux de sexes différents nés d'un jeune fille sauvée de l'inondation par l'aigle Wanblee Gleshka qui en est le père.
Le monstre Unktehi a un complément féminin Unhcegila qui sera tuée par deux autres jumeaux masculins dont l'un est aveugle. Ils sont aidés par la Vieille Femme Horrible qui leur promet de grands pouvoirs dont ils se lassent après la victoire. Ils détruisent le coeur d'Unhcegila qu'ils avaient conservé et redeviennent de simples hommes (Nathalie Gerber et Gilles Rüegsegger, Dualité et gémellité dans la culture latoka, Des jumeaux et des autres, Musée ethnographique, Genève, 1995, pp. 237-254).
Un médecin de la Renaissance : monstres et prodiges
Ce détachement, propre au spécialiste et garant de la justesse de son point de vue, s’avère d’autant plus crucial que le monde du diable ne se situe pas dans un « ailleurs » extra-terrestre, mais dans un ici-bas toujours présent, dont il est nécessaire de mettre en relief les espaces de rencontre et les frontières. Il s’agit d’un travail d’interprétation d’une grande complexité puisque rien, en cette fin de XVIe siècle, ne ressemble plus à un prodige naturel qu’un prodige démoniaque, comme [le lorrain] Rémy ne manque pas de le rappeler à de nombreuses reprises. « À notre époque, suffisamment de livres ont été publiés, qui sont remplis de prodiges de ce genre », écrit-il en parlant de cas médicaux insolites que plusieurs, à son avis, jugeraient d’emblée invraisemblables et ce, malgré le fait qu’ils soient parfaitement naturels et attestés par des hommes d’une grave autorité. Citant des affaires rapportées par des « auteurs aussi récents que réputés », dont Ambroise Paré, Fernel et Huguet, « deux médecins brillants et célèbres », et même Levinus Lemnius, il conclut : "Par conséquent, puisque ces faits sont perçus comme vrais par les sens qui nous apportent la vérité, c’est, bien sûr, se comporter à l’évidence d’une manière absurde que d’en interpréter comme un mensonge l’étrangeté et la difficulté. Comme si ce qui est extraordinaire ou difficile devrait être automatiquement considéré comme impossible et irréalisable, et comme s’il ne convenait pas d’apprécier chaque cas en lui-même" (Nicolas Rémy, La démonolâtrie, 1595) (Hélène Hotton, Les marques du diable et les signes de l’Autre. Rhétorique du dire démonologique à la fin de la Renaissance, 2011 - papyrus.bib.umontreal.ca).
Un Escolier nommé Chambelant, natif de Bourges, estudiant à Paris au college de Presle, avalla un espy d'herbe nommee Gramen, lequel sortit quelque temps apres entre les costes tout entier, dont il en il en cuida mourir ; et fut pensé par defunct monsieur Fernel, et monsieur Huguet, Docteurs en la faculté de Medecine. Il me semble que c'estoit forfait à Nature d'avoir expulsé ledict espy de la substance des poulmons, avoir faict ouverture à la membrane pleuretique et aux muscles qui sont entre les costes ; et neant-moins receut guarison, et croy qu'il soit encore vivant (Ambroise Paré, Des monstres et prodiges, présenté par Jean Céard (1579), 1971 - books.google.fr).
Then I told them that without education they could not be a free people; for Freedom and Ignorance were an incongruous pair, who bred two twin monsters, Anarchy and Despotism, and one of these was sure to devour the other. An ignorant people were only fit to be slaves, and sooner or later they were sure to be slaves — slaves to superstition, slaves to the crafty, slaves to the powerful (Ignatius Donnelly, Doctor Huguet; a novel, 1891 - archive.org).
Le dr Huguet échange son corps avec un noir délinquant nommé Sam Johnsing, ce qui représente un progrès pour le "Maure" qui n'est pas mort comme dans le miracle des saints Côme et Damien. Ils ont tous les deux le statut de vivant mais Donnelly n'abandonne pas l'idée que les Noirs soient inférieurs socialement et intellectuellement aux Blancs, et supérieurs aux Indiens (Allan M. Axelrad, Ideology and utopia in the works of Ignatius Donnelly - journals.ku.edu).
There is a sort of freemasonry among the negroes, whereby the servants of one house communicate the occurrences which happen in it to the servants of all the other hoUses ; and thus the news will spread, with almost telegraphic rapidity, throughout a whole neighborhood. It is said that the Indians have the same system. We are told, for instance, that the massacre of General Custer and his troops was known to the red men, five hundred miles from the scene of the disaster, long before the whites had heard of it by the electric wires. I suppose that our own race, before the days of newspapers, used the same means of disseminating information, and any startling news passed from mouth to mouth with wonderful rapidity (Ignatius Donnelly, Doctor Huguet; a novel, 1891 - archive.org).
A l'époque où le miracle de Côme et Damien a été le plus représenté, la notion de monstre s'ordonne toute entière au concept de différence. Dans les considérations relatives au monstre exprimées par Aristote que l'on retrouve disséminées chez les auteurs du Moyen Âge, il ressort que "le monstre n'est contraire qu'à la généralité des cas et non à la nature elle-même" (Kappler, Monstres, démons et merveilles à la fin du Moyen Âge, 1980) ; la première caractéristique du monstre est donc d'être différent. Ainsi, c'est une conception essentiellement normative que satisfait le point de vue du Moyen Âge, puisqu'il procède "par référence à des modèles dont les monstres s'écarteraient comme de mauvaises reproductions" (Kappler). A quel type de monstres appartient le corps du miraculé ? A la suite de Marc Le Blot, il est aisé de remarquer que "le corps est son propre jumeau. Tous corps est refendu en deux moitiés : de gauche à droite les organes sont deux, ou bien ils sont symétriques selon un axe médian" (Le Blot, Le corps double, 1980). partant de cette constatation générale, on peut déduire qu'un corps blanc pourvu d'une jambe noire relève de l'exception en ce qu'il faillit précisément au principe de gémellité qui ordonne les parties du corps entre elles. Naturellement jumelles à l'ordinaire, les deux jambes se voient radicalement refuser cette qualité. En cela, le miraculé et les jumeaux se situent à égale distance de la normalité : si celui-là accuse une différence là ou la ressembblance est la règle, ceux-ci offrent une ressemblance là où l'on s'attend à voir des différences. L'un "pèche" par défaut de conformité, les autres par excès (David Ripoll, Copies conformes ? Réflexions sur la figuration de jumeaux imaginaires en Occident, Des jumeaux et des autres, Musée ethnographique, Genève, 1995, p. 93-94).
Dr Huguet platonisant
I HAVE already said that I am not naturally ambitious. The scrambles and squabbles of public life have no charms for me. I have no respect for that kind of honor which belongs not to the man himself, but to the place he occupies; and which leaves him as soon as he is sundered from the place. It seems to me to be the smallest and the most unsubstantial of all human glories. Who can recall the long list of Roman consuls ? And yet they were mightier than kings in their day dreaded to the uttermost limits of the civilized world. But they are gone and forgotten, while the memory of Homer, of Plato, of Socrates is still fresh upon the tongues of men, and they stand out, limned upon the background of the ages, as distinctly as the living heroes of our own era (Ignatius Donnelly, Doctor Huguet; a novel, 1891 - archive.org).
Démons, sylphes, sylvains
Mary Ruddiman, fille de colonel, qui fait profession de thèses baconiennes, répond au Dr Huguet :
"The negro has been, in deed, the bete noir of the white people, from childhood. Individually the planter would treat any of them with kindness, nay, with affection; but collectively they are the incubus that site upon his breast when he sleeps ; the hobgoblin that is ready to start out at him from every bush. The strongest instinct he has is that they must be put down, kept down; shot down if they cannot be kept down in any other way." (Ignatius Donnelly, Doctor Huguet; a novel, 1891 - archive.org).
On trouve chez Platon la première formulation philosophique d'une doctrine des démons. Ce sont des êtres intermédiaires entre les dieux et les hommes. Le démonique comble le vide, de sorte que le Tout soit uni à lui-même. De lui procède la mantique, l'art des prêtres, les sacrifices, les initiations, les incantations, la divination, la magie. La divinité ne se mêle pas aux hommes, mais grâce aux démons les dieux ont commerce avec les hommes aussi bien endormis qu'éveillés. Les démons sont nombreux et de toute sorte. Ils se situent au niveau de l'air et participent à la fois à la mortalité et à l'immortalité. Platon considère qu'ils sont bons. Selon Xéno- crate, qui complète Platon, ils sont assimilés aux âmes, avant ou après leur incarnation, et il existe de bons et de mauvais démons. Le moyen et le néoplatonisme6 développent et enrichissent ces notions fondamentales, faisant de la demonologie une des formes les plus vivaces du paganisme face au christianisme naissant, avant qu'elle ne soit totalement et durablement adoptée par le christianisme vainqueur. [...]
Incubus et les incubi appartiennent au folklore latin et à l'espèce des «démons écrasants» que connaît l'ensemble du monde indo-européen. Ces incubes sont malfaisants. Ils troublent le sommeil, oppressent le dormeur, lui donnent de mauvais rêves et s'unissent à lui. Leur appellation traduit la nature de leur puissance agissante et, comme telle, s'applique à diverses créatures divines ou démoniaques auxquelles ils sont explicitement identifiés dans les textes tardifs, à partir du IVe siècle ap. J.-C. Ce sont le plus souvent de vieilles divinités champêtres de la religion primitive des Latins telles que Faunus et les Fauni (Fauni fìcarii), Silvanus, Inuus, Fatuus, Fatuclus, toutes assimilées à Pan et à Éphialtes. Leur humeur folâtre et libidineuse les prédispose à ce rôle auprès des femmes - surtout si elle sont jeunes et jolies -, auprès des jeunes accouchées - qu'un rituel décrit par saint Augustin s'efforce de protéger de cette violence -, auprès des hommes et même des animaux auxquels ils s'accouplent et donnent des cauchemars. Pline, qui n'en croit pourtant rien, se fait l'écho de l'opinion commune de son époque qui les rend responsables des troubles du sommeil et des mauvais rêves. Les incubes peuvent être aussi plus directement en rapport avec le monde infernal, comme Faunus lui-même qui apparaît en songe pour délivrer ses prophéties. Ce sont alors des créatures inspirées, bien que pour Macrobe, l'"Ephialtès" ne soit pas un type de rêve permettant de connaître l'avenir (Françoise Gury, À propos de l'image des incubes latins. In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité, tome 110, n°2. 1998 - www.persee.fr).
Saint Augustin dans son quinzième livre de la Cité de Dieu chap. 13 . dit que les Sylvains & les Faunes, qu'on appelle Incubes, sont très dangereux aux femmes, & qu'on en a vû de fâcheuses expériences, sur tout quand' elles font enceintes (François-Antoine Pomey, Méthode pour apprendre l'histoire des faux dieux ou l'antiquité ou le panthéon mytique, 1732 - books.google.fr).
"Les démons sont nombreux et de toute sorte. Ils se situent au niveau de l'air et participent à la fois à la mortalité et à l'immortalité".
Le Comte de Gabalis ou Entretiens sur les sciences secrètes, une satire sociale publié anonymement en 1670 et écrit par Nicolas-Pierre-Henri de Montfaucon, abbé de Villars (1635-1673), dévoile plaisamment les mystères de la Cabale et de la Société des Rose-Croix. Il développe, à la suite de Psellus et Paracelse, chez qui l'auteur puisera l'essentiel de ses connaissances, une théorie sur les génie des quatre éléments : "L'air est plein d'une innombrable multitude de peuples les sylphes de figure humaine, un peu fiers en apparence, mais dociles en effet : grands amateurs des sciences, subtils, officieux aux sages, et ennemis des sots et des ignorants" (fr.wikipedia.org - Le Comte de Gabalis).
Une Belinda est la femme d'Ephraïm Woodside dont le colonel Ruddiman, père de Mary que fréquentait le Dr Huguet avant sa métamorphose, est un héritier.
Arabella Fermor et son prétendant, Lord Petre, étaient tous deux de familles catholiques aristocratiques réfractaires dans une Angleterre anglicane. Leurs amours firent l'objet d'un poème narratif héroï-comique écrit par Alexander Pope (1688 – 1744), d'abord publié anonymement en mai 1712, La Boucle de cheveux enlevée (The Rape of the Lock). Il a utilisé le personnage de Belinda pour représenter Arabella et a introduit tout un système de « sylphes », ou esprits gardiens des vierges, une version parodique des dieux et déesses de l'épopée classique inspiré du Comte de Gabalis (fr.wikipedia.org - La Boucle de cheveux enlevée, en.wikipedia.org - The Rape of the Lock).
Sylphes et sylphides, habitants de l'air, s'apparentaient au peuple des elfes. Sir Walter Scott note à ce sujet : « On doit tout d'abord observer que les Romains n'avaient point omis d'enrôler dans leur mythologie un certain nombre de divinités inférieures, ressemblant par leurs habitudes aux lutins modernes. Le bon vieux M. Gibb, de la bibliothèque des avocats, [...] avait coutume de désigner, parmi les autels vénérables soumis à sa charge, un consacré aux diis campestribus et ajoutait habituellement avec un clin d'œil : "Les Elfes, vous savez bien"». [...]
L'ethnologue folkloriste Alfred Maury (1817 - 1892) rapporte à ce sujet : « Tantôt c'est un praefectus aquae qui, sur les bords du Rhin, dresse un autel aux nymphes qui président aux ondes sacrées du fleuve ; tantôt c'est une druidesse, Arète, qui, sur l'ordre d'un songe, consacre un exvoto aux sylvains et aux nymphes du lieu ; une autre fois, ce sont des charpentiers (tignarii) de Feurs qui réparent un temple de Sylvanus ou Sylvain. Ne voilà -t-il pas des monuments qui attestent que le culte des bois, des eaux et des fontaines s'était encore conservé dans la Gaule pendant la domination romaine» (Edouard Brasey, L'Univers féérique, 2010 - books.google.fr).
Walter Scott, dans l'oeuvre duquel Donnelly a tiré son pseudonyme de Boisgilbert, cite Chaucer dans Wife of Bath's Tale, et fait un résumé des traditons concernant les entités fantastiques :
Au bon vieux temps, lorsque régnait Arthur, / Roi chevalier, au cœur loyal et pur, / (Dit le Breton), d’esprit,et de magie / Cette contrée était toute remplie. / Souvent dansait sur plus d’un vert gazon, / (D‘alors, du moins, c'était l'opinion) / Avec sa cour, la reine des Sylphides. / Du temps depuis sur les ailes rapides, / Bien des saisons, bien des siècles ont fui, / On ne voit plus de Sylphes aujourd’hui ; / Car de nos jours le zèle et les prières / Des limiteurs [moines ayant l'autorisation de quêter dans certaines limites] et d’autres pieux frères / Partout fouillant Pair, la terre et les eaux, / Bénissant tout, bourgs, villes et châteaux, / Chambres, greniers, cuisines, bergeries, / Chaque recoin, même les laiteries, / En ont chassé jusqu’au moindre lutin ; / Et dans le lieu que quelque esprit malin / Hantait iadis, récitant son bréviaire / Le Limiteur promène son rosaire. / soir et matin, les femmes aujourd’hui / N’y trouvant point d'autre incube que lui, / Peuvent en paix errer sous le feuillage: / A leur honneur il ne fait nul outrage.
Dans notre enfance, les femmes de chambre de nos mères nous ont tellement épouvantés de l’image hideuse d’un diable, ayant des cornes sur la tête, vomissant le feu par la bouche, portant une queue au bas du dos, et dout les yeux ressemblaient à un bassin; armé de crochets comme un chien, de griffes comme un ours, avec la peau comme celle d’un nègre, et une voix rugissante comme celle d’un lion, que nous tressaillons et sommes tout tremblants lorsque nous entendons quelques uns crier boh ! ; et elles nous ont tellement effrayés de croquemitaines, d’esprits, de sorcières, de lutins, de gnomes, de farfadets, de fées, de satyres, de pans, de faunes, de Sylvains, de kitt-with-the-candlestick, de tritons, de centaures, de nains, de géants, de diablotins, d’alchimistes, de magiciens, de nymphes, d’incubes, de Robin Goodfellow, de l'homme dans le chêne, de feux follets, de pukle, de fantômes, de Thom Thomb, Hobgoblin, Tom Tumbler, Boneless, et d’autres épouvantails pareils, que nous avons peur de nos ombres, et qu’il y en a qui ne craignent le diable que dans l’obscurité de la nuit. [...]
Un personnage toujours présent à la cour des génies anglais était le célèbre Puck, ou Robin Goodfellow, qui, chez les sylphes, jouait en quelque sorte le rôle de fou ou le bouffon de la compagnie (personnage qui se trouvait alors dans la maison de toutes les personnes de qualité), ou qui, pour me servir d’une comparaison plus moderne, ressemblait au Pierrot de la pantomime (Sir Walter Scott, La démonologie ou Histoire des démons et des sorciers, traduit par Albert Montémont, 1838 - books.google.fr).
Platon et le cortège des Mages de la Chapelle Medici-Riccardi à Florence
Benozzo Gozzoli, Cortège des mages (1459), fresque figurant la Maison de Médicis, Chapelle des Mages Palais Medici-Riccardi, Florence - fr.wikipedia.org - Benozzo Gozzoli
En 1459, Cosme patronne une œuvre picturale de grande envergure qui permet de comprendre ses centres d'intérêt de l'époque et la véritable convergence entre Cosme et Pléthon: il s'agit de la fresque qu'il a commandée à Benozzo Gozzoli pour décorer la chapelle du nouveau palais des Médicis situé sur la Via Larga, Le Voyage des mages. [Il signe en se représentant avec un bonnet rouge portant l'inscription latine OPUS BENOTII]
Pourquoi Cosme a-t-il fait peindre le Voyage des mages ? Il avait pour saints patrons Cosme et Damien et leur rendait un culte, mais il prit aussi pour exempla et patrons les mages. Dans l'inventaire du palais Médicis, effectué en 1492, on trouve cinq représentations picturales des mages (en plus des fresques de Gozzoli), alors que dans l'inventaire de 1417 il n'y en a aucune. En outre, depuis le début du XVe siècle, siècle, au moins, il existait à Florence une confraternité de laudesi* qui se nommait la Compagnia de' Magi. Elle avait son siège à San Marco. [...] Le patronage des Médicis à l'égard de la Compagnia de' Magi est attesté à partir de 1436. À cette époque, Cosme devient aussi le bienfaiteur principal de San Marco où la confraternité est hébergée et, le 6 janvier 1443, l'église est officiellement consacrée à Saint Marc, Cosme et Damien. La Compagnia de ' Magi était chargée d'organiser les processions de la fête de l'Epiphanie avec l'accord de la Signoria qui aidait à les financer, notamment en levant des impôts. La célébration de cette fête est attestée à Florence dès 1390. Après avoir été suspendue en 1419, elle est à nouveau autorisée par une délibération des Signorie Collegi, datée du 7 janvier 1428. D'annuelle elle devient quinquenale à partir du 12 novembre 1446. [...] Lors des fêtes de l'Epiphanie et de la saint Jean Baptiste, saint patron de la ville de Florence, les Médicis avaient donc l'occasion de parader avec ostentation, pour la gloire de Dieu et pour la gloire de la cité. Traditionnellement, en Europe. [...]
La fresque de Benozzo Gozzoli présente une généalogie de la sagesse : les mages - Platon - le Christ, doublée d'une orientation géographique de la temporalité : l'Orient - la Grèce - Florence. La procession magnifie l'aboutissement qui magnifie l'aboutissement qui rappelle pourtant toujours l'origine et s'y réfère: les mages orientaux fondent la sagesse dont les Grecs, Pythagore, Platon, Plotin, Pléthon, sont les héritiers et cette sagesse parvient à Florence grâce aux Médicis qui la recueillent. [...]
Si Hermès Trismégiste peut devenir l'exemplum des marchands florentins (et les deux traductions, avec Platon, connaîtront un grand succès), c'est en raison de la confusion entre son nom et celui du dieu Hermès/Mercure, patron des voyageurs et des marchands. Cette confusion a d'ailleurs pu être nourrie par la lecture de Cicéron (De natura deorum, 3, 56) et Lactance (Divinae institutiones, 1, 6, 2-3) qui assimilent le dieu Hermès et le sage Hermès Trismégiste, comme l'indiquera Ficin dans l'Argumentum précédant sa traduction du Pimander, tandis qu'Augustin, dans la Cité de Dieu (18, 39), fait du sage Hermès Trismégiste le petit-fils du dieu Hermès. [...]
Le christianisme authentique ne se concevrait pas sans une prise d'appui sur Platon et les Anciens. Si la Trinité platonicienne (celle de la Lettre II, 312 e, chère à Pléthon, traduite par Léonardo Bruni dès 1427 et offerte à Cosme) est quelque peu erronée, elle offre déjà une idée de la Trinité que Dieu nous donne ainsi à connaître avant l'incarnation, c'est- à -dire avant la Nativité. Après le renoncement des Grecs à leur « erreur», à la fin du concile, et après l'anéantissement de ceux qui ne sont pas passés à la latinité, les mages viennent rendre hommage à la véritable Trinité. La procession des trois mages constitue également une image de la Trinité qui est représentée dans l'Adoration de l'Enfant placée au-dessus de l'autel, et leur généalogie trinitaire exemplaire doit permettre à son tour de fonder le lignage des Médicis. [...] Si Cosme doit faire traduire Platon c'est donc finalement pour donner à sa famille, qui ne peut pas se prévaloir des titres d'une noblesse ancienne, un lignage exemplaire (les mages/Platon et les platoniciens/les Médicis). [...]
En réalité la rencontre entre Pléthon et Cosme, qui est surtout une rencontre d'intérêts, repose sur un immense malentendu, car les mages de Pléthon ne sont en aucun cas les mages de la tradition chrétienne, et si le Platon oriental est devenu un otage du christianisme trinitaire latin, voire l'instrument classique de l'apologétique des augustiniens, c'est en raison d'une incompréhension totale voire d'un rejet conscient des thèses de Pléthon sur la structure de l'essence divine (Brigitte Tambrun, Pléthon, le retour de Platon, 2007 - books.google.fr).
On retrouve Hermès chez Donnelly :
As, one by one, at dread Medea s strain, / The sickening stars fade off the ethereal plain,- / As Argus eyes, by Hermes wand oppressed, / Closed one by one to everlasting rest: / Thus at the fell approach, and secret might, Art after art goes out, and all is night ! (Ignatius Donnelly, Doctor Huguet; a novel, 1891 - archive.org).
the pipe of Hermes (Ignatius Donnelly, Doctor Huguet; a novel, 1891 - archive.org).
Selon certains auteurs, Hermès endort Argos au son de sa flûte avant de le tuer en lui coupant la tête. Il délivrait ainsi Io que convoitait Zeus (mythologica.fr - Argos).
Ce rassemblement du concile de Ferrare puis de Florence nous a été le mieux conservé, dans tout son exotisme, par les fresques du voyage des mages réalisées en 1459 par Benozzo Gozzoli pour le palais Médicis de Florence, maison ne trouve qu'un personnage noir perdu au milieu des trois fresques, et il s'agit d'un domestique. Cette absence de personnages noirs imposants reflète peut être, comme l'a suggéré Kaplan, l'écart entre l'opulence imaginaire que l'on pouvait attendre de ces Éthiopiens et la pauvreté réelle d'Éthiopiens qui n'étaient en fait que des moines. «Ils étaient noirs, secs, et d'allure très embarrassée», écrivit un Florentin. «Vraiment, à les voir, on avait l'impression qu'ils étaient très faibles». Était-ce là ce que le Prêtre Jean avait de mieux à offrir ? (Richard Trexler, Le voyage des mages à travers l'Histoire, traduit par Marianne Groulez, 2009 - books.google.fr).
Florence et la Caroline du Sud
La ville de Florence est le siège du comté de Florence, situé en Caroline du Sud, aux États-Unis. (fr.wikipedia.org - Florence (Caroline du Sud)).
The City of Florence was chartered in 1871 and incorporated in 1890, following the 1888 creation of Florence County. During the Civil War the town was an important supply and railroad repair center for the Confederacy, and the site of the Florence Stockade, which held between 12,000 and 18,000 Union prisoners of war. Over 2,800 of the prisoners died of disease, and the burial ground adjacent to the prison became the Florence National Cemetery after the war (en.wikipedia.org - Florence, South Carolina).
Dr Huguet se déroule justement en Caroline du Sud.
The hero of the novel is a young doctor named Anthony Huguet who lives in the city of C—, South Carolina, in a hundredyear- old house built by his French Huguenot ancestors from a fortune they had made on cotton "in the old slave-days " (John R. Bovee, Doctor Huguet, Donnelly on Being Black).
La ville de "C" pourrait être Charleston.
Saint Jean Baptiste est le patron de la ville de Florence en Italie.
After the exercises were over they still hung around the building in clusters, reluctant to depart, discussing whether I was John the Baptist, Moses, Abraham or the angel Gabriel. They were all agreed I was not Sam Johnsing, the chicken-thief of that they were certain (Ignatius Donnelly, Doctor Huguet; a novel, 1891 - archive.org).
Johnsing peut se traduire en français par Jean chante ("j'enchante", cf. démons, sylphes etc.) ou par "chant de Jean", ce qui relie à la Toscane :
Au XIe siècle, le moine Guido dit d'Arezzo, ou Gui en français, a l'idée d'utiliser des syllabes d'un chant latin, l'Hymne de Saint Jean-Baptiste, pour nommer les notes. On sait peu de choses sur ce musicien, et même le lieu de sa naissance et celui de sa formation sont l’objet de controverses. Arezzo, ville de Toscane, passe sous la domination de Florence en 1384 et commence un lent déclin. Au XVIe siècle, sous Cosme Ier de Médicis, Arezzo subit des transformations, avec notamment la construction de la citadelle et d'un troisième mur d'enceinte, travaux dirigés par Giuliano da Sangallo et Antonio da Sangallo le Jeune.
Le séjour de Gui à l'abbaye de Pomposa n’est en revanche contesté par aucun biographe. C’est là que, constatant les difficultés éprouvées par les moines à mémoriser exactement le plain-chant, il aurait eu l’idée d’une méthode pédagogique qui leur permettrait d’apprendre les morceaux beaucoup plus rapidement, méthode qui se serait répandue dans le nord de l’Italie. Expulsé du monastère de Pomposa pour des raisons obscures, peut-être pour avoir refusé de se plier à l’orthodoxie musicale du lieu, il est ensuite l’hôte de l'évêque Théobald, à Arezzo. Logé à l’évêché, il est chargé de la direction de l’école de musique de la cathédrale. (fr.wikipedia.org - Histoire de la notation musicale).
Les Å“uvres de Guido sont le micrologue (Micrologus), le prologue ou les prologues de l'antiphonaire et la lettre au moine Michel (J. B. Weckerlin, Bibliotheque du conservatoire, 1885 - archive.org).
The reason why in his Introduttorio [du Micrologus] he assigned the same ratios as Plato did in his Timaeus and Pythagoras, followed then by Boethius, is that [...] he was induced by desiring the weight of authority. So he chose not only the most ancient and famous distribution of steps ever known but also the one nature gave to mortals. For this same reason he did not want to notate the step B fa at b mi, because neither the Greeks nor the Latins had included it in their systems (Vincenzo Galilei, Claude V. Palisca, Dialogue on Ancient and Modern Music, traduit par Claude V. Palisca, 2003 - books.google.fr).
Un des types d'harmonie des sphères repose sur une interprétation du fameux passage du Timée (35-36), dans lequel Platon décrit la fabrication des proportions de l'Âme du Monde par le Démiurge. Ce passage est fondé sur la série numérique 1, 2, 3, 4, 9, 8, 27 — qui correspond à la fusion de la série des premières puissances de 2 (2, 4, 8) et de la série des premières puissances de 3 (3, 9, 27). Or, de cette série, on peut tirer les rapports numériques sur lesquels sont fondés les intervalles musicaux : le rapport de 1 à 2 (rapport double) correspond à l'octave, le rapport de 2 à 3 (rapport appelé hémiole - selon le grec - ou sesquialtère selon le terme latin) à la quinte, le rapport de 3 à 4 (épitrite ou sesquitierce) à la quarte, et le rapport de 9 à 8 (épogde ou sesquioctave) au ton. Ce passage difficile est interprété de manières différentes dans de nombreuses spéculations néoplatoniciennes, qui utilisent cette série pour décrire les rapports de distances entre les planètes — on peut évoquer notamment l'interprétation de Macrobe, dans le Commentaire au Songe de Scipion, II, 2-4 (fr.wikipedia.org - Harmonie des sphères).
Son prénom est Sam : Samuel, du prophète biblique qui sacre rois d'Israël Saül et David.
Voici sur Samuel des considérations dues à un protestant, M. Coquerel J'espère que le lecteur ne me saura pas mauvais gré de les placer ici. [...] "Samuel est le premier prophète que l'on trouve placé à la tête d'une école de prophètes (1 Sam. XIX, 20). [...] Dans ces réunions, dont les règles d'admission et les habitudes intérieures sont incertaines, on se livrait à l'étude de la loi, des rites et de l'histoire d'Israël; on cultivait la poésie et la musique sacrée ; on faisait des prières en commun; divers exercices de piété étaient en usage, et les pures traditions se conservaient. Il est probable que dans ces écoles les personnes pieuses se réunissaient, les jours de sabbat et de nouvelle lune (II Rois IV, 23), pour entendre lire et expliquer la loi" (Dictionnaire historique, archéologique, philologique, chronologique, géographique et littéral de la Bible, Volume 4, Migne, 1859 - books.google.fr).
Un chapitre entier est consacré aux malversations de Lawyer Buryhill, le sordide Yankee, des griffes duquel Huguet tire le pauvre colonel Ruddiman, héritier d'Ephraïm Woodside de Baltimore. Des calculs d'hypothèque remplissent ce chapitre.
Indeed the other major theme of the novel concerns the "money power." The Colonel, on the verge of bankruptcy, possessed "none of the traits of the business man." (13) On the other hand, Lawyer Buryhill, the villain from New York, "looked at his fellow-man . . . as if his softly working mouth tasted the pleasant flavor of property." Buryhill had quietly bought up the Colonel's mortgages and outstanding tax titles, "and was steadily weaving his net around the unfortunate man." (43-44) Huguet saves the Colonel when he discovers an inheritance in Baltimore, more than enough to get out of Buryhill's clutches. (245-246) The northern capitalist is completely discredited by the Colonel's revelation of his duplicity. (251-259) This episode was, of course, an illustration of the working of the "money power" on a minor scale, at the local level (J. Wayne Baker, populist themes in the fiction of Ignatius Donnelly).
C'est précisément à Florence, en effet, et à cette même époque, que l'arithmétique commerciale devait prendre un essor considérable, tant par la multiplicité des techniques opératoires proposées, que par le nombre de manuels publiés, que par la somme d'activité d'enseignement et de recherche pédagogique qui s'y effectuait. [...] Il y aura également le De radia de' numeri e metodo di trovarla, écrit probablement par un Toscan, contemporain de Pic, livre important où l'inconnue, la chose à trouver, la « cossa », est symbolisée par la lettre C. Ce sera de ces calculs « cossistes » que se dégagera progressivement l'algèbre moderne (Louis Valcke, Trois humanistes face à la cité, Aequitas, aequalitas, auctoritas, Volume 2 de Actes du colloque international du Centre de Recherche en Philosophie Politique et Sociale de l'Université d'Ottawa, 1992 - books.google.fr).
A 1691 poem attributed to the Englishman Richard Ames celebrates wines available in London. It describes Florence wine, but not specifically Chianti wine, as being sold in "flasks" and tasting “very good†and “delicate.â€7 Cosimo III de' Medici in the late 1600s and early 1700s often gifted flasks of Chianti to other European sovereigns and members of their royal courts. As an ardent Anglophile, he sent annual shipments of a chest of Chianti wine to friends such as Charles Calvert, Lord Baltimore. His activity helped open the English market to Chianti and stimulate interestin Tuscan wine (Bill Nesto, Frances Di Savino, Chianti Classico: The Search for Tuscany's Noblest Wine, 2016 - books.google.fr).
Charle Calvert (1637 – 1715) est le fils de Cecilius Calvert (8 août 1605 – 30 novembre 1675), 2e baron Baltimore, communément appelé Cecil, qui était un colonisateur anglais qui fut le premier propriétaire de la province du Maryland. Il reçut l'acte de propriété qui était destiné à son père, George Calvert, le premier baron de Baltimore, qui mourut peu de temps après que le territoire au nord de la rivière Potomac lui fut accordé. Leonard Calvert (1606–1647), deuxième fils de George Baltimore, occupa le poste de premier gouverneur. Les Calvert étaient les premiers catholiques romains à exercer un rôle important dans les colonies américaines, qui étaient alors dominées par l'influence des sectes puritaines (www.biographi.ca - Calvert George, fr.wikipedia.org - Cecilius Calvert).
Un français, originaire de Champagne, Nicholas Michel Laurent Herbemont (Jonchères près de Reims, 28 janvier 1771 - 29 juin 1839) fut le promoteur de la culture de la vigne en Caroline du Sud, en particulier dans un manifeste de 1822, Observations on the Late Occurrences in Charleston, afin de cultiver des terres abandonnées de l'Etat. Il sera suivi par James McDonnald et Antonio Della Torre. Herbemont s'installa en Caroline du Sud en 1801, après être passé par Pittsburg en Virginie. En Caroline du sud, le cépage Herbemont fut multiplié au début des années 1800 par Nicholas Herbemont. En France, il est des six cépages prohibés depuis 1935 (repris dans les règlements européens) (David S. Shields, Pioneering American Wine: Writings of Nicholas Herbemont, Master Viticulturist, 2010 - books.google.fr, The Southern Agriculturist and Register of Rural Affairs: Adapted to the Southern Section of the United States, Volume 11, 1838 - books.google.fr, lescepages.free.fr - Herbemont).
Giovanni da Verrazzano, en français Jean de Verrazane ou Jean Verazani, est un explorateur d'origine incertaine (né au Val de Greve, au château de Verrazzano, près de Florence dans la région du Chianti, ou à Lyon où il serait allié aux Gadagne), longtemps au service du roi de France François Ier, né aux environs de 1485 et mort en 1528 ou 1529 aux Antilles.
“Tous les détails du voyage que la Dauphine effectua sur les côtes américaines en 1524 se trouvent dans le rapport que Jean de Verrazane adressa au roi François Ier le 8 juillet à son retour à Dieppe... Faisant voile au Sud-Ouest, Verrazane prit la sage décision... de suivre la route des alizés. Le 17 janvier 1524 (c’est la première date qui figure dans le rapport), il faisait escale dans un îlot proche de Madère. De là , filant vers l’Ouest, il traversa l’océan en 50 jours. Le 7 Mars, il atteignait les rivages américains ‘sous le 34e parallèle’ sur une plage sablonneuse entourée de lauriers. C’est aujourd’hui Myrtle Beach dans la Caroline du Sud...†(Jacques Habert, Conférence à l’occasion du Ve Centenaire de la découverte de l’Amériqueâ€, Revue économique française, CIV, 1992) (Théa Picquet, Voyages d’un Florentin : Giovanni da Verrazzano (1485-1528), 1999 - etudesromanes.revues.org, fr.wikipedia.org - Giovanni da Verrazzano).
Myrtle Beach c'est la baie des Myrtes.
Le motif de la conception apollinienne de Platon est ancien : « Une histoire courait à Athènes [selon laquelle] Ariston voulut forcer l'hymen de Périctioné, qui était dans la fleur de l'âge, mais il n'y parvint pas. Quand il eut mis un terme à ses à ses tentatives, il vit Apollon lui apparaître. A partir de ce moment, il s'abstint de consommer le mariage jusqu'à ce que Périctioné eut accouché» (Diogène Laërce, Vies et doctrines des philosophes illustres, renvoyant à Speusippe et au péripatéticien Cléarque). Dans l'encyclopédie byzantine de la Suda (Suidae Lexicon), la scène prend une coloration épiphanique : la maman de Platon devint enceinte « à la suite d'une vision divine où Apollon se manifestait à elle ». Quant au motif de l'enfant nourri de miel, qui fait suite à celui de la conception apollinienne, il relève des mythologies de l'enfant sauvage, mis à l'écart ou abandonné, nourri par des animaux. L'abandon est très momentané, mais néanmoins précisément situé dans un paysage de confins, consacré à des divinités « sauvages » : « Périctioné portait Platon dans ses bras [alors] qu'Ariston était en train de célébrer un sacrifice pour les Muses ou pour les Nymphes, sur l'Hymette. Comme ils étaient de ce fait engagés dans le rituel, elle avait déposé Platon dans des buissons de myrte touffus et épais, qui étaient à proximité. Tandis qu'il dormait, un essaim d'abeilles posa sur ses lèvres du miel de l'Hymette et l'entoura mélodieux, prophétisant ainsi l'éloquence de Platon » (Elien, Histoire variée). La légende de l'enfant Platon apparaît ainsi comme la transformation tardive d'un ensemble de vieux topoi articulés autour de deux thèmes mythiques bien connus : celui de la double paternité, sociologique et biologique, humaine et divine du grand homme, thème central d'une biographie qui hésite entre le mythe et l'histoire (on peut penser aussi bien à Héraclès qu'à Alexandre) ; celui aussi de la maternité virginale (de Sémélé et Danaé à Rhéa Silvia). La combinaison des deux thèmes est aussi facile à concevoir que fréquente : l'abandon est présenté comme la conséquence de ce qui est ressenti comme une faute (la maternité virginale), et entraîne à son tour le recours à une nourriture miraculeuse ou sauvage. Il suffit de penser à Romulus et Rémus élevés par la louve, et à combien d'autres Télèphe, jusqu'à Attis abandonné, nourri du lait d'un bouc (Philippe Borgeaud, Exercices de mythologie, 2004 - books.google.fr).
Huguet et Gozzoli : fin du gothique international
Huguet peint un sacre de saint Augustin où son propre portrait en toque noire serait représenté [comme Gozzoli dans son Cortège des Mages] fixant le spectateur. Benozzo Gozzoli a œuvré à l'église Saint Augustin de san Giminiano avec un cycle des fresques situées dans le chœur. C'est l'histoire de saint Augustin qui y figure peintures de grande dimension. Le dessin préparatoire de la fresque d'Augustin et Alypius écoutant la prédication d'Amboise se trouve au Landesmuseum de Darmstadt (Pierre Paul Courcelle, Iconographie de Saint Augustin ...: Les cycles du XVe siècle, 1969 - books.google.fr).
Jaume Huguet, La consagració de Sant AgustÃ, panneau du retable de saint Augustin (1462 - 1475), Musée national d'art de Catalogne et musée Marès, Barcelone (Espagne) - fr.wikipedia.org
Le retable de l'Épiphanie est un petit retable pour oratoire privé. Dans la partie supérieure, l'archange Gabriel, portant un phylactère sur lequel est inscrit le début de sa salutation « Ave gratia plena », apparaît à la Vierge Marie, agenouillée devant son écritoire, pour lui annoncer la conception de l'Enfant Jésus. En dessous, on peut voir, au premier plan, la scène du Calvaire et, au fond, la ville idéalisée de Jérusalem avec les personnages du Christ sur la croix, de Marie, de saint Jean l'Évangéliste et de deux donateurs présentés par saint Antoine Le Grand et une sainte (Jaume Huguet, Retable de l'Épiphanie, Barcelone, Vers 1450 - www.museuepiscopalvic.com).
Cosme l’Ancien demande à Benozzo Gozzoli d’exécuter la fresque destinée à décorer la petite chapelle palatiale constituée de deux quadrilatères : le plus grand formant une nef simple où se déploie le cortège des mages, le second constituant son abside où est déposée l’adoration de l’enfant de Filippo Lippi, retable d’autel, auquel aboutit ledit cortège peint, lui, à la fresque. Le peintre qu’il charge de la décoration n’est pas un de ceux qui expriment le mieux le nouveau style qui fleurit à la même époque sur les monuments publics de la ville ; loin des recherches plastiques ou de perspectives de Ghiberti, de Brunelleschi, il incarne un goût encore largement décoratif, fortement teinté de gothique international, ce choix peut apparaître curieux au regard du nouveau courant artistique qui fait distinguer Florence comme la ville initiatrice de la Renaissance artistique du Quattrocento (François Colodiet, La Renaissance à Florence à travers l’exemple de la Chapelle des Mages de Benozzo Gozzoli, 2008 - www.ecole-alsacienne.org).
La force de la tradition gothique et le nouvel humanisme s'affrontent alors à Florence avec Gentile da Fabriano (1370 - 1467) qui représente le gothique international, notamment dans l'Adoration des Mages conservée aux Offices. Mais l'opposition entre gothique et Renaissance devient surtout évidente dans l'œuvre de deux grands créateurs associés parfois dans leurs travaux de peinture, Masolino et Masaccio. Avec la découverte de la perspective et l'œuvre de Brunelleschi et de Donatello la Toscane et l'Italie plongent dans la Renaissance. Aussi bien dans la péninsule Ibérique que dans les pays septentrionaux, le gothique international marque, dans le domaine de la peinture, l'étape la plus brillante de la fin du Moyen Âge entre le XIVe siècle finissant et le XVe siècle. Lluis Borrassà et Bernat Martorell sont les deux artistes catalans qui représentent ce style. Dans les pays flamands et germaniques, une nouvelle étape se manifeste au cours du XVe siècle grâce à une extraordinaire production picturale. Le maître de Flémalle, identifié avec Robert Campin (1378 - 1444), est l'auteur du Retable de Mérode exécuté vers 1425 ; avec les frères Hubert et Jan Van Eyck, il introduit dans la peinture septentrionale le réalisme nouveau qui caractérise la fin de l'art gothique. [...] L'influence flamande s'étend en Europe jusqu'à marquer, par la diffusion du style, la fin de l'art gothique dans plusieurs régions ; par exemple en Catalogne avec Lluis Dalmau (Vierge des Conseillers) ou Jaume Huguet, ou en Castille avec Bartolomé Bermejo (Xavier Barral I Altet, L'art médiéval, Que sais-je ? n° 2518, 2011 - books.google.fr).
Jean Van Eyck impose un réalisme qui contraste avec le luxe du gothique international. Le goût du détail et les recherches sur la perspective et la lumière accentuent l'impression de richesse chromatique. Sa tradition est poursuivie par Van der Weyden (1400-1464), D. Bouts et H. Memling. Ce goût flamand s'étend en France et dans le Midi (Nicolas Froment). La Catalogne de la seconde moitié du XVe siècle se détache des expériences du gothique international (J. Huguet). En France, il en est de même avec Jean Fouquet. [...]
L'un des peintres qui a connu le plus grand succès aussi bien au XVe siècle qu'au XXe est Jérôme Bosch (1450 - 1516), contemporain de Lippi et de Botticelli. Le contenu religieux de ses tableaux qui est un reflet de la société dans laquelle il vit, la force des êtres monstrueux qu'il peint (Jardin des Délices, Adoration des mages, Char de foin) se trouvent à l'opposé des formes de la Renaissance italienne contemporaine (Xavier Barral I Altet, Histoire de l'art, Que sais-je ? n° 2473, 2013 - books.google.fr).
Avant Dürer (1471 - 1528), dont le rôle dans l'avènement du nouveau style dans le monde septentrional a été déterminant, l'œuvre de Jérôme Bosch illustre, dans son isolement et son originalité, la lutte entre l'exubérance flamboyante et les tourments de la pensée médiévale, d'une part, et le lent développement du nouvel humanisme, qui est celui de la Renaissance, non italienne, de l'autre (Xavier Barral I Altet, L'art médiéval, Que sais-je ? n° 2518, 2011 - books.google.fr).
Les années 1380 à 1450 approximativement, sont marquées par un style que l’on a appelé « gothique international » en raison de la proximité de caractères qu’y présente l’art des différentes régions pourtant parfois fort éloignées, de l’Europe occidentale. Art brillant qui plie les formes au rythme d’une écriture souple, qui privilégie les courbes, le raffinement des couleurs et des attitudes, le gothique international est un art de cour, témoin du goût d’une société princière pour les fastes et le cérémonial. On a parfois mis en doute son caractère international pour le désigner plutôt comme un style aristocratique – terme qui le définit également avec justesse. Avignon, qui accueille la cour pontificale durant tout le XIVe siècle, représente le foyer de diffusion de l’art italien, est aussi le premier où les ferments du style international s’élaborent. [...] L’origine des maîtres qui travaillaient sur le chantier du palais des Papes laisse deviner quel a pu être le rôle d’Avignon dans la diffusion du nouveau style : Anglais, Allemands, Espagnols, Français, Italiens, Flamands. Partant d’Avignon, l’art de la ligne élégante des Siennois, avec son chromatisme subtil et vigoureux, étendra son influence non seulement jusqu’à la cour de Paris, mais aussi par-delà les Pyrénées, jusqu’en la proche province d’Aragon. [...] Propagateurs de formes nouvelles, les maîtres itinérants subissent aussi une influence en retour. Beaucoup d’emprunts s’expliquent sans doute par des séjours successifs à travers les capitales artistiques. [...] Le Gothique international se diffuse donc rapidement, et il s’exprime dans les différents pays sous des formes essentiellement semblables, grâce aux voyages des artistes, aux échanges de tous ordres et surtout à l’étroitesse de rapports politiques, dynastiques et culturels entre les ambitieuses cours princières de tout le continent. Le développement du commerce international a fait apparaître naturellement une intense circulation d’artistes et d’œuvres d’art. Les échanges commerciaux se font essentiellement par voie de mer, par Venise et Gênes, Barcelone, Bruges, Londres, Hambourg. On assiste à l’émigration des meilleurs artisans ou artistes pour offrit leurs services aux princes. Ceux-ci deviennent en effet la seule clientèle importante des artistes. (Le style gothique international - www.aparences.net).
La désagrégation progressive du mécénat religieux du Moyen Âge, qui tendait à maintenir des écoles locales, a favorisé une certaine homogénéisation des pratiques à travers l'Europe, avant l'affirmation de systèmes corporatifs stricts au cours du XVe siècle, qui eut pour effet de réaffirmer les spécificités nationales (fr.wikipedia.org - Gothique international).
Ramus et Charpentier
The estate which Buryhill would have bought from you for $2,000 is worth at least $250,000. The lease for ninety-nine years, made September ist, 1790, expired September 1st, 1889. When it was made, by Ephraim Woodside and Belinda, his wife, to Sylvanus Carpenter, the property consisted of twenty acres of farm-land; the city has since over grown it, and it is now partly built up, with rows of houses. The present holders of a portion of it called upon Mess (Ignatius Donnelly, Doctor Huguet; a novel, 1891 - archive.org).
Woodside, Sylvanus et Carpenter sont des noms en rapport avec le bois.
Comme la ramée est un branchage, l'opposant à la philosophie d'Aristote Ramus se confronta à Jacques Charpentier, autre nom lié au bois. Charpentier, l'ennemi mortel de Ramus, fut protégé par les jésuites et les Guise dont le cardinal Charles de Lorraine qui avait déjà protégé son vieux camarade de classe Ramus.
Pierre Ramus, ou la Ramée, né dans le Vermandois, après avoir enfeigné long-tems les belles lettres, la Philosophie & les Mathématiques au collège de Prêle, dont il étoit Principal, & ensuite au college Royal, introduisit enfin des sentimens erronés dans la Philosophie, attaquant sans cesse Aristote dans ses leçons & dans ses écrits. Ces disputes philosophiques le brouillerent d'abord avec Antoine de Govea & Joachim de Perion ; & ensuite avec Jaques Charpentier, natif de Clermont en Beauvoisis. On ne sçauroit trop louer Ramus, d'avoir employé son esprit, ses soins, ses travaux, & son bien même, pour procurer l'avancement des sciences: & tout le monde sçait qu'il a fondé une chaire de Mathématique, & laissé cinq cens livres de rente pour celui qui en seroit pourvu. Dans le désordre général, il s'étoit caché dans une cave : mais Charpentier, son ennemi, qui étoit un des Chefs de la sédition, l'en fit arracher par les brigans qui étoient à ses ordres; & après avoir tiré de lui une somme d'argent, il le fit poignarder, & jetter par les fenêtres dans la cour de son collège. Comme ses entrailles sortoient de son corps, de jeunes écoliers furieux, à l'instigation de leurs Régens, qui étoient comme enragés, les traînerent par les ruës, & mirent en pièces son cadavre, après l'avoir foüetté, pour insulter à sa profession. [...]
Cela se passait quelques jours après la Saint Barthélemy, le 26 août 1572, où il y eut une multitude innombrable de personnes massacrées, hommes, femmes, enfans, & beaucoup même de femmes grosses (Jacques Auguste de Thou, Nicolas Rigault, Histoire Universelle, Tome 4, 1740 - books.google.fr).
Michelet, dans un épisode de son Histoire de France, rapporte le conflit entre Ramus et Charpentier. Il rapporte qu'un chirurgien coupa la tête de Ramus et l'emporta pour Charpentier (Jules Michelet, Histoire de France au XVIème siècle, Tome 9, 1836 - books.google.fr, Paule Petitier, Michelet, rythme de la prose, rythme de l'histoire, 2010 - books.google.fr).
Tour à tour humaniste, grammairien, logicien, mathématicien (car il enseigna aussi les mathématiques), Ramus croyait à une méthode universelle, « qui a été aussi bien, disait-il, celle de Platon que d'Hippocrate, celle de Virgile que de Cicéron».
C'est, en effet, l'inspiration de Socrate qui, en partie, guida Ramus dans ses attaques contre les « sophistes » de son temps. « Quand je vins à Paris, dit-il, je tombai ès subtilités des sophistes, et m'apprit-on les artz libéraux par questions et par disputes. Après que je fus nommé et gradué pour maître ès artz, je ne me pouvois satisfaire en mon esprit, et jugeois en moy-mesme que ces disputes ne m'avoient apporté autre chose que perte de temps. Estant en cest esmoy, je tombe, comme conduit par quelque bon ange, en Xénophon, puis en Platon, où je cognois la philosophie socratique. » (Gabriel Compayré, Ramus, - www.inrp.fr).
Le fantastique chez Platon
Les philosophes, réfléchissant aux problèmes soulevés par la fantasia, n'ont pas été seulement confrontés à l'image de l'objet dressé face à eux, à l'image rémanente dans l'esprit humain une fois que l'objet de la sensation a disparu, ou à la convocation de telle ou telle image par le seul biais de la volonté. Ils ont dû également tenter d'expliquer les visions oniriques. Par quel miracle ces apparitions nocturnes, qui ont souvent été perçues comme divines, arrivent-elles dans notre esprit ? Une conception «descendante» de la fantaisie peut rendre compte plus facilement de ces images de rêve. [...]
Ces deux conceptions de la fantaisie sont assez anciennes. On en trouve une trace chez Platon lui-même. Dans le Philèbe (38b-39c), le philosophe définit l'imagination comme une reproduction de la chose grâce à une sorte de scribe présent dans l'âme. Cette explication est liée à un mouvement ascendant de l'image fantastique. Dans le Sophiste (266b), Platon parle de « fantaisie divine »: Dieu crée des fantasmes dans l'esprit des hommes dans les rêves et les visions éveillées. L'image n'est plus dépendante des réalités extérieures, mais semble « descendre » du ciel dans notre esprit. [...]
Dans le silence du sommeil, lorsque le corps pesant se repose enfin, le spiritus fantasticus, char de l'âme, peut permettre à celle qu'il conduit d'entrer à nouveau en contact avec les réalités supraterrestres dont elle procède. Or, dans les écrits néoplatoniciens, cette mise en relation se fait souvent par l'intermédiaire des démons faits de la même matière que ce spiritus fantasticus. [...]
De nombreux textes néoplatoniciens développent en effet l'idée selon laquelle le spiritus fantasticus, voile d'images qui entoure l'âme, corps subtil de la pensée, est fait de la même substance que les astres dont il provient, mais est aussi de la même nature que le corps subtil des démons qui servent d'intermédiaires entre l'homme et le divin. Les démons sont en effet constitués d'une substance pneumatique et sont capables de prendre la forme qu'ils désirent. Dans le De Abstinentia, Porphyre écrit par exemple : «Ces derniers [les démons], comme ceux qui ont la propriété contraire, sont tous invisibles et absolument imperceptibles aux sens humains. En effet, ils ne sont pas revêtus d'un corps solide et n'ont pas tous une seule et même figure, mais ils existent sous de nombreux aspects, et leurs figures, qui s'impriment dans leur élément pneumatique et lui donnent sa marque distinctive, tantôt font leur apparition, tantôt restent inapparentes. Parfois même ils changent de figure, les mauvais du moins.» Cette même idée sera reprise par le byzantin Michel Psellos au XIe siècle de notre ère, puis par Marsile Ficin à la Renaissance. Dans les Daimons de 1555, Ronsard décrit le pouvoir fantasmatique de ces créatures : la fantaisie ronsardienne est ici apte à «recevoir» les images des démons. Il existe donc entre ces deux éléments, l'un intérieur à l'homme et l'autre extérieur, une similitude de nature. Fait du même spiritus fantasticus, le corps subtil de la pensée qu'est l'imagination et le corps subtil du démon entrent en contact de manière parfaitement naturelle. [...]
Les philosophes néoplatoniciens qui ont relié le spiritus fantasticus de l'homme et le corps subtil des démons s'inscrivent dans une interprétation particulière des phénomènes irrationnels : l'objectivation. L'image de rêve se présente comme une fine pellicule, extérieure à l'homme endormi, et, de ce fait, comme un phénomène objectif. Se transformant soudain devant les yeux du dormeur en ce que bon lui semble, l'image onirique ne peut en rien être une création de l'esprit humain. Il s'agit forcément d'une image démonique, des « masqueures » d'un démon pour reprendre un terme ronsardien (Christine Pigné, De la fantaisie chez Ronsard, 2009 - books.google.fr).
L'âme platonicienne du Dr Huguet
And something within me seemed to cry out: " Fool ! fool ! thinkest thou that thy capacity for thought is but an orphan accident in the midst of a barren universe ? No, no, the universe is thought. Thy mind is but a fragment, chipped off and dropped to earth, from the illimitable Soul of Things, bearing upon it the stamp of its divinity in its sense of right, its imperial conscience. Death is but the opening of a door. The room is empty, but the tenant has wandered elsewhere." (Ignatius Donnelly, Doctor Huguet; a novel, 1891 - archive.org).
Et quelque chose en moi semblait crier: "Imbécile, pensez-vous que votre capacité de penser n'est qu'un accident orphelin au milieu d'un univers stérile... Non, non, l'univers est pensé... Votre esprit n'est qu'un fragment, déchiqueté et tombé sur la terre, de l'illimitée âme des choses, portant sur lui le sceau de sa divinité dans son esprit de vérité, sa conscience souveraine. La mort n'est que l'ouverture d'une porte. La chambre est vide, mais le locataire a erré ailleurs."
Trois grands types de solution ont été proposés au cours de l'histoire. Selon la doctrine de la préexistence, professée par l'ancienne philosophie de l'Inde, par Pythagore, Platon, Origène, notre vie présente ne serait que la suite d'une vie antérieure, chaque âme revêtant des corps successifs. Pour le traducianisme de Tertulien, Luther, Leibniz, les âmes existaient en germe dans la première âme et se sont propagées, comme les corps, par voie de génération. Mais la doctrine de la plupart des théologiens est celle de la création des âmes par Dieu au moment où naissent les corps : une âme créée pour chaque corps. Le créatianisme, sans avoir été l'objet d'aucune décision formelle de l'Eglise, peut être regardé comme sa doctrine. Quant aux théologiens protestants, ils sont encore divisés sur cette question. Il est toutefois peu de théologiens catholiques qui ne combattent résolument le traducianisme et le préexistentianisme... ce qui va à l'encontre de la Tradition et retarde l'essor de la Connaissance (Wilfried-René Chettéoui, La nouvelle parapsychologie: une expérience métaphysique, 1983 - books.google.fr).
Caractéristique des ontologies analogiques, comme l'a souligné P. Descola, l'idée d'une correspondance entre l'univers (macrocosme) et l'homme (microcosme) est très présente dans l'Antiquité grecque et romaine, notamment chez Platon qui font de l'âme humaine un fragment de l'âme du monde et l'associent aux astres. [...]
Certaines des correspondances qui en découlent, par exemple entre la tête de l'homme et les sphères célestes, ou entre les humeurs du corps et les quatre éléments, sont reprises par des auteurs chrétiens comme Isidore de Séville, Bède le Vénérable ou Raban Maur et sont explicitées, dans les manuscrits de leurs œuvres, par des schémas circulaires (rotae). Ce n'est guère que dans la seconde moitié du XIIe siècle que de telles correspondances se nouent autour d'une représentation figurée de l'homme. Ainsi, dans un manuscrit réalisé dans le monastère de Prüfening [Ratisbonne, Bavière], la figure humaine fait l'objet d'une ostentation et et d'une valorisation remarquables : disposée axialement et selon une stricte frontalité, elle est entièrement exhibée (à la réserve près d'une pudique inscription) et s'étale sur toute la hauteur de l'image, joignant ainsi la terre et le ciel. [...]
L'écart avec les conceptions antiques du microcosme est notable [...]. Tout en reprenant une large part de cette tradition, les théologiens chrétiens en restreignent la portée, afin d'éviter une correspondance complète qui reconduirait à l'idée platonicienne de l'âme du monde, dont l'âme humaine serait une partie (Jérôme Baschet, Corps et âmes. Une histoire de la personne au Moyen Âge, 2016 - books.google.fr).
L'homme-microcosme, abbaye de Prüfening (vers 1165) - Munich, Staatsbiblothek, clm 13002 f. 7v