Jalès, en liaison avec le nonagone local gardois, est le lieu de ralliement des royalistes catholiques opposés dans la région aux protestants qui s’étaient massivement engagés dans la Révolution. Bastide, seigneur de Malbos, fut le premier chef du parti catholique contre-révolutionnaire qui, battu lors des sanglants affrontements qui eurent lieu dans le Gard, à Nîmes et à Uzès, se replia sur le camp de Jalès. Chastenier de Burac succède à Bastide, arrêté et mort en prison. Allier, prêtre de Chambonas, en relation avec les princes, attendait l’intervention militaire espagnole. Il organisa d’autres camps à Jalès, réunissant 2000 hommes placés sous les ordres du comte de Saillans. Ils furent dispersés par l’armée régulière, le château de Jalès étant incendié. Les frères d’Allier, exécuté en 1793, poursuivent la lutte. Des camps seront organisés dans les ruines de Jalès jusqu’en 1815.
Dans l’opposition à la Révolution, l’action rebelle directe cohabite avec l’entrisme de certains royalistes comme Jean-Baptiste Dossonville. Né à Auneau en 1753, c’est une sorte d’agent double au service de la royauté, combattant la Révolution de l’intérieur. Chargé de traquer les faux monnayeurs d’assignats et de surveiller les abords des Tuileries, il assiste le 20 juin 1792, à l’obligation faite au roi de boire à la santé de la nation par les émeutiers. Il offre ses services à Louis XVI qui l’envoie en Angleterre en mission secrète. De retour en France, il est arrêté le 10 août comme espion royaliste. Il est acquitté et libéré juste à temps pour éviter les massacres de septembre. Pourchassant toujours les faux monnayeurs, il est arrêté sur les ordres de Tallien à la chute de Robespierre. Amnistié, il est nommé inspecteur général adjoint par le ministre de l’Intérieur Cochon de Lapparent avec qui il partage la proscription après le 18 fructidor. Echappé de Guyane avec Pichegru, Barthélemy et Ramel, il espionne pour le service de l’Angleterre. Emprisonné à Olmütz, il est libéré grâce au traité de Lunéville de 1801. Offrant ses services à Bonaparte, il constitue une contre-police secrète en parallèle à celle de Fouché dont le Premier consul se méfie. Après la disgrâce de Fouché, il retrouve la police officielle mais est arrêté pour avoir été impliqué dans la conspiration Moreau par Pichegru. En résidence surveillée jusqu’à la fin de l’Empire, il finit sa vie commissaire de police de la monarchie dans l’Île Saint-Louis.
Alors que certains combattront par les armes, d’autres utiliseront la plume pour s’opposer au déferlement révolutionnaire qui balaie tout sur son passage.
Jean Gabriel Peltier, né à Nantes en 1765, écrit deux pamphlets contre la Constituante et le duc d’Orléans, puis fonde les Actes des Apôtres qui réunissent les meilleurs libellistes royalistes. Au 10 août, la foule massacre un de ses collaborateurs. Il s’enfuit en Angleterre et continue ses publications contre-révolutionnaires. Il ne rentre en France que vers 1820, ayant critiqué le ministère Decazes.
Collaborateur aux Actes des Apôtres, Antoine Rivarol, né à Bagnols-sur-Cèze en 1753, est le fils d’un aubergiste qui fit auparavant divers métiers et était d’une grande culture. En 1776, il monte à Paris et se fait appeler chevalier de Parcieux, nom déjà porté par un personnage qui lui signifie de mettre fin à son usurpation. Aussi il s’affuble du titre de comte de Rivarol. Il fréquente les salons, dont celui de madame Geoffrin où il rencontre Diderot et Voltaire. Il épouse une Anglaise qui lui donne un fils et qu’il abandonne. Il participe au Mercure de France, et obtient le prix de l’Académie de Berlin pour son Discours sur l’universalité de la langue française. Il prend la défense de la monarchie pensant en disciple de Montesquieu qu’elle seule convient à un grand Etat. Principal rédacteur du Journal politique national de l’abbé Sabatier de Castres. Jouant le rôle d’un conseiller secret du roi, il quitte la France en 1792 pour ne plus y revenir. Il échoue à Berlin, ne pouvant accéder à la cour prussienne, et y meurt en 1801.
Claude François Beaulieu (Riom, 1754–1827, Marly) est un journaliste qui défend la monarchie constitutionnelle. Emprisonné sous la Terreur, il échappe à la mort et fonde sous le Directoire le journal Le Miroir en 1796. Il rédige une intéressante histoire de la Révolution..
Autre libelliste, Nicolas Bergasse, né à Lyon en 1750, est un avocat célèbre depuis le procès Kornmann qui l’oppose à Beaumarchais. Elu aux Etats généraux en 1789, il est lié au parti monarchien au centre droit. Critiquant la constitution de 1791 dans de nombreux libelles, il était devenu conseiller secret du roi en 1790. Il aurait dicté ses réponses au retour de Varennes lors de l’enquête menée par les députés ainsi que son discours à l’Assemblée. Membre du comité de défense du roi, il se cache à Bagnère-de-Bigorre après son exécution. Emprisonné, il est conduit à Paris pour être jugé quand la Terreur prit fin. En liberté provisoire en 1795, il se retire de la politique. A la Restauration, il accède à la fonction de conseiller d’Etat et propose une constitution ultra-réactionnaire. Il aurait inspiré l’idée de la Sainte Alliance au tsar Alexandre Ier dont il était devenu conseiller.