Partie XIII - La Croix d’Huriel   La Croix d’Huriel et la Ligne gnostique   Bruis   
BRUIS PIERRE DE BRUIS ARCADIE

La Ligne gnostique prolongée passe sous le Pic saint Loup dans l'Hérault, et coupe la Croix d'Huriel vers Bruis à la tranversale, en plus de Belcaire à la verticale.

Bruis se trouve proche de l'intersection de la "Ligne gnostique" et de la transversale de la Croix d'Huriel.

Bruis

Une tablette de marbre blanc est encastrée dans le mur d'une maison voisine du château. Cette inscription provient de l'ancien cimetière placé près de la Tour de Bruis (XIIème siècle), sur la colline qui domine le village. Le village primitif de Bruis était autrefois entièrement construit sur cette hauteur. C'est la plus ancienne des inscriptions chrétiennes des Hautes-Alpes (538 après J.-C.) : [in] PACE BONAE MEMORIA [vix] I ANNIS QVINQVAGINTA [i] OHANNE VCC IND. SECUNDA : D’heureuse mémoire, Ici repose [en] paix [qui vécut] cinquante ans sous l’administration de Jean, durant la deuxième année de l’induction / (l’induction est une période de quinze ans, instituée par Constantin pour la levée des impôts à partir de 313).

L'Église paroissiale de 1683 est vouée Saint-Michel. L'ancien vocable de cette paroisse est l'Assomption de Notre-Dame-du-Palais.

L'église paroissiale de Bruis était sous le vocable de l'Assomption de Notre-Dame du Palais; elle était située à côté de la tour seigneuriale, sur la hauteur qui domine le village, et fut démolie pendant les guerres de religion. Les habitants, en 1664, obtinrent l'autorisation de construire dans la plaine une nouvelle église qui fut placée sous le vocable de saint Michel. Au commencement du Xe siècle, Humbert, évêque de Gap, donna des propriétés importante à l'abbaye de Ile-Barbe de Lyon; le roi Conrad-le-Pacifique confirma cette libéralité le 20 août 971. Il est probable que dans cette donation étaient comprises les terres qui dépendaient du prieuré de Bruis. Pendant tout le moyen âge ce prieuré appartint en effet à l'abbaye de l'Ile-Barbe il fut sécularisé en 1564. Le prieur était collateur de la cure et décimateur de la paroisse qui dépendait de l'archiprêtré du Rosanais. (fr.wikipedia.org - Bruis, hautes-alpes1789.fr - Bruis, www.alpes-guide.com).

Philis ou l'Arcadie

Philippe de la Tour du Pin de La Charce, plus connue sous le nom de Philis de La Charce, née en 1645 à Montmorin et morte en 1703 à Nyons, est une figure historique du Dauphiné C'est après la lecture de L'Astrée, œuvre d'Honoré d'Urfé, qu'elle change son prénom en Philis, du nom de l'un des personnages du roman.

Lorsque Louis XIV fait révoquer l'Édit de Nantes en 1685, elle se convertit au catholicisme. Une légende la fait combattre les Savoyards à la tête de troupes populaires. Son rôle de Jeanne d'Arc semble cependant plus modeste (fr.wikipedia.org - Philis de La Charce).

Mais le prénom Philis semble porter de longue date dans la région de Bruis.

Bruis, jusqu'au XVe siècle, fit partie du bailliage de Sisteron; il fut ensuite annexé au vibailliage de Gap, à l'élection et à la subdélégation de cette ville. La seigneurie majeure de Bruis appartenait à l'abbé de l'Ile-Barbe. Au-dessous de lui la famille de Mévouillon possédait une part de cette terre; le 2 juin 1242, Raymond de Mévouillon prêta hommage â l'abbé de l'Ile-Barbe ; en 1413, Pierre de Mévouillon-la-Chaup était encore coseigneur de Bruis. En 1166, Parceval de Rosans était possesseur d'une autre part de cette coseigneurie; il eut deux enfants Jordan et Philis qui donnèrent naissance à deux coseigneuries (hautes-alpes1789.fr, Nicolas Viton de Saint-Allais, Nobiliaire universel de France, 1817 - books.google.fr).

Une stèle funéraire représente la défunte, Philis, fille de Cléomédès, comme l'indique l'inscription sur le bandeau supérieur, les cheveux enserrés dans un linge appelé cécryphale, vêtue d'une tunique à manches, le chiton, et d'un manteau, l'himation. Elle est assise, les pieds posés sur un tabouret bas et à pattes de lion. Elle extrait d'un coffret un rouleau ou une bandelette, dans un geste de la vie quotidienne qui évoque peut-être la mort ou l'initiation à un culte à mystères. Ce bas-relief aux dimensions imposantes provient de l'île septentrionale de Thasos. Cette ancienne colonie de Paros entre dans la ligue de Délos au Ve siècle av. J.-C. ; elle est ainsi ouverte aux influences athéniennes. Au confluent du style sévère et du style classique, cette oeuvre rappelle les déesses de la frise du Parthénon (www.louvre.fr - Stèle de Philis).

Le nom de Philis est typique de la poésie pastorale et galante. On le trouve par exemple chez Pierre de Marbeuf (1596-1645).

Pierre de Marbeuf est né en 1596 à Sahurs dans l’Eure. Élève du collège de La Flèche où il a été le condisciple de Descartes, le chevalier Pierre de Marbeuf est juriste de formation. Il exercera aussi la fonction de maître des eaux et forêts comme Jean de La Fontaine. Son Recueil des vers est publié à Rouen en 1628. En 1633 paraissent Le Portrait de l’homme d’État et Le Miracle de l’amour. Auteur de sonnets baroques, il met en œuvre les thèmes de la nature, de la fragilité de la vie et de l’amour. Connu tardivement, il est apprécié non seulement pour ses qualités de poète, mais aussi pour ses talents satiriques. Recherchant la perfection, il joue avec les mots et les sonorités dans un style baroque (Jean-Luc, Pierre de Marbeuf - www.etudes-litteraires.com, moliere.paris-sorbonne.fr - Philis).

Mais la première Philis est celle de l'Arcadie de Sannazaro, ou dans sa traduction par Jean Martin pour la graphie grécisante.

La première traduction française de l'Arcadie était dejà achevée à la fin de 1543. Nous le savons parla dédicace que le traducteur, Jean Martin, adressa de Paris aù cardinal de Lenoncourt le 15 avril 1544 : vers le mois de décembre de l' année précédente, le cardinal (dont Martin était à cette époque-là le secrétaire) avait demandé à Martin de lire sa «traduction française de l'Arcadie Italienne de messire Jacques Sannazar gentilhomme Napolitain». Mais le secrétaire ne l'avait pas encore «mise au nect», et s'appliqua dans les mois suivants à un travail de révision. Son but était désormais de réaliser l'éditiòn d'une reuvre qui en 'ltalie était devenue un véritable best seller, et dont on parlait beaucoup aussi de l'autre coté des Alpes.

Une correction textuelle nous révèle la démarche de Martin. La XIIe et dernière églogue, à travers les bergers Barcinio et Summonzio, présente Meliseo qui pleure la mort de sa nymphe Filli: il s'agit, dans l'Arcadie italienne, d'une imitation de l'églogue de Pontano sur la mort de sa femme Ariadna, églogue intitulée Meliseus. Or Martin (seul entre tous les commentateurs de l'Arcadie) dit que Meliseus signifie menant vie triste, et Sannazar soubz ce mot veult entendre soy mesme, car il deplore la morte de l'amye qu'il nomme Philis, en memoire de la quelle il a composé cest oeuvre. (f' 126ro) Attention à la graphie Philis, que nous trouvons dans la traduction ; au contraire, la forme Filli est celle, correcte, de toutes les éditions italiennes, à partir de celle autorisée par Sanhazar et procurée par Summonte en 1504. L'intervention de Martin est expliquée dans son sommaire de la manière qui suit : Philis escript par i, et l simples, signifie amour, ou la chose aymée: mais par y et Il, c'est le nom de la fille de Lycurgus roy de Thrace, laquelle se pendeit par impatience du retour de Demophoon son amy, et fut convertie en Amendier. Lisez les epistres d'Ovide. (f 129ro) La correction vient de l'interprétation étymologique (Philis = «aimée», du grec Philô). Martin connait bien l'églogue Meliseus de Pontano; et il a pulire aussi l'annotation de Summonte: Meliseon. Sub Melisei persona Pontanus intelligitur ut in ecloga illa, cuius titulus est Meliseus (p. 478). Sannazar-Meliseo imite Pontano, mais chante et pleure une autre jeune nymphe, sa bien-aimée Philis : et toute l'Arcadie, selon Martin, a été écrite pour etre dédiée à sa mémoire.

L'Arcadie serait donc un poème d'amour pour la jeune fille aimée par Sannazar, et identifiée par son biographe Giambattista Crispo avec la jeune napolitaine Carmosina Bonifacio. Voir G. Crispo, Vita di Giacopo Sannazaro, Roma, Zannetti, 1593 ; E. Percopo, «Vita di Iacobo Sannazaro», Archivio Storico per le Province Napoletane, LVI, 1931, p. 101-5. (Carlo vecce, L'Arcadie de Sannazar, selon Jean Martin - opar.unior.it).

Pierre de Bruis

Les informations concernant Pierre De Bruys sont rares et ont toutes pour source primaire la lettre dédicace du traité de Pierre le Vénérable, abbé de Cluny, Contra Petrobrusianos hereticos, traité antihérétique a été rédigé avant 1138 et remanié vers 1141, adressé aux archevêques et évêques d'Arles, Embrun, Die et Gap, régions dans lesquelles l'hérésie prospérait depuis une vingtaine d'années. Sa doctrine, qualifiée de pétrobrusianisme, fut condamnée lors de plusieurs conciles. La plupart des auteurs s'accordent pour dire que Pierre De Bruys est né vers 1095 dans le canton de Rosans, près de Gap. Il est dit de Bruis soit qu'il y est né soit qu'il y fut pasteur.

Pierre De Bruys était un prêtre catholique avant que la hiérarchie ne le condamne et ne lui interdise de prêcher, ceci à une date imprécise mais, apparemment, entre 1112 et 1120. Refusant d’obéir, il continua à prêcher en tant que prédicateur itinérant, d’abord dans les diocèses d’Embrun et de Gap, puis en Provence et en Languedoc.

Pierre de Bruys n’accordait d’autorité qu’aux quatre évangiles qu’il interprétait d’ailleurs de façon très littérale. Pour lui, les autres livres du Nouveau Testament avaient moins de valeur sur le plan doctrinal car non seulement il doutait de leur origine apostolique, mais, de plus, les Épitres traduisaient l'enseignement de simples hommes et non celui de Jésus-Christ. Il rejetait aussi l’autorité de l’Ancien Testament, aussi bien que celle des Pères de l'Église et, bien entendu, celle de l’Église Catholique. Il méprisait enfin la hiérarchie et le clergé catholique et il n’hésitait pas à prêcher la violence et à mettre lui-même en pratique son enseignement contre les prêtres et les moines.

Sur le plan doctrinal, il s’opposait à l’Église Catholique sur de nombreux points :

- refus du baptême des enfants car, selon lui, seule la foi personnelle peut conduire au salut, or les enfants en bas âge ne peuvent avoir la foi au moment de leur baptême,

- rejet de la doctrine de la transsubstantiation,

- dénégation de la valeur des sacrements aux défunts,

- inutilité des églises car l’Église de Dieu est constituée non de pierres mais de l’union des croyants rassemblés.

- refus de voir dans la croix un symbole sacré car, pour lui, l’instrument de la mort du Christ ne peut être adoré ni même vénéré ; les croix devaient donc être détruites en morceaux et brûlées

Deux rares tympans représentant la crucifiction à Die et St Gilles du Gard, probablement en réaction à la doctrine de Pierre de Bruis. (www.lamottechalancon.com, fr.wikipedia.org - Pierre de Bruys).

Pierre de Bruis - blogulharulvaldemoro.wordpress.com

Albigeois, nom général donné aux hérétiques qui parurent en France dans les XIIe et XIIIe siècles, et qui furent ainsi nommés, parce qu’ils se multiplièrent non-seulement dans la ville d’Albi, mais encore dans le Bas-Languedoc, dont les habitants sont nommés par les auteurs de ce temps-là Albigenses. Le fond de leur doctrine étoit le manichéisme, mais différemment modifié par les visions des différents chefs qui l'avoient prêché en France, tels que Pierre de Bruis, Henri son disciple, Arnaud de Brescia, etc. : c’est ce qui fit nommer ces sectaires pétrobrussiens, henriciens, arnaldistes, ou arnaudistes ; mais ils portèrent encore plusieurs autres noms tirés de leurs mœurs, dont nous parlerons ci-après. Nous ne devons donc pas être étonnés de ce que les auteurs qui ont exposé leurs erreurs, ne les ont pas rapportées uniformément ; jamais aucune secte d’hérétiques ne fut constante dans ses opinions ; chaque docteur se croit le maître de les entendre et de les arranger comme il lui plaît. Les albigeois étoient un amas confus de sectaires,la plupart très-ignorants et très-peu en état de rendre compte de leur croyance ; mais tous se réunissoient à condamner l'usage des sacrements et le culte extérieur de l’Eglise catholique, à vouloir détruire la hiérarchie et changer-la discipline établie. C’est à ce titre que les protestants leur ont fait l’honneur de les regarder comme leurs ancêtres. Alanus, moine de Citeaux, et Pierre, moine de Vaux-Cernay, qui ont écrit contre eux, leur reprochent, 1° d’admettre deux principes ou deux créateurs, l’un bon, l’autre méchant ; le premier, créateur des choses invisibles et spirituelles; le second, créateur des corps, auteur de l’ancien Testament et de la loi judaique, pour lesquels ces hérétiques n’avoient aucun respect : voila le fond de l'ancien manichéisme. 2° De supposer deux Christs, l’un méchant, qui avoit paru sur la terre avec un corps fantastique, qui n’étoit mort et ressuscité qu’en apparence ; l’autre bon, mais qui n’avoit pas été vu en ce monde : c’étoit l’erreur de la plupart des gnostiques. 3° De nier la résurrection future de la chair, d’enseigner que nos âmes sont des démons, qui ont été logés dans nos corps en punition des crimes qu’ils avoient commis ; conséquemment ils nioient le purgatoire et l’utilité de la prière pour les morts; ils traitoient même de folie la croyance des catholiques touchant les peines de l'enfer. Ces rêveries sont empruntées de différentes sectes d’hérétiques. 4° De condamner tous les sacrements de l’Eglise, de rejeter le baptême comme inutile, d’avoir en horreur l’eucharistie, de ne pratiquer ni la confession, ni la pénitence, de croire le mariage défendu, ou du moins de regarder la procréation des enfants comme un crime. C’étoit encore l'opinion des manichéens. Enfin ces auteurs rapportent que les albigeois détestoient les ministres de l’Eglise, ne cessaient de les décrier et de déclamer contre eux ; qu’ils n’avoient aucun respect pour la croix, pour les images, pour les reliques ; qu’ils les détruisoient et les brûloient partout où ils étoient les maîtres (Nicolas Bergier, Mgr Gousset, Dictionnaire de théologie, Tome 1, 1843 - books.google.com).

L'influence de Pierre de Bruys dans la région de Carcassonne

C'est du Val-Gyr qu'était sorti l'impétueux Pierre de Brueys. Ses disciples existent encore dans les vallées de la Drôme et de la Durance. Leurs églises également se retrouvent éparses dans tout le Midi. L'inquisition les signale à Pamiers, Albi, Montauban, dans les plaines de Toulouse et de Carcassonne (Napoléon Peyrat, Histoire des Albigeois: les Albigeois et l'Inquisition, 1870 - books.google.com).

Les princes accueillirent avec une sorte de faveur les disciples de Pierre de Bruys ; Raymond Roger, vicomte de Béziers et de Carcassonne, leur permit l'exercice de leur religion, dans toute l'étendue de ses domaines (Jean-Mamert Cayla, Perrin-Paviot, Histoire de la ville de Toulouse depuis sa fondation jasqu'à nos jours, 1839 - books.google.com).

Pierre de Bruys est un homme du Dauphiné dont l'action se déroule dans une vaste zone du midi. Ses critiques de l'Eglise sont plus précises et plus étendues que celles des patarins et même sans doute que celles d'Arnaud de Brescia. Elles comprennent une composante doctrinale marquée. Il conteste par exemple l'eucharistie et le baptême. De façon plus caractéristique, il nie toute valeur à l'idée du sacerdoce des prêtres et à celle du mariage des laïcs, ce qui le fait soupçonner d'immoralité. On trouve à ses thèses un certain apparentement avec celles d'un homme du Nord, Tanquelin, mort assassiné en 1115. Par certains aspects, sa contestation rejoint aussi celle des cathares avec qui des contacts ont pu avoir lieu. C'est en Dauphiné qu'Henri de Lausanne rencontre Pierre de Bruys et devient son disciple. Henri est un ancien religieux, dont une partie du ministère se déroule d'abord dans la région du Mans. On lui prête une grande réputation de sainteté et il suscite l'enthousiasme autour de lui. Il est alors interdit de parole, tout clerc ou moine qu'il soit. C'est à ce moment qu'il attaque violemment l'autorité de l'évêque Hildebert et qu'il conteste les revenus du clergé ainsi que les pratiques du mariage, comme Tanquelin et Pierre de Bruys, bien que le mariage ne soit pas encore devenu un sacrement. Une controverse publique contre Hildebert le met en défaut devant assistance qui ne lui est pas favorable et il doit quitter la région du Mans. Il traverse Poitou et Aquitaine, s'établit un moment au milieu des cathares, puis passe en Provence et enfin en Dauphiné. Pierre et Henri réunis contestent plus que jamais la doctrine de l'Eglise et la hiérarchie ecclésiastique. Leurs discours les font, indûment semble-t-il, prendre pour des cathares et des missions sont montées pour combattre dans les populations du midi cette hérésie naissante qui a pris vite des proportions inquiétantes. Les mêmes conciles d'alors condamnent, sans beaucoup de nuances ou de discernement, les premiers cathares et les disciples de Pierre et d'Henri. Pierre de Bruys finit sa vie en 1140, arrêté à Saint-Gilles où il est brûlé vif. Henri de Lausanne continue le même ministère, notamment chez des artisans (on cite des tisserands). Saint Bernard est appelé à la rescousse pour combattre ses idées et se déplace dans le midi afin de convaincre les foules, au moyen de débats publics et de prédications dans les églises. Jugé sans doute maladroit, Bernard finit par être mal reçu. A Verfeil, dit-on, les petits seigneurs locaux quittent l'église quand il se met à prêcher. C'est là qu'il se fait vertement reprocher la beauté de sa monture, digne d'un prince. [...] En lui, c'est peut-être l'homme du nord que, sans discernement, ces nobles méridionaux repoussent. Cela n'empêche pas, un peu plus tard, Henri de tomber entre les mains de l'évêque de Toulouse qui l'expédie à Reims devant le concile réuni par le pape Eugène III. Il y est condamné à la prison perpétuelle en 1148 et meurt peu après (Bernard Félix, L'hérésie des pauvres: vie et rayonnement de Pierre Valdo, 2002 - books.google.com).

Ils avaient prêché l'un et l'autre, d'abord en Dauphiné, puis en Provence, d'où ils étaient passés dans la province de Narbonne d'où certains auteurs disent que Pierre de Bruys était originaire. Pierre le Vénérable dit que Pierre s'est réfugié dans la province de Narbonne : "Anguis lubriens de regionibus vestris elapsus, imo vobis prosequentibus expulsus, ad Narbonensem provinciam sese contulerit, et quos apud vos in desertis et villulis cum timore sibilabat, nunc in magnis conventibus et populosis urbibus audacter predicat..." (Joseph Vaissète, Du Mège, Histoire générale de Languedoc: avec des notes et les pièces justificatives, composée, 1841 - books.google.com).

Les doctrines d'Henri l'Ermite lui survécurent et se fondirent dans l'hérésie des albigeois (compilhistoire.pagesperso-orange.fr - Manichéens).

L’abbaye de Fontfroide connaît sa transformation essentielle en 1144. En effet, à cette date, l’abbaye opère un rapprochement fraternel avec l’Abbaye de Grandselve, près de Toulouse, lui demandant « des réformateurs pour appliquer la règle de saint Benoit, à la manière de Citeaux. » Puis, l’année suivante, Bernard de Clairvaux, en mission dans le Languedoc pour combattre les thèses propagées par le moine apostat Henri de Lausanne, obtient de la communauté de Grandselve son affiliation à Citeaux, ce qui entraine celle de Fontfroide. Désormais, elle connait une expansion rapide et considérable. Moins de quatre ans après l’affiliation, en février 1149, le comte de Barcelone offre aux moines de Fontfroide son » jardin de Poblet » pour fonder la plus fameuse abbaye de Catalogne.

La fondation d’une abbaye dynastique à Poblet incite à son tour la maison de Narbonne à redécouvrir Fontfroide, à une époque où sa puissance et ses prétentions sont en pleine croissance. En 1157, la Vicomtesse Ermengarde de Narbonne fait don à Fontfroide d’un vaste ensemble de terres entourant le monastère. Cette donation fait de Fontfroide une puissance foncière et religieuse locale fortement enracinée qui va accaparer de nombreuses donations et devenir le sanctuaire de la maison de Narbonne, qui à partir de cette date multiplie les attentions envers le nouveau centre spirituel du Languedoc (www.fontfroide.com).