Partie XVIII - La Chouette d’Or   Chouettes vignettes   Chouette vignette : énigme 780   
LA CHOUETTE D'OR VIGNETTES 780

Le point de départ de cette énigme est le lieu trouvé dans l'énigme précédente, c'est-à-dire la ville de Bourges. Sur le méridien de Paris, qui relie pôle nord et pôle sud.

L'accoutrement du piéton et la forme de son chapeau un peu cabossé semble replonger le lecteur de l'énigme à la fin du XIXe siècle. La "calèche" pourrait être un fiacre.

La dimension de la vignette est 14x18 cm : 14-18 toute une époque.

Max Valentin nous fait redécouvrir l'histoire en quelque sorte ! (piblo29.free.fr).

L'actuel melon en feutre renforcé aurait été conçu à l'origine en Angleterre pour les travailleurs de force, domestiques et paysans, désireux de se protéger la tête, et afin de remplacer les chapeaux mous qui ne résistaient pas à certaines activités rurales. Originellement destiné aux manœuvres, de 1880 et 1920, le melon, accompagné d'une moustache soignée et d'un costume trois pièces, devient le symbole absolu de la respectabilité, en particulier en Angleterre. C'était également un symbole de mobilité sociale, recherché par ceux qui souhaitaient améliorer leur situation. Les hommes sortent avec le chapeau melon, et revêtent la jaquette et le nœud papillon (fr.wikipedia.org - /Chapeau melon).

Montmartre

Né en 1867 à paris et et mort le 17 mai 1953 dans la même ville, Léon Fourneau était voué à une carrière d’avocat à la cour mais, au grand dam de ses parents, il développe une passion pour le métier de chansonnier. Ceux-ci lui demandèrent toutefois de prendre un pseudonyme afin de ne pas compromettre sa carrière, ce qu’il fit en créant le palindrome de fornax, un terme latin signifiant… fourneau. Rapidement, Xanrof abandonne le droit au profit de la chanson, de l’opérette et des comédies de boulevard; il chantera au célèbre Chat Noir immortalisé par Toulouse-Lautrec, et écrira de nombreux recueils de goualantes et de nouvelles. Un jour, une jeune chanteuse se baladait sur les quais et aperçut un de ces recueils; il s’agissait de Chansons sans gêne. Intriguée, elle le feuilleta, le lut au complet avant de l’acheter pour la modeste somme de 8 sous. C’était le sort qui venait de guider Yvette Guilbert à celui dont elle deviendrait l’interprète fétiche. Parmi les pièces que Guilbert a interprétées, la plus connue est très certainement Le Fiacre.

Alors qu’il faillit un jour se faire écraser par un fiacre, rue Lepic, Xanrof aperçut qu’il y siégeait un jeune couple dont les amourettes avaient été dérangées. Le chansonnier s’imagina alors une aventure se déroulant dans un fiacre, rappelant sans aucun doute des scènes similaires dans Madame Bovary. Une fois écrite et composée, Le Fiacre fut représenté pour la première fois par son auteur au Concert du Paradis Latin, mais c’est véritablement Yvette Guilbert qui la rendra célèbre, bien que cela ne fut pas facile. La grande rousse aux gants noirs présentera la goualante à l’Eden-Concert, avant que la direction ne lui réplique sèchement que Le Fiacre «devrait être réservé à la province». Ce sera à Liège finalement que Guilbert créera la pièce, au Pavillon de Flore, et l’enregistrera sur cylindre en 1897 (lachansonfrancaise.net, fr.wikipedia.org - Léon Xanrof, www.dutempsdescerisesauxfeuillesmortes.net).

La rue Lepic est une voie située dans le quartier des Grandes-Carrières du 18e arrondissement de Paris. C'est l'une des rues les plus renommées de la butte Montmartre. Elle porte le nom du général Louis Lepic (1765-1827), qui se distingua à la bataille d'Eylau en 1807. Au No 25 : emplacement du cabaret de La Vache enragée en 1910 (fr.wikipedia.org - Rue Lepic).

Crac. Il est escrabouillé

 

Du fiacre un' dam' sort et dit :

Cahin, Ca-ha,

Hu', dia ! Hop là !

Du fiacre un' dam' sort et dit :

« Chouett' Léon, c'est mon mari ! »

 

Y'a plus besoin d'nous cacher

Cahin, Ca-ha,

Hu', dia ! Hop là !

Donn' donc cent sous au cocher ! »

Y'a plus besoin d'nous cacher (www.paroles.net).

L'amour en fiacre : C'est un thème fréquemment utilisé en littérature que celui-là, bien avant Flaubert certainement, et bien après ce fiacre qui «allait trottinant», de Xanrof, popularisé par Yvette Guilbert.

Une planche d'E.-J. Pigal (1825) montre un jeune couple demandant au cocher d'aller «toujours tout droit» quand lui-même s'apprête manifestement à dévier de la droite ligne morale. À Rouen, Léon convainc Mme Bovary de monter dans un fiacre sous prétexte que «cela se fait à Paris». Le cocher, en tout cas, ne comprend pas ce qui se passe dans son dos, ni «quelle fureur de la locomotion poussait ces individus à ne vouloir point s'arrêter». Après quelques tentatives pour calmer leurs ardeurs, il se résigne à passer la journée à les mener par toute la ville, «démoralisé, et presque pleurant de soif, de fatigue et de tristesse». Est-ce en leur honneur que Xanrof nomme «Léon» le galant qui, dans un fiacre, oublie d'ôter son lorgnon pour honorer sa belle ? À Paris, Flaubert semble avoir raison ; les cochers sont au fait, sinon complices, et accueillent les couples d'une remarque ironique : «Compris, bourgeois, retournez simplement les coussins, S.V.P.» (Jean-Claude Bologne, Histoire de la conquête amoureuse, de l'antiquité à nos jours, 2007 - www.google.fr/books/edition).

Dans Apprivoisement de Xanrof, deux quêteurs pour l'Hôpital des chiens âgés sont pris pour des huissiers venus saisir le Vicomte Tonio (tonneau percé d'où la présence des Danaïdes).

Le fidèle Pierre se précipite dans l'antichambre, ouvre, et se trouve en face de deux messieurs, l'un gros, l'autre maigre, le premier dans les cinquante ans, le second dans les vingt-cinq. Tous deux sont vêtus de redingotes à la dernière mode, l'une de 1854, l'autre de 1876. Le gros a un chapeau haut de forme qu'il a dû enduire, pour le rendre brillant, d'essence ou de pétrole, ce qui lui donne un lustre spécial. Le maigre porte un chapeau melon ou la pluie, combinée avec la poussière jamais brossée, a dessiné d'agréables moirures (Léon Xanrof, C'est pour rire, 1911 - www.google.fr/books/edition).

On pense à Laurel et Hardy qu'on n'imagine pas sans ce précieux chapeau melon (fr.wikipedia.org - Chapeau melon).

Constellations

Cocher s’oppose non pas à Pied mais à Boussole. Le chercheur s’en rend compte lorsqu’il découvre que le Cocher (Auriga en latin) est une constellation de l’hémisphère boréal, et la Boussole (Pyxis Nautica), de l’hémisphère austral (Schliemann, Source : fil de discussion n°83446 sur Lachouette.net) (piblo29.free.fr).

La constellation de la Boussole est limitrophe de l'immense Navire Argo repertoriée par Claude Ptolémée (fr.wikipedia.org - Boussole (constellation)).

Le Cocher est parfois aussi appelée Érichton par l'astronome grec Ératosthène, héros athénien, fils d'Athéna, qui aurait été le premier à utiliser le quadrige ou chariot à quatre chevaux L'étoile la plus lumineuse de la constellation du Cocher, Capella (alpha Aur), est une étoile géante jaune (fr.wikipedia.org - Cocher (constellation)).

Rosse est une nébuleuse spirale découverte par Lord Rosse (les-sans-hulotte.net).

Pyxis et buxus signifient "boîte" en latin, issus de l'arbuste "buis" (www.cnrtl.fr).

Le buis se plaît sur les montagnes; on le trouve dans toute l’Europe. Il paraît qu'il abondait sur les monts Cytores, situés en Paphlagonie. Le bois de cet arbuste, très propre aux ouvrages de tour, était, dès les plus anciens temps, employé à cet usage. C'est de son nom que dérivent en grec "puxis", boite, "puxidon", palette de peintre, etc. (Antoine-Laurent-Apollinaire Fée, Flore de Virgile, 1850 - books.google.fr).

Fourneau

Le Fourneau est une constellation peu lumineuse de l'hémisphère sud, une des 14 nouvelles introduites par Nicolas-Louis de Lacaille en 1752 afin de combler les derniers espaces de ciel austral sans dénomination. Elle était originellement nommée Fornax Chemica, le fourneau du chimiste en latin. Son nom peut également être rapproché de Fornax, la divinité romaine du pain et des fours ou au fourneau d'Héphaïstos, dieu grec du fer, du marteau et des fourneaux (fr.wikipedia.org - Fourneau (constellation)).

Forgerons et Phrygie

Les Corybantes ont de grandes affinités avec les Curetés et furent souvent confondus avec eux. Cependant, M. Rossignol les présente comme deux courants sortis d'une même source, qui, ensuite, se réunirent et se séparèrent encore pour se rencontrer de nouveau et enfin disparaître ensemble. D'après Phérécide, ils étaient fils d'Apollon et de Rhytie cependant, Apollodore les fait naître d'Apollon et de Thalie, muse de la Comédie; enfin, Strabon les réunit aux Cabires. Leur célébrité vient de leur musique bruyante et de leurs danses dans lesquelles ils s'agitaient comme des frénétiques, et de là le nom de Corybantiasme, donné à une sorte de maladie pendant laquelle le patient se livre à mille contorsions. Ils se frappaient même à coups d'épée au point de se mutiler. Quant à leur musique, elle consistait en hurlements extraordinaires, accompagnés du bruit des tambours et du tapage qu'ils pouvaient produire en choquant leurs boucliers avec des lances, le tout pour célébrer le culte de Rhéa. Les mineurs Dactyles étaient également prêtres de Cybèle, fils de Dactylus et d'Ida, ou habitants du Mont Ida. On leur attribue l'invention du rhythme poétique et musical. En outre, ils étaient chargés d'attiser le feu sacré et de danser, autour de lui, la danse pyrrhique en l'honneur du Soleil. Réputés magiciens, de même que tous les émissaires de la Chaldée, ils apportèrent avec eux les Lettres Epliésiennes mots ou caractères magiques que l'on portait comme amulettes. En quittant la Phrygie, ils se rendirent dans la Samothrace dont ils ne surprirent pas médiocrement les habitants par la pratique des enchantements des mystères et des initiations. A cet égard, on peut voir en eux les inventeurs des noviciats, des passes, des gesticulations et autres singularités symboliques, conservées, quelques variantes près, dans les compagnonnages, et parfois répétées en pleine place publique. J'observe de plus, que s'ils ont été fils de Dactylus et d'Ida, de même que les Corybantes étaient fils d'Apollon et de Thalie, suivant leur spécialité, c'est simplement parce qu'ils s'étaient mis sous la protection de ces divinités, comme les orfèvres sont sous celle de saint Eloi. A ce même titre, les mineurs actuels sont enfants de sainte Barbe, leur vénérable patronne. Les Cabires, habituellement réunis aux Curètes et Corybantes, se sont déjà si souvent présentés, qu'il importe d'arrêter aussi quelques principes à leur sujet. Ils passent pour être d'anciens peuples de la Phrygie, établis près du Mont Cabirus de Bérécynthie, dont ils ont pris leur nom; mais ce Mont Cabirus était probablement le même que le Mont Ida. D'un autre côté, Strabon avance que leur nom est mystique, donnée probablement vraie pour eux comme pour les autres; il les élève au rang de fils de Jupiter et de Calliope, muse de l'histoire, relation qui peut faire croire qu'ils étaient en quelque sorte des êtres historiques pour les anciens Grecs. Hérodote les déclare fils de Vulcain et Phérécide complète cette indication en les faisant naître de Vulcain et de Cabira, fille de Protée, dieu marin, changeant et prophète. Elle aurait eu trois nymphes cabirides et trois Cabires mâles, Axiéros, Axiocersus Axiocersa, auxquels on adjoignit un quatrième assesseur, appelé Kasmilos, de manière à former une tétrade. Dans ce système, ils devinrent, plus tard, Vulcain, Mars, Vénus (Amour ou Harmonie), et encore, Pluton (Cérès, Proserpine, Hermès, ou Mercure). Or, celui-ci, ayant attaché Prométhée sur le Caucase, se rendant souvent aux Enfers, étant en relation avec Proserpine et Pluton et se confondant avec le Hermès Trismégiste, inventeur de la chimie, il devient évident que d'intimes rapports existaient entre lui et les mines. D'autres traditions mettent en avant deux Cabires dont le plus âgé serait Jupiter, le plus jeune étant Bacchus. Enfin, ils furent considérés comme des Titans (M. Fournet, De l'influence du mineur sur les progrès de la civilisation, M&émoires de l'Académie des sciences, belles-lettres et arts de Lyon, 1862 - gallica.bnf.fr).

Les Dactyles, ordinairement au nombre de trois, sont des génies industrieux que la légende place tantôt en Crète, tantôt en Phrygie, où ils se rattachent au cycle de Rhéa. Leur rôle musical est multiple : 1° ils ont inventé le rythme dactylique, simple jeu de mots étymologiques (Diomède, p. 474 Putsch) ; 2° ils ont inventé les rythmes musicaux en général : Clem. Alex. Strom., I, 15, p. 781 Migne. Le texte de Solin c. 11, 6 nous montre le lien entre l'activité métallurgique des Dactyles et leur découverte musicale : c'est du va et vient mesuré du marteau de forge qu'est né le rythme poétique. On remarquera que Solin pense aux Dactyles crétois, Clément aux Dactyles phrygiens ; cette dernière forme de la légende est certainement la plus primitive et c'est celle que dut avoir en vue Alexandre dans ses "Phrugiaka". Mais il est difficile de savoir ce qu'il entend au juste par les "kroumata" des Dactyles. Hoeck (Kreta, I, 226), assimilant arbitrairement les Dactyles aux Curètes, dont on connaît la musique bruyante, croit qu'il s'agit de musique de cymbales (percutiuntur acetabula, unde crumata dicta, Cassiodore, De Mus., p. 556 Ven.) ou de castagnettes (crusmata, Martial, VI, 71). Du reste, le texte de Plutarque pourrait être mutilé : il est singulier que la même «introduction» soit attribuée à Olympos et aux Dactyles, qui nulle part ailleurs ne sont associés (Henri Weil Théodore Reinach, De la musique de Plutarque, 1900 - remacle.org).

Selon Plutarque Hyagnis aurait été le premier joueur de flûte.

Le mot buxus, dans un passage de Virgile (Enéide IX, 619), signifie flûte : buxus berecynthia, la flûte phrygienne (Antoine-Laurent-Apollinaire Fée, Flore de Virgile, 1850 - books.google.fr).

Hyagnis est l'inventeur du mode musical phrygien selon Athénée (Deipnosophistes XIV, 624) (Yves Chartier, L'oeuvre musicale d'Hucbald de Saint-Amand: les compositions et le traité de musique, 1995 - books.google.fr).

Cf. énigme 500 (nonagones.info - La Chouette d’Or - Chouettes vignettes - Chouette vignette : énigme 500).

Vocabulaire daté

A côté des romans de Zola, il faut citer ceux des frères Goncourt, de Huysmans, de Lavedan, de Courteline, etc. ; la langue verte se retrouve aussi dans les croquis élégants de Gyp, et surtout dans les chansons fin de siècle d'Aristide Bruant, de Léon Xanrof (= Fornax, traduction latine de son vrai nom, Fourneau), d'Eugène Lemercier, de Mac Nab, etc. ; elle envahit même le parler des gens bien élevés ; témoin le mot rosse, aujourd'hui très répandu et dont on a on a déjà tiré rosserie et rossard (Kristoffer Nyrop, Grammaire historique de la langue française, Tome 1, 1914 - books.google.fr).

MICHONETTE, rosse. Ah ! bien, si j'avais su ! Moi qui ne lui en parlais jamais, parce que je les croyais bien ensemble (Léon Xanrof, Pour être aimée : comédie fantaisiste, 1902 - books.google.fr).

L'ABONNE. Nom d'un chien de bourrique têtue comme une borne et rosse comme une teigne ! (Léon Xanrof, C'est pour rire, 1911 - books.google.fr).

Le Chat Noir fut le temple de la chanson satirique, de la "chanson rosse" (Jules Combarieu, Histoire de la musique des origines au début de XXe siècle, Tome 5 : La première moitié du XXe Siècle, 1960 - books.google.fr).

Léon Xanrof a souvent interprété lui-même ses chansons au Chat Noir et dans les salons où il est très recherché, chez M. Constans même, avec lequel il était lié, il interpréta un soir, sur la demande du ministre, et malgré Mme Constans, une chanson qu'il venait de faire, lui qui jamais ne s'est occupé de politique, et intitulée Carnot-Polka. [...] Léon Xanrof, qui s'accompagne au piano, fait la musique de ses chansons et, chose curieuse, il ne sait pas l'écrire. Xanrof indique les notes longues ou brèves, exactement comme s'il s'agissait de vers latins. [...] Léon Xanrof habite rue Tholozé, à Montmartre, un fort coquet hôtel qui lui appartient, et dans le jardin duquel il s'est fait construire un bureau-atelier qui est une merveille de luxe et de bon goût. Il s'est marié, il y a un peu plus d'un an, et a épousé Mlle Carrère, une des plus charmantes cantatrices de l'Opéra, douée d'une superbe voix, de beaucoup de talent et qui joint à toutes ces qualités, celle non moins précieuse d'être une charmante maîtresse de maison (Horace Valbel, Les chansonniers et les cabarets artistiques, 1895 - books.google.fr).

La rue Tholozé, qui croise la rue Lepic (Montmartre), doit son nom à Henri-Alexis de Tholosé (ou Tholozé), né le 18 juin 1781 à Bouchain (Nord) et mort le 14 mai 1853 à Paris, officier français devenu général de division, qui a notamment été gouverneur d'Alger en 1830 et commandant de l'École polytechnique. Son père est Audois de Castelnaudary. Bouchain se trouve entre Saint Amand les eaux et Cambrai (fr.wikipedia.org - Henri-Alexis de Tholosé).

Montmartre et méridien

Le 14 août 1675, c'est dans le sillage de l'Académie des Sciences qu'est entraîné notre Bout-à-fin, ancien nom du Moulin de la Galette, créé en 1622, qui appartenait à l'époque à Nicolas Le Tellier, mort en 1677. Son jardin est promu "point de repère en direction Nord". Cette promotion est consacrée par la  mise en place solennelle d'un poteau planté par le célèbre astronome Picard, premier à avoir su mesurer un arc du Méridien. En 1669, trois ans après sa fondation, l'Académie des Sciences avait, sous les auspices de Colbert, entrepris de mesurer en toises et en degrés, la longueur du Méridien de Paris, depuis l'extrémité Nord de la France, jusqu'à son extrémité Sud. L'opération, commencée par l'abbé Picard, était dirigée par l'illustre Cassini de Thury. En 1736, un obélisque, haut de trois mètres, appelé Mire du Nord (ou Mire de Montmartre) vient remplacer le poteau de Picard. Il existe toujours. Sur son socle on peut lire, quoique difficilement :

L'an MVCCXXXVI

Cet obélisque a été élevé par ordre du Roy

pour servir d'alignement à la méridienne de Paris

du côté du Nord. Son axe est de 2.931 toises

2 pieds de la face méridionale de l'Observatoire (André Maillard, Lydia Maillard, Les moulins de Montmartre et leurs meuniers, 1981 - books.google.fr).

Pour revenir à la Colonne de Pierre qui est sur la butte de Montmartre, je remarquerai qu'elle est une des quatre-vingt-seize, qu'on avoit résolu d'élever d'espace en espace, depuis Dunkerque jusqu'au Canigou, mais jusqu'ici on s'est contenté d'en avoir fait élever quelques-unes. Sur la fin de l'année 1737. un de ces hommes qui sous prétexte de chercher des trésors cachés, & presque toujours imaginaires, trouvent des trésors véritables dans la bourse de ceux dont ils surprenent la confiance persuada à quelques personnes qu'il y en avoir un dans cette montagne, du côté qui regarde le vilage de S. Ouën, & au-dessous de la Colonne dont je viens de parler. On se pourvut d'abord des permissions nécessaires, & ensuite on creusa & on fouilla dans la montagne. On publia aussitôt qu'on y avoir trouvé deux figures de bronze de cinq pieds quatre pouces de haut, dont l'une représentoit Isis, & l'autre Osiris, des Médailles ou Isis éroit aussi reprélentée ; dix-sept Cylindres ou bariques de fer, ayant trois pieds de long, sur onze pouces de diamêtre, dont un ayant été ouvert se trouva rempli de Médailles d'or qui avoient d'un côté la figure de Cibelle, & de l'autre une branche de Guy, avec des caracteres qu'on n'avoit pu déchifrer ; un grand & vaste Temple de figure ronde, soutenu par dix-huit arcades de marbre, au milieu duquel étoit un Autel d'argent de six pieds de face, & sur lequel on immoloit des victimes humaines; douze Statuës d'or tenant des boucliers & des épées d'argent ; une espece de Chapelle d'or, ornée de huit Statues d'argent représentant des femmes de la taille la plus avantageuse, &c. : Tous ces trésors d'érudition, & de magnificance, disparurent cour d'un coup, à l'aproche de gens éclairés & sincères, qui eurent la curiosité de visiter & d'examiner ce souterrain, & qui n'y trouverent que des restes d'un édifice Romain qui probablement sont les ruines de celui qui fut renversé en 944. par cet ouragan effroyable dont il est parlé dans le passage de Flodoard. [...] Voilà la Fable de la Montagne qui accouche d'une souris (Jean-Aymar Piganiol de La Force, Description de Paris, de Versailles, de Marly, de Meudon, de S.-Cloud, de Fontainebleau et de toutes les autres belles maisons & châteaux des environs de Paris, Tome 2, 1742 - books.google.fr).

Soit proposé à faire, par la boussole une Carte des environs de Paris du coste de S. Denis. Il est bon d'avertir que la boussole D, dont on se sert pour resoudre de semblables propositions, doit avoir son limbe divisé en 360. degrez ; & contre l'épaisseur d'un de ses costez, parallele à la meridienne, une régle mobile ou alhidade qui y soit attachée, comme la marquée EF, dont le petit costé supérieur est fendu dans le milieu de son épaisseur en ligne droite, pour servir de pinules ou de rayon visuel ; & cette alhidade ainsi disposée contre la boussole, sert à borneyer des objets de haut en bas & de bas en haut, durant que la boussole demeure dans une situation horizontale. Cela remarqué, quand on voudra faire une Carte, on choisira deux stations, d'où l'on puisse découvrir le pays dont on veut faire la Carte, comme à Paris, la tour de S. Jacques de la Boucherie, & à Montmartre le moulin de la Lancette. Puis étant au haut de la tour S. Jacques, premiere station, on posera la boussole sur quelque chose d'élevé au-dessus de la balustrade, comme sur un petit pied d'instrument de Mathématique, afin que l'alhidade qui est à coste de la boussole, puisse se lever ou s'abaisser selon le besoin. Cela observé, on tournera d'abord le Nord de la boussole vers la station de Montmartre, en sorte qu'en borneyant par la fente de l’alhidade, on découvre le moulin de la Lancette, consideré pour la seconde station, afin de remarquer combien l'aiguille est éloignée de la meridienne de la boussole, & vers quelle partie; comme 4. deg. vers l'orient, ce qu'on écrira sur un memorial le long de la ligne qui répond au rayon visuel du moulin de la Lancette. Puis tournant la partie septentrionale de la boussole toujours vers l'objet à lever, on borneyera par l'alhidade la position que l'on veut avoir comme celle d'Aubervilliers, ou de Notre-Dame des Vertus, pour remarquer les degrez indiquez par l'aiguille, sçavoir 22. deg. à l'occident, & on écrira cette quantité au memorial le long de son rayon visuel, & ainsi pour tous les autres angles des positions qu'on veut lever de cette station, comme pour S. Denis 7. degr. à l'Occident, &c. Cela fait, on ira se poster à la seconde station au moulin de la Lancette, où l'on posera la boussole, en sorte que son costé du Nord regarde S. Denis, pour observer les degrez indiquez par l'aiguille, comme 15. deg. à l'Occident, & les chiffrer au memorial sur le rayon qui va du moulin de la Lancette à S. Denis. Ensuite tournant la partie septentrionale de la boussole vers Nostre-Dame des Vertus, on borneyera par l'alhidade sa position, & l'on remarquera les 45. deg. à l'Occident indiquez par l'aiguille, qu'on chiffrera au second memorial sur le rayon de Nostre-Dame des Vertus, & on en fera de mesme pour toutes les autres positions qu'on a levées à la premiere station de S. Jacques. Alors on tracera au net la Carte, en tirant à volonté la ligne blanche A B sur la feuille de papier où l'on veut representer la Carte, & on fera valoir la ligne A B 1600 toises pour égaler le nombre des toises qu'il y a de la tour S. Jacques de la Boucherie, premiere station, jusqu'au moulin de la Lancette, seconde station. Puis contre cette ligne blanche A B (dont on se sert de base) on posera le costé de l'alhidade de la boussole, & on tournera la feuille de papier (la boussole demeurant immobile contre le costé A B) jusqu'à ce que l'aiguille s’arreste sur le mesme degré où elle étoit, quand on a borneyé de la tour de S. Jacques, le moulin de la Lancette, comme sur le 4. deg. vers l'Orient. Cela fait, sans plus remuer le papier, on observera sur le premier memorial quel degré a le rayon qui va à Aubervillers, & ayant veû 22. deg. à l'Occident, on posera le costé de l'alhidade de la boussole contre le point A, qui represente la position de la tour S. Jacques, & on tournera sa boussole (le coste de l'alhidade demeurant toujours contre le point A, & la feuille de papier immobile) jusqu'à ce que son aiguille marque 22. deg. à l'Occident, nombre de ceux qu'on a trouvé étant sur la tour S. Jacques pour Aubervillers, & alors l'on tirera le long du costé de l'alhidade de la boussole une ligne droite, ce qu'on pratiquera pour les autres positions du premier memorial, comme 7. deg. à l'Occident pour s. Denis, &c. Ensuite on observera sur le second memorial, où est marquée la station B du moulin de la Lancette, quels degrez a le rayon qui va à Aubervillers, & ayant trouvé 45. deg. à l'Occident, on posera sur la feuille de papier le costé de l'alhidade de la boussole au point B, extrémité de la base A B, & pratiquant à ce point B la mesme chose (par rapport au second memorial) qu'on a fait au point A, on aura de seconds rayons qui couperont sur la feuille de papier les premiers à plusieurs points, qui donneront la position de tous les lieux qu'on veut lever (Alain Manesson-Mallet, LA GEOMETRIE PRATIQUE, Tome 2, 1702 - www.google.fr/books/edition).

Gérard de Nerval, qui faillit devenir propriétaire d'un carré de vignes à Montmartre, était persuadé dans son rêve viticole, que «Denis, Dionysos en grec, était une sorte de Bacchus ayant possédé trois corps, l'un enterré à Corinthe, un autre à Ratisbonne, le troisième à Montmartre». L'une des étymologies supposées à «Montmartre» est «Mont des martyrs». Parmi les légendes formées autour de saint Denis, l'une veut que cet évangélisateur des Gaules, mis sur le gril dans la cité, puis décapité dans un autre quartier, soit allé, sa tête sous le bras, laver celle-ci dans une fontaine près de l'actuel Moulin de la Galette. Le Ténébreux qui modula sur la lyre d'Orphée les soupirs de la sainte et les cris de la fée, on l'imagine assez bien mêlant, dans une seule chimère, le grand chrétien supplicié et le dieu païen de l'ivresse. Villon, Parisien lui aussi, aurait certainement apprécié ce fabuleux enchevêtrement du profane et du sacré entre le mont Olympe et la butte Montmartre. Lui, c'est au mont Ararat qu'il situe la genèse du vin, puisqu'il écrit : Père Noé qui plantâtes la vigne (Gérard Oberlé, Itinéraire spiritueux, 2006 - books.google.fr).

On a identifié le Dionysos hellénique avec le dieu phrygien Sabazius, avec l'Osiris des Egyptiens, avec le Liber pater latin Nonnos de Panopolis fait d'Ampelos un Satyre phrygien et il ne dit rien de ses parents. Aimé de Dionysos, sa mort est à l'origine de la création du vin (Les Dionysiaques: Chants 9 et 10 par Nonnus de Panopolis, 2003 - www.google.fr/books/edition).

Nicolas de La Caille

Dès le retour de l’expédition du Nord, Cassini III admettait l’aplatissement de la terre. Cette mesure présentait l’avantage d’avoir été faite à un point extrême du méridien, et avec des instruments supérieurs à ceux employés par son père. Il reconnaissait les lacunes des mesures de Jacques Cassini, qui pouvaient bien être la source de l’erreur sur la forme de la terre. Il était par conséquent indispensable de vérifier l’arc français mesuré par ce dernier.  Avec les mesures de Laponie et du Pérou, on aurait la courbure du méridien en trois points de latitude différente et ainsi on mesurerait l’hémisphère septentrional. Cassini III proposa ce projet à l’Académie, qui l’approuva. Cassini III de Thury, dont l’œuvre maîtresse sera la Carte de France, avait alors vingt cinq ans. Il était assisté, dans cette opération, par un jeune homme de son âge, qui allait devenir un de nos plus célèbres astronomes : La Caille considéré aujourd’hui comme “le Père de l’Astronomie du ciel austral”. En réalité, c’est La Caille qui réalisera l’essentiel de la vérification, Cassini III œuvrant surtout pour la description géométrique générale de la France.

Nicolas-Louis de La Caille (1713-1762) est le plus grand astronome français du XVIIIème siècle. Originaire de Rumigny dans les Ardennes, il était le fils d’un capitaine des chasses de la duchesse de Vendôme, peu fortuné. “Son père autrefois dans l’aisance, ne lui avait laissé que des dettes ”, dira Joseph Bertrand. Cependant, grâce à la protection du duc de Bourgogne qui lui avait fait obtenir une bourse, il put faire d’excellentes études. Le jeune homme qui se destinait à la carrière ecclésiastique, s’en tiendra au diaconat, pris par une nouvelle vocation: l’astronomie. Probablement recommandé à Jacques Cassini par le duc de Bourgogne qui avait été son élève, il assiste Maraldi II, en mai 1735, dans les levés géométriques des côtes de Nantes à Bayonne, et l’année suivante, il entre à l’Observatoire, où il est logé comme aide pour les observations. Bientôt, il est plus que cela: ses talents d’observateur et son assiduité au travail le font apprécier de Jacques Cassini, qui le considère dès lors de sa famille.

A son école, écrit Wolf, “La Caille devint bien vite un astronome consommé, mais il fut par cela même perdu pour l’Observatoire”. En effet, le succès de la mesure de la Méridienne, lui valait une chaire de mathématiques au Collège Mazarin, et un observatoire crée pour lui dans ce même collège. Le 1er janvier 1740, il quittait définitivement l’observatoire pour ses nouvelles fonctions. Il y revint observer, de temps en temps, jusqu’en 1742. Mais c’est de ce “ petit observatoire dans les greniers du collège et, de ce réduit” que sont sortis des travaux qui ont marqué la science de cette époque. Certains des élèves de La Caille allaient devenir célèbres: Jérôme de Lalande, Bailly, Turgot, le futur ministre de Louis XV, qui devaient observer le passage de Vénus le 6 juin 1761, à Carrières-sur-Seine.

Membre de l’Académie depuis 1741, La Caille allait surtout devoir sa renommée à son expédition au Cap de Bonne Espérance (1751-54) où il devait observer la parallaxe de la Lune et du Soleil, la position géographique du Cap, fondamentale pour la navigation, et étudier le ciel austral. Il en traça une carte détaillée dans laquelle apparurent 14 nouvelles constellations, dont il dressa un catalogue. Il réalisa un autre catalogue de 42 nébuleuses. De ses observations il devait déduire la première mesure précise de la parallaxe de la lune. Son élève Lalande, avait fait les obser­vations correspondantes à Berlin, dont le méridien différait peu de celui du Cap.  Enfin, comme la géographie demeurait une tâche d’astronome, il leva la carte des îles de France (Maurice) et Bourbon (La Réunion).

De retour à Paris en 1754, il publiait les résultats de cette fructueuse expédition dans divers ouvrages et mémoires. L’Astronomia fundamenta (1757) paraissait avec un catalogue de 397 étoiles les plus brillantes des deux hémisphères, puis ses tables du soleil, Tabulae Solares (1758) et en 1763, le Coelum australe stelliferum qui contenait le détail des 10035 étoiles observées au Cap et un planisphère représentant les constellations de l’hémisphère sud. Cette publication fut posthume, La Caille avait succombé, le 21 mars 1762, à une maladie contractée au cours de ses observations. Son ami intime, Maraldi II, assura la publication (Histoire de l'Observatoire de Paris - Nicolas de La Caille - sites.google.com).

Phrygie barjot et Sacré Coeur

Au bonnet phrygien des révolutionnaires répondait le Sacré-Coeur des Chouans, symbole et étendard des contrerévolutionnaires. Détruire les «insignes» de l'Ancien régime n'est donc pas du vandalisme idiot (Dominique Setzepfandt,, Paris maçonnique, à la découverte des axes symboliques de Paris, 1996 - www.google.fr/books/edition).

Parmi les Proverbes de Théodore Leclercq, un des plus admirés de Stendhal, le Père Joseph. Ce jésuite fait les chefs d'escadron à sa fantaisie. Le comte Alfred va jusqu'à lui demander une bonne petite guerre : «Ayez-nous la guerre, père Joseph. occupez-nous. Notre inaction vous est fatale, elle nous laisse trop de temps pour réfléchir...» Mais ce jésuite n'a rien renié de son vieux jacobinisme : le Sacré-Coeur n'est qu'un bonnet phrygien renversé (Henri-François Imbert, Les Métamorphoses de la liberté, ou Stendhal devant la Restauration et le Risorgimento, 1967 - www.google.fr/books/edition, fr.wikipedia.org - Théodore Leclercq).

La tour Saint-Jacques est l'unique vestige de l'église Saint-Jacques-la-Boucherie, dont le nouveau clocher est construit entre 1509 et 1523. Ce clocher-tour est dressé au milieu du premier square parisien, qui porte son nom, dans le 4e arrondissement de Paris. L'église est détruite en 1793 (fermée à la Révolution et devenue bien national, elle sert de carrière de pierre ; on dit que la tour ne fut pas démolie parce que Blaise Pascal y aurait renouvelé ses expériences du Puy de Dôme sur la pesanteur, mais d'autres sources indiquent l'église Saint-Jacques-du-Haut-Pas sur la montagne Sainte-Geneviève. Sa statue, installée à la base de la tour, le rappelle (fr.wikipedia.org - Tour Saint-Jacques).

Le faubourg Saint Jacques se trouve dans le 14e arrondissement et fut appelé le faubourg de l'Observatoire sous la révolution (fr.wikipedia.org - Faubourg Saint-Jacques).

Sauval raconte qu'on déterra, en 1630, au faubourg Saint-Jacques, dans l'enclos des Carmélites, en construisant la fontaine du couvent, quelques restes d'un cercueil et un bas-relief de deux pieds de haut où l'on voyait un «un sacrificateur debout, et à ses pieds un taureau prêt à être immolé». Cette description, beaucoup trop succincte, conduit naturellement à croire, ainsi que le fait observer Dulaure avec assez de raison, qu'il s'agit ici d'un bas-relief rappelant le culte de Mithra, dieu soleil des anciens Perses. On sait, en effet, que les Romains, vers la fin de la république, admirent le culte de ce dieu, qu'ils représentaient ordinairement sous l'emblème d'un jeune homme coiffé du bonnet phrygien, et armé d'un poignard qu'il enfonce dans la gorge d'un taureau couché à ses pieds. Le Musée du Louvre offre, sous le n° 720 de la description de M. de Clarac, un modèle d'un semblable bas-relief. Il réunit tous les accessoires que l'on remarque dans les sujets de ce genre: le serpent et le chien. D'un côté on voit le génie du jour dans le costume phrygien, et tenant une torche élevée en l'air; au-dessus de lui sont le buste du soleil et la corneille, oiseau consacré à Apollon. De l'autre côté, le génie de la nuit, tenant son flambeau renversé, est placé au-dessous du buste de Diane. Ce bas-relief est tiré de la Villa-Borghèse (M. Jollois, Les antiquités romaines et gallo-romaines à Paris, Mémoires présentés par divers savants: Antiquités de la France, 1843 - books.google.fr).

Le Chat Noir

Le Chat noir était un célèbre cabaret de Montmartre (84 bd de Rochechouart, 12 rue de Laval (rue Victor-Massé), 68 boulevard de Clichy), fondé en novembre 1881 par Rodolphe Salis qui fut aussi à l'origine de la revue hebdomadaire du même nom. En son temps, Le Chat Noir connut des imitations dont la plus célèbre fut L'Abbaye de Thélème, place Pigalle, créée par Jules Roques. Le très fameux bal qui ouvre chaque année la saison du Carnaval de Dunkerque porte en l'honneur du cabaret parisien le nom de «Bal du Chat noir».

Pour reprendre les mots mêmes de Fulcanelli, ce cabaret aurait été jusqu'à la mort de Salis «un centre ésotérique et politique» qui aurait attaché une grande importance à toute une série de symboles soigneusement dissimulés (fr.wikipedia.org - Le Chat noir).

Rabelais et Montmartre

Les verbes voudras et dois figurent dans deux devises très connues : - "fay ce que vouldras" ("fais ce que voudras") de l'Abbaye de Thélème, abbaye utopique inventée par François Rabelais. Rabelais est d'ailleurs né à "la Devinière" (commune de Souilly), et son Tiers Livre tourne en ridicule les différents genres de divination de son époque. - "fais ce que dois" de la Famille de Pérusse des Cars (Source : Don Luis) (piblo29.free.fr).

Beaucoup plus durable et plus glorieux fut l'établissement qui s'ouvrit, la même année, sur la même place, dans une maison voisine, un élégant hôtel particulier sis à l'angle du boulevard de Clichy, où avaient habité tour à tour Picot, Fromentin, Diaz et Roybet, des artistes peintres d'illustre mémoire. Aujourd'hui, alors qu'il n'est plus qu'un souvenir, le nom de cet établissement n'a rien perdu de son éclat : l'Abbaye de Thélème. Pourtant, ce nouveau cabaret artistique avait suscité, avant sa naissance, un peu d'inquiétude, le bruit ayant couru que les garçons y seraient vêtus en religieux, voire en religieuses. Il n'en fut rien, heureusement. L'Abbaye de Thélème, dont le décor d'un style «pompéiano-moyen âge» se donnait l'air Renaissance, était évidemment dédiée à François Rabelais, lequel avait inspiré notamment un grand tableau de de Tanzi et un magnifique vitrail de Pille. Elle se proposait d'attirer et de retenir l'élite des humeurs de piots. Un déjeuner inaugural réunit, dans la «grande salle du Chapitre», soixante-dix d'entre eux, sous la présidence du «vénérable grand-prieur», le chansonnier Alexis Bouvier, lequel, dignement assis sur son «trône abbatial», était assisté, à sa  droite, de S. M. Achille Ier, roi d'Araucanie, et, à sa gauche, de l'«évêque de Montmartre», S. E. Charles Monselet. Au son de l'orchestre d'Olivier Métra, qui jouait ses valses les plus langoureuses dans le petit jardin attenant, les «Thélémites» dégustèrent un menu pantagruélique bien fait pour les mettre en liesse :

ABBAYE DE THÉLÈME MENU DU SAMEDI 22 MAI 1886

Arans sors,

Olives colymbades

Andouilles caparaçonnées de moutarde fine Radis au beurre frais

Saulmons et Saulmonneaux

Ris de Veaux sinapisés de truffes

Pièces de Boeuf royalle

Asperges suffocquées et estuvées

Petits Poys saulce chaude à l'oignonnade

Gras Chappons au blanc manger, roustiz avec leur dégout Salades à l'oeillade , renfort de vinaigre parmy

Myrobolans servys à la glace avec beuignetz et guauffres

Guasteaux feuilletez

Frayses au sucre fin

Fromaiges

Vin clairet et vermeil frais

Bon et friand vin blanc

Vin de Bourgueil

Vins de Bordeaux et de Bourgogne

Cuvée réservée du Champagne de l'Abbaye de Thélème (Clos de Dizy benjoindant Epernay)

A l'issue du repas, Alexis Bouvier porta un toast, Raoul Ponchon célébra en vers François Rabelais, Emile Goudeau récita un fragment de son poème bachique Les Polonais, Joseph Dailly interpréta L'Odyssée d'un pochard puis, Etienne Carjat ayant clos par une chanson ce concert improvisé, les convives passèrent dans le jardin pour y savourer le café sous les ormes séculaires, entre la cascade de rocaille et la «fenêtre François Ier». Le Courrier français, le journal artistique et publicitaire de Jules Roques, qui avait contribué à lancer l'Abbaye de Thélème, y eut sa salle réservée, où, chaque vendredi, les dames étant ce jour-là exceptionnellement admises, on procéda à des auditions artistiques. Goudeau, Marcel-Legay, Richepin, Mac Nab, Bouchor, Lorin, Métra et bien d'autres, s'y firent entendre et applaudir. Le poète Léon Roger, dit Roger-Milès, rédacteur en chef du Monde poétique, y créa Rabelais à Montmartre.

Et c'est bien à Montmartre, certe,

Qu'on devait le ressusciter,

Montmartre, où l'esprit se concerte

Avec l'art pour toujours monter (Michel Herbert, La Chanson à Montmartre, 1967 - www.google.fr/books/edition).

Léon Roger, dit Léon Roger-Milès ou simplement Roger-Milès, est un avocat, historien, poète, journaliste et critique d'art français, né le 3 novembre 1859 à Paris et mort le 9 mai 1928 à Angoulême (fr.wikipedia.org - Léon Roger-Milès).

Eudémon, disciple de Ponocrates, fait un discours, représentant l'idéal humaniste de la parole élégante, à Grangousier, qui convainc ce dernier de donner son maître comme précepteur à Gargantua (Analyse et étude de l'oeuvre - Gargantua de Rabelais - Réussir son BAC Français 1re 2022 - Parcours associé Rire et savoir - Voies générale et techno - Une oeuvre, un parcours - EPUB 2021, 2021 - books.google.fr).

Gargantua, pour s'exercer les poumons, appelle, avec une voix de Stentor, depuis la porte Saint Victor jusqu'à Montmartre Eudémon qui doit ce trouver ici (Pierre Magnin, Des rythmes de vie aux rythmes scolaires, 1993 - books.google.fr).

Darès de Phrygie est l'auteur d'une Histoire de la guerre de Troie, à laquelle participa Stentor dont la voix pouvait suppléer à l'absence d'instruments de musique sur les champs de bataille (Eugène Collilieux, Etude sur Dictys de Crête et Darès de Phrygie, 1886 - books.google.fr).

Alignement

"fais ce que dois" de la Famille de Pérusse des Cars (Source : Don Luis) (piblo29.free.fr).

À la fin du XIe siècle, Ramnulphe de Lastours, donne à l'abbaye Saint-Martial de Limoges, la villa de Quadris, (village des Cars), situé dans la partie boisée de la vaste paroisse de Flavignac. Le village paraît déjà doté d'une chapelle Sainte-Marie-Madeleine. L'abbaye y fonde rapidement un prieuré formellement attesté dès les premières années du XIIe siècle. Vers 1280, s'éteint la famille de Flavignac inféodée aux Lastours depuis le XIe siècle. C'est sans doute ce qui favorise l'apparition et le développement de la seigneurie des Cars. Ce nouveau fief, d'abord aux mains de la famille de Barry, puis de la famille de Pérusse dès le milieu du XIVe siècle, paraît formée au début principalement de territoires de l'ancienne paroisse de Flavignac (communes actuelles de Flavignac et Les Cars). Progressivement, les nouveaux seigneurs vont s'émanciper des Lastours (ils finiront même par racheter la seigneurie de Lastours (commune de Rilhac-Lastours). Rapidement, également, les Pérusse, vont prendre le nom de Pérusse des Cars, parfois écrit Pérusse d'Escars, à partir de la Renaissance (fr.wikipedia.org - Les Cars).

Les Cars et Mer sont alignés avec Dunkerque qui se trouve sur le méridien de Paris.

Landres se trouve à l'intersection de la droite Seuilly (La Devinière de Rabelais) - Mer et la droite Saint Amand - Carignan.

Landres est une commune française située dans le département de Meurthe-et-Moselle, en région Grand Est : ancienne demeure des comtes de Mercy, située 4 rue de Mercy construite au XVIIe siècle. L’héritage du comte Claude Florimond de Mercy, Feld-maréchal du Saint-Empire né à Longwy en Lorraine en 1666, passa à sa mort, en 1734, aux comtes d’Argenteau (fr.wikipedia.org - Landres).

Marie-Clotilde-Élisabeth Louise de Riquet, comtesse de Mercy-Argenteau (3 juin 1837–8 novembre 1890) était la fille aînée de Michel Gabriel Alphonse Ferdinand de Riquet (1810–1865), créé prince de Chimay en 1834 à titre personnel, et de Rosalie de Riquet de Caraman (1814–1872). Le père de Rosalie de Riquet était le frère cadet de Joseph-Philippe, prince de Chimay, créé prince de Caraman en 1867 ; son frère Victor Joseph Alphonse Frédéric (1844-1928) fut créé prince de Chimay en Belgique en 1865 ; mais elle-même ne fut jamais «Princesse de Caraman-Chimay» (Almanach de Gotha) La comtesse de Mercy-Argenteau fut la maîtresse de Napoléon III à Paris (fr.wikipedia.org - Marie-Clotilde-Elisabeth Louise de Riquet de Caraman-Chimay).

Chimay se trouve sur la droite saint Amand – Carignan : cf Chouette vignette : énigme 500.

Orientation de l'aiguille

L'énigme indique une direction générale, celle du piéton ("où tu dois"). Max a justifié cette direction générale en disant que l'aiguille de la boussole n'est pas stabilisée.

Le mot anglais "compass" signifie d'ailleurs boussole (cf. W de la boussole) (piblo29.free.fr).

Paris se trouve sur la droite Roncevaux - Mer - Saint Amand. L'angle que fait le méridien de Paris, à Paris, avec la droite précédente est de 25 degrés environ.

Le W à l'envers fait M.

Mesures

La mesure de 275 mm définie par rapport à Saint Amand les Eaux et Carignan représente 10/12e de la circonférence de 330 mm. De prime abord elle ne se trouve pas dans la vignette.

Or le pouce représente 1/12e du pied, ils mesurent, selon la toise de l'Ecritoire, 2,722 cm et 32,660 cm (fr.wikipedia.org - Toise (unité), fr.wikipedia.org - Anciennes unités de mesure françaises).

On peut arrondir à 2,75 cm le pouce (Charles Roure, Petite histoire de Châteauneuf-de-Gadagne, 1991 - www.google.fr/books/edition).

pi (approximé à 3,1416) divisé par 1,2 donne 2,618 valeur approximée du nombre d'or plus 1.

La diagonale de la vignette (racine carré de la somme des carrés de 14 et 18) donne racine de 520 soit 22,8. Le rapport de 33 à 22,8 approche de 1,447368, carré de presque 1,20306. On retrouve approximativement le rapport 1,2.

1,2 est le rapport de 33 et 27,5 qui ne peuvent être contenus dans la vignette en ligne droite. On peut les y représenter en lignes brisées ou en courbes (cercles par exemple).

La construction du cercle de 27,5 cm de circonférence peut passer par celle d'un pentagone dans laquelle entre le nombre d'or. Ce pentagone repose sur le fond de la vignette et s'étend depuis la limte du bord gauche jusqu'à celui de droite. On prend ensuite un côté du pentagone comme diamètre du cercle de circonférence 27,5 cm.

Le pentagone semble entrer dans la composition de nombreux tableaux (www.renneslechateau.nl).

Les côtés supérieurs du pentagone sont tangents à la circonférence de la boussole.

Beaucoup d'approximations sans doute.

Dextans

1,2 est l'inverse de 10 douzièmes.

"dextans" signifie en général dix parties d'un tout, divisé en douze : Dextans horae (Pline) ; Dextans jugeri (J. Girod du Saugey, Manuel métrologique des peuples de l'antiquité, 1837 - books.google.fr).

Pas de saint Denis

Le pas géométrique fait 5 pieds. En France le pied ordinaire fait 2 pieds et demi (Nicolas-Pierre-Antoine Savart, Cours élémentaire de fortification, 1825 - www.google.fr/books/edition).

"dois", 2e personne du singulier du présent du verbe devoir : du latin debeo d'abord dans le sens de débiteur (Gaffiot).

En toute affaire, le commencement est ce qu'il y a de plus difficile. Commencer, c'est le grand travail, dit un autre proverbe. Le cardinal de Polignac racontait un jour, devant madame, du Deffant, le martyre de saint Denis, qui, ayant été décapité à Montmartre, releva sa tête et la porta dans ses mains jusqu'à l'endroit où on lui bâtit depuis une église. Comme son Éminence avait l'air d'insister sur la longueur de la route que le saint avait parcourue en cet état, la spirituelle dame lui dit : «Monseigneur, il n'y a que le premier pas qui coûte.» (Pierre-Marie Quitard, Dictionnaire étymologique, historique et anecdotique des proverbes et des locutions proverbiales de la langue française, 1842 - books.google.fr).

Musique

Si les douxièmes apparaissent dans la mesure de longueur, ils sont aussi dans l'échelle des tons musicaux comme semble le dire l'énigme 500 à la portée et à la clef de Sol.

Une note déterminée peut occuper toutes les places sur ou entre les lignes, on fixe la place qu'elle doit occuper en mettant une clef en tête du morceau de musique. Il faut donc 7 clefs, parce qu'il y a 7 notes et qu'il faut pouvoir, en transposant, changer le nom d'une note en celui d'une autre quelconque. Je désigne les clefs par des numéros d'ordre, ce qui facilitera nos combinaisons. Les 7 clefs : 1ère Clef (de Sol) ; 2ème Clef (Ut 3ème ligne) ; 3ème Clef (Fa 4ème ligne) ; 4ème Clef (Ut 2ème ligne) ; 5ème Clef (Fa 3ème ligne) ; 6ème Clef (Ut 1ère ligne) ; 7ème (Ut 4ème ligne). [...] D'une clef à la suivante, il y a une différence totale de 12 demi-tons. Si on ajoute un dièse à une clef elle se rapprochera de la suivante d'une quantité égale à 1/12. On peut donc considérer chaque clef comme divisible en 12 parties égales qui correspondent à un certain nombre de dièse ou de bémol. [...] un morceau écrit en clef de sol peut se lire en clef de fa en ajoutant 4 douzièmes ou en retranchant 3 douzièmes (M. Girod, Essai sur la transposition en musique, Revue savoisienne, 1886 - books.google.fr).

Au VIe siècle, Boèce, imprégné des modèles de Pythagore, recompose les associations planète-note, en attribuant la note ré à la Lune (au lieu du la initial), le do à Mercure, à Vénus le si, au Soleil le la, à Mars le sol, à Jupiter le fa, à Saturne le mi… Il distingue trois types de musiques : la musique du monde (musica mondana), qui régit le cours des astres et que les Anciens dénommaient «la musique des sphères» ; la musique de l’homme (musica humana), qui exprime les rapports de l’homme avec le cosmos, dans l’harmonie du corps et de l’âme, de la raison équilibrée par la sensibilité ; la musique instrumentale (musica instumentalis), le troisième niveau qui parachève l’édifice de la connaissance par la musique (Patrick Crispini, Sons et couleurs, Des noces inachevées, Terrain n° 53, 2009 - ournals.openedition.org).

Piéton des nuages

Le piéton est du côté et en dessous d'un beau nuage cumulo-nimbus.

C'est chez Robert Herrick, poète anglais, du XVIIe siècle que Gabriel Delaunay a cueilli ce titre de Piéton des nuages, à l'image de ces ascensions d'un homme libre, épris des grandes altitudes où il sait toujours raison garder, acceptant aussi le risque des chutes (Europe, revue littéraire mensuelle, Volume 51, Numéros 531-536, 1973 - www.google.fr/books/edition).

Robert Herrick (1591 - 1674) est un poète royaliste sous la première Révolution et le Commonwealth (fr.wikipedia.org - Robert Herrick).

Gabriel Delaunay est décédé mercredi 5 août 1998 dans sa quatre-vingt-douzième année. Cet ancien résistant, né à Sainte-Christine en Vendée, fut nommé préfet en 1945, responsabilité qu'il occupa dans le Loir-et-Cher (1945), le Puy-de-Dôme (1945-1946)et les Basses-Pyrénées (1946-1957) avant son arrivée à Bordeaux. Nommé à la préfecture de la Gironde en 1958, il devient rapidement préfet d'Aquitaine, fonction qu'il exercera pendant quatorze ans. Il a participé, aux côtés de Jacques Chaban-Delmas, maire de Bordeaux, à la création de la communauté urbaine de Bordeaux. Ecrivain, il publia quatre romans (le Piéton des nuages, 1973), plusieurs essais (L'Herbe et le vent, 1970) et de nombreuses chroniques, notamment dans le quotidien «Sud-Ouest». Il occupa également les fonctions de directeur de la Radiodiffusion et Télévision de France en 1957 et 1958 (Disparition du préfet Gabriel Delaunay, le 14/08/1998 - www.lemoniteur.fr, Who's who in France, 1987 - www.google.fr/books/edition).

Taureau

La figure qui se dessine par paréidolie à partir de l'aiguille de la boussole, le nuage bleu parsemé de taches dorées ou jaunes, et la tête du second cheval en forme de tête humaine pourrait ressembler à un "torero" en pantalon noir, chemise blanche et veste bleue (fr.wikipedia.org - Paréidolie, cafr.trictrac.net).

L'anarchisme si actif à la fin du XIXe siècle et au début du XXe permet de repérer un second contact de type politique entre le Bateau-Lavoir et Montmartre par la ville et l'église du Tibidabo de Barcelone interposées. Le Sacré-Cœur de Montmartre aurait été menacé d'un attentat et le roman de Zola évoque le contexte. Francisco Ferrer, un anarcho-syndicaliste barcelonais, en exil à Paris de 1885 à 1901, fut exécuté à Barcelone le 31 octobre 1909. Ce qui devait entraîner, le 15 novembre 1909, une manifestation contre le Sacré-Cœur de Montmartre, l'église de Paris servant, semble-t-il, de substitut au Sacré-Cœur de Barcelone, même si ce dernier est bien plus éloigné du centre ville. Vers minuit, cinq ou six cents protestataires qui participaient à un meeting antiespagnol et anticlérical, au chant de L'Internationale, arrivent aux abords du Sacré-Cœur de Montmartre. L'escouade de gardiens de la paix qui stationne là en permanence pour protéger la statue du chevalier de La Barre et assurer la sécurité des passants, les disperse rapidement. Exceptionnellement, le Bulletin du Voeu national rend compte de cette manifestation sur un ton plutôt humoristique. C'est dans ce contexte religieux et politique que Pablo Picasso et Max Jacob incarnent un troisième contact entre le Sacré-Cœur de Montmartre et le Bateau Lavoir en lui conférant cette fois une dimension esthétique. Si le premier a reçu sa formation artistique à Barcelone, il y a aussi été influencé par les courants anarchistes de cette ville. Quand il s'installe au Bateau-Lavoir en 1904, il devient l'ami et le parrain de Max Jacob le converti et l'adorateur du Sacré-Cœur qui habitait rue Ravignan. Lorsque le Barcelonais d'adoption regardait le Sacré-Cœur de Montmartre, il devait penser au Sacré-Cœur de Barcelone. Sa volonté de briser la société et de briser ce qu'il considère comme des idoles religieuses, ne va-t-elle pas se traduire par celle de briser les «images» que les hommes se donnent du monde et du divin Le tableau de Picasso intitulé Le Sacré-Cœur (1909-1910) «qui appartient à la phase analytique du cubisme» est représentatif du style de cette époque et permet de rejoindre un jugement purement esthétique sur l'architecture du Sacré-Cœur. Le sujet est décomposé en plans et facettes multiples (réminiscences cézanniennes). Une telle vue met bien en relief les formes très simples du Sacré-Cœur: un cylindre et une demi-sphère qui paraissent respectivement sur le dessin comme un carré et un demi-cercle et renvoient, nous semble-t-il, au plan du monument également composé d'un carré et d'un demi-cercle. Par le fait même le Sacré-Cœur est l'élément le plus reconnaissable du paysage. Ce tableau de Picasso n'a-t-il pas été décrit littérairement par André Salmon lorsque celui-ci parle du «Sacré-Cœur tout bleu et sable ainsi qu'un palais de la lune». Ainsi entre l'enthousiasme des catholiques et la grande réserve des anticléricaux, entre ces deux tendances qui ne discernent peut-être pas suffisamment entre esthétique, politique et religion, un Pablo Picasso et un André Salmon semblent, malgré leurs propres imbrications, porter un regard positif sur l'architecture du Sacré-Cœur. Cet intérêt pictural pour la basilique rejoint celui du douanier Rousseau, l'invité d'un jour du Bateau-lavoir ainsi que celui de Gaston Duchamp (Jacques Villon) qui a trouvé également dans le Sacré-Cœur vers 1899-1900 un objet analysable préfigurant sa vision pyramidale appliquée aux principes cubistes. Le regard de ces artistes, amis de Max Jacob dont on a dit l'attachement pour la basilique, est loin de disqualifier l'architecture de ce monument même si sa signification reste sans doute étrangère à Pablo Picasso. Au contraire, elle est perçue dans sa structure simple et belle (Jacques Benoist, Le Sacré-Cœur de Montmartre, Volumes 1-2, 1992 - books.google.fr).

Pablo-Picasso, Le Sacré Coeur - en.artsdot.com

Bleu et sable, un peu comme la vignette qui est plus accentuée et donne dans l'orangé.

La période bleue correspond à 1901-1903. Son nom vient du fait que le bleu était la teinte principale de ses peintures à l'époque, ce fait a commencé avec le suicide de son ami Carlos Casagemas, qui a voulu assassiner son amoureuse Laure Germaine qui ne voulait plus de lui, il se donna alors la mort par culpabilité ; cela explique pourquoi la période bleue de Picasso est marquée par le thème de la mort, on retrouvera parmi les œuvres de la période bleue de Picasso, "La mort de Casagemas" et "l'enterrement de Casagemas". Cette dernière œuvre fait partie de la Collection permanente du Musée d'Art moderne de la ville de Paris. La période bleue de Picasso est aussi marquée par les thèmes de la vieillesse et de la pauvreté. Le premier atelier parisien de Picasso était situé au 49 rue Gabriel, à Montmartre, où il a vécu lors de son premier séjour à Paris d’octobre 1900 à décembre 1900. Les fenêtres sont visibles au deuxième étage. Picasso, entre 1901 et 1904 séjourna dans des hôtels bas de gamme et fut aussi hébergé chez des amis, il était alors encore jeune et désargenté. A cette époque, Paris est alors le carrefour de l’art et Montmartre en devient le cœur ; ce quartier alors très pauvre à l'époque attire les artistes et voit la naissance de cités d'artistes, qui sont des résidences où ne vivent que des artistes : le Bateau Lavoir est l'une d'entre elles et est situé au numéro 13 de la place Emile Goudeau dans le 18ème arrondissement. Une autre entrée de cette cité d'artistes se situe au 6, rue Garreau. Pablo Picasso s'y installa avec son ami Braque en 1904. Il garda un atelier au Bateau Lavoir jusqu'à 1911 (www.montmartre-site.com).

Autre histoire de l'époque où Picasso habitait Montmartre. En son atelier régnait un grand désordre. Les dessins jonchaient le sol. Un des premiers amateurs riches vint chez Picasso. Il se pencha, ramassa un dessin par terre et demanda combien il coûtait. Picasso répondit : «Cinquante francs.» Et cet amateur voyant ce désordre, dit : «Mais alors vous en avez pour une fortune !» Il ne croyait pas si bien dire (Jean Cocteau, La corrida du premier mai, 1957 - www.google.fr/books/edition).

Derain et Braque à la suite de Matisse avaioent émigré vers Montmartre. Braque était un jeune peintre qui avait connu Marie Laurencin quand tous deux étaient étudiants, et ils avaient peint des portraits l'un de l'autre. Ensuite Braque avait fait une sorte de peinture géographique, aves des collines rondes, et il avait subi l'influence du coloris et de la peinture indépendante de Matisse. Il avait rencontré Derain, peut-être au service militaire, et maintenant il se liait avec Picasso. C'était une heure mémorable. Ils commencèrent à passer leurs journées ensemble à Montmartre et à prendre leurs repas ensemble au petit restaurant d'en face et Picasso plus que jamais apparaissait selon le mot de Getrude Stein comme le petit toreador (Gertrude Stein, Autobiographie d'Alice Toklas, 2016 - www.google.fr/books/edition).

En Egypte, le taureau Apis est noyé chaque année par les prêtres dans une fontaine consacrée au Soleil. En Phrygie, puis dans le monde romain, le sang du taureau est censé régénérer celui qui s'y baigne. La domination de l'homme sur la bête, dans le combat, suppose un fond d'amour de l'homme pour la bête. Et la domination accomplie est un mode de possession. Or, la possession de l'animal est une des formes de l'effort éternel de l'homme pour posséder le dieu Nature. La religion du taureau, ce que nous appelons dans les régions latines de la France, d'un seul mot, la fe, la foi, c'est d'abord la religion de la Nature. Par le Mystère taurin je cherche à m'incorporer son sang, j'entends par là sa liberté, son innocence, ses résurrections sans effort, ses alternances sans contrariété, sa profonde puissance de songe : à réaliser avec elle et en elle mon unité. Ce qui n'est encore, je le sais, qu'un pis aller. Mais tout ce que nous nommons Dieu, et l'acte même de donner ce nom est un pis-aller. Un jour, dans les arènes romaines de Nîmes arènes où l'on voit sculptées des représentations du taureau datant du premier siècle, et où se donnent aujourd'hui des corridas formelles, de même qu'autrefois, au témoignage de Suétone, on y combattait des taureaux, un jour quelques minutes avant le début d'une course, je fus témoin d'un fait exaltant. [...] Soudain, pour la première fois de la journée, le soleil apparut, et voici que ce peuple immense se leva, comme on se lève à l'église, battit des mains, acclama le soleil. Ces gens ne savaient pas la portée de leur geste. Au IVe siècle, devant le christianisme qui les menaçait, les divers cultes du paganisme, autrefois rivaux, s'étaient réconciliés. C'est le taureau, signe astrologique du Soleil (choisi sans doute pour tel à cause de sa force et de sa fécondité). Quand, de nos jours, tous les dimanches jour du Soleil, dans des arènes qui affectent la forme solaire, on sacrifie la bête solaire par excellence, en une fête que le monde associe à tel point à un temps ensoleillé que c'est devenu un lieu commun de l'appeler «la fête du soleil», quinze siècles (Henry de Montherlant, Coups de soleil, Espana sagrada, 1929 - www.google.fr/books/edition).

Signe astrologique du Taureau couvre  22 avril - 21 mai :

Dans la nuit du 23 au 24 avril 1993, Max Valentin enterre un coffret contenant une chouette en bronze (fr.wikipedia.org - Sur la trace de la chouette d'or).

Veste bleue

Il m'a expliqué que la grande fierté de Le Rouge était de ne pas être riche et de refuser toutes les occasions de le devenir, même celles que Blaise lui proposait. Il vivait dans un autre monde et refusait d'en sortir. C'était un comportement merveilleux. Aussi lorsque Blaise m'a dit un jour : « Je veux absolument que tu connaisses Gustave Le Rouge », j'étais très intriguée. Nous avions rendez-vous dans un café. Je suis entrée, et alors, j'ai vu cet homme tellement loin des autres êtres, tellement loin... On a souvent dit que Blaise avait les yeux des éléphants. C'est assez vrai, il avait ces yeux en vrille qui perçaient tout le monde. Eh bien, Le Rouge aussi. Ça m'avait beaucoup frappée. Il avait un peu le même regard, mais un regard qui va encore plus loin. Avec sa barbiche, Le Rouge s'habillait comme les rabbins. Il se coiffait souvent d'un grand béret, tiré en arrière. Je me souviens, la première fois que je l'ai vu dans ce café, il avait ce grand béret en arrière, et une veste bleue, comme on en portait alors à Montmartre (Raymonde Cendrars) (Gustave Le Rouge, Le Mystérieux docteur Cornélius: La Dame aux Scabieuses. La Tour Fiévreuse. Le Dément de la Maison Bleue. Bas les Masques, 1975 - www.google.fr/books/edition).

Gustave Lerouge, dit Gustave Le Rouge, né à Valognes le 22 juillet 1867 et mort à Paris le 24 février 1938, est un écrivain et journaliste français. C'est au Petit Parisien que Le Rouge rencontre Blaise Cendrars, sans doute en 1919. Le Rouge exercera une véritable fascination sur le poète suisse (fr.wikipedia.org - Gustave Le Rouge).

Le Mystérieux Docteur Cornélius est un roman d'aventures affilié au merveilleux scientifique en 18 fascicules de l'écrivain français Gustave Le Rouge publié initialement en dix-huit fascicules entre 1912 et 1913. Il est considéré comme son chef-d'œuvre, un roman dont le héros maléfique est le docteur Cornélius Kramm, «le sculpteur de chair humaine» inventeur de la carnoplastie, une technique qui permet à une personne de prendre l'apparence d'une autre (fr.wikipedia.org - Le Mystérieux Docteur Cornélius (roman)).

Une autre veste bleue célèbre est celle de Vincent Van Gogh que l'on voit dans des autoportraits où des peintures de Montmartre comme celle du Moulin du Poivre.

La composition du Blute-Fin (Le Moulin de la Galette, 1887) est apparemment basée sur un dessin de van Gogh du même motif, mais vu de plus près et sans le Moulin à Poivre (cat. n° 21). On peut par ailleurs supposer que cette toile a été pour une bonne part réalisée en plein air : van Gogh y introduit à gauche, près de la palissade, un personnage de dos, le représentant ; il est devant un chevalet et vêtu d'une veste bleue. Il faut voir dans ce petit personnage non seulement une indication biographique, mais aussi une preuve de la fascination exercée sur van Gogh par les moulins de Montmartre moulins de Montmartre, qu'il a peints à de multiples occasions (Van Gogh à Paris, Musée d'Orsay, 2 février-15 mai 1988, 1988 - www.google.fr/books/edition).

Vincent van Gogh, Moulin de la Galette, 1887 - Louvre

A l'époque de la bande à Bonnot en 1911, on avait des vestes bleues de mécanicien, dites "parisiennes" (Gaëtan Pontis, La bande tragique, Mieux que les gangsters américains, 1949 - www.google.fr/books/edition).

Tenue d'apache - gangdeparis.com

Apaches

Les Apaches sont des adolescents âgés de treize à dix-huit ans issus du sous-prolétariat urbain, lui-même émanant de l'exode rural de 1880 à Paris. Ces enfants élevés pour beaucoup dans la rue, dans des conditions de vie extrêmement précaires (déracinement dû au passage de la campagne à la ville, éclatement de la famille du fait du travail des parents, et de la mère en particulier), deviennent des adolescents en 1900. […]

Beaucoup de ces jeunes, pauvres et sans travail, niés comme individus par la société, « ne sont que des marginaux provisoires. L'apacherie (le terme apparaît dès avril 1908 dans le Larousse mensuel illustré comme synonyme "de réunion d'individus sans moralité") est pour eux une aventure de jeunesse, un rite de passage avant de se ranger et d'accepter les normes de la vie adulte. "C'est la dernière quête du plaisir avant de rentrer dans le rang", écrit Laurent Cousin qui souligne l'aspect ludique du comportement des Apaches : refus du travail - "celui qui travaille est un imbécile" -, goût pour la flânerie, le tabac, l'alcool, les filles, les plaisirs de la consommation et surtout du vêtement.» […]

Les Apaches sont les héros de la presse en plein essor. Le Petit Journal, Le Petit Parisien, Le Journal et Le Matin, tirant chacun à plus de un million d'exemplaires, popularisent cette jeunesse d'un genre nouveau, marginale et délinquante, dès 1900. Les Apaches aiment être bien mis et les journaux qui relatent leurs méfaits et le climat de terreur qu'ils font régner sur la ville relayent aussi leur tenue de manière très précise. Pendant la quinzaine d'années que dure la terreur apache, la presse s'attache aux transformations du vestiaire des mauvais garçons, se répandant en des descriptions dignes des pages consacrées aux collections dans les magazines de mode.  […]

La plupart des malfaiteurs de cette région de Paris sont facilement reconnaissables à la tenue presque toujours uniforme qu'ils arborent. Cette tenue, il est vrai, se modifie suivant les époques ou suivant les modes de ce monde spécial. Car messieurs les apaches ont leurs modes, tout comme les honnêtes gens. En ces parages, la coiffure est toujours une casquette, une «deffe», pour employer le terme d'argot qui désigne cette partie du vêtement. La forme de cette casquette varie selon la mode du moment. Les cheveux, coupés en ligne droite au-dessus du cou, toujours soigneusement lissés et pommadés, sont ramenés en accroche-cœur, en «guiche», c'est le terme argotique, sur les tempes, au niveau de la partie supérieure de l'oreille. Sous le veston, de forme quelconque (il est souvent remplacé par un bourgeron bleu), la chemise apparaît, sans col ni cravate. La coupe du pantalon - du «bénard» en argot du «Sébasto» - varie, elle aussi, suivant la mode. Tantôt le pantalon sera droit, tantôt taillé à la hussarde ou en «pattes d'éléphant». Cette dernière coupe est presque entièrement abandonnée. Mais, tandis que le veston et le pantalon sont le plus souvent sordides et rapiécés, les chaussures seules sont de coupe impeccable. C'est dans la chaussure que l'apache met toute sa coquetterie, c'est pour acquérir la paire de fines bottines jaunes qui lui permettra de ne pas être confondu par les gens avec l'honnête travailleur, trop méprisable à ses yeux, que bien souvent l'apache du «Sébasto» attaquera le passant attardé» (J.Y. Barreyre, Les loubards, 1992). […] En septembre 1907, l'abandon du pantalon à pattes d'éléphant est noté par Le Matin (Le Bouquin de la mode, 2019 - www.google.fr/books/edition, Jean-Yves Barreyre, Les loubards, une approche anthropologique, 1992 - www.google.fr/books/edition).

Le mot argotique "bénard" désignant un pantalon est à porter au crédit du tailleur Auguste Bénard, confectionneur du faubourg Saint-Antoine qui, selon le dictionnaire de l'argot de Larousse, «lança en 1876 le pantalon à la mode voyou, mince des genoux et large des pattes qu'a célébré Bruant».

On pense à la clé bénarde de la vignette de l'énigme 600 (fr.wiktionary.org - bénard).

Les ilotiers mettent encore sous les verrous le «groupe Niveau et Bazin», une bande de la rue Montmartre, des jeunes apaches armés de revolvers qui sont de jour mécaniciens ou employés de commerce, mais vivent dangereusement le soir, attaquant au besoin les agents de police. Un apache de dix-huit ans tue l'agent Pilardeau en disant : «Ben quoi ! J'en ai refroidi un de la rousse. C'est-y pas ce qui s'appelle travailler ?» (Pierre Miquel, La Main couranten, Les archives indiscrètes de la police parisienne 1900-1945, 2016 - www.google.fr/books/edition).

La Chaloupée est une fameuse danse d'apaches créée en 1907 au Moulin-Rouge par Max Dearly et Mistinguett, transposition chorégraphique d'un poncif littéraire (Bruant, Hirsch) (Elizabeth Coquart, Philippe Huet, Mistinguett: La reine des Années folles, 1996 - books.google.fr).

Les voyous, qu'on appelait alors les «apaches», ne montaient à Montmartre que la nuit, ajoutant cette note d'ambiance louche, bientôt si chère à Mac Orlan et à Carco (Claudine Brécourt-Villars, Yvette Guilbert, l'irrespectueuse: Biographie, 1988 - books.google.fr).

Carte

Si on applique la vignette orientée à sa dimension originale sur la carte de France Mikelin, en situant le centre de l'aiguille de la boussole sur Montmartre, le nom de Paris apparaît dans le haut de l'espace blanc de l'aiguille.