Dévotion du scapulaire et du rosaire selon les rythmes calendaires
La division en 24 de l'année correspond le mieux aux dates marquant la dévotion du scapulaire des Carmes et d'autres ainsi que du rosaire dominicain. Le rosaire qui est étudié est celui d'avant Jean-Paul II. Les quinzes mystères semblent correspondre aux quinze jours et quelques qui constituent la division en 24 : 365 jours = 24 x 15.2.
Les ordres mendiants et le renouveau de la dévotion mariale
Le deuxième concile de Lyon en 1274 ne laissa subsister que quatre ordres mendiants: les prêcheurs, les mineurs, les carmes (Frères de la Bienheureuse Vierge Marie du Mont-Carmel) reconnus en 1247 et les augustins (ermites de saint Augustin) formés par la réunion de divers groupes érémitiques en 1243 et en 1256. Ils ont en commun l'époque à laquelle ils sont apparus (début du XIIIe siècle), les papes qui les ont reconnus (Innocent III et Honorius III) et un idéal de dépouillement total (St François donne tout son manteau à un pauvre et pas seulement la moitié, comme Saint Martin), de vie de prêcheurs errants, mêlés au peuple et non iolés comme les autres moines. L'implantation des couvents se fait essentiellement dans les villes.
Promoteurs - mais non inventeurs le plus souvent - de dévotions nouvelles, c'est le culte marial aussi qu'ils diffusent, parfois grâce à de nouveaux usages de la prière, tel le rosaire que lancent les dominicains, ou le port du scapulaire répandu par le bienheureux Simon Stock, maître général des Carmes mort en 1285 (www.unige.ch - Ordres endiants, architecture.relig.free.fr - Ordres).
Le phénomène des « goliards » se développe : les goliards sont souvent des clercs, qui affichent leur hostilité à la chevalerie, et écrivent avec une grande liberté de tons et de thèmes ; la tonalité satirique se développe dans leurs écrits, souvent anonymes (comme dans le cas des Carmina burana. En 1289, l'Église interdit aux clercs d'être goliards... Les ordres mendiants provoquent des conflits avec l'Université : le poète Rutebeuf, goliard, écrit toute une série de poème contre ces moines (franciscains, dominicains, augustins, carmes) qui exercent sur la société une emprise morale et intellectuelle croissante (www.anagnosis.org - Moyen Age panorama).
Carmes, augustins, franciscains, dominicains sont associés au 13 desserts provençaux dont les 4 mendiants : Noix ou Noisettes, Figues Sèches, Amandes et Raisins Secs.
Le scapulaire
Saints |
Jours |
Egwin |
30 décembre |
Père Ambroise de Saint Atsène |
14 janvier |
Pierre Thomas |
29 janvier |
Archangèle Girlani |
13 février |
Suitbert |
1er mars |
Bûcher de Montségur |
16 mars |
Jeanne de Toulouse |
31 mars |
Réginal d'Orléans |
15 avril |
Pie V/Catherine de Sienne |
30 avril |
Simon Stock |
16 mai |
Jacques Salomon |
31 mai |
Gui de Terrena / Germaine Cousin |
15 juin |
Arnoul de Cornibout |
30 juin |
Notre Dame du Mont Carmel |
16 juillet |
Ignace de Loyola |
31 juillet |
Assomption |
15 août |
Y |
30 août |
Sainte Croix / Albert |
14 septembre |
Jérôme |
30 septembre |
Thérèse d'Avila |
15 octobre |
Sérapion / Ange-Augustin Mazzinghi |
30 octobre |
Saints du Carmel |
14 novembre |
Pierre Berthelot / Frédéric de Ratisbonne |
29 novembre |
Jean de la Croix |
15 décembre |
Venez à moi vous tous qui souffrez et êtes accablés et je vous soulagerai.
Prenez mon joug sur vous : apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos pour vos âmes ; car mon joug est doux et mon fardeau léger (Mt 11,28-30).
La ceinture scapulaire constitue la partie horizontale du signe de croix. La ceinture scapulaire est une structure en forme de joug, à laquelle sont suspendus les bras. Si elle est utilisée de façon adéquate, ce «joug» est aisé en effet, et la charge légère. La ceinture scapulaire se compose des deux omoplates et des deux clavicules. Près du point extrême des épaules, l'omoplate et la clavicule sont attachées de telle façon que des mouvements puissent se produire entre les deux os. De plus, les clavicules maintiennent la largeur, la distance entre les articulations des épaules, offrant à nos bras une vaste étendue de mouvements. Le seul endroit où cette structure rencontre directement le squelette du tronc est à l'articulation sterno-claviculaire, c'est- à-dire l'endroit où la clavicule bouge par rapport au sternum (Elizabeth Faith Burchatt Langford, La pense et le muscle. Manuel de l'usager, 1998).
La partie supérieure du sternum entre les deux clavicules est appelée le manubrium. Il est à l'intersection du signe de croix. Certains hommes particulièrement dévots évitent même de découvrir leurs épaules ou toute autre partie du corps que l'homme n'a pas l'habitude de montrer (fr.wikipedia.org - Tsniout).
Né au désert d'un sentiment de pudeur, tombant comme un voile sur le cœur de l'homme, le scapulaire était devenu dans la tradition chrétienne le symbole de la pureté, et par conséquent l'habit de Marie, la Reine des vierges [d'où une idée de pudeur] (Henri-Dominique Lacordaire, Vie de Saint Dominique, 1871).
Précurseurs bénédictins
Dans l'ordre de Cluny le scapulaire était appelé cuculle, et on donnait à l'habit le nom de froc. Au lieu du capuchon pointu et presque conique des Bénédictins primitifs, leur scapulaire était accompagné d'un capuce plus ample et plus beau, et le froc avait des manches longues et pendantes, de deux pieds de circonférence ; de même leur scapulaire ne couvrait pas seulement les épaules , mais il s'étendait en flottant sur les bras, de manière qu'il scandalisa nos simples frères de Cîteaux (John Dobree Dalgairns, Vie de Saint Étienne Harding, 1846).
Qu'en ce tems-là, & au Concile d'Aix-la-Chapelle tenu en 817, par cuculle on entendoit le scapulaire, donc ce Concile ne parle pas expressément, parce qu'il le comprend sous le nom même de cuculle. Il ordonna que la Cuculle auroit deux coudées. Celui de l'année précédente défendit aux Chanoines de s'en servir, attendu qu'elle ne convient qu'aux Moines (Augustin Calmet, Commentaire litteral,historique et moral sur la Règle de Saint Benoît, 1734).
Fêté le 1er mars, bénédictin northumbrien, Suitbert appartint au groupe de douze moines missionnaires qui se rendirent en Frise, sous la direction de saint Willibrord (7 novembre), en 690. Il travailla principalement dans la Frise occidentale. En 693, il fut sacré évêque régional à Ripon, puis retourna prêcher sur les bords du Rhin. Lors des invasion saxones, il se retira dans l'îlot de Kaiserswerth, près de Düsseldorf, où il fonda en 710 une abbaye bénédictine et où il mourut. Ses reliques y reposent toujours (v1.carmel.asso.fr - 1er mars).
Une biographie de Suitbert publiée en 1500 indique l'apparition d'une étoile qui annonça à ses parents la naissance d'un garçon et son activité ultérieure missionnaire. Suitbert a pour attribut une étoile à 8 rais comme saint Dominique que l'on retrouve lié au Rosaire. Une des interprétations de l'étoile à huit branches, que le Saint tient entre ses mains sur un reliquaire et qui se trouve également sur une peinture (vers 1530/32) à Munich (Bayerische Staatsgemäldesammlungen) par Bartel Bruyn (Bruyn Bartholomaeus, le Vieux, vers 1493-1555), est que l'Evangile du Fils de Dieu, par la médiation de cet évangélisateur, apparut, comme l'étoile de Bethléem dans l'obscurité, parmi les tribus encore frappés de paganisme (Louis Réau, Iconographie de l'art chrétien: Iconographie des saints, P-Z, 1959, www.suitbertusheiligenhaus.de, de.wikipedia.org - Suitbertusschrein, de.wikipedia.org - Suitbert, (www.photo.rmn.fr).
Suitbert par Bartel Bruyn - Munich
Fêté le 30 août, saint Agilus ou Agilis ou saint Ay, mot prononcé par ce diminutif : saint Y a donné son nom à un bourg situé à 17 kil. ouest de la ville d'Orléans. CetAgilus, seigneur de ce territoire, limitrophe de celui de Chaingi, (Cambiacus), appartenant à la collégiale de Mici, et dit-on vicomte d'Orléans, avait un esclave qui, pour fuir sa colère, s'était refugié dans la grotte du dragon, détruit par Saint-Mesmin. Agilus avait envoyé à sa poursuite des gens de son service, mais au moment où ils pénétraiènt sur les terres de Chaingi, eux et leurs chevaux ayant été frappés d'une insurmontable immobilité, après la même tentative; et lui, ayant subi le même traitement, il reconnut le signe de l'inviolabilité du droit d'asyle attribué aux lieux consacrés à la religion et, particulièrement à la grotte du dragon où reposait le corps de Saint-Mesmin, il pardonna à son esclave et se réunit à lui dans le monastère de Mici, en prenant l'habit, et tous deux y moururent en odeur de sainteté. La lettre Y reproduit le dessin du scapulaire (Mémoires, Société d'agriculture, sciences, belles-lettres et arts d'Orléans, 1889).
Le second saint Mesmin a eu, au siècle suivant, une vie plus paisible. Il est appeléMesmin ou Maximin de Verdun ou de Micy. Neveu de saint Euspice, archidiacre d’Orléans, originaire comme lui de Verdun, il fonda le monastère de Micy, près d’Orléans. Grand thau-maturge il y vécut paré de toutes les vertus. Il vainquit un horrible dragon qui dévastait l’Orléanais, le contraignant à se jeter dans un bûcher ardent. Là se trouve maintenant l’église et le village de Saint-Mesmin. Il s’éteignit doucement entre les bras de ses moines en 520 (Roland Vasseur, Saint Mesmin l’entérophore).
Selon le règle de Saint-Benoît, l'habillement des moines de Micy consistait en une tunique de laine, avec une cucule ou coule, grande robe noire, également de laine. L'étolle de ces vêlements, plus épaisse en hiver, plus légère en été, était de celles qu'on trouvait dans le pays au meilleur marché. Par dessus, ils portaient un scapulaire, de même couleur, ouvert sur les côtés, semblable aux capotes des pauvres et des ouvriers. Pour les longs offices du chœur, la nuit et en hiver, ils recouvraient leurs vêtements d'un ample manteau ou capuce, garni de manches larges. Il était fait de gros drap très épais, parfois même de peaux de mouton portant leur toison, cousues ensemble, avec un capuchon qu'ils rabattaient sur leur tête (Eugène Jarossay, L'abbaye de Micy-Saint-Mesmin Lez Orléans (502-1790), 1902).
Fêté le 30 décembre, Egwin, précurseur de Simon Stock, a reçu la visite de la Vierge Marie au VIIIème siècle. Un porcher, en se traînant à travers les halliers touffus, atteignit une clairière, à l'endroit où se trouvait une truie perdu avec sept petits [cf l'Enéide], où il vit trois belles filles assises, d'une beauté qui lui parut plus resplendissante que le soleil : celle du milieu tenait un livre et toutes les trois faisaient entendre des chants célestes. L'érudition moderne a cru reconnaître dans le site de cette apparition un emplacement consacré, par le paganisme saxon, au culte des trois Déesses Mères, qui avait jeté des racines si profondes et si étendues chez les populations rurales de toutes les provinces septentrionales de l'empire romain, et qui résista plus longtemps que beaucoup d'autres vestiges de l'idolâtrie aux anathèmes des conciles.
Egwin, averti par le pâtre, alla prier humblement sur le lieu de l'apparition. Sa prière finie, il vit à son tour les trois Vierges, dont l'une, plus grande et infiniment plus belle que les deux autres, tenait avec son livre une croix dont elle le bénit avant de disparaître. Il reconnut la Mère du Sauveur et résolut aussitôt d'élever en son honneur un monastère dans cet endroit jusque-là inaccessible. Le nouveau roi du pays, filleul et élève d'Egwin, seconda son maître dans ce dessein et lui donna jusqu'à quatre-vingt-quatre manses ou domaines dans les environs de la forêt (Comte de Montalembert, Les moines d'occident depuis St Benoît jusqu'à St Bernard, 1867).
Dans la nouvelle vie qu'il fut obligé de mener comme évêque de Worcester, saint Egwin retint autant qu'il lui était possible les pratiques et les austérités de la vie monastique. Non seulement il conserva l'habit de sa première profession, mais les jeûnes, les abstinences, l'assistance au chœur, autant que lui permettaient les soins continuels d'un grand diocèse. Saint Egwin était rempli d'une piété singulière envers la Mère de Dieu et il ne cessait de méditer ses grandeurs et de les annoncer aux autres. Il en fut récompensé par des faveurs spéciales, car l'auguste Vierge daigna lui révéler des mystères admirables de la divinité. Plusieurs fois aussi elle lui fit entendre les volontés du. Ciel. Ce fut par un ordre de la très sainte Vierge qu'il fonda le grand monastère bénédictin d'Evesham, en 701. Cette abbaye était dans son diocèse de Worcester et sous le patronage de la Mère de Dieu.
Le berger Evoes fut le premier à prendre l'habit bénédictin dans le nouveau monastère. Saint Egwin renonçant aux honneurs de l'épiscopat en devint le premier abbé, et le pape Constantin accorda à l'abbaye d'Evesham les privilèges de l'immunité apostolique (Paul Piolin, Guérin (Paul, abbé), Supplement aux vies des saints et spécialement aux Petits Bollandistes d'après les documents hagiographiques les plus authentiques et les plus récents,).
Le 30 avril mourut l'an 1228, le B. Arnould de Cornibout, religieux de Villers, qui avait une dévotion spéciale pour les sept joies de Marie. D'après la légende, la sainte Vierge daigna lui en révéler sept autres, dont elle jouit dans les cieux et qui ont trait à sa conception sans tache (Le Baron de Reinsberg-Düringsfeld, Traditions et légendes de la Belgique, Tome I, 1870).
Dans les devoirs des Associés de la Confrérie du scapulaire de Notre-Dame du Mont Carmel, il n'y a point de prière essentielle à réciter. Seulement on recommande aux Associés d'honorer la très-sainte Vierge comme leur Mère, d'imiter ses vertus, de propager son culte, de pratiquer la mortification chrétienne, ce qui est signifie par le petit habit de laine noire, et de réciter chaque jour sept Pater et Ave en l'honneur des sept Joies de Marie dans le ciel, ou bien les Litanies de la sainte Vierge. Mais ceci n'est point d'obligation pour gagner les indulgences. Observons néanmoins que, pour gagner les indulgences plénières, et même certaines indulgences non plénières, il faut prier selon les intentions de l'Eglise (Les trois scapulaires ou instructions sur le scapulaire de Notre-Dame du Mont-Carmel, 1850).
Les dominicains
C'est autour de la fête de Pâques 1218, le 15 avril, que se manifesta la Vierge auprès de Réginald d'Orléans.
La providence, pour les lui manifester, se servit du dessein, que l'Evêque d'Orléans, Manassès de Seignelai, avoit fait de visiter les lieux saints de Rome, & de la Palestine. Ce Prélat, étroitement uni avec le Doyen de saint Aignan dont il aimoit la conversation, autant qu'il estimoit le mérite, le pria de raccompagner dans son voyage. Renaud se rendit volontiers aux délìrs de son Evêque, espérant que le Seigneur voudroit bien bénir les fatigues , aufquelles l'obéisTheodor. da íance & la dévotion le pouvoient exposer. A rrivé à Rome vers la fête de Pâques de l'année 1218, il eut quelque conversation familière avec un Cardinal, auquel il communiqua le dessein , où il étoît d'imiter la vie des Apôtres ; c'est-à-dire de renoncer à tout ce qu'il possédait, pour aller par-tout où. l'esprit de Dieu le conduiroit, prêchant Jésus Christ, dans une parfaite pauvreté. Mais, ajouta-t-il, je ne vois pas encore comment en venir à l'exécution. Vous avez ici, répondit le Cardinal, ce que vous désirez : il s'éleve un nouvel Ordre qui fait profession de prêcher, en pratiquant la pauvreté volontaire; & son Fondateur, déja connu par plusieurs miracles, est actuellement à Rome, occupé à la prédication» Renaud écouta ces paroles avec une secrète consolation se persuadant que le Ciel commençoit à s'expliquer en sa faveur, pour le mettre enfin en état d'exécuter ce qu'il projettoit depuis longtems. Plein de joye, il alla aussi-tôt trouver l'homme de Dieu 5 & charmé de sa présence, de la douceur, & de la solidité de ses discours , il résolut sans différer d'embrasser son Institut. Mais dans le tems, qu'il se proposoit d'entrer dans cette nouvelle carrière de travaux apostoliques, il fut attaqué d'une si violente maladie, que les Médecins désespérèrent de sa vie. S. Dominique eut recours à la prière ; & le malade recouvra en peu de jours une santé parfaite. L'un & l'autre faisoient profession d'une dévotion très-particuliere envers la sainte Vierge ; & on attribua à sa puissante protection le prompt accomplissement de leurs vœux (Antoine Touron, La Vie de Saint Dominique de Guzman, fondateur de l'ordre des Frères prêcheurs, avec l'Histoire abrégée de ses premiers disciples, 1739).
Dans le vêtement que la sainte Vierge montra à Réginald, le surplis de lin était remplacé par un scapulaire de laine blanche, c'est-à-dire par une simple bande d'étoffe destinée à couvrir les épaules et la poitrine,en descendant des deux côtés jusqu'aux genoux. Ce vêtement n'était pas nouveau. Il en est question dans la vie des religieux de l'Orient, qui l'avaient sans doute adopté pour complément de la tunique, lorsque le travail ou la chaleur les contraignait de sedépouiller du manteau. Né au désert d'un sentiment de pudeur, tombant comme un voile sur le cœur de l'homme, le scapulaire étaitdevenu, dans la tradition chrétienne, le symbole de la pureté, et par conséquent l'habit de Marie, la reine des vierges. En même temps donc qu'en la personnede Réginald, Marie ceignait les reins de l'ordre du cordon de la chasteté, et préparait ses pieds à la prédication de l'Evangile de paix, elle lui donnait, dans le scapulaire, le signe extérieur de cette vertu des anges, sans laquelle il est impossible de sentir et d'annoncer les choses célestes (René François Rohrbacher, Franz Hülskamp, Hermann Rump, Histoire universelle de l'église catholique: An 1198 - 1227, Volume 17, 1846).
"Né à Saint-Gilles dans la seconde moitié du XIIéme siécle, Réginald fait de brillantes études et enseigne le droit canon à Paris. Il devient doyen de la collégiale Saint-Aignan d'Orléans. Au cours d'un pèlerinage à Rome, il rencontre Saint Dominique et se fait Frère prêcheur. Saint Dominique l'envoie à Bologne où, grâce à sa parole et ses vertus, il obtient de très grands succès. On l'appelle un second Elie. Il part enfin à Paris sur l'ordre de Saint Dominique et y meurt (février 1220) en odeur de sainteté (nominis.cef.fr - Bienheureux Réginald).
Fra Angelico (vers 1430-40) - Remise du scapulaire à Réginald d'Orléans - students.opwest.org
Fêté le 31 mai, l'habit (avec le scapulaire) du saint dominicain Jacques Salomon fut l'objet de la dévotion publique lors de sa mort.
On raconte du bienheureux Jacques Salomon, que les Frères le portant à l'église sur la civière, in feretro ad ecclesiam déferre volentes, la la foule envahit le cloître, se jeta sur la civière et coupa ses vêtements pour se les partager comme reliques (Daniel Antonin Mortier, Histoire des maîtres généraux de l'Ordre des frères prêcheurs, Volume 1, 1903).
Les Augustins
L'habillement des Hermites de S. Augustin consiste en une robe & un scapulaire blanc , quand ils sont dans la maison. Au coeur 8c quand ils sortent, ils mettent une espèce de coule noire , & par-dessus un grand capuce qui se termine en rond par-devant, & en pointe par-derrière, où il descend jusquäi la ceinture, qui est de cuir noir (Dictionnaire universel francois et latin, Tome 3, 1743).
Fêté le 29 novembre, Frédéric de Ratisbonne vécu au XIIIème siècle.
Nul ne sait ce que sont devenues les roses qu'un messager céleste vint déposer sur l'autel de Frédéric de Ratisbonne et qui tant émerveillèrent son directeur Dans quel astre ou dans quels cieux s'en est allée la couronne fleurie que la Né à Ratisbonne en Allemagne dans une famille de classe moyenne, il entre au couvent des religieux de l’Ordre des Ermites de Saint-Augustin. comme frère convers ou "frère lai" et sert la communauté en tant que charpentier et comme forestier, ce qui lui permettait de vivre comme un ermite, heureux de vivre dans cette création de Dieu. Très dévot, il est connu pour sa piété et son amour de l'eucharistie. Le culte d'un frère lai augustin, nommé Frédéric, mort à Ratisbonne le 29 novembre 1329, a été confirmé en 1909. Charpentier adroit, il fut encore plus remarquable par sa ferveur à prier, son obéissance et sa chasteté (Giovanni Bonifacio Bagatta, Luigi Novarini, Admiranda Orbis Christiani Quae Ad Christi Fidem Firmandam, Christianam pietatem fovendam, obstinatamque perfidiam dest, 1695, nominis.cef.fr - Bienheureux Frédéric de Ratisbonne, Pierre Saintyves, Les reliques et les images légendaires, 1912, v1.carmel.asso.fr - 29 novembre).
Pierre Berthelot, Denis de la Nativité en religion, armateur et commerçant français, rejoignit les carmes déchaux à Goa, en 1635. Il fut ordonné en 1638 et envoyé cette même année à Sumatra, en compagnie de Rédempt de la Croix (Thomas Rodriguez de Cusna), un religieux frère d'origine portugaise. Leur mission échoua et tous deux furent mis à mort le 29 novembre.
Les carmes et Simon Stock
Aimeric de Malafayda ou Malefaye, patriarche de l'église d'Antioche, naquit au commencement du XIIème siècle, en bas Limousin, et se voua de bonne heure à l'état ecclésiastique. Son zèle et ses vertus l'ayant fait remarquer , en Orient, dans la croisade qu'avait publiée Urbain II, il fut élu doyen, puis patriarche d'Antioche en 1142. Il travailla à la réformation des hermites du Mont-Cannel, les rassembla en une congrégation, et leur donna une règle vers 1155. Sa réforme fut confirmée, en 1180, par le pape Alexandre III. C'est de là que sont venus les carmes, dont SL-Berthold, frère d'Aimeric, fut le premier général.
Aimeric s'exila dans le royaume de Jérusalem sous la persécution de Renaud de Châtillon. Aimeric ne retourna dans son Diocèse d'Antioche que lorsque la captivité de Renaud, arrivée fur la fin de l'an 1160, l'eut mis à couvert de son ennemi. Alors il prit avec lui quelques Hermites du Mont Carmel, & les plaça dans la solitude du Mont Neroi ou de la Montagne noire près d'Antioche, où ils menerent une vie cachée en Dieu dans des cavernes Il survecut à la malheureuse journée de Tibériade & à la prise d'Acre & de Jérusalem par Saladin en 1187. Ce patriarche, qu'Alexandre III avait nommé légat du St-Siége en Orient, mourut cette année 1187.
Saint Berthold, son frère, mourut sur le MOnt-Carmel à l'âge avangé de 115 ans en 1200 selon la tradiiton de l'ordre des Carmes. Il y est feté le 29 mars depuis le XVIème siècle (Jean Népomucène Renier, Histoire de l'ordre de Notre-Dame du Mont Carmel dans la terre sainte sous ses neuf premiers prieurs généraux, 1798).
Ils naquirent tous les deux suivant la tradition à Solignac, sur le tracé du signe de croix de Fronsac à Huriel.
Le Mont Carmel est un promontoire au nord de la Palestine non loin de Nazareth. Il servit de retraite au prophète Élie (IX ème siècle avant Jésus-Christ, 1 Rois 17-19.21-2R 2) et à ses disciples, et devint le refuge de tous ceux qui attendaient le Sauveur. Devenus chrétiens à la première prédication des Apôtres, ces disciples d’Élie et d’Élisée construisirent en ce lieu le premier oratoire dédié à la Très Sainte Vierge Marie, ce qui leur valut le nom de « frères de la « Bien heureuse Vierge Marie du Mont Carmel ». Comme son nom l’indique, l’Ordre du Carmel est donc né géographiquement au Mont Carmel.
Au début du XIIIe siècle, les ermites qui vivaient dans cette montagne, près d’une source appelée source d’Élie, reçurent leur Règle du patriarche de Jérusalem, Albert. Ce texte traduit bien l’idéal monastique que la tradition patristique a transmise à travers la figure d’Élie : celui-ci est l’archétype du moine, par sa vie pauvre, son célibat, l’épreuve du désert avant la rencontre avec Dieu.
N’ayant pas de fondateur, les Carmes ont trouvé en Élie leur guide et leur Père ; ils ont retenu comme devise ses deux cris qui résument l’idéal carmélitain : « Il est vivant le Seigneur devant qui je me tiens ! » (1R 17,1 ;18,15) et « Je brûle de zèle pour le Seigneur, Dieu de l’univers ! » (1R 19, 10.14) Les premiers textes carmélitains, à la suite de la Bible et des Pères de l’Église, évoquent conjointement Élie et son disciple Élisée qu’il a appelé à le suivre (1R 19, 19-21) et à qui il lègue son manteau avec son double esprit au moment de son enlèvement (2R 2,13). Les premières constitutions des carmes font remonter les origines de l’Ordre « aux prophètes Élie et Élisée, dévots habitants du Mont Carmel ».
La liturgie carmélitaine fête les deux prophètes aux mêmes dates que le calendrier byzantin : Élie, le 20 juillet et Élisée, le 14 juin. Sur la montagne de la Transfiguration, devant les apôtres Pierre, Jacques et Jean, Élie apparaît avec Moïse dans la lumière glorieuse du Christ (www.carmel.asso.fr - La figure d'Elie au Carmel, www.lesamisdegarabandal.com - Le saint scapulaire).
Fêté le 16 mai, saint Simon Stock (1164-1265) fut général des Carmes, anglais d'origine, et naquit d'une très illustre famille du Kent dont son père était gouverneur.
En 1240, Ralph Frisburn, de retour de la Terre Sainte, décide de fonder un monastère carmélite. Il place sa nouvelle fondation, la première en Europe — et donc d'Angleterre — sous le patronage du croisé Richard, Lord Grey de Codnor, qui fait don d'une partie de son domaine d'Aylesford en 1245. Cinq ans plus tard, l'évêque de Rochester reconnaît officiellement la fondation carmélite. Élu vicaire général de l'Ordre des Carmes en 1215, Simon Stock travailla de toutes ses forces à obtenir de Rome la confirmation de son Ordre pour l'Occident. La Mère de miséricorde apparut un jour à Son serviteur, toute éclatante de lumière et accompagnée d'un grand nombre d'esprits bienheureux, Elle lui remit un scapulaire en disant : «Reçois Mon fils ce scapulaire, comme le signe d'une étroite alliance avec Moi. Je te le donne pour habit de ton ordre; ce sera pour toi et pour tous les Carmes un excellent privilège et celui qui le portera ne souffrira jamais l'embrasement éternel. C'est la marque du salut dans les dangers et de l'heureuse possession de la vie qui n'aura jamais de fin.»
Saint Simon Stock, présent au concile général de Lyon tenu sous le règne du pape Innocent IV, y prononça un éloquent discours contre les divisions qui agitaient alors l'Église. Il mourut à Bordeaux le 16 mai 1265 au cours d'une visite qu'il effectuait des maisons de son Ordre en Aquitaine, dans la vingtième année de son généralat et la centième de son âge, après avoir laissé d'admirables exemples de vertu. La mort le cueillit dans la ville de Bordeaux, alors qu'il visitait ses monastères. L'Église ajouta ses dernières paroles à la salutation angélique : «Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous pécheurs, maintenant et à l'heure de notre mort.» Il est le patron de la ville de Bordeaux. On le fête le 17 juillet, plus particulièrement à la Cathédrale Saint André, 16 mai au martyrologe romain (www.mariedenazareth.com - Simon Stock, nominis.cef.fr - Bienheureux Simon Stock, cartemarialedumonde.org - Aylesford).
Dans une religion où l’eau, le pain, le vin et même l’huile apparaissent comme des signes efficaces de notre communion avec Dieu dans le mystère du Verbe fait chair, le vêtement ne doit-il pas signifier aussi quelque chose de cette réalité ? Sans être pour autant un sacrement, il constitue un signe sensible capable d’exprimer adéquatement notre foi. C’est ce que laissent entendre les belles prières de la bénédiction du scapulaire : « Père éternel et Dieu tout-puissant, qui as voulu que ton Fils unique portât le vêtement de notre mortalité, nous te supplions de répandre l’immense bénédiction de ta libéralité sur cet habit que les saints Pères ont jugé bon de porter en signe d’innocence et d’humilité ; daigne le bénir afin que ton serviteur qui en fera usage, mérite de se revêtir de Notre Seigneur Lui-même. »
Le scapulaire ne se borne pas à nous rappeler la nécessité de nous conformer au Christ. Il nous fait aussi une obligation de nous revêtir de Marie. Ceci se fonde sur la fonction maternelle de la Vierge à notre égard, sur son rôle universel dans la distribution actuelle des grâces. Selon la pensée des saints Pères, Dieu a décrété de n’accorder aux hommes aucune grâce qui ne passât par les mains de Marie. Voilà qui soutient théologiquement l’effort d’imitation de Marie que nous sommes invités à poursuivre notre vie durant, par l’habit même que nous portons. Est-il d’ailleurs possible de ressembler à Jésus sans avoir quelque chose de sa Mère ? Le chrétien, image de Jésus, doit devenir aussi une réplique de Marie à mesure que la grâce s’épanouit dans sa vie (www.carmel.asso.fr - Le scapulaire du Carmel).
Rapatriés d'Orient à partir de 1245 et assimilés aux Mendiants, ils représentent cependant aux XIVe-XVe siècles un mouvement original caractérisé par une dévotion particulière à la Vierge Marie et par le port du scapulaire (Jean-Pierre Cuvillier, Histoire de l'Europe occidentale au Moyen âge: IVe siècle-début du XVIe siècle, 1998).
Fêtée le 16 juillet, Notre Dame du Mont Carmel est la patronne de l'ordre.
Tous le sainst du Carmel sont fêtés le 14 novembre.
Fêté le 15 octobre, Thérèse d'Avila est morte le jour du passage du calendrier julien au calendrier grégorien.
L'origine de la dévotion au scapulaire est très proche de celle du rosaire et les deux iconographies se confondent parfois. Saint Simon Stock, propagateur de l'ordre du Mont-Carmel au XIIIe siècle, aurait reçu de la Vierge un scapulaire, appelé aussi « vêtement de la Vierge »,avec la promesse que « quiconque le portera à l'heure de sa mort sera sauvé ». Le petit scapulaire est une pièce de tissu carrée, ornée du monogramme de la Vierge et suspendue à un cordon, réservé aux membres des confréries. Sainte Thérèse d'Avila est associée à saint Simon Stock dans la scène du tableau de Valentini à Pierrefort sur la Remise du scapulaire, car elle est la réformatrice de l'ordre au XVIIe siècle. Leur spécialité était la prière en faveur des âmes du purgatoire. Les deux protagonistes sont vêtus de l'habit de l'ordre du Carmel : robe brune, manteau noir, et guimpe blanche pour sainte Thérèse. Six tableaux représentent cette scène dans le Cantal (Pascale Moulier, La peinture religieuse en Haute-Auvergne: XVIIe-XXe siècles, 2007).
Le costume prescrit par sainte Thérèse consiste en une tunique et un scapulaire de couleur brune, et en un manteau blanc étroit. L'habit et le scapulaire sont confectionnés à partir d'un des tissus les plus pauvres de l'époque (Alfred Marchand, Moines et nonnes, ou, Histoire, constitution, règle, costume et statistique des ordres religieux, Volume 1, 1881).
Fêtée le 13 février, la Bienheureuse Archangèle Girlani, vierge de notre Ordre (1461-1494), native de Trino, dans le Montferrat italien, elle devint carmélite à Parme. A la demande de la famille des Gonzague, elle fonda un nouveau Carmel à Mantoue où elle devint la première prieure. Elle était un exemple vivant de perfection.
Si le 15 avril est le dimanche de pâques 1218, celui de 1585 marque un jour particulier pour Marie Madeleine de Pazzi carmélite (1566-1607).
Le soir du 24 mars, veille de l’Annonciation, S. Augustin lui écrit dans le cœur les mots : Verbum caro factum est. Le 15 avril, elle reçoit dans son âme les stigmates invisibles.
Maria Maddalena de Pazzi est une des plus grandes mystiques italiennes, dont l'influence sur la spiritualité et la piété fut notable jusqu'au XIXème siècle. Elle est connue surtout pour ses remarquables extases, d'une fréquence et d'une durée exceptionnelles, qui s'accompagnent d'insolites phénomènes secondaires : lévitations, vélocité, luminosité et transfiguration du visage, etc. Les propos qu'elle tient alors sont relevés par divers secrétaires ; le texte - cinq livres manuscrits conservés chez les carmélites de Santa Maria degli Angeli, à Florence - traduit une doctrine d'une haute élévation et d'une parfaite orthodoxie sur le retour à Dieu, au moyen de l'amour, de l'homme créé par amour et racheté par amour. La stigmatisation (invisible) se situe dans la toute première série d'extases, qui se succèdent durant quarante jours à partir du 28 mai 1584 (Marie-Madeleine a dix-huit ans) : visions de la Passion (8 juin), échange de son cœur avec celui de de Jésus (10 juin), impression des stigmates, qui restent invisibles (28 juin), imposition de la couronne d'épines (6 juillet). La stigmatisation, toujours invisible, est renouvelée de façon définitive le 15 avril 1585, puis c'est la grâce du mariage spirituel avec le don d'un anneau par le Christ (28 avril) (Antoine Imbert-Gourbeyre, Joachim Bouflet, La stigmatisation, 1996, Louis de Sambucy, Manuel de la dévotion au Saint-Scapulaire: d'après les documents les plus authentiques, 1842).
Si Jean de la Croix, le compagnon de sainte Thérèse d'Avila, qui aura plus tard des visions extatiques du Christ en croix, est fêté le 14 décembre, les anciens auteurs place sa mort au 15 décembre, à Ubeda, comme Edith Stein :
Menudean las vicisitudes naturales y sobrenaturales de la muerte, acaecida del 14 al 15 de diciembre de 1591, que recogen los biógrafos antiguos y que sintetiza Crisógono de Jesús Sacramentado en su Vida de San Juan de la Cruz (William Mejías López, Morada de la palabra: Homenaje a Luce y Mercedes López-Baralt, Volume 1, 2002).
San Juan de la Cruz murió en el Convento de Ubeda a la hora de maitines del 15 de diciembre de 1591. Era un hombre menudo y fino, de mirada profunda y dulce, en quien la acerada voluntad no era óbice para las suaves maneras y la aspiración a lo sobrenatural no impedía sino antes bien se articulaba con su delectación por lo tierno o lo resplandeciente del universo (Mercurio peruano, Numéros 184 à 189, 1942).
Lorsqu'il s'installe à la maison de Duruelo, offerte à Thérèse d'Avila pour sa fondation, un lieu modeste que la religieuse surnomme « Duruelo Bethléem », le 28 novembre 1568, Juan de Yepes Álvarez alias Jean de Saint-Matthias prend alors le nom de « Jean de la Croix », qu'il gardera jusqu'à sa mort. Il s'y installe avec deux autres compagnons et porte l'habit de carme confectionné par Thérèse d'Avila : une bure retenue par une ceinture, le scapulaire de l'Ordre et un court manteau blanc. Ils promettent de vivre selon la règle des carmes non réformés qui date du pape Innocent IV. Jean travaille avec acharnement à des ouvrages de maçonnerie en vue de préparer le premier couvent des carmes déchaussés. Ses compagnons et lui prêchent aux alentours menant une vie très simple et très sobre (fr.wikipedia.org - Jean de la Croix, Marcel Bouix, Oeuvres de Sainte Thérèse de Jésus, 1854).
Fêté le 30 octobre, le Bienheureux Ange-Augustin Mazzinghi, prêtre de notre Ordre (1377-1438) est natif de Florence, membre de la famille des Agostini. Il devint carme dans sa ville natale. Après son ordination, il fut nommé professeur de théologie, puis prieur à Frascati et à Florence, et enfin provincial. Il mourut dans la solitude, loué par tous comme un religieux modèle. Ses supérieurs le choisirent en 1419 pour être prieur de Forets en Toscane. Après avoir gouverné avec sagesse cette maison pendant onze ans, le saint religieux fut en 1450 élu prieur du couvent de Florence et ensuite provincial. Le bienheureux Ange, plein de zèle pour l'exacte observance de la règle, s'empressa, lorsque le temps de sa supériorité en qualité de provincial fut achevé, de se rendre au couvent de Forets, et il y devint un des plus fermes soutiens de la réforme, en secondant de tout son pouvoir les efforts que faisait, pour l'établir et la consolider, le P. Jean-Baptiste Spagnoli, surnommé le Mantouan. Usé par les travaux, mais riche eu mérites, Ange rendit son âme à son créateur en l'année 1438. Il laissa en mourant une si grande opinion de sa sainteté que les fidèles l'honorèrent bientôt d'un culte public qui plus d'une fois fut autorisé par des miracles et approuvé par le pape Clément XIII, le 7 mars 1761. Le corps du bienheureux était conservé avec beaucoup de respect dans l'église des Carmes de Florence. Il y existait aussi une vieille peinture, qui représentait le saint religieux de la bouche duquel sortaient des roses et des lys, pour montrer quels avaient été la douceur et les charmes de son éloquence.
Sérapion, le même jour, Patriarche d'Antioche, qui succeda à Maximin, vers la fin du deuxiéme siècle, & qui mourut en deux cent treize, selon la Chronologie de Baronius, a été ressuscité par les Carmes, plus de mille ans aprés fa mort, pour être fait Religieux de leur Ordre (Pierre-Joseph de Haitze, Les moines empruntés, 1696).
Fêtée le 15 août, la Vierge a apparu deux fois à sainte Thérèse d'Avila : d'abord le jour de l'Assomption, notre sainte Mère, se trouvant dans un grand ravissement, fut revêtue d'une robe très-blanche et très-éclatante, et vit la sainte Vierge à son côté droit, et saint Joseph à son côté gauche; Marie la prit par la main, et lui dit, qu'elle était très-satisfaite de la dévotion qu'elle avait pour saint Joseph. Une autre fois, lorsque sainte Thérèse était occupée à sa fondation d'Avila, et qu'elle était en butte à toutes sortes de contradictions et de persécutions : la sainte Vierge était éclatante de gloire et couverte d'un manteau blanc dont elle sembla couvrir notre Mère et toutes les religieuses ses compagnes (U. A. Beaucarne, Recueil d'instructions sur la dévotion au Saint Scapulaire, 1846).
Dans le cinquième siècle, saint Jérôme, fêté le 30 septembre, retiré dans une grotte voisine du Carmel, se glorifioit d'avoir Elie et Elisée pour chefs, et les enfans des Prophètes pour modèles (Princeps noster Elias, princeps Eliseus, duces nostri filii Prophetarum, Hier. Ep. ad Paulum) (Thomas Chaix, L'excellence de la dévotion au Saint-Scapulaire, 1809).
Le 15 juin en 1599, dans la ville de Salerne, le feu ayant pris rapidement dans la maison d'un fournier, Jean Sereno, elle fat embrasée en un moment. Sa femme Béatrix, éplorée, jeta son scapulaire dans le feu, en s'écrianf: «Marie des Carmes, sauvez-nous; » et aussitôt le feu s'éteignit, et le scapulaire, quoique au milieu du brasier pendant quatre heures, n'en reçut aucune atteinte.
Gui de Terrena, connu sous le nom de Gui de Perpignan, est né vers la fin du XIIIème siècle. Il fit ses études et reçut ses grades à l'Université de Paris. Entré dans l'Ordre des Carmes, il en devint général en 1318. Nommé Évêque de Majorque en 1332, il passa à l'Évêché d'Elne en 1333; fut promu Patriarche de Jérusalem, et mourut, à Avignon, le 15 juin 1353. Enterré dans l'église du couvent de son Ordre, à Perpignan, on y voyait son épitaphe en 1789. 11 avait écrit sur la théologie, la philosophie, la morale, la physique et le droit. Les Manuscrits de quelques-uns de ses ouvrages, sont déposés au Vatican et à la Bibliothèque du Roi. Il doit sa célébrité et le surnom de Malleus hœreticormn, à un livre intitulé Somme des hérésies, qui a pour objet leur réfutation (Jean de Gazanyola, Histoire du Roussillon, 1857).
Le 15 juin est aussi la Sainte Germaine de Pibrac.
Le général Gaston de Sonis, né le 25 Août 1825 à Pointe-à-Pitre (Guadeloupe), décédé le le 15 août 1887 à Paris, était attaché par une dilection particulière à sainte Germaine de Pibrac, la bergère Germaine Cousin. Il était tertiaire Carme et apôtre du Sacré-Coeur. Le tertiaire, en revêtant son scapulaire sous ses vêtements laïcs, revêt l'esprit de sainte Thérèse et de saint Jean de la Croix. Cet officier très pieux est connu aussi pour avoir combattu en 1870 à la tête des Zouaves pontificaux et des Volontaires de l'Ouest sous l'étendard du Sacré-Cœur de Jésus aux côtés du futur général de Charette. Grièvement blessé lors du combat, il passa la nuit (-20°C) sur le champ de bataille de Loigny à rassurer les soldats blessés eux aussi autour de lui. On lui amputa la jambe le lendemain de ce funeste 2 décembre 1870. Il est anobli par le pape Léon XIII et est titré comte romain et de Sonis en 1880 (Gérard Bedel, Le général de Sonis: sous la bannière du Sacré-Cœur : Miles Christi, 1997).
fr.wikipedia.org - Louis-Gaston de Sonis - Photo Dujardin
Fêtée le 31 mars, la Bienheureuse Jeanne de Toulouse, native de Toulouse, fut acceptée comme tertiaire de l'Ordre.
Il est vraisemblable qu'elle aurait été à l'origine du premier regroupement laïc du Carmel. Après sa mort, son corps fut inhumé dans l'église des Carmes, avant d'être transféré dans la cathédrale Saint-Étienne en 1805. Son culte fut confirmé par Léon XIII en 1895.
Des femmes et des jeunes filles pieuses, attirées par l’idéal du carmel se groupent parfois autour d’une maison des Frères dela Vierge, soit qu’elles se rattachent à un religieux plus ou moinséminent, soit qu’elles forment de petites communautés sous la directiond’un supérieur ; soit encore qu’elles poussent plus loin les exigences de l’esprit de solitude, et qu’elles aillent jusqu’à s’enfermer dans descellules attenantes à des chapelles de l’ordre. Ce sont alors de véritables recluses, relativement nombreuses en Angleterre, et dans les Pays—Bas.En France, Jeanne de Toulouse semble la plus illustre (René Pillorget, L’ordre des Carmes et la France du XIIème Siècle à 1787).
Le couvent des Carmes de Toulouse jouit d’une notoriété certaine et attire les sépultures des habitants du quartier; il concurrence la Dalbade dans ce domaine; il semble aussi avoir été le siège d’une certaine activité miraculeuse au XVème siècle: la bienheureuse Jeanne de Toulouse, recluse du XIVème siècle, y aurait été enterrée et l’archevêque Bernard du Rosier auraiten 1471 autorisé le transfert de ses restes ainsi que la rédaction d’une « Vie » à cause des nombreux miracles qui seproduisaient (Sabine Lesur, Le couvent des Grands-Carmes de Toulouse (1264-1810), Positions Des Theses, 1972, Michelle Fournié, L’oratoire Saint-Rémi et les hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem,, Henri Lemaitre, Pierre Andrieu-Guitrancourt : l'Archevêque Eudes Rigaud et la vie de l' Église au XIIIe siècle, dapres le « Regestrum visitationum », 1939).
Fêté le 30 avril, saint Pie V, pape, dominicain (1504-1572), Michel Ghislieri, naquit à Bosco en Piémont. Il rejoignit les dominicains en 1518, fut ordonné prêtre en 1540, enseigna seize ans la philosophie et la théologie puis fut nommé évêque de Sutri et inquisiteur de la Lombardie. Créé cardinal en 1559, il fut transféré au siège de Mondovi puis élu pape en 1565, sous le nom de Pie V. D'un naturel austère et sévère, il était l'homme indiqué pour combattre le manque de discipline dans l'Eglise, jusque dans la Curie romaine. Il exigea une observance minutieuse des décrets du Concile de Trente, organisa une expédition contre les Turcs, qui aboutit à la victoire de Lépante, en 1571, encouragea les études ecclésiastiques, réforma la liturgie et le missel tridentins et excommunia le reine Elizabeth d'Angleterre. Son corps repose dans la basilique Sainte-Marie-Majeure à Rome. Canonisé en 1712.
La Confrérie du Scapulaire qui doit son établissement au bienheureux Simon-Stock, qui était général de l'ordre des Carmes, dans le i3* siècle, fut approuvée par les bulles de ce pape, de Clément VIII, etc. Pie V autorisa les frères hospitaliers de la Charité fondé par Jean de Dieu de porter un scapulaire pourles distinguer de ceux qui se faisaient passer pour eux. Il reprenait son scapulaire quand il était débarrassé des audiences publiques où il était obligé de paraître sousles habits de pape. A l'extrémité, il se fit revêtir de son habit religieux de dominician (Jean-Baptiste Feuillet, La vie du B. pape Pie V, 1674).
Le 30 avril est aussi la fête de sainte Cathrerine de Sienne, dominicaine.
En 1575 le tombeau de saibnte Catherine de Sienne, fut de nouveau ouvert par Sixte Fabbri, vicaire-général, qui y prit un scapulaire et le donna aux religieuses de Magnanopoli, auxquelles il laissa un Mémoire, signé de sa propre main, que ce couvent conserve toujours (Alfonso Capecelatro, Histoire de sainte Catherine de Sienne et de la papauté de son temps, 1863).
Le 14 septembre est fêté le mystère paradoxal de la Croix. La date est liée à une circonstance bien précise : le 14 septembre 335 a lieu en grande pompe la dédicace de la basilique de la Résurrection, érigée sur le tombeau du Christ. On y aurait découvert des fragments de la vraie croix du Christ. La cérémonie de l'ostension de cette croix donna le nom à la fête : exaltation de la Croix. L'empereur Hadrien avait cherché à supprimer et décourager les juifs et les chrétiens de Terre Sainte. Il avait fait construire sur le Calvaire une vaste esplanade avec les statues de Jupiter et de Vénus. Lorsque l'empire devint officiellement chrétien, sainte Hélène, mère de l'empereur Constantin, fit détruire l'esplanade et fit faire des fouilles : c'est alors que furent identifiées trois croix. L'empereur Constantin avait vaincu Maxence et s'était converti, dit-on, en voyant comme signe de victoire une croix lumineuse dans le ciel avec ces mots : "Vous vaincrez par ce signe". Ce mot d'ordre reste vrai, symboliquement, réellement, pour tout disciple du Christ.
Albert, patriarche de Jérusalem, naquit vers le milieu du XIIe siècle à Castrum Gualterii. A la suite de la renonciation de Soffred, cardinal de Sainte-Praxède et légat en Palestine, Albert fut désigné par les chanoines du Saint-Sépulcre comme patriarche latin de Jérusalem. Ce choix s’explique par le fait que les chanoines étaient pour la plupart français et italiens, c’est-à-dire qu’ils connaissaient les prélats européens. L’élection, approuvée par le roi de Jérusalem, Amaury de Lusignan et par Pierre, patriarche d’Antioche, fut confirmée par Innocent III qui, en 1205, conféra le pallium d’archevêque à Albert et le nomma légat pontifical en Terre Sainte pour quatre ans, en lui donnant la faculté de recueillir des subsides pour la Croisade. Le 19 Avril 1213, le Pape invita Albert à participer au Concile qui devait avoir lieu en 1215 à Rome et dans lequel on discuterait du problème de la Croisade. Toutefois, le patriarche de Jérusalem ne put y être présent : le 14 Septembre 1214, alors qu’il célébrait la fête de la sainte Croix, à Saint-Jean d’Acre, il fut poignardé par le maître de l’Hôpital du Saint-Esprit qu’il avait déposé pour cause d’indignité. Auparavant, il avait eu le temps de préparer une Règle pour les Carmes et les Carmélites dont il avait étudié le genre de vie qu'ils menaient au Mont-Carmel. Ces règles furent approuvées par Rome après sa mort et elles figurent toujours en tête des constitutions carmélitaines (www.carmel.asso.fr - Albert de Jérusalem, nominis.cef.fr - Saint Albert de Jérusalem).
Jean du Moulin plus connu sous le nom de Jean de Saint-Samson1 (1571-1636) est un religieux grand-carme de Dol de Bretagne et de Rennes, issu de la réforme du carmel de Rennes dite aussi Réforme de Touraine. Grand-carme et non carme déchaux, il fut donc lié à la Réforme de Touraine des carmes de France. Cette réforme comporte une observation stricte de la règle d'origine, liée la contemplation et à l'oraison. C'est un des plus grands écrivains mystiques, qu'on surnomme le saint Jean de la Croix français6 : Mais lorsqu'on lui demanda s'il avait lu les écrits de Jean de la Croix, il répondit que « oui, et qu'ils étaient fort excellents, mais qu'il existait encore une vie par dessus cela » Il meurt à Rennes le 14 septembre 1636, jour de la fête de l'Exaltation de la Sainte-Croix en prononçant ces mots « Christo crucifixus sum Cruci » et il est enterré dans l’ancienne église de Toussaints (fr.wikipedia.org - Jean de Saint-Samson).
Le 14 janvier 1635, décède celui qui vécut en saint, le Père Ambroise de Saint Arsène. En 1633, les Carmes retrouvent la possession du Mont-Carmel rétrocédé par les Ottomans. Le Père Prosper du Saint-Esprit célèbre une messe dans la grotte de la Madone le 17 février. La vie érémitique est inaugurée le 30 avril. C'est le 14 janvier 1635 que le Père Ambroise de Saint Arsène décède dans une des grottes aménagées dont celle de l'"Ecole des Prophètes" où des missionaires musulmans avaient remis en vigueur la dévotion à saint Elie, connu sous le nom d'El Khader (Girolamo Salvatico, Le Carmel en Terre Sainte: Des origines à nos jours, 1995).
Chez les Jésuites
Fêté le 31 juillet, Ignace de Loyola bénéficia de la vision de la Vierge Marie.
Elle lui a apparu tenant l'Enfant Jésus entre ses bras et toute environnée de lumière : par cette vision , l'illustre fondateur de la Compagnie de Jésus fut rempli de joie, son cœur fut purifié et toutes les images des voluptés sensuelles furent effacées de son esprit (U. A. Beaucarne, Recueil d'instructions sur la dévotion au Saint Scapulaire, 1846).
Un scapulaire d'une forme particulière était le signe distinctif auquel se reconnaissaient les disciples d'Ignace de Loyola (Maurice de la Châtre, Histoire des papes, Volume 9, 1857).
Tout ça pour ça : le 16 mars
Le carme espagnol, Dominique de Jésus-Marie, a conseillé l'attaque qui, le 8 novembre 1620, devait remporter la victoire de la Montagne Blanche à Prague. Les troupes nationales tchèques furent vaincues par les troupes impériales ; un temple luthérien, rendu au culte catholique, est confié à des cannes. Quand Dominique traverse la France, c'est un déchaînement populaire. Toute une légende s'instaure autour de sa personne, et bien malgré lui : héros, saint, thaumaturge. C'est grâce à lui que la canonisation de Thérèse sera si rapide : 16 mars 1622. Pendant huit jours, on célèbre cette fête en l'église des déchaux. On tire même un feu d'artifice (André Bord, Jean de la Croix en France, 1993).
Un couvent de Basiliens en Sicile déménagea à Troyna en faisant une copie d'une fresque du prophète Elie qu'il y avait sur un mur de leur ancien monastère menaçant ruine. Les Carmes leur contesta la mnière dont Elie avait été représenté. Ils exigeaient qu'il soit revêtu de l'habit des Carmes. Le procès se termina le 16 mars 1686 par une décision de la Congrégation des Rites à laquelle ils avaient eu recours. Les Carmes furent déboutés (R.P. Helyot, Histoire des Ordes Religieux et Militaires, ainsi que des Congregations Séculiéres, 1792).
Mais le 16 mars, c'est surtout la date du bûcher de Montségur. En 1243, le concile de Béziers décide l’anéantissement de Montségur. Le siège débute au printemps. Et sous la conduite de Hugues des Arcis, sénéchal de Carcassonne et de Pierre Amiel archevêque de Narbonne, une importante armée prend position au pied de la montagne sans toutefois interrompre les contacts des assiégés avec l’extérieur. En novembre, Durand, évêque d’Albi, amène des renforts aux assiégeants. A la fin de l’année, un groupe de croisés s’empare du poste de guet du Roc de la Tour et couvre l’armée qui s’implante sur la montagne. Elle gagne du terrain, construit ou renverse une pierrière qui, de la Barbacane, menace les toitures du château. Le 1er mars 1244, une première tentative de sortie des assiégés échoue. Le lendemain c’est la reddition. Une trêve de 15 jours leur est accordée à l’issue de laquelle les militaires ne seront pas inquiétés et les cathares choisiront de renoncer à leur foi ou de périr dans les flammes d’un bûcher. Le 16 mars 1244 : 205 cathares résolus sont brûlés vifs ; Guy II de Lévis prend posséssion de la place et y installe une garnison. Il en rend hommage au roi en juillet 1245 (Extrait de: Le château de Montségur - revue annuelle du C.A.M.L 1985) (www.montsegur.org).
La stèle du champ des Crémats à Montségur - www.voyage-webguides.com
Honorius III, Cencio Savelli, pape de 1216 à 1227, est le Successeur d'Innocent III. Il couronna l'empereur Frédéric II et l'obligea de poursuivre l'oeuvre de son prédécesseur, arbitra la querelle entre Philippe Auguste et Jacques d'Aragon, couronna Pierre de Courtenay empereur de Constantinople, soutint contre ses barons révoltés Henri III d'Angleterre. Pour lutter contre les Albigeois, il institua l'Ordre des Frères prêcheurs ou Dominicains, celui des Franciscains et celui des Carmes. Il incita Louis VIII à combattre les Albigeois. Il est l'auteur de la Compilatio Quinta (Recueil de décrétales).
Les carmes participèrent à l'éradication du catharisme.
A Licata, en Sicile (Italie), saint Ange (1185-1220), carme, martyr. Sans doute est-il fils de Juifs convertis de Jérusalem. Il aurait vécu cinq ans au mont Carmel. C'est en Sicile qu'il fut blessé mortellement par un hérétique cathare, incestueux, auquel il reprochait sa conduite (Séverin-Georges Couneson, Les Saints nos frères: calendrier pour chaque jour de l'année, Volume 2, 1970).
C'est seulement le 14 mai 1372 que Grégoire XI constatait « avec douleur » l'expansion d'hérésies qui créaient un réel péril pour la foi chrétienne, car les novateurs usaient d'arguments « trompeurs, faux et astucieux ». En conséquence, il établit canoniquement en Corse le tribunal de l'Inquisition et délégua les fonctions d'inquisiteur au carme Pierre Raymond, maître en théologie et évêque de Mariana, pour une durée de cinq années. Grégoire voulait, ce faisant, « extirper » complètement les hérésies qui, disait-il, « pullulaient ». Il a soin de préciser la qualité des personnes contre lesquelles devront s'exercer des poursuites judiciaires : ce sont « des hérétiques, des croyants, des fauteurs, leurs défenseurs et receleurs », termes usités dans la pratique inquisitoriale pour désigner les Cathares et leur hiérarchie.
L'évêque de Mariana accomplit vraisemblablement son mandat avec rigueur. La crainte des châtiments, dont il disposait, provoqua des abjurations. Ceux qui s'y résignèrent regrettèrent bientôt leurs actes de faiblesse, retombèrent dans leurs anciennes croyances et devinrent relaps ; c'était se vouer à une mort certaine ; aussi ils se rétractèrent. Grégoire xi usa de clémence à leur égard et permit de les réconcilier avec l'Église, à condition de manifester un désir sincère de conversion, de n'avoir récidivé' qu'une seule fois et d'abjurer leurs erreurs (26 août 1373) (Guillaume Mollat, Les Cathares en Corse. In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 100e année, N. 2, 1956. pp. 147-150.).
Au quatre sommets de la croix
L'abbaye de Cruas, au nord de Rochemaure, fut fondée, en 804, par Eribert , père d’Elpodorius, comte de Vivarais. Cruas n'était alors qu'un lieu aride et désert; il faisait partie du domaine du prince Louis-le-Débonnaire, qui, devenu empereur, confirma la fondation de ce monastère, dont la Vierge et saint Gosseraud , confesseur, étaient les principaux patrons. Ce dernier était religieux de cette maison ; mais on ignore l'époque où il a vécu. Ses reliques et celles de saint Torquat, évêque de St-Paul-Trois-Châteaux, que l'on conservait dans l'abbaye de Cruas, furent brûlées, dans le XVIème siècle. par les calvinistes.
En 817, Elpodorius, comte de Vivarais, profita de sa présence a l'assemblée d'Aix-la-Chapelle, pour obtenir de l'Empereur une charte en faveur de l'abbaye de Cruas fondée par Eribert, son père. Par cette charte , Louis prenait ce monastère ce monastère sous sa protection, comme s'il en eût été le fondateur et comme s'il eût été doté de ses aumônes; il assurait en même temps aux moines le droit d'élire leurs abbés. En 880, Bozon, roi de France, confirma en faveur de Rostang, archevêque d'Arles, les chartes par lesquelles l'empereur Lothaire avait soumis a son église métropolitaine l'abbaye de Cruas. En 970, dédicace de l'église de Cruas par Ycterus, archevêque tl'Arles, qui était venu a Cruas pour vérifier si l'observance était rigoureusement suivie dans le monastère qui dépendait, comme nous l'avons vu, de sa juridiction. Une dame du pays, nommée Gotolinde, vint prier le saint prélat de consacrer, sous l'invocation de saint Michel, l'église de la paroisse qu'elle avait fait bâtir sur la crypte de 80h. L'archevêque consentit a la demande de la dame Gotolinde, a condition qu'elle doterait l'église suivant les saints Canons : ce qui fut fait par acte daté de Cruas, du 27 septembre , trente-unième année du règne de Conrad. En 995 , Rodolphe-le-Fainéant, roi de Bourgogne et de la partie du Viennois située sur la rive droite du Rhône appartenant au Vivarais, favorise l'union du monastère de Moirans, sur l'Isère, et de l'abbaye de Cruas, sur le Rhône, en faveur de Rustang, qui en était alors abbé.
L'église actuelle de Cruas fut consacrée en 1095 par le pape Urbain II.
Avant la révolution de 89, cette abbaye, en grande partie détruite par les guerres de religion qui ensanglantèrent nos contrées dans le XVIème siècle , était devenue une succursale du grand-séminaire de Viviers qui y entretenait des prêtres pour la desservir (Congrès archéologique de France, Séances de Mende Valence Grenoble, Société française pour la conservation des monuments historiques, Volume 24, 1858).
L'abside principale de l'église de Cruas (Ardèche) est pavée d'une mosaïque polychrome en opus tessellatum. La mosaïque, qui montre Elie et Enoch, présentés sous la main divine qui touche leurs fronts, de part et d'autre du figuier et du lignum (vitae), ainsi que les iconographes représentent Adam et Eve à côté de l'arbre de la science du bien et du mal, est un exemple frappant de cette "typologie adamique".
Elie et Enoch sont les seuls personnages de l'Ancien Testament ayant été enlevés vivants au ciel. Ils sont situés dans le Paradis, évoqué à Cruas par les Fleuves et la Croix. Au centre, les deux arbres stylisés, formés par des petits triangles. Le premier ne porte que des feuilles, tandis que l'autre est chargé de fruits, FICUS le long de l'arbre stérile, du côté d'Hénoch, et LIGNUM le long de l'arbre de vie, du côté d'Elie. Elie, à gauche, tient à la main droite un long bâton en forme de tau abbatiai. Ils sont identifiés par leur nom ENOCH et HELIAS.
Le costume d'Enoch est celui d'un laïc de l'époque carolingienne : tunique courte, mantelet agrafé sur l'épaule droite par une fibule ronde, jambes chaussées de braies serrées sur les mollets par des bandes molletières. Les plis de ses vêtements blancs sont dessinés en noir et soulignés de rouge tandis que son visage expressif, aux yeux immenses, est soutaché de blanc. Il tient à la main une tige courte dans laquelle on a cru voir une flèche : il s'agit plutôt d'un sceptre terminé par un fleuron. Au bas de la mosaïque, sous ses pieds, on peut lire encore la fin d'une inscription en belles capitales romaines : ANNI DOMINI : MILLE : XCVIII.
Le mot Lignum, employé dans la Vulgate pour arbor, soit pour désigner le bois proprement dit, permet de rapprocher cet arbre du bois de la Croix.
In iconographic tradition of Slavia Orthodoxa the Prophets / Priests are likewise depicted with a staff(or scepter) symbolising their special status; the same iconographic convention is followed by theunknown iconpainter of the altarpiece from the region of Lom (North-Western Bulgaria) on whichEnoch is depicted in exactly the same manner: as a priest/prophet holding a scepter in his hand (Florentina Badalanova Geller, 2 (Slavonic Apocalypse of) Enoch: Text and Context).
Dans le bas-côté droit, l'imposant tombeau (XIVème siècle), au gisant mutilé, est le mausolée d'Aymar de Poitiers, seigneur de Rochemaure.
Quelques-uns faisoient remonter l'origine des carmes jusqu'à Enoch , et ils se fondoient sur une bulle de Sixte IV, de l'an 1477 , qui autorisoit cette prétention (Aubin Louis Millin, Antiquités nationales, Volume 4, 1792).
On a placé le paradis terrestre en divers lieux. Les uns le placent dans l'Arménie, les autres près d'Apamée. Turpin , comme on voit, est de ce dernier avis, mais je crains qu'il ne se trompe. Nous avons, sur le paradis terrestre , des renseignements plus certains; Ennius, qui l'a vu en visitant le purgatoire de saint Patrice, nous en a laissé une description authentique. C'est lui qui parle :
Ce vallon était émaillé des plus belles fleurs que le printemps produit. Deux coteaux de part et d'autre le » bordaient. Ils étaient chargés d'une vigne dont lesbran« ches entrelacées avec celles des peupliers, faisaient des berceaux à perte de vue. Je suivis un petit sentier u bordé de jasmins et de roses, dont l'odeur et la couleur flattaient également la vue et l'odorat. Il était jonché d'oeillets et de fleurs d'oranger. Un ruisseau, dont les eaux étaient plus claires et plus pures que les rayons du soleil, arrosait ce sentier, et coulait, avec un doux » murmure, dans un lit de cristal transparent comme « une glace de miroir.
J'arrivai de là dans une prairie spacieuse; elle était partagée en plusieurs vergers et en une infinité de bosquets d'une beauté admirable. J'aperçus, sous un dôme de verdure, deux ermites, au front chauve, et qui joignaient à la force de l'âge, toute la majesté de la vieillesse. Ils avaient le teint frais, vermeil et sans rides, malgré la longueur des années. Le premier était nu-pieds, ceint d'une corde, avec des sandales et un capuchon. L'autre portait un scapulaire et un manteau sur une robe brune. C'étaient Élie et Enoch: ils me reçurent d'un air riant, comme un mortel favorisé du ciel, et je goûtai près d'eux, les douceurs d'un pieux, entretien Ils me montrèrent l'allée où l'ange du Seigneur conversait familièrement avec Adam et Eve, et jusqu'au figuier dont ils prirent les feuilles pour cou» vrir leur nudité.
Ils me menèrent ensuite à la fontaine d'Éden, qui arrose tout le paradis et se divise en quatre fleuves. Nous dinâmes sur le gazon : le repas fut simple, mais délicieux, par la saveur des fruits qui étaient d'un goût exquis. Des oiseaux de toute espèce et dont le plumage était varié de mille couleurs, chantaient sur notre tête leurs innocentes amours, sans craindre l'oiseleur perfide. A la fin du repas, nous goûtâmes du fruit de l'arbre de vie. Je me sentis alors une vigueur nouvelle. Tout ce qu'il y avait en moi de faiblesse et d'infirmité disparut. Je n'avais jamais rien éprouvé de semblable.
Je ne pouvais m'arracher de ce beau séjour, mais il fallut me séparer de mes compagnons vénérables. Ils m'apprirent qu'ils devaient rester en ce lieu jusqu'au jour du jugement, et qu'ils reviendraient alors combattre l'ante-christ sur la terre. J'étais entré dans le paradis par la porte de feu, j'en sortis par la porte d'Ouranie. (Léon Dusillet, Yseult de Dole: chronique de huitième siècle, Volumes 1 à 2, 1839).
On trouve dans l'église Saint—Seurin de Saillans, à côté et au nord de Fronsac, une Vierge, assise, portant sur ses genoux l'enfant Jésus ; elle représente notre Dame du Mont Carmel ; à son pied gauche est agenouillé saint Simon Stock de l'ordre des carmélites. Ce groupe en marbre blanc, barbouillé de mauvaises peintures, porte sur son socle la date de 1523. Le Château de Carle a une origine très ancienne, puisque la tradition rapporte que Charlemagne y logea lorsqu'il bâtit le Château fort de Fronsac. Depuis Saillans, il surveillait les travaux (Raymond Guinodie, Histoire de Libourne et des autres villes et bourgs de son arrondissement, 1845, mairiedesaillans.jimdo.com - Histoire).
Le Guerchin - Apparition du Christ à sainte Thérèse d'Avila - Musée Granet - www.latribunedelart.com
En 1634, le banquier Barthélemy Lumague avait commandé au Guerchin le tableau de l'autel de la chapelle du couvent des Carmes déchaussés de Lyon, l'Apparition du Christ à sainte Thérèse, que conserve aujourd'hui le musée Granet d'Aix-en-Provence. C'était jusqu'à la Révolution, le plus fameaux tableau italien de Lyon. C'est le primier tableau du Guerchin commandé en France. Une copie, médiocre peut-être, comportant des variantes significatives, est conservée dans l'église d'Huriel. La sainte a été remplacée par saint Pierre (Bulletin de la Société Académique d’Architecturede Lyon, numéro 9 Décembre 2004, Denis Mahon, Maria Grazia Bernardini, Silvia Danesi Squarzina, Claudio M. Strinati, Studi di storia dell'arte in onore di Denis Mahon, 2000).
Remise du scapulaire et du rosaire - Eglise Saint-Pierre (Raulhac, Cantal)- archives.cantal.fr
Le Rosaire
Saints |
Jours |
Gilles de Rome |
22 décembre |
Paule de Sainte Thérèse |
7 janvier |
Marie Françoise des Ursins |
22 janvier |
Jourdain de Sainte Catherine |
6 février |
Mathieu d'Agrigente |
21 février |
Réginald d'Orléans |
9 mars |
Gabriel |
24 mars |
Clément d'Osimo |
8 avril |
Georges |
23 avril |
Constitutions |
8 mai |
Translation de St Dominique / Auxilium Christianorum |
24 mai |
Maximin / Médard |
8 juin |
Marie d'Oignies |
23 juin |
Pierre l'Ermite / Elisabeth de Portugal |
8 juillet |
Brigitte |
23 juillet |
Mommole |
8 août |
Rose de Sainte Marie |
23 août |
Mort d'Alain de la Roche |
7 septembre |
Louis Nisochy |
22 septembre |
Notre Dame du Rosaire |
7 octobre |
Jean de Capistran |
23 octobre |
Engelbert de Cologne |
7 novembre |
Dominique auteur du Rosaire / Benoît du Pont |
22 novembre |
Nicolas Fortiguera / Fare |
7 décembre |
L'usage de compter les prières qu'on récite sur de menus objets, enfilés ou non, pierres, osselets ou grains, est universel. On le trouve en Orient comme en Occident; chez les Hindous, les Musulmans, comme chez les Chrétiens. Saint François et sainte Claire comptaient ainsi leurs prières et, puisqu'il s'agissait surtout du Notre Père, on appela « patenôtres » ces enfilades. Le cercueil de saint François d'Assise en contenait une.
Les séries de prières trouvent un précédent dans les écrits de saint Paul où la litanie des remerciements ou de péchés égrainée dans l'épître aux Romains inaugure un procédé répétitif d'occupation des esprits.
Dans l'épître aux romains, Paul s'adresse « à tous les bien-aimés de Dieu qui sont à Rome, aux appelés, aux saints » (romains 1, 7). Il demande à Dieu, leur dit-il, « une occasion favorable de me rendrechez vous, car j'ai un désir ardent de vous voir, pour vous communiquer quelque don spirituel propre à vous affermir, ou plutôt nous réconforter ensemble par la foi quinous est commune à vous et àmoi » (romains 1, 10-12). ici ap-paraît l'amitié de paul, en premier lieu comme une amitié dans la foi commune, qui est exprimée avecdes termes très humains et sublimes.Saint paul fait allusion, dans cette épître, à une commission de fidèles de Macédoine et d'Achaïe quiont recueilli de l'argent pour le distribuer « à ceux des saints de Jérusalem qui sont dans le besoin »(romains 15, 26-27). Au chapitre 16, dernier de cette épître, il y a un long chapelet de salutations et de recommandations concernant le groupe, très cher à paul, de ses collaborateurs, à qui il donne detrès beaux attributs (romains 16,1-16) :« Je vous recommande notre sœur Phœbé, diaconesse de l’Église deCenchrées, accueillez-la dans leSeigneur d'une manière digne des saints, et assistez-la en toute af-faire où elle aurait besoin de vous,car elle est elle-même venue en aide à beaucoup de frères et à moi-même.« Saluez Prisca et Aquilas, mes collaborateurs dans le Christ Jésus,qui ont risqué leur tête pour mesauver ; et je ne suis pas seul à leur devoir de la reconnaissance ; il y aencore toutes les Églises d'originepaïenne. Saluez aussi l’Église qui seréunit chez eux. Saluez mon cher Épépine, prémices de l'Asie au Christ. Saluez Marie, qui s'est donné beaucoup de peine pour vous. Saluez Andronicus et Junias, mes parents et compagnons de captivité, illustres parmi les Apôtres et qui ont été dans le Christ avant moi. Saluez Ampliatus, qui m'est cher dans le Seigneur. Saluez Urbain, notre collaborateurdans le Christ, et mon cher Stachys. Saluez Apelle, qui a fait sespreuves dans le Christ. Saluezceux de la maison d'Aristobule. Saluez mon parent Hérodion. Saluez ceux de la maison de Narcissequi sont dans le Seigneur.« Saluez Tryphène et Tryphose, qui se donnent de la peine dans leSeigneur. Saluez la chère Persis,qui s'est donné beaucoup de peine dans le Seigneur. Saluez Rufus, cet élu dans le Seigneur, et sa mère qui est aussi la mienne. Saluez Asyncrite, Phlégon, Hermès,Patrobas, Hermas et les frères qui sont avec eux. Saluez Philologue et Julie, Nérée et sa sœur, ainsi qu'Olympas et tous les saints qui sont avec eux. Saluez-vous lesuns les autres par un saint baiser.Toutes les Églises du Christ voussaluent. » (Grégorios, patriarche d'Antioche, L’Apostolat des laïcs à l’exemple de Saint Paul).
Phlegon, Hermès, Asyncrite et Hérodion sont fêtés le 8 avril.
Suivant une tradition littéraire de son époque, Paul dénonce dans l'épître aux Romains, comme le Salomon grec, une litanie de fautes toutes plus graves les unes que les autres, y compris les fautes contre nature. Au sein de cette litanie, il insère ces deux qualificatifs: "sans coeur" et "sans pitié" (Rm 1,31) (Présence du Carmel, Numéro 8, 1966).
On attribue à saint Bonaventure un rosaire composé de vingt-cinq Pater, Ave et Gloria Patri, puis de sept Pater, Ave et Requiem aeternam, institué pour la Confrérie des « Recommandés », appelée ensuite du « Gonfalon », qu'aurait fondée le saint Docteur à Rome, en 1264. Grégoire XIII concédait encore des indulgences à ceux qui récitaient ce rosaire, par un bref de 1576. Pour éviter toute confusion avec le rosaire que propageaient les Frères Prêcheurs, Alexandre VII supprima un autre rosaire séraphique en 1664. Les Annonciades récitaient aussi une couronne de dix Ave en l'honneur des dix vertus et des dix joies de la Vierge. Bernardin de Bustis parle d'une couronne de soixante-trois Ave en l'honneur des soixante-trois années que, selon une autre tradition, la Vierge aurait passées sur terre. Mais en tout cela, il n'est pas question des sept allégresses.
La dévotion aux sept allégresses de Marie s'est introduite peu à peu. Le premier témoignage qu'on en possède paraît être celui d'un Cistercien, saint Arnoult de Villers ou de Cornibout (mort en 1228, fêté le 30 juin). Le Pape Clément IV, alors qu'il était évêque du Puy (1257-1260), composa un poème sur ces sept allégresses. A quelle époque la méditation des sept allégresses fut-elle combinée avec la récitation de soixante-douze Ave et sept Pater, pour former la couronne franciscaine ? Nous ne savons, mais ce ne put guère être avant le XVème siècle. On l'attribue en fait à saint Jean de Capistran [fêté le 23 octobre]. Sixte IV y attacha des indulgences en même temps qu'au Rosaire, indulgences confirmées par Pie X en 1906 (Hubert Du Manoir, Maria: études sur la Sainte Vierge, Volume 2, 1949).
Les Rosaires (pluriel) furent d'abord nommés "Paternosters", "Patrenostres" ou "Parenostres" ; puis on les appela "Psautiers" (Psaltiris), et enfin Rosaires. Les gros grains (grans) séparant les décades (denes) ont été appelés "signes" (senyals, ou senhals, formule fréquente dans la Poésie Courtoise), puis "gloires" (glôries). Le terme Rosaire (Rosari) procède du latin Rosarium, "guirlande de roses", "couronne de roses de la Vierge", avec une allusion au couronnement rituel de la "rosière", de même que dans l'allemand "Rosenkranz". Il se compose du terme latin Rosa, et du suffixe -ari, "ensemble, profusion". Notons aussi qu'on catalan, le "Rosaire" est couramment confondu avec le "Rosier" (Roser) et que les deux termes sont permutables : « Le Rosaire est l'oraison dédiée par excellence à la Mère de Dieu, qu'on l'appelle Rosier ou qu'on le nomme Rosaire.
Il désigne enfin un grand "chapelet" composé d'une quinzaine de dizaines d'Ave, précédées chacune d'un Pater, soit 150 Ave Maria et 15 Gloria Patris ou Pater Noster au total.
Le terme "chapelet", d'usage récent - du moins dans ses formes catalanes (cinyell ou gallicismes xipellet, xepellet) - dérive du roman "chapeau", "chapel", d'après une base latine - cappa, « chape », du verbe -capere, "prendre". Toutefois, signalons que, dès le Ve siècle, on attribue à saint Médard [fêté le 8 juin], évêque de Noyon, l'institution dite du "couronnement de la rosière", le "chapel de rose" qui parait la tête de la jeune fille élue.
On distinguait autrefois dans l'iconographie mariale au moins 5 types :
1.La "Vierge de la Rose, ou des Roses" (Verge de ha Rosa), tenant un bouquet dans la main ;
2. La "Vierge de la Roseraie" (del Roserar), qui est figurée dans un jardin clos (dans lequel on peut reconnaître une métaphore du Cantique des Cantiques ;
3. La "Vierge du Rosier" (del Roser), droite et figurée a proximité d'un grand rosier en fleurs ;
4. La "Vierge du Psautier" (Psaltiri), forme "archaïque" de la Vierge qui tend le Rosaire aux saints, et qui apparaît dans un nimbe ovale, figurant les 15 décades et les 15 gloires ;
5. La "Vierge du Rosaire" (del Rosari), sans nimbe, qui est entourée de deux saints (Dominique et Catherine de Sienne).
On attribue ordinairement l'institution du rosaire à saint Dominique. Dom Luc d'Achery et dom Mabillon se sont attachés à prouver que cette pratique est plus ancienne, et qu'elle était en usage l'an 1100. D'autres l'ont attribué à Paul, abbé du mont Phermé en Libye, contemporain de saint Antoine ; d'autres à saint Benoit, quelques-uns au vénérable Bède. On a trouvé dans le tombeau de sainte Gerlude de Nivelles, décédée en 667, et dans celui de saint Norbert mort en 113b, des grains enfilés qui paraissaient être des grains de chapelet. Polydore-Virgile prétend que Pierre l'ermite, pour exciter les peuples à la croisade, sous Urbain II, en 1096, leur enseignait le psautier laïque composé de 150 Ave Maria, comme le psautier ecclésiastique est composé de 150 psaumes, et que c'était l'usage des solitaires de la Palestine (Nicolas-Sylvestre Bergier, Dictionnaire de théologie dogmatique, liturgique, canonique et disciplinaire, Volume 4, 1851).
Marie d'Oignies, fêtée le 23 juin, née à Nivelle en Brabant, sortait d'une famille très-riche. Ses parens l'élevèrent dans les principes de la piété chrétienne, et elle répondit parfaitement à leurs soins. Lorsqu'elle eut atteint l'âge de quatorze ans, on lui fit épouser un jeune seigneur que sa vertu rendait recommandable. Son mari entra dans ses vues et se montra aussi zélé qu'elle pour la pratique des austérités de la pénitence. Ils convinrent l'un et l'autre de se retirer dans le quartier de Nivelle, nommé Villembroke, et de s'y employer au service des lépreux. Le genre de vie qu'ils venaient d'embrasser les exposa aux railleries des prétendus sages du monde; mais l'amour qu'ils avaient pour les humiliations de la croix leur fit mépriser les jugemensdes hommes. Ils méditaient assidûment sur les souffrances de Jésus-Christ., afin d'apprendre de plus en plus à mourir entièrement à eux-mêmes. Marie surtout ne pouvait vaquer à cet exercice sans verser un torrent de larmes, qui,loin de l'affaiblir, étaient pour elle un principe de force et de consolation Elle ne faisait chaque jour qu'un repas léger, et ce repas consistait à manger un morceau de pain noir et fort dur avec quelques herbes. Pendant son travail, elle mettait devant elle un Psautier ouvert, et y jetait les yeux de temps en temps, afin d'entretenir dans son cœur l'esprit de prière. Rien n'était plus tendre que sa dévotion pour la sainte Vierge; elle faisait tous lés ans deux pèlerinages à Notre Dame d'Oignies, qui est environ à une lieue de Nivelle.
Le cardinal de Vitry raconte dans la Vie de la sainte, qu'elle eut souvent dans son oraison des extases et des ravissemens, et qu'on ne pouvait l'entendre parler de Dieu sans se sentir enflammé d'amour, et merveilleusement consolé. « Je sais, dit-il, que certaines gens se moqueront de ce que je rapporte; mais ceux » qui ont reçu de pareilles faveurs me croiront et me comprendront (Alban Butler, Godescard, Vies des pères, martyrs et autres principaux saints, 1843).
Parfois, en guise de prière, Marie d'Oignies saluait la Vierge en s'agenouillant onze cent fois, renouvelant ce geste pendant quarante jours et quarante nuits : d' abord, elle enchaînait six cents génuflexions ; puis, debout, elle lisait tout le Psautier, fléchissant les genoux entre chaque psaume pour réciter l'Ave Maria ; ensuite, elle se frappait avec des verges à chacune des trois cents génuflexions suivantes (Michel Lauwers, La mémoire des ancêtres, le souci des morts: morts, rites, et société au Moyen Age : Diocèse de Liège, XIe-XIIIe siècles, 1997).
Saint Dominique faisait certainement ces génuflexions, mais on n'a pas encore de témoignage prouvant qu'il ait ajouté un « Ave » à chacune d'elles, tandis que Marie d'Oignies avait pris cette habitude quelque temps avant la date que la tradition attribue à sa vision du Rosaire (J.H. Crehan, Théologie mariale en Angleterre, Maria : études sur la sainte Vierge, 1974).
D'après J. A. Coppenstein, de l'ordre des Frères Prêcheurs, le psautier de Marie aurait été dès l'origine adopté par l'Église et ajouté à celui de la Synagogue; d'Orient il aurait passé en Occident, et il aurait été pratiqué par saint Benoît, le vénérable Bède, sainte Marie d'Oignies, saint Bernard et autres saints (Joseph Marie Louis Victor van Baron Caloen, Revue Bénédictine, Volume 6, 1889).
Les béguines semblent avoir reçu le soutien des ordres mendiants qui les connaissaient bien. Leur dévotion à l'eucharistie prouvait à Jacques de Vitry, leur défenseur, leur orthodoxie. C'est une béguine Julienne de Cornillon de Liège qui est à l'initiative de la fête du Saint-Sacrement (Paul Bertrand, Jacques Chiffoteau, Commerce avec dame pauvreté: structures et fonctions des couvents mendiants à Liège (XIIIe-XIVe s.), 2004).
Qu'est-ce que le Rosaire
Le Rosaire renferme deux choses, à savoir : l'oraison mentale et l'oraison vocale.
L'oraison mentale du Saint Rosaire n'est autre chose que la méditation des principaux mystères de la vie, de la mort et de la gloire de Jésus-Christ et de sa très Sainte Mère. L'oraison vocale du Rosaire consiste à dire quinze dizaines d'Ave Maria précédées par un Pater et suivies d'un Gloria, pendant que l'on médite et que l'on contemple les quinze vertus principales que Jésus et Marie ont pratiquées dans les quinze mystères du Saint Rosaire."
"Dans le premier chapelet, qui est de cinq dizaines, on honore et on considère les cinq mystères joyeux" : L'Annonciation, La Visitation, La Nativité, La Présentation de Jésus au Temple, Le Recouvrement de Jésus
"au second chapelet, les cinq mystères douloureux" : L'Agonie, La Flagellation, Le Couronnement d'Epines, Le Portement de Croix, Le Crucifiement
"et au troisième chapelet, les cinq mystères glorieux" : La Résurrection, L'Ascension, La Pentecôte, L'Assomption, Le Couronnement de Marie (www.notredamedesvictoires.com - Chapelet).
On compte une Remise du Rosaire à Saint-Martin de Marcolès, XVIIIème siècle.
Une croix dominicaine est une croix fleur-de-lysée blanche et noire utilisée par l’ordre des Dominicains ou ordre des Prêcheurs. Sur leur blason, elle est entourée de la devise Laudare, benedicere, prædicare (louer, bénir, prêcher) et surmontée de l’étoile à huit branches, symbole de saint Dominique (fr.wikipedia.org - Croix dominicaine, Louis de Mas Latrie, Migne, Dictionnaire de statistique religieuse et de l'art de vérifier les dates, 1851).
Croix dominicaine
Gilles de Rome, né à Rome en 1247 et mort le 22 décembre 1316 à Avignon, est un théologien et philosophe italien, surnommé Docteur très fondé (doctor fundatissimus) et Prince des théologiens (theologorum Princeps). Le couvent de Sainte-Marie du peuple à Rome le reçoit comme novice dans la communauté des ermites de Saint Augustin qui l'envoie à l'Université de Paris comme élève après le noviciat, en 1269, où il suit les leçons de Thomas d'Aquin. Il doit quitter Paris après la comndamnation de l'aristotélisme hétérodoxe par l'évêque de Paris Etienne Tempier. Après s'être en partie rétracté et avec le soputien du pape, il revient à Paris en 1285. où il est nommé maître en théologie. De cette époque datent les commentaires sur le Cantique des Cantiques et l'Épître aux Romains, sur les Sentences de Pierre Lombard, et sur plusieurs ouvrages d'Aristote. Son renom l'aurait fait choisir par Philippe le Hardi pour être le précepteur de son fils aîné, plus tard appelé Philippe le Bel. C'est à sa demande que Gilles de Rome aurait composé Du gouvernement des princes (De Regimine principum), et dans lequel il trace le code détaillé des devoirs d'un souverain. Ce livre a été presque aussitôt traduit en français. Lorsque son disciple nouvellement couronné entre dans Paris en 1285, Gilles de Rome l'harangue au nom des maîtres de l'Université, et lui déclame un discours censé faire pénétrer la morale de l'Église dans le cœur de ce roi. Ce discours a formé un traité, le De Informatione principum. En 1287, à Florence, une assemblée générale des religieux de Saint Augustin dirigés à l'époque par saint Clément d'Osimo (fêté le 8 avril) décrète que sa doctrine sera désormais réputée la saine doctrine, que dans toutes les chaires de l'ordre ses décisions seront admises et soutenues, et que pas un lecteur ne devra s'en écarter. Il est élu prieur de la province de Rome, puis général de l'ordre des Augustins en 1292. Après l'abdication de Célestin V en décembre 1294, Gilles de Rome compose le Liber de renuntiatione papæ, dans lequel il défend le droit du pape Boniface VIII contre ses adversaires. Voulant témoigner sa gratitude au docte théologien, Boniface VIII lui cède l'archevêché de Bourges en 1295, avec l'assentiment de Philippe le Bel. Il quitte alors sa communauté et l'école pour diriger ce diocèse. Jacques de Viterbe lui succède à l'Université de Paris5. Il ne s'en montra pas moins attaché au Saint-Siège dans la querelle du roi et de Boniface VIII : au plus fort de la dispute, Gilles de Rome se rend auprès du Pape et devient un de ses défenseurs les plus énergiques. C'est même à lui qu'on attribue la rédaction de la bulle Unam Sanctam, ainsi qu'un Traité de la puissance ecclésiastique (De ecclesiastica potestate), où il se fait le théoricien d'une forme de théocratie pontificale. Il compose également un traité intitulé Capitula fidei christianæ, à l'usage des missionnaires, et participe au concile de Vienne en 1311, où furent condamnés les Templiers. Il écrit à ce sujet le traité Contra exemptos. Cinq ans plus tard, à la fin de décembre 1316, il rend son âme à Dieu dans l'église d'Avignon, mais, suivant une disposition testamentaire, son corps est porté à Paris pour être inhumé dans l'église des Grands-Augustins (fr.wikipedia.org - Gilles de Rome, Noëlle-Laetitia Perret, Les traductions françaises du De regimine principum de Gilles de Rome, 2011).
Le 7 janvier est fêtée V. Paule de sainte Thérèse, au monastère de sainte Catherine de Naples, qui avait des visions aux jours des mystères du Rosaire.
Le 22 janvier V. Marie Françoise des Ursins, remarquable par sa dévotion au Rosaire.
Le 22 janvier aussi, chez les Frères-Prêcheurs, le bienheureux Laurent Mendez, confesseur, de l'Ordre de Saint-Dominique. Après une jeunesse orageuse, il se convertit et prit l'habit des Frères-Prêcheurs au couvent de Guimaraêos, en Portugal (province de de Minho). Il devint dès lors un autre homme. Sa vie fut un tissu de mortifications et de prières. I1 aimait la solitude ; il en sortait pourtant à propos, afin d'exercer le ministère des Frères-Prêcheurs, dans lequel il fit un grand bien aux âmes. La pureté du cœur qu'il avait reconquise lui mérita la familiarité des anges. Un jour qu'il faisait une mission, un de ces esprits célestes se présenta a lui, portant une chasse d'argent pleine de reliques : « Prenez », lui dit-il, « j'ai apporté ces objets précieux d'une ville qui va être bientôt saccagée par les infidèles ». Le coffret était remplie de "Reliques de la vraye Croix, d'épines de la couronne de nôtre Seigneur, de la sacrée Vierge , des Apôtres , & d'autres Saints les plus honorez dans l'Eglise". Le compagnon du Bienheureux fut témoin de ce prodige. Après sa mort, Dieu opéra tant de miracles à son tombeau, qu'on dressa un autel en son honneur. On dépeint son image avec des rayon et une branche de laurier en main (Jean-Baptiste Feuillet, L'année dominicaine janvier-mars, 1678).
Le 6 février est fêté V. Jourdain de Sainte-Catherine, qui prêcha le Rosaire aux Indes.
Il y alla, n'estant encore que Diacre, fît des prodiges dans ce nouveau monde l'espace de quarante ans qu'il y vêcut. II eut l'intelligence des Langues, & le don de prophétie, découvrant les secrets des cœurs de ceux à qui il parloit ; il avoir une parriculiere dévotion á Sainte Catherine de Sienne, il ne passoit jamais devant son Image, qu'il ne se mît á genoux, & ou l'a veu fouvent en extase devant cette Image. Sainte Catherine le visitoit aussi familièrement, & s'entretenoit avec luy des moyens qu'il dévoie tenir pour la conversion des Indiens ; il receut encore plusieurs visions & faveurs célestes de son Ange Gardien, & particulièrement de la Sainte Vierge, qui le visita dans sa derniere maladie : il fit beaucoup de miracles, & mourut saintement l'an 1592 (B. de Vienne, L'année dominicaine, ou Sentences pour tous les jours de l'année, tirées des... des person. illust., op, 1700).Le 21 février est fêté le bienheureux Matthieu, évêque de Gergenti ou d'Agrigente, qui portait, avant sa promotion à l'épiscopat, le nom de Matthieu de Cimarra. Compagnon de saint Bernardin de Sienne, et, comme lui, religieux franciscain, il en imitait le zèle et en partageait les travaux. Sa dévotion aux saints noms de Jésus et de Marie était remarquable. Ayant établi en Sicile plusieurs couvents de son ordre, il se trouvait en celui d'Agrigente, lorsque l'évêque de cette ville mourut; il fut choisi pour lui succéder. Matthieu, revêtu de la dignité épiscopale, se montra exact observateur de la discipline, et voulut la faire observer par son clergé; il n'en fallut pas davantage pour lui susciter des contradicteurs; ils le dénoncèrent au Pape Eugène IV, qui, après avoir examiné l'affaire avec soin, reconnut la fausseté de l'accusation; mais le serviteur de Dieu prit occasion de cette difficulté pour se décharger d'un fardeau qu'il ne portait qu'à regret. Il donna sa démission de l'évêché d'Agrigente, rentra dans le cloître, et continua de travailler en simple religieux au salut des âmes et à sa propre sanctification, jusqu'à sa bienheureuse mort, qui arriva le 7 février 1451. Sa fête est fixée au 21 du même mois (René François Rohrbacher, Histoire universelle de l'Église catholique, Volume 21, 1846).
A 25 km d'Agrigente, c'est le domaine des princes de Lampedusa. Giuseppe Tomasi, l'auteur du Guépard, y avait sa demeure. La ville fut fondée en 1637 par Carlo Tomasi. On peut aller admirer sa belle cathédrale Santa Maria del Rosario, de style baroque tardif, perchée au sommet d'un grand escalier. On admirera sa belle façade aux clochersjumeaux. A l'intérieur, des toiles de Domenico Provenzani et un orgue magnifique retiendront l'attention. Le palais ducal, appelé « Gattopardo », fut bâti entre 1653 et 1659. C'est là que le diable obligea la religieuse Isabelle Tomasi à écrire la Lettre au diable conservée à Agrigente. C'est également dans cette ville, au monastère des bénédictines cloîtrées du très saint Rosaire fondé en 1657, que l'on confectionne les célèbres gâteaux aux amandes que l'on nomme les « Mandorlati del Gattopardo » (Dominique Auzias, Jean-Paul Labourdette, Collectif, Sicile - Îles Éoliennes 2012-2013, 2012).
Religieuses de la Sainte Vierge du Rosaire.
Il y a en Sicile à Palma dans le Diocèse d'Agrigente un Monastere qui fut bâti dans le fmiéme siécle & fondé par les Ducs de Palma de la noble famille de Tomasi, sous le titre de la Sainte Vierge du Rosaire. Ce Monastere a été établi particulierement afin que ces Religieuses vécussent entièrement éloignées du monde ,& uniquement appliquées à Jesus Christ & à leur interieur. C'est pour cette raison qu'on a édifié une Chapelle, & des Cellules separées & un enclos particulier où il y a toûjours quelques Religieuses qui s'appliquent à la meditation, & où chacune fait tous les ans une retraite. Elles pratiquent dans cette retraite les exercices Spirituels de Saint Ignace de Loïola. Le zéle & laferveur de quelques-unes les ont portées à demander la permission, de vivre entierement dans cette Solitude, ce qui leur fut accordé par leurs Superieurs en 1673. Elles font appelléês Solitaires, & elles gardent un silence perpetuel, il leur est néanmoins permis quelquefois, de s'entretenir de choses spirituelles en de certaines occasions & en de certains tems. Ces Religieuses ont parmi elle une coutume, & une pratique qu'elles appellent le Rosaire de la penitence. Celle qui est destinée à cet exercice demeure en penitence pendant cent cinquante jours, & pendant tout ce tems elle quitte son Voile noir, & porte sur sa téte une Couronne d'épine, elle est tous les jours mortifiée publiquement parla Superieure, elle est emploiée à des exercices bas & laborieux, & elle est privée des Sacremens jusqu'à ce que son Directeur ne lui accorde d'en approcher. Elles ont des habits noirs semblables à ceux des autres Benedictines, & ce qui les distingue c'est une image de la Conception,qu'elles portent devant la poitrine, qui est entourrée d'un Rosaire & des instrumens de la passion de Notre Seigneur (Histoire du clergé séculier et régulier, des congrégations de chanoines et de clercs, et des ordres religieux de l'un et de l'autre sexe, qui ont été établis jusques à présent, Volume 4, 1716).
Les roses de la Saint-Georges (23 avril) renvoient également à un thème traditionnel, voire même archaïque, car «un rosier de roses rouges serait né du sang qui coula de ses blessures [...] et le jour de la sant Jordi, on célèbre une fête de la rose et les hommes en offrent une à la femme qu'ils aiment». Au Palais gothique de la Députation de Barcelone, la Foire des roses (Fira de roses) est connue depuis les XVIIe-XVIIIe siècles et appelée la «Foire des amoureux» (Fira dels enamorats) (Moïse Engelson, Cahiers internationaux de symbolisme, Numéros 1 à 88, 2011).
Le 9 mars, c'est la fête dans l'ordre des dominicains de Reginald, qui reçut le scapulaire des mains de la sainte Vierge.
Réginald était non seulement un éminent théologien, mais un remarquable prédicateur qui, à Bologne, enthousiasmait ses auditeurs. Jourdain en parle comme d'un " nouvel Élie " et dit qu'il " mettait tout Bologne en effervescence " (jedo-dla.centerblog.net).
Le 24 mars, Gabriel est fêté la veille de l'Annonciation qui est le premier mystère du Rosaire.
Le 8 Mai es la fête de Notre-Dame, Patronne de l’Ordre des Prêcheurs. Dans le précédent calendrier de l’Ordre, on célébrait le patronage de la Vierge sur l’Ordre des Prêcheurs le 22 décembre, anniversaire de la confirmation de l’Ordre par le Pape Honorius III (22 décembre 1216). Afin de ne pas interrompre la préparation à Noël, la célébration du patronage de la Vierge aété transférée au mois de mai qui est traditionnellement consacré à Marie. le 8 mai 1534, Clément VII, par la constitution Etsi temporalium, confirme les décrets de Sixte IV et de Léon X. Le lendemain de la mort d'Alain de La Roche, le 8 septembre 1475, est fondée à Cologne la première confrérie intitulée "confrérie du rosaire". Peu de temps après cette création, Sixte IV, par sa constitution Ea quœ fidelium, du 8 mai 1479 , cédant aux représentations du due et de la duchesse de Bretagne, accorde 5 ans et 5 quarantaines d'indulgence à ceux qui réciteroient pieusement le saint rosaire, qu'il appelle le psautier de la Sainte Vierge, sans allusion aux confréries. Clément VII augmenta ces faveurs, par une constitution du 8 mai 1534, et permit aux confrères de diviser le rosaire en trois parties, de chacune 5 dizaines, comme l'avoit déjà permis Sixte IV, confirma les 5 ans et 5 quarantaines accordés par ce Pontife à chacune de ces trois parties, et y ajouta deux ans de plus au psautier entier de la Sainte Vierge ainsi récité (Jean-Baptiste Bouvier, Traité dogmatique et pratique des indulgences, des confréries et du Jubilé, 1829, Marie-Hélène Froeschlé-Chopard, Dieu pour tous et Dieu pour soi: Histoire des confréries et de leurs images à l'époque moderne, 2006).
Le 24 mai la sainte Vierge est fêtée sous le nom d'Auxilium Christianorum, nom donné à la sainte Vierge par saint Pie V, après la bataille de Lépante (www.nostradamus-centuries.com - Quatrain I, 19 : la Bataille de Lépante).
Le 8 juin est la fête de saint Maximin, le Maximin apôtre de la Provence. En 1279, Charles II d’Anjou, roi de Sicile et comte de Provence, réalise les fouilles qui aboutissent à la découverte à Saint-Maximin des reliques de Marie-Madeleine. Le 21 juin 1295, avec l’appui du pape Boniface VIII, Charles II installe les dominicains à Saint-Maximin et à la Sainte Baume (www.sainte-baume.org - Histoire du lieu).
On dit que le corps de St. Maximin a été transporté de la ville d'Aix à celle qui porte son nom dans le même Diocèse, & qu'il s'y conserve toujours dans l'Eglise des Dominicains.
Le 8 juillet est la date de la mort de Pierre l'Ermite. Il naquit à Amiens en 1048, selon les uns , et en 1053 , selon les autres. Son père s'appelait Regnault l'Hermite. Issu d'une noble et ancienne maison d'Auvergne, ses parens lui donnèrent une éducation conforme à sa naissance. Au bout de quelques années d'étude dans l'abbaye du Mont-SaintQuentin, il prit le parti des armes , jusqu'à ce qu'il eut atteint l'âge nécessaire pour se fixer; alors il quitta cette profession pour épouser Beatrix de Roussi de la famille de ce nom. Il en eut un fils, nommé comme lui Pierre l'Hermite et une fille , nommée Alix. Ayant perdu son épouse, au bout de trois ans , il prit la résolution d'embrasser la vie religieuse dans le monastère de Saint-Rigaut, de l'ordre de Saint-Benoît , diocèse de Maçon, et parvint par degrés à la prêtrise. A peine fut-il revêtu de la dignité du sacerdoce, qu'il la quitta pour la vie de pélerin. Il fit un voyage dans la Terre-Sainte , vers l'an 1093. Touche de l'état déplorable où étaient réduits les Chrétiens, il eu parla à sou retour d'une manière si vive au pape Urbain II, et en fit des tableaux si touchans , que ce pape l'envoya de province en province exciter les princes à délivrer les Fidèles de l'oppression. Pierre paraissait peu propre , au premier abord , à conduire une telle négociation. C'était un petit homme; il portait une longue barbe et un habit grossier; mais sous cet extérieur humble, il cachait un cœur de feu , de l'éloquence , de l'enthousiasme , enfin tout ce qu'il faut pour persuader la multitude. Il eut bientôt à sa suite une foule innombrable de peuple. Godefroy de Bouillon, chef de la partie la plus brillante de la croisade, lui confia l'autre. L'Hermite guerrier se mit à leur tête, vêtu d'une longue tunique de grosse laine, sans ceinture , les pieds nuds , avec un grand froc et un petit manteau d'hermite. Il divisa son armee en deux parties ; il donna la première à Gautier, pauvre gentillwmme de ses amis et conduisit l'autre. Ce solitaire conduisait quarante mille hommes d'infanterie et une nombreuse cavalerie. Ses soldats , en traversant la Hongrie , exercèreut toutes sortes de brigandages. Il ne pouvait plus les contenir , peut-être parce qu'ils ne le consideraient plus ni comme général , ni comme prêtre , depuis qu'il avait voulu être l'un et l'autre. Cette multitude indisciplinée fut défaite par Soliman près de Nicée, et de cette foule innombrable qui avait suivi l'Hermite picard , il ne resta que trois mille hommes qui se réfugièrent à Constantinople. Pierre avait réussi avec le bourdon; il échoua avec l'épée. En 1097, quelques-uns des principaux chefs des Chrétiens, ennuyés des longues fatigues du siége d'Antioche, résolurent de se retirer : Pierre voulut les imiter; mais Tancrède le fit revenir, et lui fit faire serment de n'abandonner jamais une entreprise dont il était le premier auteur. Il signala depuis son zèle pour la conquête de la TerreSainte, et fit des merveilles au siége de Jérusalem, l'an 1099. Après la prise de celte ville, le nouveau patriarche le fit son vicairegénéral en son absence, pendant qu'il accompagna Gaudefroy de Bouillon qui allait au devant du Soudan d'Egypte, pour lui livrer bataille auprès d'Ascaton. Pierre l'Hermite mourut le 8 juillet 1 115 , à Huy où il avait bâti une église et un monastère. Il est certain qu'on l'enterra dans cette église et non à Constantinople dans l'église des Martyrs (Biographie des hommes célèbres, des savants, des artistes et des littérateurs du département de la Sommen, 1835).
L'auteur du XVIIème siècle Tristan l'Hermite, né à Janaillat, le revendiquait de sa famille.
Brigitte, née en Suède d'illustres et pieux parents, eut une vie très sainte. Comme sa mère la portait encore, elle fut à cause de son enfant sauvée d'un naufrage. Brigitte était dans sa dixième année, lorsqu'ayant entendu prêcher sur la passion du Seigneur, elle vit, la nuit suivante, Jésus en croix, couvert d'un sang fraîchement répandu, et qui s'entretenait avec elle de cette même passion. Depuis lors, la méditation des souffrances du Sauveur l'affectait tellement, qu'elle n'y pouvait penser sans verser des larmes. Mariée à Ulf prince de Néricie, elle l'amena à imiter la piété de sa vie par ses exemples et la persuasion de ses discours. Elle mit tout son cœur à élever ses enfants, tout son zèle à secourir les pauvres et surtout les malades, qu'elle servait dansune maison destinée à cette fin, ayant coutume de laver et "de baiser leurs pieds. Gomme elle revenait avec son mari de Compostelle, où ils avaient visité le tombeau de l'Apôtre saint Jacques, Ulf tomba gravement malade à Arras ; saint Denys apparut alors une nuit a Brigitte, lui prédit le retour en santé du malade et d'autres événements à venir. Ulf, s'étant fait moine sous la règle de Cîteaux, mourut peu après, et Brigitte entendit en songe le Christ qui lui demandait d'embrasser un genre de vie plus austère. Sa fidélité fut récompensée d'en haut par de nombreuses révélations. Elle fonda le monastère de Vadstena, sous la règle du saint Sauveur que le Seigneur lui-même lui avait dictée. Elle vint à Rome par l'ordre de Dieu, et y embrasa beaucoup de monde des ardeurs de l'amour divin. Elle fit aussi le pèlerinage de Jérusalem ; et ce fut dans son voyage de retour à Rome que la fièvre la saisit. Après avoir supporté durant un an des souffrances aiguës, elle passa au ciel comblée de mérites, au jour qu'elle avait prédit. Son corps fut porté au monastère de Vadstena ; ses miracles déterminèrent Boniface IX à la mettre au nombre des Saints. En prélude au récit liturgique de l'Eglise, rappelons que Brigitte s'envola vers la vraie patrie le 23 juillet 1373 ; le VIII octobre est l'anniversaire du jour où pour la première fois, au lendemain de la canonisation, la Messe de sainte Brigitte fut célébrée par Boniface IX (www.abbaye-saint-benoit.ch).
Le 23 juillet aussi, Thomas Lemos, le célèbre défenseur de la doctrine de saint Thomas sur la grâce, dut sa science à N.-D. du Rosaire.
Le 8 août est la fête actuelle, depuis 1969, de saint Dominique le promoteur du Rosaire, fondateur de l'ordre des Dominicains.
Mais c'est plutôt celle de Mommole, fervent adorateur de la sainte Vierge. Né à Cléry, célèbre par la découverte d'une statue de la Vierge, et que Louis XI gratifia d'une basilique, Mommole eut l'inspiration de faire venir le corps de saint Benoît et de sa soeur sainte Scholastique à Fleury qui devint par cette occasion l'abbaye Saint-Benoît (sur-Loire). Par une vision, Mommole indiqua le lieu de de conservation des reliques : la basilique Sainte-marie qui se trouvait à côté de l'église Saint-Pierre. Les armoiries de l'abbaye de Fleury-Saint-Benoît sont : d'azur à la croix d'or chargée de cinq roses de gueules et cantonnée, en chef de deux fleurs de lys d'or, en pointe de deux crosses abbatiales de même. Les roses de gueules rappellent le nom de Fleury. Ce nom de « Fleury » est fréquent dans la région de la Loire (Jacques Napoléon Michel Rocher, Histoire de l'abbaye royale de Saint-Benoît-sur-Loire, 1865).
Indépendamment des reliques des saints renfermées dans des châsses d'une grande richesse, le trésor de l'église abbatiale de Saint-Benoit contenait des vases sacrés et des ornements d'un prix considérable. La révolution de 1793 l'en a dépouillé. II n'est resté de tous ces objets précieux que quelques débris de châsses échappés aux regards avides des spoliateurs. Cependant un petit reliquaire extrêmement curieux a été conservé intact parmi les objets, sans valeur apparente, jetés au rebut. C'est le reliquaire de Saint-Mommole, enfoui, depuis le XIIe jusqu'au XVIe siècle, dans la base de l'autel de Saint-Benoit. Il fait actuellement partie du trésor de l'église, ainsi qu'un chapelet précieux, don de Madame de Maintenon à un religieux bénédictin. Le reliquaire de Saint-Mommole est un morceau de bois creux recouvert d'une mince plaque de cuivre. Sa forme est celle d'un édicule très-simple, long de 13 centimètres et haut de 11 centimètres. Son épaisseur est de 5 centimètres. La plaque de cuivre qui le recouvre est ornée de figures grotesques et d'étoiles tracées en lignes grossièrement repoussées, représentant les douze apôtres, six de chaque côté, et aux deux extrémités Notre-Seigneur et la très-sainte Vierge. Les douze apôtres sont représentés sur les versants du toit, qui égale en hauteur la moitié de l'édicule. Dix étoiles entourées d'un cercle occupent un côté du reliquaire; sur l'autre côté on lit ces mots: Mummolus ab. me fieri jussit in honorera B. Mariœ et S. Petri (Jacques Napoléon Michel Rocher, Histoire de l'abbaye royale de Saint-Benoît-sur-Loire, 1865).
Le 23 août est fêtée dans l'ordre des Frères Prêcheurs Rose de Lima sousle nom de Rose de Sainte Marie.
Le 7 septembre est la date de la mort d'Alain de La Roche (Moreana, Numéros 133 à 136, 1998, Hatto Küffner, Walter Schulten, 500 Jahre Rosenkranz, 1475 Köln 1975: Erzbischöfliches Diözesan-Museum Köln, 25. Oktober 1975-15. Januar 1976).
Très attaché à la dévotion mariale, il enseigne dans diverses écoles dominicaines flamandes et fonde des confréries du Rosaire et développe la dévotion du chapelet. Il meurt à Zwolle en Hollande en 1475. La Vierge Marie lui serait apparue en 1473. Il passe alors les dernières années de sa vie à parcourir la France, la Flandre et la Saxe pour développer le culte du Rosaire (r.wikipedia.org - Alain de La Roche).
C'est à Cologne, sous l'impulsion de Jacques Spengler, supérieur de la province allemande, auteur du Malleus maleficarum ou « Marteau des sorcières », que fut érigée, en la fête de la Nativité, le 8 septembre 1475, une confrérie du Rosaire sur le modèle de celle qu'Alain avait instituée.
Le 22 septembre est fêté Sylvain de Levroux (qui serait le Zachée des Evangiles) à côté de Pellevoisin où Estelle Faguette reçut le Scapulaire du Sacré-Coeur.
La force d'esprit de Jésus paroit beaucoup en la personne du B. Louys Nisochy Martyr du Tiers Ordre de S. Dominique qui le fête le 22 septembre, le tiran luy fit venir ses 4. petits enfans, qu'il exposa aux yeux de ce pauvre père, en luy declarant que s'il n'adoroit les Idoles, il les alloit jetter dans le feu, pour estre brûlez tous vifs ; il ayma mieux voir ses enfans sacrifiez à lesus Christ dans les flames, que de les voir en vie Idolâtres (Jean-Vincent Bernard, Le Triple Rosaire augmenté, 1676).
La principale solennité du Rosaire se célèbre le 1er dimanche du mois d'octobre; celte fête est due à la piété de Pie V, qui ordonna qu'on la célébrerait le 7 octobre, en action de grâces de la fameuse victoire que les chrétiens remportèrent sur les Turcs à Lépante le 7 octobre 1571, et qui Tut attribuée à la dévotion duRorai're,que les fidèles récitaient avec ferveur pendant la bataille. Gréoire XIII fixa cette solennité au 1er dimanche 'oc tobre. Divers autres souverains Pontifes ont confirmé la confrérie du Rosaire et l'ont favorisée d'un grand nombre d'indulgences (Jean-Baptiste Glaire, Dictionnaire universel des sciences ecclésiastiques, 1868).
Le 7 novembre est fêté Englebert de Cologne, ville où fut fondée la première confrérie dite du Rosaire.
Dans sa Vie d'Engelbert, consacrée tout entière à à valoriser le personnage de l'archevêque de Cologne, désigné par Frédéric II pour être régent du royaume en 1220 et mort assassiné le 7 novembre 1225, Césaire d'Heisterbach rapporte un autre événement relié aux prophéties d' Hildegarde, mais qui met cette fois en cause les Franciscains et les Dominicains, ce qui prouve que tout le monde ne distinguait pas alors les nouveaux ordres mendiants et les hérétiques ! Il montre en effet comment les prêtres de Cologne se rendirent auprès d'Engelbert de Berg pour se plaindre de l'arrivée dans leur ville des Dominicains (dès 1220) et des disciples de saint François (en 1222). Ils expriment alors leurs craintes que les Mineurs ne soient justement ces faux prophètes contre lesquels Hildegarde avait mis en garde. A l'époque elle s'en prenait aux Cathares, le clergé de Cologne voit désormais dans les Mineurs le danger hérétique dénoncé en son temps par l'abbesse. Intéressant renversement de situation, lorsque l'on songe que saint Dominique avait justement créé son ordre pour lutter contre les Cathares ! C'est une nouvelle preuve du fait que les ordres mendiants n'ont pas été très bien perçus par l'Eglise. Leur ascétisme, leur pauvreté quasi ostentatoire, les rapprochaient des mouvements apostoliques tout en rappelant certaines attitudes des hérétiques. Y avait-il vraiment à l'origine une distance importante entre les Vaudois condamnés par la Papauté et le mouvement franciscain qui bénéficia de l'appui - et de la tutelle - des souverains pontifes ? Quoi qu'il en soit, Engelbert apaisa les clercs inquiets en soulignant que, si effectivement Hildegarde avait prophétisé leur venue, il n'y avait rien à faire, toute prophétie devant s'accomplir ! Sagesse d'un prélat accoutumé aux rudes combats politique (Sylvain Gouguenheim, La Sibylle du Rhin: Hildegarde de Bingen, abbesse et prophétesse rhénane, 1996).
Le 22 novembre 1593, Grégoire XIV proclame saint Dominique auteur de la dévotion du Rosaire (Marcelin Chéry, Histoire générale du Rosaire et de sa confrérie, 1869).
Le 22 novembre est la fête de sainte Cécile de Rome (+ entre 176 et 223), vierge, mariée de force ; elle apparaît à Réginald d'Orléans à Bologne pendant la vision de la remise du scapulaire.
Le 7 décembre, Nicolas Fortiguera, +1270, né à Sienne de parents illustres, étudiant à Bologne quand saint Dominique y était : il vend ses biens, les donne aux pauvres et entre dans l’Ordre. Il s’applique de toutes ses forces à la conversion des pécheurs et en ramène beaucoup à Dieu. Il fonde des couvents en Italie, Grèce, Terre sainte. Il se trouvait en Corse quand il apprit que le pape voulait le nommer évêque dans cette île. Il se cache dans une grotte mais une apparition de son patron st Nicolas l’encourage à accepter. Homme de prière, austérités rudes, extrêmement bon envers les pauvres. Miracles. Il prédit sa mort en prêchant, fait creuser sa fosse, reçoit les sacrements et meurt à la fin de la messe dite en sa présence.
Le chapelet secret étoit un petit écrit de trois ou quatre pages, contenant des pensées affectueuses sur le mystère de l'eucharistie, ou, pour mieux dire, c'étoient comme des élans d'une ame toute pénétrée de l'amour de Dieu dans la contemplation de sa charité infinie pour les hommes dans ce mystère. La mère Agnès, de qui étoient ces pensées, n'avoit guère songé à les rendre publiques; elle en avoit simplement rendu compte au père de Gondren son confesseur, depuis général de l'Oratoire, qui, pour sa propre édification, lui avoit ordonné de les mettre par écrit. Il en tomba une copie entre les mains d'une sainte carmélite, nommée la mère Marie de Jésus; cette mère étant morte un mois après, on fit courir sous son nom cet écrit qui avoit été trouvé sur elle, mais on sut bientôt qu'il e'toit de la mère Agnès. L'évêque de Langres le trouva merveilleux, et en parla avec de grands sentiments d'admiration. L'archevêque de Sens, qui en avoit été fort touché d'abord, commença tout à coup à s'en dégoûter; il le donna même à examiner à M. Duval, supérieur des carmélites, et à quelques autres docteurs, à qui on ne dit point qui l'avoit composé. Ces docteurs jugeant à la rigueur de certaines expressions abstraites et relevées, telles que sont à peu près celles des mystiques, le condamnèrent; d'autres docteurs, consultés par l'évêque de Langres, l'approuvèrent au contraire avec éloge : tellement que les esprits venant à s'échauffer, et chacun écrivant pour soutenir son avis, la chose fut portée à Rome. Le pape ne trouva dans l'écrit aucune proposition digne de censure; mais, pour le bien de la paix, et parce que ces matières n'étoient pas de la portée de tout le monde, il jugea à propos de le supprimer, et il le fut en effet (M. Petitot, Oeuvres de Jean Racine, Volume 4, 1813).
En 1632, l'abbesse de Faremoutiers, abbaye fondée par sainte Fare (fêtée le 7 décembre) le distribuera à sa communauté, en guise d'étrennes. Le 14 juillet suivant, elle écrira à Mme de Longueville de commander des médailles de Sainte Fare, d'un modèle tout conforme à celles de Port-Royal, portant à l'avers un calice surmonté de l'hostie et soutenu par deux anges; autour se lit la devise adoptée par la Compagnie : Loué soit le très Saint-Sacremant (sic) (Gabriel Le Bras, Sainte Fare et Faremoutiers: treize siècles de vie monastique. Abbaye de Faremoutiers (S.-et-M.), 1956, fr.wikipedia.org - Abbaye de Faremoutiers).
A suivre...
Au couvent Notre Dame de l'Agenouillade que le duc de Montmorency fit construire entre 1583 et 1584 dans le quartier du Grau-d'Agde, les pèlerins avaient pris l'habitude de réciter une dizaine de chapelet, en passant d'une chapelle à l'autre. Ils récitaient le Rosaire, tout en faisant le Chemin de Croix. Peut-être même en arriva-t-on à ne réciter la dizaine qu'une fois rendu à la station, et par suite à confondre, à substituer ou superposer aux stations l'indication du mystère.