Partie XII - Arsène Lupin de Maurice Leblanc   Les axes d’Arsène Lupin   Etretat - Val de Travers 2 : la Vouivre   
ARSENE LUPIN NONAGONE MAURICE LEBLANC ETRETAT VAL DE TRAVERS VOUIVRE

Courbet et la Vouivre

L'exploration de sites remarquables situés dans le Jura éclairent la palette de Courbet durant l'année 1864. De cette époque date plusieurs séries de paysages, dont La Source de la Loue, La Grotte Sarrazine, La Roche pourrie ou Le Gour de Conches ; attaché plus que jamais à la nature minérale, aux matières brutes, Courbet cherche à en percer les secrets en rencontrant le géologue jurassien Jules Marcou. Il y rencontre entre autres Max Claudet (1840-1893), peintre, sculpteur et céramiste installé à Salins-les-Bains dont le maire, l'industriel Alfred Bouvet (1820-1900), commande des toiles au peintre. Courbet se met à la sculpture, produit des bustes en médaillon, et Claudet le conseille (fr.wikipedia.org - Gustave Courbet).

Plutôt que d'insister sur les objets et les personnes, Courbet opérerait, par l'accent mis sur l'acte de peindre, un glissement vers une peinture des situations, nous donnant à lire son travail de qualification du réel. Il serait en cela un artiste pragmatique, nous donnant une leçon de sociologie. Il ne serait, pour le coup, pas très éloigné du roman flaubertien, tel qu'il est analysé par Philippe Dufour, en tant qu'une anthropologie de la communication où la parole est «inséparable des conditions où elle prend place» (1998, p. 144). Flaubert, s'intéressant à l'acte de parole, invente une «pragmatique de la parole» (1998, p. 156).

Cela n'est pas le cas de tous ceux qui se réclament du réalisme. Prenons l'exemple de Max Claudet (1840-1893), sculpteur et céramiste salinois, ami de Buchon qui voit en lui un champion de la cause de l'art populaire, fréquentant à l'occasion Gustave Courbet dont il dessine le portrait en médaillon. En 1864, Courbet séjourne en fin d'année chez Buchon à Salins. Il fera, sans doute dans l'atelier de Claudet, un médaillon de Mme Courbet «la mère du réalisme» (lettre à Max Buchon, janvier 1865). Les travaux de Claudet peuvent concerner un motif de la littérature orale (médaillon représentant la Vouivre), une scène fixée de la vie quotidienne (un repas de vigneron) ou un moment du cycle calendaire (le carnaval), une typification de personnages («Faucheur appuyé sur sa faux», «Vieille femme endormant un enfant» L'ensemble de  ses travaux ne laisse place à aucun signe de cette réflexivité découverte chez Courbet. L'épaisseur du dispositif de représentation n'est pas évoquée (Marie-Hélène Lavallée, Gustave Courbet et la Franche-Comté, 2000 - books.google.fr).

Max Claudet, La Vouivre, 1890 - www.salinesdesalins.com

Max Claudet, né le 18 août 1840 à Fécamp (Seine-Maritime) à quelques kilomètres d'Etretat, et mort le 28 mai 1893 à Salins-les-Bains (Jura), est un sculpteur et céramiste français, actif à Salins-les-Bains (fr.wikipedia.org - Max Claudet).

Max Claudet, Courbet, 1863 - fr.wikipedia.org - Max Claudet

Le 22 juillet 1873, Courbet se réfugie en Suisse, où il finit par se fixer à La Tour-de-Peilz, un petit port du canton de Vaud. Là, il produit à la chaîne, mais le cœur n'y est plus. Il a toujours abusé de l'alcool. La dépression aidant, il passe les bornes, se met à l'absinthe, qu'il coupe de vin blanc ! Il espère, vainement, pouvoir regagner la France. Là-bas, ses ennuis continuent. Son appel a été rejeté, ses biens définitivement confisqués ; seul son père continue de le défendre. Il meurt, en 1877, à 56 ans, rongé par la cirrhose et l'hydropisie (Courbet le peintre - www.lemonde.fr).

La Vouivre de la Loue

Qui n’a jamais rêvé de voir un jour surgir la Vouivre de la Loue ? La légende de la Vouivre est une des plus vivaces de Franche-Comté. Cette histoire remonte à la nuit des temps médiévaux et n’est pas seulement l’apanage de la vallée de la Loue. La carte présentée dans la salle d’exposition recense tous les endroits où la légende prend racine. Mouthier Haute-Pierre est un haut lieu de cette tradition. Dans les grandes lignes, la Vouivre est un «grand serpent volant qui ne voit clair que d’un œil ; encore cet œil ne tient-il presque pas à sa tête: c’est une boule aussi brillante qu’une étoile qui s’appelle une escarboucle et qui va devant la bête comme une lanterne. Elle donne une si grande lumière que le serpent lui-même semble être tout en feu; et quand il vole d’une montagne à une autre, on croit voir un éclair. Mon arrière-grand-père, peut on lire dans l’un des documents retrouvés par le musée Comtois, le vit une nuit en descendant au moulin, s’échapper du Puits à l’Ermite, s’élancer de l’autre côté de la rivière, poser tranquillement son escarboucle sur une grosse pierre du rivage, et secouer longtemps ses ailes sur l’eau, comme font les oiseaux qui se baignent» (Le Moine de la Vallée, Excursion au pays des cerisiers : Mouthier-Haute-Pierre, 1885). La légende précise aussi que si un homme parvient à voler l’escarboucle, il sera riche à jamais mais si il se fait repérer par la Vouivre, elle le tue sans pitié ! Une histoire qui ne pouvait qu’inspirer poètes et romanciers. Des extraits sont proposés à lire sur place dans la salle d’exposition. La Vouivre a été popularisée par le roman de Marcel Aymé (Isabelle Brunnarius, La Vouivre, cette légende qui donne naissance à la Loue, 2016 - france3-regions.blog.francetvinfo.fr).

Le village de St-Sulpice

Saint Suplice est une ancienne commune du canton de Neuchâtel (NE), district du Val-de-Travers, ayant fusionné en 2009 avec Les Bayards, Boveresse, Buttes, Couvet, Fleurier, Môtiers (NE), Noiraigue et Travers pour former la commune de Val-de-Travers. Village dans la cluse de l'Areuse et sur l'ancienne route de France, habitat dispersé. 1228 Sanctus Surpicius, 1300 env. Saint Sulpis. 318 hab. en 1750, 561 en 1850, 1234 en 1900, 780 en 1950, 590 en 2000. Paroisse du décanat de Neuchâtel citée dès 1228. Chapelle annexée au prieuré Saint-Pierre du Vautravers. Paroisse réformée commune avec Buttes jusqu'en 1835. Temple à nef ovale (1820-1821). Dans le ressort de la châtellenie du Val-de-Travers (XIVe s.-1848). Membre de la corporation des Six Communes (Val-de-Travers). Ancien relais de roulage. Route excentrique dès 1837. Gare du chemin de fer Régional du Val-de-Travers en 1883. Forte concentration d'industries hydrauliques dès le Moyen Age (moulins, scieries, fonderies, forges, huileries, tanneries). Papeterie (1677-1860 env.), puis pâte de bois (1884-1968). Scie à vent aux Charbonnières (1772-1919). Cimenterie Portland (1879-1945). Culture de champignons de Paris (dès 1945). En 2005, le secteur primaire fournissait encore 23% des emplois et le secondaire plus de 48%. Fort pourcentage de pendulaires (69% en 2000). Cabinet d'histoire naturelle du général Charles-Daniel de Meuron (fin XVIIIe s.). Légende de la Vuivre rattachée au péage de la tour Bayard (hls-dhs-dss.ch, fr.wikipedia.org - Saint-Sulpice (Neuchâtel)).

La plus ancienne source connue mentionnant l'existence de Saint-Sulpice date de 1228. Saint-Sulpice connaît une forte activité industrielle dès le Moyen Âge, essentiellement des activités nécessitant la force hydraulique. Au début du siècle, St-Sulpice a abrité des entreprises aussi célèbres que les ciments Portland ou les champignons Santana. Les maisons se sont naturellement groupées autour des usines, de sorte que ce charmant et champêtre village est assis sur le cours de la rivière.

En montant l'ancienne route de France, désignée sous le nom de "Chemin de la Chaîne", nous arrivons à la grande route des Verrières. Non loin de là, un renfoncement formé par deux collines nommé la Combe à la Vuivre rappelle la légende du fameux serpent. C'est au cours d'un duel sanglant que le vaillant Sulpy Reymon élimina la vuivre, terrible monstre des montagnes neuchâteloises accusé de dévorer les voyageurs. Le pauvre Sulpy décéda des blessures de son combat peu après, mais entra du même coup dans la légende régionale. Voici une des versions de la légende, retrouvée dans le manuscrit de Gallandre (Manuscrit à la Bibliothèque de la Ville de Neuchâtel, est le plus ancien ouvrage relatant la légende, 1687) :

Il y a passé trois cents ans qu'un grand serpent à forme de dragon se vinst arrester sur le grand chemin de la vallée de Sainct-Seulpy, du costé de Bourgogne, au plus fort endroit du passage, tout proche de la sus tour, et fist plusieurs années de grands maux et dommages, tant aux personnes qu'aux bestes, que nul n'osait plus passer ny hanter le lieu ; les villages et maisons tout allentour ne pouvoyent plus tenir le lieu, ny y loger et entretenir du bestail pour leur labourage et nourriture que l'on en tire, le commerce et le trafic en cessa en tout le païs et aux environs. Il se trouva un personnage originel du lieu, nommé Seulpy Reymon, des plus courageux, qui désirant délivrer sa patrie de ce péril, comme autrefois un Marcus Curtius à Rosme, il eust cette brave résolution que de l'attaquer ; et fist si bien qu'il le surprint et le tua à grands coups de pierres et de halle-barde, et brusla  le corps sur le lieu ; afin qu'il donna de la terreur et mauvaise odeur aux passants chemin. Mais quelques jours d'après, il devint malade et en mourut accause de la grande puanteur et poison que portait cette monstrueuse beste, nonobstant tout le soing et prévoyance qu'on avoit emloyé pour l'en guérentir et préserver avant et après l'entreprise. Ses ancêtres estoyent de serville condition depuis les Vendales qui s'estoyent rendus maistres de tout le païs de l'Helvétie et de circonvoison ; de laquelle condition les descendants collactéraux et parens du dict Reymon furent affranchis, par le dernier prince et comte de Neufchastel, descendu des roys de Bourgogne, avec d'autres beaux droits et privilèges qu'il leur donna pour récompense de l'acte valeureux qu'avait fait leur parent, lesquels en jouissent encore aujourd'huy, au lieu de Sainct-Seulpy, et par tous les endroits tant hors que dedans le païs où ils se sont habitués (www.val-de-travers.ch).

Etretat et Saint Sulpice

L’histoire de Bénouville durant la féodalité est intimement liée à celle d’Etretat. Après la guerre de 100 ans  Jehan le Porcher et Hector Fourmentin régissent le village. Jacqueline fille d’Hector Fourmentin épouse Jacques Nourry en 1525. La famille sera anoblie en 1582 et portera alors le nom de  DE NOURRY dont les armoiries (retrouvées dans l’église de Bordeaux en Caux) représentent sur fond d’azur 3 têtes de griffons d’or tenant chacun en sa gueule une vouivre d’argent (la vouivre est le symbole de l’hospitalité) (www.benouville76.fr).

Vouivre ou aiguille ou couleuvre (A. de B., Famille de Bénouville, L'intermédiaire des chercheurs et curieux, 1881 - books.google.fr).

NOURRY. Écuyer, sieur de Granval, Benouville, etc., Élection de Montivilliers, maintenu le 3 janvier 1668 : D'azur, à trois têtes de griffon d'or, tenant chacune en son bec une couleuvre d'argent (Nobiliaire de Normandie, sous la direction de E. de Magny, 1862 - www.google.fr/books/edition).

Emigrés sous la Révolution (Liste dressée en exécution de l'article 16 de la Loi du 28 mars 1792, Volume 3, 1794 - www.google.fr/books/edition, Jean Benoît Désiré Cochet, Les églises de l'arrondissement d'Yvetot, Volumes 1-2, 1853 - www.google.fr/books/edition).

Issu d'une famille dont les ancêtres servaient leur prince dans sa marine de guerre et préférèrent l'exil au reniement de leur idéal, comme le chevalier Nourry de Bénouville qui illustra la Martinique pendant sa contre-révolution, Pierre Nourry, humaniste de qualité et capitaine de corvette, nous donne, selon la préface même de M. Henry Lémery, ancien sénateur de cette île, ancien ministre, ce qui, de nos jours, a été écrit de plus complet, de plus sérieux et de plus coloré sur cette terre des Antilles qui fait partie de la France depuis le début du XVIIe siècle...» (Bibliographie : A la Martinique ant'isle de l'Amérique de Pierre Nourry, 1967, France-Eurafrique, 1967  - www.google.fr/books/edition, La Vraie Langue Celtique de l’abbé Henri Boudet - Etudes particulières de psaumes - Psaume 71 : Amos et Longueville - nonagones.info).

Charles Daniel de Meuron naît le 6 mai  1738 à Saint-Sulpice dans la Principauté de Neuchâtel sous le règne du roi de Prusse Frédéric-Guillaume Ier. Il est l'aîné des trois fils de Théodore de Meuron (1707-1765), chamoiseur, marchand  et capitaine de la milice du Val-de-Travers, et d'Elisabeth Dubois, avec laquelle celui-ci s'est marié en 1728. Ses deux autres frères sont Théodore Abram (1741-1831), marchand et capitaine de grenadiers, et Pierre Frédéric (1746-1813), futur brigadier général. Ils sont encadrés de deux sœurs, Marianne  (1730-1808), future  femme de Jean Pierre DuPasquier, et Charlotte Elisabeth (1748-1816), future femme de Benoît Sergeans. Destiné au commerce, CDM fera une carrière militaire, sans oublier jamais sa formation  première. Après avoir été instruit  par le pasteur Daniel de Meuron, il est placé en apprentissage à La Brévine puis à Liestal, enfin  à Strasbourg. Il y renonce à 17 ans et demi à peine, s'enrôlant comme simple soldat en 1755 au service de France, dans le régiment suisse de Hallwyl, incorporé à la Marine. Il y est accepté comme enseigne en 1756 et nommé sous-lieutenant l'année suivante.

Fin 1757, CDM s'embarque sur Le Florissant avec son détachement et participe à la campagne contre les Anglais aux Antilles. Lors des combats, il fait preuve de courage et est blessé trois fois, ce qui lui vaut une pension d'invalide que lui accorde Louis XV en 1760, augmentée plusieurs fois par la suite. Après la conclusion du Traité de Paris qui met fin à la guerre de Sept Ans (1756-1763), le régiment est réformé et CDM retrouve provisoirement ses premières activités. Poursuivant l'entreprise de son père, il s'est mis à collectionner des produits de la nature et de l'art dont certains viendront enrichir le Cabinet de Saint-Sulpice.

[CDM poursuivra ses activités militaires à travers le monde au service de diverses puissances].

Comme la Révolution a provoqué une dégradation de la situation, CDM cherche à se rapprocher de la puissance anglaise. En 1795, les Provinces-Unies étant envahies, le Stadhouder, Guillaume V, prince d'Orange et de Nassau, s'étant réfugié à la cour d'Angleterre et la Compagnie hollandaise ayant pratiquement cessé d'exister, CDM se résout - ce qui ne surprend  personne - à mettre son régiment à la solde de Sa Majesté britannique, le roi George III. Il contribue ainsi à l'hégémonie coloniale anglaise aux dépens de la France. Une capitulation provisoire est signée le 30 mars 1795 à Neuchâtel par l'intermédiaire de Hugh Cleghorn avec lequel CDM va devoir s'embarquer aussitôt.

Le Cabinet d'histoire naturelle de CDM mérite une attention particulière, car il est à l'origine de trois musées actuels de Neuchâtel, ceux d'histoire naturelle, d'ethnographie et d'histoire (sans parler des collections minéralogiques, botaniques et même archéologiques).

Durant ses presque 68 ans d'existence, le monde s'est considérablement transformé tandis que ses choix idéologiques ont peu varié. Tout entiché de manières de gentilhomme qu'il fût, marqué parla tradition protestante, dévoué à sa famille, CDM n'en a pas moins défendu des valeurs très bourgeoises; traditionnaliste jusqu'au bout, il s'est même montré violemment anti-rousseauiste et contre-révolutionnaire (Roland Kaehr, Le mûrier et l'épée, 2000 - core.ac.uk).

Jean Jacques Rousseau se réfugia à Môtiers dans le val de Travers alors que le prince de Neuchâtel était Frédéric II de Prusse.

La famille Meuron était nombreuse et on trouve un Samuel de Meuron (1703 - 1777), correspondant de Rousseau et fervent soutien (Frédéric Alexandre Marie Jeanneret, Biographie neuchâteloise, Tome 2, 1863 - books.google.fr, La piste Darmstadtienne - Darmstadt et l’Atlantide  - nonagones.info).

Vouivres et dragons sur l’axe

Il ne serait pas bien d'omettre la Vouivre du Val d'Amour (Département du Jura), qui visite avec un sentiment de prédilection, près de Dole, le mont Roland, où le plus illustre de nos paladins avait, dit-on, fondé un monastère en l'honneur de la vierge; ni celle de Vadans, qui fréquente au mois de septembre les territoires de Chamblay, de Chissey et de Châtelay, où le docteur D. affirmait, sur son serment le plus sacré, l'avoir déjà vue deux années de suite, à la même époque ; ni la Vouivre de Larrey (Départ. de la Côte-d'Or) qui eut tant d'émules en malice parmi les nonnes de ce lieu, que le nom de Vouivres de Larrey leur fut appliqué sans miséricorde, ce qui amena la suppression de leur couvent (M. Vallot. Dissertation sur le nom de la Combe au serpent ; insérée dans les Mémoires de la commiss. d'Antiq. de la Côte-d'Or. 1834, p. 35) (Désiré Monnier, Croyances et traditions populaires recueillies dans la Franche-Comté, Le Lyonnais, la Bresse et le Bugey, 1874 - books.google.fr).

1789, deux ouvriers du marquis de Chastenay mettent à jour un intrigant coffret en pierre à Essarois, en Côte-d'Or (Jean-Pierre Favard, Alchimistes, 2019 - www.google.fr/books/edition).

Sur certaines inscriptions Apollon est assimilé à des dieux guérisseurs locaux ; c'est ainsi qu'on le trouve associé à Moritasgus à Alésia ou à Vidonnus à Essarois (Côted'Or) et à Grannus à Grand (Vosges) (René Joffroy, Andrée Thénot, Initiation à l'archéologie de la France, Volume 2, 1983 - books.google.fr).

On se rappelle du combat d'Apollon et du serpent Python gardien de l'oracle de Delphes en Phocide.

La fontaine de Castalie est une source située dans un ravin du site de Delphes. Les pèlerins et les prêtres venaient s'y purifier avant d'aller consulter l'oracle. Selon Hygin, la fontaine était gardée par un serpent qui fut tué par Cadmus (fr.wikipedia.org - Fontaine de Castalie).

Les gâteaux et autres objets sacrés jetés par les Liléens dans la source du Céphise béotien reparaissaient mystérieusement dans les eaux de la delphique Castalie - de même que, voici un demi-siècle, l'absinthe d'une distillerie incendiée à Pontarlier, sur le cours supérieur de la rivière franc-comtoise le Doubs, s'est retrouvée, après un trajet souterrain d'une quinzaine de kilomètres, dans les eaux jaillissantes de la magnifique source «vauclusienne» d'un de ses affluents, la Loue (R. Demangel, Variations sur la "PISTIS", Revue internationale des droits de l'antiquité, Volumes 1 à 2, 1949 - books.google.fr).

Troyes, de même que Chartres, Paris, Auxerre et Orléans, a dépendu de Sens dès l'an 385 lors de la création de la IV° Lyonnaise. De ces cités seule Auxerre ne garde pas trace de dragon. Paris en avait un, vaincu par saint Marcel, fêté le 1er novembre. Les cathédrales de Chartres et d'Orléans avaient aussi leurs dragons des Rogations, mais sans légendes hagiographiques associées. Le dragon sénonais paraît ainsi être un dragon processionnel analogue à ceux de Chartres et d'Orléans, ressortissant d'un rituel territorial généralisé dans les cités gauloises et lié à la souveraineté, à la fertilité et au monde des morts. A travers les Rogations et leurs longues marches vers les frontières, c'est donc le paysage mythiquedu Sens pré-chrétien qui commence à se dessiner (Mythologie française, bulletin de la Société de mythologie française, Numéros 211-216, 2003 - www.google.fr/books/edition).

En France, on célèbre encore aujourd'hui des fêtes rustiques et religieuses près de certaines sources. A ce culte superstitieux des sources se rattachaient des légendes sur les dragons, gardiens des sources, représentées sous la forme d'une belle jeune fille. Ces gardiens des sources avaient souvent la forme d'un serpent. Tel est ce serpent fabuleux si célèbre dans le Jura, la Bresse, sous le nom de la Vouivre. C'est un serpent ailé, couleur de feu, dont l'ail est une admirable escarboucle qu'il pose par terre quand il va boire à la source qu'il garde. On peut alors prendre cette pierre précieuse; mais celui qui la prend meurt dans l'année. On raconte les mêmes choses de la Cocadrille, dans le Berry. Pris dans un sens mauvais, le serpent ou le dragon est représenté dans les mythes ou légendes de tous pays comme poursuivant une jeune fille qui porte souvent un enfant. Ce monstre est tué par un héros, Persée, ou saint Georges, ou saint Marcel délivrant Paris d'un serpent venimeux [ou l'archange saint Michel dans l'Apocalypse de Jean]. A Tarascon, à Poitiers, à Metz, etc. on promène, à certains jours, l'image d'un monstre tué par un chevalier. C'est le vieux mythe aryen d'Indra, le dieu du jour, combattant Vrita, le dieu de la nuit, qui est le même que le serpent Ahi.Dans les Grandes-Indes, il y a loujours près des temples une source ou un étang sacré, pour les purifications, avec des degrés pour s'y baigner. Le confluent des rivières est un lieu de culte dans les Indes : ainsi au confluent du Gange et de la Jamma; à Allahabad, la future capitale de l'Inde; il en était de même à Lyon, au confluent du Rhône et de la Saône (Edmond Chevrier, De la religion des peuples qui ont habité la Gaule, 1880 - books.google.fr).

Jean-Jacques Rousseau découvre Paris en y entrant par le faubourg Saint-Marceau en 1730. Dans les Confessions, au livre IV, il expose ainsi sa déception : «En entrant par le faubourg Saint-Marceau, je ne vis que de petites rues sales et puantes, de vilaines maisons noires, l'air de la malpropreté, de la pauvreté, des mendiants, des charretiers, des ravaudeuses, des crieuses de tisanes et de vieux chapeaux.» (fr.wikipedia.org - Faubourg Saint-Marcel (quartier de Paris), Le bourg Saint-Marcel - paris-atlas-historique.fr).

La légende de Saint-Nicaise, apôtre du Vexin fêté le 11 octobre, nous fournit une nouvelle de la prééminence de Meulan. Du temps de l'empereur Domitien, selon les uns, sous le consulat de Décius et Gratus qui répond à l'an 250 de l’ère chrétienne, selon les autres, saint Denis et saint Nicaise, tous deux natifs d'Athènes et convertis au christianisme par la lecture des préceptes de saint Paul, partirent de Rome pour venir prêcher la foi dans le nord des Gaules. Arrivés à Paris, les deux amis se séparèrent. Nicaise, accompagné du prêtre Quirin et du diacre Scunicule, se dirigea vers la rivière d'Oise qu'il traversa près de Conflans. Le nouvel apôtre du Christ avait le port majestueux, la chevelure longue et la barbe mélangée de poils roux et blancs; ses habits étaient simples et flottants comme ceux des Grecs. Il s'en allait la tête nue, à travers la campagne, prêchant la croyance du vrai Dieu, l'amour du prochain, la résignation dans la souffrance et l'espérance d'une vie meilleure : ses actions correspondaient à sa doctrine. A Andrésy et à Triel plusieurs personnes se firent baptiser. Près du village de Vaux, un horrible serpent avait fait sa demeure d'une caverne d'où jaillissait une fontaine, dont les eaux, empoisonnées par cet immonde voisinage, n'étaient plus qu'un foyer permanent d'infection et la cause d'une foule de maladies. L'arrivée de saint Nicaise fut donc saluée des bénédictions de tous les pauvres habitants de ce pays. Plein de foi dans la protection divine, le ministre de Jésus-Christ envoya vers le repaire du dragon son disciple Quirin qui, par le signe de la croix, courba le monstre sous son commandement. Alors, passant au cou du dragon son étole, Quirin l'amena à saint Nicaise "doux comme un agnelet" (Émile Réaux, Histoire de Meulan, 1868 - books.google.fr).

Une légende locale fait mourir au château de Couches, vers 1315, Marguerite de Bourgogne, épouse répudiée du roi de France Louis X le Hutin, alors qu'officiellement elle fut étranglée à Château-Gaillard. Or, Sainte Marguerite écrasa elle aussi un dragon ailé ! Alors ? Proue de drakkar, Vivre, réminiscences des légendes de saint Georges ou de sainte Marguerite ? Questions sans réponses (Luc Hopneau, Pays de Bourgogne, p. 165, 1994).

La tour a été au XIVe siècle le lieu de rencontre des trois belles-filles de Philippe le Bel et des amants de deux d'entre elles.

En 1732, entre la rue Taranne et la petite rue Taranne (aujourd'hui rue Bernard-Palissy) fut aménagée la cour du Dragon qui reliait les rues de l’Égout (supprimée lors du prolongement de la rue de Rennes en 1868) et la rue du Sépulcre (aujourd'hui, rue du Dragon). La Cour du Dragon doit son nom à une sculpture de dragon, par Paul-Ambroise Slodtz (1702 - 1758), frère der Michel-Ange qui oeuvra à Saint Sulpice, qui surplombait la porte côté rue de l’Égout. Le choix du dragon s'explique par la proximité de la rue Sainte-Marguerite (actuelle rue Gozlin), Marguerite d'Antioche étant généralement représentée «hissée sur le dragon».

Un égout à ciel ouvert empruntait, dit-on, la rue Taranne et se jetait dans les fossés qui aboutissaient à la Seine à la tour de Nesle. (fr.wikipedia.org - Tour de Nesle, fr.wikipedia.org - Rue Taranne).

Conçus à l'occasion, en l'honneur de victoires, d'anniversaires princiers ou de cérémonies, les livrets empruntés à la fable transposent le prétexte actuel et l'ennoblissent par cette analogie idéale. Du haut de la Tour de Nesle, Persée terrasse le dragon et sauve Andromède en 1628, paraphrase mythique de Louis XIII terrassant le protestantisme et sauvant la France de l'hérésie; les exemples seraient nombreux de ces similitudes imaginaires, apothéoses à peine voilées (Marie-Françoise Christout, Le merveilleux et le “théâtre du silence” en France à partir du XVIIe siècle, 2018 - www.google.fr/books/edition).

Les deux historiens Bellori et Félibien semblent parler de tableaux et les compositions de Windsor ne sont que des dessins. Ces dessins de Poussin, il est vrai, ne sont nullement des croquis d'essai, mais des compositions fort étudiées, des «mises au net» d'un trait définitif qui supposent des esquisses préalables dont nous connaissons d'ailleurs quelques-unes. Le Louvre possède plusieurs de ces «pensées préparatoires». De plus, il est arrivé quelquefois à Bellori de nous donner comme peintures des compositions qu'il n'avait connues qu'à l'état de dessins ou de gravures. Il est fort raisonnable de penser que dans les deux tableaux qu'il nous décrit sous le nom de la Couleur de la rose et la Naissance du corail, il n'y a rien de plus que les deux dessins calligraphiés de Windsor. La description de la Naissance du corail vaut d'être citée pour son exactitude. «Persée, après avoir tranché la tête de la Méduse, la présente à la baleine qui en reste pétrifiée, pour pouvoir délivrer Andromède que l'on a exposée à un monstre qui doit la dévorer. Ici est figuré Persée Persée après le combat et l'Amour, qui d'un vase lui verse de l'eau, pour laver ses mains souillées du sang de la chevelure de serpents. Cependant les Naïades tiennent en main la tête de Méduse et s'étonnent de voir les gouttes de sang colorer les blancs coraux de la mer. Au loin on voit Andromède nue, attachée à un rocher, qui attend que Persée son époux et son libérateur vienne la délivrer. Il fut dans le combat protégé par Pallas et son bouclier divin. La déesse est représentée volant dans l'air ainsi que la Victoire qui d'un palmier cueille une branche pour la décerner au vainqueur.» Aucune circonstance, aucune figure n'a été omise par les descriptions. Bellori les avait sous les yeux. Bien mieux, les intentions du dessinateur sont présentées avec une telle clarté qu'il faut sans doute reconnaître l'écho de Poussin dans les propos de l'historien. Les dessins étaient à Rome, dans la collection Barberini où Bellori les a vus (Louis Hourticq, La jeunesse de Poussin, 1937 - books.google.fr).

D'après Nicolas Poussin, Persée ou L'Origine du corail, Musée du Louvre - art.rmngp.fr

Nicolas Poussin, né en juin 1594 au hameau de Villers, dans la commune des Andelys, et mort le 19 novembre 1665 à Rome, est un peintre français du XVIIe siècle, représentant majeur du classicisme pictural (fr.wikipedia.org - Nicolas Poussin).

Le Cabinet d'histoire naturelle du général de Meuron, donné à la Ville en 1795, contenait des animaux de toutes sortes, des plantes et des minéraux qu'il avait rassemblés lors de ses campagnes en Afrique du Sud et aux Indes. En plus de quelques mammifères et oiseaux, cette collection comprend encore aujourd'hui de nombreux organismes marins, mollusques, coraux, gorgones et éponges, et parmi eux quelques coquillages collectés aux Antilles en 1758, alors qu'il était officier sur un vaisseau de guerre français. (www-test.museum-neuchatel.ch).

Prolongements

Si on continue la ligne Etretat - Travers on aboutit très près de Milan, capitale de la Lombardie en Italie.

Blason des Visconti de Milan - www.italie1.com

La famille Visconti est une famille de la noblesse lombarde, du parti gibelin, et qui a régné sur la seigneurie puis le duché de Milan pendant le Moyen Âge jusqu'à la Renaissance, de 1277 à 1447 (fr.wikipedia.org - Famille Visconti).

En héraldique, la «guivre» est un serpent en pal ondoyant, engloutissant un enfant (l'«issant»). Elle est assez répandue en héraldique italienne, notamment à Milan où elle représente le symbole de la famille Visconti. Une légende veut qu'Ottone Visconti, alors commandant dans la croisade de 1187, prit ce symbole sur l'étendard d'un Sarrasin qu'il avait vaincu. Il rapporta ce trophée à Milan qui devint l'un des symboles de la ville, sous le nom de biscione, bisson en dialecte milanais (de la langue lombarde occidentale), qui est l'augmentatif masculin du mot italien féminin biscia, qui signifie «couleuvre». Une autre légende veut que vers 1200, ce fut un autre Visconti qui tua un serpent ou dragon qui terrorisait les habitants (fr.wikipedia.org - Vouivre).

Galéas II Visconti, en italien Galeazzo II Visconti, né vers 1320 et mort le 4 août 1378, était un noble italien qui fut co-seigneur de Milan de 1349 à 1378 avec ses frères Mathieu II et Barnabé. Parmi ses conseillers et ambassadeurs, il compta Pétrarque (fr.wikipedia.org - Galéas II Visconti).

Le Coulobre (du latin coluber) est une couleuvre ailée provençale qui vit dans les eaux de la Sorgue près de Fontaine-de-Vaucluse. Cette créature est réputée pour s'unir avec des dragons qui l'abandonnent ensuite, la forçant à élever seule les petites salamandres noires dont elle accouche. Elle cherche désespérément un nouvel époux et un père pour ses enfants mais sa laideur repousse tous les prétendants. Pétrarque aurait été attaqué par l'une de ces créatures jalouses alors qu'il se trouvait au bord de l'eau avec sa bien-aimée : il tua le monstre d'un coup d'épée mais sa femme mourut ensuite de la peste. Le Coulobre est mentionné comme étant le dragon sorti de la grotte de la fontaine de Vaucluse d'où sourd la Sorgue. Celle de Bagnols-sur-Cèze dans le Gard a sept têtes et sept queues (fr.wikipedia.org - Vouivre).

Jonas Boyve (Annales historiques du Comté de Neuchâtel et Valangin depuis Jules-César jusqu'en 1722) fait mention de l'exploit de Seulpy Raymond et le place à l'époque du comte Louis de Neuchâtel mort en 1373 (George Auguste Matile, Musée historique de Neuchatel et Valangin, Tome 3, Numéro 3, 1860 - www.google.fr/books/edition).

Louis Ier de Neuchâtel, né le 2 mars 1305 et mort le 10 juin 1373, comte de Neuchâtel de 1325 à 1373, citoyen de Besançon en 1343 en prêtant serment de fidélité au Saint-Empire Romain. Il est le fils de Rodolphe IV de Neuchâtel et d'Eléonore de Savoie-Vaud (fr.wikipedia.org - Louis Ier de Neuchâtel).

Si on poursuit de l'autre côté de la Manche, on se trouve en Cornouailles qui outre le comté actuel, comprenait le Devon et une partie du Somerset, avant les Anglo-Saxons, occupant par la suite toute la région orientale (Henriette Walter, L'aventure des langues en Occident, Leur origine, leur histoire, leur géographie, 2013 - www.google.fr/books/edition).

Il y a en Iseut, épouse du roi de Cornouailles Marc, une beauté surhumaine, dangereuse comme celle d'Hélène, comme le sera la beauté de Chélinde dans le Tristan en prose. Sa beauté la rattache au monde des fées, des magiciennes. Elle a des affinités avec les serpents et les dragons et c'est pourquoi Yvain le lépreux l'appelle une «guivre», une vipère (v. 1 214). Elle est liée à la mort, en tout cas à l'au-delà. Elle tue et guérit également. Tristan ne plaisante qu'à demi quand il dit qu'elle lui a donné la lèpre (v. 3773) (Emile Lavielle, Tristan et Iseut de Béroul, 2000 - www.google.fr/books/edition).

Arsène

Pour son roman La Vouivre, Marcel Aymé s'est vraisemblablement inspiré de la légende de la vouivre d'Avoudrey. Outre l'escarboucle, la créature porte une couronne de perles sur la tête, descend à minuit, le soir de Noël, au moment où, dans l'église, on chante matines, et vient boire à la fontaine voûtée du village. Elle pose alors un instant son escarboucle et sa couronne au bord de la source. Arsène Muselier est un personnage de l'ouvrage. La Vouivre apparaît sous les traits d'une jeune sauvageonne, arborant sur sa tête un diadème ceint d'un énorme rubis, objet de convoitise dans toute la région. Arsène est plus intrigué par la baigneuse que par le rubis, ce qui séduit la Vouivre, plus habituée à être poursuivie pour ses richesses que pour sa beauté. La Vouivre et Arsène ont une liaison amoureuse. mais il est déjà amoureux d'une fille du pays, Juliette Mindeur. Et, contrairement à son rival, il ne cherche pas à obtenir le rubis pour sa propre richesse, ce qui ne l'empêche pas de s'en servir pour lui tendre un piège mortel, mais il choisira finalement de renoncer au fruit de son crime. Il meurt en affrontant l'armée de ces serpents, dont il a la phobie, en cherchant à sauver Belette, l'un des personnages du roman (fr.wikipedia.org - La Vouivre).

Sources vauclusiennes

La Loue surgit en source vauclusienne au Nord de Pontarlier : c'est en partie une réapparition des eaux du haut Doubs qui se perdent sur le plateau, dans des fissures non loin de Pontarlier. Le débit régulier et assez élevé de la Loue avait permis une utilisation des eaux comme force motrice ; près de Mouthiers une scierie et l'EDF en tirent parti, mais d'autres petites industries anciennes comme des forges, des clouteries, à Mouthiers, Lods, Vuillafans... ont disparu depuis peu (Pierre Deffontaines, Mariel J.- Brunhes Delamarre, Atlas aérien: Alsace, Vosges, Lorraine, Ardennes et Champagne, Morvan et Bourgogne, Jura, 1955 - www.google.fr/books/edition).

Non content des 13 tableaux immortalisant la source de la Loue, Gustave Courbet réalisera aussi des peintures de la source du Lison, autre source vauclusienne. Max Claudet, sculpteur et céramiste ami de Gustave Courbet, décrit la source ainsi: «Que l’on s’imagine un gigantesque rocher à pic, aux couleurs variées, surmonté d’une forêt. A une certaine hauteur s’ouvre une excavation profonde comme une voûte d’église et soutenue comme elle par des piliers; au fond de ce gouffre, une source d’eau azurée […], tombant par une cascade jusqu’à la base du rocher.» (Hotchkiss Grégoire, Rallye d’Automne octobre 2018 Hotchkiss 2, 2018 - www.auto-ancienne-a-votre-service.fr).

Deux éléments d'importance vitale à l'époque – une source et une route marquaient autrefois l'extrémité ouest du autrefois l'extrémité ouest du Val-de-Travers dans la Principauté de Neuchâtel et conditionnaient la vie de toute la région. La source, celle de l'Areuse, de caractère typiquement vauclusien, sort aujourd'hui encore, mystérieuse et presque sans bruit de sous les rochers au pied d'une haute paroi fortement plissée, après avoir érodé au cours des millénaires tout un vaste cirque dans la montagne. Coulant plus ou moins fort, suivant les saisons, dans les aubes des moulins et autres rouages, l'Areuse faisait vivre tout le petit peuple de Saint-Sulpice (Guy de Meuron, Le Régiment Meuron, 1781-1816, 1982 - www.google.fr/books/edition).

La Provence, ou plutôt le Comtat, possède l'un de ses sites, et d'un caractère si spécial que dans le monde entier on appelle de ce nom de fontaine vauclusienne toutes les sources de même genre. Il frappe d'autant plus celui qui le visite pour la première fois qu'il est inattendu. Au bout d'un long trajet à travers une plaine accablée de soleil, on pénètre dans un val d'un relief très alpestre. La végétation, ainsi que la tranquillité du torrent qui s'écoule en nappe profonde, adoucissent l'austérité des lignes. Les eaux surgissent tout d'un coup des rocailles ; et aux moments de cru, le trop plein s'en déverse d'une cuvette souterraine dont l'orifice se trouve à la base d'une falaise de deux cents mètres de hauteur, la Grande Roche, implacablement verticale. On ne peut aller plus avant ; c'est le bout d'un monde. Pétrarque s'est gardé de nous donner de la rareté de ce lieu une description particularisée. Comme toujours, il a stylisé ; mais il s'est presque continuellement inspiré de l'abondance de ses éléments. Nous n'en rechercherons pas toutes les traces. Nous commenterons seulement la plus caractéristique des poésies qu'il a composées en cet endroit, la canzone Chiare fresche e dolci acque..., parce que c'est un des chefs d'œuvre de la lyrique de tous les temps, et surtout parce que dans ce morceau nous trouvons exprimée d'une façon très précise une conception sur les rapports de l'homme et de la nature. Ce n'est certes pas pour inquiéter les mânes de De Sanctis que nous partirons, pour expliquer le sens profond de cette pièce, de quelques vers de Goethe ; mais ils nous paraissent une introduction commode. C'est un distique qui se trouve dans les Quatre Saisons, à l'Été, numéro 22 : «Les champs, et les bois, et les rochers, et les jardins ne furent jamais pour moi qu'un espace, o mon amie, et tu m'en fais un séjour»(Paul Guiton, Pétrarque et la nature, Annali della Cattedra petrarchesca, 1936 - www.google.fr/books/edition).

Les formes karstiques recensées dans le Pays de Caux peuvent être répertoriées selon leur localisation : formes du littoral, formes du val de Seine, formes vallées secondaires et du plateau. Le littoral : Lorsque la zone de l'estran est rocheuse, elle est Souvent constituée par un platier lapiazé (lapiaz du Trou du Chien, à Fécamp). Dans la zone littorale, on connaît d'importantes exsurgences dont de nombreuses Sources vauclusiennes (Fontaines d'Yport), certaines étant accessibles aux plongeurs-spéléologues (exsurgence du Chien Neuf à Senneville-sur-Fécamp) (Bulletin de la Société géologique de Normandie, Société géologique de Normandie, 1973).

Sollicité par M. le Maire d'Yport d'étudier la possibilité de doter cette commune d'eau douce, nous avons été amené à procéder à un examen attentif de la contrée , lequel nous a fait reconnaître que les seules sources visibles émergeaient soit de la falaise, soit du bord du rivage. Parmi les premières, celles qui émergent de la falaise, il faut ranger : 1° La source de Grainval, entre Yport et Fécamp, qui forme une cascade de quatre à cinq litres de débit par seconde et tombe d'une quinzaine de mètres de hauteur au-dessus du niveau de la mer ; 2.les captages par galeries faits sous Criquebeuf et qui servent à l'alimentation de Fécamp ; 3. les nombreux pleureurs qui sortent de la falaise entre Yport et Fécamp. Dans la seconde série de sources, celles qui sortent du rivage, il faut ranger : Les Fontaines d'Yport, qui vont faire l'objet de notre étude. Dans cette seconde série, on peut ranger aussi les sources sous le galet d'Etretat (Considérations géologiques sur les sources des environs d'Yport, Bulletin de la Société géologique de Normandie, Volumes 16-20, 1894 - www.google.fr/books/edition).

Les habitants d'un même pays donnent aux sources vauclusiennes des noms régionaux : douix en Bourgogne (la Douix de la Seine à Châtillon), dhuis dans l'Ile-de-France, doyes dans le Jura, etc. (Maurice Fallex, Alphonse Mairey, La France et ses colonies au début du XXe siècle, 1909 - www.google.fr/books/edition).

La Douix ou Douix de Châtillon est une abondante exsurgence à l'origine d'une courte rivière du même nom qui alimente le cours supérieur de la Seine. Elle est située à Châtillon-sur-Seine dans le nord de la Côte-d'Or. La Douix est liée au réseau karstique du plateau de calcaire bathonien du Châtillonnais, entre la vallée de l'Ource et celle de la Seine. Ce réseau météoritique (alimenté par les précipitations) est peut-être alimenté en partie par des pertes de l'Ource. Les exsurgences de la Laigne et de la Fontaîne des abîmes à Montliot-et-Courcelles relèvent du même réservoir hydrogéologique. (fr.wikipedia.org - Douix).