Partie XIII - La Croix d’Huriel   La Croix d’Huriel et le loup   Fronsac, La Cassaigne, Rochemaure, Huriel etc.   
FRONSAC HURIEL ROCHEMAURE LA CASSAIGNE ROUZIERS NAUCAZE

Fronsac et Loup, neveu d'Hunald

Cependant une guerre éclate alors qui semble rappeler les droits des Mérovingiens; c’est celle d’Aquitaine. Dans le Midi, les affections pour les fils de Clovis s’étaient plus particulièrement conservées; les ducs primitifs d’Aquitaine avaient pour ancêtre Caribert, roi de Toulouse, fils de Clotaire II ; la succession n’avait jamais été interrompue; Eudes qui combattit si vaillamment les Sarrasins en était issu ; Hunald ou Hunold fut son fils. Quand Charles Martel voulut tenter de s’assurer la couronne, on le vit combattre avec acharnement Hunald et les Aquitains; c’était une guerre non—seulement de race, mais encore de dynastie. La politique de Pépin fut de jeter la division dans cette famille; la sanglante histoire de Haton et d’Hunald témoigne quelle fut la conduite des Carlovingiens à l’égard des ducs Mérovingiens d’Aquitaine; ils les avaient fait tonsurer comme Childéric III. Tout à coup, à la mort de Pépin, Hunald sort de son monastère et lève l’étendard pour proclamer l’indépendance de l’Aquitaine ; il espère dans le passage d’un règne à un autre faire revivre les droits d’un Mérovingien réduit à l'état monacal. Cette sédition dut être rigoureusement réprimée par Charles, car elle pouvait seconder les prétentions des descendants de Clovis dans la Neustrie ; il convoqua un parlement où vint son frère Carloman, les comtes et les fidèles leudes et évêques. La guerre fut décidée; les deux frères avaient intérêt à comprimer toutes les idées qui pouvaient servir le retour et la force de l’ancienne famille : Charles et Carloman passent simultanément la Loire. En chemin ils se brouillent, parce qu’ils ne sont pas contents de leur partage; Charlemagne, qui veut imposer sa supériorité, reste seul à la tête de l’expédition, Carloman se retira avec ses fidèles. Voilà les Francs dans les provinces du Midi, forçant les villes antiques, les municipes romains, ou les campagnes soumises aux évêques visigoths. Les Aquitains furent vaincus par ces leudes d’Allemagne, ces Austrasiens aux forts chevaux, aux rudes armures.

Comme Charles Martel, Charlemagne parcourt l’Aquitaine d’un point à un autre; il vient jusque sur la Dordogne, et cette ville de Fronsac que vous voyez sur les hauteurs est une de ses fondations, pour maintenir la domination franque sur les peuples méridionaux. On voulait comprimer une race de vaincus, et l’on élevait des fortifications; Charlemagne domina donc la Dordogne en bâtissant un château que les Aquitains appelèrent Fransiac (le château des Français) ; la corruption en a fait Fronsac; quelques traces de ce château restent encore, le lierre y rampe, et une cité s’éleva depuis comme un fief du nom des Richelieu. Les villes méridionales des Aquitains jouissaient d’une civilisation plus avancée que les froides cités du Rhin et de la Moselle; le passage de Charlemagne dans l’Aquitaine a été marqué par des chartes et des diplômes concédés aux églises et aux monastères; le roi des Francs vint même jusqu’en Gascogne, cette terre des Pyrénées, et il la donna alors à titre bénéficier à un seigneur désigné sous le nom de Lupus, issu, disent les chroniques, de la race mérovingienne; neveu du légitime duc, il se fit librement le vassal de Charlemagne, et pour gage il lui livra son oncle Hunald, qui avait cherché un refuge dans les montagnes : le loup dévora l'agneau, ainsi disent les légendes.

Le roy atendit les messages au lieu meisme dont il estoit meu, et il fonda tandis un chastel qui a nom Frontenoy, sur la rivière de Dordonne. » Dans le latin, on lit : Francium ou Frontiacum (Fronsac) (Chronique de Saint—Denis , ad ann. 769.)

La souveraineté de Charlemagne ne fut plus contestée en Aquitaine. Un roman presque contemporain, celui de Philomena, raconte avec des circonstances pittoresques toutes les conquêtes méridionales de Charlemagne, qu'il mêle et confond souvent avec Pépin : c’est surtout le siège de Carcassonne. Philomela offre un mélange de réalités et de fictions; l'imagination des troubadours du Midi devait s’exercer dans le récit des grands exploits de ces fiers—à—bras, et Charlemagne devint le héros des légendes méridionales comme des chansons de gestes du Nord. Les guerres au dela de la Loire ne sont—elles pas aussi personnifiées dans le roman des Quatre fils d’Aymon, antique expression des antipathies entre les races du Nord et celles du Midi ? Renaud de Montauban, dont l'histoire est devenue si populaire, était le fils d’Aymon, de la famille méridionale de Dordogne. Aymon vient à la cour de Charlemagne avec ses quatre fils : Renaud, Richardet, Alard et Guichard, pour faire hommage sans doute comme les ducs d’Aquitaine; Romand, jouant aux échecs, brise d’un coup d’échiquier le crâne de Berthellot, neveu ou bâtard de Charlemagne; la guerre méridionale est déclarée, et les paladins sont convoqués par le roi furieux. Or, qui prend la défense du duc Aymon, en son fief de la Dordogne ? C’est Yon, duc de Gascogne, comme Loup prit un moment la défense d’Hunald. Que de merveilles dans le siége de Montauban, où la race méridionale fit tant de prodiges ! Tous les fils d’Aymon s’y sont enfermés; le cheval Bayard les a transportés sur son des reluisant, la noble bête; ils vont se défendre, car ils sont dignes et courageux. Le siége de Montauban est long et marqué de vicissitudes; la haine contre Charlemagne perce de tous côtés dans ce récit poétique, écrit par la race méridionale : c'est un homme du Nord qui vient imposer sa loi aux nobles cités du Midi. Aussi le romancier présente—il Charles le Grand comme vindicatif, ridicule; il est livré au caprice de ses barons, au mépris de ses propres fils; si bien que l'on semble assister non point à la grandeur naissante de la race carlovingienne, mais à l'époque de sa décadence et de sa ruine profonde sous Charles le Simple.

La chanson de gestes sur Huon de Bordeaux appartient également à l'épopée des guerres d’Aquitaine et de Gascogne. La chronique ne disait souvent qu’un simple mot, ne faisait qu'un récit sec et décharné d’une guerre; la chanson de gestes récitait tous les hauts faits de chevalerie et groupait mille traditions recueillies. Le romancier ne tient pas à l'exactitude des faits, à l’empreinte des événements; il invente, il brode; ce sont des légendes d’or qu'il place autour de la physionomie de Charlemagne, dont le nom re— tentit même plusieurs siècles après. Les cartnîaires des abbayes se bornent à dire : « Le roi Charles est venu habiter nos cellules pendant les fêtes de Pâques ou de Noël, eta célébré les solennités de l’Église.» Les chansons de gestes nous font connaître la vie des forêts, des cours plénières, les récits coloriés des batailles, l’existence intime de cette société en dehors des cloitres solitaires (Charlemagne par Capefigue, Volume 1, Éditeur Société belge de Librairie Hauman et C., 1842 - books.google.fr).

La Cassaigne

Saint Dominique, fondateur du couvent de Prouille, dont La cassaigne deviendra la temporalité, est aussi le fondateur des Dominicains, « ces chiens du Seigneur » qu'il voulait lancer contre les loups de l'hérésie.

A une date incertaine (entre 1286 et 1297), en août à Paris, Philippe le Bel confirme la vente du Mortier et de La Cassaigne faite par Gui de Lévis III, seigneur de Mirepoix, au monastère de Prouille. Les biens acquis devaient être, à l'avenir, considérés comme étant de mainmorte (Inventaire historique et généalogique des documents Branche Lévis-Mirepoix, Tome III, 1909 - books.google.fr).

Simon Martini, dit Simon de Sienne, né vers 1280, représente Saint Dominique et ses compagnons disputant contre les hérétiques, désignés sous l'emblème de loups cherchant à dévorer des brebis que défendent des chiens noirs et blancs par allusion aux couleurs de l'habit des dominicains, dans un grand ouvrage à fresque de l'église Sainte-Marie Novelle à Florence (Biographie universelle ancienne et moderne , Michaud et frères, 1820 - books.google.fr).

Sainct Dominique issu de là famille des Guzmans nasquit sur la terre l'an 1170. par une grande faveur divine à Caleruegue en Espagne au Diocese Doxom, Royaume de Castille, lequel selon la précédente profetie qui auoit esté manifestée à sa Mere en sommeil, devoit estre un flambeau lumineux pour illuminer le monde par la saincteté de la vie, & vn chien qui deuoit chasser les loups enragez par son abbayement, c'est a dire, renuerser les heresies & hérétiques par la voix de sa predication. S Antonin hist.part.3.tit./3.§. 4. (Laurent Le Pelletier, Histoire et briève description des ordres, des religions et des congrégations ecclésistiques, 1639 - books.google.fr).

Dans la région de La Cassaigne, se trouvait Loup de Foix.

On prétend aussi, que Raimon Roger de Foix eut de Philippe sa femme un Raymond-Roger, qu'il destina, dit-on, à être religieux dans l'abbaye de Bolbonne, et dont il ne dit rien dans son testament, non plus que de Loup. Ce dernier , que Roger-Bernard II. comte de Foix appelle son frère dans un acte de l'an 1229. étoit vraisemblablement bâtard : et il n'est pas différent de Loup de Foix conseigneur de Mirepoix, qui en 1225. fit hommage avec ses collègues à Raymond-Roger comte de Foix, et à Roger-Bernard son fils, sans marquer qu'ils fussent parens. On trouve aussi un acte par lequel Loup de Foix donne un samedi du mois d'Avril de l'an 1224. à l'abbaye de Bolbonne, le droit de pacage dans ses terres; et Roger comte de Foix, qui le qualifie son oncle paternel, lui donna en 1245. le lieu de Dax dans le Savartez. Le même Roger comte de Foix donna en commande le 2. de May de l'an 1239. le château et la bastide de Durfort à Loup de Foix et à Roger-Isarn son fils; et nous trouvons un hommage rendu le 21. d'Avril de l'an 1277. à Roger-Bernard III. comte de Foix par Roger-Isarn damoiseau , fils d'autre Roger-Isarn chevalier, et petit-fils de Loup, pour tout ce qu'il avoit au château de Durfort. Par-là nous connoissons la postérité de Loup de Foix, peut être fils légitime, mais plus vraisemblablement fils naturel de Raymond-Roger comte de Foix (Joseph Vaissète, Du Mège, Histoire générale de Languedoc, 1842 - books.google.fr).

Loup de Foix était coseigneur avec entre autre Pierre Roger, le défenseur de Montségur. Durant tout le siège, c'est bien lui qui dirigera de facto la citadelle. Le 2 mars 1244, c'est lui qui va négocier les termes de la reddition (en compagnie de son cousin et seigneur officiel Raymond de Péreille) auprès des croisés (notamment du maréchal Guy de Lévis qui deviendra également seigneur du château après la reddition). Il parvient néanmoins à obtenir, chose assez incroyable pour l'époque, l'amnistie générale pour les membres du commando du 28 mai, petite troupe de chevaliers faydits et de sergents, qui, sur ses ordres, partent massacrer Guillaume Arnaud et sa troupe d'inquisiteurs à Avignonet. Il obtient également 15 jours de trêve pour les assiégés, afin de mettre leurs affaires en ordre, notamment la mise en sécurité du "trésor" de Montségur (fr.wikipedia.org - Pierre-Roger de Mirepoix).

Fanjeaux n'est pas entièrement de la mouvance carcassonnaise. La maison de Foix y possède aussi des droits, qui passeront à Loup de Foix, un bâtard du comte (Michel Roquebert, L'épopée cathare, Volume 2, 2001 - books.google.fr).

Loup de Foix serait le fils illégitime de Raimond-Rogier, comte de Foix, et de la fille de Raimon de Pennautier, peut-être Orbria première femme de Jordan de Cabaret, répudiée selon certains témoignages, la Loba de Pennautier du troubabdour Peire Vidal, et la Mais Amic de Raimon de Miraval. Loup était le demi-frère de Rogier Bernard II (Paul Andraud, La Vie Et L'oeuvre Du Troubadour Raimon de Miraval, 1902 - archive.org).

Seigneur de Saverdun en 1243, Loup de Foix, de qui David Blondel fait descendre les Seigneurs & Vicomtes de Rabat, se rendit garant du traité que Roger-Bernard, Comte de Foix, fit avec le Roi Saint Louis le 16 Juin 1229. Il eut pour femme Honorée de Beaumont, dont : Loup, duquel on ignore la postérité ; Roger-Isarn ; Bernard ; et un autre Loup, Abbé de Saint-Savin (François-Alexandre Aubert de La Chesnaye-Desbois, Badier, Dictionnaire de la noblesse, Volume 8, 1866 - books.google.fr).

Raymond-Roger de Foix est soupçonné d'hérésie mais réussi à sortir la tête haute des accusations portées contre lui. Il est vrai que, bien que catholique, il fut très lié au catharisme par sa sœur, Esclarmonde de Foix, et sa femme Philippa qui dirigeait la maison de Dun, dans les Pyrénées, réservée à l'éducation des jeunes filles et à la retraite des ministres chargés de l'enseignement cathare. Il soutient la rébellion menée par Raymond VII de Toulouse et prend part au siège de Toulouse commencé en septembre 1217 où Simon de Montfort trouvera la mort, le 25 juin 1218. Cette guerre de reconquête lui permet de rentrer à nouveau dans son château en 1218. À son décès en 1223, le comte avait récupéré tous ses domaines à l'exception de Mirepoix où il mourut pendant le siège de la place forte.

Loup de Foix poursuivit avec son demi frère le comte Rogier Bernard la politique de leur père de reconquête.

En 1228 Loup de Foix tient encore Alaigne, Trencavel et le comte de Foix Limoux, et que, selon toute vraisemblance, Guy de Lévis s'étant réfugié à Carcassonne, Bernard, l'ancien seigneur, a dû reprendre possession de son domaine (Heresis, Numéros 15 à 17, Centre national d'études cathares, 1990 - books.google.fr).

Rochemaure

Hermangarde et son mari le comte du Vivarais Eribert, sauvés d'une louve qui les poursuivait, fondèrent, avec des moines bénédictins envoyés par l'abbaye d'Aniane, l'abbaye de Cruas, au nord de Rochemaure, vers 804 (Almanach du Lyonnais, Publication Silvestre, 1905 - books.google.fr, Thomas Allibone Janvier, The Christmas Kalends of Provence and Some Other Provençal Festivals, 1902 - books.google.fr).

On la construisit sur un terrain inculte et désert qui faisait partie du domaine impérial. Sous le règne de Louis le Débonnaire, le comte Elpodorius demanda à cet empereur de daigner étendre ses bienfaits sur le monastère de Cruas. Louis, ce pieux élève du toulousain saint Guillaume, semblait appelé, par sa dévotion un peu ascétique, à protéger particulièrement les monastères; il se rendit donc avec empressement au vœu de son comte du Vivarais : il déclara que ses vœux lui paraissaient devoir être agréables au Seigneur; il décréta que les moines de Cruas seraient soustraits à la juridiction du juge public, qu'ils ne seraient soumis à aucune charge, et que leurs hommes, tant ingénus que serfs, ne pourraient être requis pour le service militaire ni être tenus de s'en racheter. En conséquence, il défendit à ses fidèles ou leudes, et à ses délégués ou missi dominici, de troubler en aucune manière ces religieux; il ordonna enfin que le monastère de Cruas jouirait d'une tranquillité à laquelle nul ne pourrait porter atteinte. Immense bienfait, si, dans ces temps de désordres, de pareilles garanties eussent été inviolables! Mais ce même monarque, qui stipulait pour de pauvres solitaires la paix et le repos, ne put avoir ni paix ni repos pour lui-même !

L'église de Cruas, qui est maintenant l'église paroissiale du village, a été construite un peu après l'abbaye; on en attribue la fondation à dame Gotolinde, vers 970 C'est en cette année 970, que l'archevêque d'Arles Icterius fit au monastère de Cruas sa visite de pasteur et de métropolitain. Une dame du pays, Gotolinde, qui avait fait rebâtir l'église de Cruas, pria ce prélat de la consacrer sous l'invocation de saint Michel ; Icterius consentit à le faire, à condition que Gotolinde doterait cette église suivant les canons. Cette dame donna enfin à l'église de Viviers plusieurs de ses biens situés dans le comté de Viviers, et entre autres à Bays, et l'archevêque fit la cérémonie de la consécration. Cet acte est daté du 21 septembre, trentième année du règne de Conrad.

En entrant dans l'église, on remarque sur la gauche une tombe gothique; un guerrier est étendu depuis des siècles sur cette couche de pierre : c'est Adhémar de Poitiers Valentinois, fondateur de Rochemaure et de Montélimart. Une inscription en caractères gothiques du onzième siècle le prouve expressément ; elle est ainsi conçue: HAC JACENT IN FOSSA ADHEMARTIS COMITIS OSSA, NOBILIS ET POTENS VIRILITATE SUA (Albert Du Boys, Album du Vivarais, ou itinéraire historique et descriptif de cette ancienne province, 1842 - books.google.fr).

St-Pierre-des-Fontaines, au nord de Rochemaure, est un prieuré de l'abbaye de Cluny, réunie à l'abbaye de Cruas (Pierre Arnaud (abbé.), Valvignères en Helvie, 1963 - books.google.fr, Autour de Rennes le Château : Dévotion du scapulaire et du rosaire, www.labouquinerie.com - Volane).

Enoch et Elie, aux dires de saint Irénée, saint Jérôme ou saint Ambroise, sont les noms des deux prophètes qui doivent témoigner pendant la persécution de l'Antéchrist selon l'Apocalypse de saint Jean. Ils y sont appelé deux chandeliers. On les a comparé chez Zacharie à ceux qui sont deux oliviers, fils de l'huile (Joachim Trotti de la Chétardie, Œuvres complètes: réunies pour le première fois en collection, et classées selon l'ordre logique, Jacques-Paul Migne, 1857 - books.google.fr).

Je passe donc des Oliviers aux Chandeliers ; aussi bien y a-il de la ressemblance de nature, comme a ingénieusement observé le Rabbi Moyse, dans les branches & des uns & des autres. Le Saint Esprit donne la qualité de Chandelier a Elie & a Enoch, parce qu'ils porteront de toutes parts Jesus-Christ, qui est la véritable lumiere, & ainsi reuniront toutes les Eglizes. C'est un Eloge, qui a rapport tres-particulier avec la version d'Aquila, qui dans le passages sus-allègué de Zacharie, tourne au lieu de fils de l'huile, fils de la splendeur. Theodotion, qui traduit, fils de clarté. D'où vient aussi que les Hébreux appelloient les doctes, fils de l'huile, à cause de la netteté & de la splendeur, qui se voit dans la doctrine. Elie & Enoch estant donc des fils de l'huile & des Chandeliers publics ils useront de tous les moyens possibles pour auancer la gloire de leur Maistre.

Le cher Apôtre spécifie cette vizion après celle des Juifs, représentez par les douze mille marquez de chaque Tribu. Ce qui monstre que cette prodigieuse trouppe ne comprend pas mesme les Juifs. Aussi sainte Hildegarde dit que la quantité de ceux, qui feront convertis par Elie & Enoch, & souffriront le martyre, sera si grande que les bourreaux seront lassez & effrayez d'une si grande effuzion de sang (Dorothée de Saint-René, Commentaire théologique, historique et moral, sur les livres des Roys et de l'Apocalipse, où sont découvertes les grandeurs des saints prophètes, Élie et Elisée, 1655 - books.google.fr).

Dans le Scivias d'Hildegarde de Bingen, l'Antéchrist, une autre invention proprement médiévale, est doté d'un visage plus concret que chez d'autres auteurs. Comme les hérétiques et les magiciens, il dispose d'une doctrine contraire et d'une « écriture inconnue » ; comme un personnage dramatique, il parle à la première personne; comme Satan, il est visualisé par une image allégorique et monstrueuse : une tête noire dans le sein de l'Ecclesia. Autant que fils du diable, l'Antéchrist est donc fils de l'Église. Son heure sonne à la fin du temps qui est divisé, chez Hildegarde, en cinq époques, toutes placées sous un emblème animalier : chien de feu, lion fauve, cheval pâle, porc noir, loup gris. Pourtant, Hildegarde n'était pas « une fanatique de l'Apocalypse ». L'abbesse « brisait toute tentative de messianisme politique », et son eschatologie évite l'actualisation idéologique : Charlemagne ou Frédéric Barberousse, l'Empire romain ou la figure du Endkaiser manquent au rendez-vous final. Bien que fidèle à la mouvance grégorienne, l'abbesse ne peint pas non plus l'Antéchrist sous le trait de ses ennemis politiques. Au contraire, en tant que prophétesse, elle rejetait les prédictions événementielles ou astrologiques, ne voyant dans la « prophétie » ni un charisme particulier ni une vertu surnaturelle, mais une factulté primordiale, une forme de connaissance du général (comme l'intellectus agens des aristotéliciens). Fondée sur une intelligence quasi adamique de la création, la prophétie est « la colonne vertébrale, l'axe fondamental de l'histoire humaine, immuable, sacré ». Pensée mythologique de permanence et répétition, elle relie le temps de la Genèse et celui de l'Apocalypse, la grâce et la nature, le spirituel et le matériel : le flux de la cupidité, vécu par Eve, explique le flux menstruel de la femme, le péché originel crée les maladies, la mélancolie, etc. (Matthias Grässlin, "Sylvain Gouguenheim. — La sybille du Rhin. Hildegarde, abbesse et prophétesse rhénane.Paris, Publ. de la Sorbonne, 1996, 1999 - www.persee.fr, André Rademacher : Hildegarde de Bingen, Welt und Mensch - www.gottliebtuns.com).

Les plus puissants seigneurs du Vivarais, au douzième et au treizième siècle, étaient le comte de Bermond, dont nous avons déjà parlé, et le baron Adhémar de Valentinois, issu de la maison de Poitiers. Ces deux seigneurs, au lieu de s'appauvrir par les croisades, comme tant d'autres, en étaient revenus enrichis des dépouilles de l'infidèle. Au retour de ces expéditions lointaines, le premier acheta la terre d'Anduze, le second les baronnies d'Aps et de Rochemaure; l'un et l'autre reconnurent pour leur suzerain l'évêque de Viviers qui leur faisait ces importantes cessions. Adhémar de Valentinois avait fixé sa résidence habituelle dans un château fort situé au nord de Viviers, sur une colline appelée Tiliaud, le Theil; c'est pourquoi il ajouta à son nom celui de Monteil que conservèrent ses descendants. En même temps, il jeta sur l'autre rive du Rhône les fondements d'une ville fortifiée qu'il appela la Montagne du Theil d'Adhémar, Morts Tilii Adhemaris, aujourd'hui Montélimart. Nicolas, évêque de Viviers, s'était misa la tête d'une ligue puissante contre les comtes de Toulouse; il y avait fait rentrer Adhémar de Monteil et Bermond d'Anduze; mais il eut le tort de montrer pour ce dernier une préférence trop marquée, et il fit ainsi d'Adhémar un des plus ardents ennemis de son église. Ce seigneur dissimula pourtant pendant quelque temps sa haine et ses désirs de révolte; il fut même au nombre de ceux qui, en 1210, déférèrent au cardinal Bernon la haute suzeraineté sur tout le Vivarais. Mais la puissance des Monteil vint tout à coup à s'accroître; la branche aînée des Valentinois s'éteignit, Adhémar recueillit leur riche succession et alla s'établir à Crest, pendant que son fils Géraud d'Adhémar de Monteil élevait le magnifique et inexpugnable château de Rochemaure.

Cependant le cardinal Bernon mourut, et alors le vieil Adhémar prit les armes, souleva contre le nouvel évêque de Viviers tous les mécontents du Vivarais, demanda du secours aux comtes de Toulouse, et ne cessa d'infester de ses brigandages les terres de l'église; enfin, il légua à ses petits-fils ses implacables ressentiments, et ce ne fut qu'au quinzième siècle que les barons de Rochemaure firent une paix définitive avec les évêques de Viviers.

Rochemaure devint, au seizième siècle un lieu d'asile et de sûreté pour les catholiques: les religionnaires l'assiégèrent plusieurs fois, mais en vain.

En 1621, M. de Blacons, gentilhomme dauphinois, pétarda ce fort, fit sauter une partie de ses murailles, et fut sur le point de s'en emparer; mais Rochemaure résista encore à cette tentative d'un des généraux protestants les plus renommés de cette époque. Cependant le château souffrit beaucoup dans ce dernier siége; on ne le répara que d'une manière incomplète, et le temps a achevé plus tard la destruction commencée par les hommes. Depuis l'extinction de la maison de Poitiers, le fort de Rochemaure a passé, comme la Voulte, entre les mains des Lévy-Ventadour et des Rohan-Soubise; il appartient aujourd'hui à la famille de Miraval, qui comprend l'importance historique de ces ruines (Albert Du Boys, Album du Vivarais, ou itinéraire historique et descriptif de cette ancienne province, 1842 - books.google.fr).

La famille de Poitiers est une famille du Valentinois qui remonterait à Aymar ou Eustache de Poitiers, mort vers 1135-1138. Contrairement à ce qui a longtemps été dit, la famille de Poitiers est d'origine provençale et n'a aucun lien avec les comtes de Poitiers (fr.wikipedia.org - Famille de Poitiers).

Nous retrouvons Balzac.

Ce récit se place d'entrée de jeu sous le signe du mystère, mais n'introduit la véritable énigme qu'après un assez long préambule consacré à l'intrigue amoureuse. Dès la première page, Balzac prend prétexte de l'arrière-plan médiéval pour tracer une description fantastique de la cathédrale de Tours, lieu propice à l'ardeur religieuse et aux amours adultères. L'action se passe en 1479 sous le règne de Louis XI. La jeune comtesse de Saint-Vallier, fille naturelle de Louis XI, mariée à un mari vieux, jaloux et sadique, aime en secret Georges d'Estouteville. La demeure des Saint-Vallier jouxte celle de maître Cornélius Hoogworst, négociant flamand et argentier du roi. Suite à une longue série de vols qui n'ont pu être commis que de l'intérieur, cet avare monomane a déjà fait pendre six de ses serviteurs. Un doute plane cependant sur la culpabilité des malheureux. Malgré les risques, le jeune d'Estouteville se fait engager comme apprenti sous un faux nom chez maître Cornélius et, en passant par une cheminée, s'introduit la nuit suivante chez sa bien-aimée. Au matin, maître Cornélius découvre un nouveau vol et fait arrêter le jeune homme. Celui-ci évite de justesse l'exécution grâce à l'intervention de la comtesse auprès du roi son père. Au dénouement, Louis XI, dont Balzac a toujours admiré le génie, résout l'énigme des vols, solution dont nous laissons la surprise au lecteur.

Le comte Aymard de Poitiers est une personne réelle, grand père de Diane de Poitiers. Il est fils de Charles de Poitiers (et d'Anne de Montlaur), fils de Louis de Poitier (et de Catherine de Giac), fils de Charles Ier de Poitiers (et de Simonne de Méry).

Le 5 février 1416, l'empereur Sigismond, passant à Valence, créa Jean de Poitiers, frère de Louis, comte du sacré palais, avec pouvoir de créer des notaires et de légitimer les bâtards, ce qui, joint à toutes les autres charges et dignités dont il était revêtu, acheva d'en faire un très puissant personnage.

Marié en seconde noce avec Jeanne de La Tour d'Auvergne (le 29 novembre 1472), grand tante de Catherine de Médicis, fille de Bertrand VI (1417-1494), comte d'Auvergne et de Boulogne et de Louise de La Trémoille.

Jean de Poitiers, seigneur de Saint-Vallier (1475-1539) marié le 4 septembre 1489, avec Jeanne de Batarnay est le père de Diane de Poitiers (Lucienne Frappier-Mazur, Maître Cornelius de Balzac dans la Comédie Humaine, Justin Brun-Durand, Dictionnaire Biographique de la Drome, 1836 - books.google.fr).

Mais le Soleil, ou la lumière , fait disparoître ces Troupeaux lumineux, comme les troupeaux de brebis difparoiflènt de devant un Loup; le Soleil fut donc le Loup des Etoiles, & la Lune en fut la Louve. En Grèce, Lukos a signifié également la lumière & un Loup : qu'il en fut de même chez les Latins, avant qu'ils en eussent fait deux mots différens, en changeant le c du mot Luc-e, lumière , en p dans Lup-us, Loup. On n'est également plus surpris que Diane ait été appellée Lycea, la Louve, ou la lumineuse : ni qu'Apollon ait été appelle Lyceius, le Loup , ou le lumineux -, & ses fêtes, les Lyceies (Antoine Court de Gébelin, Monde primitif, analyse et comparé avec le monde moderne: Histoire civile, religieuse et allégorique du calendrien, Volume 4, 1787 - books.google.fr).

Huriel

Une chasse au loup est restée mémorable dans les annales de la Vénerie bourbonnaise. MM. Dubreuil et Villatte de Coutine, chevalier de Malte, un de mes grands-oncles, chassant ensemble, en forêt de La Chapelaude, lancèrent un loup. Parti en tête folle à travers le pays, passant près des hameaux, à travers les troupeaux, à proximité des gens, toujours au nez des chiens. Résolus à la poursuite jusqu'à l'hallali, ces veneurs arrêtèrent leurs chiens à la nuit, et les abritèrent dans une ferme voisine. Ils couchèrent au village le plus proche et le lendemain mirent leurs limiers aux brisées. Relancé, le loup fut pris aux environs de La Châtre, à plus de cinquante kilomètres du lancer (R. Villatte des Prugnes, Au Loup ! La Revue des deux mondes, Numéros 17 à 20, 1956 - books.google.fr).

Le chevalier de Malte Villatte est mort en 1846 et s'était fait construire un tombeau de long temp à l'avance dans un lieu chosi par lui (Patrick Delmont, Néris-les-Bains, 2002 - books.google.fr).

Les moines de Saint Denis à qui avait été donnée la terre du Mont Julien par Jean de Saint Caprais approuvé par son suzerain le sire de Bourbon Archambaud et par Humbaud d'Huriel, eurent l'idée de fonder une ville franche, un bourg fermé, avec des coutumes écrites et des libertés comme dans les grandes communes du nord. Pour cela, soit réminiscence classique, soit analogie de situation dans un ctat social à peu prés identique, les moines de Saint-Denis, comme les fils de la louve, ouvrirent un asile, la Chapelle Aude naquit de la même façon que Rome a commencé (A.-M. Chazaud, Fragments du cartulaire de la Chapelle-Aude, 1860 - books.google.fr).

La famille Le Loup est une ancienne noblesse du Bourbonnois.

Jean Le Loup, Chevalier, Seigneur de Beauvoir, vivant en 1336, eut pour femme Alix de Béost, fille à'Etienne, Chevalier, Seigneur de Béost, & de Guillemette, Dame de Chintré. De ce mariage vint : Blain Le Loup, Ier du nom, Chevalier, Seigneur de Beauvoir, Maréchal, Sénéchal & Grand Maître des Eaux & Forêts du Bourbonnois en 1350, dont il est parlé dans L'Histoire de Louis III, Duc Db Bourbon. II eut de Marie de Mérinchal, son épouse, Blain Le Loup, IIe du nom, Seigneur de Beauvoir, qui épousa Sibylle de Crux, dont Blain Le Loup,IIIe du nom, Seigneur de Beauvoir, Sénéchal de Bourbonnois, mort en 1466. Il avoit épousé Catherine de Brosse, fille de Pierre, IIe du nom, Seigneur de Sainte-Sévère, d'Huriel &c, & de Marguerite de Malleval, de laquelle sortit: Louis Le Loup, Seigneur de Beauvoir, Pierre-Brune & Mennetou, Maître d'Hôtel du Roi François Ier, s'allia avec Antoinette de la Fayette, fille d'Antoine, Seigneur dudit lieu, & de Marguerite de Rouville.

Les armes: d'azur, au loup passant d'or (François-Alexandre Aubert de La Chesnaye Des Bois, Dictionnaire de la noblesse, 1868 - books.google.fr).

Deux grandes familles ont dominé la vie de la forteresse de Beauvoir: les le Loup dès la fin du XIIe siècle jusqu'à la fin du Moyen Âge, et les d'Allègre, pendant toute l'époque moderne. Le premier seigneur de Beauvoir connu serait Bernard le Loup, dont le fils, Blain le Loup, maréchal du Bourbonnais, était aussi sénéchal du pays de Combraille en 1209. D'après des Gozis, ce seigneur, originaire d'une des plus importantes familles de la noblesse bourbonnaise, fut l'un des témoins de l'acte d'affranchissement de la ville de Charroux en 1245. Son frère, Amblard le Loup, lui succéda en 1269 comme seigneur de Beauvoir. Dès lors, les le Loup ne quittèrent plus leur fief de Beauvoir et furent chargés d'offices importants auprès du duc de Bourbon, comme Aubert, dit Jean le Loup, maître de l'hôtel du duc Pierre Ier de Bourbon en 1343, puis gouverneur du Bourbonnais, des comtés de la Marche et de Clermont. Grand maître des Eaux et Forêts du Bourbonnais, Blaynet le Loup, fidèle serviteur des ducs Pierre Ier et Louis II, fut nommé maréchal, puis ; sénéchal du Bourbonnais. Le fief passa aux d'Alègre en 1530 par mariage de Christophe de Tourzel d'Alègre avec l'héritière Madeleine Le Loup. (René Germain, Châteaux, fiefs, mottes, maisons fortes et manoirs en Bourbonnais, 2004 - books.google.fr).

Naucaze, près de Rouziers

La maison de Loubens-Verdalle est originaire du Béarn, suivant une ancienne tradition de la famille. Dès le Xe siècle, on trouve des traces certaines de son existence en Gascogne. Deux châteaux près de La Réole (Gironde) portent encore le nom de Loubens. Guillaume de Loubens fut un des chevaliers croisés en 1096 sous la conduite de Raymond de Toulouse. Il se signala en Terre- Sainte (V. Histoire du Languedoc, II, p. 316). Cette époque marque pour la famille la date de son établissement au pays toulousain. Son premier fief fut la seigneurie de Loubens. Le château qui s'élevait près de Caraman (Haute-Garonne), fut récdifio sous le règne de Henri IV. Il existe toujours entouré d'un riche village. Elle eut pour deuxième fief la seigneurie de Verdalle (Tarn). Le château et le village étaient autrefois fortifiés. On y voit encore une curieuse église du XIIe siècle. Le troisième fief fut le château de château de Contrast, dans la Montagne-Noire, au XIVe siècle. La maison de Loubens le posséda jusqu'à la Révolution. On en admire encore les ruines imposantes. On peut ajouter à ces fiefs un autre château de Loubens, dans le pays de Foix, bâti au pied des Pyrénées et dont il ne reste que quelques vestiges. Les descendants actuels de la famille, par Jehannot, baron de Signac (XVIe siècle), oncle paternel de Hugues de Loubens, se sont fixés dans la Marche et dans le Bourbonnais. Fernand de Loubens, auteur, est né en 1848 à Montluçon et mort en 1903 (Henry Carnoy, Dictionnaire biographique international des écrivains, Volume 1, 1903 - books.google.fr).

Arnaud de Loubens reçu Docteur en l'un & l'autre Droit en 1330, d'abord Doyen du Chapitre de Saint-Paul de Fenouilledes, au Diocèse d'Aleth, & successivement Evêque de Maguelone, le 10 Avril 1339. Prélat, l'un des plus sçavans du XIVe siécle (auteur d'une Histoire des évêques de Maguelonne), fut fort considéré à la Cour du Pape Benoît XI, dit XII, où il eut divers emplois. Il fonde en 1337 l'un des premiers établissements universitaires de Toulouse : le collège de Verdalle. Il mourut le 3 Décembre 1352, après avoir gouverné pendant 13 années.

Charles-louis, Baron De Loubens & d'Auriac, qui épousa N... de Naucase, fille de Claude, Baron de Naucase, & de Rose de Hautefort-Saint-Chamans. Leurs enfans furent : Hugues, Chevalier de Malte en 1641. ; Henri ; François, dont on ignore la destinée ; N... De Loubens, Dame de Bro quieres, Loubens & Auriac, mariée à N... du Buisson, Seigneur de Bournalez, dont elle étoit veuve en 1716 ; Guillemette, Religieuse à Prouille ; Jacquette, mariée à N... de Touges, Seigneur de Noaillan ; Jeanne, alliée, le 31 Mars 1664, à Jean-Gabriel de Gaulejac, Seigneur de Ferrais ; Hippolite De Loubens, mariée, le 16 Septembre 1683, à François de Morlhon, Seigneur de Laumieres.

Les armes: de gueules, au loup ravissant d'or (François-Alexandre Aubert de La Chesnaye-Desbois, Badier, Dictionnaire de la noblesse, 1775 - books.google.fr, loubens.lauragais.free.fr).