Partie X - 22 v’la l’Tarot   Chapitre I - Passe-moi le celte   Fêtes celtiques - Destin : Papesse, Roue de la Fortune, Soleil et Monde   

Cependant ne sait-on pas qu'il y a, chez Platon aussi, un autre monde ? C'est peut-être la première chose qu'on apprend à son sujet, qu'il y a pour lui un " monde intelligible ", différent du monde sensible, un monde de l'être, qui s'oppose au devenir (Simone Pétrement, Le dualisme chez Platon, 1947).

L'autre monde platonicien est philosophique alors que celui de la mythologie irlandaise est poétique mais ce monde sans devenir ressemble fort au Monde éternellement jeune et sans souci du Mag Mell ou de la Terre des Jeunes (Tir na n-og).

Dans la lame du Monde, ce que tient dans sa main gauche la femme au centre de la mandorle végétale paraît bien être soit un fuseau, soit une quenouille dont la taille correspond mieux. Le fuseau que les Parques tournent selon les anciens, et par lequel Platon désigne ce qui se meut et ce qui est immobile dans la révolution du monde est tourné, selon ce philosophe, par les Parques (Clotho présidait au passé : de klôthousa, filer ; Lachésis au présent : de léxis, prédestination ; Atropos au futur : d'atrepta, irréversible) et la Nécessité (Anankê), leur mère, et elles lui impriment un mouvement de rotation dans la génération de chaque être. C'est par cette révolution que les êtres engendrés arrivent à la génération. Dans le Timée, le Dieu qui a créé l'univers [l'Intelligence] donne le principe [immortel] de l'âme [l'âme raisonnable], et les dieux qui exécutent leurs révolutions dans le ciel ajoutent [au principe immortel de l'âme] les passions violentes qui nous soumettent à la Nécessité, la colère, les désirs, les peines et les plaisirs; en un mot, ils nous donnent cette autre espèce d'âme [la nature animale ou âme végétative] de laquelle dérivent ces passions. Par ces paroles, Platon semble dire que nous sommes asservis aux astres, que nous en recevons nos âmes, qu'ils nous soumettent à l'empire de la Nécessité quand nous venons ici-bas, que c'est d'eux que nous tenons nos mœurs, et, par nos mœurs, les actions et les passions qui dérivent de l'habitude passive de l'âme. Elle est alors soumise à la puissance que Platon nomme le fuseau de la Nécessité, et, s'embarquant dans ce monde, elle y prend la place qui lui est assignée par la fortune (Les Ennéades de Plotin, Traduit par Marie Nicolas Bouillet, 1857).

Si le fuseau, qui représente l'ensemble des sphères célestes, est placé sur les genoux de la Nécessité, il est difficile que la Nécessité soit au centre du fuseau, comme on l'admet souvent. Ce grand fuseau, aussi axe du cosmos, tourne dans le giron de la Nécessité, mère des trois Moires ou Parques assises autour d'elle.

La nécessité limite la liberté de Zeus. Il y a quelque chose qui assujettit même Zeus : c'est, " dont le gouvernail est dirigé par la trinité des Moires et par les Erinnyes. "

L'usage courant rapproche la nécessité de l'idée de destin, c'est-à-dire de l'advenue d'un événement inévitable. Est " nécessaire ", en effet, ce qui ne peut pas ne pas être ou ce qui ne peut pas être autrement qu'il n'est. Dans le Timée, Platon (428-347 av. J.-C.) rencontre déjà la nécessité (anankè) sous la figure de l'inexorable : le démiurge qui se trouve à l'origine de l'ordre du monde est obligé de composer avec une matière qu'il n'a pas choisie. Dans ce cadre cosmologique, le danger est celui d'une nécessité dénuée de finalité et de sens qui s'apparenterait au chaos, ce pourquoi il faut penser le cosmos comme un mixte de nécessité et d'intelligence. La nécessité apparaît donc d'abord comme une figure de l'irrationnel puisqu'elle limite l'action du dieu et semble exclure l'intervention des hommes (www.universalis.fr - Nécessité).

Le manteau que la figure féminine de la lame porte sur les épaules serait le "manteau de la nécessité" terme religieux recontré au moins au XVIIème siècle : " La gloutonnie (dit S. Grégoire dans ses Morales) est si ennemie du bonheur de l'homme, que pour le perdre plus subtilement, elle se cache sous le manteau de la nécessité, pour dire toujours qu'elle ne cherche que le nécessaire, et sous cette couverture donnera la chair tout ce qu'elle désire, pour abrutir l'esprit et le dégoûter de tout honnête exercice (Obligations des ecclésiastiques, 1680).

La roue de Fortune trouve ainsi sa place dans la série. Elle est chez Jean de Meung l'emblême littéral du paradoxe de la contingence tel que l'avait exposé Abelard que nous retrouverons avec l'Ermite.

Fortune, Nécessité, Espérance et Foi sont des personnifications rationalistes de la religion romaine : Fortuna, Nécessitas, Spes, Fides. Associées à Fortuna, Spes et Fides éclairent la théologie de la Fortune romaine, avec son double aspect de nécessité, d'enchaînement suivant une logique inexorable, et de gratuité, de hasard (fors). Il existait à Capoue un temple dédié à Spes Fides Fortuna. La contingence est le fait de ne pas être nécessaire tout en pouvant être déterminé, ce n'est pas une négation de la causalité. La nécessité s'oppose à la contingence, possibilité qu'une chose arrive ou n'arrive pas. La nécessité ne s'identifie pas, toutefois, à la possibilité : tout ce qui est nécessaire est possible; mais tout ce qui est possible n'est pas nécessaire.

Cette nécessité a son pendant dans la geste de Cuchulainn. C'est la voyante Fedelm qui prévoit et annonce l'avenir inexorable. Dans le récit de la razzia des vaches de Cooley, elle est décrite comme une jeune femme plein de charme. Mais comme le souligne Ch.-J. Guyonvarc'h (1986), ses prédictions font penser à Morrigan, la déesse de la guerre (www.arbre-celtique.com - Fedelm).

Dans le Tain Bô Cûalgne, " le vol des vaches de Cualgne " on raconte que parmi les bestiaux d'Ailill se trouva pourtant un noble taureau qui, bien qu'issu de la vache Blanchecorne, propriété de Medb, n'avait pas voulu rester sous la domination d'une femme, et avait passé aux troupeaux d'Ailill. Grâce à cette défection, Medb était moins riche que son mari Ailill ! Et il lui semblait qu'elle n'avait pas un sou vaillant, parce qu'elle ne pouvait fournir un taureau semblable.

Elle apprend que Dare, roi de Cùalgne (petit territoire dans la province d'Ulster) possède précisément un semblable animal. Medb ne veut pas le recevoir en don, mais seulement le garder pour la reproduction pendant une année ; après quoi elle le rendrait, en ajoutant cinquante vaches d'indemnité. Les messagers de la reine se mettent en route, et obtiennent du roi Dare une réponse favorable. Ils reçoivent une gracieuse hospitalité; on leur prépare une couche de jonc frais, ils mangent et boivent. Ils deviennent causeurs, et l'entretien roule sur la générosité et sur la complaisance de leur hôte. Tout à coup l'un d'eux, s'animant, contredit ces éloges, et prétend que Dare aurait été forcé de livrer le taureau, s'il ne l'eût fait de son plein gré. Le malheur voulut que l'intendant de Dare, qui venait en ce moment même apporter aux messagers un nouveau service, entendît cette imprudente assertion. Il ne manqua pas de la rapporter à son maître, et celui-ci, piqué, renvoya aigrement les ambassadeurs quand ils vinrent le lendemain matin le prier de remplir sa promesse. Ils furent obligés de s'en retourner sans avoir réussi dans leur mission. Medb se résout alors à employer la force pour en venir à ses fins. Elle convoque par message les héros les plus renommés ; ils arrivent avec leurs hommes. Ils séjournèrent pendant quinze jours à la résidence royale, parce que les druides attendaient toujours un signe favorable. Enfin, au jour du départ, Medb veut tourner par la droite autour de l'armée, avec le conducteur de son char, pour faire naître l'influence d'un bon augure. Soudain paraît devant elle une merveilleuse jeune femme aux blonds cheveux : elle est couverte d'un manteau de diverses couleurs, que fixe une épingle d'or ; le tissu de sa chemise à fraise est mêlé de fils d'or ; le bas de son visage est étroit, son front large, ses sourcils sombres et épais ; l'ombre de ses cils noirs se projette jusqu'au milieu des joues ; ses lèvres ressemblent au corail, ses dents à une pluie de perles tombées dans sa bouche ; elle a trois tresses de cheveux, dont deux s'enroulent autour de sa tête, tandis que l'autre lui pend jusqu'aux mollets ; elle tient en main une tige d'argent qui sert à tisser de la dentelle ; chacun de ses yeux a trois pupilles ; deux coursiers noirs traînent son char. " Comment t'appelles-tu ? " demande Medbà l'apparition. " Fedelm, la voyante du Connaught, est mon nom. - D'où viens-tu.? - D'Ecosse, où j'ai appris à annoncer l'avenir. - Possèdes- tu le charme imbass forosna ? - Sans doute. " La déesse ou fée (en irlandais sidé), car Fedelm en est une, n'emploie aucun des moyens qui sont indiqués ailleurs comme nécessaires à la formation du charme imbass forosna : son simple regard suffit pour voir l'avenir. Trois fois Medb demande : " Fedelm la voyante, comment vois-tu l'armée ? " Trois fois Fedelm répond : " Je la vois rouge, je la vois ensanglantée. " Medb refuse de croire à ce fâcheux présage, elle objecte qu'une malédiction pèse sur le territoire ennemi, que quelques-uns des plus braves héros de l'Ulster sont exilés et se trouvent dans son armée. Interrogée pour la quatrième fois Fedelm explique de qui viendra le malheur qui les menace. Elle voit un jeune et beau guerrier qui ressemble à Cuchulinn. C'est de ce terrible héros, à qui nul ne se peut comparer pour la vigueur, l'habi- leté et le courage militaire, que l'armée aura beaucoup à souffrir ; c'est grâce à lui que le sang rougira la peau des braves, que leurs corps seront déchirés, et que les femmes du Connaught verseront des larmes (Revue celtique, Tome V).

La Papesse - Imbolc - La Foi - 31 janvier

La " Papesse " peut être une mise au féminin du terme viking " papa " et pourrait désigner sainte Brigitte de Kildare fêtée le 1er févier, date près de laquelle était célébrée la fête celtique Imbolc (around the belly). Selon le Livre de Lismore, Brigitte fut consacrée évêque par un miracle contesté par un certain Macaille. L'évêque Mel répondit : "Je n'ai aucun pouvoir en la matière. C'est Dieu qui a conféré cette dignité à Brigitte, au devant de toute (autre) femme." C'est pourquoi depuis lors les hommes d'Irlande rendent les honneurs épiscopaux au successeur de Brigitte. Une source indique aussi qu'elle a installé elle-même un évêque appelé Conlaeth. De quoi, la faire passer pour "papesse".

En France, la crosse des évêques était depuis plusieurs siècles tournée vers l'extérieur de l'écu, alors que celle des abbés devrait être tournée vers le milieu, signifiant que leur juridiction ne s'exerce qu'à l'intérieur de leur monastère. Celle de la Papesse, vers l'intérieur.

La main droite de la Papesse est cachée sous le livre sur ses genoux.

Il y a en effet entre Fides (Foi en latin) et la main droite une liaison toute particulière. Tite-Live nous donne comme raison de l'enveloppement de la main, cette idée que la fides doit être sauvegardée. A Rome la protection donnée à l'une est la traduction matérielle, le symbole du respect qu'il convient d'assurer à l'autre. L'explication n'est pas sans valeur. On peut la retenir mais elle est insuffisante.

La main droite était consacrée à Fides, liée au serment. Mucius devint Scevola en brûlant sa main droite pour donner force à son serment. Dumézil a rapproché cet épisode de l'histoire romaine à la mythologie germanique dans laquelle le dieu Tyr se fait emporter sa main par le loup Fenrir.

A Abernethy, ancienne capitale des Pictes est connue une sainte Brigitte, vierge de Caithness, installée par saint Patrick avec neuf nonnes. Très honorée dans la région elle est fêtée le 1er février comme la Brigitte de Kildare. Le serment " By the divinity of Saint Brigid " était l'un des plus solennel (Charles Frederick Partington, The British cyclopædia of literature, history, geography, law, and politics, 1836).

"Imbolc, autour du 1er février, marquait le début du printemps. On ne sait pratiquement rien de cette fête, comme si elle avait été volontairement occultée. De Samain jusqu'à Imbolc, donc pendant trois mois, le héros Cuchulainn passe son temps à combattre sans dormir. A Imbolc il s'endormira pour trois jours et trois nuits durant lesquels le dieu Lug va le soigner, le purifier et le guérir. Avec ses feux des Brandons, la Chandeleur, la fête des chandelles, est tout simplement la réminiscence des festivités d'Imbolc. Avant que l'église ne récupère cette fête celtique, les chandelles étaient des torches que l'on promenait en procession, la nuit, dans les vergers, pour éliminer les parasites en gestation sur les arbres fruitiers. Le feu perpétuel de Kildare associé à Brigitte en témoigne.

Imbolc, (mois d'anagantios selon le calendrier de Coligny), qu'on appelle aussi Ambivolcios (celtique ancien), est présidé par Brigantia, qui correspond à l'irlandaise Brigit, fille et mère du Dagda. Par ses attributions (patronne des poètes, des médecins et des forgerons avec un aspect guerrier) elle participe des trois fonctions celtiques. Elle correspond à la nouvelle lune, ascendante (lecheminsouslesbuis.wordpress.com - Imbolc).

Le saint du jour

Le Martyrologe d'Oengus marque la fête de Brig la vieille du 1er février. Brig, doublet de la déesse Brigit devenue sainte Brigitte. Brigitte est née en Irlande, "dans les infamies et les impuretés" d'un père adultère, Duptace, qui fit une enfant à une des ses esclaves. Sa femme fit tout pour faire renvoyer l'esclave. Pourtant on avait bien dit qu'elle accoucherait d'une sainte. On répudia l'esclave qui accoucha de Brigitte. Devenu vieux, Duptace fit revenir Brigitte à la maison. Elle était très belle, "humble, paisible et obéissante." Alors vous pensez bien qu'on lui courait après. Comme elle voulait rester vierge, elle pria le Seigneur de lui faire cadeau d'une infirmité. Elle perdit un oeil et ça la fit devenir si laide que plus personne ne la suivit. Elle put donc se faire religieuse. L'évêque Malchille, lorsqu'il lui donna le voile, vit sur sa tête une colonne de feu. Au moment ou Brigitte se pencha pour baiser l'escalier en bois qui menait à l'autel, un escalier en bois sec et vieux, voila que le bois se mit à reverdir et Brigitte retrouva son oeil et sa beauté. Quand on épouse Dieu, il vaut mieux être belle. Avec trois de ses amies, qui avaient aussi pris le voile, elle se dirigea vers la forêt, non loin de Dublin. Elles choisirent un énorme chêne et creusèrent trois cellules dans le bois. Ces cellules furent appelées "Kill-Dara", c'est-à-dire "cellules du chêne". Le chêne est l'arbre sacré par excellence. C'est là que souvent résident des personnages merveilleux qui habitent le chêne par deux ou par trois. Brigitte dans son chêne est associée à la mythologie des forêts.

Elle possédait une vache qui lui donnait du bon lait comme la Maol de Flidais (une possible Impératrice). Brigitte est une des patronnes des enfants et de l'allaitement. Un jour qu'elle recevait des évêques, elle n'avait rien à leur donner pour les nourrir. Après avoir prié Dieu, elle put traire sa vache 3 fois dans la journée et en tirer de quoi sustenter le groupe d'évêques affamés. Dans les versions multiples du conte de la jeune fille sans main, Brigitte est bannie avec ses jumeaux. Elle quitte le pays qui devient "gaste". Lorsque son mari la retrouve, elle revient avec lui. Au fur et à mesure ou elle entre dans le pays, celui-ci reverdit. Une autre version dit que lorsque Marie fut sur le point d'accoucher, Joseph chercha quelqu'un pour l'aider. Il se rendit à la maison des propriétaires qui lui avait prêté l'étable. Ceux-ci avaient une servante qui s'appelait Brigide ou Brigitte. Ils lui demandèrent si elle voulait bien aider Marie à mettre au monde son enfant. Elle répondit "je veux bien mais je n'ai pas de bras !" Joseph lui dit "ça ne fait rien, venez quand même, c'est urgent." Brigide accepta donc de suivre Joseph. Dès qu'elle fut en présence de Marie, les bras de Brigide repoussèrent en un instant." Dans certaines version, ses deux jumeaux sont saint Martin et saint Brice. (Brice contient la racine Brig mais se rapproche de Bricriu comme on va le voir) (carmina-carmina.com - Brigitte).

Brice était pauvre en entrant dans les ordres, dit Sulpice Sévère ; bientôt il fut assez riche pour acheter des chevaux et des esclaves ; il se faisait servir par de jeunes et belles filles. Saint Martin, son patron, lui en fit des reproches. Brice lui répondit : " Il vous sied bien de blâmer ma conduite, moi qui ai " passé une partie de ma vie dans la pénitence et dans le " service des autels ; vous qui avez employé la meilleure partie de la vôtre à vous livrer a la licence des camps et aux " mœurs débondées des militaires, et qui cherchez aujourd'hui a vous attirer la vénération publique par des actes de " folie et des visions chimériques. " Saint Martin garda le silence. Brice ne cessait de tourner saint Martin en ridicule et de lui adresser des injures, de le traiter de fou, d'extravagant. Un homme vint lui demander où était saint Martin ; Brice lui dit : Si tu cherches cet extravagant, regarde là-bas, le voilà qui lève les yeux au ciel comme un fou. La conduite déréglée de Brice força les habitants de Tours a le chasser de cette ville, malgré ses miracles : il en fit, diton, plusieurs, surtout après sa mort (Jacques-Antoine Dulaure, Histoire physique, civile et morale des environs de Paris).

Pances

La carte de la Papesse chez Dodal s'appelle "Pances".

On a en anglais l'expression to fill one's belly (se remplir le sac : remplir sa panse). "Pances" apparaît en anglais dans The Faerie Queene de Spenser, en anglais c'est un hapax. (www.tarotforum.net).

Imbolc voudrait aussi dire "autour du sac".

On a très tôt suggéré un imb-bolg qui marquerait "que la fête serait en l'honneur d'un bolg, un sac contenant ou prêt à contenir la réserve de nourriture de l'année, ou peut-être même d'un grand sac « paunch » symbolisant une telle abondance de biens" (Claude Gaignebet, A plus hault sens, 1986).

N'oublions pas que souvent nos héros du folklore, outre d'excellents forgerons, sont décrits comme faucheurs et laboureurs prodigieux, c'est-à-dire comme les prototypes de Dieu lui-même, ou de ses saints Médard, Claude, Pierre, Martin, Eloi, etc., tous dignes d'exploits surhumains que les dieux gallois ou irlandais, non seulement Ogma, champion de la force physique, mais Gobniu, le forgeron, et Amaethon, le grand laboureur, pouvaient accomplir de par leur nature et définition, avec non moins de décontraction. Or comme prix de leur travail, les Gargantua, Jean de Fer ou Bénédicité réclament un sac gigantesque, à leur mesure, où ils rafflent l'entière récolte de grain ou de farine, voire toute la fortune de leur avaricieux employeur. Alors l'image qui vient à l'esprit n'est-elle pas un peu celle de l'herculéen Cernunnos de Reims, avec son gros sac débordant de telles richesses ? (Charrière Georges, De Cernunnos à Gargantua).

Paunch : rappelons que Dodal pourrait être d'ascendance anglaise.

Les Fir Bolg (ou Fîr Bholg), dans la mythologie celtique irlandaise, sont un peuple de guerriers et d'artisans, dont le nom signifie " hommes-sacs "

Selon le Lebor Gabála Érenn (Livre des Conquêtes d'Irlande) , ils sont les troisièmes envahisseurs de l'Irlande, après le peuple de Partholon et les Nemediens, qui avaient été chassés par les Fomoires. Ils sont arrivés en trois groupes : celui des Fir Bolgs qui viendrait de la Belgique, celui de Fir Domnain qui serait originaire de la Domnonée insulaire, et celui des Galiain, fondateur du royaume de Leinster. Ils sont les premiers à utiliser des pointes de lance en fer. Selon l'ancienne tradition, c'est à eux que l'on devrait la division de l'Irlande en cinq royaumes : l'Ulster, Leinster, Munster, Connaught (celles-ci correspondant aux points cardinaux) et Meath. L'introduction en Irlande de la royauté et de ses règles de gouvernement serait également le fruit de leur venue. En effet, le règne du roi Eochaid Mac Eirc est réputé pour être le premier à avoir appliqué la justice, et fait disparaître le mensonge. Il n'y a plus de pluie en Irlande, uniquement de la rosée. Son épouse est Tailtiu (la terre), fille de Mag Mor, et mère adoptive de Lug, elle est la personnification de l'île. De nouveaux envahisseurs débarquent en Irlande, ce sont les Tuatha Dé Danann, les gens de la déesse Dana, une race de dieux. Une guerre sans merci va les opposer, le roi Nuada des Tuatha va perdre un bras ce qui va le disqualifier pour l'exercice de la souveraineté. Les Fir Bolg refusent une trêve, alors les druides du camp ennemi vont user de leur magie et dissimuler les sources et rivières. Le roi Eochaid perd la vie durant cette " Première Bataille de Mag Tuireadh " ainsi que 100 000 de ses sujets. Les Fir Bolg sont vaincus et doivent fuir pendant que les Tuatha Dé Danann prennent possession de l'Irlande.

Ogham : aulne

Sainte Brigitte maudit un pommier qui avait été très fructueux, ce qui rend stérile. Toutefois, elle a également béni un aulne, changer sa nature de sorte qu'il a porté ses fruits, les pommes des deux tiers et un tiers de prunelles douces (Niall Mac Coitir, Grania Langrishe, Irish trees: myths, legends & folklore, 2003).

La Roue de la Fortune - Beltaine - Fortune - 2 mai

Cûchulainn est encore vainqueur d'une épreuve tout à fait singulière : il s'agit de lancer une roue de l'intérieur d'une maison à travers l'ouverture du toit (c'est-à-dire la cheminée centrale) de sorte qu'elle s'enfonce dans la cour d'une coudée sous terre. On est plutôt mal renseigné sur ce dieu à la roue, et ce passage du Festin de Bricriu est le seul texte que nous possédions sur ce sujet. On ne peut donc en déduire que des hypothèses : le lancer de la roue constitue un jeu, peut-être un jeu rituel, et vu le caractère solaire de la roue dans les périodes les plus archaïques (comparer les disques solaires de l'âge du bronze, il est probable que Cûchulainn, en réussissant l'épreuve, montre sa puissance solaire, sa force de héros diurne qu'il est de toute façon par sa filiation avec le dieu Lug (Jean Markale, L'épopée celtique d'Irlande, 1993).

Dagda était fêté le 1er mai. Un mythe irlandais montre clairement le Dagda comme le maître du temps. La roue symbolise la puissance cosmique. La roue du Dagda est à huit rayons, elle rend sourd celui qui l'entend, aveugle celui qui la voit et tue celui sur qui elle tombe. De sa relation avec Boand, il a un fils Oengus, il est aussi le père de Brigit. Fille d'Ernmas, des Tuatha Dé Danann, Morrigan s'unit au dieu-druide le Dagda. Le nom du Dagda se compose de *dago-devo-s qui a le sens de " dieu bon " ou " très divin ". Il est aussi connu dans les sources primaires (littérature mythologique irlandaise) sous les noms de Eochaid (" qui combat par l'if "), Ollathair (" le père puissant ") et Ruadh Rofessa (" Rouge de la science idéale ") (fr.wikipedia.org - Dagda).

Au temps linéaire avec son déroulement chronologique parfaitement approprié aux éléments réalistes qui constituent comme la bourre narrative de ces petits récits se trouve confronté le temps cyclique dont le personnage allégorique de Fortune avec sa roue est le parfait représentant. C'est ce temps cyclique avec son continuel jeu de reprises, de rappels, qui confère à tant de lais parmi les plus beaux le caractère onirique et poétique dont le Chèvrefeuille et le Laostic sont la meilleure illustration. En Irlande, une croyance permet de dépasser cette opposition d'un temps fini ou illimité. Ce temps se situe à l'interface, symboliquement dans un autre monde, le Sid où les événements échappent à la temporalité terrestre. De façon générale, les fêtes, les orgies rituelles, les extases sont vécues comme des échappées hors du temps. Mais ces échappées ne peuvent se réaliser que dans l'intensité d'une vie intérieure, même si elles sont portées collectivement, et non dans le prolongement indéfini de la durée. Sortir du temps, c'est sortir totalement du temps cosmique pour entrer dans un autre ordre (Hervé Prévost, Commencer à gagner sa vie sans la perdre, 2005).

Beltaine ou Belotenedos (en celtique ancien). Les avis sont partagés sur l'étymologie des mots. Si l'on peut voir " Belo " comme " celui qui tue ", et " tenedos " comme " feu et ténèbres ", selon Xavier Delamarre, dans son " dictionnaire de la langue gauloise ", Belenos comme Belisama seraient à rapprocher effectivement de la racine " belo " qui, là, correspondrait à " force, fort " et l'appellatif Belisama serait donc à comprendre comme " la très puissante " et Belenos comme " le Maître de Puissance ". Jan de Vries, lui, rapproche l'élément " bel " de la racine indo- européenne " Guel ", " briller ", tandis que pour Le Roux et Guyonvarc'h, " Bel " est " la lumière " et " teine ", " le feu ". Selon eux, la racine indo-européenne "bhel " insiste, en celtique, sur la notion religieuse de "lumière vive, éclat lumineux " alors que les autres branches indo-europénnes se contentent de la simple notion de " pâleur, blancheur " (ce qui curieusement, pourrait nous rapprocher de la lune). Beletonedos, ou Beltaine serait donc littéralement " le feu de Bel ", de Belenos qu'on peut prendre comme un visage de Lug (certains auteurs comme Raimonde Reznikov nous signalent qu'ils sont parfois interchangeables) sous son aspect de lumière sans être pour autant le soleil lui même mais l'Esprit Solaire dont le soleil est l'organisme visible. Belotenedos nous apparaît donc comme une fête du Feu et des Druides, maîtres du Feu et des éléments atmosphériques, et les différents sens donnés au nom de la fête semblent aisément superposables et se renforcer les uns les autres. Le signe astrologique du Taureau règne sur Beltaine. Le Taureau est un symbole de fécondité et Beltaine est une fête de la Fertilité, ce que démontrent les traditions de l'Arbre de Mai, Axe du Monde, mais aussi symbole phallique, et de la Reine de Mai. En Grèce, le taureau était consacré à Dionysos, dieu de la virilité féconde. Le dieu Védique Indra est aussi assimilé à un taureau : c'est lui que les hommes de guerre invoquaient avant le combat (cf. Beltaine, début de la saison guerrière) (lecheminsouslesbuis.wordpress.com - Beltaine/).

Le saint du jour

Saint-Germain l'Ecossais et quelquefois de Saint-Germain de-la-Roue. La première appellation servait à distinguer ce patron des autres Germain que l'Église honore d'un culte public. Le nom de la roue qu'on ajoutait à Saint-Germain fait allusion à un des miracles les plus populaires de ce zélé prédicateur de la foi. On sait que, ne trouvant point de vaisseau pour traverser la Manche, il confia ses destins à une roue de char docile qui le conduisit des rives d'Angleterre sur les côtes de France (Société de Saint-Jean, Revue de l'art chrétien, 1861).

Fils d'un prince irlandais, il naît au Vème siècle et est baptisé par Saint Germain d'Auxerre de son nom. La rouelle serait plus probablement une barque circulaire traditionnelle irlandaise, que la tradition représente comme une roue de charrue. Il débarque à l'embouchure de la Diélette (Manche) et terrasse le dragon à sept têtes du Trou Baligan (Belenos) à Flamanville, convertissant les habitants de la Hague et les soldats romains présents. Après avoit sillonné l'Europe, il prêcha à Rouen, heurtant par ses propos Hubalt, chef local de la vallée de la Bresle, qui le tua d'un coup de glaive. Il fut enterré à Saint-Germain-sur-Bresle (Somme) vers 460 ou 480. Vers 860, on transfère ses reliques des rives de la Bresle, devenu lieu de pèlerinage important, à Ribemont pour le soustraire aux raids Vikings, puis, en 1659, en l'église Saint-Germain d'Amiens.

Pendant son séjour à Ravenne, le maître de l'Ecossais, saint Germain d'Auxerre, sentit approcher ses derniers moments. Le 25 juillet, il tomba malade. Il rendit paisiblement son âme à son créateur, le 31 juillet 448, après trente années et vingt jours d'épiscopat. L'impératrice eut son reliquaire. Six évêques, présents à sa mort, partagèrent ses vêtements; on embauma son corps, que l'on revêtit d'un suaire de soie et d'ornements précieux; ensuite, on le déposa dans un cercueil de cyprès. L'empereur fit les frais du convoi qui fut des plus magnifiques. Le corps du saint évêque arriva dans sa ville épiscopale, cinquante jours après sa mort. On l'exposa pendant une semaine à la vénération publique, et il fut enterré, le 1er octobre (lame de La Mort), dans l'oratoire de Saint-Maurice, qu'il avait fondé (Waast-Barthélemy Henry, Histoire de l'Abbaye de Saint-Germain d'Auxerre, 1853).

Symbolisé par le cyprès, Rome s'identifie donc aux yeux de Tityre dans l'Eglogue IX avec ce dieu omnipotent que l'on pourrait encore nommer Fortuna ou Fors (Fors omniat versat, IX, 5), ce dieu que nous allons entendre bientôt lui confirmer son désastre d'une voix froide et sarcastique (J.-Y. Maleuvre, Violence et ironie dans les Bucoliques de Virgile, Volume 7, 2000).

Ogham : le coudrier

Ce n'est pas directement par saint Germain à la roue mais toujours par son maître saint Germain d'Auxerre que l'on trouve un rapport avec un végétal. Saint Loup, disent-ils, venait d'être proclamé évêque de Mâcon lorsqu'il passa sur le territoire de Toul, accompagné de saint Germain. La célébrité dont ce dernier jouissait avait attiré à sa suite une foule de peuple. Forcé de s'arrêter pour satisfaire la curiosité des fidèles, il planta en terre un bâton de coudrier qu'il tenait à la main, et se mit à prêcher les assistants. Mais, tout-à- coup, son bâton prit racine et poussa des branches et des feuilles. Les peuples le conservèrent religieusement ; il devint un grand coudrier. Le lieu où s'était opéré ce miracle prit le nom de à la crosse ou à la béquille de Saint-Germain. On croit, ajoute le chroniqueur, que ceci arriva a Domgermain, entre Vaucouleurs et Toul, où l'on vit depuis une abbaye sous le nom de Saint-Germain (Henri Le Page, Le département de La Meurthe: statistique, historique et administrative, Volume 2, 1843).

Le Soleil - Lugnasad - L'Espérance - 1er août

Selon l'Eglise catholique, Foi, espérance et Charité, filles de Sophie furent toutes martyrisées sous l'empereur Adrien. Leur fête chez les Grecs est le 17 septembre. Celle de sainte Sophie, en particulier le 30 septembre à Rome, est, dans le reste de l'Eglise latine, le 1er août avec ses filles.

L'Espérance, plus que la Foi encore, parce qu'elle est plus humaine, a été connue de l'antiquité : à Rome il y avait jusqu'à deux temples consacrés à son culte. Cette divinité fut la seule, on le sait, qui resta au fond de la jarre de Pandore qu'Erasme transforma en boîte, car c'est la seule qui ne nous abandonne jamais : elle est la sœur du Sommeil qui suspend nos peines et de la Mort qui les termine. Les anciens la représentent sous les traits d'une jeune fille ailée, comme les chrétiens l'ont figurée ensuite; ils lui donnent l'air souriant; ils la couronnent de fleurs en bourgeons ou de fleurs naissantes, qui annoncent et promettent des fruits, et ils lui mettent à la main un bouquet de fleurs variées. Comme Dante et le symbolisme le plus élémentaire l'exigent, ils lui attribuent la couleur verte. Des médailles nombreuses portent l'Espérance à leur revers. C'est une femme qui présente une poignée d'herbes naissantes ou un bouquet de fleurs.. De la main gauche, elle relève sa robe par derrière, comme pour marcher plus vite. On lit autour d'elle les inscriptions : SPES PUBLIC A, SPES AUGUSTA, SPES PERPETUA. Qui ne reconnaîtrait, à ces différents caractères, l'Espérance adoptée et figurée parles chrétiens ? (Didron, Annales archéologiques, 1860).

André Alciat (Milan, 1492 - Pavie, 1550) jurisconsulte et écrivain italien de langue latine, confirme l'ancienneté de l'association de Spes à la couleur verte. Cela semble un retour à l'antiquité car Honorius d'Autun au XIIème la fait correspondre au bleu. En ce qui concerne Lugnasad, qui débute l'Automne, la fête devrait être célébrée à la Pleine Lune se rapprochant le plus du 1er août. Juillet et Août sont les moins les plus chauds en Irlande.

Selon des sources essentiellement irlandaises, chez les Celtes anciens, Lugnasad semble être un divertissement collectif de plein air où toutes les classes sociales sont tenues de participer, et constitue aussi une trêve militaire puisque les guerriers y viennent sans armes. On s'y livre à des courses de chevaux, d'hommes et de femmes. C'est d' ailleurs lors d'une telle occasion que la déesse Macha, qui était alors enceinte et que l'on contraignit d'affronter les chevaux du roi à la course. Quand le char du roi atteint au but, Macha y est déjà arrivée. Elle lança alors sa fameuse malédiction contre les Ulates qui, excepté Cuchulainn, allaient alors souffrir périodiquement les souffrances de l'enfantement durant 9 jours (la neuvaines des Ulates) qui ne sont pas sans rappelé les 9 jours de souffrance de Léto accouchant d'Apollon, qui devint symbole solaire. Elle accouche alors devant la tête des chevaux, mettant au monde deux jumeaux, un fils et une fille, Fior et Fial. Au moment de son accouchement, elle pousse un grand cri. Ces jumeaux ressemblent donc à Apollon et à Artémis jumeaux de Léto. En Afrique du Nord, une statuette est une Diane-Artémis représentée sur un cheval lancé en plein galop. Elle est vêtue d'une tunique courte à plis et un chien court à côté du cheval. L'Artémis primitive fut de bonne heure une divinité très puissante, dont le culte était très répandu ; on l'adora avec Poséidon dans le Péloponnèse et elle partagea avec lui le patronage des chevaux (lecheminsouslesbuis.wordpress.com - Lugnasad - L'assemblée de Lug/).

Le saint du jour

Le roi est dans la dépendance du druide, mais la "dualité" est pratiquement indissociable - elle ne peut être défaite sans conséquence grave - et le couple rejoint, dans sa constitution et son organisation ainsi que dans son symbolisme, non seulement le couple divin Dagda - Ogme, le dieu-druide et le dieu " champion ", mais aussi, à un niveau plus élevé encore, Lug-Nuada, le " borgne " au visage de soleil et le " manchot " distributeur (Amis de la tradition celtique, Ogam, Volumes 19 à 20, 1967).

Tisaran, autrefois Teagh-Sarain, paroisse du comté d'Offaly (Connacht) est la maison de Saran où celui-ci construisit une église et paya tribut pour elle. La Vie de saint Maedoc de Ferns, datant de la fin du moyen âge irlandais, connaît un Saran qui assassina le roi de Leinster que Maedoc ressuscita. Le saint fit tomber le bras de Saran qui s'enfuit du Leinster pour construire une église où il vécut en bon saint manchot [incarnation de Nuada] (Annette Kehnel, Clonmacnois : change and continuity in an Irish Monastic Foundation (6th to 16th century), Volume 8 de Vita regularis).

Ogham : le pin

Le pin est le précieux emblème de la vie qui se renouvelle, de l'espérance que rien n'abat. Réminiscence du pin d'Attis qui ressuscite un 25 mars.

Le Monde - Samain - La Nécessité - 1er novembre

" Par delà les éléments communs de ces descriptions archétypales de l'autre monde celtique, les différences se regroupent pour constituer deux séries de visions eschatologiques. Les commentateurs n'ont pas manqué d'observer que les légendes irlandaises reflètent deux typologies paradisiaques distinctes : le type maritime et le type souterrain. Françoise le Roux et Christian-J. Guyonvarc'h distinguent même trois localisations bien différenciées de l'autre monde : " Par delà la mer, à l'ouest (confondu avec la gauche et le nord), dans des îles immenses et fortunées qu'on ne peut atteindre que par un voyage maritime ; sous la mer ou aux fonds des lacs dans des palais d'or et de cristal dont l'entrée mystérieuse apparaît quelquefois fortuitement ; dans des collines et sous des tertres " " Le seigneur des ïles Manannan Mac Lir règne sur un monde où la nature est généreuse et où la vie est quasi infinie et exempte des affres des défauts humains. Manannan n'est pas concerné par les déboires des Tuatha De Danann dont il fait partie. Pour gagner ce royaume trans-atlantique il faut emprunter une route maritime, voyager sur l'océan vers l'extrême Ouest. L'océan est peuplé d'îles qui annoncent l'apparition des terres de Manannan. Ces terres enchantées occidentales s'appellent Tir-nam-Béo (Ile des vivants), Tir na n-Og (Ile des jeunes), Tir-nam-Bân (Ile des femmes) ou Tir-Tairngirne, traduite en registre chrétien comme Terre de promesse. Entre l'Elysée trans-atlantique de Manannan Mac Lir et le Hadès souterrain des Tuatha De Danann existe une typologie intermédiaire, qui combine le voyage horizontal et la descente verticale. C'est le pays submergé, l'Aunfwu (l'abysse) ou Tir-fa-tonn (la terre sous les vagues), une Plaine des délices placée non sur une île ou sous la terre, mais au fond de la mer. Les voyageurs sur l'Océan ont parfois la chance d'entrevoir, à travers une profondeur d'eau devenue miraculeusement transparente, une plaine immergée, qui transpose en registre aquatique toutes les de l'Elysée terrestre, comme l'Île O'Brazil qui apparaît tout les sept ans en surface. Les sidhe sont des portes d'entrée verticales vers un royaume magique qui double, sous la terre, le royaume terrestre d'Erin. A l'opposé des ïles bienheureuses, c'est la profusion de biens matériels qui caractérise les tertres présidés chacun par un membre éminent des Thuata De Danann (Corin Braga, Le paradis interdit au Moyen Âge: La quête manquée de l'Avalon occidentale, Volume 2 de Le paradis interdit au Moyen Âge, 2006).

Fedelm, la voyante, préfiguration des banshees de la tradition plus tardive irlandaise, vient selon certains auteurs du Sid de Rath Cruachan, où Nera s'est rendu pour trouver épouse.

Le saint du jour

Lonan est originaire de Treoit, ou Trefoid, aujourd'hui Trevet, dans le comté de Meath. Dans le calendrier de O'Clery's sa fête est placéau 1er novembre, ailleurs au 13. Art, fils de Conn Cedchathach (aux cent batailles), roi d'Irlande, y fut enterré ; dans l'histoire de Cath Maighe Mucraimhe, la place est appelée Tri-foid,(trois mottes en l'honneur de la Trinité) ; sur la tombe était inscrit que Art était chrétien.

Ogham : le fusain

Soidh en irlandais désigne un dard, un javelot, Fearsaid un dard ou un fuseau (spindle).

Ces trois soid sont peut-être les trois fuseaux de la trinité des Moires.

On remarque aussi que fusain et fuseau (de filage) ont la même étymologie : en latin le fusain vient du latin populaire fusago de fusus fuseau qui était fait en bois de fusain. En Anglais spindle tree est le fusain tandis que spindle est le fuseau.