Partie II - Voyage dans le temps   Chapitre XXII - Révolution   Girondins et Montagnards   

Les Girondins sont en majorité avocats, négociants ou journalistes. On reconnaît en eux une tendance libérale en économie, et une forme d’incrédulité en matière religieuse dans l’esprit des Lumière. Bellicistes, et pour cette raison se détachant de Robespierre, ils déclarent la guerre en avril 1792 alors qu’ils dirigent le gouvernement avec Roland à l’Intérieur et Dumouriez à la guerre. Les échecs militaires les poussent à diriger la colère populaire contre la monarchie lors des journées du 20 juin et du 10 août. Inquiets de la montée en puissance de la Commune insurrectionnelle de Paris qui s’était fait reconnaître par l’Assemblée législative avec l’aide de Danton en 1792, les Girondins s’opposent au triumvirat Robespierre - Danton – Marat dont les mesures « pré-terroristes » semblent les viser. Ils demandent la clémence pour le roi qui est jugé pour trahison et guillotiné le 21 janvier 1793. Les Girondins sont affaiblis par la défaite de Neerwinden et la trahison d’un de leur proche Dumouriez. Ils font mettre Marat en accusation qui sera rapidement acquitté. Ils obtiennent aussi l’établissement d’une commission, qui arrête Hébert, substitut du procureur, pour enquêter sur les agissements de la Commune qui apportera son aide aux Montagnards pour les balayer lors des journées insurrectionnelles du 31 mai et 2 juin 1793, véritable coup d’Etat. La Convention terrorisée livre 22 chefs girondins. Certains s’enfuient à Caen qui se soulève et refuse de ravitailler la capitale. A Caen habite Charlotte Corday, Marie-Anne-Charlotte Corday d’Armont, fille d’un noble qui s’était fait paysan par conviction et descendante du grand Corneille, est née dans la paroisse de Les Champeaux près de Camembert. Rêvant d’une République fraternelle, elle s’offusque des mesures prises sous l’impulsion du « cannibale » Marat. Partie de Caen le 9 juillet 1793, elle gagne Paris sous le prétexte de demander de l’aide, pour le paiement d’une pension à une de ses amies, auprès de Lauze-Duperret, conventionnel, ami de Barbaroux qui recommande Charlotte. Elle réussit à s’introduire chez Marat sous le motif fallacieux de dévoiler un complot girondin. Elle le poignarde alors dans son bain et se fait aussitôt arrêter. Charlotte Corday est guillotinée le 17 juillet à 5 heures.

Ceux des Girondins qui seront arrêtés seront guillotinés le 31 octobre 1793. Parmi ceux en fuite, certains seront tués, d’autres se suicideront. Marguerite Elie Guadet est né à Saint-Emilion en 1758. Avocat à Bordeaux, administrateur de la Gironde en 1790, il est élu à la Convention et est à l’origine avec Gensonné et Vergniaud du groupe des Girondins. Remarquable orateur, il s’en prendra à Robespierre qu’il accusera de replonger le peuple dans la superstition par ses continuelles invocations à la Providence. Placé sur la liste des proscrits du 2 juin 1793, il se réfugie à Caen puis dans sa ville natale où il est pris. Il est guillotiné à Bordeaux avec son père, sa tante et son frère. Jean-Louis Carra, né à Pont-de-Veyle en 1742, qui lié avec Brissot sera guillotiné avec les chefs des Girondins.

Lié aux Girondins Adam Philippe comte de Custine est né à Metz en 1740. Il combat en Amérique aux côtés des insurgents. Elu aux états généraux, il se rallie au Tiers Etat et vote la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. Il défend les prérogatives royales, les émigrés et les biens du clergé. A la tête de l’armée du Rhin, il combat en Allemagne mais perdra une partie de son artillerie en voulant prendre Francfort et devra se replier. Il propose sa démission qui est refusé et écrit à l’Assemblée que seul un général dictateur pourra sauver la patrie. Chargé de reconquérir la Belgique, il est rappelé, à la chute des Girondins, sur dénonciations de ses rapports avec le haut commandement autro-prussien. Après un  rapide procès, Custine est guillotiné le 28 août 1793.

Enfin, des survivants retrouveront leur siège à la Convention à la chute de Robespierre : Isnard, Lanjuinais ou Louvet. Jean-Baptiste Louvet, né à Paris en 1760, devient célèbre par l’écriture d’un roman licencieux, Les Amours du Chevalier de Faublas. Continuant son activité d’écrivain, il s’inscrit au club des Jacobins. Il rejoint le rang des Girondins et lance un journal financé par Roland. Il vote pour l’appel au peuple et la mort avec sursis pour le roi lors de son procès. En fuite après le 2 juin, il revient à Paris en octobre 1794. Elu au conseil des Cinq-Cents, il meurt d’épuisement en 1797, après avoir repris la publication du journal La Sentinelle.

Pierre Jean-Baptiste Auguis, est né à Melle en 1747. Président du tribunal du district de sa ville natale, il est élu à la Législative et à la Convention. Siégeant dans le Marais, il vote le sursis et la détention pour Louis XVI. Il est envoyé dans sa région veiller à la levée des 300 000 hommes avec Jean-Louis Carra. Ils seront dépassés par la situation insurrectionnelle. Après le 9 thermidor, Auguis participe à la répression de l’insurrection des Jacobins de Marseille provoquée par la libération de centaines de détenus et à celle du 1er prairial. Approuvant le coup d’Etat du 18 brumaire, il siège jusqu’à sa mort en 1810 au Corps législatif.

« La Gironde est morte de ses incohérences [1]» : d’avoir fait la guerre sans savoir comment la conduire, d’avoir essayer de ménager le sort de Louis XVI après l’avoir combattu, d’avoir voulu la modération après avoir poussé à la roue de la Révolution et d’avoir aggraver la crise économique sans y remédier, d’avoir montré la voie de la concorde et d’avoir refusé la main tendue de ses adversaires modérés, celle de Danton.

Gironde et Montagne sont « deux modèles de république qu’y s’affrontaient. L’une empruntait à une idéologie radicale la rigidité de ses principes et déduisait de son mépris des hommes et de sa conception de l’efficacité ses structures de gouvernement et ses mesures de contrainte. L’autre faisait la part belle à la tolérance, à la démocratie et à la liberté et, avec un peu d’irréalisme dans les circonstances où l’on était placé et compte tenu de la détermination de ses adversaires, rêvait d’un régime qui fît place à la justice tout en respectant le pluralisme et la diversité [2]».

Les Montagnards s’opposent aux Girondins par un tempérament plus décidé, plus religieux aussi même si certains de leurs membres sont athées. Ils sont aussi partisans d’un dirigisme économique que réclament les foules miséreuses.

 


[1]ibid., p. 86

[2] Guy Chaussinand-Nogaret, « Girondins et Montagnards, la lutte à mort », L’Histoire n° 100