Partie IX - Synthèse   Chapitre LXIV - Super-étoile (Superstar in english)   Carbay, 26 mai   

Carbay, 26 mai

Le 26 mai est fêtée la Saint Bérenger, moine de Saint-Papoul. Fondée au VIIIème siècle, l’abbaye bénédictine de Saint-Papoul est intimement liée à la figure de Saint-Papoul. Cet évangélisateur du Lauragais, disciple de Saint-Sernin, le premier évêque de Toulouse, fut probablement martyrisé dans la localité. Pourtant, c’est la personnalité de Saint-Bérenger qui fera sa renommé à partir du XIème siècle. Le futur Saint-Bérenger prit l’habit monastique à Saint-Papoul où il mena une vie d’ascèse jusqu’à sa mort en 1093. Faisant l’objet d’une dévotion particulière, sa sépulture prétendue miraculeuse entraîna longtemps les pèlerins vers l’abbaye devenue prospère. En 1119, Saint-Papoul fut possession de l’abbaye d’Alet, alors très puissante. Son âge d’or intervient au XIVème siècle grâce à la création de l’évêché de Saint-Papoul par le pape Jean XXII, en 1317. Cette année-là, fut crée de même l'évêché de Saint-Flour (www.payscathare.org - Saint-Papoul).

Bon Vieillard

René d'Anjou, ou René Ier d'Anjou, ou encore René Ier de Naples ou René de Sicile, surnommé par ses sujets provençaux le Bon Roi René (né le 16 janvier 1409 à Angers - mort le 10 juillet 1480 à Aix-en-Provence), fut seigneur puis comte de Guise (1417-1425), duc de Bar (1430-1480) de fait dès 1420, duc consort de Lorraine (1431-1453), duc d'Anjou (1434- 1480), comte de Provence et de Forcalquier (1434-1480), roi de Naples (1435-1442), roi titulaire de Jérusalem (1435-1480) et d'Aragon (1466-1480), ainsi que pair de France et fondateur de l'Ordre du Croissant. Lui-même écrivain, le roi René est un des mécènes les plus importants, les plus curieux et les plus originaux de la fin du Moyen Âge. Toute sa vie, René a enrichi sa bibliothèque de livres somptueusement enluminés, établissant des relations étroites avec des artistes parmi lesquels se dégage la personnalité artistique de grands maîtres comme Barthélemy d'Eyck (identifié au Maître du Roi René ou Cœur d'amour épris), Georges Trubert mais aussi de grands ateliers angevins sollicités par René, comme ceux du Maître de Jouvenel, le Maître du Boccace de Genève ou du Maître du Psautier de Jeanne de Laval (fr.wikipedia.org - René d'Anjou).

Nous verrons dans la section Alchimie pourquois René d'Anjou est ce bon vieillard à carbay.

Jeune Mort

Depuis cinq ans, Messire Jehan de la Lande Chevalier sujet naturel du Duc et demeurant en son Duché, coupable de plusieurs grands et exécrables crimes contre Dieu et Justice, pourquoy estoit en décret de prise de corps, ce qui l'avoit rendu fugitif en Anjou, avoit esté arresté par ancuns serviteurs du Duc authorisez d'un mandement du Roy de Sicile Duc d'Anjou, qui leur permettoit de le prendre et de le rendre aux prisons d'Angers, ce qu'ils n'avoient fait qu'en partie, l'ayant conduit en Bretagne, et mis en mains des Officiers du Duc qui le punirent de mort ; ce qui fut Cause que les Officiers du Duc d'Anjou saisirent la Seigneurie d'Ingrande et Chantocé, ce qui obligea le Duc d'envoyer faire ses excuses vers le feu Roy Louis de Sicile Duc d'Anjou, qui eust l'excuse agréable, et fist lever ladite, saisie moyennant un sauf préjudice du Duc ; nonobstant quoi la Duché d'Anjou estant escheue au feu Roy Louis par le décez d'autre Roy Louis de Sicille, et les Officiers d'Anjou sans avoir aucun égard à ladite main-levée, mettoient de nouveau ledit Duc en procez à cause de la prise dudit de la Lande ; partant supplie le Duc au Roy faire cesser lesdites poursuites, comme vexations in justes, et imposer sur ce chef perpétuel silence à tous ses Officiers (Dom Hyacinthe Morice, Mémoires pour servir de preuves à l'Histoire ecclésiastique et civile de Bretagne,Tome I [-III], 1746).

L'individu est réputé " de vie mauvaise et dissolue, gouliart (débauché), regnoyeur et regnoyeur et blasphameur du nom de Dieu, Yvroigne continuel, de manière et dissolu gouvernement. Capturé dans le petit bourg de Carbay, messire Jehan de la Lande fut ensuite très rapidement jugé, condamné à mort et exécuté (La faute, la répression et le pardon, Volume 1).

Les auteurs récents placent ces événements concernant Jehan de La Lande en 1478-1482, mais Dom Morice à la mort de Louis III d'Anjou vers 1434. La première option tourne autour de la mort du duc suivant René d'Anjou, l'instituteur du rituel de Carbay.

Alchimie

M. Bodin rapporte que René allant un jour d'Angers en Bretagne, pour concilier des seigneurs divisés entre eux, passa à Carbay, petite paroisse du canton de Pouancé (arrondissement de Segré), relevant directement du château d'Angers, et qui, en temps de guerre, devait fournir douze hommes à la garnison, payer douze poulets par an et cent boisseaux d'avoine. Carbay était aussi un prieuré de Marmoutier de Tours parmi ceux qu'elle possédait dans l'Anjou et qui étaient au nombre de quinze. Ils étaient situés à Angers : Bessé, Bocé, Chalonnes, Champtoceaux, Chemillé, Daumeray, Latour-Landry, Liré, Montjean, Pouancé, Rillé, Saint-Quentin-en-Mauge et Vern, avec Carbay.

Touché de l'extrême pauvreté des habitants de ce village (misericordia motus), René les affranchit de la rente des poulets et de l'avoine. Mais par suite d'une plaisanterie dont il est difficile de concevoir les motifs, il ordonna que tous les ans, le lendemain de Pâques, les habitants nommeraient à la pluralité des voix, un roi choisi parmi les valets nés à Carbay : le petit roi de Carbay. Il devait être garçon, porter pour couronne une peau d'écorce de saule entourée d'oreilles et de queues de lièvres. En guise de sceptre, on lui donnait un bâton blanc. Ainsi accoutré, il assistait tout d'abord à la messe. L'office terminé, un homme juché sur un escabeau proclamait son pouvoir sous les acclamations de la foule. Le premier acte de sa royauté, était de sauter tout nu dans l'étang de Carbay. À la fin de la journée, son règne terminé, il allait rendre sa couronne devant la statue de saint Martin, patron de l'église. Tout ceci s'accompagnait pour l'intéressé de quelques privilèges : ce jour-là monsieur le curé lui devait le gîte et le couvert, les autres valets de la paroisse étaient à son service, et on ne pouvait l'injurier sous peine de lui payer quatre deniers. Le nouveau roi recevait ensuite de chaque ménage deux œufs, et à défaut, tous les poulets étaient confisqués à son profit. Il obligeait chaque marié de l'année à lui compter quatre deniers, ou à se plonger nu dans l'étang. Hiret place ce fait en 1276, et il faudrait alors l'appliquer à Charles Ier d'Anjou, ce qui est peu probable. Mr Bodin a sans doute vérifié l'époque de cet usage bizarre, qu'il assigne au XVème siècle (François Villeneuve-Trans, Histoire de René d'Anjou, Volume 2, 1825).

Ce bain du roi prend naturellement une signification alchimique.