L'axe de Gisors (l'un des axes du 31 juillet) passe par Selles sur Cher, Gallardon, Epernon, Magny en Vexin, Parnes, Gisors, Crécy-en-Ponthieu, Ardres, Oye-Plage. Le 31 juillet est la date de la fête de saint Germain d'Auxerre. La ville d'Auxerre est sur un des axes du 20 septembre, la Saint Eustache, nommé Placide avant sa conversion provoquée par la vision d'une croix lumineuse entre les bois d'un grand cerf qu'il chassait.
La ligne Gisors-Auxerre passe par Paris : Porte Dauphine ; Champ de Mars (Tout Eiffel) ; Parc Montsouris traversé par le Méridien ; Porte de Gentilly ; Gentilly et son quartier de la Reine Blanche,.
Champs de Mars, Paris - Photo de B. Monginoux / Landscape-Photo.net (cc by-nc-nd) - www.landscape-photo.net
La construction de l'École militaire, par Gabriel, entraîne en 1765 la destination du Champ de Mars. On nivela le sol, l'entourant d'un vaste fossé et d'une longue allée d'ormes (cf. Orme de Gisosrs), et on ferma l'esplanade par une belle grille.
A Gentilly, le Château de la Reine-Blanche (ancien) - on connaît une reine Blanche à Gisors - appartint à madame la duchesse de Villeroy en 1774, duchesse qui est dame de Gentilly : le parc est assez considérable, et disposé dans le genre anglais. Madame de Villeroy possédait alors les deux fiefs dit de la Tour Ronde et de la Tour Quarrée.
Jeanne Louise Constance d'Aumont de Villequier (1731-1816) épouse Gabriel Louis de Neufville (1731 - 1794), marquis puis duc de Villeroy. Capitaine des gardes du corps du Roi (2e compagnie française) en 1758, il devint gouverneur de Lyon et des provinces lyonnaises, Forez et Beaujolais au décès de son oncle Louis François Anne, en 1766. Il est duc d'Alincourt (à Parnes près de Gisors). Les Neufville sont en effet possessionnés dans la région de Gisors (voir ci-dessous) (fr.wikipedia.org - Champ-de-Mars à Paris, unchemindeliledefrance.blogspot.fr, fr.wikipedia.org - Gabriel Louis François de Neufville de Villeroy).
Selles sur Cher
Sur une frise de l'église de Selles sur Cher est consacrée à la vie de saint Eusice. On y voit représentés quelques-uns des principaux miracles rapportés par les biographes. Encore tout jeune, le saint guérit un possédé. Quelques années plus tard, l'abbè de Patriciacum, où il s`était réfugié, l'avait chargé du soin des troupeaux; les autres serviteurs, qui étaient jaloux de lui, tuèrent les chiens pour que les loups pussent s'emparer des moutons, mais Eusice, ayant trouvé les loups dans la bergerie, les arrêta pour garder les troupeaux ». Convaincu par ce miracle, l'abbé donne à Eusice l'habit de religieux, mais les envieux. ne désarment pas, et un jour que le saint, chargé du soin de la boulangerie, s'apprêtait à enfourner, il s'aperçut qu'on lui avait soustrait ses instruments; confiant eu Dieu, il lit le signe de la croix et, comme les trois enfants dans la fournaise de Babylone, entra dans le four ardent, le nettoya, y plaça son pain et le retira après cuisson, sans souffrir aucun dommage ; on voit le saint qui se prépare à entrer dans le four ; à côté, il aligne les pains sur une table. Plus loin, les démons, attelés à un chariot, tirent des pierres de la carrière pour construire l'église. (Marcel Aubert, L'église abbatiale de Selles-Sur-Cher, 1914 - books.google.fr).
En 1920, le curé de Selles-sur-Cher (Loir-et-Cher) s'était cru suivi par un lycanthrope alors qu'il portait les derniers sacrements à un mourant (Jean Vartier, Les procès d'animaux: du Moyen âge à nos jours, 1970 - books.google.fr).
Gallardon
Probablement originaire de la Bourgogne, la famille Le Riche joua un rôle important au temps des Capétiens. Sous les premiers rois de cette dynastie, elle occupa des postes militaires majeurs qui devinrent rapidement héréditaires, et posséda de nombreux biens monastiques. La famille Le Riche a été la souche ou de proches alliés des familles de Senlis et Bouteiller de Senlis (seigneurs de Chantilly, Ermenonville, Montepilloy et Luzarches jusqu’au XIVe siècle) ; de Garlande ; de Clermont-Nesle ; des comtes de Beaumont-sur-Oise et de Clermont-sur-Oise ; des vicomtes de Pontoise ; des seigneurs de Gallardon, Lèves et Auneau. Ils ont été prévôts puis seigneurs de Chambly ; seigneurs de Chevreuse, de Montlhéry et d’Étampes.
Ansoud Ier L'Auxerrois Le Riche (mort en 956), vicomte d'Auxerre, est le grand-père de Herbert Ier de Gallardon gardien du château de Gallardon à l'appel d'Aubbert III son cousin, et le frère d'Aubert Ier de Gallardon époux de Hildeburge de Bellême (fr.wikipedia.org - Famille Le Riche).
Gallardon est célèbre pour son médium Thomas Martin.
Haricotier au bourg de Gallardon près de Chartres, il se dit témoin depuis 1816 d'une série d'apparitions : un homme, vêtu d'une redingote et d'un chapeau haut-de-forme, se présente à lui comme étant « L'Archange Raphaël, ange très célèbre auprès de Dieu ». Martin doit aller voir le roi et lui demander de remettre de l'ordre dans le pays, et de faire respecter le dimanche comme jour chômé pour honorer le Christ. Les visions de Martin sont d'inspiration ultraroyaliste : pour expier les fautes de la Révolution, le roi Louis XVIII doit faire reculer l'impiété grandissante et rétablir une monarchie stricte et inspirée constamment par la Foi. Extrêmement sceptique face aux déclarations du paysan, l'évêque Charrier de la Roche fait conduire Martin à l'asile de Charenton où il est examiné par les psychiatres Philippe Pinel et Antoine-Athanase Royer-Collard qui le déclarent sujet à une « manie intermittente avec hallucination des sens ». Louis XVIII reçoit cependant Martin aux Tuileries en avril 1816. Il reconnaît Charles-Guillaume Naundorff comme étant Louis XVII en 1833. Il meurt d'une congestion en 1834. Sa famille le dit assassiné, sans que l'autopsie ait pu prouver cela (fr.wikipedia.org - Thomas Martin, Louis Silvy, Relation concernant les événemens qui sont arrivés à un laboureur, 1817 - books.google.fr).
A ce sujet, le docteur a confirmé plus tard la déclaration de son père, en écrivant: Le général de La Rochejaquelein est bien venu à Gallardon dans la nuit du 31 juillet au 1er août 1830. Il vint prier mon père de venir au devant de Charles X à Maintenon, ville la plus proche de Gallardon. Mon père s'y refusa et dit au général que le roi ne remonterait pas sur le trône; qu'il y avait derrière lui comme une main qui le repoussait. (Légitimité, 1903, p. 379). La dernière phrase du récit du R. P. de Régnon n'est nullement en contradiction avec ce que rapporte la légitimité du 1er avril 1903, où nous lisons, page 379: Il (le général) me fit demander par le capitaine Blon (parent de Cathelineau) d'aller le voir. JE M'Y REFUSAI.
Toutefois, à la fin de l'entrevue, « le premier moment d'aigreur ayant disparu, le docteur Martin et son visiteur se séparèrent en bons termes». (Légitimité, 1903, p. 381.) Voici donc deux témoignages sérieux et graves qui s'accordent d'autant mieux qu'à notre avis celui du R. P. de Régnon semble venir de la source Martin. Il est en effet probable que le docteur et les amis chez lesquels il se trouvait à Orléans en 1857 ne se seront pas gênés pour publier l'anecdote ci-dessus relatée. Enfin je tiens ce qui suit de M. l'abbé L..., vénérable ecclésiastique du diocèse de Nantes, qui, lui aussi, connaissait parfaitement l'entrevue du général et du docteur en 1837. Il m'a affirmé que, vers 1880, Mme Raymond du Doré (née de Chalus) lui avait donné l'assurance que le général de La Rochejaquelein lui avait dit textuellement, en parlant de Louis XVII : «. Je l'ai cherché partout, mais sans aucun résultat. » Nous venons de voir que le général avait parlé au docteur Martin et à Mme du Doré à des époques différentes. Ses paroles contiennent de graves aveux et prouvent qu'il croyait formellement à l'évasion du Dauphin. Mais; il est loin de s'être borné à ces deux communications, comme il convient de le rappeler ci-après. En 1840, le général eut une entrevue avec le « baron de Richemnont », chez M. l'abbé Jacolet, ex-aumônier du prince de Condé, alors curé de Saint-Ambroise-Popincourt, et y fit la déclaration suivante : Que depuis de longues années il était à la recherche du fils de Louis XVI, qu'il en avait parlé à la duchesse d'Angoulême, qui lui avait déclaré, comme au comte d'Hérisson le récit fait par lui à M. Gruau de La Barre, récit dans lequel est relatée son entrevue en 1857 avec le général de La Rochejaquelein. C'est avant tout la confirmation de la démarche faite auprès de Martin père dans la nuit du 31 juillet au 1er août 1830 (La légitimité, Volumes 22 à 24, 1906 - books.google.fr).
Le prénom complet de Martin était Thomas Ignace. Ignace de Loyola est fêté le 31 juillet.
IGNACE THOMAS MARTIN est né et baptisé le 18 février 1783 à Gallardon, fils de Louis Martin, laboureur, et de Marianne Ridet. Il serait décédé à Chartres, le 8 mai 1834, à l'âge de 51 ans, époux de Marie-Madeleine Troussebois, puis enterré le 11 mai 1834 à Gallardon. (shenandoahdavis.canalblog.com).
"L'ange donc ordonne à Martin d'aller trouver le roi ..." - Armand Fouquier, Causes célèbres de tous les peuples, t. II, numéro 38 (« Les Faux dauphins »), Paris, 1859
Epernon
Malgré toutes les incertitudes qui ont plané sur l'origine de l'église Saint-Germain-l'Auxerrois, il parait que son vrai fondateur est le roi Chilpéric, et que saint Germain en fut le patron. La construction de cette église eut lieu en 606, et saint Landry y fut inbumé en 656. Mais elle ne porta pas d'abord le nom d'Auxerrois: on l'appelait encore, sous la seconde race, Saint-Germain-le-Rond, parce qu'elle avait été élevée sur un plan circulaire et sous le patronage de saint Germain. Au commencement de la troisième race, le roi Robert, fils de Hugues Capet, et couronné en 990, fit rebâtir cette église, qui avait été ruinée par les Normands dans une de leurs excursions à Paris. Ce fut alors qu'elle prit la désignation de Saint-Germain-l'Auxerrois, pour n'être pas confondue avec une autre église; mais les historiens de Paris n'expliquent pas d'où est venu le nom d'Auxerrois. En 1423, sous la domination anglaise, cet édifice éprouva une nouvelle métamorphose, en laissant toutefois subsister l'ordonnance sarrasine de son porche, derrière lequel est placé le buffet d'orgue. Dulaure rapporte que de cette église partit le signal donné par une de ses cloches pour le massacre des protestants à la Saint-Barthélemy, en 1572. Déjà , en 1356, ce lieu avait servi de point de réunion et de départ à la fameuse insurrection d'Etienne Marcel, prévôt des marchands, contre les grands d'alors. Le chapitre de Saint-Germainl'Auxerrois exerça longtemps une redoutable prépondérance sur les églises voisines; elle ne cessa qu'en 1744, époque où ce chapitre fut réuni à celui de Notre-Dame. En 1831, le clergé ayant eu l'imprudence de tenter de célébrer dans ce temple un service en mémoire des princes de la famille déchue et du duc de Bordeaux, le peuple de Juillet, qui venait de renverser la branche ainée des Bourbons pour lui substituer la branche cadette, se porta en masse dans l'église afin d'en chasser les officiants, et de là , comme il soupçonnait l'archevêque d'avoir autorisé la célébration qui venait d'exciter sa colère, courut à l'archevêché, qui fut en un moment tout à fait démoli. Le maire du quatrième arrondissement, M. Cadet de Gassicourt, sauva du même sort l'église Saint-Germain-l'Auxerrois, qui a été restaurée et rendue au culte en 1838, et dont en 1842 on a réparé le portail. (Albert Montémont, Guide universel et complet de l'étranger dans Paris, suivi d'une revue des environs de Paris, 1859 - books.google.fr).
L'Abbé Lebeuf croit qu'il en faut attribuer la première origine à une Chapelle qui aurait été construite peu de temps après la mort de Saint Germain, évêque d'Auxerre. C'est sur l'ordre de Chilpéric Ier (roi des Francs) que débuta la construction de l'église qui souhaitait y voir le futur tombeau de Saint Germain de Paris (ce que ne se réalisera pas), sur l'emplacement de la chapelle bâtie en 540 (sous l'invocation de Saint Germain d'Auxerre) pour le roi Childebert Ier et la reine Ultrogothe. En 584, le roi meurt assassiné laissant l'église inachevée. Mais sous le règne de Pépin, le 25 juillet 754, ce Prince, assisté de ses fils et des Grands du Royaume, fit faire avec la plus grande pompe, la translation du corps de Saint Germain de Paris de la petite Chapelle de Saint-Symphorien dans le chœur de la grande Église de Saint-Vincent, qui depuis fut appelé de Église Saint-Germain (des Prés) ou de Saint-Vincent et Saint-Germain vraisemblablement pour distinguer ces deux églises dédiées sous le nom du même Saint, dont la dernière était nommée Saint-Germain-le-Rond. (fr.wikipedia.org - Saint-Germain-l'Auxerrois de Paris).
Le dauphin, régent du royaume après la défaite de son père Jean II le Bon à Poitiers en 1356, et soumis à la pression de Parisiens favorables à une monarchie constitutionnelle, finit par s'enfuir de Paris. Par peur des représailles, Étienne Marcel fait armer les Parisiens, achève les fortifications de la ville. Il fait l'erreur de faire appel au roi de Navarre, Charles le Mauvais, l'ennemi héréditaire. Les troupes anglo-navarraises sont stationnées à Epernon, commandées par l'aventurier anglais James Pype qui s'intitule lieutenant pour le roi de Navarre. Les troubles s'accentuent. Jouant la carte anglaise, le prévôt se met à dos une partie des Parisiens. Le drapier est dans de sales draps. Etienne Marcel est assassiné le 31 juillet 1358. Six ans plus tard, après la mort de son père à Londres, le dauphin devient le roi de France Charles V. (Frédéric Lewino et Gwendoline Dos Santos, 22 février 1358, 2013 - www.lepoint.fr, Jean Froissart, Chroniques: 1356 - 1360, Volume 5, traduit par Siméon Luce, Gaston Raynaud, Léon Mirot, 1874 - books.google.fr).
Crécy
Sur ses conseils, le débarquement a lieu à La Hougue de Saint-Vaast, le 12 juillet 1346. Nous connaissons la suite. Le 31 juillet, le roi d'Angleterre s'empare de Caen, puis se dirige vers la haute Normandie, en évitant les places bien fortifiées (comme Évreux et Rouen). La ville de Louviers, appartenant à l'archevêque, était mal défendue : elle est prise, pillée et brûlée. Entretemps, Philippe VI a rassemblé son armée et rattrape les Anglais à Crécy-en-Ponthieu [chef-lieu de canton de la Somme]. C'est là que se livra la bataille de Crécy (François Neveux, La Normandie pendant la guerre de Cent Ans, XIVe-XVe sièle, 2008 - books.google.fr).
A cette bataille précisément furent tués le comte d'Auxerre Jean II de Châlon et le comte de Bar. Jean III sera prisonnier à la bataille de Poitiers, en 1356, et fut conduit avec le roi Jean II le Bon à Londres, d'où il ne revint que 4 ans après (André Gourlin, Mailly le Château, 1979 - books.google.fr, Edme Béguillet, Description générale et particulière du Duché de Bourgogne, 1848 - books.google.fr).
La seconde épouse du roi Philippe VI de Valois, le battu de Crécy, recevra le douaire de Gisors et de Neufchâteau.
L'église Saint-Séverin de Crécy fut construite sur le plan d'une croix latine aux XVe-XVIe siècles. Les soubassements sont faits en damiers de grès et de silex. De style gothique flamboyant, restaurée au début du XXe siècle, elle est dominée par un clocher-porche dont le portail a été muré. Ce porche est surmonté d'une rosace flamboyante (fr.wikipedia.org - Crécy-en-Ponthieu).
Le 3 août 1347, après un siège de onze mois, Calais capitule devant les troupes anglaises. Le roi Édouard III Plantagenêt s'apprête à passer la population au fil de l'épée. Puis il se ravise et prétend n'exécuter que six otages, les «bourgeois de Calais» (www.herodote.net).
La Bouvaque (Abbeville) où existe un culte de saint Millefort (6 septembre) se trouve près de cet axe du 31 juillet.
Oye-Plage
Germain d'Auxerre visita la Morinie avec saint Patrick et saint Loup de Troyes.
La Morinie s'étendait de l'embouchure de l'Escaut - frontière avec les Ménapes au nord - à la vallée de la Canche, frontière avec les Ambiens. César fut très intéressé par cette partie du territoire Morin où la traversée vers la (grande) Bretagne était "le plus court". Bien que César se soit battu contre les Morins, il n'a réussi à conquérir qu'une partie assez réduite de leur territoire (notamment le sud-ouest autour de Boulogne et Calais). La partie nord des Morins restait indépendante jusqu'à ce que l'empereur Auguste les annexe entre 33-23 av. J.-C. (fr.wikipedia.org - Morins).
Que devenait la Morinie durant ces sanglants conflits ? Comme bien d'autres Cités de la Gaule, il est probable qu'elle ne comptait plus guères que pour la forme au nombre des provinces romaines. Voisine du territoire envahi par les Francs, elle allait bientôt être saisie elle-même, et former, avec les provinces contiguës, le noyau de la monarchie naissante. En attendant, et en l'absence de l'autorité légale qui ne la protégeait plus, il y a lieu de penser que si elle ne fut pas livrée aux conséquences de l'anarchie, elle le dut à l'intervention chrétienne dont le pouvoir, en ces temps de transition, de plus en plus respecté, demeurait seul sur la brèche. Pendant que la lutte la laissait encore à l'écart, elle avait reçu la visite apostolique d'un homme que l'Irlande devait nommer son patron. St-Patrice s'arrêta plusieurs années chez les Morins, et s'y prépara par la prédication à la grande mission qu'il était appelé à remplir. Il y fut rejoint par St Germain, d'Auxerre, et St Loup, de Troyes, envoyés en Bretagne par le pape Célestin pour y combattre l'hérésie de Pélage. Ces saints évêques s'étant embarqués à Boulogne, les Fastes ecclésiastiques mentionnent l'horrible tempête par laquelle ils se virent assaillis dans le détroit, et qui ne put être apaisée que par un miracle du Ciel (Joseph-Hector de La Gorgue de Rosny, Histoire du Boulonnais, 1868 - books.google.fr, Analecta bollandiana: revue critique d'hagiographie, Volume 76, 1958 - books.google.fr).
Gisors et saint Germain d'Auxerre
L'église saint Martin de Boury en Vexin possède depuis le XIIIème siècle comme relique un bras de saint Germain d'Auxerre, patron de la paroisse (Jean-Paul Labourdette, Nord Pas de Calais Picardie 2008, Le petit futé, 2007 - books.google.fr).
Pierre le Gendre, seigneur de Magny en vexin et de Parnes, trésorier de France sous Louis XII puis François Ier, meurt le 3 février et est inhumé dans l'église Saint Germain l'Auxerrois de Paris.
Lorsque Pierre Le Gendre acquit le domaine d'Alincourt (à Parnes), il dut partager son temps entre l'hôtel parisien qu'il faisait construire et le château médiéval où il effectua de grands travaux. Sa prodigieuse ascension sociale et politique allait ainsi pouvoir être matérialisée dans la pierre. Le Gendre représente bien en cela la nouvelle classe des bourgeois parvenus. N'épousa-t-il pas en secondes noces Charlotte Briçonnet, issue d'une famille appartenant au riche milieu d'affaires tourangeau ? Parallèlement à la construction du célèbre hôtel Le Gendre à Paris aujourd'hui disparu, il acquit les terres, château et seigneurie d'Alincourt, qui allaient lui permettre d'asseoir sa puissance nouvelle sur l'ancienneté de la demeure (Jean-Louis Rebière, Anne Bossoutrot, Le château de Pierre Le Gendre à Alincourt. Identification d'un dessin de l'atelier de Van der Meulen. In: Bulletin Monumental. Tome 155 N°2, année 1997 - www.persee.fr).
Il mourut à Paris dans son hôtel, rue des Bourdonnais, le 3 février [Saint Blaise] 1525 ; son cœur fut porté à l'église de Magny-en-Vexin et son corps inhumé à Saint-Germain l'Auxerrois, dans la chapelle de la Trinité.
Le 16 décembre 1513, Pierre Le Gendre, chevalier, conseiller du Roi et trésorier de France, paroissien de Saint-Germain l'Auxerrois, obtenait du chapitre la concession de cette chapelle dans laquelle était déjà inhumé son cousin Jean Mauduit, valet de chambre de Charles VIII. La concession était accordée à charge pour le preneur d'entretenir la chapelle, avec le droit d'y placer tels meubles et statues qu'il lui plairait, d'être enterré dans la «cave», ainsi que sa femme et ses descendants et héritiers portant ses armes : la chapellenie qui y était fondée depuis longtemps continuerait d'y être desservie et, si le chapitre entendait agrandir l'église de ce côté, Pierre Le Gendre et ses ayants cause seraient tenus d'y exécuter les travaux à leurs frais (Épitaphier du vieux Paris, Tome V, Fascicule premier, 1974 - archive.org).
Parmi ces fonctionnaires royaux de premier plan, la personnalité la plus marquante pour le Vexin français est sans conteste celle de Pierre Le Gendre. Fils du parisien Jean Le Gendre, trésorier des guerres, seigneur de Villeroy (mort en 1512), il cumula lui-même de nombreuses charges publiques dont celles de notaire et secrétaire du roi (depuis 1493), de trésorier des guerres (au moins 1496-1504) et de trésorier de France Outre-Seine et Yonne (depuis 1504). Soucieux comme ses pairs de placer les bénéfices de ses offices, Pierre Le Gendre jeta son dévolu sur le Vexin français, région d'origine de la troisième épouse de son père, Françoise de Dampont, avantageusement située à mi chemin entre Rouen où il était receveur des tailles et subsides (1485-1498) et la capitale où il se fixa après 1498 et où il fut prévôt des marchands en 1508-1510. L'achat des seigneuries de Saint-Gervais, Parnes et Alincourt en 1488 fut la première acquisition d'une longue série qui ne s'interrompit qu'à sa mort en 1525. Magny-en-Vexin, dont il acheta la seigneurie en juillet 1498, devint le centre administratif de son domaine. Il obtint du roi, quelques mois plus tard, la création dans cette ville de deux foires annuelles, le 9 mai et le 29 septembre. En 1519, il acquit la sergenterie fieffée de ce lieu et, en 1521, une partie de la haute justice sur le bourg et ses environs. Pierre Le Gendre marqua de son empreinte artistique la plupart de ses possessions franciliennes et normandes 102, et tout particulièrement dans le domaine de l'architecture dont sa familiarité avec les rouages de la commande lui avait assuré des missions pour le compte du roi à Paris. Mais c'est au Vexin qu'il consacra ses plus grandes libéralités. [...]
Pierre Le Gendre étant mort sans enfant, c'est son neveu, Nicolas II de Neufville-Villeroy (mort en 1549 ou 1552), qui lui succéda dans ses charges de conseiller, secrétaire du roi et trésorier de France Outre-Seine et Yonne (1525-1532), comme dans la plupart de ses possessions foncières, les plus proches de Gisors revenant cependant à son parent, Jean de Boudeville. [...]
Installé aux portes de Gisors (à Courcelles et au Boisgeloup), Pierre Le Gendre était en affaire avec plusieurs notables de cette ville. Pour autant, il ne s'impliqua pas personnellement dans la reconstruction de l'église SaintGervais ; du moins pas directement car son intervention est sous-jacente dans le fait que la fabrique et la principale confrérie de la paroisse bénéficièrent, au moment où le chantier battait son plein, des dons de nombreux clercs, officiers des finances et membres de la chancellerie royale qui lui étaient proches. Le premier signe de l'intérêt porté par son entourage à l'église de Gisors remonte 1489, époque où Pierre Le Gendre prenait pied dans le Vexin. Cette année-là , la confrérie de l'Assomption enregistra l'adhésion de Philippe de Valangelier, bourgeois de Paris, clerc de Jean Le Gendre, trésorier des guerres, père de Pierre. Vinrent ensuite les membres de la chancellerie : en 1497-1498, l'Auvergnat Jean Duprat, clerc des finances du roi, racheta à la confrérie une rente assignée en sa faveur. En 1499, au cours d'une tournée qui devait l'amener à Gaillon, Thomas Bohier, général des finances de Normandie (mort en 1524), s'y fit enregistrer moyennant quatre écus avec son épouse Catherine Briçonnet, parente de celle qui allait devenir la seconde femme de Pierre Le Gendre. La même année c'est le parisien Jean Budé (1464-1522), frère de l'humaniste Guillaume, notaire et secrétaire du roi et élu de Gisors (documenté à ce poste en 1493-1511), qui lui versa 5 livres avec son épouse Marguerite Mesnart, fille de Catherine Le Gendre, demi-sœur de Pierre. En 1500-1501, l'Assomption de Gisors enregistra l'adhésion de Louis de Poncher (mort en 1521). Notaire et secrétaire du roi et trésorier de France comme Pierre Le Gendre 135, il était surtout le beau-frère de ce dernier dont il avait épousé la sœur Roberte. Mais il avait une autre raison de de s'intéresser à Gisors : un membre de sa famille, Jean (un oncle ?), notaire et secrétaire du roi, y avait été élu des aides dans les années 1470-1480. [...]
Les historiens l'ont souligné, l'origine parisienne et l'implantation dans le Vexin de la famille Le Gendre-Neufville avant le second quart du XVIe siècle constitue une exception dans ce milieu de la chancellerie royale dont les membres se recrutaient encore majoritairement dans le Val de Loire. C'est de là notamment qu'était originaire Jacques Rolant, écuyer, notaire et secrétaire du roi et vicomte de Gisors, qui versa en 1489 cinq livres à la confrérie de l'Assomption [...] À la génération suivante, la générosité dont firent preuve les notaires et secrétaires du roi envers l'église de Gisors témoignait moins d'un désir d'y laisser une trace durable de leur passage que d'un souci de reconnaissance envers des communautés lourdement mises à contribution, et, d'une certaine manière, d'une allégeance à leur collègue et parent Pierre Le Gendre, si profondément ancré dans cette région. Pour tous ces hommes, la commande artistique ou le soutien à des entreprises monumentales dans le Vexin et ses environs était le prolongement naturel de leur activité en la matière dans la capitale. À Paris, Pierre Le Gendre joua lui-même un rôle décisif dans la fixation géographique de cette élite comme dans la diffusion d'une architecture d'un grand raffinement. À partir de 1493, il acquit entre la rue des Bourdonnais et la rue Tirechappe un ensemble de parcelles où il éleva un somptueux hôtel, détruit en 1841. L'entreprise, bien avancée selon nous dès 1499, associait un décor italianisant novateur et un plan au schéma rationalisé dès le milieu du XVe siècle. Elle eut immédiatement valeur d'exemple. Louis de Poncher, également installé rue Tirechappe, y fit lui aussi bâtir en 1503-1504 un hôtel, dont Antoine Bohier, fils de Thomas, hérita en 1522. Dix ans plus tard, c'est Nicolas de Neufville, héritier de la seigneurie de Villeroy à la mort de son grand-père Jean Le Gendre en décembre 1512, qui prit pied dans le même quartier. À l'emplacement de l'ancien hôtel d'Alençon, rue d'Autriche, il construisit à son tour un luxueux hôtel, achevé au début de l'année 1518, où il hébergea le roi en 1528. C'est à l'opposé de cet hôtel qui disparut lors de la construction de la colonnade du Louvre, de l'autre côté de l'église Saint-Germain-l'Auxerrois, que résidait Denis Duval, rue de l'Arbre-Sec, dans un hôtel où des embellissements récents étaient signalés en 1511. Tous ces individus liés par des alliances matrimoniales se retrouvèrent donc paroissiens de Saint-Germain-l'Auxerrois. Ils rivalisèrent de générosité envers cette église, tirant partide la reconstruction entamée vers 1476 pour y laisser la marque de leur action. Louis de Poncher y fit bâtir en 1506 au sud du chœur une chapelle qu'inaugura son frère aîné Étienne, évêque de Paris, et dans laquelle ilfut inhumé en 1521 avec son épouse morte l'année précédente. Le tombeau portant les gisants des défunts y fut placé en 1523. Pierre Le Gendre obtint en décembre 1513 la concession de la chapelle de la Trinité au nord du chœur, qu'il fit probablement embellir sinon rebâtir. Dans les années 1520, Denis Duval qui exerçait les fonctions de marguillier y fit lui aussi construire une chapelle à usage funéraire, à proximité de celle des Poncher. Des liens artistiques étroits devaient exister entre Saint-Germain-l'Auxerrois et les hôtels des alentours, même si ces derniers, en témoignent les vestiges de l'hôtel Le Gendre, devaient apparaître en matière de dispositions et de décor plus innovants que les parties flamboyantes de l'église. On sait désormais que Nicolas de Neufville confia la construction de son hôtel à Jean Moireau, qui était intervenu en 1503 comme expert dans les travaux de l'hôtel de Louis de Poncher et qui avait bâti en 1506 la chapelle funéraire de ce dernier dans l'église Saint-Germain-l'Auxerrois dont il était maître maçon. Signalé à Paris depuis 1488, cet architecte de renom pourrait fort bien être le maître d'œuvre de l'hôtel Le Gendre. Un document inédit nous apprend qu'il dirigeait en 1517 le chantier de l'escalier de la Sainte-Chapelle dont l'italianisme de façade a longtemps entretenu l'illusion qu'il s'agissait de l'œuvre d'un Italien, Fra Giocondo en l'occurrence. Or les travaux de l'ensemble des bâtiments du palais de la Cité étaient supervisés à cette époque par le collège des trésoriers de France dont faisaient partie Pierre Le Gendre et Louis de Poncher. Les chantiers parisiens de Pierre Le Gendre et de son entourage eurent, selon nous, des répercussions sur l'activité architecturale dans le Vexin en raison de l'installation dans cette région de maîtres d'œuvre parisiens employés dans la capitale par ces commanditaires. Ce n'est sans doute pas le fruit du hasard si l'office de maître des œuvres de maçonnerie du roi au bailliage de Gisors était exercé, en 1500-1511, par Jean Marchant le jeune, charpentier à Paris, qui participa en 1503-1504 à la construction de l'hôtel de Louis de Poncher après avoir sans doute contribué à bâtir celui de son voisin Pierre Le Gendre (Étienne Hamon, Un chantier flamboyant et son rayonnement: Gisors et les églises du Vexin français, 2008 - books.google.fr).
Les Neufville-Villeroy constituent une dynastie de gouverneurs de Lyon au XVIIème et XVIIIème siècles (Bréghot du Lut, Péricaud Aîné, Catalogue des Lyonnais, 1838 - books.google.fr).
Auxerre : axe du 20 septembre ou la Saint Eustache
Selon Constance de Lyon, qui rédigea sa Vita Germani vers les années 475-480, saint Germain se rendit à Ravenne pour plaider la cause des Armoricains auprès de l'empereur ; ils avaient été livrés par le patrice Aetius au roi des Alains, Goar. Bien que l'itinéraire n'ait pas été précisé, il est à peu près certain que le célèbre évêque utilisa la grande voie Lyon Milan par le col du Petit-Saint-Bernard. L'évêque meurt à Ravenne et son corps est ramené à Auxerre. Le cortège funèbre repasse les Alpes. Et au IXe siècle, Héric d'Auxerre précise dans ses Miracula Sancti Germani l'endroit de la rencontre où le prêtre Saturnus accueillit le corps du saint évêque. C'était au «mons qui minoris Jovis dicitur» , qui est le Petit-Saint-Bernard. Héric dit qu'en ce lieu se trouve une église, passage obligé du pèlerin de Rome, petite par les dimensions, grande par les miracles. Et il se fait l'écho d'une tradition indiquant que cette église fut construite en raison de la dépouille du saint évêque, qui y reposa lorsqu'on le ramenait de Ravenne. Il s'agit de l'hospice avec sa chapelle construit à côté de la colonne Joux romaine. De cette documentation bien fragmentaire que pouvons nous conclure ? L'organisation diocésaine de la Tarentaise date du début du Ve siècle. Genève et Grenoble ont des évêques à la fin du IVe siècle; la Maurienne à la fin du VIe siècle ; Aoste en Italie au début du Ve siècle et le Valais dans le troisième tiers du IVe siècle, le premier évêque saint Théodore fondant le culte de la la Légion Thébaine à Agaune (Histoire et archéologie, Numéros 47 à 52, 1980 - books.google.fr).
On rencontre un évêque de Tarentaire à Gisors envoyé par le Pape Alexandre pour réconciliern, en vain, les rois de France et d'Angleterre :
Le jour des Cendres, qui, cette année 1174 , fut le 6ème de février, les deux rois se rendirent au monastère de Mortemer, de l'ordre de Cîteaux, dans la forêt de Lions en Normandie. Le saint archevêque y officia et donna les cendres aux deux rois. Il y guérit un chevalier qui depuis longtemps avait perdu un œil par une blessure. Il fit encore d’autres miracles à Gisors, dans l’abbaye de Lierre et à Haute-Bruyère. Mais ce fut tout le fruit de son voyage, et il ne réussit pas dans la négociation de la paix pour laquelle le Pape l’avait envoyé. A son retour, il tomba malade, et fut obligé de s’arrêter au monastère de Belleval, dans le diocèse de Besançon. Il y mourut le jour de l’Exaltation de la sainte Croix, 14ème de septembre de la même année 1174, et fut enterré le troisième jour par Evrard, archevêque de Besançon, accompagné de plusieurs abbés. Il avait vécu soixante-treize ans, et rempli pendant trente-trois ans le siège de Tarentaise. L’Eglise honore sa mémoire le 8 mai qui est aussi la fête de saint Michel au Mont Gargan (René-François Rohrbacher, Vies des Saints, pour tous les jours de l'année à l'usage du clergé et du peuplé fidèle, Volume 3, 1853 - books.google.fr).
Le convoi ramenant le corps de saint Germain d'Auxerre, mort à Ravenne, passa par Avallon, sur cet axe Gisors-Auxerre pour arriver dans la capitale de l'Yonne (Archéologia, Numéros 242 à 247, 1989 - books.google.fr).
Ce trajet enpruntait l'ancienne voie Agrippa de l'Océan qui partait de Lugdunum (Lyon) et passait par Cavillonum, (Chalon-sur-Saône), principal port commercial de l'Arar (La Saône) ; Aballo (Avallon) ; Girollis (Girolles) ; Sermizelles ; Camp de Cora ; Saint-Moré ; Prégilbert ; Vicus Scoliva (Escolives) ; Autessiodurum (Auxerre). Le point d'arrivée était Gesoriacum (Boulogne-sur-Mer) qui aurait constitué, selon certains, le principal axe commercial vers l'île de Bretagne. Gesoriacum ressemble assez à Gisors (fr.wikipedia.org - Via Agrippa de l'Océan).
Sur cet axe, au bord de la Méditerranée, se trouve : San Remo dont la cathédrale San Siro possédait un oratoire "d'une importance considérable à la relation au titre, qui est de Saint-Germain d'Auxerre (France)", détruit après la seconde guerre mondiale (www.parrocchiasansiro.org) ; Aix-les-Bains à côté de laquelle se trouve Saint Germain la Chammbotte (paroisse de Germain d'Auxerre) (de.wikipedia.org - Saint-Germain-la-Chambotte).
La commanderie templière de La Saulce sur Yonne à Escolives Sainte Camille, près d'Auxerre, possédait une chapelle Saint Eustache (Michel Miguet, Les templiers en Bourgogne, 2009 - books.google.fr).
La vitrerie de la cathédrale d'Auxerre constitue l'ensemble le plus important conservé dans cette province portant sur la Bourgogne du XIIIème siècle. [...] Mme Raguin distingue dans la production bourguignonne l'œuvre de huit ateliers : l'atelier de la Genèse (Auxerre), le maître de saint Eustache (Auxerre), l'atelier de Saint-Germain- les-Corbeil qui fournit des verrières à Troyes, Semur-en-Auxois (Auxerre), l'atelier de l'Apocalypse dénommé ainsi d'après la verrière d 'Auxerre et actif à Saint-Julien-du-Sault et à Saint- Fargeau, l'atelier de l'Enfance du Christ (Saint-Julien-du-Sault), l'atelier d'Isaïe de la Sainte-Chapelle de Paris actif à Saint-Julien-du-Sault et à Auxerre, le maître de la Madeleine (Semur-en-Auxois), enfin l'atelier de Notre-Dame de Dijon (Françoise Perrot, Virginia Chieffo Raguin, Stained Glass in Thirteenth-Century Burgundy. Princeton, 1982, 182 p.. In: Bulletin Monumental. Tome 147 N°1, année 1989 - www.persee.fr).
La chapelle Saint-Eustache de la cathédrale Saint Etienne de Beauvais s'enrichit d'un nouveau vitrail que, le 13 mai 1572, Nicolas Brocard, marchand de la ville, commande à un maître verrier de Gisors, Romain Buron (Annie Henwood-Reverdot, L'Église Saint-Étienne de Beauvais: histoire et architecture, 1982 - books.google.fr).
Les deux fils de Jean Buron, Guillaume et Romain, prirent sa succession et exécutèrent, dans les années 1560, au moins cinq verrières historiées pour les fenêtres hautes de la nef et pour les baies des chapelles, toutes perdues (Étienne Hamon, Un chantier flamboyant et son rayonnement: Gisors et les églises du Vexin français, 2008 - books.google.fr).
Gisors, qui demandait des vitraux à Beauvais, avait pourtant des peintres verriers : Jean Buron le père et Romain Buron le fils, mais ces Buron eux-mêmes s'étaient peut-être formés à Beauvais. Il reste a Gisors une de leurs verrières qui porte le monogramme R. B., Romain Buron. Elle représente plusieurs saints et saintes, sainte Geneviève, saint Pierre, sainte Clotide et enfin la Vierge dans un grand cercle de lumière dorée. Ce vitrail, admirable de couleur, n'est pas indigne de l'atelier de Beauvais. Nous retrouvons Romain Buron non loin de Gisors, aux Andelys : ces riches verrières des Andelys, dont la plus belle devait être, suivant Léon Palustre, l'œuvre des Leprince, doivent être rendues aux Buron. Un de ces vitraux est signé Romain Buron : on peut donc supposer que les meilleures verrières, celle notamment qui représente la Légende de Théophile, sont son œuvre (André Michel, Histoire de l'Art: depuis les premiers temps jusqu'à nos jours, Volume 2, 1930 - books.google.fr).
Saint Eustache dans la rivière voit ses enfants enlevés par les animaux (Baie 8), XIIIème siècle - ndoduc.free.fr
Plusieurs autels placés le long des murs de l'église de Gisors ont également été qualifiés de « chapelles ». D'où l'hésitation, voire la confusion des scribes entre les termes de « chapelle », « autel » et « confrérie ». [...] La « chapelle » Saint-Eustache, supprimée vers 1505, fut également rétablie à proximité de son emplacement initial près du chœur. Des inhumations « en la chapelle Saint-Eustache » furent de nouveau pratiquées en 1520-1523.
Nicolas de Neufville pourrait être également l'instigateur de la désignation de Jean Delamare à la tête du plus important chantier religieux parisien du règne de François Ier : Saint-Eustache. Des textes, d'interprétation délicate, nous apprennent qu'un projet de reconstruction fut élaboré en 1519 mais que la première pierre ne fut posée qu'en 1532. La chronologie et les parentés relevées entre Saint-Eustache d'une part, Saint-Victor de Paris, Saint-Maclou de Pontoise et Villiers-le-Bel d'autre part, désignent selon nous Jean Delamare. Or qui mieux que Nicolas de Neufville, devenu spécialiste des bâtiments et des commandes royales après avoir été marguillier de Saint-Eustache au moment de la laborieuse gestation de cet ambitieux projet, était en mesure d'en désigner le concepteur ? (Étienne Hamon, Un chantier flamboyant et son rayonnement: Gisors et les églises du Vexin français, 2008 - books.google.fr).
L'église Saint-Eustache de Paris était originairement une fort petite chapelle, bâtie, dit-on, sur l'emplacement d'un temple de Cybèle, et élevée sous le titre de Sainte-Agnès. Sa fondation remonte aux premières années du XIIe siècle; elle relevait du chapitre de Saint-Germain-l'Auxerrois et lui servait de chapelle de secours, ainsi que la chapelle de la Tour, connue plus tard sous le nom de Saint-Sauveur, celles de Saint-Roch, de la Madeleine, de la Ville—l'Évêque et autres.
Simon fut d'abord premier doyen, ensuite premier curé de Saint-Eustache. Il fut en effet curé de l'église de Sainte-Agnès, bâtie vers 1200. Cette église ayant pris le vocable de Saint-Eustache, par suite, dit Jaillot, de la translation des reliques de ce saint conservées, depuis 100 ans, dans l'abbaye de Saint-Denis, et qui furent apportées à Paris, comme un don précieux, après avoir été extraites de lachasse de Saint-Denis, il est juste de le compter en tête de cette liste. Une charte de l'année 1223 porte textuellement sa dénomination : Presbyter ecclesiœ Sancti Eustachii Parisiensis.
Sous l'administration de cet ecclésiastique eurent lieu de continuelles contestations entre lui et le doyen du chapitre de Saint-Germain-l'Auxerrois, dont cette chapelle relevait, tantôt au sujet de la nomination à ses bénéfices, tantôt pour les produits que revendiquait Saint-Germain. Plusieurs chartes furent délivrées à cette occasion. Une première de 1213 appelle l'église: Nova capella Sanclœ Agnetis, et ne termine en rien le différend. En 1216, comme on parlait sérieusement de diviser la paroisse de Saint-Germain, le chapelain et le doyen de Saint-Germain choisirent pour arbitres de leurs prétentions l'abbé de Sainte-Geneviève et le doyen de Chartres, sous un dédit de 40 marcs d'argent. Alors intervint une seconde charte, aussi peu concluante que la première. Elle est datée de décembre 1216, et l'on y trouve cette nouvelle dénomination : Capella Sanctœ Agnetis, quœ tune recens erecta, posteà fuit parochia Sancti Eustachii. Ainsi, dès cette année 1216, l'église de Saint-Eustache existait donc. En 1254, époque où était constante l'érection de la chapelle en paroisse sous le nom de ce saint martyr, le curé voyait toujours néanmoins sa qualité contestée par le doyen de Saint-Germain et les prérogatives dont il jouissait disparaissaient une aune; son état de sujétion était tel qu'il donnait naissance au proverbe rapporté par l'abbé Lebeuf : Il faut être fou pour être curé de Saint-Eustache. (Gaudreau, Notice descriptive et historique sur l'église et la paroisse Saint-Eustache de Paris, 1855 - books.google.fr).
Il y avait un prieuré Saint-Gervais-et-Saint-Protais à Auxerre.
L’invasion des Sarrasins, en 732, ruina le bourg de Saint-Gervais, et l’église ne se releva qu’avec peine. Il y avait, du temps de Charlemagne, un monastère, mentionnée dès le VIIIe siècle, d’une certaine importance qui reçut les corps de plusieurs évêques d’Auxerre. Cette maison fut de nouveau ravagée par les Normands et, ayant été réduite en prieuré, elle devient prieuré de l’abbaye bénédictines Notre-Dame de Molesme au XIIe siècle, de 1137 à 1790. Dans la Description de la France, en 1780, on voit un dessin de l’église Saint-Gervais qui représente un petit portail accosté à gauche d’une tour carrée, sur la nef petit clocher; chevet circulaire percé dune baie cintrée (www.cn-telma.fr, auxerre.historique.free.fr - Auxerre, Saint Gervais).
D'après une tradition populaire, saint Pèlerin, premier évêque d'Auxerre, qui s'était réfugié dans le creux d'un orme ou d'un aulne, près d'une fontaine qui porte aujourd'hui son nom à Bouhy, aurait été protégé contre ses persécuteurs par un serpent enroulé autour de l'arbre (Louis Réau, Iconographie de l'art chrétien: Iconographie des saints, P-Z, Volume III, 1959 - books.google.fr, René Louis, L'église d'Auxerre et ses évêques avant saint Germain, Saint Germain d'Auxerre et son temps : 29 juillet-2 août 1948, pour commémorer le XVe centenaire de la Société des sciences historiques et naturelles de l'Yonne, 1950 - books.google.fr).
L’abbaye de Saint-Denys, proche Paris, fut par la suite enrichie de ses précieuses dépouilles. On croit que ce fut le roi Dagobert Ier qui obtint le corps du saint évêque d’Auxerre excepté la tête, et qu’il le fit porter dans ce monastère (Abbé Jean Lebeuf, Mémoires concernant l'histoire civile et ecclésiastique d'Auxerre et de son ancien diocèse, 1848 - books.google.fr).
L'orme de Gisors
Le fameux Ormeteau ferré était un orme d’une grosseur prodigieuse, et dont le feuillage abritait six mille hommes. L’archevêque de Tarentaise y fit des miracles, saint Thomas, archevêque de Cantorbéry, y vint implorer contre le roi d’Angleterre-la protection de Philippe-Auguste; c’est sous le même arbre que ce prince et Henri II se réconcilièrent; c’est là , qu’à leur exemple, le duc de Bourgogne et les comtes de Flandre, de Champagne , de Soissons, de Nevers et de Vendôme, reçurentla croix des mains du légat-du-pape, et de l’archevêque de Tyr. Alors apparut au milieu de la foule exaltée une croix flamboyante, dont nos rois ont perpétué le souvenir miraculeux en décorant les armes de Gisors d’une croix engrelée d’or. Quelques années après les Anglais vinrent camper sous cet orme royal. Bravant l’ardeur du soleil sous une verdure qu’avaient épaissie les siècles, ils raillaient les Français, exposés en rase campagne, aux âpres rayons de la canicule. Nos archers, pour se venger, firent entre eux la gageure de venir couper l’arbre pendant la nuit; ce que les Anglais ayant appris, ils le bardèrent de cercles de fer, et l’orme cuirassé émoussa sur ses flancs invulnérables la cognée de nos gens d’armes. Aujourd’hui son tronc abattu est encore revêtu de son armure, et le terrain qu’il ombragea est le rendez-vous de ceux qui veulent traiter et transiger (Louis-Antoine-François de Marchangy, Tristan le voyageur, ou la France au XIV siecle, Volume 3, 1825 - books.google.fr).
Il n'est pas absolument certain que l'orme (Ulmus campes tris) soit un végétât biblique. De savants interprètes, dont l'opinion mérite le respect, pensent néanmoins qu'il est désigné deux fois par l'expression hébraïque "tidhâr".
Les arbres qui sont la parure du Liban, le cyprès, l'orme, le buis, tous ensemble te seront apportés pour orner le lieu de mon sanctuaire. C'est ainsi que je glorifierai la place où se posent mes pieds (Isa. LX,13).
Rien ne manque au Liban pour devenir la plus riche et la plus belle des régions orientales; la montagne fournit des bois de construction et de chauffage; je vous ai parlé des cèdres; je pourrais vous citer beaucoup d'endroits où le sapin, le chêne, l'orme, le platane, le saule et le genièvre forment des ceintures sur les monts ou des rideaux verdoyans au bord des eaux. L'oranger, le citronier, le cédras, la canne à sucre, toutes sortes d'arbres fruitiers croissent sur la côte. La culture du mûrier blanc suffirait seule pour nourrir les populations de la montagne ; la soie du Liban, appelée en Europe soie barulhine, est estimée dans le commerce (Joseph-François Michaud, Jean-Joseph-François Poujoulat, Correspondance d'Orient 1830-31, Volume 7, 1835 - books.google.fr).
St Grégoire compare les personnes qui concourent ainsi au salut du prochain aux ormes dont parle Isaïe, et que Dieu avoit promis de planter dans son Eglise ; car comme l'orme par lui-même ne porte pas de fruit, mais soutient la vigne qui en porte, et que ces fruits lui deviennent en quelque sorte propres par ce moyen; de même les simples fidèles qui soutiennent les hommes apostoliques, et qui leur donnent par-là les moyens de prêcher, de confesser, de travailler au salut des ames, quoiqu'ils ne puissent pas remplir par eux-mêmes ces fonctions, et que leur condition les rende stériles pour ces sortes de fruits; cependant comme ils prêtent un appui à ceux qui peuvent les produire, ils y prennent part, et, comme l'orme, en portant la vigne, ils portent aussi les raisins (Jean-Baptiste Saint-Jure, De la connaissance et de l'amour du fils de Dieu Notre Seigneur Jésus-Christ, 1823 - books.google.fr).
Le sculpteur étend sa régle sur le bois, il le forme avec le rabot, il le dresse à l'équerre, il lui donne ses traits, & ses proportions avec le compas ; & fait enfin l'image d'un homme, qu'il rend le plus beau qu'il peut, & il le loge dans une niche.
Il va abattre des cèdres, il prend un orme, ou un chĂŞne, qui avoit Ă©tĂ© long-tems parmi les arbres d'une forĂŞt ; ou un pin que quelqu'un avoit plantĂ©, & que la pluye avoit fait croĂ®tre. Cet arbre doit servir Ă l'homme pour brĂ»ler ; il en a pris lui-mĂŞme pour se chauffer, il en a mis au feu pour cuire son pain : & il prend le reste, il en fait un Dieu, & l'adore ; Ăl en fait une image morte, devant laquelle il se prosterne. Il a mis au feu la moitiĂ© de ce bois, de l'autre moitiĂ© il en a pris pour cuire sa viande, & pour faire bouillir son pot, dont il a mangĂ© tant qu'il a voulu ; il s'est chauffĂ©, & a dit: Bon, j'ai bien chaud, j'ai fait bon feu : Et du reste de ce mĂŞme bois, il s'en fait Un Dieu, & une idole, devant laqUelle il se prosterne, qu'il adore ; et qu'il prie, en lui disant : DĂ©livrez-moi , car vous ĂŞtes mon Dieu. Ils ne connoissent rien, & ils ne comprennent rien : leurs yeux sont enduits de peinture, en forte qu'ils ne voyent point, & que leur cĹ“ur n'entend point. Ils ne rentrent point en eux-mĂŞmes, ils nĂ« font point de rĂ©flexion, & il ne leur vient pas la moindre pensĂ©e de dire : J'ai fait du feu de la moitiĂ© de ce bois ; j'en ai fait cuire des pains sur les charbons, j'y ai fait cuire la chair que j'ai mangĂ©e, & du reste j'en ferai une idole ? Je me prosternerai devant un tronc d'arbre ? Une partie de ce bois est dĂ©ja rĂ©duite en cendre, & cependant son cĹ“ur insensĂ© adore l'autre, & il ne pense point Ă tirer son âme de l'Ă©garement ou elle est, en disant : Cet ouvrage de mes mains ne feroit-il pas un mensonge ? Souvenez-vous de ceci, Jacob, & IsraĂ«l, parce que vous ĂŞtes mon serviteur, ne m'oubliez point (Augustin Calmet, Commentaire litteral sur tous les livres de l'ancien et du nouveau Testament, 1726 - books.google.fr).
La ville de Gisors , située sur la rive droite de la rivière d'Epte, au milieu d'une campagne riante et fertile, entre Paris et Rouen, à quatorze lieues environ de l'une et de l'autre ville, est peuplée et bien bâtie. Ses fortifications, dont il reste encore des ruines et quelques tours, avaient été construites par Henri 1er et la rendaient presque imprenable. Gisors a trois portes et trois faubourgs; elle avait trois couvents de religieux, quatre de religieuses et une seule paroisse. L'église paroissiale est dédiée à saint Gervais et saint Protais. Le portail est d'une ordonnance toute particulière. Il a trois portes : celle du milieu est dans un grand cintre surmonté de plusieurs autres et d'une colonnade. Le pilier qui sépare les deux côtés est très remarquable par son travail : chaque pierre est sculptée avec autant de soin qu'un ouvrage d'orfèvrerie , et représente quantité de peiits personnages. Au milieu de la grande porte il y a un piédestal sur lequel est une fisure de la Vierge; au-dessus celle de Jésus-Christ, et aux deux côtés du cintre sont les statues de David et d'Isaïe. Audessus de ces figures on voit un grand cintre dans lequel est un fort beau bas-relief représentant le rêve de Jacob. Les angles de ce cintre sont accompagnés de figures d'anges tenant des palmes, qui sont aussi très belles (Aubin-Louis Millin, Abrégé des antiquités nationales, ou recueil de monuments pour servir à l'histoire de France, Volume 1, 1837 - books.google.fr).
L'Hospice de Gisors doit avoir une origine bien ancienne, puisque dans la plupart des chartes du moyen-âge, relatives à Gisors, il en est fait mention. Nous savons que Philippe-Auguste, le 28 septembre 1198, après sa chute dans l'Epte, fonda en action de grâce de sa délivrance, dans l'Hôtel-Dieu de Gisors, qui existait alors dans l'île Le Bon, une chapelle, dédiée à N.D. de Pitié. Cet hospice connu sous le nom de Saint-Antoine, fut brûlé en 1519, au mois de mars, lors d'un terrible ouragan qui arracha une grande partie des arbres de la forêt composant les territoires des Sept-Villes-de-Bleu avoisinant Gisors. Alors il fut rebâti à l'endroit où a été fondé depuis le couvent des Annonciades. Il prit alors le nom d'Hôpital Saint-Louis, en mémoire des libéralités que fit ce pieux roi à cet établissement. La statue de Saint-Louis était naguère placée au-dessus de la porte extérieure de la chapelle de l'hospice. Au-dessous était cette inscription, tirée du prophète Isaïe (XLIX,23) : Erunt Reges Nutritii Tui (Les Rois seront vos nourriciers) (P. F. D. Hersan, Histoire de la ville de Gisors, 1858 - books.google.fr).
Isaïe dit après (LX,16) dans le meme sens, que Juda sucera le lait des nations, & la mammelle des Rois qu'il sera nourri comme un enfant de Roi (Augustin Calmet, Commentaire litteral sur tous les livres de l'ancien et du nouveau Testament, 1726 - books.google.fr).
Jacques Deschamps, docteur en Sorbonne, auteur d'une traduction d'Isaïe, mort en 1759, a été curé de Dangu, près de Gisors (Gédéon Dubreuil, Gisors et ses environs: histoire, chroniques, légendes et portraits, 1857 - books.google.fr).
La baie 30 de l'église Saint Gervais de Gisors présentait un vitrail posé en 1584 par Romain Buron, restauré par lui et par Oudoin du Val en 1588, détruit au XVIIIe s. Lanc. : les prophètes Isaïe et Zacharie et la sybille Samienne et Cimmérienne. Tympan : armes de France, de Normandie et de Gisors (Les vitraux de Haute-Normandie, 2001 - books.google.fr).
Etêtage des arbres et décapitation de saints
La pratique d’émondage est très ancienne. Les études archéologiques la font remonter au néolithique [Rasmussen 1990]. À l’époque préhistorique, les feuilles d’orme et de frêne auraient constitué l’alimentation principale du bétail [Iversen 1960 ; Spray 1980 ; Troels-Smith 1960 citée par Vera 2000 : 81]. Les textes datant des périodes romaines évoquent la consommation de fourrage ligneux par le bétail. En Europe centrale et occidentale, l’orme, le frêne, le sorbier, le noisetier, l’aubépine et même certains conifères auraient été taillés afin de produire du fourrage [Vera op. cit. : 110]. Les représentations picturales des paysages, les écrits (littérature savante, textes de droit, baux de fermage) et la présence de vieux arbres émondés prouvent la fréquence de ce mode de culture de l’arbre en Europe au cours des siècles passés. Haeggstrom [1994, 1996] a remarqué combien on figurait les arbres émondés dans les peintures dès le Moyen Âge et ce jusqu’à nos jours. Il considère que le tableau « Les Très Riches Heures de Jean Duc de Berry », datant de 1411-1416, est la première représentation réaliste d’arbres étêtés, entretenus, disposés de façon linéaire le long de la Seine [Haeggstrom 1994]. Linnard [2000 : 21] a retrouvé une illustration du XIIIe siècle montrant des arbres émondés et en taillis. [...]
L’émondage ne se limitait pas à l’usage d’une espèce ligneuse. Au contraire étaient taillées maintes essences, tels le frêne, l’orme, le hêtre, le chêne, le saule, l’aulne, le charme, l’aubépine, l’érable, le prunellier, le houx, le châtaigner. Le frêne et l’orme étaient particulièrement recherchés pour le fourrage [Spray op. cit.]. Le charme servait à la fabrication de charbon de bois de très bonne qualité mais était également ravalé pour son feuillage [Haeggstrom 1998 ; Warrington et Brookes 1998]. Aujourd’hui les saules têtards sont encore étêtés pour dégager les voies d’eau [Barnes et Skipper 1995]. [...]
En 1706, reprenant la thèse de Timothy Nourse, il commente l'impact de l'émondage sur les arbres : les chênes et les ormes étêtés ont des troncs de grande circonférence mais ce sont des troncs creux. Le frêne présent dans les haies, une fois « décapité » (decapitated), se remet difficilement de la lame de la scie (Sandrine Petit, Charles Watkins, L’étêtage et l’émondage des arbres en Grande-Bretagne (1600-1900), Éditions de l’EHESS, Études rurales, 2004/1-2 - N° 169-170 - books.google.fr).
On peut établir un parallèle entre les saints réfugiés dans ou sur des ormes et décapités avec de tels arbres dits têtards, étêtés.
Saint LiĂ© (Laetus) Ă©tait natif du village de savins, près de Provins. son père s'appelait Perrin, et sa mère EgĂ©e. Ils Ă©taient tixiers de leur mĂ©tier. Cet enfant, d'une beautĂ© remarquable, Ă©tait d'un naturel doux, ce qui le faisait aimer de tout le monde et particulièrement de ses compagnons. ElevĂ© dans la religion chrĂ©tienne, il Ă©tait très pieux et priait Dieu jour et nuit avec beaucoup de recueillement. Or, il y avait en ce temps-lĂ , Ă Savins, de mĂ©chants garnements, du nom d'Achins, qui Ă©taient ses cousins-germains et ses camarades, lesquels ne connaissaient pas le vrai Dieu, adonnĂ©s aux vices les plus infâmes et adorant les idoles. Ces impies ayant Ă©tĂ© plusieurs fois repris par saint Lie, ne pouvaient le souffrir et rĂ©solurent de le tuer. L'ayant donc rencontrĂ© proche une fontaine, dans la vallĂ©e de Savins, Ils voulurent se saisir de lui. Le jeune enfant s'Ă©chappa de leurs mains et s'enfuit jusqu'Ă deux ormes qui Ă©taient sur une montagne proche une fontaine, et monta sur un de ces arbres. Mais ces mĂ©chants l'ayant aperçu, frappèrent l'arbre Ă coups de coignĂ©e pour l'abattre. Saint LiĂ© jetĂ© Ă bas par ces cruels, tomba sur un grès. Les vestiges laissĂ©s par ses mains et sa tĂŞte se voient encore aujourd'hui imprimĂ©s sur ce grès, conservĂ© dans la chapelle bâtie sur le lieu de son supplice. Pendant que ce jeune enfant priait pour ses persĂ©cuteurs, un d'eux lui coupa la tĂŞte sur le mĂŞme grès. Après quoi, les meurtriers s'en Ă©tant allĂ©s, le tronc du corps de ce saint martyr se leva, et presnant sa tĂŞte entre ses deux mains, il la porta jusqu'Ă l'Ă©glise de saint Denis, patron de Savins, de laquelle les portes, quoique fermĂ©es, sâ€ouvrirent pour recevoir le saint comme en triomphe : Et ceci arriva l'an mil cent soixante, Et neuf, le deuxième jour de juillet (Edmond Du Sommerard, MusĂ©e des Thermes et de l'HĂ´tel de Cluny. Catalogue et description des objects d'art de l'AntiquitĂ©, du Moyen Ă‚ge et de la Renaissance, exposĂ©s au musĂ©e, 1872 - books.google.fr).
Saint Denis, premier évêque de Paris, le fut aussi, pense-t-on à Meaux. Céphalophore. il porta, dit-on, sa tête dans ses mains après sa décapitation. A Savins, sa statue s'élève auprès de celle du céphalophore saint Lié qui en est le reflet (Paul Bailly, Toponymie en Seine-et-Marne: noms de lieux, 2007 - books.google.fr).
A la même époque, près de Gisors, saint Clair continua aussi à marcher en tenant sa tête dans les mains. Sous Godefroy, prenant le nom de Gisors en 1075, descendant du comte de vexin Gauthier, la ville devient fief de l'abbaye de Saint Denis. Les comtes du vexin jouissaient d'un privilège : à la bataille, ils marchaient devant le roi de France lui même et leur bannière avait le pas sur toutes les autres. Or, cette bannière couleur de feu semée de flammes d'or à l'image de l'épée flamboyante dont, selon la Chanson de Roland, elle tirait son origine fabuleuse, s'appelait la Romaine ou la Monjoie. Désormais posée sur la tombe du martyr parisien, elle est appelée Oriflamme ou le Vexin en raison de son origine. Son rôle pourrait faire penser que si Gisors est vassale de Saint denis selon les chartes, elle est en réalité la suzzeraine en vertu de quelque convention occulte. C'est en effet l'Oriflamme qui préside au sacre des rois de France et ceux-ci la vénèrent comme une relique. Quand ils partent en guerre, ils ne peuvent la prendre qu'après avoir fait hommage à jeûn, à genoux, tête nue, ceinture dénouée, et avoir juré sur la Vierge, de la défendre fidèlement. Elle reste ensuite roulée dans une custode jusqu'à l'instant de la charge où on la déploie solennellement tandis que retentit le cri de guerre du roi : "Montjoie saint Denis !". On conçoit qu'il soit alors écrasant, l'honneur de tenir cet étandard au poing ; on désigne celui qui le tient du nom latin Signifer : Porteur du Signe, qui s'applique aussi au Zodiaque ; et comme le signe est en l'occurence celui du soleil et du feu, le porte-vexin pourrait s'appeler en latin Lucifer et en grec Posphore : porteuir de feu, de lumière (Gérard de Sède, Les Templiers sont parmi nous, J'ai lu, pp. 197-198, fr.wikipedia.org - Oriflamme de Saint-Denis).
Signe du Lion flamboyant
Gisors (31 juillet) et le Vexin se trouve nonagonalement dans le signe zodiacal du Lion, signe de feu. Lyons la Forêt, dans le Vexin, est donc au Lion. Le village s'appelait à l'origine Saint-Denis, d'ailleurs l'église du village est placée sous le vocable de saint Denis.
Le Vexin français est l'une des régions de l'hexagone dont le paysage monumental a été le plus profondément marqué par la diffusion de l'art flamboyant. L'étude sur un demi-siècle (1495-1548) de la reconstruction de la grande église de Gisors permet, grâce à une exceptionnelle documentation écrite, de saisir les composantes humaines, matérielles et formelles de ce qui fut l'un des plus grands chantiers du temps aux confins de la Normandie, de la Picardie et de l'Île-de-France.
Scie
« Lorsque le grain est en état d'être scié, dit Columelle, il faut le moissonner promptement avant qu'il soit brûlé par les chaleurs, qui sont très fortes au lever de la canicule; car tout délai à cette époque est suivi de beaucoup de perte; d'a« bord parce qu'il devient la proie des oiseaux et « des autres animaux, et ensuite parce que le grain et même les épis, abandonnent leurs tiges brulées; et s'il survient des orages et des tourbillons de vent, la plus grande partie est abattu sur la « terre. Ainsi donc, dès que le bled est également blond, avant que le grain durcisse, et lorsqu'il commence à prendre une couleur rougeâtre, il faut sans nul délai que le moissonneur commence à travailler, ensorte que le grain se renfle en tas ou sur l'aire plutôt que de croître dans le champ; car il arrive toujours au grain qui est scié à bonne « heure de se renfler ensuite » (De l'agriculture, Livre II, chapitre XX).
Au XVe siècle, à Gisors, les outils de ce genre, fabriqués de « blanche œuvre », étaient réglementairement « asserez du long des dens » (L. Passy, Le livre des métiers de Gisors au XVIe siècle, p. 38). « J'ay veu des faucilles camuses, c'est-à -dire sans bec poinctu. J'en ay veu a bec poinctu et crochu, qui avoient le trenchant comme un coulteau, sans aucune dentelure. J'en ay veu à bec poinctu et crochu et menue dentelure : ce sont les communes. » (Maître Jean Thierry de Beauvoisis, Annotations à la traduction française de Columelle par Claude Cotereau, chanoine de Paris, parue à Paris en 1555. « Annotations » sur le chap. XXI du Livre II, p. 100, (sic) pour 110.)
Thomas Corneille définit la faucille : « Instrument fait en demi cercle, qui a de petites dents plus délicates que celles des scies et avec lequel on scie les bleds. Il est mince, peu large et emmanché d'un petit manche de bois... » (Le Dictionnaire des arts et des sciences, t. I, éd. de 1694, p. 420 ; éd. de 1732, p. 439.)
Pour le Dictionnaire de Trévoux, il n'y a aucun doute : la faucille est un « instrument avec lequel on scie les blés », elle a « des petites dents plus délicates que celles des scies...». « Quelques-uns en ce sens, disent soyer ou seier ; mais les honnêtes gens disent scier...» (Jean Meuvret, Le problème des subsistances à l'époque Louis XIV: La production des céréales dans la France du XVIIe et du XVIIIe siècle, 1977 - books.google.fr).
La Société de Ecole des chartes vient de perdre un de ses plus anciens et plus aimés confrères Louis Passy qui est éteint à Gisors (Eure) dans sa quatre-vingt-quatrième année le 31 juillet 1913. Né à Paris le 4 décembre 1830 Louis-Paulin Passy après avoir terminé ses études au collège Bourbon était entré en 1850 Ecole des chartes et avait obtenu le 16 novembre 1852 le diplôme d'archiviste paléographe. Docteur en droit en 1857, il s'était présenté à la deputation en 1863 et 1869 mais ne fut élu en 1871 à l'Assemblée nationale. Constamment réélu depuis par le département de l'Eure à la Chambre des députés, dont il était le doyen depuis cinq ans, il avait été sous-secrétaire d'État aux finances de 1874 à 1877. Devenu secrétaire perpétuel de la Société nationale d'agriculture de France en 1883, il avait été élu en 1897 membre libre de l'Académie des sciences morales et politiques. Collaborateur de la Bibliothèque de l'École des chartes, du Journal des Débats, du Journal des économistes, de la Revue des Deux-Mondes, Louis Passy a laissé aussi de nombreux ouvrages d'économie politique, d'histoire administrative et plusieurs publications historiques, principalement relatives au département de l'Eure (Gustave Fagniez, Louis Passy. In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1913, tome 74 - www.persee.fr).
La pose et le démontage des cintres, des étais et surtout des échafaudages, tâches à la portée des maçons et des manœuvres, justifiaient qu'une scie à bois ait toujours figuré dans l'outillage commun. Celle qui fut achetée en 1520 mesurait 4 pieds de long (1,3 m) et ne coûtait que 7 livres, preuve que sa lame n'avait pas les mêmes qualités de résistance que celles des scies à pierre. En 1547, le travail du bois sur le chantier se faisait également à l'aide d'une serpe (Étienne Hamon, Un chantier flamboyant et son rayonnement: Gisors et les églises du Vexin français, 2008 - books.google.fr).
Le prophète Isaïe se réfugie aussi dans un arbre avant d'être scié en deux par des charpentiers du roi Manassé (Autour de Rennes le Château : L’Affaire Gélis et les charpentiers d’Isaïe).
Canicule et Erigone
Les dates traditionnelles de la Canicule sont entre le 20 juillet et le 20 août.
Hugues de Gisors donna en 1067 l'église de cette ville à l'abbaye de Marmoutiers. Déjà avant cette époque le prieuré de Saïnt-Ouen avait été fondé sous la dépendance de cette abbaye. C'était un plein fief de Haubert. Le plus ancien prieut dont le nom sesoit conservé est Frèré Baudouin, prieur en 1181. De 1410 à 1419, on trouve aussi un autre prieur nommé don Michel Fourmont, dont la famille existe encore a Gisors. Ce prieuré n'était plus qu'un bénéfice simple lorsque M. LouisFrançois de Vassé, qui le tenait en commande, chercha à l'unir à l'abbaye de Gomerfontaine. En 1711, il a été uni aux jésuites (Bulletin de l'Ancienne société d'agriculture, sciences, arts et belles-lettres du Département de l'Eure, 1834 - books.google.fr).
Pour M. B. Robreau, la date du 24 septembre, fête de saint Germer, n'est pas aléatoire : elle s'articule symétriquement avec celles des autres compagnons de saint Ouen : Wandrille, Philibert et Agil, autour de la date charnière du 24 août, mort de saint Ouen, laquelle correspond à la fin de la Canicule (Mythologie française: bulletin de la Société de mythologie française, Numéros 226 à 229, 2007 - books.google.fr).
Le chien est l'animal mélancolique par excellence ; Durer le couche aux pieds de l' « ange noir » de sa fameuse gravure de 1514 (Mélancolie I, Paris, bn B 14). La « mélancolie canine » se déclenche pendant la Canicule, quand montent dans le ciel la néfaste constellation du Chien et l'étoile Sirius. Henri de Ferrières prévoit cinq cas de maladies : l'« ongle » (abcès entre iris et cornée), le mal d'oreilles, l' « enfonture » ou « rongne » (gale invétérée), la constipation et la rage, dont il ne distingue que deux formes (« rage cordial » et « rage esragant »). Sa pharmacie est végétale : herbes ou arbres (la branche d'orme en sève que l'on met au cou du chien atteint d'« ongle », jusqu'à ce qu'elle soit desséchée) fournissent les ingrédients, mêlés parfois dans du vinaigre ; quelques huiles essentielles comme le rosat complètent les remèdes simples offerts par la nature (Armand Strubel, Chantal de Saulnier, Livres de chasse du XIVe siècle, 1994 - books.google.fr).
Dans la médecine humorale, la saison intervient puissamment dans l'expression de la maladie, tout comme le tempérament du malade. La chaleur de l'été, quand s'élève la constellation du Grand Chien avec son étoile majeure, Sirius, appelée Canicule par VARRON, est plus propice à la rage. La constitution chaude et sêche du chien le prédispose à la rage (AETIOS d'Amida, ca. 502-575, Tetrabiblos, VI, in THEODORIDES, op. cit. : 44).
Henri de Ferrières (Le roi Modus et la reine Ratio, écrit entre 1354 et 1374) distingue plusieurs rages, dont il n'y a que deux qui soient mordantes : la rage de cœur et la rage enragée (Pierre C. Lile, Y. Lignereux, La rage à la fin de l'ancien régime dans ke cours complet d'agriculture de l'abbé Rozier : Etude médicale et vétérinaire - cehm.toulouse.free.fr).
C'est à cette époque, et la contribution du comte de Foix n'y est pas totalement étrangère, que le traité de chasse, ouvrage technique, devient le livre de chasse, oeuvre de plus en plus littéraire.
Cette évolution va s'accentuer avec Gace de La Buigne, chapelain de Philippe VI puis de Jean le Bon, auteur d'un livre de chasse, le Roman des déduis et Henri de Ferrières, seigneur de Gisors, «un enfant d'une des plus illustres famille de Normandie », qui vont tous deux introduire de nombreuses allégories dans le livre de chasse. Nous nous attarderons sur Henri de Ferrières dont la famille, propriétaire de la forêt de Bréteuil,' assistait aux chasses royales. Gunnar Tilander indique que « le siège de la famille était à Ferrières-Saint-Hilaire, au bailliage d'Évreux, dans le vicomté d'Orbec (Eure, arrondissement de Bernay, canton de Broglie) ». Après la destruction de leur château de Ferrières durant les guerres anglo-normandes du XIVe siècle, la famille se retira à Chambrais. Outre des documents mentionnant «une donation à Henry de Ferieres, chevalier, prisonnier de nos ennemis, datée le 29 avril 1347 et des quittances de gages et d'autres documents relatifs à Henri de Ferieres, chevalier, seigneur de Gisors, depuis 1369 chastellain et capitaine du chastel du Pont de l'Arche de Rouen », on trouve peu de renseignement sur les Ferrières. Dans les Livres du Roy Modus et de la Royne Ratio (1360), Henri de Ferrières met en scène les animaux tant dans le cadre d'un traité de chasse (le Livre des Deduiz, premier livre) que dans une intention de morale politique (le Songe de Pestilence, deuxième livre).
Pour lui, les animaux sont des clés permettant de comprendre le monde. Comme dans les bestiaires, chaque bête est une figure de Dieu ou du diable. C'est à la reine Ratio, personnage principal du Songe de Pestilence, que l'auteur confia la tâche d'expliquer le sens caché de chaque animal, offrant par le fait même aux hommes des modèles de bonne conduite. Les intentions didactiques de l'auteur sont typiques d'un état d'esprit courant au XIVe siècle. À la première lecture de l'ouvrage d'Henri de Ferrières, c'est le mélange d'esprit pratique et métaphorique qui étonne (Jenny Brun, Représentations du prince dans la fable animale (milieu du XIIIe siècle - fin du XVe siècle) : de l'éloge à la satire, Tome 1, 2008, pp. 124-125).
Les Latins nommaient la lycanthropie « mélancolie, rage lupine, insania lupina ou folie louvière ».
Un édit de l'archevêque d'York, daté de 766, dit que : « si un loup attaque quelque troupeau et qu'un animal ainsi attaqué en meurt, il est interdit aux chrétiens d'en consommer la viande ». On ignore si cet édit a un rapport avec le mythe du loup-garou mais les symptômes de la rage présentent en effet des points communs remarquables avec la description des lycanthropes dans les légendes. Cette maladie affectant le système nerveux central fut principalement véhiculée par les loups, les chiens et les renards, et être mordu par un loup enragé pourrait effectivement, de ce point de vue, changer la victime en homme-loup (Guillaume de Lavigne, Les chiens célèbres, Réels et Fictifs, dans l'Art, la Culture et l'Histoire, 2015 - books.google.fr).
Au Moyen Age, lorsqu'un loup était pris, on le pendait ; la coutume s'est perpétuée dans les campagnes jusqu'au XIXème siècle ; de nombreux toponymes témoignent de cette pratique ("l'orme au loup"; "chêne à leu") (Gaël Milin, Les chiens de Dieu: la représentation du loup-garou en Occident, XIe-XXe siècles, 1993 - books.google.fr).
La Canicule est un Signe céleste qui nous amène les jours caniculaires. Les poètes l'appèlent encore Procyon, de deux mots grecs qui signifient avant chien, parce que cette constellation en précède une autre qu'on appelé Sirius ou le grand chien; les poètes donnent encore à l'une et à l'autre de ces constellations le nom de chien céleste. Il y a deux opinions sur l'origine de ce chien céleste. Selon les uns, c'est le chien que Jupiter donna à Europe pour la garder, et dont Minus fit présent à Procris, et celle-ci à Céphale; selon d'autres, c'est le chien d'Icarius. Ce prince ayant été tué par des paysans qu'il avait enivrés, son chien conduisit près du cadavre Erigone, sa fille, qui se pendit de désespoir. Jupiter, pour récompenser sa piété filiale, la plaça dans la constellation qu'on nomme la Vierge, et le chien, mis au raug des constellations, fut appelé la Canicule. Épit. Ardente, brûlante, bouillante, chaude, apre, enflammée, sèche, fiévreuse. Périph. Les feux de la Canicule, les feux de Sirius. La canicule en feu dévora les campagnes (L. J. M. Carpentier, Le gradus français, ou Dictionnaire de la langue poetique, 1822 - books.google.fr).
Contrairement par exemple au pays de Caux, la vigne n'est pas rare dans le Vexin normand et sur la vallée de l'Epte6, mais la modicité du banvin nous interdit tout excès d'enthousiasme. Nombreuses mentions de vignes dans les aveux et dénombrements des XIVe-XVe siècles à Etrépagny, Neaufles-Saint-Martin, Gisors (Bruno Nardeux, Neuf-Marchés-en Lyons, radiographie d'une châtellenie, Des châteaux et des sources, 2008 - books.google.fr).
La culture de la vigne était pratiquée dans les zones favorables, sur les coteaux bien exposés et protégés des vents, mais surtout le long des rivières ou des fleuves, qui permettaient une exportation facile de la production. En basse Normandie, on trouvait des vignobles autour d'Avranches, sur les coteaux d'Argences, près de Caen, et ceux du pays d'Auge, surplombant la Dives. La principale zone de culture se situait en haute Normandie, le long de la vallée de la Seine, sur la rive gauche, entre Gaillon et Vernon. C'était l'ancien vignoble de Longueville. Les grandes abbayes normandes et l'archevêque de Rouen, qui possédait Gaillon, s'approvisionnaient là pour leur consommation courante. Une dernière zone viticole était localisée dans le Vexin normand, à proximité de Gisors, où elle faisait la jonction avec le vignoble parisien, produisant le « vin de France ». Les abbayes faisaient souvent venir un meilleur vin de régions plus réputées (comme la Bourgogne ou les pays de la Loire) (François Neveux, La Normandie pendant la guerre de Cent Ans, XIVe-XVe sièle, 2008 - books.google.fr).
Erigone devient la constellation de la Vierge, Icare, celle du Bouvier et son chien le Grand chien : le tombeau du Bootes (Bouvier) se trouvait à Mantinée où se réfugia Pénélope, autre fille d'Icarius, et où se trouve un tombeau d'Anchise père d'Enée (Autour de Rennes le Château : Retire-moi de la boue : la couronne boréale).
Chiens de Gisors
Jean de Boudeville, seigneur de Vaux près Gisors, adopta ces mêmes pièces pour ses armes, les disposant dans un ordre différent, ainsi qu'il convenait, et, afin de symboliser son féal attachement, y ajoutant, en pointe de l'écu , un chien, animal dont les anciens héraldistes ont fait l'image de la vigilance et de la fidélité. « Boudeville : d'azur à la face d'or, accompagnée en chef de trois visages de femme de carnation, les cheveux et le col d'or et en pointe d'un chien passant d'argent », sur les armoiries peintes à diverses pages du livre matheloge de la confrérie gisortienne de l'Assomption (Bulletin philologique et historique (jusqu'à 1610) du comité des travaux historiques et scientifiques, 1925 - books.google.fr).
Gauthier III, mort en 1065 avec sa femme empoisonnés dit-on par Guillaume le Conquérant, comte de vexin, épousa Biote, fille d'Herbert Ier, dit Eveille-Chien, comte du Maine (L'art de vérifier les dates, Volume 5, 1818 - books.google.fr).
Quatre vicomtes de Gisors, au moins, furent des vicomtes de « carrière » : Jean Le Tonnelier, vicomte de Gisors de 1381 à 1405, le fut de nouveau en 1411, devint, en 1404 et 1405, vicomte de Caen; on le retrouve, sous le règne de Charles VII, receveur du domaine de la vicomté de Carentan. Jean Le Chien, vicomte de Gisors en 1403-1404, était, en 1413, vicomte d'Avranches (Mémoires de la Société historique et archéologique de Pontoise et du Val-D'Oise et du Vexin, Volumes 44 à 46, 1935 - books.google.fr).
Le titre est simplement vicomte de Gisors, ou vicomte de la vicomté de Gisors. Lorsque la ville est donnée en douaire : vicomte de la reine. Entre 1350 et 1419, et de nouveau vers 1460, le vicomte est en même temps receveur.
La carrière de Robert de Lettre est encore plus variée : vicomte d'Evreux pour le roi Charles V, dès que celui-ci eut pris cette ville à Charles le Mauvais en avril 1378, il devint vicomte de Gisors pour la reine Blanche (1391-1398), après quoi il retourne immédiatement au service du roi en qualité de vicomte de Breteuii (sur Iton) où il restera jusqu'en 1403, puis vicomte de Coutances de 1403 à 1405 et enfin , de nouveau, vicomte de Gisors de 1405 à 1411, date de sa mort (Mémoires de la Société historique et archéologique de l'arrondissement de Pontoise et du Vexin, Volume 55, 1954 - books.google.fr).
Orme, amitié dans l'histoire du roi David (Rois, Paralipomènes - Chroniques - , 2 Samuel)
L'Amitié est vêtue de blanc, les cheveux développés naturellement, pour démontrer sa pureté et sa candeur parfaites. Les mots longe et prope, écrits sur son sein découvert du côté du cœur qu elle tient à la main, annoncent que, de près ou de loin , elle est toujours la même. Les expressions tracées sur le bas de sa robe, démontrent sa constance non seulement pendant la vie, mais encore après la mort qu'elle foule aux pieds. Elle est sans chaussure, comme ne craignant aucune fatigue, et porte une couronne de myrthe, parce que cette plante ne perd jamais sa couleur. Les grenades indiquent l'union et la concorde; le chien, la fidélité. Pour son emblême, on place près d'elle un orme desséché, autour duquel s'enlace une vigne chargée de fruits; ce qui démontre que dans les succès ou les revers, les vrais amis ne s'abandonnent jamais. [...] L'Inimitié est couverte d'une étoffe noire, parsemée de flammes, pour indiquer la colère mêlée à la mélancolie. Son bras droit est menaçant; de la main gauche, elle serre une anguille, poisson qui, suivant Apollonius, fuit les autres par inimitié (Filippo Pistrucci, Iconologia ovvero immagini di tutte le cose principali a cui liumano talento ha finto un corpo, traduit par Sergent Marceau, Volume 1, 1819 - books.google.fr).
Or les Israélites, qui étaient au delà de la vallée (de Jezraël), et au delà du Jourdain, voyant que les hommes d'Israël avaient fui, et que Saùl était mort avec ses fils, abandonnèrent leurs villes et s'enfuirent; et les Philistins y accoururent et y habitèrent. Le lendemain de la bataille, les Philistins vinrent pour dépouiller les morts, et trouvèrent Saüil et ses trois fils gisant sur la montagne de Gelboë. Ils coupèrent la tête à Saül, et lui ôtèrent ses armes; et ils envoyèrent par tout le pays des Philistins pour répandre cette nouvelle, en la publiant dans le temple de leurs idoles et parmi les peuples. Ils mirent les armes de Saùl dans le temple d'Astaroth, attachèrent sa tête dans le temple de Dagon, et suspendirent son corps à la muraille de Bethsan, ville située près du Jourdain, à l'extrémité de la vallée de Jezraël. Les habitants de Jabès (hébreu avec un sin : sécheresse, avec un tsadé : tristesse) de Galaad n'avaient pas oublié que la première entreprise de Saül, depuis que Dieu l'avait fait chef de son peuple, avait été de venir à leur secours, et de les préserver de la tyrannie de Naas, roi des Ammonites. Quand ils apprirent le traitement que les Philistins avaient fait à Saül, tous les plus vaillants d'entre eux sortirent, marchèrent toute la nuit, enlevèrent le corps de Saül et ceux de ses fils, qui étaient sur la muraille de Bethsan, et revinrent à Jabès de Galaad, où ils les brûlèrent. Ils prirent leurs os, les ensevelirent dans le bois de Jabès, sous un arbre, et jeûnèrent pendant sept jours.
David fait mourir l'Amalécite qui se vantait d'avoir tué Saül. Il compose une plainte pour célébrer l'ancienne amitié que le liait avec Saül et Jonathan (Mathieu-Richard-Auguste Henrion, Histoire ecclésiastique depuis la création jusqu'au pontificat de Pie IX, Tome IV, Migne, 1852 - books.google.fr).
Le verset 13 du livre des Rois se trouve réuni au verset 12 des Paralipomènes - Dans les Rois, sub ulmo, dans les Paralipomènes, sub quercu : on a pu les confondre; et d'ailleurs on connoît peu la signification précise de ces mots; il en résulte seulement que ce fut sous un arbre, sans qu'on puisse en déterminer le genre (Augustin Calmet, Sainte Bible en latin et en français: ouvrage enrichi de cartes géographiques et de figures, Volume 7, 1821 - books.google.fr).
Un orme qui croît ordinairement dans les terres cultivées et arrosées d'eau; c'est pourquoi Isaïe rapporte comme une merveille que Dieu en met quand il veut dans les lieux secs et déserts. Isa. 41. 19. Ponam in deserto abietem, et ulmum et buxum simul : Je ferai croître dans le désert le sapin, l'orme et le buis. C'est une expression allégorique pour marquer la conversion des Gentils. (Charles Huré, Dictionnaire universel de philologie sacrée, Tome IV, Migne, 1846 - books.google.fr).
Au renouvellement de la saison des campagnes, David envoya Joab, avec une armée, faire la guerre aux Ammonites. On mit le siège devant la capitale, après avoir dévasté le pays à l'entour. La résistance des assiégés fut longue et opiniâtre, et mainte fois les Hébreux souffrirent des vigoureuses sorties que firent les Ammonites (2 Sam. 11, 17). Enfin Joab s'empara de la ville des Eaux (2 Sam. 12, 27), c'est-à -dire de la basse ville, située sur les deux bords d'une petite rivière qui tombe dans le Yabbok. Il fit annoncer à David qu'il était sur le point de se rendre maître de Rabbah, et il engagea le roi à venir lui-même, avec des renforts, pour achever la conquête et pour en recueillir la gloire. David arriva aussitôt, et s'étant emparé de Rabbah, il enleva au roi des Ammonites sa couronne d'or massif, ornée de pierres précieuses, et se la posa sur la tête. On fit un immense butin, et les vaincus furent livrés à des supplices d'une cruauté barbare, mais bien méritée par ce peuple, qui n'avait voulu accorder la paix aux habitants de Jabès que sous la condition de leur crever à chacun un œil, et qui, dans les pays conquis, fendait le ventre aux femmes enceintes (Amos, 1, 13). David les fit scier en deux, broyer sous des machines de fer, etc. (Salomon Munk, Palestine: description géographique, historique et archéologique, 1856 - books.google.fr).
Des gens de la tribu de Benjamin violèrent la femme d'un lévite de passage dans leur province. Jabès est la ville qui refusa de participa à la punition des coupables.
L'armée des Hébreux dévasta et brûla toutes les villes de Benjamin et massacra tous les habitants. Après cette vengeance terrible, les esprits s'étant calmés, on regretta d'avoir anéanti une tribu entière, et un deuil public fut célébré à Béthel. Par malheur tous les Hébreux avaient fait un serment solennel de ne point donner leurs filles en mariage aux Benjamites; de sorte que le désastre paraissait irréparable. Pour éviter la perte totale de la tribu de Benjamin, on ne sut imaginer rien de mieux que de tomber sur la ville de Jabès-Galaad, dont les habitants n'avaient point envoyé de contingent pour l'attaque de Gabaa. On extermine les habitants de Jabès, à l'exception de quatre cents vierges, qu'on réserve a la tribu de Benjamin. Ensuite on offre la paix aux six cents Benjamites retranchés à Séla-Rimmôn (rocher du grenadier), et on leur livre les quatre cents filles de Jabès. Quant aux deux cents Benjamites restés sans femmes, on leur conseille de se rendre à la fête nationale qu'on célébrait tous les ans à Siloh, et où les jeunes filles allaient danser, et on leur permet de surprendre les danseuses et d'en enlever une chacun, afin de la prendre pour femme. De cette manière les parents pouvaient consentir, sans violer leur serment. Ce plan est mis à exécution et les Benjamites se trouvent rétablis (Salomon Munk, Palestine: description géographique, historique et archéologique, 1856 - books.google.fr).
L'orme est, comme le chêne, depuis bien des siècles, associé à la double notion de justice et de légalité. Le vers 13 de la Farce de Maître Pathelin, Guillemette ne déclare-t-elle pas qu'on ne déclare-t-elle pas qu'on « appelle partout (son mari) "avocat dessous l'orme" », ce qui a suscité les commentaires passionnés des philologues ? Or, qui dit « justice-légalité » évoque un domaine qu'a longtemps baigné le magico-sacré. Ainsi, non loin de Léré, à Sancerre, un lieu-dit a pour nom l'Orme au loup, et, à l'autre extrémité du Berry, George Sand cite, dans ses Maîtres sonneurs, l'Orme râteau, qu'on prétendait hanté par un homme vêtu de noir et portant un râteau sur l'épaule (J. Mellot, A propos d'une "pierre de l'orme" berrichonne, Archéocivilisation, Volumes 9 à 15, École pratique des hautes études (France), Centre d'études pré- et protohistoriques, 1971 - books.google.fr).
Orme et saint Germain d'Auxerre
En 1426, une croix de pierre y fut plantée par les héritiers de Jehan de Plessis, laboureur à Charonne. De beaux ormes l'ombrageaient à la fin du XVne siècle ; aussi l'appelait-on au début du XVme siècle la place des Ormes; on y allumait le feu de la Saint-Jean le 24 juin de chaque année.
L'église Saint-Germain de Charonne est située à flanc de coteau. Une première chapelle aurait été élevée, à l'emplacement de l'église actuelle, tout au début du Moyen Age, en souvenir d'une légende d'après laquelle saint Germain, évêque d'Auxerre, aurait, en 429, rencontré à cet endroit et béni pour la première fois sainte Geneviève, de Nanterre, alors âgée de 6 ans. Cette rencontre reste problématique, le chemin d'Auxerre à Paris évitant alors, comme de nos jours, un plateau aussi escarpé. L'église actuelle est une reconstruction du XVe siècle, sauf l'étage inférieur de son clocher qui est du XIIe et de la fin du XIIIe. Elle a subi entre 1714 et 1752 de sérieuses restaurations et améliorations, sur l'initiative de son curé : exhaussement du clocher, ouverture du portail latéral, réfection de la voûte. Elle a été restaurée à nouveau en 1820, 1838 et 1880. [...] La base du clocher, du XIIe et de la fin du XIIIe siècle, repose sur de massifs piliers cylindriques aux chapiteaux décorés de feuillages gothiques. Sa travée (la deuxième du bas-côté droit) constitue la partie la plus ancienne de l'église; elle porte un cul-de-lampe du xve siècle représentant une grappe de raisin et des feuilles de vigne symbolisant les anciens vignobles de Charonne. Le maître-autel est une reconstruction de 1661 enrobée dans des aménagements modernes. L'église Saint-Germain-de-Charonne ne contient pas d'oeuvre d'art; la toile représentant saint Germain bénissant sainte Geneviève est, toutefois, attribuée à Joseph Suvée (1743-1807). Une pierre incrustée dans un pilier du clocher, à droite dans la grande nef, porte une inscription relative à la consécration de l'église le 27 juillet 1460. Les deux évêques mentionnés sur cette pierre sont Jacques du Chatellier et Guillaume Chartier, évêques de Paris de 1427 à 1438 et de 1447 à 1472. Deux autres inscriptions, modernes, appliquées sur le mur pignon du côté du porche sont relatives à la rencontre, en 429, de saint Germain-d'Auxerre et de sainte Geneviève, et à la consécration, le 27 juillet 1460 de l'église par Guillaume Chartier (Jacques Hillairet, Les villages, 1954 - books.google.fr).
Vierge protectrice de Paris (Lutèce), sainte Geneviève est née à Naterre vers 422. Elle fut consacrée à Dieu par saint Germain d'Auxerre. Au moment de l'invasion des Huns, en 451, elle rassura les habitants et organisa leur ravitaillement. Vers 475, elle fonda l'abbaye de Saint-Denis. C'est lors d'une procession nocturne à cette abbaye que se situe le miracle du cierge éteint qui se rallume. Ce cierge, qui est devenu, pour plusieurs raisons, l'attribut de la sainte, est un souvenir de la parabole des Vierges sages et des Vierges folles. Culte Sainte Geneviève est patronne de Paris ; elle était invoquée contre le « mal des Ardents ». En 1130 se déclara une épidémie très grave de ce mal (cf. saint Antoine ermite). Une procession s'organisa derrière la châsse de la sainte : tous les malades furent guéris sauf trois. Une fête fut alors instituée le 26 novembre, afin de commémorer ce miracle. 10 communes lui sont dédiées en France, surtout en Île-de-France et en Normandie (Jacques Baudoin, Grand livre des saints: culte et iconographie en Occident, 2006 - books.google.fr).
Pendant la guerre des Cimbres, un orme qui s'était abattu sur l'autel de Junon dans le bosquet sacré de Nucéria, et auquel on avait coupé la cime, se releva de lui-même et continua à verdir, annonçant par là que la majesté du peuple romain, alors en souffrance, se relèverait de nouveau (Pline XVI,32,13,2). Isaïe le grand poëte et le grand voyant se sert d'une façon toute semblable de la même image quand il parle de la racine de Jessé; c'est d'elle que doit sortir le rejeton autour duquel les nations de la terre viendront se réunir (Epître aux Romains XV,12). Le traité talmudique H. Beracoth s'appuie sur Isaïe (XI,1) pour démontrer que la naissance du Messie a eu lieu peu de temps avant la destruction de Jérusalem, et le Midrasch Tillim répond aux idées de ses contemporains lorsqu'il dit : « C'est du » Messie qu'il est question ici; c'est à lui que pensait » Isaïe, lorsqu'il dit : Il sortira un rejeton de la racine de » Jessé. » (Johann Nepomuk Sepp, Jésus-Christ: études sur sa vie et sa doctrine dans leurs rapports avec l'histoire de l'humanité, Volume 2, 1869 - books.google.fr).
L'arbre définit la généalogie. Ce faisant, il s'est attribué une puissance symbolique de premier ordre à tel point que d'un orme peu naître un homme, si l'on en juge par cette planche du XIIIe qui, dans une allégorie très explicite, confond la procréation de l'homme et la croissance de l'arbre. Procréation et filiation alimentent un imaginaire végétal puisant ses sources dans la Bible. Engendrer c'est se ramifier, comme le livre du prophète Isaïe l'indique (XI,1) (Pierre Corvol, Nicolas Postel-Vinay, L’arbre vasculaire: Nouvelles voies de guérison, 2008 - books.google.fr).
Pendaison
La Tour dite du Prisonnier a sans doute été modifiée au XVe siècle, mais elle a gardé sa structure primitive. Trois étages voûtés d'ogives sont desservis par un escalier à vis. La salle supérieure, ornée d'une grande cheminée, possédait un four à pain. Dans la seconde, on conservait avant la Révolution les archives des juridictions établies à Gisors; primitivement, cette salle servait de cellier. Enfin, la salle inférieure, située au niveau du sol des fossés extérieurs, constituait vraiment la prison; elle n'était éclairée que par d'étroites meurtrières. Le peu de jour qui filtrait par ces ouvertures permit à deux hôtes de cette salle de sculpter dans la pierre tendre de curieux bas-reliefs et de graver — immuable occupation de tous les captifs — quelques graffiti. Ces bas-reliefs paraissent dater les uns du XVe siècle, les autres de 1575, puisque cette date figure avec les initiales de leur auteur qui serait un certain Nicolas Poulain, lieutenant du prévôt de police.
Quant aux bas-reliefs, ils seraient l'œuvre d'un certain Jérémie Bellanger, écrivain de la fin du XVe siècle, dont on connaît mal les crimes. Quoi qu'il en soit, de la Cène à la Pendaison de Judas, ce sont des épisodes de la vie de Jésus que ces prisonniers ont sculptés. Mais on y discerne aussi un bal de cour, une chasse, deux tournois et l'on retiendra surtout l'inscription : Mater Dei mémento mei. Or, cette inscription se retrouve, comme plusieurs scènes, dans des sculptures de l'église de Gisors, si bien qu'un archéologue ingénieux a supposé que ces bas-reliefs pourraient tout bonnement être l'œuvre des ouvriers qui travaillèrent à l'église au XVIe siècle. On les aurait logés dans la tour du Prisonnier. Cette hypothèse n'est pas tellement invraisemblable (Jacques Levron, Châteaux et parcs royaux, Ile-de-France, 1964 - books.google.fr).
Suivant un dicton légendaire, quiconque boit l'eau d'une des sources de Gisors se voit ramené dans cette ville par une force mystérieuse et doit y mourir
Le transi de Gisors
A travers la légende de Barlaam et Joasaphat se répandit la méditation du Bodhisattva sur le cadavre, méditation qui faisait partie du sanscrit Lalita-Vistara et d’où provient la représentation des différents degrés de décomposition du cadavre que l’on retrouve dans les fresques du cimetière de Pise et dans plusieurs tombes françaises de la fin du Moyen Âge (Mario Praz, Oeuvre graphiqye de Jean-Pierre Velly, 1980 - www.velly.org).
Il y eut à Gisors une Reine Blanche : c'était Blanche de Navarre, surnommée Belle Sagesse, que son oncle le roi Philippe VI de Valois, le battu de Crécy en 1346, fit venir en France dans l'intention de la donner à son fils, le futur Jean le Bon, le battu de Poitiers en 1356. Mais quand l'oncle, veuf d'une acariâtre boiteuse et âgé de 56 ans, vit cette niècce de 18 ans dont la beauté était sans égale, il préféra la garder pour lui. Reine de France en 1349, Blanche était veuve dès l'anné suivante. Elle devint en 1359 douairière de Gisors et de Neaufles. C'est là qu'elle se retira et mourut en 1398, âgé de 70 ans. Ce n'est pas seulement son prénom qui la fit appeler Reine Blanche : on nommait ainsi toutes les reines de Fran,ce devenues veuve, car leurs voiles de deuil étaient blancs. Or, Blanche fut une veuve exemplaire : elle refusa la main du roi Alphonse XI de Castille en lui répondant fièrement : "Les reines de France ne se remarient pas". Ce n'est donc ppoint dans sa conduite qu'il faut chercher l'origine de la tradition qui lui prête des amours secrètes. Elle en eut pourtant, mais d'un tout autre ordre si on en juge par son testament, fait à Neaufles [...] : aux carmélites de Paris, Blanche légua "une partie d'un des clous qui percèrent le Sauveur", cette relique était enchâssée dans une statuette "figurant le Christ tenant ce clou dans sa main" ; A sa fille Jeanne, née en mai 1351 et morte en 1371, alors que la reine était déjà veuve depuis août 1350, elle légua "le livre de Barlaam, Josaphat et de beaucoup d'autres choses, armorié de France et de Bourgogne" et à son chapelain Nicole de Rueil "un pot de cristal duquel ist une fleur de lys et y a dedans du lait Notre-Dame" (Gérard de Sède, Les Templiers sont parmi nous, J'ai lu, pp. 231-232).
Erigone Ă la recherche d'un cadavre - la canicule
In the storyline of the Icarius episode Nonnus introduces novelties which, governed by a spirit of “humorous detachment”, assimilate Icarius – the tree-planter chosen by Dionysus to spread his drink in Attica, murdered by those whom he was supposed to benefit, resurging post mortem to instruct his daughter – to Christ and, to a considerable extent, his murderers to the Jewish mob killing Christ, and Erigone to Mary Magdalene. A studied mix-ture of Dionysiac and Christian traits indicates that the episode, already in the prologue of the epic, is conceived as a substitute passion essential for Dionysus’ translation to the sky (Konstantinos Spanoudakis, Icarius Jesus Christ ? Dionysiac Passion and Biblical Narrative in Nonnus’ Icarius Episode (Dion. 47, 1 – 264), Wiener Studien Band 120/2007, Österreichische Akademie der Wissenschaften Wien - www.academia.edu).
Dans le parallèle Icarius/Christ, on retrouve la pendaison de Judas et celle d'Erigone, même si les rôles ne sont pas comparables. Le vin offert par Bacchus à Icarius qui le partage avec les habitants de l'Attique est comparé à celui de Noces de Cana, et l'ivresse des assassins d'Icarius à celle de la troupe de juifs qui arrêtent Jésus.
On n'ignore pas que le chien enragé a été chez les Grecs, dès les temps les plus anciens, le symbole de la chaleur caniculaire et de Sirius (Louis Benloew, La Grèce avant les Grecs: etude linguistique & ethnographique, Pélasges, Lélèges, Sémites & Ioniens, 1877 - books.google.fr).
Déméter est donc honorée au début de l'été aux Thargélies apolliniennes ; elle est d'autre part présente aux côtés d'Athéna Sciras au Sciron, au moment de la canicule.
Telle n'est peut-être pas la seule trace du culte, à Alesia, d'une divinité chtonienne de la moisson qu'on puisse trouver dans la Vie de saint Germain. Héric raconte, en effet, que, au retour de sa deuxième mission en Angleterre (447), après avoir séjourné en Armorique, l'évèque d'Auxerre, se rendant, non plus à Arles auprès du préfet des Gaules, mais à Ravenne, à la cour de l'empereur Valentinien III, de nouveau par Alesia où il fut encore l'hôte de Senator, qui lui présenta une fille de vingt ans, parfaitement belle et pieuse, mais muette de naissance. Après lui avoir humecté la langue et le front d'un peu d'huile bénite, il suffit au saint de tremper de vin trois galettes de pain [...] et la jeune fille ne les eut pas plutôt avalées qu'elle recouvra la parole pour demander la bénédiction de son sauveur.
Il suffit de rappeler les fêtes solsticiales d'Orchomène, Tirynthe ou Argos, dites Agrionia ou Agriania; les noms d'Agreus, Agrotès ou Agrouèros, donnés aux victimes expiatoires des ardeurs de la canicule, Aristée, Adonis ou Dionysos: Agrios ou Silvanus, fils de Circé, et, peut-être, les Argei de Rome, ces straminei quirites, précipités dans le Tibre le 21 Mai.
Mais pour qui sait combien, au Ve siècle, les superstitions celtiques étaient encore puissantes et vivaces en Gaule, quelle place y tenait, aux fêtes solsticiales de la moisson, le sacrifice de victimes, jadis humaines, brûlées dans des mannequins de paille, et quel rôle n'a pas cessé de jouer dans les campagnes, à la Saint-Jean, le brûlement solennel de la poupée d'osier, appelée la vieille, ou la mère grand', la sorcière ou le Judas ("Pro Alesia", Volumes 1 à 2, Société des sciences historiques et naturelles de Semur, 1906 - books.google.fr).
Le rythme de l'escarpolette est assimilé au rythme solaire, au mouvement apparent de l'astre. Très significative est, à cet égard, l'appellation du soleil comme «escarpolette d'or» dans le Rig-Veda, car le soleil semble, comme l'escarpolette, « suspendu » au ciel où il se promène, rythmant le cycle temporel, quotidien et saisonnier.
C'est une coutume répandue dans les pays les plus divers, de se balancer, au printemps ou au début de l'été, pour agir sur la croissance de la végétation ou obtenir une bonne récolte. Ainsi, les paysans de Lettonie consacraient, dans ce dessein, leurs loisirs, entre Pâques et la Saint Jean d'été, à se balancer longuement.
En Esthonie, les jeunes filles se balançaient pendant toute la nuit de la Saint Jean d'été, en même temps que l'on allumait des feux de joie : dans ce dernier cas, l'association des deux rites est particulièrement instructive en ce qui concerne leur rapport avec la course du soleil. Cette image du mouvement solaire est susceptible d'un élargissement encore plus vaste : c'est le mouvement universel des êtres et des choses, mesuré par le mouvement du soleil qui peut symboliser l'escarpolette.
Les rites pratiqués avec l'escarpolette sont-ils constamment mis en rapport, non seulement avec la fécondité du sol nourricier, mais avec la fécondité de la femme, la fécondité naissant de l'union de l'homme et de la femme. Le symbolisme sexuel de l'escarpolette est partout attesté.
On a trouvé une statuette féminine acéphale assise appartenant au temple de Ninhursag, déesse de la fertilité (3e millénaire) ; c'est un objet cultuel préparé pour être balancé, comme le prouvent les trous symétriques qu'on voit à la base. Ch. Picard pense, avec vraisemblance, que le rite crétois de « Phèdre » a été emprunté à la Mésopotamie. Il semble bien qu'il faille en chercher l'origine dans l'usage de la dendrolatrie consistant à suspendre aux branches des arbres des poupées ou des mannequins représentant la déesse de la fécondité montés sur une escarpolette et que l'on balançait ; la coutume, nous l'avons vu, existe toujours aux Indes, dans le culte de Krishna et de son épouse Radha. Après quoi, on se balançait soi-même pour imiter la déesse. Ensuite, beaucoup plus tard, on a imaginé pour les héroïnes en qui survivait l'antique déesse, quelque aventure romanesque, souvent amoureuse, qui les conduisait à la pendaison. Érigoné doit, à notre avis, rejoindre les rangs de ces héroïnes qui perpétuent les anciennes divinités agraires. Son nom, à cet égard, est significatif : il veut dire « la fille du printemps » ou « celle qui enfante au printemps », selon qu'on prend le deuxième élément du mot, au sens passif ou au sens actif. Dans les deux cas, l'onomastique nous renvoie directement à une notion de renouveau et de fécondité. Au surplus, ce caractère du personnage transparaît même à travers les déformations romanesques de l'aition, puisqu'Érigoné est inextricablement mêlée à un mythe d'origine de la vigne. Enfin, on lui apportait, comme offrandes, les prémices de la vendange.
Le rite de l'escarpolette est un rite de fertilité, et l'aspect expiatoire de la fête des Aiora pourrait être tardif, même si les rites funéraires et rites de fécondité sont, dans ces sortes de fêtes, inextricablement mêlés. L'Aiora athénienne s'insère dans le contexte d'une fête de la fertilité et où les morts ne sont honorés qu'en relation avec la fertilité.
En Grande Kabylie, près des sanctuaires de la vallée du Chélif, on voit des escarpolettes destinées aux femmes (on notera que dans l'immense majorité des cas, ce sont surtout les femmes qui utilisent les escarpolettes) : celles-ci se balancent sans porter de dessous, c'est-à -dire qu'elles exposent leur sexe à l'air, er-rouh, le vent fécondant passant dans les branches du bois sacré qui entoure le tombeau du saint : er-rouh est l'âme subtile, fécondante, par opposition à nafs, l'âme végétative fécondée ; l'union des deux âmes par le corps, puis par le nom, donnent la personne humaine (Jean Hani, La fête athénienne de l'Aiora et le Symbolisme de la balançoire. In: Revue des Études Grecques, tome 91, fascicule 432-433, Janvier-juin 1978 - www.persee.fr).
Ainsi peut-on rapprocher l'Aiora des oscilla latines, comme le fait Probus.
Le balancement des oscilla serait toujours en rapport avec le culte des morts, ainsi que l'usage des masques; il conviendrait donc de donner un sens chthonien Ă ce rite dans la fĂŞte des Sementiuae.
Altheim, qui considère le rite des oscilla comme ayant une origine et une signification funéraires — ce qui est une interprétation trop restreinte — admet au contraire que ce rite était pratiqué aux Sementivae. Mais il est d'avis que les oscilla exposées aux Sementivae étaient plutôt des masques de Cérès-Déméter et d'autres divinités chthoniennes que des masques bachiques. Nous savons aussi que, parmi les oscilla, il y avait des membra uirilia (L. Delatte, Quelques fêtes mobiles du calendrier romain, L'Antiquité classique, Volume 5, 1936 - books.google.fr).
Il serait alors plus simple de revenir à l'hypothèse du P. Lagrange : les morts étaient appelés « guérisseurs » parce qu'on leur reconnaissait la capacité de « guérir », mais en donnant au verbe le sens large de « rétablir la fécondité ». Pareille notion aurait pu être contemporaine du ba'alisme ougaritique comme de l'ancien yahwisme, il en resterait ce nom de Rephaïm appliqué aux disparus. Le titre de Dan'el mt rp'i paraît signifier « homme de guérison » (Syria, Volume 37, 1960 - books.google.fr).
Déméter a le visage double d'une déesse des morts et de la fertilité et répond à l'anagramme donné par Gérard de Sède de O MATER DEI MEMENTO MEI : AMO DEMETER ENIM TIMEO (La Croix d’Huriel et l’alchimie : Triple correspondance : chemin de croix, oeuvres alchimiques et voyage de l’âme).
Le sommet du Pélion, décrit par Héraclide, apparaît comme le haut-lieu d'un culte partagé entre la grotte de Chiron et le sanctuaire de Zeus Actaios : une épiclèse qui évoquerait le nom d'Actéon — à moins bien sûr qu'on préfère donner au nom du chasseur béotien une étymologie phénicienne, et rapprocher le mythe d'Aqhat... Le culte du Pélion se célèbre à la canicule, et les célébrants sont des citoyens parvenus à l'âge adulte et vêtus de peaux de bêtes. Par ailleurs des inscriptions ont révélé au Pélion la présence d'un Zeus Akraios, dont le sanctuaire est incertain, mais dont l'épiclèse gravée a paru plus sûre que celle d'Héraclide. La correction proposée du voyageur antique semble cependant douteuse. D'une part akté (rive escarpée, hauteur) et akra (cime, promontoire) sont synonymes. D'autre part Actéon le Béotien a des liens solides avec le Pélion. Non seulement il est cité par Xénophon et Apollodore comme disciple de Chiron, mais ses chiens viennent se présenter à la grotte du Centaure après la mort du chasseur. Leur fureur une fois passée, ils cherchent leur maître et Chiron confectionne une image d'Actéon pour les consoler : raison de plus pour penser que la grotte du Pélion et le mythe d'Actéon sont liés à un même culte de chasseurs autour d'une image cultuelle, avec des rites où la chasse, les chiens et les peaux de bêtes jouent un rôle important et accompagnent une initiation (avec emploi de sucs tirés des plantes, cérémonial de mariage et de passage à l'âge adulte ?). Il y a hésitation sur le déguisement rituel : tandis qu' Héraclide parle de peaux de moutons, la version la plus ancienne de la mort d'Actéon le montre revêtu par Artémis d'une peau aurait-il fini par remplacer la bête sauvage primitive ? Ce culte a servi à interpréter l'épiclèse de Zeus et le nom du héros. Sa date spécifique étant celle de la canicule (qui joue, nous allons le voir, un rôle essentiel dans les mythes d'Aristée et d'Actéon attestés par la tradition littéraire), on a pensé à un autre sens plus rare, mais net et ancien, de akté, lié à certains contextes religieux et au culte de Déméter : le sens d'épi foulé sur l'aire. Zeus Actaios serait un dieu lié à la canicule par la récolte et le foulage des épis ; il aurait pris la place d'une ancienne divinité de la moisson et de la terre28, tandis que la grotte voisine de son sanctuaire aurait fixé la tradition d'un culte de chasseurs. Les personnes divines et la date cultuelle impliquées sont au cœur d'un vaste problème. Date-clef du calendrier agricole, la canicule mêle à l'ardeur solaire des références venues non seulement du monde végétal, mais de la symbolique animale projetée vers le ciel. Elle est sentie à la fois comme un effet du « lion » et comme un effet du « chien » présent dans l'étymologie de son nom. Les implications multiples de ces références nous invitent à chercher dans quelle mesure les animaux des mythes et ceux des constellations peuvent relever d'une symbolique commune. Mais avant d'aborder cette structure du sacré, il est bon d'en dessiner les perspectives à travers les formes « personnalisées » que les dieux ont inspirées. (Robert Triomphe, Le Lion, la vierge et le miel, 1989 - books.google.fr).
Actéon lui-même est une personnification des montagnes du Pélion, que ses cinquante chiens (les cinquante jours de la canicule), atteints de la rage, ont déchirée sur le Cithéron (Albert Réville, Les dieux de la Grèce antique, Revue germanique, Volume 16, 1861 - books.google.fr).
Hippocrate recommande de ne pas employer pendant la canicule les violens purgatifs ou émétiques, à cause de la turgescence des humeurs, car les anciens usaient de forts drastiques, tels que l'ellébore, ou le médicament par excellence. Il veut qu’on s'en abstienne pendant cinquante jours (lib. De purgantibus), car les Grecs appelaient jours caniculaires, les vingt qui précèdent et les vingt qui suivent le lever de la canicule, et Hippocrate ajoute dix jours de plus; pendant tout ce temps, il faut, dit-il, s'abstenir de tout ce qui peut trop fortement ébranler l'économie, comme les opérations chirurgicales et les remèdes très-actifs (Dictionnaire des sciences médicales, SEN-SOL, 1821 - books.google.fr).
Si Artémis est parfois fille de Déméter, en Arcadie par exemple, elle est liée à la mort, mort du gibier comme d'Actéon, et serait un des aspect de Déméter.
Artémis au surplus se confond avec Cybèle et Déméter, divinités mères, fécondes, productrices, personnifications de la terre, qui engendre et nourrit les créatures (Revue des Etudes anciennes, Volume 8, 1967 - books.google.fr).
En Cybèle, qui à Pessinonte rendait des oracles, les Grecs reconnaissaient à la fois Artémis d'Ephèse et la première personne de la triade d'Eleusis, Déméter la Mère des Blés (Jean Prieur, Alexandre le Grand et les mystères d'Orient, 1987 - books.google.fr).
Par rapport à la fécondité, la Canicule fait partie de la symbolique chtonienne, puisqu'elle contribue à faire monter la sève depuis les racines souterraines, et la fertilité recherchée a besoin d'une garantie printanière lors de cette première manifestation solaire que la légende d'Erigone, mythe agraire, semble évoquer (Antoinette Glauser-Matecki, Le premier mai, ou, Le cycle du printemps: rites, mythes et croyances, 2002 - books.google.fr).
Rephaïm et la saison d'été
Les « Repha'im, » c'est-à -dire les ombres, hantaient aussi le monde supérieur, celui des vivants; ces repha'im présentaient quelque analogie avec les démons. Ils pouvaient être évoqués hors du Scheol, dans un but de magie et de divination; on les appelle même expressément des dieux. Ce n'est pas là le seul vestige de la croyance aux démons et des pratiques qui s'y rattachaient. La défense de pratiquer la magie et la nécromancie prouve que le penchant à à ces arts occultes existait en Israël (Revue de théologie et de philosophie, Volume 37, 1904 - books.google.fr).
Dans Isaïe, la gloire éclipsée d'Israël est comparée à l'humble indigence de celui qui glane des épis dans la vallée des Rephaïm (XVII, 4-5) :
4. Et erit in die illa: attenuabitur gloria Jacob, et pinguetudo carnis ejus marcescet. 5. Et erit sicut congregans in messe quod restiterit, et brachium ejus spicas leget; et erit sicut quœrens spicas in valle Raphaim.
En ce temps-là , la gloire de Jacob se dissipera, son corps abattu et flétri perdra son embonpoint. Il sera semblable à celui qui glane dans la moisson, qui recueille avec la main les épis qui sont restés, et à celui qui cherche des épis dans la vallée des Rephaïm (Victor Guérin, Description géographique, historique et archéologique de la Palestine: accompagnée de carte détaillées, La Judée, Tome I, 1868 - books.google.fr).
L'épopée d'Aqhat nous renseigne aussi sur le déroulement des divers rites magiques pour amener la pluie, formules de conjuration pour éloigner la stérilité de la terre et les éléments du rituel funéraire (lamentation, enterrement, incisions). Après, Daniel, le rapai, aux nuages conjura, dans la terrible sécheresse a la pluie: — Que les nuages pleuvent sur les fruits d'été, que la rosée se distille sur le raisin ! (Gregorio del Olmo Lete, Mythologie et religion des sémites occidentaux: Emar, Ougarit, Israël, Phénicie, Aram, Arabie, 2008 - books.google.fr).
Le Danel ugaritique était à la base du Danel d'Ezechiel 14, même si ce prophète l'a réinterprété en fonction de la notion de « justice » (sdq). Mais il nous a paru avoir eu raison de mettre en cause la « royauté » de Danel. Le mlk de CTA 19,152, en parallèle avec ylkm, et précédé d'une lacune, ne signifie pas nécessairement que Danel est roi. Il se présente donc comme un juge local dans un village qui n'est pas une cité, même s'il est près d'une cité. Cet homme (vir, mutu) capable de procréer, est un gzr (qui a atteint sa maturité, ce que va devenir son fils Aqhat cf. Xella Parola del Passato 150, 1973, p. 194-202). Ayant la charge des rites agraires de fertilité, Danel est rpe, « de guérison » avec Caquot-Sznycer, non pas tellement celui qui guérit ou fertilise par lui-même comme Ba'al rpu, que l'un des rpum qui se rassemblent pour un grand banquet de fertilité (CTA 20-22, de Moor ZA W 1976, p. 323ss) et qui sont probablement une population disparue (Henri Cazelles, Ernest-Marie Laperrousaz, Conférence de M. Henri Cazelles et de M. Ernest-Marie Laperrousaz. In: École pratique des hautes études, Section des sciences religieuses. Annuaire. Tome 87, 1978-1979. 1978 - www-persee-fr.bibliopam-evry.univ-evry.fr).
Dans les textes de Ras Shamra, les Rephaïm sont des acolytes du dieu Ba'al ; dans l'A. T. ils constituent une élite parmi les morts. A basse époque, chez les Phéniciens, « dieux mânes » et « dieux rephaïm » (alonim rephaïm) sont synonymes. Comment est-on passé du premier concept au second ? On peut s'en rendre compte en considérant que les Rephaïm sont associés au rôle chthonien de Ba'al. Quand Danel se préoccupe d'assurer la pluie du printemps et la rosée de l'été, nous voyons les Rephaïm harnacher leurs chevaux, atteler leurs chars et se rendre sur les aires et les plantations. D'autre part, l'intronisation de Ba'al s'opère par les Rephaïm qui lui versent de l'huile sur la tête. Le lien entre les Rephaïm et Ba'al est donc très étroit ; nous allons voir dans quelles circonstances il s'affirme. Isaïe (XIV, 9) rapporte que, quand le roi de Babylone descend au sheol, les Rephaïm sortent de leur engourdissement pour l'accueillir, et l'on nous dit à cette occasion que ces personnages représentent les anciens puissants de la terre, autrement dit les anciens rois des nations. Or, lorsque 'Anat eut achevé de rendre les honneurs funèbres à Aliyan Ba'al, il semble que le messager des dieux, la déesse Sapas, envoie les Rephaïm lui tenir compagnie. Nous saisissons là le trait initial qui prêtera une fonction funèbre à ces acolytes de Ba'al, et les réduira à demeurer aux enfers avec Aliyan Ba'al et Ba'al, tant que ceux-ci y séjourneront. Un pas de plus et nous aboutissons à la conception de l'A. T. qui s'est aisément dégradée pour s'appliquer à un mortel quelconque (Édouard Paul Dhorme, René Dussaud, Les Religions de Babylonie et d'Assyrie, 1949 - books.google.fr).
Le maître de guérison sémite est le Baal rapu ; l'ange guérisseur des Hébreux est Raphaël ; les Rephaïm sont les défunts rois guérisseurs. L'inscription ugaritique Rp'u mlk 'lm interprêtée comme « Roi du monde », est particulièrement évocatrice. Aux Rephaïm considérés comme ancêtres mythiques correspond l'image des ossements et du crâne d'Adam supposés enterrés sur le Golgotha (Études traditionnelles, Numéros 503 à 510, 1989 - books.google.fr).
Par là , on retrouve le Raphaël de Gallardon. Raphaël est associé à la saison de l'été dans la Croix d'Huriel (La Croix d’Huriel, ses anges et les humeurs : Introduction).
Chapelle Sainte Catherine
Comment interpréter l'existence de cette célèbre chapelle de Gisors qui aurait été sous le château, calendairement et caniculairement ?
Il existe cependant une chapelle vouée à la même sainte dans l'église de la ville.
Le 13 mai 1444, Jeanne de Chantemêle, dame de Fouilleuse, fonda la chapelle Sainte-Catherine dans l'église Saint-Gervais 175. Le titre de chapelain resta par la suite à la collation de la famille de Fouilleuse à qui la fondatrice avait apporté la seigneurie de Flavacourt, village dont l'église bénéficia d'une ambitieuse reconstruction de son clocher. Citée dans les comptes de la fabrique jusqu'en 1499, la chapelle primitive de l'église de Gisors fut reconstruite entre 1516 et 1526 au sud de la nef contre le transept, sans doute à son emplacement d'origine et avec le concours des fondateurs. Les lacunes de la comptabilité autour de 1520 ne permettent pas de vérifier ces hypothèses. On supposera cependant que le donateur agenouillé avec son épouse sur le retable sculpté placé vers 1530 sur le nouvel autel était Jacques de Fouilleuse, seigneur de la Concy, Flavacourt, Montagny et Bazincourt, dont le père s'était impliqué dans la restauration de l'église. L'examen archéologique vient à l'appui de cette participation. Un contrefort qui sépare la chapelle de la suivante est orné d'une niche dont le culot se distingue de ceux des autres contreforts par des figures sculptées d'animaux (taureaux à l'ouest et lions à l'est ?) affrontés, étrangers à l'iconographie de sainte Catherine, et qui s'apparentent plutôt à des figures supportant des armoiries, lesquelles ont aujourd'hui disparu. Toutefois, cette reconstruction a dû bénéficier du soutien de la nouvelle confrérie Sainte-Catherine créée en 1515, qui partageait les lieux et sans doute un desservant avec la fondation seigneuriale (Étienne Hamon, Un chantier flamboyant et son rayonnement: Gisors et les églises du Vexin français, 2008 - books.google.fr).
Remarquons aussi dans cette vaste constellation du Navire, l'étoile Canopus, de première grandeur. [...] C'est la seconde étoile du ciel par ordre d'éclat, car elle vient immédiatement après Sirius, et est supérieure à a du Centaure, Arcturus, Véga, Rigel et Capella. Elle brille sur le gouvernail du Navire et porte le nom du pilote de Ménélas, qui s'appelait Kanûbos. Pline, Ptolémée, Manilius l'appellent déjà Canopus; pourtant Hévélius et Flamsteed écrivent encore Canobus. Cette éclatante étoile était adorée en Egypte. La ville de Canope (aujourd'hui Aboukir), sur l'une des branches du Nil, dans la basse Egypte, portait anciennement le même nom: c'était là , disait-on, que le pilote de Ménélas était mort de la morsure d'un serpent. Il faut aller à 53 degrés du pôle nord, c'est-à -dire au 37°degré de latitude, pour commencer à apercevoir Canopus rasant l'horizon. On peut le voir de Gibraltar, des côtes sud de l'Espagne, de l'Algérie, de laTunisie, delà Grèce et d'Alexandrie. Hipparque et Ptolémée ont pu l'observer aussi de leur temps, car dans cette position l'effet de la précession est à peu près nul. Cet astre jouissait d'une célébrité spéciale chez les anciens navigateurs. Améric Vespuce en parle dans ses mémoires en avoir vu trois, dont un noir (probablement le trou dans la Voie lactée nommé sac à charbon). Les pèlerins arabes l'appelaient « l'étoile de sainte Catherine », parce qu'ils étaient joyeux de la voir et de se guider sur elle pour aller de Gaza au mont Sinaï. Canopus est resté célèbre dans les annales de la navigation. La situation australe de ces étoiles du Navire nous interdit de faire directement connaissance avec elles (Camille Flammarion, Les étoiles et les curiosités du ciel: supplément de l'astronomie populaire, 1882 - books.google.fr).
According to a fable related by the Persian astronomer in his Description of the fixed stars (Xème siècle), Al Sufi, the two Dog-stars, Sirius (Al-abur) and Procyon (Al-gumalsa), were the sisters of Canopus (Suhail). Canopus married the star Rigel, but, having murdered her, he fled towards the south pole, fearing the anger of his sisters. Sirius followed him across the Milky Way, but Procyon remained behind and wept for Suhail till her eye became weak (John Ellard Gore, Astronomical Essays Historical and Descriptive, 1907 - books.google.fr).
Comme l'étoile Canopus n'est pas visible sous les latitudes françaises, cela pourrait expliquer l'invisibilité de la légendaire chapelle Sainte Catherine de dessous le château de Gisors.
Donjon de Gisors - Séraphin Médéric Mieusement, 4e quart 19e siècle - 1886.u-bordeaux3.fr
On observe une particularité très remarquable : c'est le 24 décembre à minuit, qu'à l'époque dont nous parlons (XIIème isècle), le Grand et le Petit Chariot d'une part, le Navire ou Chariot des Mers d'autre part passaient aux antipodes les uns de l'autre par rapport à Gisors. cette position réciproque des trois chariots, qui ne se retrouvait qu'une fois dans l'année, a dicté tout le plan du château. Les bâtisseurs commenèrent par tracer au sol la projection de la constellation du Navire, cette constellation appartenant à l'hémisphère austral et se trouvait ainsi "sous terre". [...] Cette figure n'était pas au Moyen Âge ce qu'elle est dans nos atlas du ciel : en effet le Navire, aujourd'hui découpé par les astronomes en parties distinctes : proue, carène, voiles etc. ne formait à cette époque qu'une constellation unique (Gérard de Sède, Les Templiers sont parmi nous, J'ai lu, 1971, p. 238).