Philiberte de Savoie

Lonazzo a parlé en 1584 de deux tableaux qui étaient à Fontainebleau : la Joconde et Mona Lisa (Caroline Lanfranc de Panthou, Benjamin Péronnet, Dessins italiens du musée Condé à Chantilly, Volume 1, 1995 - books.google.fr).

Un critique d'art de Bologne, M. Carlo Pedretti, aurait récemment découvert que La Joconde ne serait pas le portrait de Mona Lisa, mais bien celui de Philiberte de Savoie peint sur le désir du Pape Léon X, son beau-frère (Paule Henry-Bordeaux, Louise de Savoie: régente et "Roi" de France, 1956 - books.google.fr).

Fille posthume de Philippe Ier, duc de Savoie mort en 1497, et de Claudine de Bretagne, sa deuxième femme, Philiberte, née au début de 1498 à Billiat, était la demi-sœur de Philibert le Beau qui repose à Brou.

Claudine de Brosse est une noble de la maison de Penthièvre, rattachée par son mariage à la maison de Savoie. Elle naît en 1450 en Bretagne. Elle est la deuxième fille et le quatrième des six enfants de Jean II de Brosse et de Nicole de Châtillon. Jean II de Brosse né vers 1423, décédé le 6 août 1482, était fils de Jean I de Brosse Maréchal de France et seigneur de Boussac et de Jeanne la jeune dame de Naillac, seigneur de Sainte-Sévère et de Boslac, baron d'Huriel.

Les seigneurs d'Huriel furent de fidèles serviteurs du roi de France, guerroyant un peu partout; ils connurent une ascension prestigieuse au XVe siècle avec Jean Ier de Brosse (vers 1375-1433), conseiller et chambellan de Charles VII, maréchal de France et Jean II (vers 1423 - 1482 ou 1483) qui participa aux victoires de Formigny et Castillon, fut nommé lieutenant général en 1452. On a parfois avancé le nom de ce dernier pour la transformation du donjon en une demeure plus agréable a habiter et pour la construction en avant de celui-ci d'une enceinte à quatre tours d'angle dont deux subsistent aujourd'hui. Son petit-fils René vendit le 15 janvier 1514 1a baronnie d'Huriel à Jacques Hurault de Cheverny, gouverneur de Blois (www.huriel.net - La Toque).

Philiberte est également la sœur de Louise de Savoie, mère de François Ier. Elle est élevée dans une ambiance dévote à Billiat où est conservé le suaire jusqu'en 1506. A 15 ans, en 1513, elle perd sa mère et doit se rendre à la cour de Charles III, son frère.

François Ier, roi de France, la fit épouser à Julien de Médicis (1479 - 1516), fils de Laurent le Magnifique, marquis de Soragna et frère du pape Léon X, et leur avait donné le duché de Nemours en 1515, après la victoire de Marignan. Cela est chose faite le 22 février 1515 après que l'on ait beaucoup parlé d'argent. Avec le recul, les historiens pensent que la belle enfant fut sacrifiée aux exigences politiques de la maison de Savoie. Philiberte de Savoie resta duchesse de Nemours après la mort de son mari, en vertu des patentes (12 novembre 1516) qui lui avaient confirmé la possession de ce titre.

Le 17 mars 1516, Philiberte perd donc son mari, puis son beau-frère le pape Léon X. Elle revient en Savoie, puis « s'exile » à Amboise. Elle emporta tous ses joyaux et tous ces riches ameublements qui avoient coûté des sommes si prodigieuses. A Amboise elle s'intéressa à la canonisation de St François de Paule, puis se trouve à Rouen, le 14 août 1514, lors de la visite du cardinal d'Aragon, enfin à Saint-Germain-en-Laye, lors du baptême de son filleul Henri II. Elle meurt, malade et épuisée, le 4 avril 1524, au château d'Amboise.

Philiberte de Savoie et son frère le duc Charles III sont affiliés à la confrérie du Saint-Suaire en 1510. Les actes aux lettrines enluminées font état de leur réception au sein de la confrérie par le doyen de la Sainte-Chapelle - commissaire délégué du pape Jules II - avec « le privilège à eux accordé par ledit doyen de se choisir un confesseur qui aura le pouvoir de les absoudre de tous péchés et d'avoir un autel portatif ». Les deux duchesses, Philiberte et sa mère, vouent une piété toute particulière au Saint-Suaire et souhaitent reposer dans la Sainte-Chapelle qui devient chapelle de Nemours après le transfert du Linge à Turin.

Le rez-de-chaussée de la chapelle de Nemours du château de Chambéry conserve les sépultures de Claudine de Brosse de Bretagne, deuxième épouse de Philippe Ier décédée en 1513, et de sa fille Philiberte de Savoie qui s'orienta dans son veuvage peu à peu vers la foi protestante sans s'en réclamer ouvertement (fr.wikipedia.org - Philiberte de Savoie, Michel Germain, Personnages illustres des Savoie, 2007 - books.google.fr).

Philiberte de Savoie - Recueil de Crayons at Bibliothèque Méjanes, Aix-en-Provence

Très cultivée, Philiberte accueillit les artistes et les écrivains et il n'était pas rare de croiser l'Arioste ou Léonard de Vinci dans les couloirs du château. Il y a une très-belle ode d'Arioste, auteur du Roland furieux, adressée à Philiberte de Savoie, veuve de Julien ; elle commence par ces mots : Anima eletta , che nel mondo folle.... etc. (William Roscoë, Vie de Laurent de Médicis surnommé le Magnifique, traduite de l'anglais sur la seconde édition par François Thurot, 1799 - books.google.fr).

Le paysage d'Huriel

Si l'on part de Monluçon pour se rendre à Huriel, il faut traverser la vallée de Crevant, semée de villages populeux, sur un tapis de vertes prairies, ou bien à travers de grands clos de vignes. Mais les abords de la ville sont moins séduisants : elle est située au sommet d'un plateau très-élevé. et s'appuie à l'ouest sur des coteaux arides, qui contribuent à rendre son aspect fort triste. Plus favorisés à l'est et au sud, les habitants d'Huriel ont en perspective la vallée du Cher et les collines qui bordent sa rive sinueuse. La position de cette ville était, comme on peui en juger, essentiellement militaire; aussi la puissance féodale s'en emparat-elle de bonne heure. On peut croire même que les Romains eurent quelque établissement en ce lieu; car on a découvert dans plusieurs jardins des fondations antiques, des médailles impériales et de ces monceaux de briques et de poteries que l'on trouve partout où les premiers conquérants des Gaules ont passé. (Georges Touchard-Lafosse, La Loire historique: pittoresque et biographique, Volume 2, 1841 - books.google.fr).

On pourra voir encore dans les rochers de La Joconde, qui rappelle ceux de La Vierge aux Rochers, ceux du champ de Jarges, près d'Huriel.

Le canton d'Huriel, que nous allons traverser rapidement, offre peu de localités à citer : voici Saint-Martinien, que les anciens seigneurs d'Huriel dotèrent de son église. Près de là, se rencontre Frontenac, joli village au-dessus duquel s'étendent les champs de Jarges. « Là, dit l'auteur du Voyage pittoresque en Bourbonnais. M. Barillon a cru voir dans les rochers qui composent la masse des coteaux, les débris d'une ville gauloise. Je n'ai pas besoin de lire, continue le malin voyageur, que rien n'est plus naturel que la disposition de tous ces rochers superposés : c'est un de ces jeux de la nature qui ont quelque chose de grandiose et d'étrange.

La Toque, les toques

Les chapeaux de femmes "ne sont jamais décrits dans les aventures d'Arsène Lupin, si l'on excepte la toque ornée de feuillage roux que Lupin recommande à son amie Hortense Daniel de porter, dans la nouvelle Au Dieu Mercure." (Jacques derouard, Le monde d'Arsène Lupin, Encrage, p. 45). Il y a d'autres toques comme celle de la comtesse de Cagliostro, au sourire de Joconde, ou celle de Véronique d'Hergemont dans L'île aux trente cercueils.

Aux alentours d'Huriel

Vers 1059, la terre de la Chapelaude, qu'on nommait autrefois Chapelle-Aude, juste au nord d'Huriel, est donné par Jean de Saint caprais avec le consentement de son suzerain, Archmabaud de Bourbon, frère d'Aimon, archevêque de Bourges, à l'abbaye de Saint-Denis qui y fonda le prieuré de la chapelle Sainte-Aude, et qui, chef-lieu d'une seigneurie justiciaire dont dépendirent des paroisses environnantes, connut durant tout le Moyen-Age une très grande prospérité avant d'être ruiné, d'abord par la mise en commende au XVIe siècle, puis par la suppression en 1686 de la mense prieurale dont les revenus furent affectés à Saint-Cyr. (www.culture.gouv.fr - Chapelaude).

Aude, d'origine bretonne, fêtée le 18 et 28 novembre, était la compagne de sainte Geneviève dont le miracle des ardents est fêté le 26 novembre. Saint Thomas d'Emèse, moine en Syrie, est fêté aussi le 18 novembre. On avait mis d'autres corps dans son tombeau encore libre : on les retrouva hors du tombeau, signe qu'on lui devait une sépulture à part (www.samuelephrem.eu - Martyrologe de novembre du 16 au 30 novembre).

Le 26 novembre est le lendemain du 25, fête de sainte Joconde martyre en Emilie au Vème siècle.

Roger Lanzac, Roger Lanrezac pour l'état civil, dont la grand-mère demeurait dans le bourg d'Audes au nord d'Huriel, est un animateur français de télévision et de radio, après avoir été chanteur et comédien, né le 28 octobre 1920 à Conakry (en Guinée, alors colonie française), mort le 25 novembre 1996 à Sainte-Foy-la-Grande (Gironde). Il a animé de 1962 à 1976 l'émission La Piste aux étoiles.

Roger Lanzac et un clown du cirque Pinder en tournée avec la RTF à Tours - 1964 - Crédits : Galmiche, Georges / INA - photo.ina.fr - Roger Lanzac

Autres 25 novembre

Jacques Coeur meurt le 25 novembre 1453 à Chio. 25 novembre fête de sainte Joconde, et Chio lieu d'extraction de l'escarboucle noire. (Voyage dans le temps : Jacques Coeur).

C'est au niveau artistique que l'on peut établir un lien entre Coeur et Huriel.

Au début du XVème siècle, le sculpteur Philippe Colombe travaille pour la famille berrichonne des De Brosse ; en 1416, il sculpte un tombeau à gisant, enfeu, et une Vierge de Pitié, thème assez rare alors, et une statue de saint Martin pour l'église d'Huriel, en Bourbonnais, mais proche du Berry. Il n'en subsiste que des fragments au Musée de Moulins. On le retrouve à Bourges en 1434-1435, d'après un texte signalé par M. Chenu, dans une maison à l'angle de la rue Moyenne et de la rue du Four, où il mourra en 1457, et qui reviendra à ses héritiers, sa veuve et son fils Michel, âgé de 27 ans. Bourges était alors, et depuis l'élan donné par le grand mécène qu'était le duc Jean de Berry, un des centres d'art de la France : là se trouvaient dans la rue des Ecrivains qui mène de la cathédrale à l'église Notre-Dame de Fourchault, l'hôtel de Guy de Dammartin où logea en 1388 André Beauneveu à qui succédera le sculpteur Jean de Cambrai, et un peu plus loin, la maison qu'habitait en 1401 Paul de Limbourg, puis celle de Jean Colombe, le peintre, frère de Michel. Après le décès du duc Jean, Jacques Cœur, épris de belles architectures, de sculptures, de peintures, de vitraux et de miniatures, ouvrira de nouveaux chantiers où travailleront sans doute Philippe Colombe et son fils Michel, et M. Pradel recherche à Bourges et dans les environs, en utilisant notamment l'inventaire des sculptures de la lin du moyen âge en Berry dressé en 1942 par Mademoiselle Solange Pajot, les œuvres qui annoncent par leur style et par leur technique, ce qui sera le chef-d'œuvre de Nantes (Marcel Aubert, Le dernier imagier gothique, Journal des savants, 1953, vol. 4, n° 1 - www.persee.fr, (Jean Favière, L'hôtel de Jacques Cœur à Bourges, 1992 - books.google.fr).

Jean II de Brosse du nom, comte de Penthièvre, vicomte de Bridiers, baron de Boussac, seigneur de Sainte Sevère, d’Huriel, la Perouse, Malleval, conseiller et chambellan du roi, obtint des lettres de Charles VII, le 25 novembre 1435, pour jouir de ses terres, châteaux, forteresses, biens et revenus, quoiqu’il n’eût pas l’âge requis par la coutume de Berry. Il rendit des services considérables au roi Charles VII, qui, en 1449, lui donna la conduite du ban et arrière—ban du Berry. Il accompagna Artus de Bretagne, comte de Richemont, connétable de France, à la journée de Fourmigny, en 1450, suivit en Guyenne le comte de Dunois, qui le fit chevalier à l'entrée de la ville de Baïonne, le 21 août 1451; fut fait lieutenant-général de l’armée du roi par lettres du 19 mars 1452; prit Bergerac et Castillon, et contribua beaucoupâ la reddition de cette province sous l'obéissance de son prince légitime. Il se trouva avec Jean de Bretagne, comte de Penthièvre, au siège de Charolais, qui fut’ pris d’assaut le 4 juin de la même année; succéda, du chef de sa femme, Nicole de Blois, vicomtesse de Limoges, puis comtesse de Penthiêvre, fille unique de Charles de Blois et de Chastillon, dit de Bretagne, baron d’Avaugour, et d’lsabeau de Vivonne, qu’il avait épousée le 18 juin 1437, de l'avis de Jean de Bretagne, comte de Penthièvre, son aïeul paternel, curateur de Jean de Brosse, à condition que leur postérité porterait le nom et les armes de Bretagne, au comte de Penthièvre, en I454, par la mort de Jean de Bretagne. Il avait suivi la parti du roi Louis X1 en} la guerre du Bien public; ce qui fut cause que le duc de Bretagne se saisit du comté de Penthièvre et ses autres terres de Bretagne, dans lesquelles il ne put rentrer de sa vie, quelques poursuites qu’il en fît, ce qui le détermina de céder et transporter au roi, sur la fin de l’année 1479, tous les droits qu’il pouvait prétendre au duché de Bretagne, du chef de sa femme (Nicolas Viton de Saint-Allais, Nobiliaire universel de France: recueil général des généalogies historiques des maisons nobles de ce royaume, 1872 - books.google.fr).

Autres Jocondes

On trouve dans Une femme à trois visages de Paul de Kock, un personnage ressemblant à Arsène Lupin, aux identités multiples, le comédien Bellaflorès et Monsieur de Saint Croisy :

- On m'a volé ma recette, je venais de la compter avec Bellaflorès. Il faut que ce drôle là soit entré dans le bureau pendant que je parlais à un abonné... il a tout emporté... et je lui avais ce matin avancé vingt francs pour s'acheter une toque pour jouer Joconde... Enfin, monsieur, on eut beau courir de tous côtés, Bellaflorès avait emporté la recette, et de plus s'était sauvé sur le cheval de la troupe, celui qui traînait la voiture de l'administration. — Voilà une heure que je t'écoute... qu'estce que ça me fait à moi que ton Bellaflorès ait décampé de Carpentras? — Mais, Monsieur, Bellaflorès, je viens de le reconnaître, c'est lui, c'est monsieur de Saint Croisy... il a changé de nom, mais c'est lui ! (Paul de Kock, Une femme a trois visages, Volume 2, 1860 - books.google.fr).

Carpentras fut le lieu d'internement de Vorski qui s'en échappe pour disparaître dans la forêt de Fontainebleau (L'île aux trente cercueils).

Joconde est une pièce créée en 1814 alors que les armées alliées entraient dans Paris. c'est un rôle d'homme. Joconde se rencontre aussi dans le Roland furieux de l'Arioste, avec les quatre fils Aymon et le château de Rochefort entre Carcassonne et Perpignan donné à Aymon par Charlemagne.

Joconde est le titre d'une nouvelle racontée par l'Arioste au XXVIIIe chant de son Roland furieux. Astolphe, roi de Lombardie, prince d'une grande beauté, apprend que le frère d'un de ses gentilshommes, nommé Joconde, pourrait rivaliser avec lui et lui disputer le coeur des belles. Il le mande auprès de lui. Joconde s'arrache avec peine des bras de sa jeune épouse, qui gémit à fendre l'âme. Le lendemain, il s'aperçoit qu'il a oublié des gages d'amour qu'elle lui avait donnés. Il revient et trouve sa femme dormant auprès d'un valet. Il s'éloigne sans mot dire et se rend à la cour où sa mine désespérée fait le plus grand tort à sa beauté. Mais, bientôt, il se console en s'apercevant que la reine trompe Astolphe avec un nain. Il fait part de sa découverte au roi, et tous deux, pour se venger, s'en vont courir les aventures galantes, mettant à mal le plus de femmes possible. Un jour, ils prennent une maîtresse commune, elle trouve moyen de les tromper tous deux en leur préence. Dès lors, acceptant philosophiquement la nécessité, ils retournent auprès de leurs femmes, qui les accablent de caresses. Cette nouvelle a inspiré à La Fontaine un conte plein de fine malice (www.cosmovisions.com - Joconde).

Fragonard, ni vulgaire ni déplacé, illustre même les épisodes les plus scabreux des contes. Ici, dans Joconde, est illustré le moment où, Astolphe et Joconde, revêtus de leur bonnet de nuit, profondément endormis aux côtés de la fille de l'hôte toute dévêtue ne peuvent qu'ignorer le jeune homme qu'elle accueille et qui se glisse dans le lit (www.la-fontaine-ch-thierry.net - Fragonard).