Partie VII - Cohérence grand nonagone   Chapitre L - Troisième Etoile   Briscous - Ban-Saint-Martin   

Briscous - Ban-Saint-Martin

Les dominantes de cette diagonale sont :

saint Jacques, par le chemin de Compostelle à Pondaurat, Monségur, Garein, Asquins, Vézelay, et Metz-le-Comte.

saint Pierre avec saint Balsamus baptisé sous le nom de Pierre (à Saint-Baussant), et les églises de Brachay, Cirey-sur-Blaise, Montiers-sur-Saulx, Dieulivol, Yzosse, Oeyreluy et le tableau du Reniement de Guérigny.

saint Antoine, à Bouzancourt, Grimault (Chapelle), Braize, Boussac-Bourg (statue), Pondaurat, Cudos (statue), Garein (peinture XIXème)

Jacques, fils de Zébédée est aussi le frère aîné de Saint Jean l'Evangéliste, tous deux Apôtres choisis par Jésus. Pêcheurs à Capharnaüm au bord du lac de Tibériade, le Seigneur les appelle lorsqu'ils sont occupés à réparer leurs filets. Ils le suivent. Leur tempérament ardent, généreux et emporté leur vaut d'être surnommés par Jésus " Boanerges " " fils du tonnerre ". Ils semblent d'ailleurs avoir eu des charismes spéciaux en lien avec le "feu du ciel" comme en témoigne le passage de l'Evangile de Luc (9,54). Avec Pierre, ils forment le groupe de disciples le plus proche du Seigneur. Eux seuls seront témoins de la résurrection de la fille de Jaïre (Luc 8,51), de la transfiguration du Christ (Marc 9,2) et de son agonie (Mathieu 26,37). Ce sont les intimes de Jésus. (voir http://www.gallican.org/jacques.htm)

Pierre et Jacques se rejoignent à nouveau dans la faune piscicole puis que ce sont les deux seuls saints à avoir donné leur nom à des habitants des fonds marins, étant rappelons-le, pêcheurs - d'eau douce cependant. Le saint pierre, son nom résulte d'un miracle visible à l'œil nu. Les tâches noires sur chacun de ses flancs seraient l'empreinte des doigts de l'apôtre (voir http://estran.canalblog.com/archives/2006/11/30/3304757.html).

Selon certaines sources proches du Chapitre de la Cathédrale, l'Apôtre pèlerin est une image universelle. Le Santiago Matamoros est lié à une époque historique et à des circonstances bien précises.

Nous trouvons saint Antoine et saint Jacques liés par l'intermédiaire de l'ordre des Hospitaliers de saint Antoine qui installèrent quelques commanderies sur les chemins de Compostelle. Au travers des quelques deux cents hôpitaux, propriétés et hospices placés sous leur autorité, ils exercent une présence constante aux carrefours des grandes voies de pèlerinage. Les Hospitaliers de Saint-Antoine, comme ceux de Saint-Jean de Jérusalem doivent pourvoir à l'hospitalité des pèlerins, mais aussi des voyageurs, des malades et plus largement des pauvres, mendiants et marginaux. Leurs maisons remplissent la fonction d'hostelleries, offrant le gîte et le couvert pour un temps déterminé. À cela s'ajoute une mission hospitalière, de soins minimes prodigués aux malades, d'assistance publique. Réparties le long de la via Francigena, voie romaine par excellence et du camino Santiago, les commanderies antonines de Fribourg en Allemagne, Bâle, Berne, Bailleul dans les Flandres, Avignon, Montpellier ou Toulouse, mais aussi Troyes, Aubeterre pour ne citer que les plus célèbres d'entre elles, apportent un secours indispensable sur des routes incertaines. (voir http://www.adolphus.nl/xcrpts/xcantoinabbay.html).

Les Antonins ont soigné les malades du " feu de saint Antoine ", leurs maisons, organisées elles aussi en un réseau qui leur était propre ont accueilli également des voyageurs, mais rien de significatif à propos des pèlerins. Adalbert Mischlewski, spécialiste de cet ordre, a cherché à établir une corrélation entre leur implantation et les routes de Compostelle. Il a constaté que les pèlerins sont parfois accueillis dans des commanderies antonines. A ces maisons il en a ajouté d'autres connues sur ce même trajet, ce qui portait le nombre à environ vingt-cinq. Mais cette grande route conduisait vers l'Espagne, et pas seulement vers Compostelle. Un pèlerin de Compostelle était reçu sans doute au même titre que tout autre voyageur. Le même auteur a cherché ensuite les commanderies antonines au long des soi-disant quatre routes historiques et en trouve péniblement une ou deux sur chacun de ces itinéraires. Il constate par ailleurs que plusieurs églises antonines ont pour patron secondaire saint Jacques. Ce double patronage Saint-Antoine Saint-Jacques n'est-il pas plutôt la preuve que ces maisons recevant des malades se plaçaient sous l'invocation de saints capables de guérir ? Or l'Epître de Jacques, couramment associée à Jacques le Majeur et très lue jusqu'à Compostelle, se préoccupe beaucoup des malades, et de l'onction qui leur était proposée. Comment douter que les malades aient été séduits d'être soignés sous d'aussi bons auspices ? D'une façon privilégiée, les pèlerins de Compostelle ayant choisi ces lieux comme étape y ont certainement été bien accueillis. Mais là encore, chaque sanctuaire vit d'une vie qui lui est propre. Plutôt que de réseau on peut donc parler de semis de lieux d'accueil dont la fonction sociale dépassait largement le public des pèlerins. La société médiévale s'était organisée pour pratiquer l'hospitalité, les pèlerins en profitaient comme les autres. http://www.saint-jacques.info/reseauhospitaliertot.htm

Enigme sur la diagonale

Monségur, sur le chemin de saint Jacques, pose une énigme à travers les inscriptions de la porte de la Tour du Gouverneur, de style Tudor : " Ebrehim " et " Brehim ".

La porte de la Tour du Gouverneur

Avec l'autorisation de http://pagesperso-orange.fr/miquelet.monsegur/html/

Jean Froissart (vers 1337, Valenciennes - après 1404), l'un des plus importants chroniqueurs de l'époque médiévale, nous aidera à trouver quelques éléments pour éclairer cette question. Vers l'âge de 24 ans, il devient poète et ses activités le désignent comme historien officiel à la cour de Philippa de Hainaut, l'épouse d'Edouard III d'Angleterre. Les mémoires de son temps au service de Philippa, entre 1361 et 1369, seront regroupées avec les récits d'autres événements dont il avait été témoin, dans le premier livre de ses Chroniques. Il voyage autour de l'Angleterre, de l'Écosse, du Pays de Galles, de la France, de la Flandre et de l'Espagne, recueillant la matière première de sa chronique.

Ses chroniques nous renseignent sur les événements qui débutèrent la guerre de Cent ans. Par le traité de Paris conclu en 1259 le roi de France Saint-Louis avait reconnu la jouissance de la Guyenne en fief au roi d'Angleterre mais ce dernier devait prêter au roi de France l'hommage du vassal au suzerain. Les souverains anglais supportaient de plus en plus mal cette vassalité. A partir de 1294 les Français cherchèrent, souvent par des moyens déloyaux, à reprendre la Guyenne aux Anglais. La Guyenne fut ainsi saisie à deux reprises par les Français en 1294 et 1324. Au cours de cette dernière année l'Agenais, le Condomois, le Bazadais et La Réole furent occupés, les possessions anglaises ne se réduisant plus qu'à Bordeaux, Bayonne et Saint-Sever. Le roi de France accepta une conciliation : Edouard II donna le duché à son fils le prince Edouard qui prêterait hommage pour lui mais les Français conserveraient l'Agenais (1326). Cependant dès 1337 la guerre reprit. En effet, au conflit féodal qui existait entre l'Angleterre et la France vint s'ajouter un conflit dynastique. Edouard III pouvait prétendre à la couronne de France en vertu des droits de sa mère Isabelle, fille de Philippe le Bel. En 1337 Edouard III déclara annuler son hommage au Valois. Le 6 février 1340, il se proclama solennellement roi de France. Entre 1339 et 1342 les Français s'étaient emparés de La Réole, de Saint-Macaire et de Podensac ; après s'être avancés jusque sous les murs de Bordeaux, ils s'étaient jetés dans l'Entre-deux-Mers, où ils y avaient porté la dévastation. Les plus fortes villes de l'Agenais et du Périgord furent enlevées à la domination anglaise : Damazan, Aiguillon, Tonneins, Sainte- Bazeille, La Réole, Caudrot, étaient tombés ou tombèrent bientôt au pouvoir des Français. Villefranche, Montpezat, Villeréal, en Agenais ; Monségur, dans l'Entre-deux-Mers ; Lalinde, Bergerac et Libourne, sur la Dordogne, avaient eu le même sort. Presqu'au début, Blaye avait été pris, et la ville de Bourg n'avait pu résister malgré sa forte position. Bourg, à vrai dire, fut reconquis peu de temps après par les Anglo-Gascons. Des seigneurs gascons parmi lesquels les seigneurs d'Albret, de Pommiers, de Montferrand et de Duras dépêchèrent des émissaires auprès du souverain anglais. Le roi d'Angleterre envoya en Aquitaine un corps expéditionnaire, commandé par son cousin Henri de Lancastre, comte de Derby. Après un cours séjour à Bordeaux il entreprit à la fin juin 1344 deux campagnes qui allaient permettre de reprendre la Guyenne aux Français. Derby vint d'abord faire le siège de la ville de Bergerac. Lui et ses Anglo-Gascons obligèrent les Français à se replier sur La Réole. Derby, maître du Périgord, se rendit ensuite à Pellegrue. Un échange de prisonniers et la conclusion d'une trêve permirent d'épargner la ville. Derby mit les Français en déroute à Caudrot le 12 août 1344. Après avoir passé l'hiver à Bordeaux, Derby entreprit une nouvelle campagne l'année suivante. Il prit Sainte-Bazeille et arriva vers le mois de mai (ou juin) 1345 devant Monségur. Derby promit aux habitants de Monségur qu'il les " prendrait à merci " s'ils se rendaient mais que dans le cas contraire il les " mettrait à l'épée."

" Ceux de Montsegur oyoient bien les promesses que le comte Derby leur faisoit: si en parlèrent plusieurs fois ensemble, et se doutoient grandement que par force ils ne fussent pris et perdissent corps et biens; et ne véoient (voyoient) apparent de confort de nul côté. Si s'en découvrirent à leur capitaine, par manière de conseil, pour savoir qu'il leur en conseilleroit Messire Hugues les blâma durement et leur dit que ils s'effrayoient pour néant ; car ils étoient encore forts assez et bien pourvus pour eux tenir demi an, si mestier (besoin) étoit. Quand ils ouïrent ce, ils ne le voulurent mie dédire et se partirent de lui, ainsi que par bon gré; mais au vespre, ils le prirent et l'emprisonnèrent bien et étroitement,et puis lui dirent que jamais il ne partiroit delà s'il ne descendoit à leur volonté. " Quelle est-elle, ce leur dit messire Hugues de Batefol ?" - " Elle est telle que vous nous aidiez à accorder au comte Derby et aux Anglois afin que nous demeurions en paix." " (Froissart, Chroniques)

Finalement ils l'envoyèrent parler au comte Derby afin de conclure une trêve pendant un mois au terme de laquelle ils rentreraient en l'obéissance du roi Edouard s'ils n'avaient toujours pas reçu de secours du roi de France. Derby accepta et se fit remettre douze des meilleurs bourgeois de Monségur qu'il envoya comme otages à Bordeaux. Il n'entra pas dans la ville et continua vers Aiguillon qui se rendit sans même combattre. Derby et les Anglo-Gascons firent ensuite le siège de La Réole qui fut long, le temps où ceux de Monségur devaient se rendre arriva, et La Réole n'était pas encore prise. Les bourgeois de La Réole préférèrent ouvrir leurs portes alors que les Français s'étaient retranchés à l'intérieur du château des Quatre-Sos. Finalement la garnison française commandée par un le Provençal Aghos des Baulx finit par se rendre. Ces deux campagnes prirent fin par la défaite des Français à Auberoche (août-octobre 1345). Mais l'année suivante ces derniers réagirent. Une armée conduite par le duc de Normandie, fils du roi de France réussit à enfermer les Anglo-Gascons dans Aiguillon. La situation un moment très critique fut finalement rétablie par le départ des Français à l'annonce de la défaite de Crécy. Une trêve interrompit les combats en 1347 mais un autre fléau s'abattit sur la région durant les années 1347-1349 : la peste noire (voir http://benito.p.free.fr/page3.html).

Derby utilisa le canon pendant le siège de Monségur.

Brehim

Un an après la prise de Monségur, en 1346, l'Écosse envahit l'Angleterre pour défendre les intérêts de la France. Philippa de Hainaut, descendante de Charlemagne selon les prétentions de son aïeul Beaudouin V de Hainaut, et épouse d'Edouard III alors en France, conduit la riposte. L'armée écossaise fut vaincue et David II fait prisonnier à la bataille de Neville's Cross près de Durham.

En 1336, au début de la guerre de Cent Ans, le roi de France Philippe de Valois avait fourni une aide militaire au roi d'Écosse David II en exil en France après avoir été déposé par Édouard III d'Angleterre.

On retrouve Montségur (Monségur) en Ecosse chez Froissart dans son roman arthurien Mélyador, comportant plus de 30 770 vers en octosyllabes et 79 insertions lyriques (ballades, rondeaux, virelais).

Une quête est organisée par la princesse d'Écosse, Hermondine, et sa cousine Florée afin d'évincer le chevalier Camel de Camois, prétendant indigne de la main de l'héritière écossaise. L'événement permettra par la même occasion de révéler le chevalier le plus vaillant, auquel reviendra la main de la princesse. Participent notamment à la quête Mélyador, Agamanor et Gracien, qui finiront par épouser respectivement Hermondine, Phénonée (sœur de Mélyador) et Florence (cousine d'Hermondine). L'histoire du jeune héritier légitime du trône irlandais, Sagremor, en formation à la cour d'Arthur, croise cette intrigue principale tout en restant suspendue à la fin du roman (voir http://froissart.over-blog.fr/).

On y rencontre une très jeune damoiselle, Sébille, l'héritière de Montmille en Northumberland. Froissart écrivait indifféremment Séville ou Sébille pour la capitale d'Andalousie.

Le Montségur d'Ecosse se trouve près d'Aberdeen et de Montrose, toutes deux citées dans Mélyador. Ce qui pourrait se rapporter à la ville de Brechin parfois orthographiée Brechim. Le château de Brechin fut construit en pierre au XIIIème siècle pour le clan Maule. La cathédrale possède une tour ronde d'inspiration irlandaise qui confirme l'existence à Brechin des culdees qui furent incorporés au chapitre de la cathédrale par l'évêque Albin (mort en 1269). C'est à Brechin que le roi John Balliol remit sa couronne d'Ecosse à Edward I d'Angleterre en avril 1296.

Vue de la ville de Bréchin, Pieter van der Aa, 1727

http://www.oldprints.co.uk/prints/scotland/91690.htm

Ebrechim

Dans la version française de Maître Johannes de la Chronique du Pseudo-Turpin, lors que Charlemagne était en France avec son armée, Agolant rassembla une immense armée venue de différentes nations : Maures, Moabithiens, Ethiopiens, Turcs, Africains et Perses ainsi que de nombreux rois sarrasins : Thexophine d'Arabie, Buriabel d'Alexandrie, Avitus de Bougie, Hospine d'Algarve, Fantime de Barbarie, Alis du Maroc, Maimone de la Mecque, Almancor de Cordoue et Ebrechim de Séville.

Agolant entra en " Espagne " (sud de la France) et prit la ville d'Agen en Gascogne. Agolant envoya un message à Charlemagne lui demandant de venir avec une petite escorte et qu'il lui donnerait de l'or et des chevaux. Cela pour savoir à quoi il ressemblait et le tuer plus facilement au cours d'une bataille. Charlemagne cacha 2000 soldats près d'Agen, plaça 60 compagnons sur une colline et se rendit déguisé auprès d'Agolant avec un chevalier. Charlemagne lui donne rendez-vous pour discuter de paix et repart rejoindre ses homes. Agolant le suit avec 7000 Sarrasins mais ne peut le rattraper. Charlemagne rentra en France, réunit une armée et assiégea Agen pendant 6 mois. Agolant, à bout de ressources, s'enfuit par des passages secrets. Et s'enfuit en traversant la Gironde et parvint à Saintes. Entre Agen et Saintes, les troupes maures auraient bien pu passé par Monségur. Charlemagne le poursuivit et entre Taillebourg et la ville des Santons eut lieu le miracle des lances chrétiennes qui bourgeonnèrent et d'où poussèrent des rameaux. Au cours de la bataille qui suivit, les chrétiens furent en grand péril. Mais ils reprirent le dessus. Les rois d'Algarve et de Bougie moururent. Agolant gagna Pampelune poursuivi par Charlemagne. Ebrechim roi de Séville, échappe au siège de Pampelune et mourut à Cordoue.

Pour des prunes

Le canton de Monségur produit des " pruneaux d'Agen ", à partir des prunes d'Ente séchées. Pour ce faire, pratiquement chaque ferme disposait de son four à prunes chauffé au bois et dont la voûte de briques de terre cuite ressemble à son cousin le four à pain. On rangeait les prunes sur des claies de bois triangulaires ou arrondies pour les plus anciennes. Ces claies étaient soit montées autour d'un axe tournant pour pouvoir les sortir et retourner les prunes.

J'ai vu, dit encore Ibn-al-awam, la greffe d'un prunier sur un coignassier ; le bois du prunier prit de l'ampleur sans que la tige du sujet en prît elle-même ; l'un se distinguait toujours de l'autre. Après avoir donné un excellent résumé de l'utilité de la greffe, Ibn-al-awam revient sur les conditions de la réussite de cette opération et précise les questions de parenté dont avaient parlé avant lui les anciens auteurs, A ce point de vue, il classe les végétaux en trois groupes : 1° Les arbres oléagineux (olivier, laurier, lentisque, etc.) ; 2° Les arbres gommeux (pêcher, cerisier, abricotier, etc.) ; 3° Les arbres aqueux, qui se divisent eux- mêmes en deux catégories : a., les arbres à feuilles caduques (pommier, coignassier, etc) ; et b., les arbres à feuilles persistantes (myrte, cyprès, chêne vert, etc.) " Aucune espèce de chaque catégorie ne reprend sur des espèces de catégories différentes. Mais la plupart des espèces de même catégorie se soudent volontiers. Ainsi les arbres résineux se greffent mutuellement de l'un à l'autre, etc. " (voir Le monde des plantes, octobre 1895).

Yahia Ibn Ahmed Ibn Al Awam Al Ichbili Al Andaloussi, mort en 1185, est né à Séville, et a poursuivi différentes études mais il était plus particulièrement doué pour les sciences agricoles qu'il a a appliquées dans une région à proximité de Séville. Il expérimentait et notait ses observations sur les plantes, l'agriculture et les animaux sauvages. Il est l'auteur du livre Kitab al fallah - le livre de l'agriculteur - sur la culture des arbres fruitiers et de 585 plantes utiles, que seul Ibn Khaldoun a mentionné. Le livre de Ibn Al awam ne fut connu en Europe qu'au XVIIIème siècle lorsqu'il fut retrouvé à la bibliothèque de l'Escorial, traduit en Espagnol, imprimé en 1802 à Madrid et 1878 à Séville. (voir http://ibnalawam.free.fr/ibnalawam.htm/).

Vista de la ciudad de Sevilla en el siglo XVI, obra de Alonso Sánchez Coello

Ce fruit symbolique marque notre inconscient culturel par plusieurs signifiants. Lorsque, après un effort la récompense ne vient pas, on avoue, désabusé, avoir travaillé pour des prunes. Ce fruit peut aussi signifier un coup de poing. En duo, la métaphore désigne des parties " que rigoureusement ma mère m'interdit de nommer ici ". Relevons qu'au Maroc existe une archaïque variété cultivée en sec, appelée Ch'himi. Si vous en visitez un verger, on vous dira salam bienvenu chez les Ch'himis (voir http://www.mag-fruits.fr).

En Grande-Bretagne, des variétés de pruniers sauvages sont autochtones. Des fossiles de prunelles ont été trouvés dans les dépôts glaciaires d'Est Anglie, et des restes de ces baies dans des sites néolithiques. En 1270, Westminster Abbey demande aux jardiniers de faire pousser des pruniers. En 1362, les prunes figurant dans Piers Ploughman de William Langland. Les pruneliers, ou pruniers sauvages, "sloes", ou "slaes" en Ecosse, poussent dans le Nord Est et fleurissent avant les autres prunes (voir http://www.nvsuk.org.uk).

Galashiels, en Ecosse, possède dans ses armoiries deux renards et des prunes avec la devise "Sour Plums" or "Soor Plooms" en référence à un épisode de la guerre anglo-écossaise, en 1337. Des soldats anglais volèrent des prunes dans un verger de Galashiels et furent punis de leur crime par des gardes écossais.

 


Sources

Jean Froissart, Les chroniques, http://books.google.com/books?id=akUPAAAAQAAJ&pg=PA229&lpg=PA229&dq=montsegur+froissart&source=bl&ots=kJeG7XDfNc&sig=7wzYCqn33u7PBQLY7epXZF0qfkg&hl=fr&sa=X&oi=book_result&resnum=7&ct=result#PPA224,M1