Partie IX - Synthèse   Chapitre LVII - Calendrier   Calendrier et Fin des Temps   

Le millénarisme est la croyance dans l'avènement d'un règne terrestre du Christ lors de la Parousie, établissant la paix et la justice pendant mille ans pour les justes ressuscités, avant la seconde résurrection. L'hétimasie est l'attente de cet événement. En 431, le Concile d'Ephèse le déclara hétérodoxe. En Occident, le décret De libris recipiendis et non recipiendis, attribué à tort à Gélase mais reçu par l'Eglise, condamna les ouvrages de plusieurs millénaristes : Tertullien, Sulpice Sévère, Lactance, Commodien et Victorin de Pettau.

Le pape Urbain V, né à Grizac vers 1310, condamna Barthélemy Ianouesius pour avoir fixé l'avènement de l'Antéchrist au jour de la Pentecôte de l'an 1360. Arnaud de Villeneuve, condamné en 1311, avait fixé l'avènement et la persécution de l'Antéchrist à l'année 1377 un an avant le Grand Schisme. L'Eglise défendit sous peine d'excommunication d'annoncer pour époque déterminée la venue de l'Antéchrist ou le jour du Jugement dernier, sous Léon X, en l'an 1516, au Vème concile œcuménique de Latran.

Il existe cependant, à partir du XIème siècle au moins, des mouvements fondés sur la croyance que la fin des temps est proche, cherchant à préparer voire à instaurer un ordre nouveau. L'instauration d'un règne terrestre de paix et de prospérité se retrouve ainsi dans la croyance dans le dernier empereur.

L'exemple le plus net en est les Révélations du pseudo-Méthode. Ce texte est attribué à Méthode d'Olympe (18 septembre), évêque et martyr syrien du IVème siècle. Il fut écrit, à la manière de l'Apocalypse de Daniel - c'est-à-dire après coup et attribué à un auteur du passé -, au VIIème afin de réconforter les chrétiens de Syrie en proie à la menace musulmane. Les Révélations du pseudo-Méthode furent traduites en latin au VIIIème siècle, par un moine nommé Pierre et vivant dans un couvent en Gaule. Ayant eu un grand succès à partir du XIIème, les Révélations affirment que quand le malheur sera immense, un empereur ressuscitera, et partant "de la mer d'Ethiopie" vaincra les ismaélites, établira un règne de paix et de prospérité. Il anéantira aussi Gog et Magog, les peuples dévastateurs (Apocalypse 20, 7-10), puis se rendra à Jérusalem et restituera l'empire chrétien à Dieu. Il mourra à cet endroit, et le règne de l'Antéchrist débutera. Ce texte échappa à la censure probablement parce que le règne de félicité sera instauré par un roi humain et non le Christ. Un deuxième texte s'est inspiré de la légende du dernier empereur. Il s'agit du Traité sur l'Antéchrist d'Adson moine puis abbé de Montier-en-Der (sur le rayon du grand nonagone allant au Ban-Saint-Martin associé au 18 septembre et à Méthode) dans la deuxième moitié du Xème siècle. Ce traité, composé à la demande de la reine Gerberge entre 949 et 954, est une synthèse de l'eschatologie de cette période et témoigne d'un millénarisme atténué : " Ce temps n'est pas encore venu, car, même si nous voyons l'Empire romain en grande partie détruit, aussi longtemps qu'il y aura des rois francs pour le maintenir, la dignité du royaume romain ne périra pas tout à fait, puisqu'elle subsistera dans ces rois. Certains de nos docteurs disent qu'un roi des Francs tiendra en dernier l'Empire romain, qu'il apparaîtra au dernier jour et qu'il sera le plus grand et le dernier de tous les rois. Après avoir gouverné heureusement son royaume, il viendra enfin à Jérusalem et il déposera son sceptre et sa couronne sur le mont des Oliviers. Ce sera alors la fin et la consommation de l'empire des Romains et des chrétiens". Adso, à l'exemple des vies des saints - un genre littéraire en plein essor à l'époque - rédigea une véritable Vita Antichristi qui exerça une profonde influence sur la perception de cette figure pendant tout le Moyen Age. Le dernier empereur, nouveau Constantin (27 février), et image terrestre du Christ finira sa vie, après avoir combattu Gog et Magog sur le Golgotha. Proche du centre du cercle templier de Muret associé à la Saint Charlemagne et au 28 janvier, se trouve la ville de Saubens qui s'appelait jadis Rocofénido, le Dernier Rocher, bonne défintion du Golgotha. Il rendra au Seigneur les attributs de l'empire que Constantin avait reçu avec le labarum à la bataille du Pont Milvius (28 octobre). Le roi des derniers jours est censé libéré les chrétiens du joug de l'Islam et apporté la félicité et la prospérité.

Le 29 mai 1453, alors que la science et la philosophie islamiste s'éteignent peu à peu, la prise de Constantinople par les Turcs de Mehmet II met fin à la dernière survivance de l'empire Romain et à la période d'unité entre Europe de l'ouest et de l'est. Constantin XI Paléologue est décapité pour avoir refusé de se soumettre. L'Europe moderne commence, centrée sur les pays de l'ouest, et accueille les émigrés grecs qui favorisent un retour général vers la philosophie grecque passant d'un engouement pour Aristote vers un engouement pour Platon.

Constantinople au XIXème siècle

Au IXème siècle, en Occident, ce n'est plus Constantin dont on attend le retour, mais celui de Charlemagne, devenu héros de la littérature prophétique, le Carolus Redivivus. Alcuin (19 mai) le présentait comme le " Nouveau David " et le " Phare de l'Europe ".

Après que le dernier empereur aura combattu Gog et Magog et restitué son pouvoir à Dieu, le règne de l'Antéchrist surviendra. A Jérusalem, il plantera sa tente devant Sion. Il prétendra être Dieu, trait commun à tous les récits, depuis Irénée jusqu'à la Sibylle de Tibur. Alors deux hommes, sortis d'un endroit inconnu, viendront le démentir. La Sibylle de Tibur, le De Ratione Temporum de Bède le vénérable (moine de Jarrow) et Adso donnent leurs noms : Ce sont Elie et Hénoch. D'après saint Ephrem (9 juillet), dans le Discours sur la fin du monde, Elie et Hénoch lui demanderont de prouver sa divinité en ressuscitant des morts, ce qui lui sera impossible. L'Antéchrist les fera donc tuer. En effet, en bonne orthodoxie non manichéenne, le " mal " n'est pas l'absolu inverse du " bien ". Le Diable et l'Antéchrist n'ont pas les mêmes pouvoirs que Dieu et le Christ. Selon les Evangiles, l'Antéchrist se fera passer pour le Christ. La ressemblance physique entre le Christ et l'Antéchrist a été très souvent traitée dans l'iconographie médiévale des exégèses de l'Apocalypse comme figure centrale des prédictions apocalyptiques. Dans le Liber floridus, compilé entre 1120 et 1130 par Lambert, chanoine de Saint-Omer, la représentation de l'Antéchrist assis sur Léviathan ne le montre pas comme une bête terrifiante ou un monstre horrible mais comme un souverain avec les attributs et les gestes du Christ sur son trône. Mais l'Antéchrist parodie Dieu et le Christ. L'autre nature de l'Antéchrist est celle d'un tyran. Rupert, père supérieur de l'abbaye bénédictine de Saint Héribert à Deutz, à partir de 1120, a décrit le comportement parodique de l'Antéchrist en ces termes :

" Celui-là est Christ qui verse son sang. Celui-là est Antéchrist qui verse le sang d'autrui. "

Un message implicite se dessine dans la succession dans le temps de la défaite des Musulmans ou de Gog et Magog et de l'apparition de l'Antéchrist. N'est-ce pas la fin de toute altérité qui prépare certainement, dans l'uniformité, les voies du "Monstre", en attente d'un hypothétique Jugement dernier par le Christ revenu ?

Nemrod est le prototype de l'Antéchrist. Dans son sens hébreu, son nom signifie rébellion du mot mara ou marad. Fils de Chus, dont l'Ecriture dit qu'il commença à se rendre puissant sur la terre, et fut un puissant chasseur devant le Seigneur, il donna lieu à ce proverbe : un grand chasseur devant le Seigneur comme Nemrod. Il ne s'employa pas seulement à la chasse des bêtes sauvages, mais aussi à assujettir les hommes à sa domination. Le commencement de son empire fut Babylone. Il y a assez d'apparence qu'il fut un des plus ardents entrepreneurs de la Tour de Babel, et qu'y étant demeuré depuis la dispersion des hommes, il bâtit Babylone à l'endroit où était cette fameuse tour ou aux environs. Delà il étendit sa domination sur le pays voisin, et régna à Arach, à Achad, à Chalanne dans la terre de Sennaar. Quelques rabbins expliquent en bonne part ce qui est dit de Nemrod, qu'il fut grand chasseur devant le Seigneur, en disant qu'il offrait au Seigneur le gibier qu'il prenait. Mais en cet endroit la plupart des interprètes prennent ces mots devant le Seigneur, en mauvaise part; de même que ce qui est dit de ceux de Sodome, qu'ils étaient de grands pécheurs devant le Seigneur : peccatores coram Domino nimis. (Genèse 13, 13) Quelques-uns ont confondu Nemrod avec Belus, fondateur du royaume de Babylone, et avec Ninus, fondateur de Ninive. Le nom de Nebrodeus ou Nebrodus donné à Bacchus viendrait visiblement de Nemrod. Le nom de Bacchus peut aussi dériver de Bar-Chus, fils de Chus, parce que Nemrod était fils de Chus. Les Grecs donnent à Bacchus le nom de chasseur, ainsi que Moïse le donne à Nemrod. Les expéditions de Bacchus dans les Indes sont aussi formées sur les guerres que Nemrod fit dans la Babylonie et dans l'Assyrie.

Le peintre Delacroix semble s'être intéressé à lui (voir Homards Delacroix).

Plutôt qu'un lapin, le cerf est une représentation plus "noble" de la victime sacrée. Anne Lombard-Jourdan confirme ce rapprochement de la chasse au lièvre et de celle au cerf. « Les rites de la chasse au lièvre, tels qu’ils sont décrits par le Master of games, étaient voisins de ceux de la chasse au cerf ». Le Christ au lièvre du mystère de Rennes-le-château peut être un Christ lièvre, chassé par les forces antéchristiques dont Nemrod est une incarnation, qui lui-même était assimilé astronomiquement à Orion ayant à ses pieds la constellation du Lièvre.

De la chasse

Telle fut la fin de père en tant que chair, mes garçons. Et c'était, j'en suis sûr, celle qu'il eût désirée : être occis par une arme vraiment moderne et mangé d'une façon vraiment civilisée. Sa survie fut ainsi assurée, quant au corps et quant à l'ombre. Dans ce monde-ci il vit en nous, tandis que dans l'autre son ombre intérieure hache menu comme chair à pâté les éléphants de rêve.

Roy Lewis, Pourquoi j'ai mangé mon père, Actes Sud, p. 162

A l'aide de Homo necans de Walter Burkert, nous mettons en perspective la chasse et un de ses aboutissements que constituent les croyances religieuses.

Notre Père,

Donnez-nous notre pain quotidien,

Prenez et mangez, ceci est mon corps.

Le parricide présuppose l'institution paternelle et le lien au père, donc une innovation culturelle spécifiquement humaine. Il est révélateur des préjugés modernes sur l'homme que Freud et son école ne se soient pas du tout intéressés au moment précis où le meurtre répondait à une fonction nécessaire, - une fonction qui sera effectivement déterminante pour l'évolution. En effet, c'est à partir de la période où les primates australopithèques tuèrent et mangèrent des babouins, éventuellement un des leurs, que l'on vit apparaître dans l'évolution les structures spirituelles et sociales, qui firent du meurtre le fondement de l'ordre culturel. Dans la chasse, l'agression intraspécifique se focalise sur l'animal chassé, et elle est ainsi détournée vers l'extérieur. Mais pour que cette agressivité parvienne à son but, les inhibitions instinctives de cette agressivité - sexualité féminine et comportement enfantin - doivent être levées. Dans l'imagination du chasseur et dans les actes mutuels d'encouragement, la bête chassée ne devait donc pas apparaître comme une femme ou comme un enfant, mais plutôt comme " grosse " et " masculine ", même si ce n'était qu'un lièvre. En outre, le gibier le plus profitable était constitué par les grands mammifères - aurochs, ours, mammouths -, et les plus gros spécimens - même s'ils n'étaient pas les meilleurs au goût - étaient les mâles. L'agressivité du chasseur prit cependant une forme tout à fait singulière. Son but n'était pas de faire fuir la bête, ni de l'anéantir, mais plutôt de s'en emparer et de la faire sienne [...] Masculine, grosse, à la fois membre de la famille et destinée à mourir, la proie fait figure de père. L'acte conscient de tuer se transforme en parricide. […] Ainsi se trouve confirmée l'intuition de Freud, qui met un parricide au début du développement humain, non qu'il s'agisse d'un crime historiquement daté, mais plutôt d'un meurtre comme fonction symbolique rituelle, et des structures de l'âme correspondantes.

La bête chassée apparaît ainsi comme un " Père nourricier ", qui pourvoie à la nourriture de la communauté.

On savait que le dieu était intimement associé au sacrifice ; c'est une évidence pour l'Antiquité classique avec le couple de termes sacer-sacrificare... On pouvait jouer avec l'idée que le dieu et l'animal sacrifié étaient identiques ; en conséquence, c'était le dieu qui était tué, mangé, détruit, et qui, plus tard, avec le retour du rituel, était pourtant miraculeusement de nouveau là. Les rites de clôture étaient mis en scène comme une résurrection ou un retour à la vie. Certains mythes grecs laissent entrevoir que le dieu est identique à l'animal sacrificiel. Zeus, par exemple, se métamorphose en taureau, Dionysos en chevreau.

Mais ce n'est que sous l'influence orientale, que les Grecs attachés à une société profondément patriarcale, ont acceptés ces assimilations qui, dans le domaine féminin, semblaient plus faciles. Io était en même temps prêtresse d'Héra, et représentait donc la déesse elle-même ; Artémis tua l'ourse Callisto, qui pourtant était la " plus belle " et le parfait portrait d'Artémis, la " plus belle " des vierges. Les images où le dieu et l'animal sacrificiel se côtoient dans une union presque intime font ressortir la profonde ambivalence du sacrifice, qui a donné aux Grecs la possibilité de créer la tragédie.

Cela suggère que les premières sociétés fondées sur la chasse relevaient d'un " matriarcat " préhistorique, dont la théorie fut établie par Bachofen et qui fut reprise par Robert Graves pour étudier le passage hypothétique du matriarcat au patriarcat en Grèce ancienne.

La succession des générations masculines est caractérisée par le conflit et la mort. Mais la culture a besoin d'une continuité qui puisse survivre à la catastrophe. Afin de parvenir à cette continuité et la rendre manifeste, le rituel, depuis le Paléolithique supérieur, semble avoir trouvé une voie spécifique : la symbolisation du féminin. Un remarquable témoignage de la continuité entre l'âge des chasseurs et l'ère agricole est fourni par les statuettes féminines qu'on a pris l'habitude d'appeler " statuettes de Vénus ".

En Sibérie, ces idoles appartiennent au domaine des femmes, mais elles sont probablement en connexion avec les animaux chassés, comme en témoignent une statuette trouvée au centre d'un cercle de 27 crânes de mammouths. La déesse est la Mère des Animaux qui servent à la chasse et au sacrifice, elle se présente comme une puissance dispensatrice de vie, alors qu'elle gouverne les morts. Le jeune garçon si intimement lié à la grande Déesse de Çatal Höyük serait-il déjà le précurseur d'Attis, fils et amant portant le nom de " Père " ? Le pharaon, intronisé sous le nom d'Horus, le Fils, meurt toujours sous le nom d'Osiris, le Père, tandis qu'Isis incarne la permanence du trône.

La volonté supérieure à laquelle se soumet le chasseur se condense dans les idées et dans les reproductions artistiques, sans doute déjà aussi dans le langage, et elle devient la figure de la Grande Déesse, épouse et mère, nature féminine qui enfante, qui donne la vie et pourtant exige la mort ; dans ses mains, elle tient la corne d'abondance brisée comme la Vénus de Laussel du Paléolithique supérieur. Dans les Fables mythologiques, Déméter et Coré se superpose et se confondent, faisant de la Grande Déesse, une vierge, une mère et une amante... La vierge reste concernée par le sacrifice : un bélier, animal-père était sacrifié à Coré.

La diagonale Le Sarnieu - Sommet au large de Mmizan avec sa série de Vierges noires et la présence de la Vénus de Laussel à Marquay symbolise cette continuité (voir Diagonale Le Sarnieu - Mimizan).

La mort politique du Christ, considérée comme une sorte de restauration des sacrifices humains, entraîne l'identification de la victime, fils de Marie, avec le dieu-père. La déification du Christ résulte d'un schéma ancien replongeant dans le temps des premières communautés de chasseurs. A partir des similarités entre religion babylonienne (le culte de Nemrod) et religion catholique, Alexander Hislop a essayé de montrer dans The two Babylons comment les croyances païennes infiltrèrent la culture hébreue et furent adoptées dans la doctrine et les sacrements catholiques. L'intuition d'Hislop de faire remonter une religion à un chasseur (Nemrod) semble être vérifiée par l'étude de Burkert. Mais l'analogie s'arrête là, en effet toute religion fondée sur la notion de sacrifice plonge ses racines dans la "mythologie" de la chasse, quelle qu'elle soit.

Si le christianisme a montré des velléités révolutionnaires en ces débuts (où l'on voit le Christ fréquenter les exclus), il a fini par être phagocyté par un fonctionnement social fondé sur le sacrifice humain. Sacrifice humain non sanglant en premier lieu qui se manifeste par l'exclusion. En accédant au pouvoir par la collaboration avec l'ancien système, le christianisme est mort. Le sacrifice du Christ est devenu le symbole de ce fonctionnement social. Si nos sociétés chrétiennes puis héritières du christianisme avaient voulu éradiquer la pauvreté, en 2000 ans, n'y seraient-elles pas parvenu ? Mais le fonctionnement social repose sur une hiérarchie imbriquée des membres de la société suivant le degré de possession des moyens de production et de connaissance sous-tendue par une idéologie différentialiste. Cette hiérarchie n'est pas fortuite mais produite par cette idéologie : pour qu'il y ait des riches il faut qu'il y ait des pauvres (sous-rétribution, chômage) ; pour qu'il y ait des intellectuels, il faut qu'il y ait des cancres (la constante macabre de André Antibi) ; pour qu'il y ait des gens en bonne santé, il faut qu'il y ait des malades (pour certaines maladies bien sûr). Tout cela au profit final d'une catégorie de l'humanité avec une certaine psychologie marquée par le besoin de domination.

L'exclusion est la première phase d'une chasse (le Christ au Lièvre : le Christ-Lièvre) : d'abord faire fuir du monde du travail, du monde de la sociabilité. La disparition physique anticipée est le point final de cette chasse dans un véritable " génocide des pauvres ". À la fin de 2002, plus de 400 spécialistes des politiques socio-sanitaires, des représentants des collectivités, et des chercheurs se sont retrouvés à l'université de York, dans la ville de Toronto, dans le cadre d'une conférence sur les déterminants sociaux qui façonnent notre santé tout au long de notre vie. Ces derniers ont consolidé la notion qu'un faible revenu (avec tous les aboutissements qui en découlent sur les conditions de logis, sur le niveau d'éducation, de l'environnement de travail, de développement de l'enfant, de la sécurité alimentaire, etc.) influe irrémédiablement sur les taux de décès dus aux maladies cardio-vasculaire, cancers, blessures accidentelles, suicides, diabète et autres maladies. Pour les données de morbidité, la corrélation avec le statut social est spécifiquement forte pour les maladies cardio- vasculaires, diabète, blessures par accident et maladies mentales. (http://www.pressegauche.org)

Cette vision de la société semble relever de la paranoïa, mais nous ne vivons pas dans un monde de Bisounours. Alors, le gain spirituel peu paraître dérisoire, même s'il ne relève pas uniquement de l'idée de dieu ou de l'appartenance à des églises.

La seule porte de sortie d'un tel système serait le contrôle des pulsions de domination valorisées depuis des millénaires par la Bible. Un tel contrôle ne serait viable qu'effectué en tout lieu. Domination sur les autres hommes et sur la nature qui a conduit à la situation sociale et écologique désastreuse que l'on connaît.

Puis Dieu dit : Faisons l'homme à notre image, selon notre ressemblance, et qu'il domine sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, sur le bétail, sur toute la terre, et sur tous les reptiles qui rampent sur la terre. Genèse I, 26

Dieu les bénit, et Dieu leur dit : Soyez féconds, multipliez, remplissez la terre, et l'assujettissez ; et dominez sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, et sur tout animal qui se meut sur la terre. Genèse I, 28

Le message biblique semble bien périmé au moment où l'on se rend compte que la croissance économique et celle de la population humaine épuiseront les ressources de la Terre. Le nouveau message serait "Décroissez !".

L'homme est un animal comme les autres.

Ce n'est pas rabaisser l'homme que de dire cela. L'animal a prouvé son intelligence en respectant les équilibres écologiques que l'homme a bafoués. Un proverbe amérindien dit que lorsque tu prends une pierre, il faut la remettre là où tu l'a prise. Et, comme par hasard, les Wasp très imbus de leur croyance biblique ont quasiment éliminés du continent nord américain les indiens, si proches de la nature, si près de la vérité.

Le peuple poussa le cri de guerre et l'on sonna de la trompe [...] et le rempart s'écroula sur place. [...]Ils vouèrent à l'anathème tout ce qui se trouvait dans la ville, hommes, femmes, jeunes et vieux, jusqu'aux taureaux, aux moutons et auxc ânes, les passant au fil de l'épée. [...] Et Yahvé fut avec Josué.

Ce récit de la prise de Jéricho dans le Livre de Josué est sans doute l'une des premières apologies de crime contre l'humanité de l'histoire.

Le christianisme a bien essayé de bricoler une rupture avec l'héritage biblique mais a finalement échoué. Pour ne devenir qu'un " masque du diable " (pour ceux qui y croient).

 


Sources

Sumi Shimahara, Peut-on parler de millénarisme à l'époque carolingienne ?

Les Apocryphes Éthiopiens, X La Sagesse de la Sibylle

Joachim de Flore - cliohnet

Charles Louis Richard, Bibliothèque sacrée

Walter Burkert, Homo necans, les belles lettres

Anne Lombard-Jourdan, Aux origines de Carnaval, Odile Jacob