Partie IX - Synthèse   Chapitre LVIII - Autour de Rennes   Encore le 18 septembre : Poussin, Louis de Nevers, Virgile   

Incertitude de la date du mariage de Nicolas Poussin

Il épousa le 18 septembre 1629 Marie Dughet, fille de Jacques Dughet, Français établi à Rome.

Cette affirmation se trouve dans deux ouvrages : Inventaire général des richesses d'art de la France: Province. Monuments civils (8 v.), Volume 4, 1911 et Ludovic Lalanne, Dictionnaire historique de la France, 1877.

M. Bouchitié fixe au 18 octobre 1629 la date du mariage. Nous empruntons celle du 9 août 1630 aux documents relatifs à Nicolas Poussin, publiés par M. H. Lemonnier dans l'Annuaire de la Société philotechnique, année 1858, t. XX. M. Lemonnier la donne lui-même d'après une note transmise en 1805 par le curé Brezzi, comme un extrait du registre des mariages de la paroisse de St.Laurent in Lucina. J'espère que M. de Chennevières, dans son édition des Lettres de Poussin, tranchera la question en publiant le texte même de la pièce authentique (Eugène Gandar, Les Andelys et Nicolas Poussin, 1860).

Poussin s'est marié à l'église San Lorenzo in Lucina à Rome (folio 178 du registre des mariages) (Ch. Jouanny, Correspondance de Nicolas Poussin, 1911).

Anthony Blunt a donné la date du 1er septembre 1630, selon Balduccini, le 18 octobre 1629 serait la date de l'engagement des deux futurs époux.

La scène des Bergers d'Arcadie prend sens dans un contexte humaniste général, comme une mise en scène du peintre, de son statut, et de la mort. En fait c'est Poussin lui-même qui se montre en trois figure d'homme, trois aspects de sa personnalités déployés selon le temps. En toute rigueur on ne peut pas parler d'autoportrait allégorique, car cet autoportrait ne renvoie qu'à lui-même. On utilisera donc le concept de Schelling, à savoir le "tautégorique". Schelling l'oppose à l'allégorique, pour insister sur le fait qu'il ne s'agit pas d'une pensée symbolique ou allégorique (par substitution d'une personne à une entité métaphysique), mais d'"êtres réels qui sont en même temps ce qu'ils signifient" [...] Si nous "lisons" de gauche à droite, nous commençons par le jeune homme debout accoudé sur le tombeau ; c'est la jeunesse de la vie ; elle attend des autres personnages d'apprendre la vérité. {...] Le second âge de la vie est celui du déchiffrement, lâge de l'homme mûr ; c'est le berger agenouillé ; il est le seul à porter une barbe. [...] Le troisième âge de la vie, contrairement à ce qu'on attendait, n'est pas la viellesse ; c'est l'âge de la quête de sens, l'âge de la recherche qui rend toujours jeune ; le berger de droite, comme l'a remarque Yves Bonnefoy, est semblable, sinon identique, au jeune poète à droite d'Apollon dans L'inspiration du poète du Louvre. Il interroge du regard la femme mystérieuse (Jean-Louis Vieillard-Baron, Et in Arcadia ego, Hermann, pp. 59-62). Cette femme serait Anne-marie Dughet elle-même. Le nez droit sur l'estampe du buste de Quesnoy correspond bien au profil de la dame des Bergers.

François du Quesnoy, (1597 - 1643) - Buste de Anne-Marie Dughet, femme de Nicolas Poussin

Horace Walpole’s Strawberry Hill Collection a été développée par la Lewis Walpole Library de l'université de Yale pour contribuer à l'exposition Horace Walpole’s Strawberry Hill et à la renovation de la maison elle-même, supportée parle Strawberry Hill Trust. Dispersée lors de la fameuse vente de 1842, la collection de Walpole en était l'une des plus importante du XVIIIème siècle en grande Bretagne, comptant plusieurs milliers de pièces (images.library.yale.edu).

Louis IV de Nevers

Louis de Gonzague, duc de Nevers était un prince italien, un militaire et un homme politique français.

Il est né à Mantoue (Lombardie, Italie) le 18 septembre 1539. Il était le troisième fils de Frédéric II, duc de Mantoue et marquis de Montferrat, et de Marguerite Paléologue, elle-même fille et héritière de Guillaume IX de Montferrat. À l'âge de dix ans, Louis est envoyé à la cour de France pour servir les intérêts de sa famille. Il est notamment chargé de la seigneurie de La Guerche appartenant à sa grand-mère maternelle, Anne d'Alençon. Il est affecté au service du dauphin et reçoit auprès de la famille royale une éducation princière. Combattant pour Henri II, il est fait prisonnier par les Espagnols à la bataille de Saint-Quentin et n'est libéré que contre une forte rançon. En 1560, il obtient la naturalisation française. Il est alors le compagnon le plus intime du roi François II qu'il sert en tant que page. Il fut auprès de lui jusqu'à sa mort et a laissé à travers sa correspondance un compte rendu très détaillé de ses derniers jours, comme pour les derniers jours du roi Henri II1. Il se marie, le 4 mars 1565, avec Henriette de Clèves, duchesse de Nevers et comtesse de Rethel, dernière descendante de la Maison de Clèves. Il acquiert ainsi le titre de duc de Nevers par courtoisie et devient le cousin du futur roi Henri IV Pendant les guerres de religion, il se fait remarquer aux côtés du duc d'Anjou, futur roi Henri III dont il se pose comme le mentor politique. Profondément dévot, il se présente comme un catholique opposé à la conciliation. Quelques mois avant le massacre de la Saint-Barthélemy, il écrit pour le gouvernement un rapport qui préconise l'élimination des chefs huguenots. Lui-même intervient personnellement dans les rues de Paris. Dès le matin du 24 août, il est envoyé par le roi pour empêcher les tueries et arrêter les pilleurs. Il sauve ainsi les protestants réfugiés à l'ambassade d'Angleterre2. À l'apogée de son influence politique en 1573, il s'illustre au siège de La Rochelle dont il tente de bloquer l'entrée côté mer. La même année, il suit le duc d'Anjou en Pologne, mais se fâche avec Bellegarde en faveur auprès du roi. Son influence semble décliner à l'avènement d'Henri III quand le roi de passage à Turin remet au duc de Savoie les dernières places fortes que détenaient les Français depuis les guerres d'Italie et que Nevers avait en charge en tant que gouverneur. Opposé à la politique étrangère du roi, hostile à l'égard des mignons, Nevers parvient à prendre ses distances vis-à-vis du roi tout en continuant d'être un pilier politique du régime. En 1575, il est chargé d’aller enlever à Dreux le duc d’Alençon, frère cadet d’Henri III qui s’est échappé de Cour, mais échoue. En décembre 1578, il fait partie des premiers nobles de France nommés chevaliers de l'ordre du Saint-Esprit par Henri III. En 1581, le comté de Rethel est érigé en duché au bénéfice de Louis, époux de la comtesse en titre. Louis est fait pair de France. Durant les guerres de la Ligue, Nevers hésite par fidélité au roi à adhérer au mouvement ligueur. Accusé d'avoir médit du roi en présence du pape à Rome, il est contraint à une longue justification auprès du roi avant de rentrer en grâce (1585-1586). Il est alors envoyé combattre avec succès les Calvinistes en Poitou (1588). Au moment des barricades à Paris, il temporise prétextant une maladie et un voyage aux bains, refusant de se mêler aux Ligueurs et de montrer trop ostensiblement son soutien au roi Henri III. Repoussant catégoriquement toute tentative d'alliance avec les protestants, il quitte la cour après la réconciliation du roi avec Henri de Navarre.

À l'avènement d'Henri IV, il reste neutre en dépit des appels répétés par la Ligue à la rejoindre. Après avoir encouragé la candidature du cardinal de Vendôme au trône de France, il finit par se rallier au roi, qui le nomme ambassadeur extraordinaire près du Saint-Siège pour négocier sa réconciliation avec l'Église. Plus tard, il est envoyé contre le duc de Parme en Picardie. Peu de jours après la prise de Cambrai, Louis meurt à Nesle le 23 octobre 1595, âgé de 56 ans (fr.wikipedia.org - Louis IV de Nevers).

Autre Mantouan : Virgile

On a pu voir comment Virgile était relié au 18 septembre dans l'article Autour de Rennes : Les Bergers d'Arcadie, ts, ts !.

« Le caractère presque insignifiant de l'éptaphe du poète, a écrit M. F. Plessis, incline à croire qu'elle est de lui : quel autre que Virgile, en sa modestie, eût osé écrire sur Virgile, ne fût-ce qu'un distique, sans un mot d'hommage au génie ? »

Epitaphe du poète :

Mantua me genuit, Calabri rapuere, tenet nunc / Parthenope; cecini pascua, rura, duces.

Mantoue m'a donné le jour ;

les Calabres m'ont ravi ;

j'appartiens maintenant à Parthénope ;

j'ai chanté les pâquis, les champs, les capitaines.

On sait que Virgile mourut, au retour d'un voyage en Grèce, en débarquant à Brindes, le 10 des calendes d'octobre, en 19 av. J: C. Son corps fut, suivant son désir, transporté à Naples et enseveli sur le chemin de Pouzzoles, près du Pausilippe. On plaça sur son tombeau cette épitaphe, qu'il avait, dit-on, composée lui-même, et qu'il est permis de croire authentique. (Voir à ce sujet notre Notice.) Cinquante ans plus tard, Silius Italicus acquit d'un paysan le champ abandonné où était ce tombeau et y institua un sacrifice annuel en l'honneur du poète. On montre encore aujourd'hui comme étant le tombeau de Virgile un tombeau romain, qui fut peut-être le sien, quoique rien ne le prouve avec certitude, — tombeau qui fut, pendant tout le moyen âge, l'objet d'un pieux pèlerinage, et où l'on voyait encore au début du XIXe siècle le laurier qu'y avait planté Pétrarque, quand il y fut conduit par le roi Robert d'Anjou.

Mantoue m'a donné le jour... Virgile naquit le 15 octobre de l'an 70 av. J.-C., non pas à Mantoue même, mais à Andes, bourg du territoire de Mantoue, que l'on peut, sans invraisemblance, identifier avec Pietola. Cette petite ville n'est qu'à deux ou trois milles de Mantoue. Aussi Suétone-Donat peut-il dire avec raison que Virgile était Mantouan et Servius qu'il était citoyen de Mantoue. Virgile lui-même nomme deux fois Mantoue dans les Bucoliques (IX, 27, 28), deux fois dans les Géorgiques (II, 198; III, 12), deux fois dans l'Énéide (X, 200, 201). Au palais de la Raison, à Mantoue, on voit une statue antique représentant un personnage assis qu'on prétend être Virgile. Des images modernes du poète ornent divers monuments et lieux publics de la Ville, qui possède une place de Virgile (Piazza Virgiliana) et une Académie Virgilienne.

Les Calabres m'ont ravi... Il semble bien que Virgile, à l'époque où il écrivait les Bucoliques (42-37), ait eu une maison de campagne près de Tarente. Selon certains il l'aurait tenue d'Octave lui-même, désireux de le dédommager de la perte du patrimoine d'Andes. Cf. Cartault, Etude sur les Bucoliques de Virgile, p. 76, à la fin.

J'appartiens maintenant à Parthénope... Naples (Neapolis, « la ville nouvelle ») se nommait anciennement Parthénope, du nom d'une Sirène qui se jeta dans la mer non loin de là, parce qu'Ulysse, dit la légende, avait résisté aux charmes de sa voix. Virgile, dans les Géorgiques (IV, 563-564), donne déjà à Naples cet ancien nom : Illo Vergilium me tempore dulcis alebat Parthénope... « En ce temps-là, moi, Virgile, j'étais nourri par la douce Pa­thénope...»

J'ai chanté les pâquis... Dans les Bucoliques, les champs... Dans les Géorgiques, les capitaines... Dans l'Enéide (remacle.org - Appendix).

L'amiration de Virgile a traversé les siècles. Poussin a horreur du Virgile burlesque de Scarron ; il évoque à Chantelou le Virgile travesti comme "un livre ridicule des frénésies de monsieur Scarron [...] il fait des merveilles, car il a le cul rond et fait des étrons carrés" (Jean-Louis Vieillard-Baron, Et in Arcadia ego, Hermann, p. 43).

On a appellé Virgile Le Cygne Mantouan, & Pindare Le cygne Thébain. Le Cygne est aussi une constellation de l'hémisphère septentrional.

Le Cygne est une grande et brillante constellation, parfois appelée la Croix du nord (en référence à la Croix du Sud) car ses étoiles sont principalement disposées selon une grande croix. L'oiseau qu'elle représente s'étend sur la Voie lactée estivale, paraissant en migration vers le sud. A en croire Eratosthène, la constellation représente la forme que prit Jupiter pour séduire Léda, épouse de Tyndare, roi de Sparte. De cette union naquirent quatre enfants contenus dans deux oeufs: dans l'un Pollux et Hélène, immortels ; dans l'autre, Castor et Clytemnestre, mortels. Mais Hipparque et Ptolémée mentionnent simplement le bel oiseau. Les astronomes arabes du Xème s. appelaient cette constellation la «poule», référence que l'on retrouve dans le nom de l'étoile Deneb «la queue de la poule». A la Renaissance, on reprit l'appellation plus noble du Cygne. Elle fut également désignée sous le nom de Croix de Sainte-Hélène par Julius Schiller en 1627 à une époque de christianisation massive du ciel (la constellation de la Croix du sud en est contemporaine) (fr.wikipedia.org - Cygne (constellation), savar.astronomie.ch - Cygne).

Le Cygne est environné de Cepheus, Draco, Lyra, Vulpecula, Pegasus.

Lacerta est une petite constellation imaginée par Hevelius à la fin du 17ème siècle, elle occupe la place autrefois attribuée au Sceptre dans la Main de Justice, hommage de Royer envers le Roi-Soleil Louis XIV. Hevelius utilisait le nom de Stellio pour la désigner, nom d'une salamandre aquatique de Méditerranée arborant une tache blanche en forme d'étoile sur le dos. Les Chinois y voyaient plutôt un serpent volant.