Partie XVIII - La Chouette d’Or   Chouettes vignettes   Chouette vignette : énigme B   
LA CHOUETTE D'OR VIGNETTES B

Sourd et aveugle

Nous arrivons à cette œuvre posthume, la plus intime, la plus personnelle que nous ait laissée Alfred de Vigny, la moins connue pourtant et la moins favorablement accueillie par l'opinion oublieuse et occupée d'un autre côté. On a dit depuis longtemps : Habent sua fata libelli; c'est ici le cas plus que jamais. Le sort même du livre justifie son titre : les Destinées. Supérieur par l'énergie du sentiment, par la vigueur et l'âpreté de l'expression, ce poème, où l'auteur a versé les tristesses de son âme, n’a obtenu qu'un regard distrait de la critique. Faut-il s'en étonner ? Non. Ce qui nous louche et nous émeut dans une œuvre, c'est surtout ce qui s'adresse à tous, au moins par la sympathie. C'est par là que Victor Hugo nous a si vivement remués dans sa pièce des Pauvres gens. Or que trouvons-nous ici ? la plainte égoïste et solitaire d'un lutteur ou plutôt d'un contemplateur découragé; un cri de révolte, de rancune et de colère contre la nature, contre Dieu et la société, trois puissances en face desquelles se dresse son moi orgueilleux et mécontent. La nature, cette bonne mère à laquelle Régnier se confiait si volontiers, que le sceptique Horace lui-même ordonne de suivre en tout, en philosophie comme dans l'art : Naturam sequere, n'est ici aux yeux du poète moderne qu'une marâtre insensible aux souffrances de ses enfants. [...]

L'espoir en Dieu, cet admirable élan auquel Lamartine, Victor Hugo et Alfred de Musset lui-même ont dû quelques-uns de leurs plus beaux vers, trouve ici sa contre-partie dans un désenchantement suprême puisé aux sources mêmes de l'Évangile :

S'il est vrai qu'au jardin sacré des Écritures

Le Fils de l'homme ait dit ce qu'on voit rapporté,

Muet, aveugle et sourd au cri des créatures,

Si le ciel nous laissa comme un monde avorté,

Le juste opposera le dédain et l'absence

Et ne répondra plus que par un froid silence

Au silence éternel de la Divinité.

Accusation jetée en passant aux hommes de 1848, qui venaient de laisser échapper encore une fois la république de leurs mains. Ce flot montant de la démocratie que signalait déjà Royer-Collard au temps de la Restauration a frappé les regards du poète dès 1833 : «Les Français ressemblent à des hommes que je vis un jour se battant dans une voiture emportée au galop. Les partis se querellent, et une invincible nécessité les emporte vers une démocratie universelle.» (C. Lenient, Alfred de Vigny, Revue bleue, Volume 20, Numéro 2, 1883 - books.google.fr).

SOURD. A mauvais sourd bonne oreille. (GABR. Meurier, Trésor des Sentences.) XVIe siècle. On dit encore : Il n'y a pire sourd que celui qui ne veut pas entendre. Et Jehan de Meung dans son Codicille : «N'est si mal sourd comme cil qui ne veut ouir goutte.» (XIIIe siècle). Il n'est point de pire sourd Que celui qui feint le sourd. (GABR. MEURIER, Trésor des Sentences) XVIe siècle. Il frappe comme un sourd : Le sourd frappe fort pour entendre les coups qu'il donne (Illustres Prov., t. I, p. 87.) (Antoine Jean Victor Le Roux de Lincy, Le livre des proverbes français precédé de recherches historiques sur les proverbes français et leur emploi dans la littérature du Moyen age et de la Renaissance, Tome 2, 1859 - books.google.fr).

«Le bon maistre Jehan de Meung estoit contemporain, c’est-à-dire du mesme temps et faculté que Dante, qui précéda Pétrarque et Boccace. Et l’un estoit émulateur et nonobstant ami des estudes de l’autre» (J. Le Maire de Belges, Temple de Vénus). [...]

Jean de Meun, poète français, né vers 1279 ou 1280, était originaire de la petite ville de Meun (Loiret), dont il prit le nom. Cette ville, située à quatre lieues d’Orléans, est bâtie sur la Loire. [...]

Jean de Meun prend soin de nous faire connaître, par une prophétie faite après coup qu’il met dans la bouche de l’Amour, le nom de l’auteur et la date de l’achèvement du célèbre Roman de la Rose. [...]

Dante dès l’origine prédit le durable succès de cet ouvrage, et l’amitié qui l’attachait à Jean de Meun ne l’aveugle point dans cette prédiction, que nous voyons sanctionnée par la postérité (Jean-Chrétien-Ferdinand Hoefer, Nouvelle Biographie générale, 1861 - fr.wikisource.org).

B comme blanc et comme Béatrice

Il advint que cette admirable dame apparut à moi vêtue de très blanche couleur (VN III, 1), de très blanche couleur, couleur de la bonté et de la pureté.

La couleur blanche angélique témoigne que rien n'a été accompli. Cette «couleur-lumière» confirme la beauté extrême de Béatrice associée à ce salut qui procure la béatitude . Elle laisse présumer aussi qu'il existe un rapport entre les radiations lumineuses sensibles, liées aux vêtements de Béatrice, et les radiations lumineuses suprasensibles que le salut de cette dame engendre, conduisant Dante aux confins de la béatitude céleste (Sophie Longuet, Couleurs, foudre et lumière chez Dante, 2009 - www.google.fr/books/edition).

Une nouvelle chasse a été élaborée par Max Valentin qui n’est peut-être pas sans rapport avec La Chouette Le testament de Florence B - monglane.a2co.org.

Phare

Il semble à gauche du "spectre", dans le visuel, se trouve une tour qui porte un reflet ou une lumière qui se reflète en-dessous, peut-être dans l'eau.

Dans «Les Phares», au seuil des Fleurs du Mal, Baudelaire invoque les génies tutélaires qui peuplent son musée imaginaire et dont les œuvres hantent son univers mental et poétique. Il demande à ses modèles de le guider vers un nouveau Romantisme, moderne et contemporain. Le poème se compose de 11 quatrains. Poème vertical en quelque sorte… qui n’est pas sans rappeler la forme même du phare. Huit quatrains qui ressemblent à des petits portraits d’artistes. Chaque quatrain fait des allusions plus ou moins explicites à l’univers du peintre. Des tableaux imaginaires dans lesquels Baudelaire met en lien paysages, couleurs et sensations et donne ainsi l’essentiel de l’atmosphère de l’artiste : Rubens, c’est “la sensualité triomphante” ; Vinci, “le mystère souriant” ; une douceur exempte de tristesse ; Rembrandt, “la misère pitoyable” ; Michel-Ange, “la force exaltée” ; Puget, “l’effort douloureux” ; Watteau, “l’ivresse du plaisir” ; Goya, “l’horreur cruelle” ; Delacroix, “l’inquiétude tragique”. Rubens, Watteau exprimeraient, chacun à sa manière, la joie de vivre.  Et trois quatrains, sorte de conclusion de ce “musée imaginaire” proposé par Baudelaire, qui expriment la fonction de l’artiste (philofrancais.fr).

A la différence de Baudelaire, chez lequel le regard critique jeté sur les œuvres d'an, si affiné qu'il ait été, apparaît comme nettement distinct de la démarche poétique propre, Apollinaire tend à confondre les deux attitudes. A partir du texte génial qu'il consacre à Picasso dans La Plume du 15 mai 1905 on peut dire que le texte critique devient poème, le poème à son tour devenant texte critique. Certes, dans Baudelaire. il y a Les Phares, mais c'est le seul poème où soit ébauchée (et même plus qu'ébauchée) cette démarche analogique qui transforme le poème en double métaphorique du tableau. en tableau du tableau. Ce qui ne fut qu'épisodique chez Baudelaire - ainsi que chez Jarry - devient une entreprise systématique avec Apollinaire. J'y vois non seulement l'une des plus frappantes originalités d'Apollinaire, mais la clé de son influence sur Breton et nombre d'autres poètes surréalistes, Eluard notamment, lorsqu'ils parlent peinture (José Pierre, André Breton et la peinture, Cahiers des Avant-gardes, 1987 - books.google.fr).

La dérive baudelairienne vers le «galvanique» et l'opium l'irrite, encore que la pratique coloriste telle qu'il la formule lui-même dans l'écriture intime oriente à la fois vers une unité vibratoire du monde en même temps que vers un état «hors de soi» du peintre. Reste l'essentiel, c'est-à-dire une rencontre de l'écrivain et du peintre dans la spécificité d'une poétique où l'enchantement se suscite du mystère établi entre la vie «agitée» des figures et la déliquescence pourrissante du coloris. La rencontre qui serait celle de l'idéal du vivant avec le «terrible» de la mort. Soit encore une esthétique qui ne relève pas de la perfection harmonieuse du Beau mais de la dynamique propre au Sublime en tant que la «terreur» constitue l'appel même et contradictoire du plaisir final. Ce que sait encore Delacroix, c'est que le grand affrontement avec Ingres que fut pour lui l'exposition universelle de 1855, suscita un texte du poète qui emblématisa Delacroix par la citation de la strophe des «Phares» destinée à devenir comme irrépressible «Delacroix, lac de sang, hanté des mauvais anges...» Soit une assignation de «notre Delacroix» d'une part à l'étrangeté de l'étranger Poe mais aussi à une œuvre de jeunesse, au chef-d’œuvre qui justifiait le plus aisément le poème, c'est-à-dire le Dante et Virgile de 1822. Or, cette figure romantique du peintre lecteur de Dante, si elle peut vérifier l'étrangeté du charme spécifique de la rencontre de la vie et de la mort, si elle est bien d'une beauté terrible, elle n'en apparaît que mieux étrangère à l'aspiration classicisante ultérieure, affichée dans les travaux «sur place». Au Dante et Virgile du peintre de vingt-quatre ans, répond, ou devrait répondre les Champs-Elysées du Palais du Luxembourg, peints en 1896 où la lecture de Dante semble rencontrer le modèle iconographique classique par excellence des Chambres de Raphaël. A la terreur que suppose la vision infernale du chant VIII répond dans la maturité l'illustration monumentale du chant IV :

Cosi vidi adunar la Bella scuola,

Di quel Signer dell'altissimo canto,

Che sevra gli altri com'aquilla vola

Vision non plus d'un Virgile assailli par les ombres et l'horreur, mais vol glorieux du poète classique par excellence, modèle absolu du génie poétique que le peintre affronte, dont il fait ou devrait faire l'emblème de sa propre gloire (Jean-Pierre Guillerm, Couleurs du noir, Le journal de Delacroix, 2020 - www.google.fr/books/edition).

Cité dans la huitième strophe des «Phares», Delacroix est le peintre le plus important pour la réflexion esthétique de Baudelaire. Préférant la couleur au trait, et le mouvement à la ligne, Baudelaire oppose l'art romantique de Delacroix à celui, néoclassique, d'Ingres. Ce tableau est la première œuvre présentée au Salon de 1822 par Delacroix et marque le signal de la révolution romantique. Ses grandes dimensions (189 cm x 241,5 cm) anoblissent le thème littéraire de la descente aux Enfers, ici emprunté à l'œuvre de Dante, et élèvent, dans la hiérarchie des genres, un thème tenu jusque-là pour secondaire en peinture (Florence Bouchy, Johan Faerber, Les Fleurs du mal de Charles Baudelaire (Bac 2022), 2020 - www.google.fr/books/edition).

Dans le long poème des Phares du recueil Spleen et Idéal, Charles Baudelaire évoque l’œuvre de peintres majeurs, un peintre par strophe, pour saisir ce que chacun cherche à exprimer par le truchement de son art.

Delacroix, lac de sang hanté des mauvais anges

Ombragé par un bois de sapins toujours vert

Où sous un ciel chagrin, des fanfares étranges

Passent, comme un soupir étouffé de Weber;

Les trois derniers quatrains sont étrangement sonores après l'exposé d‘œuvres picturales, comme si toute expression artistique se résumait à un même cri.

Ces malédictions, ces blasphèmes, ces plaintes

Ces extases, ces cris, ces pleurs, ces Te Deum,

Sont un écho redit par mille labyrinthes

C’est pour les cœurs mortels un divin opium !

 

C’est un cri répété par mille sentinelles

Un ordre renvoyé par mille porte-voix

C’est un phare allumé sur mille citadelles

Un appel de chasseurs perdus dans les grands bois

 

Car c’est vraiment, Seigneur, le meilleur témoignage

Que nous puissions donner de notre dignité

Que cet ardent sanglot qui roule d’âge en âge

Et vient mourir au bord de votre éternité ! (annbourgogne.wordpress.com).

Edgar Degas, Dante et Virgile à l'entrée de l'Enfer, 1857-1860 - www.degas-catalogue.com

Dans le Salon de 1846 dans l’article consacré au peintre et que Baudelaire a commenté lui-même succinctement, il insiste sur la synesthésie que produit la correspondance entre couleur et son «idées de musique romantique que réveillent les harmonies de sa couleur». Ou encore : impression quasi musicale que l’on emporte de ses tableaux (philofrancais.fr).

Aveugle

Brunetto Latini : On dit depuis longtemps dans le monde que les Florentins sont aveugles. C'est une nation avare, envieuse et pleine d'orgueil ; apprends à connaître leurs vices pour t'en préserver. [...] 

Dante : O mon maître, lui répondis-je, si mes veux avaient pu être exaucés, vous ne seriez pas encore séquestré du monde des vivants; car, je ne puis l'oublier, je retrouve gravée dans mon cœur la chère image, la figure douce et paternelle de celui qui m'enseignait comment l'homme s'immortalise. Il est bien juste que ma bouche fasse éclater ici, et tant que je vivrai, mes sentiments de gratitude. Quelle que soit ma destinée, je prends note de vos paroles, pour les comparer avec d'autres qui m'ont déjà été dites. Il est une sainte au Ciel [Béatrice] (puissé-je parvenir jusqu'à elle !), qui dissipera ce qu'elles ont d'obscur. Au surplus, et j'ai à cœur que vous le sachiez, pourvu que je sois en paix avec ma conscience, libre à la Fortune de faire de moi ce qu'elle voudra. Ces pronostics ne sont pas nouveaux pour mes oreilles. Tourne donc, ô roue inconstante, comme le manant retourne sa bèche ; je m'attends à tout (L'Enfer, Chant XV).

Le sobriquet d'aveugles donné aux Florentins leur venait de ce qu'ayant eu à choisir entre deux présents qui leur étaient offerts par la ville de Pise, ils avaient préféré à deux portes de bronze, des colonnes de marbre qu'ils avaient reçues enveloppées d'un drap et qui se trouvèrent mutilées (Henri Dauphin, La divine comedie de Dante Alighieri, 1886 - www.google.fr/books/edition).

Phares dans la Comédie

Saint Bernard me voyant l'œil fixe et attaché sur ce phare éblouissant, y porta lui-même ses regards avec tant de ferveur, qu'il me rendit plus dévot encore dans ma contemplation (Paradis, chant XXXI).

C'est dans le cours de cette première éducation, époque si précieuse qui laisse peu de traces, et dont l'influence est souvent décisive sur la vie entière, que se place un fait considérable et attesté par Dante lui-même : il venait, dit-il, d'accomplir sa neuvième année, lorsqu'il fut conduit chez les Portinari, voisins et amis de sa famille. Il vit dans une fête donnée par le chef de cette maison, au mois de mai 1274, la fille de Folco Portinari, une jolie enfant à peu près de son âge : c'est la célèbre Béatrix, immortalisée par ses vers, celle qui fut son premier amour et son phare sur la mer orageuse qu'il devait traverser. A l'instant son âme lui fut fiancée, et quoiqu'il ne lui ait été donné de la revoir que neuf ans après, son tempérament vif et sensible s'était décelé à cette apparition angélique ; merveilleuse précocité du cœur dans un enfant de génie. On peut juger de ce qu'il sera, en le voyant prendre au sérieux et combattre en homme une passion naissante qui l'effraie parce qu'il en a sondé la profondeur (Henri Dauphin, La divine comedie de Dante Alighieri, 1886 - books.google.fr).

Couleurs de l'arc en ciel

François Delsarte (1811-1871), pédagogue et théoricien du mouvement, avait lui-même été élève au Conservatoire de Paris puis ténor à l’Opéra-Comique. Une fois sa carrière interrompue, sa voix s’étant brisée, il s’intéressa à la gymnastique et au mouvement en général, et passa le reste de sa vie à étudier les liens existant entre le geste et l’émotion. On voit en lui, de nos jours, un précurseur de la danse et de l’expression corporelle contemporaines, au travers de ses enseignements oraux, qui ne nous sont connus que par les écrits de ses disciples, notamment aux Etats-Unis, où alla d’ailleurs mourir Alfred Giraudet lui-même en 1911.

En 1880, âgé de 35 ans, il entre à l’Opéra en 1880. Il y chantera les Huguenots, le Prophète, l’Africaine, la Juive, Aïda, Hamlet, etc., et y créera Françoise de Rimini le 14 avril 1882.

Le vendredi 14 avril 1882, il participe à la création, à l’Académie Nationale de Musique, au Théâtre de l’Opéra, alias Palais Garnier, de Françoise de Rimini, opéra en un prologue, quatre actes et un épilogue (soit cinq actes) d’Ambroise Thomas, dont la tombe se trouve dans la 28e division du cimetière de Montmartre, sur un livret de Jules Barbier et Michel Carré (d’après l’Enfer de Dante), sous la direction d’Ernest-Eugène Altès et la régie de Henri-François de Régnier et d’Adolphe Mayer, avec une chorégraphie de Louis Mérante et une mise en scène de Jean-Baptiste Lavastre, Daran, Antoine Lavastre, Carpezat, Rubé et Chaperon. Il interprète alors le rôle de Dante, à l’âge de 36 ans. Alfred Giraudet quitte l’Opéra en 1883, à l’âge de 38 ans. Il devient professeur au Conservatoire en 1888. En 1882, une autre élève de Delsarte, Angélique Arnaud, publie un ouvrage consacré à leur défunt maître commun. Depuis 1871 en effet les recherches et les enseignements de Delsarte avaient rencontré beaucoup d’écho et d’intérêt outre-Atlantique (Bernard Gineste, Alfred Giraudet, chanteur lyrique étampois (1845-1911), 2008 - www.corpusetampois.com).

Henri de Toulouse-lautrec, Les grands concerts de l'Opéra. Ambroise Thomas assistant à une répétition de Françoise de Rimini, 1896 - Musée TL Albi - fr.wikipedia.org - Ambroise Thomas

Dans le monde littéraire, il est des locutions consacrées et d'un usage très-fréquent. Ainsi l'on dit très-souvent : style fleuri... brillant orateur... Ce langage figuré signifie que pour briller, l'orateur doit être paré de l'éclat des fleurs. De même qu'une fleur se distingue et plaît par la beauté de sa couleur, ainsi l'artiste se distingue et plait par les nuances brillantes de sa diction. Impossible de donner un nom à l'orateur monotone et incolore, pas plus qu'à une fleur flétrie et décolorée. Or voulez-vous donner aux phénomènes de votre organisme cette belle corolle de la fleur de nos parterres, jetez vos regards sur la nature.

La nature parle aux yeux par la ravissante variété de ses couleurs, et, chose merveilleuse, les couleurs apprennent à leur tour à l'homme comment il doit lui-même parler aux yeux. L'homme tout entier se reconnaît sous le riant emblème des couleurs. Supposez-le dans l'état que vous voudrez, une couleur vous dira le secret de ses aspirations. Aussi il nous a été facile de montrer l'orateur en image dans ce tableau colorié, et il ne nous est pas difficile de justifier le choix des couleurs.

De ce que l'homme, dans son âme, se présente à trois états : sensible, intellectuel et moral; et dans son organisme, à l'état excentrique, concentrique, et normal; à priori vous pouvez conclure qu'il y a dans la nature trois couleurs pour symboliser les trois états, et l'expérience ne vous contredira pas.

En effet, le rouge, le jaune, le bleu, voilà les trois couleurs primitives. Toutes les autres dérivent de ces trois couleurs rudimentaires.

Pourquoi avons-nous peint en rouge la colonne qui correspond à la vie ? Parce que le rouge est la couleur du sang, et la vie est dans le sang. Or la vie est la source de la force, de la puissance. Donc le rouge convient à symboliser la force, la puissance en Dieu, dans l'homme et dans le démon. Pourquoi le bleu à la colonne de l'état concentrique, de l'esprit ? Parce que le bleu sert de transparent à la lumière pour arriver plus douce à nos yeux. Pourquoi le jaune à la colonne de l'âme ? Parce que le jaune a la couleur des flammes; c'est la matière à l'état d'incandescence : ce qui est le vrai symbole d'une âme embrasée d'amour. Le jaune est donc l'emblème de l'amour pur et des flammes impures. Pourquoi ne faisons-nous point usage du blanc dans nos tableaux ? Parce que le blanc est l'incandescence au suprême degré. On dit du fer qu'il est rougi au blanc. Or dans ce monde il est rare de voir un cœur chauffé au blanc. Les thermomètres de la terre ne marquent pas ce degré de chaleur.

On ne peut contester que le rouge, le jaune, le bleu soient les trois couleurs élémentaires, dont le mariage donne naissance à toutes les variétés qui réjouissent nos regards. Nous en avons la preuve dans un des plus beaux phénomènes de la nature, dans un gracieux météore, dans l'arc-en-ciel.

L'arc-en-ciel est composé de sept couleurs. On y distingue le rouge, le jaune et le bleu dans toute leur pureté; puis de la fusion de ces trois couleurs primordiales on voit se dessiner comme quatre rayons, le violet, l'orange, le vert et l'indigo. Voici l'ordre dans lequel nous apparaissent les 7 couleurs de l'arc-en-ciel : Violet (rouge) orange, (jaune) vert, (bleu) indigo. Le violet est un mélange de rouge et de bleu. L'orange est un composé de jaune et de rouge : Le jaune mêlé au bleu produit le vert. Le bleu saturé devient l'indigo. En y regardant de plus près, on trouverait facilement les neuf nuances qui correspondent parfaitement aux neuf opérations de nos facultés, et aux neuf fonctions des esprits angéliques. Compliquez, multiplier le mélange de ces couleurs, et vous aurez toutes les nuances qui font de la nature un paradis délicieux.

L'auriez-vous encore soupçonné ? Les sept notes de la musique résonnent d'accord avec les sept couleurs de l'arc-en-ciel. Il y a fraternité entre les sept notes et les sept couleurs. Les appareils de la voix, de la parole et du geste sont, pour l'orateur, une palette sur laquelle le peintre prépare et nuance ces couleurs qui, tout à l'heure, sous le pinceau de Raphaël, resplendiront dans un chef-d’œuvre. Pourquoi ne pas le redire encore ? Non-seulement le criterium DELSARTE est vrai, de plus il est beau, surtout avec sa brillante parure aux couleurs de l'arc-en-ciel; et nous voudrions l'attacher à la poitrine de l'inventeur, en guise de croix d'honneur. Nous motivons notre jugement par l'explication du tableau colorié. Comme on peut le voir, ce tableau est la reproduction exacte du CRITERIUM exposé au commencement de ce livre. Seulement nous l'avons orné des couleurs analogues aux différents états de l'âme que l'art est appelé à reproduire.

En commençant par les trois colonnes transversales correspondant au genre, nous avons peint en rouge la colonne inférieure, en jaune celle du milieu, et en bleu la colonne supérieure. Ce sont là les trois couleurs qui symbolisent la vie, l'âme et l'esprit en tant que genre. Passant aux colonnes verticales qui correspondent à l'espèce, nous avons dû peindre en rouge la 1ère colonne, en jaune la 2e, et en bleu la 3e, en allant de gauche à droite. C'est par cette superposition de couleurs que l'on arrive à la variété des nuances du tableau.

Le bleu ajouté au bleu donne l'indigo; en passant sur le jaune on a un vert foncé, et en passant sur le rouge on a le violet. Le jaune passé sur la colonne du milieu donne le vert clair sur le bleu; le jaune pur sur le jaune, et la couleur orange sur le rouge. Le rouge passé sur la 1ère colonne donne le violet foncé sur le bleu; l'orange foncé sur le jaune, et le rouge pur sur le rouge. Ainsi le rouge pur sera l'expression de l'état sensitif ou de la vie. La couleur orange traduira l'âme de la vie, et le violet sera le symbole de l'esprit de la vie.

En appliquant ce procédé d'examen aux deux autres colonnes, nous saurons, par une couleur symbolique, ce que veut l'âme à l'heure présente, et ces mêmes couleurs serviront encore à régler l'attitude de nos organes.

L'art oratoire est le moyen d'exprimer les phénomènes de l'âme par le jeu des organes; il est la traduction, la plastique, le langage de la nature humaine.

1° Or l'homme, créé à l'image de Dieu, frère des anges, considéré dans son essence, se présente à nous dans trois états, sensitif, intellectif et moral. L'homme sent, pense et aime. L'homme est en rapport avec le monde des corps, le monde des esprits, et avec Dieu. Il accomplit sa course à la lumière des sens, de la raison, ou de la grâce. Nous appelons vie l'état sensitif; esprit, l'état intellectif, et âme, l'état moral. Nous désignons par le chiffre 1 les phénomènes de la vie; 2, les opérations de l'esprit, et 3, les phénomènes de l'âme. Chacun de ces trois termes ne peut être séparé des deux autres. Ils se compénètrent, s'entrelacent, s'appellent et s'embrassent. Ainsi l'esprit suppose l'âme et la vie. L'âme est à la fois esprit et vie; enfin, la vie est inhérente à l'esprit et à l'âme. Au moyen de cette circumincession humaine, les trois modes primitifs de l'âme se distinguent en 9 termes parfaitement adéquats.

2° L'âme étant la forme du corps, le corps est fait à l'image de l'âme. Aussi il y a dans le corps humain trois organismes, pour traduire la triple forme de notre âme. L'appareil phonétique, ou la voix, le son, les inflexions, sont le langage de la vie. En effet, l'enfant qui n'a encore ni intelligence ni sentiment, traduit ses émotions par des cris et des vagissements. L'appareil myologique ou musculaire, ou le geste, est le langage du sentiment ou du cœur. En effet, l'enfant qui reconnaît sa mère commence à lui sourire. L'appareil buccal, ou la parole articulée, est le langage de l'esprit. En effet, l'homme, ni par la voix, ni par le geste, ne peut exprimer deux idées contraires sur le même objet, il lui faut donc recourir à la parole. Ainsi, le verbe humain se compose du geste, de la parole et du chant, et la mélopée antique a dû son mérite à l'union de ces trois langages. Car, dans l'âme, il y a circumincession de ces trois appareils.

3° Chacun de ces organismes prend la forme excentrique, concentrique ou normale, suivant les différents états de l'âme qu'il est appelé à traduire. Dans l'état sensitif, l'âme vit en dehors d'elle-même, elle est en relation avec le monde extérieur; les appareils suivent ce mouvement, qui est l'état excentrique désigné par le chiffre 1. Dans l'état intellectuel, l'âme se replie, se retire, se concentre en elle-même. L'organisme obéit à ce mouvement de retraite et de recul. Alors il y a contraction dans tous les agents de l'organisme : c'est l'état concentrique, désigné par le chiffre 2. Dans l'état animique ou moral, ou mystique, l'âme ravie en Dieu jouit d'un calme, d'un bien-être sans égal. Tous se ressentent de cette paix. C'est la quiétude, la sérénité : c'est l'état normal, marqué du chiffre 3. Quoique normal, cet état est loin d'être incolore; c'est au contraire l'expression la plus parfaite, la plus élevée, la plus sublime, dont l'organisme soit capable. N'oublions pas qu'en vertu de la circumincession chaque état emprunte la forme de ses congénères. Ainsi l'état normal peut prendre la forme concentrique et excentrique, et devenir pareillement doublement normal, c'est-à-dire normal au plus haut degré.

Puisque chaque état peut prendre la forme des deux autres, il en résulte 9 mouvements distincts, qui font ce merveilleux accord de go que nous appelons Criterium universel (Joseph Delaumosne, Pratique de l'art oratoire de Delsarte, 1874 - books.google.fr, Angélique Arnaud, François del Sarte, ses découvertes en esthétique, sa science sa méthode, précédé de détails sur sa vie, sa familie, ses relations, son caractère, 1882 - www.google.fr/books/edition).

Joseph Delaumosne (1812-1909) est né à Haricourt (Haute-Marne) et mort à Nanterre. Prêtre du Diocèse de Langres (ordonné en 1836), chanoine honoraire de Paris (1896), il devient aumônier d'hôpital à Paris (de 1866 à 1877, environ) puis curé de Nanterre (à partir de 1880) (data.bnf.fr).

François Delsarte est né à Solesmes dans le Nord au sud de Valenciennes et de saint Amand les Eaux. Une légende le fait descendre du peintre Andrea del Sarto (1486-1530) (Angélique Arnaud, François del Sarte, ses découvertes en esthétique, sa science sa méthode, précédé de détails sur sa vie, sa familie, ses relations, son caractère, 1882 - www.google.fr/books/edition, fr.wikipedia.org - Andrea del Sarto).

Il est le frère aîné de la mère de Georges Bizet, Aimée Delsarte (1815-1861). Une thèse soutenue en 2009, en France, a mis au jour des données inédites, tant biographiques que concernant les sources théoriques de Delsarte, en particulier l’importance centrale chez lui de l’anthropologie et de la théologie de Thomas d'Aquin. Travail pratique et réflexion esthétique ont amené François Delsarte à envisager phénomènes expressifs, acte artistique et corps humain comme intimement intégrés dans une dimension spirituelle et métaphysique, associant chez lui théologie catholique et pensée ésotérique antique et médiévale. La Trinité (Père, Fils et Saint-Esprit) et la notion de correspondances universelles («Tout ce qui est en haut est en bas, tout ce qui est en bas est en haut») structurent ses enseignements, qui proposent d’incarner ces données métaphysiques dans un travail expressif (fr.wikipedia.org - François Delsarte).

Les couleurs de l'arc-en-ciel se combinent pour devenir lumière blanche. De la même manière, lorsqu'on fait tourner le disque de Newton, la superposition des couleurs fait que l'on voit un disque blanc. C'est le principe inverse de la décomposition de la lumière obtenue au moyen d'un prisme. Ce principe est rappelé de manière imagée dans l'Indication Supplémentaire : "Le champion du monde (maillot arc-en-ciel) saurait-il pédaler assez vite pour que son maillot devienne blanc ?" (piblo29.free.fr).

Cf. le "criterium" de Delsarte dans un autre sens.

 

 

Arc en ciel de la vignette

A la dimension 14x18 cm, les couches de couleurs de l'arc en ciel de la vignette s'établissent selon les diamètres circulaires suivant :

cercle extérieur : violet : 21 cm soit le double du diamètre de la boussole de la vignette 780.

rouge : 20,8 cm

orange : 19,6 cm

jaune : 18,7 cm

vert : 18,5 cm

bleu : 17,5 cm soit le double du diamètre supposé (8,75 cm) qui donne le pied phrygien par la circonférence

indigo : 16,6 cm

cercle intérieur : 15,8 cm

Les cercles ne sont pas tous concentriques, ni centrés sur le milieu latéral de la vignette.

Le rapport 11/7 (11 énigmes et 7 couleurs-notes) est la moitié de l'approximation du nombre pi, 22/7. Or le diamètre du cercle circonscrit à l'arc en ciel (couleur violet) est de 21 cm soit le double de celui de la boussole de l'énigme 780.

La limite "bleu-vert" est à 17,5 cm.

La longueur d'onde 500 correspond au bleu-vert (Universalis) et "bleu-vert" (Cahiers secrets, p.53, p.72) (piblo29.free.fr).

L'énigme 500 parle de "mesure" et donnerait Saint Amand les eaux dont Hucbald, musicologue médiéval précurseur de Gui d'Arezzo, fut moine de l'abbaye.

Classement selon l'arc en ciel de la vignette : violet moyen (420) ; rouge extrême (780) ; rouge moyen (650) ; orange moyen (600) ; jaune moyen (580) ; vert jaune (560) ; vert moyen (530) ; vert bleu (520) ; bleu vert (500) ; bleu moyen (470). Manquent l'indigo et le blanc. Ce n'est pas cet ordre qui prévaut chez les chercheurs : B 530 780 470 580 600 500 420 560 650 520.

Le contenu de la 530 donne Bourges. Le titre parle d'Ouverture mais est-ce la même chose ?

L'ouverture peut être un angle fixe.

Cercles de l'Enfer

Les cercles de l'Enfer sont neuf zones circulaires concentriques et superposées constituant l'Enfer imaginé par Dante Alighieri et décrit dans la première partie de la Divine Comédie. Dans chaque cercle sont punis ceux dont la vie fut entachée d'un type bien défini de péché. La subdivision en neuf zones se réfère aux pensées aristotélicienne et thomiste. Dante expose dans le Chant XI cette vision de l'Enfer qu'il découvre lors de son voyage imaginaire dans l'au-delà.

Avant d'accéder aux cercles de l'Enfer proprement dits, Dante se trouve égaré dans une forêt située sur une colline, «au milieu du chemin de notre vie» («nel mezzo del cammin di nostra vita») : derrière cette colline se trouve la cité de Jérusalem, sous laquelle est creusé l'immense gouffre de l'Enfer. On y entre en passant la Porte de l'Enfer, pénétrant tout d'abord dans l'Ante-enfer, le Vestibule de l'Enfer. Franchissant le fleuve Achéron sur la barque de Charon, on entre enfin dans l'Enfer lui-même. (fr.wikipedia.org - Cercles de l'Enfer).

Poubelle

Max nous explique qu'on peut balancer la B a la poubelle une fois qu'on a compris l'ordre (Bouba, Poubelle, 2019 - les-sans-hulotte.net).

En 1880, Edmond Turquet, au nom de l'État, commande à Rodin une porte monumentale en bronze pour un Musée des Arts Décoratifs à venir en lui laissant le choix du thème. Rodin, tout plein de Dante (et aussi de Baudelaire) choisira le thème de l'Enfer. Il se jette à corps perdu dans ce travail qui ne cessera jamais d'évoluer, mêlant figures, images de la souffrance comme de la volupté, faisant naître personnages qui vivront ultérieurement leur vie indépendamment de la Porte (qui jamais ni ne s'ouvrira ni ne se fermera...). Rodin y travaillera pendant plus de vingt ans sans jamais l'achever. Avec ses 227 figures, La Porte de l'Enfer (635 x 400 cm) est à Rodin ce que La Comédie Humaine est à Balzac. «Une immense et géniale poubelle» dira le Professeur Hegueburr. On retrouve, dans ce réceptacle des fantasmes de Rodin, toutes les passions, tous les plaisirs et tous les vices de l'humanité. Grappes humaines, corps tordus par la souffrance (dont Rodin dira qu'elle est : «le sacrement de la vie») et par la passion qui s'enchevêtrent sur les panneaux. Le plâtre de la Porte ne fut jamais terminé du vivant de Rodin ; seul un plâtre, auquel manquaient la plupart des figures, fut exposé en 1900 à l'Exposition de l'Alma. Le plâtre définitif ne fut réalisé qu'en 1917. Au sommet, trônent les Trois Ombres : les damnés qui content leurs souffrances à Dante. Lui contemple l'humanité qui, à ses pieds, se tord dans les douleurs du châtiment éternel, 3 sculptures identiques de Adam. Ces Trois Ombres avertissent le spectateur : «Vous qui entrez, abandonnez toute espérance» (Serge Gérard, Marie-Christine Daunis, Rodin, l'homme d'airain, 2004 - books.google.fr).

L'espérance est associée à la couleur verte.

Dante, Purgatoire, Chant VIII : Verts comme la petite feuille qui vient de naître étaient leurs vêtements, qui par les vertes plumes frappés et ventilés faisaient traîne après eux.

Cezanne remarked about Monet: 'He is only an eye, but good God, what an eye!' This is quoted in contrast to Professor Hegueburr's paraphrase of it - 'Rodin is only a sexual organ, but good God, what an organ!' (Books reviewed, Auguste Rodin de Robert Descharnes et Jean-François Chabrun, The Connoisseur, mai 1968  - archive.org).

L'Amour est un mythe où les mites se sont mises (Sigmar Hegueburr) (Le petit journal, page 47, 17 juin 1973 - numerique.banq.qc.ca).

Le préfet Poubelle (1831 - 1907), contemporain de Rodin, à l'origine de la dénommination de l'instrument sanitaire, est né à Caen et enterré à côté de Carcassonne (cimetière de Grèzes-Herminis), sur le méridien de Paris (fr.wikipedia.org - Eugène Poubelle).

Arc en ciel et boussole

Le diacre Flavio Gioja d'Amalfi (1300) inventa, sinon la boussole elle-même, connue, dit-on, des Chinois avant l'ère chrétienne, du moins le moyen de disposer l’aiguille aimantée de manière à satisfaire à tous les besoins de la marine, ce qui prépara les voies à la civilisation en ouvrant la route des mers. Les uns attribuent cette découverte à Roger-Bacon, les autres à Galilée, etc. ; ce qu'il y a de certain, c'est que ce fut un moine d'Oxford, Linna, qui, le premier, alla avec la Boussole, d'Angleterre en Irlande en 1327.

Roger Bacon, dominicain anglais (1214-1294), introduisit dans la science la méthode expérimentale, fit des découvertes précieuses en astronomie, physique, chimie, médecine ; étudia l'action des lentilles sur verres convexes, inventa les lunettes pour les presbytes , donna la théorie et la pratique du télescope, expliqua l'arc-en-ciel et attribua la marée à l'attraction de la lune, etc, etc. Bacon semble même avoir pressenti la machine à vapeur et les aérostats (Jean-Baptiste Blanc, Le christianisme intégral, ou La vérité catholique démontrée aux jeunes gens par les matières concernant le baccalauréat, Tome 2, 1868 - books.google.fr).

Ces deux savants sont de l'époque de Dante qui place sa Comédie lors du jubilé de 1300.

Le cercle chromatique fonctionne comme une boussole des couleurs (Karine Mazeau, La couleur en design d'espaces, 2009 - www.google.fr/books/edition).

D'ailleurs, la maçonnerie des enseignants de Puysieux rejetait les arts d'agrément, persuadée que le traité de Campo-Formio ou l'extraction des racines cubiques étaient pour triompher dans la vie que le solfège, la boussole des couleurs et ces larmes que vous arrachent quelquefois une oeuvre d'art ou une symphonie (René Masson, Des hommes qu'on livre aux enfants, roman, 1953 - www.google.fr/books/edition, fr.wikipedia.org - René Masson, fr.wikipedia.org - Puisieulx, L'autorité, 21 novembre 1953 - numerique.banq.qc.ca).

Châtillon

Située ainsi sur le parcours de la grande triangulation de Dunkerque au Canigou, la mire de Cassini rayonne à Montmartre sur quatre points de cette triangulation, qui sont : au sud, la tour de Montlhéry ; au sud-est, le clocher de Brie-Comte-Robert ; à l'est, la tour de Montjay ; au nord, le clocher de Saint-Martin-du-Tertre (Henri Chateau, Montmartre (1896), Société d'histoire et d'archéologie des IXe et XVIIIe arrondissements "Le Vieux Montmartre", 2016 - www.google.fr/books/edition).

De nos jours, une nouvelle base a été mesurée aux environs de Paris, à Châtillon toujours pour la mesure de la méridienne de France (Bulletin de la Société astronomique de France et revue mensuelle d'astronomie, de météorologie et de physique du globe, Volume 28, 1914 - www.google.fr/books/edition).

Châtillon se trouve sur la droite Paris – Mer, formant un angle de 25 degrés avec le méridien.

La triangulation de la partie ouest du département de la Seine, prévue au programme des travaux de 1903, est terminée. Les opérations s'appuient sur le côté de premier ordre complémentaire Cormeilles - Mont-Valérien, de la triangulation du canton de Pontoise ; on y a rattaché comme nouveau point de 1er ordre complémentaire le sommet de la basilique de Montmartre (Rapport sur les travaux exécutés, Service géographique de l'armée, 1903 - www.google.fr/books/edition, Rapport sur les travaux exécutés, Service géographique de l'armée, 1903 - www.google.fr/books/edition).

La Tour Biret est un monument disparu qui se trouvait à Châtillon dans les Hauts-de-Seine, et dont l'emplacement est aujourd'hui situé avenue de la Division-Leclerc. À cet endroit, appelé butte de Châtillon ou montagne de Châtillon, se trouvaient les ruines d'un ancien donjon du château de la maison de Croÿ. Peut-être vers 1750 ou 1760, ce donjon fut transformé en glacière sur ordre de madame de Pompadour, par Jacques Raffard, officier du Gobelet de la Reine. Cette glacière aurait été la première de la région parisienne. En 1765, Emmanuel de Croÿ-Solre y fait construire la tour de Croÿ, qui mesurait cinquante pieds de hauteur, pour un prix de 28800 livres. Elle fut utilisée par Jean-Baptiste Joseph Delambre et Pierre Méchain, pour mesurer le méridien, de 1792 à 17997. L'astronome Pierre Charles Le Monnier l'utilisa en 1768 pour observer une éclipse de Lune (fr.wikipedia.org - Tour Biret, Pierre François André Méchain, Jean Baptiste Joseph Delambre, Base du système métrique décimal, 1806 - www.google.fr/books/edition).

Les Croÿ-Solre sont issus des Croÿ comte de Chimay puis Prince (Calendrier des princes et de la noblesse de France, 1772 - www.google.fr/books/edition).

On trouve un de Croÿ dans une recherche en direction de Ribeauvillé (www.zarquos.net).

On retrouve Chimay sur l'orthogonale issue de Carignan sur la droite Bourges - Roncevaux : cf. énigme 500.

Bleu-vert

Le diamètre de 17,5 cm se trouve à la limite du bleu et du vert.

Glauque (XIVe siècle) vient du latin glaucus, emprunté au grec glaukos, «vert-bleu». Chez Homère, l'adjectif glaucopis caractérisait la déesse Athéna, la déesse aux yeux vert-bleu. On traduit souvent cet adjectif par «aux yeux pers» (Isabelle Lasfargue-Galvez, Mathieu Sapin, Bescherelle - Mots périlleux, mots savoureux - sélection, 2013 - www.google.fr/books/edition).

Glaucus (ou Glauco) était le fils de Neptune (Poséidon) et d’une naïade. Ce simple mortel, pécheur en Béotie devint un dieu de la mer. Un jour ayant pêché des poissons, il les pose sur l’herbe et là, surprise, ils reprennent vie et retournent dans la mer. Surpris, il décide de goûter aussi à cette herbe. Il sera alors transformé en dieu. L’histoire de Glaucus, devenu dieu marin, est utilisée par Dante dans le Chant Ier du Paradis pour illustrer comment un homme pour dépasser sa condition, pour devenir plus qu’humain (ladivinecomedie.com).

Au livre IV, chap. XIV de sa Généalogie des dieux, Boccace nous dit que la magicienne Circé était une insigne prostituée, grande meretrice, et qu'elle aima, entre autres, Glaucus, dieu marin, dont le nom signifie terreur, amo Glauco, dio marino, e Glauco risuona lo stesso che terrore. Le même Boccace, commentateur de la divine Comédie, dit dans sa neuvième églogue, où il fait figurer ce même dieu marin : «J'entends par Glaucus l'apôtre Pierre, car Glaucus était un pêcheur qui fut mis parmi les dieux marins, sic el Petrus piscator fuit, etc. Mais ce terrible Glaucus, d'après Boccace lui-même, fut l'amant d'une grande prostituée qui changeait les hommes en brutes; rappelez-vous Sémiramis, Thaïs, Myrrha, la prostituée du paradis terrestre, reportez-vous au Convivio, où Dante déclare que l'homme qui ne fait pas usage de sa raison est réduit à la condition des brutes, et vous pourrez conclure que Dante, après avoir suivi les voies du pêcheur Glaucus, dut à sa foi de s'élever au-dessus de ses frères et de devenir l'un des ministres de la religion d'amour ("Je voudrais qu'on puit dire Se transhumaniser") (E. Aroux, La comédie de Dante, Tome 2, 1857 - books.google.fr).

Dulaure parle, d'après Grégoire de Tours, d'une prison de construction romaine, qui aurait existé sur l'emplacement du quai aux Fleurs, et que l'auteur des Gestes du roi Dagobert nomme Carcer Glaucini, PRISON DE Glaucin ou de GLAUCUS; mais on ne peut rien dire de bien précis sur cet édifice (Jean Francois Destigny, Histoire de Paris racontée à la jeunesse, Tome 1, 1844 - books.google.fr).

Alors que l'histoire ne sait rien sur saint Denis, si ce n'est qu'il a dû vivre vers le milieu du IIIe siècle, que l'on ignore d'où il venait, comment et où il mourut, s'il était réellement accompagné par le diacre Eleuthère et le prêtre Rustique, la tradition nous apprend qu'il fut incarcéré dans la Cité à la prison de Glaucus (quatrième station, église Saint-Denis-de-la-Châtre, maintenant Marché Fleurs) avant que d'être décapité à Montmartre (Jacques Hillairet, Évocation du vieux Paris: Les villages de Paris, 1952 - www.google.fr/books/edition).

Saint Denis l'Aréopagite est signalé dans les actes des apôtres, 17-34, comme un Athénien converti par saint Paul. Devenu le secrétaire des secrets de l'apôtre des gentils, il rédigea un corpus textuel que d'aucuns considèrent comme un «cinquième évangile» qui fut largement lu et commenté en Occident entre les XlIe et XVIIe siècles. Envoyé par saint Jean à Rome puis par le pape Clément en Gaule, Denis fonde l'évêché de Paris avant de mourir en martyr à Montmartre, pour s'en aller finalement, portant sa tête décollée, se coucher dans le champs de Catulle, dans l'actuelle ville de Saint-Denis. Voilà ce qu'on lit, la légende. Ce destin extraordinaire d'auteur et d'apôtre des Gaules a été forgé en plusieurs étapes entre le VIe siècle et le VIIIe siècle, mais il est sans cesse ressassé et retouché car la figure dionysienne fascine. En témoigne un carme Léon de Saint-Jean qui qualifie ainsi Denis en 1661: «apôtre de la France, tuteur de nos Rois, patron de Pans, théologien de la Trinité, oiseau du paradis, aigle du Liban, évangéliste du ciel, secrétaire de la hiérarchie céleste, historiographe des anges, législateur de la discipline ecclésiastique, premier maître de la vie spirituelle, grand père de la théologie mystique et contemplative». [...]

Le jésuite Halloix (1571-1656) décrit l'Aréopagite comme un prélat peu attaché à son diocèse et toujours en mission, fidèle à l'action de son maître Paul, sillonnant la Grèce, la Phrygie, allant à Rome et en Gaule, revenant voir saint Jean en Asie et Clément à Rome pour rejoindre définitivement Paris. À ses yeux «les évêques successeurs des apôtres n'étaient pas trop attachés à un siège et se réservaient la possibilité d'aller dans d'autres et dans d'autres provinces, soit pour répondre à un appel, soit de leur propre chef». Pour ce jésuite, l'Église apostolique incarne une internationale missionnaire. Denis n'a plus ni famille ni patrie et se trouve partout servies Christi (Jean-Marie Le Gall, Le Mythe de Saint Denis: Entre renaissance et révolution, 2014 - books.google.fr).

GLAUCUS OU LE PÊCHEUR ANTIQUE A Ferdinand Herold. Il n'est pas de pêcheur, à pêcher l'inconnu, qui d'un coup de filet n'espère une fortune. Vois : les mains vers la mer, Glaucus attend sa chance, il t'invoque, il t'implore, ô généreux Neptune. Comme s'il pétrissait de l'argile très blanche, Glaucus attire à lui son filet écumeux. O fortune ! les mailles se hérissent et s'embranchent de poissons frémissants et de coraux nerveux. Il secoue son filet, d'où la brillante écume se répand sur les algues et se mue en flots verts ou s'envole en rosée frôleuse sur la mer, traîne au soleil tous les dons de Neptune.

Que tu vas être riche en ouvrant ton filet, Glaucus ! et qu'il est lourd ... qu'il est lourd ... Sur le sable doré laisse crouler ta pêche, en montagnes d'argent fleuries de coraux rouges, de coraux blancs. Glaucus ! ... le filet craque à son dos courbé. Cent bras, mille ventouses l'étreignent et l'entraînent. Et Neptune haussant ses lèvres sur la mer : «Sois donc riche, ô Glaucus, les flots sont argentés !» Mais lui, loin de souffrir dans l'onde aucune peine, flotte en un lit mousseux bercé par les sirènes, dont le chant, pour la joie de ce jour qui finit, s'élève, ondule et glisse et meurt en harmonie. Tout se tait, les sirènes et la voix de la mer et celle des tritons sous le grand ciel nocturne, quand le Verbe infini, la voix de Jupiter fait pâlir sous les flots la face de Neptune : «Les nymphes t'ont sauvé, que ta fortune soit, pêcheur, deviens leur dieu. Que leur chant, pour ta joie , jeune dieu qui commences en l'homme qui finit, attire, en ton filet, les astres de la nuit ! (Paul Fort, Ballades françaises, première série, 1914 - www.google.fr/books/edition).

Un affluent du nom de Glaucus au fleuve Méandre en Phrygie près d'Euménia (Aleksandr P. Butkovskii, Dictionnaire numismatique pour servir de guide aux amateurs, 1881 - www.google.fr/books/edition).

Au-dessous des ruines de Célænes et de l'emplacement du village moderne de Dineïr, le Méandre sort des montagnes et se répand dans une vaste plaine qu'il parcourt de l'est à l'ouest, en décrivant, sur une étendue de 60 kilomètres, une courbe dont la convexité est tournée vers le nord. Dans cet espace, un épais fourré de roseaux le couvre et le dérobe complétement à la vue; à une certaine distance, le ruban vert pâle qui se déroule à travers la plaine trahit seul la présence d'une eau courante. A peu près au milieu de ce parcours, il reçoit à droite une petite rivière, tranquille et bordée de joncs comme lui, le Sanduklu-Tchaï des Turcs, le Glaucos des monnaies; cette rivière, après avoir parcouru, sur une longueur de 70 kilomètres, une vallée étroite creusée au milieu de la région montueuse qui s'étend entre la plaine de Dineïr et celles de Tchifout-Kassaba (Synnada) et d’Afioum-Kara-Hissar, débouche dans le Méandre au-dessous d'Échekli, bourg situé près de l'ancienne Euménia, et, par l'apport de ses eaux, en fait un fleuve déjà respectable (Olivier Rayet, Albert Thomas, Milet et le golfe Latmique, Volumes 1-2, 1877 - books.google.fr).

Circé, fille du Soleil, fameuse empoisonneuse, désirait de devenir la femme de Glaucus; mais ce berger avait donné sa foi à la nymphe Scylla, fille de Phorcys et d'Hécate. La magicienne, jalouse de la préférence qu'il accordait à sa rivale, résolut de la perdre. Elle jeta à cet effet des poisons dans la fontaine où Scylla se baignait tous les jours. Celle-ci y étant venue, selon sa coutume, fut tout-à-coup changée en un monstre dont la ceinture était chargée de têtes de chiens et de loups qui aboyaient et hurlaient d'une manière effroyable. Elle eut tant d'horreur de cette difformité, qu'elle se précipita dans la mer, où elle fut changée en rocher. Ce rocher, que l'on appelle Scylla, est sur la côte de la Calabre, vis-à-vis le cap Faro, autrefois Pelore. Le détroit de Messiné ou du Phare court entre les deux. On appelle ce détroit le Phare de Messine, parce qu'il y a, au voisinage de Messine, pour éclairer les vaisseaux pendant la nuit. Les vagues en roulant dans des cavernes creusées à la base de ce rocher, font entendre des sons assez semblables aux aboiemens des chiens. C'est un passage très-dangereux. De l'autre côté du détroit, vers la Sicile, est le gouffre appelé Carybde, non moins redoutable aux navigateurs, parce qu'il engloutit tout ce qui en approche. C'est ce qui a donné lieu au proverbe que ceux qui veulent éviter Scylla tombent dans Carybde (L. Lamaillardière, La mythologie simplifiée, suivi d'une Notice sur le sept merveilles du monde, et d'un Précis de la vie des sept sages de la Grèce, 1829 - www.google.fr/books/edition).

La forme du dieu poisson est originaire de l'Asie; on le trouve en Assyrie sous le nom de Ninus (Noun poisson), à Babylone sous celui d'Oannés, en Phénicie sous celui de Dagon (Dag, poisson). En Crète, ile peuplée en grande partie par des colons venus de l'Asie, on peut croire que le dieu poisson s'appelait Itanus. Ce dieu poisson est armé du trident sur les monnaies autonomes de la ville d'Itanus. Itanus, dieu poisson doit être considéré comme un Telchine ; les Telchines tiraient leur origine de la mer; ils avaient les mains palmées et n'avaient pas de pieds; de plus ils avaient la faculté de prendre diverses formes. Itanus est le même que Bel-Itan, dieu honoré par les Babyloniens, le même qu'Étienne de Byzancenomme le Phénicien Itanus; en Grèce, on le retrouve dans le héros Itonus ou Sitonus; remarquons aussi que Sitonou Zeus Arotrios est un des surnoms grecs du Dagon phénicien. Or, plus bas nous reviendrons sur les rapports d'Itonus et de Triton avec Athene. Contentons-nous pour l'instant de faire remarquer que la divinité femelle à queue de poisson, la compagne du dieu poisson, se nomme tantôt Dercéto ou Atergatis, tantôt Sémiramis, et que le nom de Ninus se retrouve dans l’Anastis ou la Nanæa de l'Élymaïs 4. D'ailleurs Nanæa se rapproche beaucoup de Naïs, la déesse qui nage. [...] Glaucus a des rapports avec Pallas, appelée elle-même Glaucopis, la même que Glaucé, mère de la troisième Diane, suivant Cicéron. Dans une tradition arcadienne, Glaucé passait pour avoir été une des nourrices de Jupiter. Enfin l'Acropole d'Athènes qui renfermait le temple de la vierge, le Parthénon, avait reçu le nom de Glaukôpion à cause de l'autochthone Glaucus qui résidait dans l’Attique. [...]

La chouette est mise en rapport avec le mythe de Glaucus, dans une tragédie perdue d'Euripide. Voyez Welcker, die Griechische Tragædien, S. 772 folg (J. de Witte, Médaille d'Héraclée de Lucanie, Revue numismatique, 1847 - books.google.fr).

Quant à la chouette, il ne s'agit pas du même Glaucus, mais des liens existent entre les deux.

Minos, ne sachant où pouvait être son fils, qui était tombé en jouant dans un tonneau de miel et y avait péri, fut averti par un oracle des Curètes - on dit plus tard, d’Apollon - que le devin qui résoudrait le mieux telle difficulté indiquée retrouverait l'enfant perdu et le lui rendrait vivant. Le roi ouvrit un concours dans lequel Polyidos l'emporta sur les devins indigènes. Le Mélampodide ignorait l'oracle, et ne soupçonnait pas le piège dans lequel il était tombé. Minos exigea de lui qu'il retrouvât son fils. Des observations ornithoscopiques lui apprirent que Glaucos n'était pas tombé, comme on le pensait, dans la mer, et une chouette, devant laquelle volaient des abeilles, lui indiqua que le cadavre était dans le tonneau de miel. Minos, sur la foi de l'oracle, somma alors Polyidos de ressusciter l'enfant, et, comme le prophète jugeait la chose impossible, le roi le fit enfermer dans un caveau avec le mort. Polyidos fut tiré de ce mauvais pas par des serpents, animaux qui reviennent souvent dans l'histoire des Mélampodides, et toujours comme instruments de révélation. Un de ces serpents, qu'il avait tué, fut ressuscité par le contact d’une herbe qu'un autre apporta spontanément. Il est difficile de savoir ce que la légende de Glaucos d'Anthédon, où il est aussi question d'herbes qui ressuscitent les morts et inmortalisent les vivants, a prêté à celle du Glaucos crétois (Auguste Bouché-Leclercq, Histoire de la divination dans l'antiquité: Les sacerdoces divinatoires. Devins, chresmologues, sibylles. Oracles des dieux, Tome 2, 1880 - books.google.fr).

Deux vers d'Euripide, rapportés par Eutocius d'Ascalon (VIème sècle après J.-C.) (Commentaire au traité «sur la sphère et le cylindre» d'Archimède, éd. Heiberg, III, 66-114.) transposent dans un passé mythique le problème en faisant dire à Minos s'adressant à Tantale [Dédale ?], chargé de construire un tombeau :

Pour un tombeau royal, tu le fais bien petit / Il faut doubler le cube et ne pas s'y tromper.

Von Wilamowitz a montré le caractère apocryphe de toute l'histoire du tombeau du fils de Minos, Glaucus. La solution donnée par Minos aurait été de doubler le côté ! Or, du temps d'Euripide, de Sophocle et même d'Eschyle, on savait depuis longtemps l'énormité de l'erreur ainsi commise et que le cube était octuplé et non doublé, car on connaissait en Chaldée, la valeur de 2 au cube au troisième millénaire et sans doute bien plus anciennement (Abel Rey, L'Apogée de la science technique grecque: L'Essor de la mathématique -, Volume 5, 2012).

La duplication du cube est un problème classique de mathématiques. C'est un problème géométrique, faisant partie des trois grands problèmes de l'Antiquité, avec la quadrature du cercle et la trisection de l'angle. Ce problème consiste à construire un cube, dont le volume est deux fois plus grand qu'un cube donné, à l'aide d'une règle et d'un compas. Cela revient donc à multiplier l'arête du cube par la racine cubique de 2 (1.25992105). En 1837, Pierre-Laurent Wantzel établit un théorème donnant la forme des équations des problèmes solubles à la règle et au compas. Il démontre que la racine cubique de 2 n'est pas constructible. La duplication du cube est donc impossible à réaliser à la règle et au compas. Elle devient possible avec des méthodes plus puissantes, telles que l'utilisation de la règle graduée et du compas, ou par pliage de papier (fr.wikipedia.org - Duplication du cube, Francisco Gomes Teixeira, Traité des courbes spéciales remarquables planes et gauches, Volume 1, 1971) (nonagones.info - Le Serpent rouge - Le voyage de l’âme - Philolaos, les Bergers d’Arcadie et le cube).

La patrie et la langue

Au premier rang des écrivains réformateurs est inscrit le nom d’Alighieri; la langue italienne lui doit tout, sa pureté, sa douceur, son harmonieuse souplesse, et surtout cette mâle énergie dont il emporta le secret au tombeau. En écrivant son livre de l'Éloquence vulgaire, Dante nous a révélé l'itinéraire de son génie. Après avoir embrassé d'un regard rapide la diversité des langues qui se partagent l'Europe, le Poëte met en relief les traits frappants de ressemblance que l'italien, l'espagnol, le français et le provençal ont puisés dans le sein d'une mère commune; puis il soumet au creuset de la critique les nombreux idiomes de l'Italie au treizième siècle. Du phare de Messine à Venise, de la Méditerranée à l’Adriatique, il n'est pas de contrée dont il n'ait scruté le langage; il interrogea vainement tous les peuples de la Péninsule, Vénitiens, Toscans, Siciliens, Lombards; nul ne pouvait lui donner pour son cuvre l'instrument divin qu'il convoitait si ardemment. Que fit alors le Poëte ? Succomba-t-il à la peine ? fut-il atteint par le découragement ? Non; à l'exemple du peintre antique qui fit de sa Vénus un type idéal de beauté, en lui prodiguant toutes les grâces que la nature avare de ses dons dissémine sur une foule de têtes, Dante composa la langue de la Divine Comédie avec ce qu'il avait recueilli de noble, de gracieux, d'énergique, de passionné, tantôt dans un idiome, tantôt dans un autre : c'est l'éclectisme, le discernement d'un grand génie qui produisit cette merveille (M. Maffre de Fontjoye, Eloge de Dante, Recueil de l'Académie des Jeux Floraux, 1847 - books.google.fr).

Nul peut-être mieux que Mazzini n'a compris la mission, le caractère et l'influence de Dante (Amor patrio di Dante); et peu les ont aussi bien exprimés que l'a fait un de ses amis et coconspirateurs, Jean Scovazzi, dans le cours qu'au temps de son exil il consacra en Suisse au Siècle de Dante. C'est que les cuvres des hommes d'action ne sont complétement entendues que par ceux qui de la pensée ne séparent point l'action, et qui comme eux savent souffrir pour leur idée (Ladislas Mickiewicz, Mémorial de la Légion polonaise de 1848 créée en Italie par Adam Mickiewicz, Tome 1, 1877 - books.google.fr).

Voir l'italien Salviati, propriétaire du château de Talcy et père de Cassandre chantée par Ronsard, à l'énigme 600.