Partie XVIII - La Chouette d’Or   Chouettes vignettes   Chouette vignette : énigme 520   
LA CHOUETTE D'OR VIGNETTES 520

Nature

Apulée fait parler ainsi la Déesse Isis : Je suis la Nature, mere de toutes choses, maîtresse des Elemens le commencement des siecles, la Souveraine des Dieux, la Reine des Manes, ma Divinité uniforme en elle-même, eft honorée fous differens noms de par differentes ceremonies : les Phrygiens me nomment Pesinuntiene, mere des Dieux ; les Atheniens, Minerve Cecropienne ; ceux de Chypre, Venus ; ceux de Crete, Diane Dyctinne ; les Siciliens, Proserpine ; les Eleusiniens, l'ancienne Cerès ; d'autres, Junon, Bellone, Hecate, Rhamnusie ; enfin les Egyptiens de leurs Voisins, Isis, qui est mon veritable nom.

Selon Herodote les Egyptiens prenoient Isis & croyoient qu'Apollon & Diane étoient fes enfans, & que Latone n'avoit été que leur Nourrice, contre l'opinion des Grecs, qui la regardoient comme leur mere. Suivant le même Auteur, Apollon & Orus, Diane ou Bubastis, & Cerès, ne sont pas differentes d'Isis : de là vient, continue-t'il, qu’Eschyle fait Diane fille de Cerès (Antoine Banier, La mythologie et les fables expliquées par l'histoire, Tome 1, 1738 - books.google.fr).

Le culte principal de la Crète antique semble s'être centré autour de l'aspect féminin de la divinité dont nous avons déjà parlé, laquelle symbolisait – comme Isis chez les Egyptiens ou Déméter chez Grecs à l'époque hellénistique – la force créatrice et l'attention maternante de Dame Nature (Charles W. Leadbeater, Rites mystiques antiques, Une brève histoire de la Franc-Maçonneire, 2009 - www.google.fr/books/edition).

Le Moyen Âge chrétien lui-même invente le personnage de «Dame nature», allégorie d'un monde naturel créé par Dieu, et séparée de lui (Fabrice Mouthon, Le sourire de Prométhée, L'homme et la nature au Moyen Âge, 2017 - www.google.fr/books/edition).

Dame Nature apparaît dans Le Roman de la Rose dont Jean de Meung est l’un des auteurs.

Mathurin Moreau, Cérès, 1864 - fondeur Val d'Osne (Haute Marne) - (e-monumen.net

Cérès

Acquise en 1869, la statue de Cérès avait une faucille dans la main droite et surmontait une pompe qui alimentait en eau tout le quartier. Elle est située dans le jardin de la Place de la halle à la suite de la création du grand parking en 1964. En 1986, on l’agrémenta d’une fontaine (www.mer41.fr, www.lechorepublicain.fr).

Mathurin Moreau, né à Dijon le 18 novembre 1822 et mort à Paris (19e arrondissement) le 14 février 1912, est un sculpteur français, renommé pour ses sculptures décoratives, dispersées tant en France que dans le monde entier. Dans le cadre de sa collaboration avec les fonderies du Val d’Osne, Moreau produit une centaine de modèles d’objets décoratifs et de statues de séries qui figurent dans le catalogue de ces ateliers. On y trouve des candélabres et girandoles, des fontaines et vasques, des statues (La Fidélité, L’Union, Crépuscule, Aurore…), des torchères, des statues religieuses (Saint-Pierre, Saint-Joseph, Ange…) et des Vierges (Vierge de Rome, Vierge de Lourdes, Vierge Immaculée…), des monuments funéraires et les fontaines dites de "Tourny". Il exécuta, au début de l'électricité, de nombreuses lampes signées. Les statues, en fonte de fer, sont recouvertes d'un enduit imitant le bronze. À partir de 1879 et jusqu’à sa mort, Mathurin Moreau est élu maire du 19e arrondissement de Paris-— créé en 1860 après annexion des communes de Belleville et La Villette - où la rue Priestley prendra le nom d'avenue Mathurin-Moreau en vertu de l'arrêté du 16 juillet 1912. La revue satirique Les Hommes d'aujourd'hui lui consacre son n°183, le portrait-charge dessiné par Henri Demare en couverture le montrant portant l'écharpe tricolore et pointant du doigt une statue allégorique de la loi dont le socle écrase le clergé, «allusion à ses opinions socialistes libérales tournées vers la libre-pensée» (fr.wikipedia.org - Mathurin Moreau).

La pelle

QUESTION No 31 DU 1997-12-08. TITRE: BONNES VACANCES : Donc, ne jouons pas sur les mots : bien sur, le fait de passer d'un nom propre a une ville ayant strictement la meme orthographe releve d'un decryptage ! ma question etait : avez-vous laisse entendre (ou dit) que "les villes a prendre en compte dans le jeu ne sont jamais noir sur blanc dans le bouquin". merci. arthur.

SOUS LA FORME CLAIREMENT IDENTIFIEE COMME RECOUVRANT LA NOTION DE "VILLE", CERTAINEMENT ! MAIS CE N'EST TOUT DE MEME PAS UN SCOOP ! SI VOUS DECRYPTEZ UNE HOMONYMIE, CE N'EST JAMAIS QU'UNE HOMONYMIE !... ALLEZ, COMME JE SUIS BON PRINCE, JE VOUS LE CONFIRME ! (MAIS JE N'Y INCLUS PAS "CARUSBURC") AMITIES - MAX.

Il y a donc exception et La Pelle est un lieu-dit et non une ville.

A Mer, au sud de la Petite Beauce subsistait encore à la fin du XIXe siècle un rite original : le curé, une fois la bière descendue et le cortège retiré, prenait au bout de la pelle des fossoyeurs un peu de terre et la jetait sur le cercueil avant que les fossoyeurs eussent comblé la fosse. C'était certainement la survivance d'un très ancien usage (Alain Beignet, Loir-et-Cher, 1995 - www.google.fr/books/edition).

A une demie-lieue de Mer, au nord, est le village d'Aunay, renommé par ses bons fromages ; à uire lieve, au couchant, est la petite ville de Suèvres, le Château de Diziers, et à 2 lieues le Château de Menars, orné de belles statues.en marbre, dont quelques unes mutilées ou détruites n'existent plus que dans le souvenir. Les Habitans de Mer sont laborieux ; il s'y fait on commerce assez considérable en vin, eau-de-vie, cuirs tannés, etc. Le Sol produit abondamment du vin, et c'est peut-être là l'origine de son nom Merum, qui signifie vin pur; il pourroit cependant venir de Mera, qui, suivant du Cange, signifie Marais (Jacques-Nicolas Pellieux, Essais historiques sur la ville de Beaugency et ses environs, Partie 2, 1798 - books.google.fr).

Posés sous la royauté, l'un des vitrails de l'église Saint Lubin de Suèvres, au centre, représente une majestueuse fleur de lis dominant tout l'ensemble. Ce même vitrail contient trois scènes de la vie de Notre-Seigneur dont la Sainte Cène et l'apparition à sainte Marie-Madeleine (Marcel Rivard, L'antique Sodobrium, Suèvres, cité druidique, 1958 - www.google.fr/books/edition).

Marie Madeleine prend Jésus pour un jardinier.

"Entre eux"

En grec "metaxu tous".

Son statut s'est modifié de dieu primordial qui amène au jour ce qui était enfoui en une obscurité, qui porte à la vérité ; Éros est désormais le serviteur, l'assistant, le compagnon ou encore le fils d'Aphrodite. Par la suite va se dessiner plus clairement la figure du dieu dont l'aiguillon (et plus tard la flèche du Cupidon romain), nous pousse à entreprendre la quête de cet «obscur objet du désir». C'est avec le Banquet de Platon, qu'Éros est vraiment pensé comme metaxu, intermédiaire : Il est dit fils de Pôros, richesse en tant qu'il est la puissance capable de fournir l'énergie nécessaire à la quête de l'objet d'amour, mais en même temps, il est aussi l'enfant de Pénia, pauvreté, car il est révélateur d'un manque, d'un vide dont on ne sait s'il pourra être comblé. Éros est mortel et partage avec nous une nature insatisfaite ; mais divin aussi dans son aspiration à l'immortalité («tout ce qui présente la nature d'un démon (pan to daimonion) est intermédiaire entre le divin et le mortel», Le Banquet 202 d-e6) (Sylvain Sella, Infini et liberté dans la philosophie de la Renaissance, 2014 - www.google.fr/books/edition, Jean-Patrice Boudet, Philippe Faure, Christian Renoux, De Socrate à Tintin, Anges gardiens et démons familiers de l'Antiquité à nos jours, 2019 - www.google.fr/books/edition).

Il reste à considérer la théorie de l'amour que Platon expose par l'intermédiaire de Diotime. Mais il sera tout d'abord nécessaire d'évoquer ce que dit Platon sur la forme supérieure de l'eros comme état, donc envisagé simplement en tant que contenu de la conscience. Personnifié, Eros est appelé, dans le Banquet, un «puissant démon» ; «intermédiaire entre la nature divine et la nature mortelle», il comble l'espace qui les sépare l'une de l'autre.

Dans le Banquet de Platon, Diotime semble tout d'abord polémiquer avec Aristophane. Elle dit que tous les hommes, avec l'amour, tendent au bien et que «l'objet de l'amour, c'est, dans l'ensemble, la possession perpétuelle de ce qui est bon», car «l'amour n'est amour ni d'une moitié, ni d'un entier» Mais il s'agit en réalité de la même chose exprimée en des termes différents, le «bon» ou le «bien» ayant dans la conception grecque une signification non morale mais ontologique, au point de s'identifier à ce qui «est» de manière éminente, à ce qui est parfait et complet. Et c'est à cela que renvoie, sous le revêtement de la fable, le mythe de l'androgyne. Diotime affirme ensuite que «le zèle, l'effort soutenu» de celui qui tend à cette fin prend la forme spécifique de l'amour, en relation avec une force créatrice : «Chez tous les hommes, Socrate, poursuivit-elle, il y a, sache-le, une fécondité, et selon le corps, et selon l'âme ; de plus, une fois que nous avons atteint un certain âge, notre nature a le désir d'enfanter. Or, enfanter, elle ne le peut dans la laideur, tandis qu'elle le peut dans la beauté». En effet, «l'union de l'homme et de la femme est un enfantement (...) c'est, dans le vivant mortel, la présence de ce qui est immortel» (Julius Evola, Métaphysique du sexe, traduit par Philippe Baillet, 2006 - www.google.fr/books/edition).

Le dialogue de Phèdre de Platon veut montrer aussi qu'une Rhétorique authentique doit se fonder sur la Philosophie, donc sur le plus haut amour. La rhétorique des logogriphes n'est qu'un art de provoquer l'illusion en spéculant sur les vraisemblances, une série de recettes pratiques, une routine qui foule aux pieds la sagesse et la vérité. La Rhétorique de Platon est un art d'attirer et de conduire les âmes en leur faisant reconnaitre le vrai, le beau, le bon.

Elle ne peut elle-même connaître son objet - l'âme - que par la pure philosophie. Cet effort pour réduire à l'unité trois notions aussi diverses à première vue que celles de Philosophie, d'Amour et de Rhétorique, Dante l'a tenté lui aussi, avec une telle fidélité dirait-on â la pensée de Platon, qu'il continue de dire "Rhétorique" là où il entend essentiellement et Poésie. Cette intention, il la pousse même jusqu'a la Théologie, avec plus de netteté et peut-être de hardiesse que n'avait fait Platon. Pour Dante les règles de la poésie, notamment la règle capitale des quatre sens, et de l'intelligence allégorique, sont un emprunt fait â l'usage des théologiens, et à juste titre, car le théologie est en fait une "poésie de Dieu". C'est là une idée antique, acceptée par les Pères de l'Église. D'autre part, inventant des paraboles pour illustrer ses vues religieuses ou morales, il lui arrive d'habiller cette nouvelle théologie d'images qu'il faut appeler, selon le meilleur langage platonicien, "érotiques". Prises au pied de la lettre, ses paroles - par exemple une certaine phrase de l'allégorie de Marcia, ou le songe de le Sirène - pourraient bien passer pour inconvenantes, dans la mesure même où l'Éros du Phèdre risque l'occasion de choquer notre goût.

Dans cette vision qui achève le Paradis, dans cette oraison brève et sublime, n'entendons-nous pas comme un l'écho, du Timée, où Platon écrit que "Dieu, ayant placé l'âme au centre du corps du monde, l'étendit à travers l'espace entier et au-delà : il forma ainsi un ciel circulaire, unique, solitaire, se connaissant et s'aimant lui-même ? Le cercle en effet, par l'exactitude et la plénitude de sa ligne, et l'impeccable relation de la droite à la courbe (report du rayon sur la circonférence), suggère d'emblée l'idée de perfection (André Pézard, Regard de Dante sur Platon et ses mythes, Archives d'histoire doctrinale et littéraire du moyen âge, 1955 - books.google.fr).

La blessure de la nature humaine

L'amour humain des héros claudéliens est une sombre force primitive, aux confins de l'âme et du corps qu'elle tyrannise, la blessure toujours ouverte et le mystère insondable de la nature humaine touchée dans ses œuvres vives par la faute originelle.

Mais la joie sacrée, la ressource éternelle, la divine et intarissable allégresse ne se trouvent pas aux bras d'une femme. On peut supposer qu'en 1899, lorsqu'il écrit ces lignes à Jammes, l'expérience personnelle de l'amour humain n'avait pas encore été vécue par le futur auteur de Partage de Midi. A lire les Conversations dans le Loir-et-Cher, on voit que le drame intime de Claudel n'avait pas changé son point de vue :

Tant qu'il y aura des femmes vous n'arriverez pas à la construction de votre cité. Cette cité qui arrête le temps. La femme est là avec son corps et son cœur jaloux pour empêcher les hommes d'être des anges et pour maintenir les droits du péché originel (Florence, des Conversations).

Pour Claudel donc comme pour Mauriac, Éros demeure, au sein de l'universelle symbolique du créé, le foyer de trouble, l'abcès suppurant, la plaie tragiquement béante, au sens propre du terme un «non-sens», dépourvu de symbolisme interne positif, et Rome continue à être cette «forêt de torches humaines», qui n'a pas besoin du sadisme d'un Néron pour flamber (A. Espiau de la Maëestre, Claudel et la musique, Les Lettres romanes, 1959 - www.google.fr/books/edition).

Amours dans le Blésois

Les Amours de Cassandre est un recueil de poèmes en décasyllabes de Pierre de Ronsard de 1552. Il porte sur Cassandre Salviati (v. 1530-1607), fille de Bernardo Salviati, un des banquiers de François Ier. Cassandre est une jeune fille italienne rencontrée par le poète le 21 avril 1545 à Blois à un bal de la cour. Elle a environ quatorze ans et lui vingt-et-un. Ronsard ne pouvait épouser la jeune fille, car il était clerc tonsuré5. Cassandre épousa Jean Peigné, seigneur de Pray l'année suivante. À l'imitation de Pétrarque, qui chantait son amoureuse Laure, il fait de Cassandre son égérie, célébrant un amour tout imaginaire dans un style précieux avec comparaisons mythologiques et mignardises. C'est dans Les Amours que Ronsard ajoute des règles au sonnet : deux quatrains où alternent rimes masculines et rimes féminines (fr.wikipedia.org - Les Amours de Cassandre).

Marelle

Cette histoire d'alignement et de jeu me fait penser à un jeu du moyen-âge : le jeu de mérelle ou marelle où ils s'agit d'aligner des pions pour former un "moulin" On avait déjà croisé une figure de mérelle sur le blason de Jacques Cœur et sur son palais (leuc, 2019 - www.zarquos.net).

La courte introduction du manuscrit de Montpellier dit de "Bakot" propose donc une légende. Chaque jeu a son mythe originel. Ici «l'inventeur» du jeu de marelle est des plus prestigieux puisqu'il s'agirait du constructeur de la tour de Babel, Nemrod ! Les pérégrinations qui le conduisirent ensuite jusqu'à nous sont accessoires ; en revanche l'allusion à Babel est impressionnante. Babel est en effet un labyrinthe linguistique. Or, le dessin de la marelle à triple enceinte peut être rapproché de certains labyrinthes carrés, la symétrie absolue de la figure proposant simplement plusieurs voies et non une seule pour parvenir au centre. Le centre de notre marelle est vide. La figure du jeu se distingue donc d'un mandala. Il faut pourtant reprendre le chapitre consacré au Centre par Paolo Santarcangeli dans son Livre des labyrinthes ; on y trouve en conclusion cette observation « [...]. Le lieu typiquement labyrinthique de la plus grande hybris humaine, monument et signe d'un orgueil qui finit dans le chaos, centre où se produit la «confusion des langues» est une tour la tour de Babel [...]». Un peu plus haut, il notait : «Cette entité, de "centre" peut aussi être représentée sous forme de tour, de château, de ville céleste (le château du Graal, le palais aux sept demeures de sainte Thérèse d'Avila, etc.). Ce peut être également un édifice central situé sur une île qui surgit de l'immense océan de l'inconscience collective [...].»

Les idées d'île et d'océan environnent le jeu de marelle. Après avoir rappelé son origine antique et sacrée, voici ce qu'en dit Fournier, d'après le Dictionnaire des jeux : «[...] C'était [pour les Phéniciens] un amusement sérieux, présentant à la fois une image allégorique et géographique. Le carré des marelles, c'était la mer, vaste champ de conquête pour les navires phéniciens [...].» Plus loin, il est indiqué que «les Basques adoptèrent ce jeu qu'ils nommèrent al-mar-ellas, la mer des îles

Il existe diverses sortes de dessins de marelles. Les deux principales sont la marelle à triple enceinte, dont je viens de parler et la marelle simple constituée par un carré dessiné avec ses deux médianes et ses deux diagonales - dessin dont le caractère sacré est également attesté. Dans chaque cas le jeu consiste à amener trois pièces sur une même ligne droite. Pour les parties notées sur le manuscrit de Montpellier, voici comment Lucas résume la règle du jeu «Chacun des joueurs prend neuf pions, les uns blancs, les autres noirs, et les place alternativement sur les cases. Quand tous les pions sont posés, chacun des joueurs, à tour de rôle, peut les faire glisser sur une case immédiatement voisine, à la condition de suivre l'une des lignes tracées sur la figure. Le but est de faire un terne, c'est-à-dire d'amener, soit en posant, soit en poussant, trois pions sur une même ligne droite. Lorsque l'un des joueurs y parvient, il prend un pion à son choix dans le jeu de son adversaire qui continue la partie à son tour. Lorsque l'un des joueurs n'a plus que quatre pions, il peut leur faire franchir, sur une même ligne droite, la station intermédiaire inoccupée ; il peut aussi, suivant convention, sauter sur une case vide quelconque.» Cette règle entraîne l'esprit dans deux directions : d'abord le long des rues, ensuite dans le domaine des mathématiques.

Le tableau de marelle, bien connu des Templiers, plan de ville abstraite ou mer infinie, offre une image de voies de communication, de mes. Les zones sont ici présentes par leurs frontières. Un territoire n'a de réalité et ne peut être défendu que par ses frontières. Cette vérité de La Palisse invite à réfléchir sur l'image de la mer, à son rapport avec les îlots de maisons, à la réalité de ces traits, de ces lieux linéaires minces comme des lames de couteaux où se mêlent pourtant les populations hors des propriétés privées où s'isolent les différents mondes. Opposée à l'étoffe sans couture de l'échiquier, la marelle est un filet aux larges mailles. Quelques fils sont noués, dont il faut s'assurer la maîtrise en plaçant trois postes d'observation, trois mitrailleuses, ou trois barricades, aux points névralgiques. Ainsi, la mer peuplée d'îles est sillonnée de routes qui vont de port en port, articulées autour d'un certain nombre de nœuds. Ce sont trois d'entre eux dont il faut s'approprier les vertus pour triompher. Il est intéressant d'apprendre que les marins, certains d'entre eux du moins, considèrent les nœuds triples comme chargés de magie. Je lis par exemple dans le Dictionnaire des symboles « Les marins de la Baltique portaient sur eux un morceau de filin ou un mouchoir noué trois fois la croyance voulait que le premier nœud défait apporte le bon vent, le second la tempête, le troisième le calme ; en Estonie, le premier nœud apportait aussi le bon vent, le second la bonne pêche et le troisième, gardien des tempêtes, ne devait jamais être défait.» Existe-t-il un fond commun entre les trois nœuds à investir sur la marelle et ceux des marins ? J'ai dit aussi que la règle de la marelle entraîne l'esprit dans le champ des mathématiques. À la limite, en effet, il peut être possible de connaître le vainqueur selon que les pions noirs ou les pions blancs commencent à jouer. Dans le cas de la marelle la plus simple, celle qui se pratique avec trois pions de chaque sorte seulement, le problème est facile. Dans le cas de la marelle à triple enceinte, la situation se complique mais elle n'est pas inextricable. Autrement dit le talent du mathématicien a le curieux effet de réintégrer le hasard dans un jeu qui se veut de pure réflexion, selon le tirage au sort du joueur qui commence (Jean-Marie Lhôte, Le symbolisme des jeux (1976), 2014 - books.google.fr).

J'ai lu dans le Bulletin n° 8 du Comité du Folk-Lore Champenois dans la rubrique «Communications diverses», une note au sujet d'un jeu de marelle à main, appelé les «moulins», suivi d'une note de M. Ch. Sarazin, Secrétaire local pour Reims, du Comité du Folk-Lore champenois. Selon l'opinion de M. Marcel Cohen, professeur à l'Ecole des Langues Orientales qui présente ce dessin, celui-ci serait originaire d'Abyssinie et aurait été introduit en France, au Moyen Age par les Arabes. Je crois intéressant pour éclairer la question et apporter des précisions sur une origine possible et plus ancienne de ce dessin de Signaler les faits suivants :

Il a été découvert dans le département du Loir-et-Cher, près des restes d'un temple gallo-romain, un monolithe identifié comme une table à sacrifices druidique. La pierre a été découverte, il y a un siècle environ, près de l'église Saint-Lubin à Suèvres, par M. de la Saussaye ; elle recouvrait l'orifice d'un puits qui n'a pas été fouillé. Elle avait été considérée alors comme une table de dolmen et amenée à grands frais, au château de Blois, pour figurer au Musée de la Ville que M. de la Saussaye et ses amis commençaient à former.

Sur ce dessin du monolithe et l'explication possible, E. C. Florance, archéo. logue amateur, a donné l'explication suivante dans le Bulletin de la Société Préhistorique Française », n° 4 et 5, mois d'Avril et Mai 1919 :

C'est un officier d'artillerie qui m'a donné l'explication de ce dessin. Il y voyait la triple enceinte d'un camp qui devait être considérée comme Sacrée, car dit Florance, on n'a jamais signalé de camps gaulois à triple enceinte, mais seulement à double enceinte tout au moins dans le Loir-et-Cher ! (M. Edeine, Note sur le jeu de marelle, Bulletin, Numéros 3-60, Comité du folklore champenois, 1930 - www.google.fr/books/edition, Bulletin, Volumes 16-17, Société préhistorique française, 1919 - www.google.fr/books/edition).

Dans tous les anciens titres, Suèvres est désignée sous la dénomination de Sodobria, ou Sodo-Brium (qui est devenu, au cours des âges, Sobrium, Sovrium, Suèvres). Le sens du mot «Sodo» n'a pu être jusqu'ici clairement élucidé (Marcel Rivard, L'antique Sodobrium, Suèvres, cité druidique, 1958 - www.google.fr/books/edition).

Matrice

Le banc de la Marelle s'appelle aujourd'hui, banc de la Fabrique ou banc des marguilliers. Cependant son ancien nom de banc de la marelle est encore employé aujourd'hui dans quelques campagnes, notamment dans le Dunois et le pays chartrain, ainsi que me l'apprend M. Rabouin. D'où vient ce nom ? Je dois dire d'abord que je l'ai vainement cherché, avec le sens ci-dessus, dans tous les dictionnaires de vieux français, y compris celui de M. Godefroy, si complet, qui est en cours de publication, et autres modernes jusqu'à celui de Littré. Il faut évidemment rattacher ce nom à celui de marguillier qui s'est écrit autrefois marreglier, marrelier, marellier (Dict. Godefroy); mais la question reste de savoir si marellier, marguillier, vient de ce que ces fonctionnaires s'asseyaient au banc de la marelle (ce que je crois), ou si le banc a pris le nom des titulaires. Dans le premier cas, il faut chercher l'origine du mot marelle. Or, ce mot se trouve synonyme de méreaux, qu'on donnait à l'église aux moines et aux chanoines pour constater leur présence aux offices. Le même usage n'a-t-il pas été appliqué aux fabriciers, d'où le nom de banc de la marelle ou des méreaux ? Je dois dire d'ailleurs que tous les dictionnaires donnent pour étymologie à marguillier le mot de la basse latinité matricularius, de matricula, registre. Quoiqu'il soit bien hardi d'avoir tout le monde contre soi, je me permets de demander comment le t a pu ainsi disparaître, ou mieux comment il n'a jamais apparu dans aucune forme de ce mot, aussi ancienne qu'on peut la citer (V. Diction. de l'anc. langue française, par Fr. Godefroy) ? (E. Nouel, Extraits des anciens registres de Naveil, Bulletin de la Société archéologique, scientifique et littéraire du Vendômois, Volume 27, 1888 - books.google.fr).

M. Deschamps de Pas a publié dans la Revue de la Numismatique française. L'estimable numismate, en décrivant les méreaux découverts sur le sol de Thérouanne, dont la plupart nous étaient inconnus, nous a rendu un véritable service :

Le méreau nous rappelle sa devancière, la tessère antique, dont il remplit certaines fonctions et qui avait des applications diverses. [...] Le mot tessère dérive de l'harmonieuse langue d'Homère. En ionien, "tesserès" signifie quatre, et la tessère fut ainsi appelée de sa forme primitive, qui était carrée. L'histoire de l'antiquité nous apprend que les premières tessères étaient des tablettes de bois ayant quatre angles droits et quatre côtés égaux. Herculanum nous en a fourni des spécimens.Quant à l'étymologie du terme méreau, c'est là peut-être un des problèmes les plus difficiles qu'offre la philologie de la langue française. L'opinion la plus séduisante et qui, de prime abord, semble la plus naturelle, est celle qui fait provenir le mot du grec "meris" ou "meros", part, portion, dont la racine est "meirô", je partage, je distribue. Cette opinion est sérieusement contestée, et il n'est certes pas impossible qu'elle soit un jour entièrement abandonnée, comme celle qui prétend retrouver ce mot dans merenda ou mereri, ou bien dans matricula. Peut-être parviendra-t-on à prouver que méreau et mérelle ou marelle sont des diminutifs du vieux mot français madre ou mare, qui signifie bois, et que les méreaux étaient originairement de bois, comme les tessères primitives. Madre n'est qu'une contraction du latin classique materies ou materia, bois (Revue de la numismatique belge, Volume 4, 1872 - books.google.fr).

Méreau

Les fidèles, pour pouvoir communier, devaient rendre un méreau, ou, comme on disait à Mer, un mareau, sorte de médaille reçue la veille et parfois le matin même ? Ces méreaux étaient distribués gratuitement par les anciens et diacres. Ils attestaient par là que ceux auxquels ils les avaient donnés pouvaient s'approcher de la sainte table et recevoir la communion. Il fallait, pour pouvoir les obtenir, ne pas donner lieu à de graves critiques, n'être pas immoral, adonné au vin, en procès avec les siens, etc.; en un mot, n'avoir pas été suspendu de la Cène par le Consistoire. Cela servait aussi, et servit surtout plus tard, à discerner les vrais protestants des intrus, à quelque catégorie qu'ils appartinssent. Enfin, et ce détail est curieux à noter, la distribution des méreaux servait à recueillir les fonds nécessaires à l'entretien du ministère, c'est-à-dire aux honoraires des pasteurs, du chantre (il n'y avait point d'orgues) et de l'avertisseur (le concierge, probablement), chargé d'aller faire connaître aux fidèles telle ou telle décision du Consistoire, qu'on ne pouvait annoncer à temps du haut de la chaire. Sans doute le méreau, en lui-même, était gratuit. Nous entendons un des fidèles de Mer dire, en 1685, que depuis trente ans il n'a rien donné en le recevant. Mais, d'un autre côté, il était d'usage de donner, à cette occasion, une sorte de souscription, dont le minimum paraît avoir été de 5 sols (1 fr. 50). Quant au maximum, il est, naturellement, impossible de le déterminer. Si les pauvres ne donnaient rien ; si les gens de condition modeste donnaient 5 sols, les gens aisés (et il y en avait parmi les protestants de Mer) donnaient autant qu'ils voulaient. En 1685, à la cène de Pâques, l'ancien notaire Jehan Baignoux donna 50 sols. Quant à ceux qui pouvaient donner et ne donnaient pas, on les avertissait que, s'ils ne voulaient pas contribuer à l'entretien du ministère et supporter leur part des charges de l'Église, ils n'en seraient plus considérés comme membres et que la cène leur serait refusée Registre du consistoire d'Orléans, année 1661, fol. 76) (Paul de Félice, Mer (Loir-et-Cher), son église réformée, 1885 - books.google.fr).

Mârelle, sf. Fabrique d'une église. Nous ont remonstré la pouvreté de la dicte marrelle et la charge d'icelle. 9 nov . 1472. Déclar. des Marguilliers de Mer. (Revue de L.-et-Cher, 2e ann., p. 96) (Adrien Thibault, Glossaire du pays blaisois, 1970 - books.google.fr).

Banc de marelle, banc des marguilliers à l'église. Sur ce banc étaient tracées des cases au moyen desquelles on apurait les comptes de la fabrique. V. fr. merel, marel, mereau = jeton, pièce de monnaie, marque , jeu... et par dérivation = palet : «Finet Jouons au jeu de la merelle, Je suis las du franc du carreau. Jabien C'est bien dit ; le jeu du mereau Est bien commun ; si est la chance (Moralité des Enfans de Maintenant ) (Bernard Edeine, Le vieux parlage solognot, 1983 - books.google.fr).

Gouaille et marelle

IS diffusée sur le 3615 MAXVAL le 24/04/1994 (localisation négative) : SI ELLE Y ETAIT, LA CHOUETTE NE CHUINTERAIT PAS, ELLE GOUAILLERAIT. Pour le Figaro Magazine, cela indique Paris. Pour preuve, le chercheur Papymax  nous donne un extrait de Bel-Ami de Maupassant : [...] Mme de Marelle, pleine de cet esprit gouailleur, sceptique et gobeur qu'on appelle l'esprit de Paris [...] (Solution de l'énigme 470 par Airyn (airyn@free.fr) - doczz.fr).

Gouaille : FEW 4, 5b, GABA I 3 a : «Nfr. gouaille "esp. d'oiseau de mer” Daud 1869» ; note 26 : « Vielleicht wegen seines schreies.». Cette explication ad hoc («peut-être en raison de son cri») n'est pas très convaincante (Revue de linguistique romane, 2006 - books.google.fr).

Alphonse Daudet emploie ce mot dans Le phare des Sanguinaires des Contes de mon moulin qui se passe en Corse :

Le Marseillais, industrieux et vif, toujours affairé, toujours en mouvement, courait l'île du matin au soir, jardinant, pêchant, ramassant des œufs de gouailles, s'embusquant dans le maquis pour traire une chèvre au passage ; et toujours quelque aïoli ou quelque bouillabaisse en train (Alphonse Daudet, Lettres de mon Moulin (1869), 2020 - books.google.fr).

Son frère plus âgé, Louis-Marie Ernest Daudet est un romancier et historien né à Nîmes le 31 mai 1837. Sa carrière témoigne d'une admirable volonté. Destiné au commerce par sa famille, il consacra quatre années aux affaires, de quinze à dix-neuf ans, puis il vint à Paris (1857) pour aborder la vie littéraire. Il compléta ses études et collabora à divers journaux de province tels que la France centrale, à Blois. Il revient à Paris en 1860 (www.cosmovisions.com).

Musique

Jarod a souligné une forte occurrence des notes de musique dans le texte de la 520 (Source :message n°119008 sur lachouette.net) : S'Ils ... LÀ un jeu... FAcile... le DOute... Sera Infligé... LA... RÈgle... tu DOis trouver... REspect... REferme. Le chouetteur Schliemann a montré que le ratio de notes dans le texte de la 520 est plus élevé que le ratio d'un texte "normal" (où ce phénomène arrive forcément par hasard) (piblo29.free.fr).

Concernant la notation anglo-saxonne des notes de musique, Max l'a aussi utilisée dans le Trésor de Malbrouck. Dans l'énigme 4, on obtient la séquence DBBBACB : il s'agit des sept

premières notes de la chanson Malbrough s'en va-t-en guerre. Dans l'énigme 21, le résultat d'un décodage est la séquence : DDBEED soit "ré, ré, si, mi, mi, ré". Ces notes se réfèrent

à la dernière ligne musicale de chacun des couplets de la même chanson (piblo29.free.fr).

LA = A  ; SI = B ; DO = C ; RE = D ; MI = E ; FA = F ; SOL = G

La ("la terre") SI (s'ils") RE ("serait") LA (là) FA SI ("facile") DO UT ("doute") SI ("sera infligé") LA ("la") RE ("règle") SOL ("seul") DO ("dois") RE ("respect") RE ("Nature") RE ("referme") RE ("blessure").

On peut rechercher une signification de séquences de notes chez François Sudre (François Sudre, Langue musicale universelle, 1866 - www.google.fr/books/edition).

Selon les accords de guitare : Fa#m (Facile) Do (Doute) La (LA) Ré (Regle) on trouve le chant Kimiad ann ene (Le départ de l'âme) recueilli par L.. A. Bourgault-Ducoudray - Mélodies populaires de Basse-Bretagne, page 75, 1881, auprès de Françoise Le Gall à Belle-Isle en Terre et traduite par François Coppée d'après le texte du Barzaz Breiz

Quand l'âme fuit le corps,

Elle murmure en s'envolant :

— Je m'en vais te quitter,

Mon pauvre corps pour bien longtemps.

Nous nous retrouverons au dernier jugement. (bis)

 

— Mon âme en ce temps-là,

Ma cendre aura passé.

— Mon pauvre corps, ne doute pas,

Je saurai bien te retrouver.

Dieu qui créa la chair peut la ressusciter. (bis) (M. Carreau, Chansons d'hier pour aujourd'hui (345 chansons du folklore), Chiffrage d'accords pour la guitare, 1989 - www.google.fr/books/edition).

Terre de France : cf. énigme 650

François Coppée : le poète le plus populaire de France. C'est qu'aussi, il est le plus près du peuple dont il s'est fait le chantre, en vers, et le conseiller, en prose. C'est un des très rares Parisiens de Paris qui soient restés fidèles au pavé natal. Il aime Paris, ses faubourgs grouillants, ses jardins gais et jusqu'à ses mélancoliques fortifications, comme le Breton aime sa lande. [...] Né à Paris, donc, en 1842, François Coppée était le fils d'honnêtes artisans. [...] Il débuta par un livre de pessimisme à la façon de "son maitre" Leconte de Lisle : Le Reliquaire. Mais vite, il devient le poète familier, le chantre des petites gens et des grands sentiments. Il est vraiment l'inventeur de l'élégie des faubourgs et des rues calmes du vieux Paris, l'élégie délicate, intime, aux vêtements simples et souples. [...] En 1885, très jeune encore, COPPÉE fut reçu à l'Académie-Française. Il a transplanté dans cette vénérable demeure son esprit indépendant, sa bonne humeur et son ardent amour du travail rédempteur. C'est un sincère, c'est un très pur poète de la Terre de France (Figures contemporaines tirées de l'Album Mariani, Tome 2, 1896 - books.google.fr, François Coppée, Nécrologie d'Alexandre Dumas fils, Le magasin littéraire, revue illustrée, Tome 5, 1895 - www.google.fr/books/edition).

Il prit une part importante aux attaques contre l’accusé dans l'affaire Dreyfus et fut un des créateurs, et président d'honneur, de la fameuse Ligue de la patrie française fondée par Jules Lemaître et sa maîtresse, Madame de Loynes et où il retrouve un ami, Paul Bourget. Il mourut célibataire à Paris au 12, rue Oudinot et fut inhumé au cimetière du Montparnasse (fr.wikipedia.org - François Coppée).

C'est entre sa mère et sa sœur, dans un modeste logis de Montmartre, que François Coppée attendit l'occasion de débuter sur la voie de sa vocation, de traverser le rude défilé qui mène de la vie souffrante à la vie militante, de la vie militante à la vie triomphante... pour ceux qui triomphent et ne s'arrêtent pas en chemin pour mourir dans l'obscurité (Lecture, Volume 11, 1890 - books.google.fr).

Au café des Princes, boulevard Montmartre, Coppée appela de ses vœux l'union de la Ligue de la patrie française et de la Ligue des patriotes, et embrassa Paul Déroulède (Antoine Compagnon, Connaissez-vous Brunetière ? Enquête sur un antidreyfusard et ses amis, 2014 - www.google.fr/books/edition).

Fénelon

"le doute est le dernier supplice qui te sera infligé" : "le doute est un supplice" est une citation de Fénelon (statos) (piblo29.free.fr).

Dans le cloître de l'Eglise des Recollets de Blois, aujourd'hui disparue, avait été inhumée Jeanne-Marie Guyon (1648-1717), écrivain et amie de Fénelon (Bertrand Beyern, Guide des tombes d'hommes célèbres, 2011 - books.google.fr).

"La terre s'ouvre"

De plus, je vais montrer que toute l'antiquité chrétienne a regardé l'ordination comme ce qui est essentiel pour la formation des pasteurs. S'il étoit vrai, comme M. Jurieu le prétend, que les anciens Pères eussent cru que les clefs appartiennent au peuple pour les confier à qui il lui plaît, et que le peuple peut, ou imposer les mains, ou faire des pasteurs sans cette cérémonie, de quel front saint Cyprien, saint Jérôme et saint Augustin auroient-ils écrit comme ils ont fait contre les schismatiques ? Ces Pères regardent comme des monstres, comme des hommes nés d'eux-mêmes, sans génération spirituelle, comme de nouveaux Coré, Dathan et Abiron, les faux pasteurs qui élevoient autel contre autel. Cependant les novatiens, les lucifériens et les donatistes avoient reçu l'imposition des mains des évêques : mais comme ils osoient élever leurs chaires hors de l'unité, et diviser le troupeau en deux bergeries, l'Église ne pouvoit les regarder qu'avec horreur, ni les nommer sans exécration. Ainsi, quoique les schismatiques eussent un peuple qui les suivoit, et que l'imposition des mains leur eût été faite par des évêques, saint Cyprien ne laisse pas de s'écrier qu'ils sont de faux prophètes, puisque sans aucune commission divine ils s'érigent en pasteurs des ames. Il dit, après Tertullien, qu'il n'est pas question d'examiner ce qu'ils enseignent, puisqu'ils enseignent hors de l'Église. Que diroient maintenant ces grands docteurs? que penseroit toute cette sainte antiquité, si on lui opposoit, non plus les novatiens, les lucifériens et les donatistes ordonnés par des évêques, mais des pasteurs protestants, qui prétendent que l'ordination même n'est pas nécessaire, et qui l'ont livrée aux laïques ? (Du ministère des pasteurs) (Oeuvres de Fenelon, Archeveque de Cambrai, 1838 - books.google.fr).

L'Ecriture nous fournit plusieurs exemples de la colère de Dieu. Elle nous parle du déluge universel, qui détruisit les habitans du premier monde ; de Coré Dathan & Abiran , consumez & engloutis. [...]

L'Ecriture nous parle du jour de la colére de Dieu, & par là elle entend quelque fois le jour de la destruction de Jerusalem, qui a été un jour de colére pour les Juifs ; quelquefois le jour de quelque vengeance extraordinaire de Dieu ; mais le plus souvent le jour du dernier jugement (Benedict Pictet, La théologie chrétienne et la science du salut, ou L'exposition des veritez que Dieu a révelées aux hommes dans la Sainte Ecriture, Tome premier, 1721 - books.google.fr).

Le récit de la cinquième révolte en Nombres 16,1 - 17,5 combine des révoltes de groupes différents (Koré et sa bande, Dathan et Abiram) qui s'opposent, au nom de prérogatives sacerdotales de l'entière communauté (cf. Ex 19,3-8), à la prétention de Moïse et d'Aaron de gouverner Israel. Dans ce cas, Moïse n'empèche pas Yhwh d'exécuter la punition. Koré et ceux qui le suivent périssent dans un feu céleste et le Sheol avale Dathan et Abiram (Diana Vikander Edelman, Philip R. Davies, Christophe Nihan, Thomas Römer, Clés pour le Pentateuque, état de la recherche et thèmes fondamentaux, 2013 - www.google.fr/books/edition).

Sans qu'il soit besoin de se tourmenter ni des canoniques, ni des apocryphes, ni de texte, ni de version, ni de discuter l'Ecriture, ni de la lire, les vérités chrétiennes, pourvu qu'on les mette ensemble, se font sentir par elles-mêmes comme on sent le froid et le chaud. M. Jurieu dit tout cela; et ce qu'il y a de plus remarquable est qu'il ne le dit qu'après M. Claude. [...]

Au lieu qu'on disait autrefois : «Voyons ce qui est écrit, et puis nous croirons» ce qui était du moins commencer par quelque chose de positif et par un fait constant : maintenant on commence par sentir les choses en elles-mêmes comme on sent le froid et le chaud, le doux et l'amer; et Dieu sait quand on vient après à lire l'Ecriture sainte en cette disposition, avec quelle facilité on la tourne à ce qu'on tient déjà pour aussi certain que ce qu'on a vu de ses deux yeux et touché de ses deux mains. Selon cette présupposition que les vérités nécessaires au salut se font sentir par elles-mêmes, Jésus-Christ n'avait besoin ni de miracles, ni de prophéties : Moïse en aurait été cru quand la mer Rouge ne se serait pas ouverte, quand le rocher n'aurait pas jeté des torrents d'eaux au premier coup de la baguette : il n'y avait qu'à proposer l'Evangile ou la Loi. Les Pères de Nicée et d'Ephèse n'avaient non plus qu'à proposer la Trinité et l'incarnation, pourvu qu'ils les proposassent avec tous les autres mystères ; la recherche de l'Ecriture et de la tradition, qu'ils ont faite avec tant de soin, ne leur était pas nécessaire : à la seule proposition de la vérité, la grâce la persuaderait à tous les fidèles ; Dieu inspire tout ce qu'il lui plaît à qui il lui plaît, et l'inspiration tout seule peut toute.

Ce n'était pas de quoi on doutait ; et la toute-puissance de Dieu était bien connue par les catholiques, aussi bien que le besoin qu'on avait de son inspiration et de sa grâce. Il s'agissait de trouver le moyen extérieur dont elle se sert, et auquel il a plu à Dieu de l'attacher : on peut feindre ou imaginer qu'on est inspiré de Dieu sans qu'on le soit en effet ; mais on ne peut pas feindre ni imaginer que la mer se fende ; que la terre s'ouvre ; que des morts ressuscitent ; que des aveugles-nés reçoivent la vue ; qu'on lise une telle chose dans un livre, et que tels et tels qui nous ont précédés dans la foi l'aient ainsi entendue ; que toute l'Eglise croie, et qu'elle ait toujours cru ainsi. Il s'agit donc de savoir, non pas si ces moyens extérieurs sont suffisants sans la grâce et sans l'inspiration divine, car personne ne le prétend : mais si pour empêcher les hommes de feindre ou d'imaginer une inspiration, ce n'a pas été l'ordre de Dieu et sa conduite ordinaire, de faire marcher son inspiration avec certains moyens de fait que les hommes ne pussent ni feindre en l'air sans être convaincus de faux, ni imaginer par illusion (Variations sur l'article du Symbole : Je crois l'Eglise catholique. Fermeté inébranlable de l'Eglise romaine. - www.bibliotheque-monastique.ch).

"qu'on lise une telle chose dans un livre".

Comme l'annonce le titre même de cet ouvrage, l'Histoire des Variations de Bossuet prétend relever les perpétuelles fluctuations des églises protestantes dans la foi.

Une autre pelle : la pelle à feu

Un silence précède le Grand Jour de la colère : souvent le silence précède la colère. Dans ce silence, on entendra monter les prières des saints (Apocalypse 8,1). [...] "Puis il vint un autre ange se placer sur l'autel des parfums. Il tenait un encensoir d'or" (Apocalypse 8,3). Cet encensoir ressemble à la pelle à feu qui servait à transporter les braises de l'autel des holocaustes à l'autel des parfums. L'ange tenant un encensoir s'approche de l'autel, comme sous l'Ancienne Alliance le grand prêtre montait à l'autel des parfums. [...] "L'ange prit l'encensoir, il le remplit du feu de l'autel et jeta sur la terre ce feu, il y eut des tonnerres, des voix, et des éclairs et la terre trembla !" (Apocalypse 8,5). L'encens est devenu feu dévorant. Les larmes et les angoisses des saints retombent sur le monde, comme autant de jugements qui éclatent et fulgurent. Les persécuteurs, qui riaient vendredi, jour de Golgotha, pleureront dimanche, jour du Seigneur, jour du jugement (Jean Prieur, L'Apocalypse, révélation sur la vie future, 1994 - books.google.fr).

Trois Israélites, qui se nommaient Coré, Dathan et Abiron, se soulevèrent contre Moïse, et engagèrent deux cent cinquante hommes dans leur révolte. Ils étaient chagrins qu'il n'y eût qu'Aaron et ses enfants qui eussent permission d'offrir l'encens au Seigneur, sans penser que c'était Dieu lui-même qui l'avait ainsi ordonné. Ils firent donc de grands reproches à Moïse; mais Moïse, par ordre du Seigneur, dit à ces hommes : «Prenez chacun un encensoir avec des parfums, et alors Dieu montrera ceux qu'il a choisis.» Moïse fit aussi prendre l'encensoir à Aaron, et ensuite, par ordre de Dieu, il dit au peuple : «Séparez-vous de Coré, de Dathan et d’Abiron, de crainte que Dieu ne vous punisse avec eux.» Alors Moïse, parlant au peuple, dit : «Si ces gens, qui ne veulent pas obéir au Seigneur, meurent d'une mort naturelle, vous pouvez penser que je suis un méchant, et que le Seigneur ne m'a pas envoyé; mais si la terre s'ouvre sous eux, et qu'ils tombent tout vivants dans l'abime, alors vous connaîtrez que je vous parle de la part du Seigneur.» A peine Moïse eut-il fini ces paroles, que la terre s'ouvrit en deux et engloutit Coré, Dathan et Abiron avec toute leur famille, et le feu, par ordre du Seigneur, brûla les deux cent cinquante hommes qui tenaient les encensoirs. Alors Dieu commanda à Moïse de prendre ces encensoirs, et d'en faire des plaques pour couvrir l'autel, afin que ces plaques fissent souvenir les enfants d'Israël que nul de ceux qui ne sont point de la race d'Aaron ne doit pas s'approcher de l'autel pour offrir de l'encens au Seigneur. Cependant les Israélites murmurèrent contre Moïse et Aaron de ce qu'ils avaient causé la mort de ces personnes, et ces murmures ayant irrité le Seigneur, il dit à Moise et à Aaron: «Séparez-vous de ce peuple; car je vais le faire périr.» Alors Moïse dit à son frère : «Mettez promptement du parfum dans votre encensoir, et courez au milieu du peuple pour apaiser la colère de Dieu.» Aaron obéit à son frère et, se tenant entre les vivants et ceux que Dieu venait de faire périr, il apaisa sa colère, et Dieu, dans cette dernière occasion, en fit périr quatorze mille sept cents, en punition de leurs murmures (Jeanne-Marie Leprince de Beaumont, Th. Guerin, Eugénie Foa, Les magasin des enfants, 1847 - books.google.fr).

Les révoltés avaient dû fabriquer à l'avance ces encensoirs, d'une forme assez simple et rappelant la pelle à feu (Fulcran Vigouroux, La Sainte bible polyglotte: Ancien Testament, 1900 - books.google.fr).

Palette et rubis

La «palette» en Poitou, Normandie, Wallonnie est la pelle à feu comme en Italie la paletta.

La maniere de faire des rubis. Mais si vous voulez faire rubis, prenez gomme arabique, alun sucharin, alun de roche cru, autant d'vn que d'autre, & laissez bouillir tout ensemble en eau commune : puis mettez en ladite eau du bresil taillé bien menu, & le laissez bouillir, adioustant de l'alun cutin (duquel tant plus en y aura, & tant plus la couleur sera obscure) & d'iceluy teignez la larme du mastic. Ce fait prendrez deux pieces de crystal, accoustrées à la rouë, de telle façon & grandeur que vous voudrez. Mais que celle que vous voudrez mettre dessus, ne soit point si espaisse que celle de dessous & que l'une soit jointe à l'autre, comme l'ongle est au doigt, tres-juste de tous costez. Apres mettrez celle de dessous, sur vne palette ou platine da fer, sus les braisses, que ledit crystal deuienne bien chaud, & alors le toucherez dessus de ladite larme rouge, laquelle vous prendrez au bout d'un petit baston, mais il faut qu'elle soit aussi chaude, afin qu'elle puisse tant mieux descouler: & quand vous verrez que ladite piece de crystal sera assez colorée, vous prendrés l'autre plus petite piece, que doit estre assise dessus, laquelle soit aussi estre chaude: puis la mettrez sur ladite larme rouge, & elle conglutinera les deux pieces ensemble, sans causer aucune espaisseur au lustre du rubis, lequel sera clair & transparent de tous costez. Apres l'enchasserez en vostre anneau mettant au rubis la fueille rouge, & la verde aux esmeraude , comme cy-dessous enseignerons à faire desdites fueilles pour toutes sortes de pierreries. Alexis (Johann Jakob Wecker, Des Secrets ou merveilles de nature par J. J. Wecker. Ep. déd. du traducteur Pierre Meyssonier à Jérôme de Châtillon (1606), 1650 - books.google.fr).

François Sansovino publia en 1567, sous le faux nom d'Alessio Piemontese un volume de secrets, recueillis par Jérôme Ruscelli de Viterbe, mort en 1565 et auteur prolixe (François Grudé La Croix du Maine, Les bibliothèques françoises de La Croix du Maine et de Du Verdier, sieur de Vauprivas, Tome 1, 1772 - books.google.fr).

Josaphat

Selon le prophète Joël, c'est dans la vallée de Josaphat (de l'hébreu 'yehôsâphât', «Dieu juge») qu'aura lieu le Jugement dernier : «En ces jours-là, je rassemblerai toutes les nations, je les ferai descendre dans la vallée de Josaphat ; là j'entrerai en jugement avec elles au sujet d'Israël, mon peuple et mon héritage» (Jl 3, 2). Le prophète ne précise pas où se trouve ce qu'il appelle aussi plus loin la «vallée de la décision» ; une tradition chrétienne tardive (IVe siècle) va l'identifier avec la vallée du Cédron (de l'hébreu 'qidrôn', «sombre»), le torrent - aujourd'hui à sec une partie de l'année - qui coule entre le mur oriental de la vieille ville et le mont des Oliviers. C'est dans cette vallée que le roi Asa de Juda fit brûler les idoles. Pour le prophète Jérémie, la vallée du Cédron est appelée à être consacrée au Seigneur (www.la-croix.com).

Pour Josaphat : cf. énigme 560.

Dans le Loir et Cher, il y a des lieux-dits Vallée de Josapha (Cormenon), et Vallée de la Justice (Le Temple) près de Vendôme (Géoportail).

Colère

Dans la mythologie grecque, Lyssa (en grec ancien : "Lússa"), aussi nommée Lytta ("Lútta") en attique, est la personnification de la folie furieuse, de la frénésie destructrice et de la rage des animaux. Elle était souvent apparentée aux Maniae, les déesses de la folie. Son équivalent romain était nommé Ira (la Colère), Furor (la Folie furieuse), ou Rabies (la Rage). En grec ancien, lyssa signifie «rage, fureur, frénésie» et dérive du mot "Lykos" signifiant «Loup» (fr.wikipedia.org - Lyssa ).

Colère et Dame Nature

Jean ne sait que penser, il reste sans bouger, de peur de souffler un peu plus sur les braises de l'immense colère. Mais Grâce de Dieu paraît, elle écoute la dame avec respect "Que la terre tremble de la colère de dame Nature. On usurpe mon droit. Mon travail est-il donc mauvais, pour qu'on en vienne ainsi à me voler ?" (Le pèlerinage de vie humaine: le songe très chrétien de Guillaume (de Deguileville), Paule Amblard, 1998 - www.google.fr/books/edition, Guillaume de Digulleville, Le pèlerinage de vie humaine, 1893 - www.google.fr/books/edition).

Dans les poésies gasconnes, on évoque la guerro deous limacs countro lous Leytoureses (Lectoure, Gers). Siètge de la Bilo lou 7 abrious 1689. Pouemo de moussou d'Arquier, caperan de Sent-Cla. Le poète décrit ensuite la metamorphoso dous higounaus en escargols dins le baloun de leytouro, pouemon langatge toulousen par M. d'Arquier . Dabord aquels Cesaes duno mino gentilo Menon les enemics presonniers dins la bilo Oun per se  enja cadun din soun ostal Les manjec ambe pebre, oli, binagre e sal. Ce sont ici les Huguenots qui sont changés en colimaçons vaincus, prisonniers dans la ville, chassés par les papistes qui décident de les «manger assaisonnés au poivre, à l'huile, au vinaigre et au sel». Cette association symbolique du colimaçon à  l'hérétique en général peut probablement être retrouvée à travers certaines légendes locales crées durant le Moyen Âge et le XVIe siècle dont un inventaire systématique reste à dresser. Nous en citerons deux exemples parmi d'autres. Ainsi, dans le Légendaire de la Chartreuse de Sainte-Croix en Jarez, une curieuse “invasion d'escargots” en plein hiver, coïncidant avec un accident de toiture, alors que la Chartreuse croule sous la neige, ne peut guère se comprendre que comme la traduction symbolisée d'une multiplication locale des hérétiques attirant le malheur sur la Chartreuse. On sait par des chroniques locales qu'en 1419 une invasion similaire d'escargots ou de limaces est signalée à Lyon où à l'évêché lance l'excommunication contre ces bêtes, suppôts de Satan, ledit anathème étant suffisant pour anéantir le fléau. En 1673, encore, une autre invasion de limaçons détruit les récoltes et doit être exorcisée. Dans le Légendaire de Béziers, saint Aphrodise, menacé par les idolâtres de la cité, est décapité. Sa tête jetée dans un puits remonte miraculeusement sous la poussée des eaux, le saint emporte alors son chef entre ses mains et traverse la ville sous les huées des habitants qui jettent des escargots sur son passage. Les moqueries de huit (ou sept) tailleurs de pierre l'accompagnent plus particulièrement jusqu'à son arrivée dans la crypte où il se couche pour y être enseveli. Il est aisé d'effectuer le lien entre l'animosité des idolâtres (hérétiques) et les escargots qu'ils jettent (sans autre raison logique que l'évocation d'une allégorie symbolique). On pourrait de même être tenté de voir dans les 8 ou 7 "tailleurs de pioerre", les maçons, (jeu de mot avec li maçons) symbolisant par leur nombre les 8 péchés capitaux réduits à sept durant la période médiévale. La légende se termine du reste avec l'exécution de ces “maçons” décapités dont les têtes sculptées figurent mur ancien de l'église.

Si un parallèle peut être établi entre la lutte du chevalier ou de l'homme armé contre la limace ou colimaçon à coquille spiralée, et le combat de Thésée armé contre le Minotaure au cour du labyrinthe, d'autres images symboliques semblent devoir être associées dans l'esprit religieux médiéval. Le combat du chevalier contre les sept vices, soutenu par les sept vertus, semble être un schéma simplifié de la même conception. Le Pèlerinage de Vie Humaine composé par le cistercien Guillaume de Digulleville décrit le pèlerin en marche vers la cité céleste, assailli par sept personnages monstrueux figurant les sept vices capitaux auxquels il parvient à se soustraire avec l'aide de Dieu et des Vertus. La lutte morale de l'Homme, associée parfois au cheminement spirituel qui est un voyage de pèlerinage, se retrouve, iconographiquement parlant, non seulement dans le cheminement intra-labyrinthique, mais à travers le parcours d'une progression ascendante spiralée vers le sommet d'une montagne.

La métaphore du voyage triomphera par la volonté de Dante, avec la périlleuse ascension de sa montagne du Purgatoire, comportant sept marches habitées par les pénitents punis pour les sept fautes capitales qu'ils doivent racheter (Jacques Labrot, Affairistes et usuriers au Moyen Âge, Tome 1, 2008 - www.google.fr/books/edition).

Souvenons-nous du coquillage spiralé de la vignette de l'énigme 560.

Mer - Cherbourg

La famille paternelle de Pierre Jurieu vient de la région Rhône-Alpes, département de la Loire, en Forez, et son grand-père possédait une terre à Jurieu (lequel ?).

Il y a environ 4000 ans se dressait à Sainte-Croix-en-Jarez et dans ses environs proches un vaste site néolithique dont il ne reste aujourd’hui que peu de témoins : Tout d’abord les fameuses Roches de Marlin ou Merlin situées deux kilomètres au nord de la chartreuse et qui ont déjà fait couler beaucoup d’encre. Entre ces deux extrêmes, un point sensiblement central, «Le Champ du Peu», petit sommet dont le nom «Peu», si l’on suit Georges Pétillon, signifierait «Sorcier» dans le parler local. La chapelle de Jurieu, dédiée à Sainte Brigitte, dont la légende y place le tombeau d’un grand guerrier Celte, vient encore rappeler les dévotions à la déesse « Brigid » et les fêtes celtes qui s’y déroulaient au 1er février de chaque année (fêtes de l’Imbolc). Un peu plus au nord-ouest de la chapelle, une autre roche moins connue, la « Pierre des Loives » est un mégalithe posé en ce lieu, participant aussi à ce vaste sanctuaire. A Sainte-Croix enfin, à l’emplacement même des constructions moyenâgeuses de l’ancienne chartreuse, existait une vaste enceinte rectangulaire où officiaient les prêtres du néolithique.(regardsdupilat.free.fr).

La droite Cherbourg - Mer - Bourges - Golfe Juan passe par le Pilat et sur Sainte-Croix-en-Jarez. 

Guillaume de Digulleville ou Deguileville (Digulleville vers 1295 - après 1358) est un moine et poète français du Moyen Âge. Né à la pointe de la Hague à l'Ouest de Cherbourg, il se dit «de noble et franc lignage». Devenu moine cistercien, il entre vers 13162 à l'abbaye de Chaalis dont il semble être devenu le prieur et où il semble avoir passé le reste de sa vie. Guillaume de Digulleville s'est rendu célèbre par Les Pèlerinages (Le Pèlerinage de la vie humaine, Le Pèlerinage de l'Âme, Le Pèlerinage de Jésus Christ), trois longs poèmes sur le thème de l'Homo viator, homme voyageur, qui eurent un grand succès jusqu'à la fin du XVIe siècle. Dans le premier, Le Pèlerinage de la vie humaine, commencé vers 1330, de 13000 vers, il décrit comment, après la lecture du Roman de la Rose (écrit par Guillaume de Lorris et Jean de Meung), il eut une vision, l'emmenant dans un pèlerinage spirituel vers la Jérusalem céleste. Le poète anglais John Skelton a traduit Le Pèlerinage de la vie humaine, mais sa version est perdue : elle avait le titre Of Mannes Lyfe the Peregrynacioun. Le Pèlerinage de l'Âme, composé entre 1355 et 1358, de 11 000 vers, et une suite du premier ouvrage décrivant le voyage de l'âme après la mort.Le Pèlerinage de Jésus Christ, le moins connu, fait le récit de la vie du Christ venu sur terre pour racheter la faute d'Adam (fr.wikipedia.org - Guillaume de Digulleville).

De Cherbourg à Meung sur la Loire.

Moque-Baril : les raisins de la colère

Gaston Couté naît en 1880 à Beaugency, grandit au moulin de Clan à Meung-sur-Loire, près d’Orléans. A l’âge de 18 ans, attiré par l’écriture, il décide de monter à Paris pour vivre de sa plume. Il y interprétera ses propres textes sur scène et son premier cachet sera un café-crème ! Il connaîtra ensuite un certain succès avant de sombrer dans la misère. Il est en effet le chantre des gens de la terre, mais surtout des gens de la misère. Dans son œuvre, il dénoncera les injustices, sera le défenseur des petits contre les gros, sans jamais céder à la résignation ou au larmoiement. Chez Couté, on ne pleurniche pas, on serre les poings ! Dans de nombreux poèmes, Il a recours à ce “patois de la Beauce”, qu’il utilise comme une arme contre le “français normé”, comme s’il s’agissait de lutter contre l’ordre établi. Pour ne pas limiter son auditoire aux gens du cru et être aussi compris à Montmartre par son public parisien, il saura ne jamais abuser de son patois, saura toujours ne pas dépasser la limite entre le dialecte et la langue imagée…

Au cours de ces années 1910-1911, il ne parlera du monde paysan qu’à quatre reprises, seulement dans quatre “chansons”, et cette actualité ne sera ni agricole, ni beauceronne, mais viticole et champenoise : Couté évoquera la révolte des vignerons marnais de 1911… En 1911, la révolte gronde dans le vignoble champenois, plus précisément chez les vignerons de la Marne. En ce début de siècle, le souci premier n’est pas seulement le phylloxéra, mais aussi le prix élevé de la terre, le poids des impôts et la crainte de la mévente. Le vigneron marnais subit en effet la loi du Négoce, qui achète le raisin des petits exploitants pour fabriquer le champagne, mais aussi négocie durement ses prix d’achat. Et certains de ces négociants préfèrent les vins venus d’ailleurs à moindre prix. Le Parlement en votant la Loi du 10 février 1911 adopte enfin les tant attendues “mesures complémentaires” qui vont permettre de mener une chasse efficace à la fraude… mais qui va exclure les vignerons Aubois de cette “Champagne délimitée” et entraîner une seconde révolte des vignerons… de l’Aube, cette fois ! (Gaston Couté, "poète beauceron", et la révolte des vignerons marnais en 1911, 2011 - blogs.mediapart.fr).

Ce fut le 9 juin 1907 que Montpellier, ville de 80000 habitants fut envahie par une manifestation de 600000 personnes mobilisées par la crise viticole du Midi. Cette crise semble prendre ses origines dans l’apparition du phylloxera en France en 1863 qui va bouleverser la France viticole mais de manière différenciée selon les régions qui ne sont pas toutes touchées en même temps. En 1889, les vins du Midi profitent des effets du phylloxera en Bourgogne, Pays de Loire et Champagne. On manque de vin et cela profite aux viticulteurs du Sud. La fraude s’installe avec la prolifération de vins de sucre et des vins algériens sont importés. Rapidement, la production devient excédentaire (1893). Les viticulteurs du Midi sont touchés de plein fouet et ont du mal à s’adapter aux nouvelles règles d’un marché instable. Le Midi est plutôt favorable aux idées socialistes et communistes. Dès 1904, des mouvements de viticulteurs apparaissent pour devenir massifs en 1907 sous la direction de Marcelin Albert et Ernest Ferroul (www.lafauteadiderot.net).

La Confédération générale viticole réalise une manière d’union sacrée entre les producteurs, des plus petits aux plus grands. De puissants rassemblements crédités de dizaines de milliers de participants se succèdent du 7 avril au 9 juin 1907. Dans les quatre départements concernés, les conseils municipaux présentent leur démission collective et appellent à la grève de l’impôt. Des perceptions, préfectures et sous-préfectures sont attaquées. Le gouvernement fait appel aux gendarmes et à la cavalerie. Le sang coule à Narbonne où quatre manifestants sont tués les 19 et 20 juin. A Béziers, le 21, le 17e régiment d’infanterie, majoritairement composé, selon l’usage, de réservistes et de conscrits du pays, craint que les soldats venus des régions septentrionales ne menacent leurs compatriotes. Ils quittent leur caserne, se portent devant la foule et mettent crosse en l’air (ce qui vaudra aux «mutins» d’être expédiés en Tunisie). Clemenceau réplique par de nouvelles démonstrations de force. Le 23 juin une loi est cependant votée, qui réprime la chaptalisation abusive (histoire-image.org).

Ce petit travail sur la parabole par laquelle débute le chapitre V d’Isaïe, n’est pas un commentaire détaillé. C’est un ensemble d’observations : 1° sur le prélude; 2° sur la structure littéraire du morceau; 3° sur sa version grecque d’après les Septante. Il est visible que la parabole procède par quatre périodes. La première expose les soins donnés par le maître à sa vigne et la déception qu’elle lui procure (1b-2) ; la deuxième dépeint la colère du maître (3-4) ; la troisième énonce les châtiments qu’il veut infliger à sa vigne (5-6) ; la quatrième applique le tout au peuple d’Israël (7).

3. Et maintenant, habitants de Jérusalem et gens de Juda, soyez arbitres entre moi et ma vigne ! 4. Que faire encore pour ma vigne que je n’aie point fait pour elle ? Pourquoi ai-je attendu qu’elle donnât des raisins, et a-t-elle donné des verjus ? (P. Cersoy, L'apologue de la vigne au chapitre V d'Isaïe (versets 1-7), Revue biblique, Volume 8, 1899 - archive.org).

La parabole du Christ Yéshoua, que nous rapporte le catéchiste Mattaï (Matthieu 21, 33-43), prolonge celle du prophète Esaïe. Cette parabole est une annonce prophétique par Yéshoua lui-même de son rejet par le peuple juif et de sa mort programmée par les pharisiens et autres scribes. Dieu a envoyé des prophètes pour inviter son peuple à produire de bons fruits. Pour n’avoir pas été écouté, le maître de la vigne envoie son propre fils : «Voici l’héritier, tuons-le, nous aurons l’héritage.» (verset 38) L’accueil désolant des vignerons entraînera leur perte. Christ Yéshoua laisse à ses auditeurs le soin de conclure la parabole : quand le Maître de la vigne viendra (au jugement dernier), que fera-t-il à ces vignerons ? Les disciples de répondre : «Il fera périr misérablement ces misérables et il donnera la vigne en fermage à d’autres vignerons.» (verset 41) - C’est ainsi que se trouve évoqué le Royaume annoncé par le Christ (www.eglise-niort.net).

La blessure de la Terre

Isaïe dans de terrifiants chapitres (XXXIV et XXIV) nous fait la description de cette terre maudite que le péché a faite : Ses cours d'eau seront convertis en poix visqueuse (l'attachement de l'âme à elle-même) et la terre de son jardin en un soufre asphyxiant. Jour et nuit, il n'y aura pas d'extinction : à jamais s'élèvera sa fumée : de génération en génération elle sera désolée. (Quel peut être, en effet, ce fruit d'erreur que les générations se passent l'une à l'autre ? Saint Paul nous dit qu'il n'y a pas d'alliance entre les méchants, toute alliance étant fondée sur le désir d'un bien commun), il ne passera personne par elle (car le mal ne conduit nulle part). De dissipation la terre sera dissipée, livrée à la main qui arrache et qui pille. La terre pleure, elle s'écoule, elle se dissout, toute hauteur en elle est atteinte comme d'un mal. Car elle a été profanée par le fait de ses habitants : parce qu'ils ont transgressé les lois, changé le droit, dissipé le pacte sempiternel. Et c'est pourquoi la malédiction dévorera la terre et ses habitants deviendront fous (C'est ce qui se passe visiblement en ce moment en Russie et en Allemagne et ailleurs) (Paul Claudel, Commentaires et exégèses, Un poète regarde la croix, 1962 - www.google.fr/books/edition).

Rubis

A noter : des rubis sont collés sur la toile à proximité de la pelle (cette information a été dévoilée lors de la parution des IS dans VSD). D'après Max, il s'agit d'un clin d’œil au futur inventeur de la chouette (piblo29.free.fr).

La marelle correspondrait à l'escarboucle héraldique.

Pauvrement vêtue à son arrivée à la cour d'Arthur, Enide reçoit des vêtements somptueux, que Guenièvre emprunte à sa propre garde-robe. Parmi eux se trouve un manteau précieux :

Au col avoit deus sebelins,

Es estaches ot d'or une once ;

D'une part ot une jagonce,

Et un rubi de l'autre part,

Plus cler qu'escharbocle qui art (Erec et Enide, v. 1590-1594).

Le manteau d'Enide, offert par Guenièvre pour le mariage, est placé sous le signe de l'éclat rougeoyant. La jagonce, rouge orangé, et le rubi, rouge sang, constituent un diptyque. Chrétien cite en contrepoint une troisième gemme rouge, l'escarbocle. Contre toute attente, alors que l'escarboucle est traditionnellement la pierre de touche de la clarté rougeoyante, le rubis du manteau a plus d'éclat que l'escarboucle. À plusieurs reprises au cours de son œuvre, Chrétien remet en cause la précellence de l'escarboucle, au profit du rubis. Notons que la plupart des lapidaires médiévaux confondaient les deux gemmes, ainsi que le grenat, sous l'appellation unique d'escarboucle ou de rubis escarboucle, confusion corroborée par Chrétien dans le Chevalier au Lion (Valérie Gontero, Les gemmes dans l'oeuvre de Chrétien de Troyes, Cahiers de civilisation médiévale, Numéros 177-180, 2002 - www.google.fr/books/edition).

Guenièvre et Geneviève sont deux formes du même prénom germanique (geno-wifa). La pierre qui lui est associée serait le rubis (Jean-Marc de Foville, Un prénom pour mon enfant, 2004 - www.google.fr/books/edition).

La métairie de Villaugon appartenait au prieuré Saint Lazare de Blois qui passa aux Génovéfains (de l'abbaye de Saint Geneviève de Paris).

Bonum vinum lætificat cor hominis, dit l'Ecclésiaste. Le vin, quand il est bon, réjouit le coeur de l'homme, le pur sang de la vigne, sanguis uveæ (Genèse, XLIX, 11. Num. XXII, 14), ayant du corps, vinum pingue (Ezech XXVIII, 18), il doit remplir dans les coupes qu'il colore en rubis et s'ingurgiter avec volupté (ingreditur blande Prov. XXXIII, 32). C'est dans le vin coupé, vinum mixtum, que le prophète Isaïe voit une image de l'hypocrite duplicité de ses contemporains. Ne læseris vinum, dit l'Apocalypse, dans un sens symbolique, faisant allusion à la pratique des mauvais vignerons. Et le peuple se plaignait déjà que le gouvernement prélevât la meilleure partie de la récolte pour ses fonctionnaires et ses serviteurs, eunuchiis et servis (Reg. II 15). Pour stimuler le zèle de ses fournisseurs, lors de la construction du temple, le roi Salomon écrivait à son collègue Hiram, roi de Tyr : «Envoyez-moi, je vous prie, de vos cèdres du Liban, et veuillez dire à vos bûcherons que je leur octroie trois cents pièces de vin.» C'est là un royal pourboire ! Dans sa première épître à son disciple Thimothée, évêque d'Ephèse, saint Paul lui écrit : «J'apprends, mon cher ami, que vous ne buvez que de l'eau. Vous avez tort. Prenez donc un peu de vin à cause de votre estomac et de vos infirmités !» (Alfred Gottschalk, Histoire de l'alimentation et de la gastronomie depuis la préhistoire jusqua'à nos jours, Tome 1, 1948 - www.google.fr/books/edition).