Partie IX - Synthèse   Chapitre LVIII - Autour de Rennes   Couronnement de Marie Madeleine et calendrier kabbalistico-alchimique   

En pousuivant la route sur la Croix d' Huriel au-delà de La Cassaigne dans le prolongement du montant vertical de cette croix, nous rencontrons divers villages. Nous nous arrêterons à Belcaire, dans le département de l'Aude comme Rennes-le-Château, qui est l'intersection de la ligne gnostique et de la Croix d'Huriel.

On ne connaît pas exactement la date de sa construction de l'église de Belcaire, on parle du XVème siècle mais au Vatican on retrouve une trace d’une église à Belcaire vers 1347, mais ce n’est peut-être pas la même. Elle est dédiée à Saint Côme et Saint Damien qui étaient des frères Jumeaux nés en Arabie qui soignaient gratuitement la population. Le clocher, tour carrée couronnée de créneaux dont l'architecte est Charles Émile Saulnier (1828-1900), qui a restauré Notre-Dame de Marceille - lieu lié au mystère de Rennes-le-Château - (elec.enc.sorbonne.fr/architectes - Saulnier), date de 1884. A l’intérieur on y trouve un Retable baroque en bois polychrome et doré sur le fond du Chœur, qui est daté de la fin du règne de Louis XIV, tout comme le Tabernacle et ils furent réalisés à Limoux. On peut y voir : en bas, le Peuple des Croyants ; en haut, Dieu le Père ; au milieu, les intercesseurs ; au centre le Christ ; à droite et à gauche les Saints Patrons. Les Statues des Saints Patrons furent léguées à la Paroisse en 1674. Il existe des chapelles dans l'église : de la Vierge, saint Blaise (auxiliateur aussi le 8 août), saint Michel et saint Roch (auxiliateur aussi le 8 août) ; mais aussi sur le territoire de la commune : l'une dédiée à Saint Eutrope, fêté le 30 avril (Fontaine de l'Oum), l'autre à Sainte Anne (Ribal, prés du pont) ; la troisième à NS en Croix (Croix de Fer) (www.aude.catholique.fr - Belcaire, www.paysdesault.com - Belcaire).

On trouve sur une clef de voûte de la chapelle ddu château de Puivert, à côté de Belcaire, le couronnement de la vierge (www.belcaire-pyrenees.com - Puivert).

Entre La Cassaigne et Belcaire, se trouve Bélesta, village où les industries du peigne en corne et du jais étaient florissantes. Il y vait plusieurs moulins à jais dans les communes de Peyrat, de Bélesta et de Laroque. Dans ces deux dernières communes, on les convertit en moulins à farine ou à huile à cause du peu de cours que le jais avait au XIXème siècle.

Avec la grotte de Cauna, Bélesta d'Ariège, au pied de Montségur, est un site magdalénien, puis néolithique. Un premier château, avant la guerre des Albigeois, appartenait à la famille de Bellissen. Bélesta relevait du fief de Mirepoix qui dépendit des comtes de Carcassonne, puis des comtes de Foix avant de passer dans le domaine royal par le traité de Paris (1229) qui le donne à Guy de Lévis.

La chapelle Notre Dame du Val d'Amour, construite au XIVème siècle sous la dénomination de « Ecclesia beatate Mariae Vallis Amoris cum cemeterio justa caput ipsius ecclesiae » , devint un lieu de pèlerinage très fréquenté. La source guérisseuse, incluse actuellement dans la chapelle existait déjà vers la fin du XVème siècle, où se désaltéraient bergers et cultivateurs. Un berger y aurait lavé ses jambes couvertes d’ulcères, sur les recommandations de Marie, et aurait été guéri. La légende dit que la chapelle fut construite par une princesse dont la fille aveugle a été guérie par l’eau de la source qui se trouve dans la crypte, sous le maître autel (vivrevouivre.over-blog.com - Val d'Amour, www.histariege.com - Belesta).

Avant Bélesta se trouve Camon.

La particularité de Camon, est d'avoir aujourd'hui plus de 200 rosiers grimpants sur les façades. Camon possède un passé viticole et les rosiers en sont un héritage. La vigne fut cultivée à Camon à partir du Xème siècle et jusqu'au début du XXème siècle.

Le village de Camon est situé à l'extrème Est du département de l'Ariège, dans le méandre formé par la rivière Hers. Le nom du village vient du Gallo Romain 'cambo dunum' qui signifie la forteresse du méandre. Dès 778, Charlemagne à son retour d'Espagne, aurait ordonné la construction d'un monastère et d'une modeste église. De façon certaine, on peut affirmer que l'abbaye existait au Xème siècle (le premier acte inventorié date de 923, suivant la règle de Saint Benoît). En 943, l'abbaye sera soumise à l'abbaye de Lagrasse, dans l'Aude.

Le 18 juin 1279, Camon comme tous les villages de la vallée de l’Hers fut détruit par l’inondation catastrophique provoquée par la rupture du barrage naturel qui retenait le lac de Puivert. Reconstruit entre 1280 et 1316 à l’image des forteresses royales françaises, la régularité ne fut rétablie pour 12 religieux qu’en 1317 (www.camon09.org - Histoire).

Les ornementations de feuillages sont peintes sur la voûte. La scène mythologique représente les fables d'Ésope : Minerve avec les attributs des arts, Junon et son cygne et Diane avec ses chiens. Elle est au registre inférieur du mur et les faunes et faunesses sont représentés au-dessus de la porte. état oeuvre restaurée

Des peintures ont été réalisées au début du XVIe siècle dans l’estude de Philippe de Lévis : plafond à rinceaux (symboles du monde végétal) dont, avec le temps, le pigment bleu a sans doute viré au noir ; au centre du plafond, l’orbe aujourd’hui borgne, comportait peut-être un blason ; sur l’un des murs, reconnaissable à son casque, la figure mythologique de Minerve, seule survivante d’un ensemble de 4 figures, Diane, Junon, Vénus ?, aujourd’hui largement ou complètement effacées. Munie d’un casque et d’une lance, Minerve tient dans sa main gauche un bouclier orné d’une tête de Méduse. A ses pieds, divers attributs de type symbolique rappellent que, déesse des arbres, puis déesse des techniques de la guerre, elle est encore déesse des arts (belcikowski.org - Camon).

Dans l'église : Visitation, Annonciation, Assomption, saint Arsène, saint Pierre Célestin (le pape Célestin V), saint Antoine de Padoue et saint Pie V (fêté le 30 avril).

Camon - Antoine de Padoue (classé sous le titre Saint François d'Assise) - culture.gouv.fr - mistral

Camon - à gauche Arsène et à droite Pierre Célestin - culture.gouv.fr - mistral

En continuant, on rencontre Caudeval.

Avant la construction du château, le site était une terre des Comtes de Foix, appelée en 1132, "Vallée de Vendras", aux Xe et XIe siècles, nom gallo-romain formé sur "Venerius" plus suffixe "anum". Des décors de l'époque romaine ont été trouvés sur le site du château, en particulier deux fûts de colonne de 7 m de hauteur chacune. Au XIe siècle une tour existait à l'angle nord-ouest du château ; les fondations de cette tour ont été retrouvées et dégagées en 1988. Les comtes de Foix, menant une politique d'expansion vers le bassin méditerranéen, avaient étendu leur autorité jusqu'au col de Peyrefite, à l'est de Caudeval.

Des pièces d’archives citent en 1504 un Jean d’Aulon, petit-fils du compagnon de Jeanne d'Arc, comme seigneur de Caudeval et de Mézerville. Le 23 juin 1517, ce Jean d’Aulon est condamné à avoir la tête tranchée, ses biens confisqués sauf un tiers à ses enfants légitimes ! (www.chateau-de-mezerville.org - Histoire du château, fr.wikipedia.org - Caudeval).

Vendras, tirant son nom de Vénus comme Port-Vendres, et la colombe de Sainte-Colombe sur l'Hers, attribut de la déesse, indique que la région était consacrée à la déesse de l'amour d'autant que la chapelle Notre dame du Val d'Amour à Bélesta semble insister sur le fait. Vénus, mère d'Enée.

Marie Madeleine, Vénus et l'alchimie

Une association fort ancienne est établie entre Marie Madeleine et les déesses de la fertilité.

Le hameau de la Magdeleine est situé dans la commune de Penne, sur la rive droite de l'Aveyron à 4 km. de Bruniquel (T.-et-G.) et à 3 km. de Penne (Tarn). Ce lieu est habité de temps immémorial; sous le nom de Sainte-Marie-Magdeleine des Albis il constitua l'un des premiers dons concédés aux Chevaliers du Temple.

La grotte ouvre ses entrées, très visibles, à 150 m. vers l'amont; elle est peu profonde, mais présente quatre galeries superposées, qui marquent l'enfoncement du ruisseau souterrain. Vers 1900, Trutat, conservateur du Musée de Toulouse, fouille les deux entrées supérieures et le trou adjacent de « la Montre » qui seuls peuvent nous intéresser. Malheureusement, rien n'a été publié, et je n'ai pas pu retrouver les pièces au Musée de Toulouse. En 1950-51 Mme et M. Jo. Herment reprennent les déblais, pas d'os travaillé, mais des silex assez nombreux indiquent le Magdalénien, sans pouvoir préciser davantage.

Ce n'est que le 6 juillet 1952 que devait avoir lieu la découverte principale. Invité par le Capitaine Vespérini, propriétaire de la grotte, M. Bessac, membre de la S. P. F., résidant, ordinairement en A. O. F., expliquait à M. Soulié, l'art rupestre Africain devant l'entrée du 2e étage, quand il reconnut un animal gravé en léger relief sur le dur calcaire bajocien. Une exploration méthodique faisait découvrir, en plus de ce premier équidé, un bison et les deux Vénus. M. Bessac prenait des croquis et me les montrait le lendemain. Très surpris par le style plein de mouvement et par les hanches étroites de ces Vénus j'avertissais M. L. Méroc et quelque temps après nous étions tous sur place pour un examen sérieux. Celui-ci ne laissait guère de doute, mais devant le puissant intérêt d'une telle découverte nous avons tous été d'accord pour solliciter la visite du plus grand spécialiste de ces questions. Notre Maître l'Abbé H. Breuil a bien voulu prolonger un voyage déjà pénible et sacrifier quelques journées à notre région. Soit dit en passant, nous l'en remercions vivement. Ses conclusions furent formelles et je ne peux que renvoyer à la communication qu'il a fait en décembre 1952 à l'Académie des Sciences (B. Bétirac, Les Vénus de la Magdeleine, Bulletin de la Société préhistorique de France, 1954 - www.persee.fr).

L'Apocalypse décrit la Grande Prostituée de Babylone, assise sur les Grandes Eaux, et tenant dans la main la coupe des abominations, qui est sans doute une coupe de vin, car cette femme a énivré les habitants de la terre du vin et de ses impudicités. Nous avons là une figure qui ressemble à celle de Marie-Madeleine ; une prostituée porteuse de vase (ou de coupe). Le fait qu'elle soit assise sur les "Grandes Eaux" nous guidera pour son identification. Il nous faut nous souvenir en effet du symbolisme astrologique, partout présent, y compris chez les juifs et les païens. Or les "Grandes Eaux" renvoient très vraisemblablement au signe des Poissons, dont le maître astrologique est Vénus. Cette femme, portant la coupe des abominations, serait donc Vénus, ou plutôt l'Astarté de la Bible. Or cette dernière a deux visages, celui de la Prostituée mais aussi celui de la Vierge. [...] Le symbolisme astrologique confirme cette dualité. A 180° des Poissons se trouve en effet le signe opposé de la Vierge. ce sont les deux visage de la Sophia.

Entre la figure d'Astarté et celle de Marie-Madeleine-Marie de Béthanie, l'homologie n'est guère douteuse. Astarté est déesse de l'amour et on pratique en son honneur la prostitution sacrée. Le Moyen Âge appellera Marie-Madeleine : "la très sainte demoiselle pécheresse" et "la bien-heureuse amante du Christ". Toutes deux portent soit une coupe (comme la Prostituée de l'Apocalypse) soit un vase (selon saint Luc) soit un flacon de parfum ou d'onguent (selon Mathieu et Marc). Les femmes sacrifient leurs cheveux à Astarté, Madeleine porte les siens longs et dénoués. Mais toutes deux présentent un visage virginal. Prostituée sacrée, Astarté introduit le myste au mystère divin et le restitue à l'état primordial. Selon le symbolisme astrologique du signe des Poissons dont elle est la maîtresse, Vénus est, on l'a dit, aussi la Vierge (à 180° du signe), porteuse de l'épi initiatique.

Dans la gnose de Basilide, Marie-Madeleine symbolise la Création, veuve de son Dieu et il reste quelque chose de cette image dans un texte comme celui d'Alain de Lille lorsqu'il commente ainsi le verset du Cantique des Cantiques, "Vox turturis audita est". [...] Ainsi Marie-Madeleine est la "Veuve tourtrelle" qui pleure son ami perdu, mais qui, aussi, annonce sa résurrection.

De cette étude il ressort donc que la conception de deux Sophias était répandue au XIIème siècle chez les chrétiens du Pallars [Le comté de Pallars était un territoire que certains chroniqueurs de la cour carolingienne appelèrent Marche d'Espagne, pendant la première moitié du XIe siècle] et pas seulement chez les Juifs de Provence ; ainsi s'expliquerait, dans ces vallées, le culte de Marie-Madeleine, ou le culte de Marie-Sophia, Mère et Epouse du Verbe, comme deuxième et dixième émanation, et comme Madeleine; "Ange" ou Hojjat shiite, Jumeau céleste de son Fils (Paulette Duval, La pensée alchimique et le conte du graal, Marie-Madeleine, Champion, 1979).

La Résurrection qui est la 15° station du chemin de croix, s'il y a lieu, et qui correspond au panneau de l'autel consacré à Marie-Madeleine dans l'église de Rennes-le-Château, ainsi qu'au 15° mystère du rosaire défini comme le Couronnement de la Vierge, en qui est convertie Marie-Madeleine grâce à sa pénitence.

la Pierre des Philosophes est qualifiée de "rouille du cuivre". Le cuivre est le métal attribué par les Grecs à Vénus (la littérature alchimique ne précisant pas s'il s'agit de la déesse ou de la planète). Or Vénus a pour ancêtre l'Ishtar babylonienne, venue elle-même de l'Inanna sumérienne. Ishtar avait pour attribut un arbre dont elle fait un cercle et un bâton pour Gilgamesh. Il n'est pas téméraire de définir cet attribut comme un Arbre-du-Centre-du-Monde, puisque la déesse offre par lui à son protégé le moyen de parvenir à cette réalité suprême que les chamans atteignent grâce à leur tambour et leur baguette faite du bois de l'Arbre-du-Centre-du-Monde, et dont le Maître est en général une déesse. la Pierre alchimique deviendrait donc le pouvoir offert par la déesse Vénus, dont le cuivre est l'homologue, d'atteindre au Centre-du-Monde par le moyen chamanique de mort et de résurrection. [... Un poème d'Ibn Gabirol montre que dans l'Espagne du nord, au XIème siècle de notre ère, Vénus est la planète qui annonce l'aurore, et, tel un héraut, précède l'époux, c'est-à-dire le soleil levant, qui sort de la chambre nuptiale. Or en alchimie le soleil levant représente l'Oeuvre au rouge. Dès le Xème et XIème siècle, l'iconographie du nord de l'Espagne connaît une femme portant une coupe pleine d'un liquide enflammé ; c'est cette femme, croyons-nous, qui deviendra la porteuse du graal (Paulette Duval, La pensée alchimique et le conte du graal, Introduction, Champion, 1979).

Dans le Bélesta homonyme des Pyrénées-Orientales, l'église saint Barthélemy était consacrée initialement à Marie-Madeleine, et est mentionnée pour la première fois en 1173.

Avec ce changement de nom, on se rend compte que Barthélemy et Marie-Madeleine se trouvent sur un calendrier divisé en 22, comme la Rose kabbalistique. Nous y rencontrerons Côme et Damien les saints patrons, avec Marie Madeleine, de la pharmacie et de la médecine. Madeleine semble absente du Belcaire de l'Ariège mais s'y trouve en filigrane. Dans le recueil de M. Rézeau des Prières aux saints en français à la fin du moyen âge, dans la moitié des cas, la sainte nommée la première après la Vierge se révèle être Marie-Madeleine ; dans la seconde moitié, elle vient en deuxième position après sainte Anne qui a sa chapelle à Belcaire (Ribal), la mère de la Vierge, mais jamais elle n'est citée au-delà (Élisabeth Pinto-Mathieu, Marie-Madeleine dans la littérature du Moyen âge, 1997). Les saints intercesseurs du retable de Belcaire sont les saints auxiliaires fêtés le 8 août, date de ce calendrier baptisé kabbalistico-alchimique, les saints de cette division calendaire étant liés au Grand Oeuvre. Alchimie chrétienne, tant soit peu que l'on puisse parler d'une telle alchimie.

En Occident les textes alchimiques — et plus généralement théosophiques — , évidemment quelque peu en marge des Eglises officielles, présentent une image de la divinité assez différente de celle que dessine l'Eglise Romaine, pétrie d'esprit latin et de logique aristotélicienne. Le Dieu de l'Église Romaine est identité par excellence, Unité dans laquelle disparaissent toute multiplicité, toute diversité. C'est là, dit S. Lupasco, « l'opération d'actualisation de l'extension identifiante du concept, poussée à sa limite impossible, où toute hétérogénéité aura disparu dans une potentialisation infinie, équivalent à sa disparition ». Ajoutons que c'est un penseur luthérien, Jakob Bôhme, qui au début du XVIIème siècle a le plus contribué à répandre dans l'Occident chrétien l'idée d'un Dieu en quelque sorte hétérogène, aspirant à se connaître lui-même grâce à une création dans laquelle il se reflète, et sans laquelle il n'est que Ungrund, fond indifférencié, mais déjà potentialité lourde d'infinies énergies. Ce Dieu se définit moins par son essence que par sa liberté. On conçoit que des chrétiens aient, dès lors, éprouvé le besoin de chercher de préférence dans le néoplatonisme, puis dans les textes fondamentaux de la Kabbale juive, un support à leurs spéculations sur les formes et les manifestations d'une divinité conçue non point comme ne varietur mais comme essentiellement dynamique et énergétique.

A la polarité hétérogénéisation-homogénéisation s'ajoute, en effet, dans le domaine de l'énergie — et du psychisme — la notion de potentialisation-actualisation. C'est-à-dire que tout événement énergétique comporte un élément antagoniste, tel que l'actualisation relative de l'un entraîne la potentialisation relative de l'autre. Relatives, mais non pas absolues, sous peine de voir disparaître l'antagonisme, donc l'énergie elle-même. Rien n'arrive qui n'ait potentialisé ce qui était. Chaque événement nouveau s'actualise sur le fond d'une potentialité, ou d'une potentialisation, préalable. Cette notion permet d'échapper au caractère statique de la logique classique.

Rappelons le déroulement du magistère alchimique :

A. L'Œuvre commence par la mort alchimique, c'est-à-dire par une idée de dissolution (solve) y de séparation, des trois principes que sont l'esprit (Soufre), l'âme (Mercure), le corps (Sel). Ceux-ci, plus ou moins unis à l'état naturel, sont symbolisés par le blanc, le jaune et la coquille d'un œuf. On dit que l'Adepte, dans cette première phase, « brise l'œuf de son épée », c'est-à-dire qu'il détruit cet état naturel en séparant les trois principes les uns des autres : le Soufre et le Mercure se dégagent; restent les cendres, ou la coquille. L'intérêt de cette séparation sera de permettre une fixation (coagula) du double élément spirituel (Soufre-Esprit et Mercure-Ame) meilleure qu'à l'état naturel. En d'autres termes, esprit et âme, libérés après l'éclatement de l'œuf, vont maintenant rechercher un corps (en allemand, Leib) qui, lui, est à la fois corps et esprit, non plus seulement corps matériel ; fragile (en allemand, Kôrper). Cette fixation, cette stabilisation, c'est l'Œuvre elle-même, qui après la « mort » se poursuit en quatre étapes que voici

B. Acquisition du Feu. Esprit et âme en quête de leur corps spirituel reçoivent \ le « Feu », qui est grâce, don de Dieu. Cette entreprise est parfois assimilée aux douze travaux d'Hercule ou aux signes du zodiaque; elle est préparation intense à la fusion du corps spirituel avec l'âme-esprit

C. Acquisition du Mercure. Maintenant qu'ils sont devenus ignés, esprit et âme se cherchent une forme. Quand ils la trouvent, on dit qu'ils ont acquis le « Mercure Philosophique » (c'est la condensation du « Mercure Universel », qui coordonne, suscite, sert d'agent universel, et que nous avons déjà rencontré). Mais il y a — et pour cause — encore prédominance de l'âme (élément mercuriel)

D. Acquisition du Soufre. Esprit et âme, ignés, ayant trouvé leur forme, cherchent à stabiliser, à « solidifier » cette forme. Pour cela, ils récupèrent la cendre, la coquille, délaissée depuis l'étape de la Mort, lorsque l'Adepte a frappé l'œuf de son épée. L'Œuvre a alors atteint une certaine consistance, appelée Soufre, et celui-ci rayonne dans un ensemble maintenant presque achevé

E. Mariage du Soufre et du Mercure. Soufre et Mercure, acquis séparément, ne sont pas encore unis; ils aspirent à l'être, mais paradoxalement ils se présentent comme deux forces antagonistes. Il faut alors trouver le Sel catalyseur, liant, grâce auquel pourra s'opérer le mariage Soufre-Mercure (Roi-Reine). Alors l'Œuvre sera achevé. Le Soufre, lumière intérieure, microcosmique, rayonne dans la lumière environnante (formelle), ou macrocosme, du Mercure. L'énergie est unie à la substance. La pierre, c'est l'Esprit du monde rendu visible (Antoine Faivre, Pour une approche figurative de l'alchimie. In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 26e année, N. 3-4, 1971).

Saints

Jours

Angèle de Foligno

4 janvier

Agnès de Rome

21 janvier

Relinde (Renule)

6 février

Polycarpe

23 février

Gorgon

11 mars

Hésychius

28 mars

Lydwine

14 avril

Catherine de Sienne

30 avril

Tropez

17 mai

Marcellin et Pierre Jumeaux

2 juin

Gervais et Protais Jumeaux

19 juin

Isaïe

6 juillet

Marie Madeleine

22 juillet

Saints Auxiliateurs

8 août

Barthélemy

24 août

Nicolas de Tolentino

10 septembre

Côme et Damien Jumeaux

27 septembre

Géraud/Rémo

13 ocotbre

Germain de Capoue

30 octobre

Albert le Grand

15 novembre

Jan van Ruysbroeck

2 décembre

Gatien

18 décembre

Angèle de Foligno : Angelina

La bienheureuse Angèle de Foligno (l250-l309), religieuse italienne née à Foligno, près d'Assise, était entrée dans le tiers ordre de saint François après une vie mondaine et dissipée. Elle s'apparut à elle-même comme un abîme de péché et voudrait le dire à tout le monde.

Jésus lui dit un jour : « Que dirai-je enfin? Trouve en toi, ma fille, un seul péché que je n'aie pas cruellement expié, une seule maladie spirituelle que j'aie laissée sans remède. Mes souffrances ont payé toutes tes dettes et compensé tous les tourments éternels que tu devais subir dans l'enfer. Ne t'afflige donc pas davantage. Ce que tu as à faire désor« mais, c'est de compatir âmes peines, de t'assoit cier à ma pauvreté, à mes ignominies le reste de tes jours. Marie-Madeleine aussi fut infirme, mais parce qu'elle fit ce que je viens de dire et désirait sa guérison, elle fut délivrée de son infirmité. Or, je te le dist quiconque l'imitera, recevra comme elle une santé parfaite (Arnaud de Foligno, Vie de Sainte Angèle de Foligno: le frère Armand, religieux de l'Ordre de Saint-François, son confesseur, 1863).

Angèle de Foligno s'abîma alors dans la contemplation du cœur de Jésus et de la plaie béante à son côté.

La déiformation de l'âme, partiellement absoute des conditions terrestres, se veut imitation du Christ. Thérèse a emprunté pour sa description le vocabulaire de l'Agonie : crucifixion, angoisse (ansia), chemin de croix. En ces certitudes peu assurées, le purgatoire intérieur est orienté; le sang du Calvaire est le rubedo dans cette transformation qui s'opère sur fond de nigredo (la vision de l'enfer)? On ne trouve pourtant pas chez Thérèse l'intuition d'une participation à l'Agonie d'absence du Christ sur la Croix ou la supposition qu'elle s'imagine le jouet de Dieu comme chez Angèle de Foligno, Le Livre des visions et des instructions, ch. LVI (Jad Hatem, Extase cruciale et théophorie chez Thérèse d'Avila, 2003).

Sainte Agnès

Sainte Agnès de Rome (209-303 ap. J.-C.) était une vierge et martyre dont l'histoire est racontée par saint Damase, saint Ambroise et d'autres. Le symbolisme alchimique est transparent, tout comme l’histoire de Sainte Agnès, dont le nom indique l’origine ignée (de la nature du feu, en espagnol Agnès est Inès) et qui fut conduite, selon la légende, en un lieu de prostitution, et sainte Agnès rappelle par son nom que le loup du péché est toujours rôdant, quaerens quem devoret.

Agnès par ses longs cheveux se rapproche de Marie-Madeleine qui fut prostituée selon la légende latine comme Agnès fut promise par son bourreau à la débauche mais fut sauvée par sa chevelure qui cacha sa nudité.

José de Ribeira - Sainte Agnès de Rome

Le Pallium est une étole de laine blanche, brodée de six croix de soie noire, qui se porte sur la chasuble. La laine est fournie par deux agneaux bénis pour la fête de sainte Agnès, le 21 janvier. Ce signe d’honneur et de juridiction est porté par le Pape et les archevêques métropolitains (www.editions-arqa.com).

Sainte Relinde (Renule, Renilda)

La ville de Maeseyck doit son origine à la piété de deux saintes filles et sœurs, Harlinde et Relinde, qui au VIIIème siècle obtinrent de leurs parents la permission de construire un monastère dans un lieu nommé Eyck ou Aldeneyck, situé dans le voisinage. Aldeneyck depuis lors a acquis une certaine célébrité dans l'histoire: Les noms d’Harlinde et de Relinde ont aujourd’hui traversé onze siècles, et ne sont encore prononcés qu’avec la plus grande vénération par les habitants de la contrée qui a été honorée de la présence de ces illustres cœnobites (Mathias Joseph Wolters, Notice historique sur la ville de Maeseyck, 1855).

Jan van Eyck (né vers 1390 peut-être à Maaseik et mort à Bruges le 9 juillet 1441) est un peintre né dans les territoires soumis à l'autorité du prince-évêque de Liège, Jean de Bavière (1390-1417) qui devient son protecteur. Il est célèbre pour ses portraits d’un réalisme minutieux. Ses tableaux les plus connus sont le portrait des époux Arnolfini et le retable de l'Agneau mystique, œuvre clé de la peinture occidentale. Il est l'un des premiers artistes à avoir signé beaucoup de ses œuvres. La tradition qui situe à Maaseik, dans la région mosane, le lieu de naissance du peintre remonte à Lucas D'Heere (1559) et à Marcus Van Vaernewijck (1568) (fr.wikipedia.org - Jan Van Eyck).

burgundy.centerblog.net - Jan van Eyck - L'Agneau mystique

L'exemple le plus ancien de soeurs artistes est celui d'Harlinde et Relinde, deux saintes du VIIIe siècle, qui ont travaillé le textile et enluminé des manuscrits, au monastère d'Aldeneik (c'est-à-dire du Chêne), en Belgique.

Le fameux évangéliaire conservé jadis à l'abbaye d'Eyck lez Maeseyck et dont M. Ruelens a biea apprécié l'importance dans les quelques lignes qu'il lui a consacrées dans l'Art ancien. Cet évangéliaire, le plus vieux manuscrit à miniatures que possède la Belgique, appartient aux archives de l'église primaire de Maeseyck. Il fut l'œuvre de deux sœurs, Harlinde et Relinde, filles du seigneur Adalhard et de Grimara, fondatrices, en l'an 750, d'une petite chapelle et d'une abbaye à Eyck. Issues de la paissante famille des Pépins, elles virent consacrer leur monastère par Saint-Willebrode, évêque d'Utrecht, et par Saint-Boniface, qui les élevèrent à la dignité d'abbesses.

Après avoir reçu cette consécration, elles accueillirent douze jeunes filles, qui, après un court noviciat, prononcèrent les vœux éternels de religion. Aussitôt qu'Harlinde et Relinde se trouvèrent à la tète de cette petite communauté, elles vouèrent leur vie entière à soulager les pauvres et à s'instruire dans les livres et les manuscrits, les transcrivant et s'exerçant à les orner de riches peintures. Dans l'ardeur de leur goût pour les arts, elles arrivèrent à constituer une sorte de gynécée (atelier), où elles passaient une partie de leurs jours et même de leurs veilles autant à enseigner à de jeunes apprenties l'art de peindre et de broder de riches étoffes de soie qu'à tisser le lin.

D'après un récit légendaire dont l'origine est postérieure à la rédaction de l'ancienne vie latine, un soir, tandis qu'Harlinde et Relinde enluminaient le texte du manuscrit qui nous occupe, un nuage de soufre les enveloppa subitement et le démon, se montrant à elles sous la forme d'un spectre, éteignit les deux cierges qui éclairaient leurs veilles laborieuses ; mais aussitôt les flambeaux se rallumèrent sous le souffle d'un esprit céleste et brillèrent avec plus d'éclat qu'auparavant. Ce récit naïf peut nous faire comprendre en quelle estime étaient tenues à Maeseyck les peintures d'Harlinde et de Relinde. Ces deux cierges, avec l'inscription suivante : « Dua candela S.S. Virginum per cacoduemonem extincta subinde per S. angelum accensa dum S. Virginis divinum persolubant officium », se conservent encore de nos jours dans unmagnifique reliquaire en vermeil dans le trésor de l'église primaire de Maeseyck (Commission royale des monuments, 1891).

D'après la Vita Harlindis et Relindis (vers 855-881). biographie postérieure d'un siècle environ à la mort des saintes patronnes d' Aldeneik-sur-Meuse, les saintes furent instruites dans l'art des textiles où elles excellèrent. La Vita, remarquablement étudiée par Alain Dierkens. mentionne des palliola, conservés à l'abbaye, qu'elles auraient réalisés de leurs propres mains et qui nous parvinrent en se chargeant de toute une légende : le velamen Relindis virginis, voile de lin blanc, cité depuis le XI Ve -XVe siècle, le velamen Harlindis abbatissae , et enfin la casula, qui a pu servir à protéger les reliques lors de Surélévation parl'évê- que de Liège Francon (+ 901).

Les textiles d'Aldeneik sont aujourd'hui conservés à Maaseik. La casula est constituée de broderies anglo-saxonnes incorporées dans un étonnant patchwork aujourd'hui complètement restauré. Milred Budny s'est interrogée sur l'arrivée de ces pièces sur le continent. Les exemples montrent que des missionnaires comme Boniface ou Willibrord [avec lesquels les saintes entretenaient une correspondance] ont désiré avoir près d'eux des objets utilitaires, ce qui permet, à la lumière de ces œuvres, de réexplorer les relations entre l'Angleterre et le continent. Une reconstitution contemporaine extraordinaire de ces broderies permit de calculer le temps de travail considérable nécessaire à la réalisation de la casula, soit 257 heures pour une seule bande (Philippe George, Reliques & arts précieux en pays mosan: du haut Moyen Age à l'époque contemporaine, 2003).

Les ciseaux d'Harlinde et Relinde dans leur châsse à la cathédrale de Liège

Saint Polycarpe

Lorsqu'on lit le martyre de saint Polycarpe de Smyrne, brûlé en 156, ce n'est pas à un baptême que l'on pense, mais au bûcher d'Hercule ainsi qu'à la fournaise d'où Daniel sortit transfiguré. Quand les flammes s'écartèrent, dit Irénée, témoin oculaire, on vit le martyr au milieu, « non comme une chair qui brûle, mais comme un pain qui cuit, comme l'or et l'argent qu'on purifie dans une fournaise, exhalant un parfum délicieux aussi fort que celui de l'encens ».

On voit bien là comment s'est développé un langage symbolique à partir du four qui transforme et renouvelle la matière qu'on lui confie, de la forge qui la rend à la fois ductile et résistante, du brasier enfin qui détruit les éléments impurs afin de libérer l'essence précieuse. C.-M. Edsman a finement étudié les trois thèmes dans le folk-lore médiéval. En 1025, l'évêque Burchard de Worms prit un décret punissant d'un an de prison la femme qui mettrait son fils sur le toit ou dans le four pour le guérir des fièvres.

Les contes qui ont pour centre le four ou la forge sont presque toujours relevés par le thème de l'apprenti-sorcier : Notre- Seigneur met un vieil homme dans un four ; il en sort un jeune garçon ; saint Pierre prétend faire le même miracle, mais il échoue. Pour ferrer plus aisément un cheval, Nôtre-Seigneur coupe le pied et le rétablit ensuite ; un forgeron imprudent, parfois saint Éloi, l'imite et s'en repent. Grimm a deux contes d'inspiration analogue (81, 147). Le thème de l'apprenti-sorcier apparaît en Grèce dans un fabliau du cycle d'Épidaure, non dans celui du feu. Si Médée manque la résurrection d'Éson, c'est de propos délibéré. La revigo- ration par le travail du forgeron n'affleure que dans les deux histoires, l'une et l'autre fort mal connues, d'Ares caché dans la pierre mangeuse de fer et du Dactyle Celmis. Le four n'apparaît pas dans les récits de la Grèce. En revanche, ceux-ci offrent quantité de variantes de la régénération dans le lébès d'eau bouillante, fable soutenue dans l'inconscient par l'image de la matrice où un être vivant croît dans la chaleur et l'humidité. Je reviendrai à ces contes qui me paraissent devoir être dissociés de ceux où règne la flamme, le feu à l'état pur.

C'est précisément de cet aspect du feu que l'imagination hellénique dans son ensemble paraît s'être détournée. Les philosophes ont établi des homologies entre les deux éléments purificateurs, revigorants, régénérateurs. Cette homologie n'a pas été acceptée par le peuple, tel du moins que nous l'imaginons à travers les légendes qui s'adressaient à lui. Si, à la fin de l'antiquité, de rares figures privilégiées attestent les valeurs bienfaisantes du feu, elles ont reçu ailleurs, à Rome, en Orient, leur coloris favorable. Le beau Phénix, tel que nous le connaissons, n'est pas une création purement grecque, ce qu'est au contraire la monstrueuse Skylla, res- suscitée par le feu pour la perdition des matelots. Cette sorte de méfiance peut surprendre de la part d'un peuple qui a pratiqué dès une époque ancienne les grands arts du feu, céramique et métallurgie, et qui y a excellé. « Le feu est le premier facteur du phénomène, dit Gaston Bachelard (Psychanalyse du feu, 116). En effet, on ne peut parler d'un monde du phénomène, d'un monde des apparences, que devant un monde qui change d'apparence. Or, primitivement, seuls les changements par le feu sont des changements profonds, rapides, merveilleux définitifs. Les jeux du jour et de la nuit, les jeux de la lumière et de l'ombre sont des aspects superficiels et passagers qui ne troublent pas beaucoup la connaissance monotone des objets... Mais voici les changements substantiels : ce que lèche le feu a un autre goût dans la bouche des hommes. Ce que le feu a illuminé en garde une couleur ineffaçable. Par le feu tout change. Quand on veut que tout change, on appelle le feufeu... » Comment se fait-il donc que sur la terre de Grèce où potiers, céramistes, métallurges ont fait, grâce au feu, tant de conquêtes, tiré de lui tant de chefs-d'œuvre, les poètes lui aient refusé la mystérieuse valeur bénéfique que lui accordent tant d'autres mythologies ? Serait-ce peut-être parce qu'il est devenu trop tôt un serviteur de l'industrie ? Avec les arts du feu, dit Paul Valéry (Pièces sur l'art, p. 69), « nul abandon, point de répit, point de fluctuation de pensée... Ils imposent, sous l'aspect le plus dramatique, le combat resserré de l'homme et de la forme. Leur agent essentiel, le feu est aussi le plus grand ennemi. Il est un agent de précision redoutable dont l'opération merveilleuse sur la matière qu'on propose à son ardeur est rigoureusement bornée, menacée, définie par quelques constantes physiques ou chimiques difficiles à observer. Tout écart est fatal : la pièce est ruinée. Si le feu s'assoupit ou que le feu s'emporte, son caprice est désastre.

Les valeurs du four ont été mises en évidence par l'alchimie (Bibliothèque de la Faculté de philosophie et lettres de l'Université de Liège, Numéros 174 à 175, 1965).

Saint Gorgon

Les fêtes de saints Dorothée, anagramme de Théodore, et Gorgon étaient jumelées à Cluny, le 9 septembre : ils appartenaient à la maison impériale de Dioclétien. Saint Gorgon, Gorgonius, et saint Dorothée, Dorothœtis, souffrirent le martyre à Nicomédie de Bithynie, en 303, au début de la grande persécution anti-chrétienne. Le tyran étonné d'entendre qu'ils portestaient contre le martyr d'un chevalier chrétien nommé Pierre, s'avouant eux-mêmes chrétiens, changea l'amour qui le portait auparavant, en une haine extrême. I1 les fit fouetter cruellement et leur écorcher la peau, puis jeter du sel et du vinaigre dans les plaies qni découvroient leurs entrailles. Après cela on les mit sur le gril, pour les rôtir à petit feu, et pour leur rendre la mort d'autant plus sensible qu'elle serait plus longue ; enfin ils les étranglèrent, et ces deux saints martyrs rendirent leurs âmes à Dieu. Eusèbe de Césarée a gardé le souvenir d'un Gorgon mort martyrisé puis étouffé. Métaphraste écrit que Dorothée eut la tête tranchée, et que Gorgon seul fut étranglé avec une grosse pierre qu'on lui mit au tour du cou. Leurs corps furent enterrés par quelques chrétiens. Depuis, le corps de saint Gorgon fut porté à Rome, et enterré en la voie Latine d'où le Pape Grégoire IV le transporta en l'église Saint-Pierre, comme dit le Martyrologe romain (Pedro de Ribadeneyra, Les Vies des saints et fêtes de toute l'année, 1857).

Saulxures se trouve sur cette route lorraine du sel qu'empruntèrent les reliques de saint Gorgon pour arriver à Gorze et saint Gorgon eut les intestins perforés et salés par ses bourreaux. L'itinéraire des reliques passait par un lieu important d'exploitation du sel : Varangéville (en face de Saint-Nicolas-de-Port où se trouve la célèbre basilique, but important de pèlerinages depuis le XIIe siècle). Près de Saulxures et de Bâmont, les documents cadastraux indiquent une Forêt du Géhant décidément bien à sa place! Dans tout ce contexte salé, il devient alors évident que Rabelais s'amuse d'une homonymie entre la ville de Saumur [...].

Il ne peut guère faire de doute que saint Gorgon est en effet un personnage fabriqué par des clercs du haut Moyen Age à partir d'un obscur martyr des premiers siècles. Il était destiné par sa légende à recouvrir un personnage païen de la de la mythologie des Gaules en relation avec la mythologie du sel. C'est vers la mémoire indo-européenne qu'il faut donc se tourner si l'on veut deviner cet ancêtre de de Gargantua-Gorgon qui entretient un triple rapport avec le gigantisme, le sel et les pierres (ou poêles).

L'évêque de Metz Chrodegang, fondateur de l'abbaye de Gorze, est fêté le 6 mars. Quatre jours plus tard, le 10 mars est commémoré saint Gorgon, un des quarante martyrs de Sébaste, alors que le lendemain (11 mars) sont fêtés saints Gorgon et Ferme (Philippe Walter, Le sel, les poêles et le géant, Études Rabelaisiennes, Volume 22, 1988).

Est fêté le 11 mars et le 9 septembre Gorgon de Gorze, martyrisé en Italie sous Dioclétien. Le corps de saint Gorgon fut transporté en l'abbaye de Gorze, au diocèse de Metz, de l'ordre de Saint-Benoît, en 765. Cette translation se solennise le 11 mars.

Varangéville et Gorze se trouvent sur le tracé des nonagones.

Saint Hésychius de Jérusalem et le sel

On est fort partagé sur cet auteur dont nous avons un Commentaire en latin seulement sur le lévitique, et non pas en grec et en latin, comme l'a cru le père Mabillon. Le cardinal du Perron l'a attribué à Hesychius, évèque de Salone en Dalmatie, qui vivait en 418, contemporain de Zosime et de saint Augustin. Trithème et Sixte de Sienne prétendent que cet ouvrage est d'Hesychius, disciple de saint Grégoire de Nazianze, qui vivait environ l'an 400. Bellarmin et Possevin le donnent à Hesychius, patriarche de Jérusalem. La plus commune opinion est qu'Hesychius, auteur de cet ouvrage, était un simple prêtre de Jérusalem , qui vivait dans le cinquième ou le septième siècle ; et en effet, l'auteur découvre dans la préface de son ouvrage qu'il n'est que p1ètre, et qu'il écrit à Jérusalem. Cet ouvrage fut donc composé en grec par Hesychius, prêtre de Jérusalem, et traduit en latin par quelque autre écrivain postérieur. On a donné deux éditions latines , l'une à Bâle, in-fol. en 1527, et l'autre à Paris, in-8° en 1581. Le cardinal du Perron qui l'attribue à Hesychius, évêque de Salone , dans son Traité de l'Eucharistie, n'aurait pas pensé de même, s'il eût vu le manuscrit de la bibliothèque du roi, qui porte dans le titre : Incipit liber Isicii Hierosolimitani, in Levit. (Charles Louis Richard, Jean Joseph Giraud, Bibliothèque sacrée, Tome 13, 1824).

"Si le sel perd sa force, avec quoi le salera-t-on ?...» (Matthieu 5.13). Voir aussi Luc 14.34 et Lévitique 2.13. On accorde traditionnellement une vertu purificatrice au sel, et dans l'Ancien Testament tout particulièrement.

Symbole d’alliance pour les Israélites, les offrandes sont salées. Tu saleras touteoblation que tu offriras et tu ne manqueras pas de mettre sur ton oblation le sel de l’alliance de ton Dieu peut-on lire dans le Lévitique [2,12] (Pierre Boyer, Le symbolisme et les traditions attachés au sel).

Avec le Soufre et le Mercure, un troisième principe, le Sel ou Arsenic, servait de lien entre les deux précédents, de jonction et d'équilibre, de point neutre (composé des deux).

Rien n'arrive qui n'ait potentialisé ce qui était. Chaque événement nouveau s'actualise sur le fond d'une potentialité, ou d'une potentialisation, préalable. Cette notion permet d'échapper au caractère statique de la logique classique. Elle éclaire d'un jour neuf les étapes de l'Œuvre, car l'on comprend mieux, par exemple, pourquoi les alchimistes disent que « le Feu est déjà le Mercure », que « le Feu appelle sans cesse le Mercure ? », que « le Mercure appelle le Soufre, ou que Mercure (Reine) et Soufre (Roi) s'attirent tout en se repoussant, puisque chaque individu, chaque système vital, est potentiellement bi-sexué. Les trois Principes ou substances alchimiques ne font qu'exprimer cette loi générale. Le Soufre exerce une action centrifuge, le Mercure une action centripète. Lorsque l'un domine, c'est-à-dire s'actualise, il y a potentialisation de l'autre. Quant au Sel, il est le lieu même où s'opère cette métamorphose. On comprend pourquoi, avant Paracelse, les alchimistes n'ont guère éprouvé le besoin de mentionner le Sel comme un Principe stá generis, mais on voit aussi que sur le plan de l'archétype, ce lieu, ce lien, avait déjà sa place, même s'il n'avait point reçu de nom (Antoine Faivre, Pour une approche figurative de l'alchimie. In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 26e année, N. 3-4, 1971. pp. 841-853.).

Sainte Lydwine

Ce que les alchimistes font avec la matière, Lydwine le réalisa avec son propre corps. Huysmans écrivit une biographie de la sainte.

Qui plus est, cette hagiographie nous raconte une alchimie mystérieuse par laquelle les souillures et les douleurs que subit le corps féminin « abaissé » se transforment en une sorte de sainteté et de jouissance. De ses plaies abominablement purulentes et ulcérées s'exhalent des odeurs fines et suaves. En un constant miracle, il fit de ces blessures des cassolettes de parfums (Nihon Furansugo Furansu Bungakkai, Études de langue et littérature françaises, Numéros 80 à 83, 2002).

Ainsi Lydwine est-elle une «cassolette vivante» qui répand les émanations les plus suaves et les plus délicieuses fragrances. De son corps monstrueux, affligé de toutes les disgrâces, de ses chairs en décomposition s'exhalent, contre toute attente, d'exquis parfums : En un constant miracle, il [Notre Seigneur] fit de ces blessures des cassolettes de parfums; les emplâtres que l'on enlevait, pullulant de vermines, embaumaient; le pus sentait bon, les vomissements effluaient de délicats arômes; et de ce corps en charpie qu'il dispensait de ces tristes exigences qui rendent les pauvres alités si honteux, il voulut qu'il émanât toujours un relent exquis de coques et d'épices du Levant, une fragrance à la fois énergique et douillette, quelque chose comme un fumet bien biblique de cinnamone et bien hollandais de cannelle (J.K. Huysmans, Saint Lydwine de Schiedam, chapitre III) (fr.wikisource.org - ainte Lydwine de Schiedam).

Sainte Catherine de Sienne

Nous dirons seulement que sainte Catherine naquit jumelle d'une pauvre sœur qui mourut bientôt; ainsi une Ame innocente précédait une âme sainte.

C'est tout d'abord celle du Roi des rois, de la Reine du ciel sa Mère, et de Marie Madeleine, qui apparurent une fois à la sainte pour la consoler et la confirmer dans ses saintes résolutions. alors : « Que veux-tu que je veuille?» Elle lui fit humblement et tout en pleurant la même rdponse que Pierre1 : « Seigneur, vous savez ce que je veux, vous savez que je n'ai d'autre volonté que la vôtre, d'autre cœur que le vôtre. » Il lui vint alors en mémoire que Marie-Madeleine s'était donnée tout entière au Christ quand elle pleura à ses pieds, et elle commença à ressentir les douces impressions de suavité et d'amour qui furent alors celles de Madeleine, ce qui lui fit arrêter son regard sur cette sainte. A ce moment Notre-Seigneur, comme pour répondre à son désir, lui dit : « Ma très douce fille, voici que, pour ta plus grande consolation, je te donne Marie Madeleine pour mère, tu pourras recourir à elle en toute confiance, je la charge spécialement de toi. » Notre vierge acôepta ce don avec toute la reconnaissance dont elle était capable, et se recommanda dévotement, avec une grande humilité et révérence, à Marie-Madeleine, la suppliant humblement et instamment de vouloir bien veiller avec soin au salut d'une âme que le Fils de Dieu lui avait ainsi confiée. Depuis cette heure, elle considéra Madeleine comme sa mère et l'appela toujours de ce nom. Ce fait est, à mon avis, d'un symbolisme significatif. Marie Madeleine, en effet, est restée trente-trois ans sur un rocher, sans aucune nourriture matérielle, et dans une continuelle contemplation, nombre d'années qui représente toute la vie du Sauveur. De même, notre sainte, à partir des événements que nous venons de rapporter, jusqu'à la trente-troisième année de son âge, date de sa mort, s'appliqua avec tant de ferveur à la contemplation du Très-Haut qu'elle n'eut besoin du secours et trouva pour son âme des forces suffisantes dans l'abondance des grâces qu'elle recevait (Raymond de Capoue, Vie de sainte Catherine de Sienne,).

C'est encore sur le corps que se manifeste les effets de la contrition religieuse.

C'est encore la Mère Jeanne qui confirme les effets sensibles opérés par la pratique quotidienne de l'eucharistie et l'importance de la fréquente communion dans le processus de spiritualisation de la matière corporelle, dont témoignent les exemples de saint François et surtout de femmes telles que Catherine de Sienne, Hélène de Bologne et Claire de Montefalco. Tous portent les marques visibles de cette «christomorphose» qui frappait tant Postel dans l'apparence physique de la Mère Jeanne.

Outre saint François, le «prince des saints», Postel évoque à plusieurs reprises sainte Catherine de Sienne et Claire de Montefalco : « Ut Catherina Senensis sine corde inventa est a morte, ita Franciscus ipsa stigmata, Clara Montefalconensis Trinitatis in tribus coaequalis ponderis mysterium intra cor habuit» (Sylvain Matton, François Secret, Documents oubliés sur l'alchimie, la kabbale et Guillaume Postel, 2001).

Saint Tropez

Selon "les Actes de saint Torpès", Caïus Silvius Torpès, gouverneur du palais, et chef de la garde de l'Empereur Néron, fut témoin du martyre des saints Pierre et Paul, à la fin juin 67. Il admirait déjà la nouvelle foi : cousin de Procès et Martinien, les gardiens de l'Apôtre Pierre (martyrisés, eux aussi), il avait pu le visiter et se faire instruire par lui. En avril 68, l'Empereur et sa cour vinrent présider une fête dans le temple de Diane, où mille machineries ingénieuses donnaient à la foule une haute idée du pouvoir de la déesse. Néron ordonna à tous de le reconnaître, et se tourna d'abord vers son fidèle Torpès, debout à sa droite : ô surprise, l'officier confessa la foi chrétienne. Puis, il refusa de sacrifier à Diane, et Néron, qui rentrait à Rome, confia au nommé Satellicus le soin de son supplice. On essaya de le livrer aux bêtes fauves, qui se couchèrent à ses pieds, on le flagella sur une colonne, laquelle tomba sur Satellicus lui-même. Silvinius, fils de celui-ci, continua sans plus de succès que d'amener l'écroulement du temple de Diane. Alors, on conduisit Torpès le long de l'Arno, au bord de la mer, où il fut décapité un 29 avril. Son corps fut placé dans une barque, avec un chien et un coq, chargés de le dépecer, ainsi que l'ordonnait la loi sur les parricides. Son ami, Andronic, recueillit sa tête, vénérée au XIIIe siècle en l'église de San Rossore, près de Pise. (Gabrielle Sentis, Saint-Tropez, cité corsaire, 1980).

Le courant Ligure ramena la barque jusqu'au rivage de l'actuel Saint-Tropez, autrefois appelé Héracléa (du nom des villes fondées par Héraklès-Hercule), un 17 mai.

Si l'on considère ce motif de la décapitation, il est un autre saint martyr qui appelle un rapprochement avec Tropez : saint Eutrope de Saintes. Comme dans le cas de Bran(dan) [fêté le 16 mai], le lien d'Eutrope et de Tropez est calendaire. Saint Eutrope est fêté le 30 avril [date kabbalistico-alchimique], c'est-à-dire le lendemain de la décapitation de Tropez. Par ailleurs, la ressemblance des deux noms (Eutrope-Tropez) est un argument supplémentaire pour rapprocher les deux personnages. La «Passion du de Saintes, évêque et martyr », se lit dans le guide du pèlerin de Saint- Jacques de Compostelle et appelle ainsi une autre jonction avec l'apôtre de Galice. Le cadavre de saint Jacques connut en effet le même destin maritime que celui de Tropez puisqu'après avoir été abandonnée aux flots, sa barque aurait accosté sur un site qui devient ensuite le lieu de pèlerinage que l'on sait. Eutrope est décapité le 30 avril par une troupe de cent cinquante bouchers de de la ville de Saintes qui, après l'avoir frappé avec des bâtons et des lanières plombées, l'achèvent en lui coupant la tête avec des haches et des cognées. Ainsi, les deux dates qui marquent le destin posthume de Saint-Tropez (sa mort, le 29 avril, et sa translation sur les flots qui se termine le 17 mai), ces deux dates extrêmes voient la commémoration liturgique de deux saints qui entretiennent d'évidentes analogies avec Saint-Tropez.

Le lendemain (30 avril) est fêté dans de nombreuses régions un saint qui ne porte pas par hasard le même nom que Tropez, et ce nom n'est pas non plus fortuitement en relation avec le verbe tropein signifiant l'idée de rotation et d'inversion. Le 1er mai est précisément un moment clé du calendrier celtique. Cette date voit le début officiel de l'été et marque l'entrée dans la saison claire (à six mois de la Toussaint qui inaugure la saison sombre, l'hiver) (Philippe Walter, Le voyage de Saint Tropez : 29 avril-17 mai, Uranie, 4, 1994, Merlin ou le savoir du monde, Paris, Imago, 2000).

Néron attribuait la création du monde à la déesse Diane qui la soeur jumelle d'Apollon, enfants de Latone.

La tête de Tropez est vénérée encore à Pise, en semblance de caput mortuum alchimique.

A holy woman named Celerina (Célèrine) had a premonition in a dream of the arrival of the saint's body, and indeed the boat reached the present-day location of Saint-Tropez, where Celerina lived. The boat landed not far from the present-day sailors' cemetery. The body was untouched by both the rooster and the dog. The cock flew away towards the village later named Cogolin after it; the dog headed towards the village later named in its honor Grimaud.

Les moines de l’Abbaye de Saint-Victor de Marseille, propriétaires au XIe siècle de la presqu'île, et de toutes les terres adjacentes, élevèrent une chapelle qu'ils baptisèrent « Ecclesia Sancti Torpetis ». Torpes devint finalement Tropez. On raconte que le coq s'arrêta dans un champ de lin à quelques kilomètres de là. Le coq au lin donna le village Cogolin. Et le chien : Grimaud (chien en vieux français). La tête de Torpetius est encore conservée et vénérée à Pise (fr.wikipedia.org - Coq dans la culture, en.wikipedia.org - Torpes of Pisa).

Le coq est le symbole alchimique du vitriol, formé par la cuisson du sel et du soufre. Ce qui apparait tout d’abord, c’est le coq ou la portion VOLATILE, conséquemment vivante, active, pleine de mouvement, extraite du SUJET, lequel a pour emblème le CHENE. C’est là notre source fameuse dont l’onde claire coule à la base de l’arbre sacré, si vénéré des Druides,et que les anciens philosophes ont nommé MERCURE quoiqu’elle n’ait aucune apparence du vif argent vulgaire. Car l’eau dont nous avons besoin est SECHE, ne mouille pas les mains et jaillit du rocher sous le choc de laverge d’Aaron. Telle est la signification alchimique du COQ , emblème de MERCURE chez les paiens et de la RESURRECTION chez les chrétiens. Ce COQ, tout volatil qu’il soit, peut devenir le PHENIX. Encore doit-il auparavant, prendre l’état de fixité provisoire que caractérise le symbole du GOUPIL, notre RENARD hermetique. Il est important,avant d’entreprendre la pratique , de savoir que le MERCURE contient ensoi TOUT CE QUI EST NECESSAIRE au travail (Fulcanelli, Le Mystere Des Cathedrales).

Les alchimistes ont tiré parti de la pugnacité du coq et de son duel victorieux tant avec le lion que le renard pour illustrer le début de leur Grand'Oeuvre quand la matière première, dite Lion vert, soumise au feu de l'athanor et agressée par le soufre, appelé queue de renard, est finalement vaincue par le vitriol, figuré par un coq triomphant.

Plus directement le coq est assimilé au Mercure alchimique.

Dans le bestiaire alchimique et philosophique, la figure du chien dévoré par le loup représente la purification de l'or par l'antimoine, qui est aussi l'avant-dernière étape du grand œuvre. Le chien et le loup symbolisent le sage, ou le saint, qui se purifie lui-même en se sacrifiant et en se dévorant, pour accéder à la connaissance spirituelle ultime

Signalons enfin que le chien est aussi considéré par les alchimistes comme le symbole du soufre et parfois de l'or. On trouve l'image du "chien qui mord" chez les Frères de la Pureté de Basra (VIIIème siècle).

En ce qui concerne Hercule, Fait significatif, beaucoup d'alchimistes mentionnent les douze travaux d'Hercule comme une des étapes de l'Œuvre. Or, qui ne voit que Cerbère des Enfers, à la douzième épreuve, symbolise la récupération — non pas la destruction — du nocturne par le diurne? Ses trois têtes — les trois principes? — deviennent virtuelles, le conscient et l'inconscient se réconcilient, l'Œuvre va pouvoir s'achever (Antoine Faivre, Pour une approche figurative de l'alchimie. In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 26e année, N. 3-4, 1971).

Nesos, en grec, signifie VETEMENT DE POURPRE, et la tunique sanglante du centaure, “qui brule les corps plus que le feu d’enfer”, indique la perfection du produit achevé, mur et rempli de teinture. Hercule figure le SOUFRE DE L’OR dont la vertu réfractaire aux agentsles plus incisifs ne peut etre vaincue que par l’action du vetement rouge, ou SANG DE LA PIERRE. L’or, calciné sous l’effet combiné du feu et de la teinture, prend la couleur de la pierre et lui donne, en échange, la qualité métallique que le travaillui avait fait perdre. Junon, reine de l’Oeuvre, consacre ainsi la réputation et la gloire d’Hercule,dont l’apothèose mytique trouve sa réalisation matérielle dans lafermentation... Déjanire, femme d’Hercule, personnifie le principe mercuriel del’or, qui lutte de concert avec le soufre auquel il est conjoint,mais succombe néanmoins sous l’ardeur de la tunique ignée (Fulcanelli, Le Mystere Des Cathedrales).

Le voyage de Torpet sur la mer ressemble à celui de l'alchimiste : La pierre que l'on extrait du soleil et de la lune , par uu moyen tout naturel, et que l'on rend visible et palpable, est une pierre que l'on doit honorer. Elle est cachée dans les cavernes ou dans le profond des métaux parfaits; sa couleur la rend éclatante; elle a une vie qu'elle manifeste à l'artiste, qui lui sert de sage-femme. Son éclat et sa beauté démontrent parfaitement que c'est une âme ou un esprit sublime, et une mer ouverte, sur laquelle le philosophe doit voyager, et faire attention de ne pas faire naufrage s'il veut parvenir à jouir de tous les biens qu'elle renferme en elle - Hermès (L. P. Francois Cambriel, Cours de philosophie hermétique ou d'alchimie, 1843).

Ainsi Soufre et Mercure accompagne le corps sans tête de saint Torpès sur la mère hermétique.

Les armes de Saint-Tropez sont D'azur à la barque de gueules portant Torpes allongé, un chien et un coq, surmonté d'un ange volant au-dessus et portant une couronne à la main (Jacques Merceron, La vieille carcas de Carcassonne, 2006).

Il existe d'autres Celerina plus historiques.

Les Virius Lupus Rutilius, qui ont passé par le consulat et par la préfecture romaine, se glorifient, à bien plus juste titre, du jeune Rutilius, brûlé à Carthage en 207, de trois autres immolés à Rome, en Asie et en Afrique, de Rutilia la compagne de Vitalis, des Lupus et Lupicinus, « de sang royal », martyr à Bénévent, ou envoyés par le Saint-Siège aux villes des Gaules. Un de ces derniers, évêque de Lyon, succombant à la persécution avec la noble Celerina, nous reporte à Carthage, qu'une autre Celerina a illustrée au IVème siècle par sa famille, sa passion et sa basilique, fêté le 3 des nones de février (3 février) (Ciro de La Ville (abbé), L'empire romain et le christianisme dans les Gaules, 1888).

Une autre sainte provenant de Carthage (Teniza), sous la persécution de Valérien, en 258, c'est-à-dire au temps de saint Cyprien, fit le voyage méditerranéen jusqu'à Ischia dans une barque enflammée : sainte Restitute, fêtée comme Torpès le 17 mai.

Il est normal donc que l'on rencontre des jumeaux à Saint-Tropez : Les affamés de réussite convergent vers le vieux port : « J'habitais Toulon, raconte le Dr Moreu. Nous avions des jumeaux, un voilier, une voiture à crédit. En 1963, on s'est dit: il nous manque un truc, aller à Saint-Tropez. » En 1988, ce dentiste a, dit-il, la plus belle clientèle de France, sa femme tient les Galeries tropéziennes, ses enfants ont ouvert deux restaurants et la plage des Jumeaux (tenus par Jean Claude Moreu) (L'Express Numéros 1929 à 1942, 1988).

Marcellin et Pierre

Seligenstadt était mentionnée pour la première fois en 815 dans un acte de donation en tant que Obermühlheim. A Selingenstadt, la basilique Einhard, nommée d'apres Eginhard, a été construite à partir du IXe siècle. L'abbaye de Seligenstadt, appelée parfois abbaye des Jumeaux, était contrôlée de 1063 à 1803 par l'électorat de Mayence (fr.wikipedia.org - Seligenstadt).

Saint Damase, que l'on a déjà rencontré au sujet d'Agnès de Rome, dont le pontificat fut des plus agités - son élection faillit même déclencher une guerre civile -, manifesta une activité débordante : il se fit le champion du culte des martyrs : il chercha dans les catacombes des sépultures oubliées ou disparues sousles éboulemenst ; il élargit certaines cryptes, décora somptueusement de nombreux tombeaux de martyrs et les orna d'insciprtions généralement versifiées, gravées en une écriture savante et pércieuse appelée philocalienne à cause de leur auteur, le graveur calligraphe Furius Dionysius Philocalus. Huit groupes de saints jumeaux ont bénéficiés d'une épitaphe damasienne dont marcellin et Pierre. Avec l'inscirption de Marcellin et Pierre, il semble qu'on soit sur un terrain solide. Damase nous apprend qu'étant enfant, il a entendu le bourreau raconter l'exécution des dexu amrtyrs : celui-ci les avait obligés à creuser leur propre tombe avant de les décapiter sur place. Une certaine Lucilla était ensuite venue pourrelever les corps et leur donner une sépulture plus digne au cimetière des "Deux Lauriers". Sur les saints eux-mêmes, Damase ne sait rien : un prêtre ? un exorciste ? Damase ne le sait pas (Claude Savary, Chrsitiophe Gros, Des jumeaux et des autres, Musée d'ethnographie de Genève, Georg, 1995, pp. 109-110).

Saints Gervais et Protais

Le véritable acteur de la légende des jumeaux est bien sûr saint Ambroise. Dans ce contexte de pénitence incarné par Marie-Madeleine, on peut citer une parole de l'évêque de Milan :

La vraie pénitence s'appelle conversion, parce qu'elle change tout son homme; saint Ambroise : Se ipsum homo abneget et lotus mutetur ; c'est une métamorphose, une alchimie, transformation spirituelle, qui fait qu'on a des pensées, affections, façons de faire, coutumes, toutes contraires à celles qu'on avait auparavant (Jacques-Paul Migne, Collection intégrale et universelle des orateurs sacrés, du premier et du second ordre, 1861).

Il n'y a pas lieu de revenir sur les églises Saint-gervais-et-Saint-Protais de Paris et de Gisors qui sont un "Livre muet vouée à l'Alchimie".

Gervais et Protais apparaissant à saint Ambroise, huile sur toile, esquisse pour tenture à l'église Saint-Gervais-Saint-Protais à Paris

fr.wikipedia.org - Saint Gervais et saint Protais - Photo Siren-Com

Isaïe

Mis en circulation sous le nom d'Arnaud au courant de la première moitié du xIVe siècle, le Tractatus parabolicus introduit l'allégorie sous la forme de la concordance typologique entre l'Ancien et le Nouveau Testament. Les prophéties vétéro-testamentaires n'y sont pas seulement considérées comme autant de paraboles se rapportant au Christ, mais également comme une référence au mercure, la substance de base de toute opération alchimique. Les passages introducteurs de ce texte fondateur de la nouvelle orientation expliquent la finalité du recours au texte saint et plus particulièrement au modèle christique [...] Puis l'auteur inconnu du Tractatus parabolicus explicite l'intention qui motive le recours aux rapports typologiques entre d'une part les paroles des prophètes et et le Christ, et d'autre part l'art alchimique à savoir la légitimation par l'autorité biblique de la crédibilité de l'alchimie «Nous avons la preuve que l'art alchimique est vrai à cause de la parole d'Isaïe: "Un rejeton sortira de la souche de Jessé..." (Gilbert Dahan, Richard Goulet, Allégorie des poètes, allégorie des philosophes: études sur la poétique et l'herméneutique de l'allégorie de l'Antiquité à la Réforme, 2005).

Saints Auxiliateurs ou Auxiliaires

La dévotion aux saints auxliateurs est d'origine allemande, élaborée dans le couvent dominicain de Ratisbonne. Le culte est stimulé par la vision du berger franconien Hermann Leicht en 1446 à Francovallis aujourd'hui nommé Vierziehnheiligen en raison de l'appartiion de 14 enfants autour du Christ pris pour des saints.

Les pendentifs portés au cou pouvaient être des croix ou des médailles simples, mais parfois il s’agissait de véritables chefs-d’œuvre complexes, réunissant les vertus des inscriptions, des images et des objets bénis. Récemment une monographie a été consacrée à un pendentif du XVe siècle en or, en forme losangée, trouvée en 1985 près du château de Middleham. L’avers du joyau, un petit boîtier, est décoré d’un saphir et gravé de l’image de la Trinité. Le cadre porte une inscription mi-chrétienne, mi-magique : Ecce agnus dei qui tollit peccata mundi – Tetragrammaton – Ananizapta. Sur le revers, la Nativité et sur la bordure, quinze saints auxiliaires sont représentés. Quant au contenu du joyau, il n’en reste que de petits morceaux d’étoffes brodés d’or ; selon toute vraisemblance, le boîtier renfermait un médaillon rond en cire de l’Agnus Dei, que l’on portait souvent en récipients de bronze ou de métal précieux. Par exemple, le Trésor de Quedlinburg conserve plusieurs capsules-pendentifs Agnus Dei du XVe siècle, dont trois en argent gravé ; un quatrième, constitué de deux plaques de verre, renferme l’Agnus Dei et l’image de saint Christophe en parchemin (Edina Bozoky, Les moyens de la protection privée, 2001).

Saint Barthélemy

Barthélemy est l'écorché le plus célèbre, ce qui a des références alchimiques.

Zosime raconte l'histoire symbolique d'Ion "percé par l'épée", taillé en pièces, décapité, écorché, brûlé dans le feu afin de pouvoir changer son corps en esprit. L'opération alchimique comporte une phase de dissolution et putréfaction des métaux, qu'un alchimiste contemporain commente ainsi : "Rien ne peut renaître à un état meilleur sans mourir préalablement et subir la période de dissolution et de putréfaction de ses principes antérieurs" (Simone Vierne, Rite, roman, initiation, 1973).

Saint Nicolas de Tolentino

Nicolas de Tolentino patron des âmes du purgatoire.

Comme les Ames après les peines passagères de cette vie, sont menées en paradis, où il y a toujours une vie joyeuse ; ainsi sera notre Pierre après avoir été purgée en purgatoire, de son obscurité, c'est-à-dire en blancheur très puissante d'Elixir dit Geroges Ripley.

Le Livre des Douze Portes a été écrit par l'un des deux alchimistes de l'Angleterre du XVe siècle. Il s'agissait de George Ripley, contemporain de Thomas Norton. Ce dernier aurait été initié à l'alchimie par Ripley, un chanoine de Bridlington, qui rassembla ses connaissances dans le Compound of Alchemy, ouvrage dédié à Edouard IV. C'est ce traité qui fut plus tard connu sous le nom du Livre des Douze Portes (herve.delboy.perso.sfr.fr - Ripley).

L'église du couvent des Augustins de Brou à côté de Bourg-en-Bresse est vouée à ce saint Nicolas. Le triptyque qui lui est consacré.

L’iconographie des verrières de Brou a été maintesfois commentée. Les fenêtres centrales du chœursont conçues comme un triptyque : deux scènesd’Apparition au centre ; le couple ducal,les saints patrons et des écus armoriés sur les« volets ». La Crucifixion centralehabituelle est remplacée par l’Apparition du Christà la Vierge et à Marie Madeleine, thèmes de résur-rection et non de mort. Le retable qui devait prendreplace dans l’abside était consacré à la Crucifixionet les épisodes représentés formaient donc un tout avec les peintures sur verre ; des allusions à la Passion existent également, discrètement, dans le vitrail central (Yvette Vanden Bemden, Les vitraux de Brou).

Saints Côme et Damien Jumeaux

Le 27 septembre est la fête des saints jumeaux qui sont devenus avec Marie Madeline les saints patrons de la médecine et de la pharmacie.

En effet, celle-ci est également présente dans les tableaux d’intérieur représentant des laboratoires pharmaceutiques et alchimiques, aujourd’hui conservés respectivement au Musée Fesch d’Ajaccio et au Musée Balio de Trévise, signés du monogramme G. D. V., c’est-à-dire Giovanni Domenico Valentini (1639–1715). Le peintre romain, spécialiste des natures mortes, s’inspire souvent de ces lieux, qu’il fréquentait pour se fournir en couleurs et autres matériaux nécessaires à l’art pictural, et il sut en reproduire les caractéristiques à travers des détails fascinants. À côté des objets d’usage, communs à toutes les officines, tels que matras (vases de verre ou de terre à long col, utilisés en alchimie), alambics, récipients en verre et en majolique, on trouve dans ces tableaux l’image de la Mirafora (porteuse d’huile) avec son vase aux pouvoirs alchimiques. Ces pouvoirs semblent multiples sur l’albarelle où Marie Madeleine est représentée avec son vase symbolique tandis que Côme et Damien portent chacun un urinal pour l’analyse des urines, moyen de diagnostic qui a longtemps prévalu et un livre ou une boîte contenant les drogues. Autant d’objets qui pourraient souligner le hautdegré de considération atteint par les profession-nels auxquels ces pièces font allusion : le médecin chirurgien, protégé par les saints martyrs et l’apothicaire auquel Côme fait référence avec ses attributs, tout comme la Madeleine porteuse d’un farmakon (remède). La formule iconographiquedu « vase dans le vase » suggère d’autres références par le biais du rapprochement de la sainte porteuse d’huile et des saints médecins, il semble que l’on ait voulu mettre en relation l’élément féminin et le masculin. Rapprochement habituel dans toutes sortes de créations artistiques, picturale ou céramique, mais aussi médicale et thérapeutique. Pour que même le soin devienne un art (Maria Cristina Villa Alberti, historienne de l’art rédactrice à la revue Ceramicantica (Traduit de l’italien par Barbara de Montaiguet Jacqueline du Pasquier), Des médecins anargirià la trinité médico pharmaceutique).

Le patronage de Marie-Madeleine aux pharmaciens de Barcelone est antérieur à 1365. Patronage anciennement peu répandu en Catalogne ? où la préférence des confréries auxquelles les apothicaires appartenaient allait à Côme et Damien, sans doute parce qu'elles réunissaient aussi les autres professions médicales, pour lesquelles ceux-ci étaient plus indiqués comme patrons. Mais un patronage qui se généralisa jusqu'à devenir celui des apothicaires de toute la couronne d'Aragon (Pierre Julien, Marie-Madeleine, patronne des pharmaciens de Barcelone, et son image dans les textes et l'iconographie, 1995).

Les Jumeaux représentent le double Mercure, c'est-à-dire au Mercure philosophique ou le Rebis. le compost représente l'association Rebis-Mercure philosophique (herve.delboy.perso.sfr.fr - Soufre, herve.delboy.perso.sfr.fr - La Toyson d'or de Salomon Trismosin).

Saint Géraud et saint Romolo (Romule, Rémo)

Odon de Cluny a écrit une Vie de Géraud d'Aurillac et on lui attribue un Sermo in ueneratione sanctae Mariae Magdalenae.

Qui est la Bien-aimée du Cantique sinon, chez Grégoire le Grand, la préfiguration de Marie-Madeleine ? En recherchant dans la Bible pourquoi Marie, la Tour, figure l'Église, Odon lie aux pensées d'Augustin et de Jérôme l'exégèse capitale du père de l'unité magdalénienne, Grégoire. Il retrouve aussi ce faisant la tradition selon laquelle se célébraient dans le Cantique des Cantiques les noces mystiques de l'Église avec l'Éternel. Comment douter que la Tour, Madeleine, ne soit figure de l'Église alors qu'elle désigne l'Épouse du Cantique promise à son Dieu ? Odon a justifié sa démarche allégorique et peut construire toute son homélie sur les enseignements que l'Eglise doit titer du modèle magdalénien (Élisabeth Pinto-Mathieu, Marie-Madeleine dans la littérature du Moyen âge, 1997).

On ne connaît pas exactement les dates de naissance et de décès de saint Romule de Gênes, on sait seulement qu'il exerça son ministère à Gênes, au Ve siècle, succédant à Saint Félice et Saint Siro. Sa seule biographie date du Xe siècle et elle mentionne uniquement que c'était un homme d'une grande bonté, soucieux du bien des pauvres, et porté à apaiser toutes les discordes. Il quitta Gênes pour fuir l'invasion des Sarrazins, et partit à Villa Matutiæ, qui deviendra plus tard San Remo où il mourut. Selon la tradition locale de San Remo, Romolo aurait été élevé à Villa Matutiæ avant de devenir évêque de Gênes. Il y était retourné pour fuir les invasions, et s'était retiré dans un ermitage, dans une grotte appelée Bauma devenue ensuite lieu de pèlerinage, où il serait mort. Il est le patron de la ville de San Remo. La vénération de Saint Romolo était si importante qu'au début du XIe siècle, les édiles de Villa Matutiæ voulurent changer le nom de leur cité, en lui donnant le nom du saint. Toutefois, le dialecte local déforma le nom qui de San Remolo devint San Remo, donnant dès le XVe siècle la forme actuelle de San Remo.

Le site de San Remo a été habité très tôt dans l'histoire, comme en témoignent des restes d'installations humaines datées du Paléolithique. Les pentes du mont Bignone permettent d'avoir un panorama qui va de Saint-Tropez (que l'on retrouve ici) à Albenga. C'est à l'époque romaine que la ville commence à se développer de manière significative. Elle fut fondée le long de la Via Julia Augusta, probablement appelée ainsi par Caio Matucio, qui avait construit une somptueuse villa autour de l’oppidum ancien (près de l'actuel casino). Une autre interprétation fait référence à la divinité d'origine asiatique Mater Matuta, déesse de l'aurore, dont le nom serait donc devenu Matutia puis Villa Matutiæ (fr.wikipedia.org - Romule de Gênes).

Romule tient son nom de Romulus le fondateur de la ville de Rome. Et son nom s'eest transformé en Rémo, de Rémus le frère jumeau de Romulus.

San Remo ou Romolo ou Romule en la cathédrale San Siro de Gênes - Photo Georges Jansoone (JoJan)

Parmi les produits solides, on offrait quelquefois du miel en rayons (mel). Il tenait lieu de sucre mais on le considérait comme un don en soi. Lui-même était mélangé parfois à de l'eau ou du lait. On préparait aussi beaucoup de bouillies et de gâteaux de miel qui étaient réservés surtout aux divinités chtoniennes. Enfin certains gâteaux étaient spécialement préparés pour les cérémonies religieuses suivant les prescriptions rituelles. Les gâteaux étaient appelés liba c'est-à-dire gâteaux sacrificiels, et étaient consommés après l'offrande par les fidèles, les prêtres et leurs assistants. Le libunz était fabriqué sous la surveillance des pontifes, par des fictores spécialement chargés de ce soin. On y employait la meilleure farine (far, ador, faritra, siliginea, similago). On y mêlait d'après Servius, de l'huile et du miel, d'après Ovide du miel, d'après Caton l'Ancien, du fromage et un œuf. Les liba étaient soit simplement déposés sur l'autel pendant la cérémonie religieuse, soit brûlés par le feu. Plusieurs espèces différaient par la forme : le pastillum, libum rond; le testuatium ne se préparait plus à la fin du Ier siècle av. J.-C. que lors de la fête de Mater Matuta (c'était une galette de pâte appliquée sur une huile chauffée); la turunda était en forme de boulette; la spira, gâteau sacré en spirale; le janual offert à Janus; etc. II faut noter en passant que les oeufs ils servaient à la confection de ce libum sans que par leur adjonction on commette une impiété, constituaient en eux-mêmes une offrande aux libations. Dans les cultes exotiques surtout, on se purifiait par les œufs. Et il est certain que les œufs ayant servi aux lustrations faisaient partie des dîners servis à Hécate dans les carrefours. Or cette vertu purifiante de l'œuf provient de ce qu'il était un microcosme, un germe de vie et un symbole de vie universelle. A cet égard, il suffit de penser à la place que tenait l'œuf dans les croyances orphiques : l'œuf cosmogonique (Pratiques alimentaires et civilisation : les rapports de l'alimentation et de la religion dans la Rome antique).

Quant aux gâteaux que l'on offrait particulièrement à Matuta, Varron s'exprime ainsi : « Libum, quod libaretur ut erat, priusquam esset coctum. Testuatium, quod in testu caldo coquebatur, ut etiam nunc Matralibus faciunt Matronae. »

Les gâteaux ordinaires étaient en effet présentés aux divinités avant que d'être cuits; mais on les offrait tout cuits à Matuta. Cette cuisson se faisait ordinairement sous une espèce de petit fourneau ou moule à pâtisserie, appelé tes tus. On imagine bien qu'il ne faut pas prendre à la lettre la raison que donne Ovide de cette particularité du culte de Matuta. Dans tous les autres sacrifices, les gâteaux crus représentaient les prémices des productions de la terre offertes aux dieux; dans les fêtes de Matuta, déesse du période le plus intéressant, les gâteaux cuits étaient l'image de la nourriture des premiers hommes, comme la déesse était censée avoir présidé à la création du monde , parce qu'elle présidait à la grande révolution du renouvellement de la nature (Bibliothèque Latine-Française, Volume 54, 1835).

Le testuatium était un libum cuit : testuatium sive libum in testu caldo tostum esse videtur (Georg Friedrich Grotefend, Rudimenta linguae Umbricae ex inscriptionibus antiquis enodata, 1835).

On y mettait des oeufs : "Ea quomodo ex caseo, farina siliginea et ovo facta sint, atque in foco raldo sub testu leviter corta" dit Caton dans son De Agricultura (Publius Ovidius Naso, Jean-Augustin Amar Du Rivier, Publius Ovidius Naso, Volume 6, 1822).

Testis est en latin le nom du testicule associé à la fertilité qui va par paire en général.

Romule était invoqué contre la présence des loups qui effayaient les populations : « Sainte Agathe, liez-lui les pattes,Saint Remo, serrez-lui les boyaux,Saint Gesippe, serrez-lui les trippes,Saint Grégoire, serrez-lui la mâchoire,Saint Loup, tordez-lui le cou ! (Le loup au Moyen Âge) Ou "Saint Laurent, rognez-leur les dents, Saint Preux, nouez-leur la queue ... Et je prie le bienheureux Saint Loup de tuer le mauvais loup." (Les loups ravissants).

Saint Germain de Capoue

L’évêque de Capoue, Germain, rencontra aux thermes l’esprit du diacre Pascase qui lui demanda de prier pour lui car il était en purgatoire et après quelques jours l’évêque ne le vit plus aux thermes parce qu’il avait expié son péché.

Dans ma jeunesse, dit saint Grégoire dans ses Dialogues, avant d'embrasser la vie religieuse, j'ai souvent entendu faire l'éloge des vertus de Paschase, diacre de l'Eglise romaine. Des personnes très honorables et qui l'ont parfaitement connu nous le peignaient comme un homme d'une admirable sainteté, tout entier aux oeuvres de la charité, vrai père des pauvres et d'une abnégation absolue. Le souverain Pontife étant mort, les suffrages se partagèrent entre Symmaque et Laurent. Paschase prit parti pour celui-ci : cependant Symmaque fut élu pape à l'unanimité; par les évêques et le peuple. Paschase se soumit mais sa soumission fut imparfaite, car il garda pour son ami une affection trop sensible. Les saints ont aussi leurs défauts. Il mourut sous le pontificat de Symmaque, et pendant la cérémonie des obsèques un possédé fut délivré miraculeusement par l'attouchement de sa dalmatique. Longtemps après saint Germain, évêque de Capoue, allant dans les Abruzzes faire une saison d'eaux thermales, quel ne fut pas son étonnement de voir soudain le saint diacre qu'il avait toujours vénéré lui apparaître triste, abattu, souffrant. Tout hors de lui-même, il lui demanda comment un homme tel que lui se trouvait en cet état ? Paschase lui répondit : Je suis envoyé ici pour faire pénitence et pour expier mon affection excessive envers Laurent ; mais je vous en conjure, ayez pitié de moi et priez pour moi. Si vous ne me voyez plus revenir ici, ce sera une preuve que vous avez été exaucé. En effet l'évêque pria avec ferveur et ne le revit plus, d'où il conclut qu'il avait été admis dans la goire (lalumierededieu.eklablog.com - Novembre le mois des âmes du purgatoire, sites.google.com/site/sacroeprofanocaravaggio67/FRA - Symboles et attributs des saints).

Quelquefois aux XIIIème et XIVème siècles, surtout aux XVème et XVIème, époque où se dégradent et se perdent les traditions, on humilie lauréole jusqu'à la faire servir à l'apothéose d'un saint ou d’une sainte. Ainsi un vitrail de la fin du XIIIème siècle, à Chartres, nous montre saint Martin, archevêque de Tours, enlevé au ciel par deux anges, dans une auréole de feu. Sur des manuscrits voisins de la renaissance est peinte, enveloppée de cette'divine auréole, Marie Madeleine ravie en extase par des anges au-dessus de la Sainte-Baume. Il faut prendre garde alors de ne pas confondre Marie Madeleine avec la mère de Dieu, l'exaltation de Madeleine avec fassomption de Marie. La grotte , llâge de la sainte et d’autres caractères peuvent servir à distinguer l'une de l'autre.— Il semble que lhonneur de l'auréole ait été décerné à un saint ordinaire bien avant le XIIIème siècle. On lit, en effet, dans la vie de saint Benoît, qui mourut en 590, qu'il aperçut un jour Ïâme de Germain, évêque de Capoue, enlevée au ciel par-des anges et dans une sphère de feul. Ce globe de feu est bien une auréole; il est vrai qu’il enveloppait, non plus le corps, mais l'âme d'un saint, et qu’une âme pareille semble se rapprocher de la divinité. C’est de même dans une auréole ovale, rouge ou de flamme, qui est enlevée, à Chartres, cette âme de saint Martin.

Voici comment saint Ouen (Vie de saint Eloi, dans d'Achery, Spicilegium, tom. II, p. 1 13) raconte la mort de saint Eloi, son ami V, et comment il décrit l'auréo1e resplendissante, la lumière sphérique, le phare qui environna l'âme du saint montant au ciel (Adolphe-Napoléon Didron, Histoire de Dieu, Iconographie chrétienne, 1843).

Selon Jacob Bohme (1682), l'âme «plonge ses racines dans le feu et sa vie est dans le feu».

On lit dans la Bibliothèque des Philosophes chimistes, t. IV, p. 570 et 578 (1754): « Adam: terre rouge, mercure des sages, soufre, âme, feu de nature et Ève, terre blanche, terre de vie, mercure philosophique, humide radical, esprit. »

A son tour, Petasius le philosophe, parlant du principe de l’œuvre, s’accorde avec ce qui a été déjà exposé au sujet de notre plomb et dit: « La sphère de feu est retenue et enserrée par celle du plomb ».[333] Et le même, se faisant son propre commentateur, ajoute: « Cela veut dire à partir du produit qui vient de l’eau mâle ».[334] Or c’est l’eau mâle qu’il a appelée la sphère de feu.[335] Il a dit (aussi) que le plomb est tellement possédé du démon[336] et livré à l’impudence, que ceux qui veulent apprendre (la science) tombent dans la folie, à cause de (leur) ignorance (de ses propriétés) (Alchimistes grecs, Deuxième partie, Traités démocritains, Olympiodore, Commentaire sur le livre « Sur l’action de Zosime », et sur les dires d’Hermès et des philosophes).

Saint Albert le Grand

Albrecht von Bollstädt connu sous l'appellation saint Albert le Grand, était dominicain, philosophe, théologien, naturaliste, chimiste et alchimiste germanique. Il fut professeur de renom au XIIIe siècle et notamment le maître de Thomas d'Aquin.

Il s'intéresse à l'alchimie dans ses Meteora et dans son De mineralibus, qui datent de 1250 environ. Selon Robert Halleux (Les textes alchimiques, Turnhout, Brepols, 1979, p. 103-104), « le corpus [alchimique] d'Albert le Grand comprend une trentaine de titres ». L. Thorndike et J. R. Partington ont décelé dans son De coelo et mundi et dans ses Météorologiques une grande familiarité avec les thèmes alchimiques. Ceux-ci sont traités longuement dans le De mineralibus (1256). Sur la matière des métaux, il développe, contre Démocrite et Ibn Juljul, la théorie alchimique du soufre et du mercure, qu'il concilie avec les quatre éléments et qu'il reprend à Avicenne. Le Alkimia7 et le Alkimia minor semblent d'Albert. Le Semita recta (« La Voie droite ») est une compilation de la Summa perfectionis du Pseudo-Geber (Paul de Tarente, 1280) (fr.wikipedia.org - Albert le Grand).

Bienheureux Jan van Ruysbroeck

Jan de Ruisbroek ou Jan van Ruusbroec (ou Ruysbroeck) est un clerc brabançon né en 1293 dans le village de Ruisbroek, (Duché de Brabant) non loin de Bruxelles et mort en 1381 à Groenendael, situé également dans le Brabant. Sa mère morte lui apparaissant en personne après le saint sacrifice, rendant grâces avec un visage tout tranquille, elle lui assura en toute certitude que par l'hostie offerte à Dieu, il l'avait totalement libérée dela peine qu'elle avait endurée jusque-là dans le purgatoire.

Prêtre en 1324, c'est en 1343 que Ruysbroeck et ses deux amis, Franco van Coudenberg et jean Hinckaert, quittèrent Bruxelles pour se rendre à Groenendael. Il est vrai que c'est seulement six ans plus tard, en 1349, qu'ils y prirent l'habit et la règle de saint Augustin.

Le culte de Ruysbroeck est confirmé en 1908 par le pape Pie X. Il est fêté le 2 décembre date de sa mort. Le poète et écrivain belge Maurice Maeterlinck contribua à faire redécouvrir le grand mystique flamand, notamment dans son article « Ruysbroek l’admirable » paru dans la Revue Générale à Bruxelles en 1889, puis dans sa traduction en 1891 de L’Ornement des noces spirituelles.

L'écrivain Joris-Karl Huysmans le cite en exergue de son œuvre majeure A rebours "Il faut que je me réjouisse au-dessus du temps..., Quoique le monde ait horreur de ma joie, et que sa grossièreté ne sache pas ce que je veux dire." (fr.wikipedia.org - Jan de Ruisbroek).

Ruysbroeck n'est nullement l'illuminé écrivant dans l'extase qu'on a souvent représenté. Il y a en lui un spéculatif qui entreprend une-construction métaphysique. Pour cela, il emprunte à Albert le Grand sa cosmologie, à saint Thomas sa psychologie. Au reste, il choisit avec la plus grande liberté, mêlant aux théories de saint Thomas sur la création l'opinion de Scot Érigène sur l'empreinte tripartite des hypos-tases divines dans l'âme humaine, prenant à saint Bonaventure sa représentation de la vie spirituelle. Mais l'essentiel de la doctrine de Ruysbroeck vient d'ailleurs. Saint Augustin a été son maître en méta­physique. Gomme Augustin, — disciple lui-même des néo-platoniciens par ses théories du Dieu simple, du Verbe et du mal, — Ruysbroeck croit au Dieu-Un, que l'homme peut connaître parce qu'il a en lui une étincelle divine, l'âme, et qu'il peut contempler en recherchant la per­fection. Pour arriver à cette contemplation, mieux, à la possession, à la « fruition divine ». Ruysbroeck fait siennne la méthode mystique d'un autre disciple des néo-platoniciens, le pseudo-Denys. Cette mé­thode mystique, où le but suprême proposé à l'homme est de se perdre en Dieu, fit accuser Ruysbroeck de panthéisme par Gerson. Et vrai­ment la phrase suivante de la « Pierre brillante », dénoncée par le chan­celier clé l'Université de Paris, justifie cette accusation : « L'homme se voit comme englouti lui-même dans l'unité, par le sentiment intime de son union, et comme plongé dans l'être vivant de Dieu, par la mort à toutes choses. Et là, il se sent une même vie avec Dieu. » La tendance au panthéisme est manifeste chez Ruysbroeck et s'explique surtout par l'influence clé maître Eckhart. Ruysbroeck a beau corriger dans le sens chrétien la pensée d'Eckhart sur Dieu, seule réalité, sur l'union mystique avec Dieu qui fait que l'homme devient Dieu, son œuvre est celle d'un disciple qui emprunte au maître jusqu'à la terminologie (André Courtet sur A. Wautier D'Aygalliers. Ruysbroeck l'Admirable. Paris, Perrin, 1925, 2e édition., Bibliothèque de l'école des chartes, 1926, vol. 87, n° 1, pp. 190-192.).

La doctrine de Ruysbroek très équilibrée indique la progression qui marque l'union de l'âme chrétienne à Dieu. Influencé par l'école dominicaine allemande, il fut à l'origine d'un mouvement spirituel important : la Devotio moderna. Parmi les contemproains, Geert Groote, Tauler, Thomas a Kempis considéraient Ruysbroek ciomme leur maître. Ses écrits en prose ascétiques et mystiques (Le Joyau des noces spirituelles, Le Royaule des amants de Dieu, Le livre de la plus haute vérité de Samuiel, Le livre des sept clôtures, Les sept degrés de l'échelle d'amour spirituel, Le livre du tabernacle spirituel) eurent une grande influence et furent traduits en français et en latin. Ce sont les premiers monuments de la langue néerlandaise.

Le mariage sacré, la hiérogamie, occupe une place importante dans les Mystères antiques. Dans le christianisme, comme chez saint Bernard (1090-1153), cette thématique se développe à partir de commentaires du Cantique des Cantiques. Dans son Traité de l'amour de Dieu, il décrit l'itinéraire de l'âme vers les sphères supérieures, dont l'étape ultime est celle des noces spirituelles. Cette symbolique connaîtra un grand développement chez les mystiques rhéno-flamands, notamment chez les béguines et chez Jan van Ruysbroek, l'auteur de L'Ornement des noces spirituelles (1335). Chez de nombreux auteurs, comme Valentin Weigel, le thème des noces spirituelles est lié à celui de la régénération et de la nouvelle naissance. Chez ces derniers, la symbolique alchimique s'ajoute à celle du christianisme (Christian Rebisse, Les Noces chymiques, Extrait de la revue Rose+Croix n° 194 - été 2000).

L’Évangile parle de la maison construite sur le sable et de la maison construite sur le roc. II parle aussi de la pierre dédaignée, qui est appelée à devenir la pierre angulaire de la construction. Et celle-ci n'est pas sans rapports avec la pierre philosophale des alchimistes, ni avec la pierre dont parle Ruysbroeck l'Admirable dans son traité De la Pierre étincelante. La maison se trouve ainsi exprimer, sur tous les plans, une idée fondamentale, qu'on peut traduire approximativement par les mots d'intimité, d'intériorité, mais qui en diverses hauteurs, rend des harmoniques aussi fort diverses, bien (De l'instinct à l'esprit, Précis de Psychologie analytique).

Ce que nous venons de dire nous fait comprendre pourquoi au livre des Mystères de Dieu, écrit par saint Jean, l'Esprit du Seigneur s'exprime ainsi : « Au vainqueur, c'est-à-dire à celui qui sait se vaincre et se dépasser lui-même avec toutes choses, je donnerai la manne cachée, c'est-à-dire un goût intérieur mystérieux et une joie céleste; et je lui donnerai une petite pierre brillante, sur laquelle est écrit un nom nouveau, que nul ne connaît sinon celui qui le reçoit. » La petite pierre est désignée sous le nom de calculus, à cause de sa petitesse et parce qu'on peut la fouler aux pieds sans en ressentir aucun mal. Elle est d'un éclat brillant, rouge comme une flamme ardente, petite et ronde, toute plane et très légère. Par cette petite pierre brillante nous pouvons entendre Notre-Seigneur Jésus-Christ; car en sa divinité il est la clarté de la lumière éternelle, la splendeur de la gloire divine et un miroir sans tache où toutes choses vivent. Celui donc qui sait tout vaincre et dépasser reçoit cette pierre brillante, et avec elle la clarté, la vérité et la vie. Semblable à une flamme ardente, la petite pierre représente l'amour brûlant du Verbe éternel qui a rempli de ses feux toute la terre et veut en embraser tous les esprits aimants jusqu'à les consumer. Elle est si petite qu'on la sent à peine, lorsqu'on la foule aux pieds. D'où son nom de calculus ou petit caillou. Et saint Paul nous donne le sens de cette particularité, lorsqu'il dit du Fils de Dieu qu'il s'est réduit à néant et humilié en prenant la forme d'esclave et se rendant obéissant jusqu'à la mort de la croix. Par la bouche du Prophète le Seigneur a d'ailleurs dit lui-même : « Je suis un vermisseau et non un homme, l'opprobre des hommes et le rebut du peuple.» (Jan van Ruysboreck, La Pierre brillante, Chapitre 7).

Nous apprenons de Sénèque qu'un certain Démocrite trouva l'invention de convertir des cailloux recuits en émeraudes, & qu'en suivant sa méthode on pouvoit donner telle couleur que l'on vouloit, aux pierres qui sont propres à ces opérations; excidit porro vobis eumdem Democritum invenisse quemadmodum decoctus calculus in smaragdum converteretur, qua hodieque coctura inventi lapides coctiles colorantur (Epist. 90) (M. Beneton de Perrin, Disseration sur la verrerie, Mémoires pour l'histoire des sciences et des beaux arts, octobre 1733).

Saint Gatien

Les sept prédicateurs envoyés en Gaule par le prince des Apôtres Pierre, selon M. Faillon, furent Trophime d'Arles, Paul de Narbonne, Martial de Limoges, Austremoine d'Auvergne, Gatien de Tours, Saturnin de Toulouse, Valère de Trèves. Cela selon les traditions des Eglises de Trèves rapportées par Raban Maur et d'Arles. raban place cet envoi sous l'empire de Claude la 14ème année de l'Ascension.

Ils font partie des 24 anciens qui voguèrent de Palestine vers la Gaule, selon Raban Maur, avec Marie Madeleine.

Le saint évêque Maximin eut pour son partage la ville d‘Aix, métropole de la seconde province Narbonnaise, dans laquelle sainte Marie-Madeleine finit sa vie mortelle. Paul eut Narbonne, métropole de la première province Narbonnaise ; Austrégisile, la ville de Bourges, métropole de la première Aquitaine ; Irénée eut Lyon, métropole de la première Lyonnaise ; Sabien et Potentien eurent pour leur part la ville de Sens, métropole de la quatrième Lyonnaise ; Valère, la ville de Trèves, métropole de la première Belgique ; Féroneius, Besançon, métropole de la première province des Séquaniens ; Eutrope, la ville de Saintes, dans la seconde Aquitaine, dont Bordeaux est maintenant la métropole ; Trophime, Arles, alors métropole de la province de Vienne. Ce furent de ces prédicateurs que ces dix provinces des Gaules reçurent la foi.

Les autres docteurs ne prèchèrent point aux sept autres provinces des Gaules, mais à sept villes de provinces (diverses) : Eutrope à Orange, ville de la province de Vienne ; Front à Périgueux, dans la seconde Aquitaine ; Georges à Veliacum, dans la première ; Julien au Mans, dans la troisième Lyonnaise ; Martial à Limoges, dans la première Aquitaine ; Saturnin à Toulouse, dans la première Narbonnaise, où il fut précipité du capitole pour la foi de Jésus-Christ. Parménas, avec la vénérable servante du Sauveur, sainte Marthe, se retira à Avignon, ville de la province Viennoise, ainsi que Marcelle, suivante de la sainte, Epaphras, Sosthène, Germain, Evodie et Syntique. Rouen avec sa province, la seconde Lyonnaise qui est la Normandie ; Mayence avec sa province, la première Germanique ; Cologne avec sa province, la troisième Germanique ; Octodure avec sa province des Alpes Grecques et Apennines ; la métropole d'Auch avec sa province, la Novempopulanie ; la métropole d’Embrun avec sa province des Alpes Maritimes ; la métropole de Reims avec sa province, la seconde Belgique, furent réservées à d’autres docteurs.

En outre, voici les noms de ceux qui furent envoyés dans les Espagnes par les apôtres : Torqualus, Ctésiphon, Secundns, lndalecius, Cecilius, Esicius, Euphrasius : ces sept prédicateurs réunirent à la foi chrétienne les sept provinces des Espagnes (M. Faillon, Monuments inédits sur l ´apostolat de S.Marie Magdaleine en Provence, 1859).

On aura remarqué que Gatien n'est pas directement nommé par Raban.

Raban-Maur nomme ces saints personnages parmi lesquels saint Gatien est désigné de la manière que nous allons expliquer. Citons d'abord le passage : « Hirenœus Lugdunum, metropolim Lugdunensis tertiœ ; Sabinus et Potentianus senonas Metropolim Lugdunensis quartœ... »

Il est évident que Lyon n'était pas la métropole de la troisième Lyonnaise, mais de la première; la métropole de la troisième Lyonnaise, c'était Tours. Une distraction occasionnée par la répétition du mot metropolim aura donné lieu à cette erreur, qu'il faut rectifier en ajoutant après le premier « Lugdunensis » les mots : prima, Gatianus Turonem, Metropolim Lugdunensis, suivis du tertix, et traduire ainsi: « Irénée fut envoyé à Lyon, métropole de la première Lyonnaise; Gatien à Tours, métropole de la troisième Lyonnaise, etc. » (Mémoires de la Société archéologique de Touraine: Série in-80, Volume 21, 1871).

Béroalde de Verville (1558-1612), érudit et polygraphe, chanoine de Saint Gatien de Tours, se prétendait alchimiste. Selon des études récentes, il serait l'auteur du fameux Livre des Figures hiéroglyphiques, attribué à Nicolas Flamel. Fils de Mathieu Brouard, dit Béroalde, humaniste protestant, il se réfugie à Genève avec son père après la Saint-Barthélemy, puis à Bâle, où il fait des études de médecine et fut probablement initié à l'alchimie. De retour à Paris, il fréquente le cercle de Pierre de l'Etoile proche de la Ligue. A cette époque il se convertit au catholicisme. Cependant, fidèle au roi Henri III, il le suit en exil à Tours en 1589. Nommé chanoine de Saint-Gatien de Tours en 1593, il publie une traduction du Songe de Poliphile et Le voyage des princes fortunés en 1610 (François Béroalde de Verville, L'Histoire véritable ou Le voyage des princes fortunés, 2005).