Partie I - Généralités   Introduction   Géométrie sacrée   

Le nonagone a été étudié par le savant iranien al-Biruni (Kath, 973 – après 1050) qui l’a mis en rapport avec une équation du troisième degré qu’il résolut numériquement. Astronome – reprenant Ptolémée lorsque ses démonstrations ne sont pas rigoureuses -, mathématicien, cartographe, il écrivit de nombreux traités mais aussi des romans, perdus, dont Les deux idoles de Bâmiyân qui relate la métamorphoses en pierre de deux amants transformés ainsi en statues détruites en 2001 par les Talibans. Bâmiyân se trouve près de Balkh qui conserve encore les ruines de la mosquée aux 9 dômes.

Toujours dans le domaine mathématique, la preuve par 9 a hanté les cours de calcul des écoles primaires. Soit à multiplier 24 350 avec 148, ce qui donne 20 478 350. On fait la somme des chiffres de 24 350, soit 14, on poursuit de même avec 14 jusqu’à ce qu’on obtienne un nombre inférieur à 9, ici 5 que l’on multiplie au résultat de la même opération faite sur 148, soit 4. On obtient 20 dont la somme des chiffres est 2. Si ce résultat est le même que celui des sommes des chiffres des sommes à partir de 20 478 350, en effet 2, on a un bon indice de la justesse de la multiplication.

Ces tracés basés sur la figure géométrique à 9 sommets du nonagone constituent une sorte de yantra, forme de mandala géométrique. Dans l’Hindouisme, le yantra est littéralement un support, un instrument. Il est une représentation des manifestations cosmiques, des puissances divines. « C’est l’équivalent graphique du mantra, la formule mentale ; ils sont utilisés rituellement ensemble : le mantra, dit-on, est l’âme du yantra. […] le yantra possède des significations secrètes, et même des pouvoirs consécutifs à son animation rituelle [1]». Dans l’architecture hindoue, le temple est basé sur ce diagramme mystique qui représente la divinité du temple et qui correspond à la dédicace des églises. Ainsi en est il pour le temple du Dieu Soleil de Konarka étudié par Alice Bonner[2]. Le yantra est à rapprocher du pentacle utilisé par les magiciens et les sorciers. Dans la tradition shivaïte, les trois triangles enlacés représentent la féminité, la masculinité et l’union des deux. Vishnu se réincarne neuf fois se sacrifiant à chacune pour le salut des hommes.

Dans les écrits attribués à Hermès Trismégiste, on peut lire : « Ignores-tu donc, Asclépius, que l’Egypte est la copie du ciel ou, pour mieux dire, le lieu où se transfèrent et se projettent ici-bas toutes les opérations que gouvernent et mettent en œuvre les forces célestes ? Bien plus, s’il faut dire tout le vrai, notre terre est le temple du monde entier ». Les nonagones traceraient des lignes de forces qui relieraient des lieux entre eux où l’on se doit de sacrifier comme dans un temple que constituerait la France, à l’exemple de l’Egypte ancienne ou prenant sa succession, selon des rites inconnus à un ou des dieux inconnus.

Le numéro 780 de Sciences et Vie de septembre 1982 présente un banc d’essai d’un nouveau jeu. Créé au début des années 80 par Christopher Munckton, rédacteur en chef du Sunday Telegraph, le Supermind se présente comme un plateau de 40 points de façon à ce que 4 points soient reliés par des lignes droites. A tour de rôle, chaque joueur place un pion. Le but du jeu est d’enlever les pions adverses sur les lignes où ses propres pions sont en plus grand nombre que ceux des adversaires. Les points extérieurs forment un décagone, et chaque sommet est relié à un autre par une ligne. A la différence près du nombre de points extérieurs, le plateau de jeu correspond à mes tracés. Le premier nom que le créateur du jeu donna à Supermind fut « Dames du diable ». De là, penser que ma découverte constitue un jeu dont les pions seraient des êtres humains fait froid dans le dos. Qui se jouerait de nous ? Le diable ? Prisonniers d’une toile d’araignée tissée par je ne sais qui, dont les fils font de nous des marionnettes, nous ne devrions chercher qu’à nous en libérer. Encore fallait-il savoir qu’il y eut une toile.


[1] Jean Chevalier et Alain Gheerbrant « Dictionnaire des symboles », Robert Laffont, p. 1032

[2] Louis Charpentier, « Les géants et le mystère des origines », Laffont, p. 280